Epreuve écrite de culture générale - Central Authentication Service

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Hugo Coniez – IEP – Conférence de préparation à l’épreuve de culture générale
Epreuve écrite de culture générale :
Méthodologie et conseils divers
L’épreuve de culture générale aux concours administratifs fait peur. Elle ne porte sur
aucune des disciplines universitaires reconnues – ce qui la rendrait aléatoire – et elle s’affiche
comme une épreuve sélective – ce qui signifierait qu’elle est socialement injuste. Cette réputation
n’est pas justifiée. En respectant quelques principes simples, en mobilisant toutes ses
connaissances, il est possible non seulement de se sortir de cette épreuve avec les honneurs, mais
encore de marquer des points, sans qu’il soit besoin pour cela de disposer de connaissances
encyclopédiques.
I.
L’esprit de l’épreuve- généralités
Les jurys successifs insistent sur la nécessité pour les candidats de faire preuve
d’originalité, d’identifier les vrais enjeux du sujet, de construire une pensée personnelle, cohérente
et bien articulée. Tout cela signifie que le candidat doit savoir prendre du recul. Il lui faut placer
une question en perspective et la saisir dans son contexte. C’est le point le plus difficile. Le
reste est rhétorique. Le reste s’acquiert avec l’entraînement.
Le café du commerce, voilà l’ennemi !
1. Les pièges classiques
-
Faire une copie de droit, d’économie, de questions européennes, etc. Il faut
impérativement chercher des éléments ailleurs que dans les matières qui sont
enseignées en Prép’ENA, et se tourner notamment vers l’histoire, la littérature, la
sociologie, l’art, la philosophie… Attention à la dérive technique.
-
Ne traiter que l’actualité d’une question, ce qui s’achève en général par un programme
consensuel bêlant. L’actualité est toujours au point de départ, jamais à l’arrivée (elle
apparaît nécessairement dans l’introduction, où elle permet de faire semblant qu’il y a une
bonne raison de donner ce sujet).
-
Replacer maladroitement des fiches de lecture. Il est préférable de n’utiliser le jour de
l’épreuve que des références pleinement maîtrisées. Les lectures utiles s’arrêtent en juin.
-
Faire un catalogue d’auteurs (name dropping) ou les évoquer de façon trop elliptique ou
caricaturale. Sans s’appesantir, naturellement, il est nécessaire d’expliciter les références sur cinq à
six lignes. Il faut sans doute distinguer « l’illustration » – placée au détour d’une phrase
pour la beauté du discours – de « l’exemple », qui dans l’idéal doit être un peu fouillé,
parfois même repris, réinterprété et nuancé plus loin dans la copie.
-
Se répéter, s’enliser, tourner en rond.
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2. La voie à suivre
-
Il faut toujours veiller à progresser dans la copie, en déroulant l’argumentation, en
suivant un ordre logique ou chronologique. Il faut aller du fait à la théorie, des réalités
concrètes à l’interprétation abstraite, du simple au complexe, de l’évident au moins connu,
de l’apparence au sens caché, de l’opinion (doxa) à la vérité, du passé à l’avenir. Trop de
copies se répètent ou reviennent en arrière en livrant en fin de devoir des aperçus
historiques, des éléments factuels, des chiffres ou des évidences par lesquels il eût fallu
commencer.
-
Il faut dans la mesure du possible faire montre de son savoir, sans vanité mais sans
complexe non plus. Faites votre miel de tout : livres, événements, citations, anecdotes... Si
vous le pouvez, privilégiez toutefois les références aux trois cultures qui sont aujourd’hui
en déclin mais qui ont marqué les générations précédentes et qui témoignent encore
souvent d’un authentique savoir : la culture classique des humanités, la culture catholique
et la culture marxiste.
-
Sans tomber dans la polémique ni dans l’agressivité, sans se départir du ton impersonnel
qui caractérise la dissertation, il faut engager son opinion personnelle, notamment en
II-B et dans la conclusion. Trop de candidats répugnent à trancher, même sur des points
sans conséquence. Un candidat ne sera jamais sanctionné pour ses opinions – même si
naturellement il est exclu d’exprimer dans une copie de concours le moindre sentiment
extrémiste.
-
Enfin, l’épreuve est en bonne partie destinée à vérifier votre capacité à écrire un bon
français (cf. infra).
3. Pour se préparer à l’épreuve - Bibliographie
-
Lire les rapports des jurys des années précédentes, si vous ne l’avez déjà fait.
-
Faire des devoirs, mais toujours dans les conditions de l’épreuve (rien de plus absurde
que de passer deux jours sur une copie). Ensuite, lire les copies des autres (les bonnes
et les publiées, mais aussi, parfois, les moins bonnes).
-
Lire un quotidien, en étant très attentif à son supplément littéraire.
-
Sur Internet : site « La vie des idées.fr », de Rosenvallon. Eventuellement, « La
République des livres », le blog de Pierre Assouline.
-
Etre curieux de ce qui paraît : aller régulièrement en librairie. Lire les « livres du
jour », conseillés à chaque cours.
-
Lire une revue intellectuelle. Plutôt que s’abonner à une publication en particulier, je
suggère de suivre régulièrement en bibliothèque les parutions de Commentaire, Esprit, Le
débat et Le Banquet, en sélectionnant les articles les plus intéressants.
-
Lire cet automne un manuel d’histoire de France, que l’on relira à l’été prochain avant
les épreuves. Je suggère l’Histoire de France de Marc Ferro (Odile Jacob poches), et/ou
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l’Histoire de France sous la direction de Jean Carpentier et de François Lebrun (collection
Points histoire).
-
Relire vos cours de philosophie de terminale, s’ils sont bien faits, ou tout autre cours qui
ferait référence à la culture générale (enseignements d’ouverture…).
-
Avoir un auteur de chevet dont le style et les idées pourront servir d’inspiration.
Choisissez un classique que vous pourrez citer et qui ait réfléchi aux questions politiques.
Ce pourrait être Tocqueville, Constant, Valéry, Aron, Sartre, Foucault ou d’autres à votre
convenance.
-
Lire progressivement, au cours de l’année, les meilleurs articles des Lieux de mémoire de
Pierre Nora (Gallimard, Quarto). Cet ouvrage est une mine d’or.
-
Aller aux textes mêmes et ne pas s’encombrer des publications « parascolaