BUISSON ARDENT ECOLE DU MINISTERE A L’EVANGELISATION A la connaissance de la Bible. N°02 CHAPITRE SECOND : LE PENTATEUQUE Le pentateuque Les cinq premiers livres de la Bible forment un ensemble portant le nom de pentateuque, du mot grec pente= cinq et tenkhé = étuis, qui désigne les « étuis » où l’on rangeait les rouleaux des écrits. Le pentateuque, ce sont les cinq livres de la Torah. Dans la Bible hébraïque, chaque livre reçoit pour titre les premiers mots du texte. Le nom de chaque livre est en rapport avec son contenu : La Genèse (en hébreu « beré shith » : « au commencement »). Elle commence avec le récit des origines du monde. Ce livre se divise en deux parties intégrales. La première partie qui va du chapitre 1 au chapitre 11 essaie de répondre aux interrogations fondamentales qui habitent toute intelligence humaine : Comment comprendre le monde ? Qu’est ce que l’homme ? Quelle est sa place dans le monde ? Pourquoi les relations entre eux sont-elles si souvent difficiles ? Y a-t-il un remède à cela ? La deuxième partie, constituée des chapitres 12 à 50, raconte comment Dieu apporte le salut à l’humanité en appelant à son service les premiers ancêtres d’Israël : Abraham est l’homme de la foi, dont l’obéissance est récompensée par Dieu, qui lui promet une postérité pour lui-même et la terre sainte à ses descendants. Jacob est l’homme de la ruse, qui supplante son frère Esaü, surprend la bénédiction de son père Isaac, dépasse en rouerie son 1 oncle Laban. Mais toutes ces habiletés ne serviraient de rien si Dieu ne l’avait préféré à Esaü dès avant sa naissance et ne lui avait pas renouvelé les promesses de l’alliance concédés à Abraham. Entre Abraham et Jacob, Isaac est une figure assez pâle, dont la vie est surtout racontée à propos de celle de son père ou de son fils. A Joseph est consacrée toute la fin de la Genèse. Les chapitres 37-50 (moins 38 et 49) sont un récit suivi centré sur Joseph, l’homme de la sagesse. Celui-ci diffère des narrations précédentes par sa continuité et se déroule sans intervention directe de Dieu, mais il est tout entier un enseignement : La vertu du sage est récompensée. La Genèse est un tout achevé : C’est l’histoire des ancêtres. Les trois livres suivants forment un autre bloc où, dans le cadre de la vie de Moïse, sont relatés la formation du peuple élu et l’établissement de sa loi sociale et religieuse. L’Exode (« wé elleh shemôth » : « voici les noms »). C’est l’histoire de la sortie de l’Egypte et de la marche jusqu’au Sinaï, puis de l’alliance avec Dieu et de la législation primitive. Il développe deux thèmes principaux : La délivrance d’Egypte et l’alliance au Sinaï ; ils sont reliés par le thème de la marche au désert. Moïse, qui a reçu la révélation du nom de Yahvé sur la montagne de Dieu, y ramène les Israélites de la servitude. Dans une théophanie impressionnante, Dieu fait alliance avec le peuple et lui dicte ses lois. A peine conclu, elle est rompue par l’adoration du veau d’or, mais Dieu pardonne et renouvelle l’alliance. Il fait, par Moïse, la construction de la tente, lieu de culte à l’époque du désert. Le Lévitique (« waygiqras » : « YAHVE appela »). Ce livre renferme la législation du culte et le ministère des prêtres. De caractère presque uniquement législatif, il interrompt le récit des événements. Il contient : Un rituel des sacrifices ; le cérémonial d’installation des prêtres, appliqué à Aaron et à ses fils ; les règles relatives au pur et à l’impur ; la « loi de sainteté » ; les conditions de rachat des personnes, des animaux, et des biens consacrés à Yahvé. Le livre des Nombres (« Bammidbar » : « dans le désert ») ce nom vient surtout du recensement du peuple qui occupe plusieurs chapitres. Mais la préoccupation de dénombrer, ordonner, répéter se retrouve partout dans le livre. Il reprend le thème de la marche au désert. Le départ du Sinaï se prépare par le recensement du peuple (14) et les grandes offrandes faites pour la dédicace du tabernacle (7). 2 Après la célébration de la seconde Pâque, le peuple quitte la montagne sainte (9-10), et on arrive par étape à Cadès, d’où est faite une tentative malheureuse pour pénétrer en Canaan par le sud (11-14). Après le séjour à Cadès, on se remet en route et on parvient aux steppes de Moab, en face de Jéricho (20-25). Les Madianites sont vaincus et les tribus de Gad et de Ruben se fixent en Transjordanie (31-32). Une liste résume les étapes de l’exode (33). Autour de ces narrations sont groupées des ordonnances qui complètent la législation du Sinaï ou qui préparent l’installation en Canaan (5-6), (8), (15-19), (26-30), (34-36). Le Deutéronome (« Elleh’hddebarim » : « voici les paroles ». La septante a compris Dt 17 ,18 comme une « seconde loi » c’est à dire une répétition des lois précédentes, une transcription ou copie. Ayant une structure particulière, c’est un code de lois civiles et religieuses (12-26,15), qui est enchâssé dans un grand discours de Moïse (5-11) et (26,16-28). Cet ensemble est lui-même précédé d’un premier discours de Moïse (1-4), et suivi par un troisième discours (29-30) puis par des pièces concernant la fin de Moïse : mission de Josué, cantique et bénédiction de Moïse, finalement sa mort (31-34). Le code deutéronomique reprend en partie des lois des ensembles déjà rencontrés. Les discours rappellent les grands événements de l’Exode, du Sinaï et de la conquête commençante ; ils dégagent leur sens religieux, soulignent la portée de la loi et exhortent à la fidélité. Le pentateuque apparait comme une série de texte législatif inséré dans le cadre d’un récit historique. Il représente avant tout la loi du peuple élu. Ses différents éléments sont unifiés par le thème unique qui sous-tend l’ensemble, à savoir le plan divin dont l’objet est l’institution du peuple d’Israël comme nation théocratique, avec la Palestine pour patrie et la loi mosaïque pour charte constitutionnelle. Ces cinq premiers livres de la Bible forment un unique ouvrage qui, pourtant, est composite. Le pentateuque se présente comme un assemblage de quatre (04) traditions principales écrites à différentes époques et constituée en plusieurs étapes : 1. A la base, il y a la personnalité de Moise et les événements de l’Exode. 2. Dans la suite, on compose et on transmet, par oral ou déjà par écrit, de petits morceaux : récits, loi, discours, méditations sur l’évènement, célébrations liturgiques, etc. 3. A différentes époques, des scribes (prophètes, prêtres, sages) rassemblent ces petits morceaux pour en faire des récits suivis : les quatre traditions. 3 4. Au terme, on rassemble ces quatre traditions en un seul volume en cinq tomes : Le Pentateuque. Ces quatre traductions sont les suivantes : La tradition YAHVISTE (désignée par la lettre J) est ainsi nommée parce que, dès le début, elle appelle Dieu YAHVE. Elle est née sans doute à l’époque de Salomon, vers 950 avant Jésus Christ, dans les milieux royaux de Jérusalem. Le roi y tient une grande place ; c’est lui qui fait l’unité de la foi. La tradition ELOHISTE (désignée par la lettre E) appelle Dieu par le nom commun ELOHIM. Elle est née, vers 750 peut-être, dans le royaume du nord après que le royaume uni de David- Salomon ait éclaté en deux. Très marquée par le message de prophètes comme Elie ou Osée, elle donne une grande importance aux prophètes. Ces deux traditions fusionnent à Jérusalem vers 700. Cette fusion, qu’on appelle parfois JEHOVISTE (JE) n’est pas une simple addition : ce fut l’occasion de compléter et développer certaines traditions. La tradition DEUTERONOMISTE (lettre D) est surtout contenue dans le Deutéronome, mais elle a influencé d’autres livres. Commencé dans le royaume du nord, elle fut achevée dans celui de Jérusalem. La tradition SACERDOTALE (lettre P : livre des prêtres) est née pendant l’exil à Babylone, dans les années 587-538 avant JésusChrist, et après. En déportation, les prêtres relisent leurs traditions pour maintenir la foi et l’espérance du peuple. Ces quatre traditions et leurs développements seront à leur tour rassemblés en un seul volume : le pentateuque. Ce travail semble achevé vers 400 et on l’attribue souvent au prêtre Esdras. Frère Theophile B. Serge KAKABIEGO 4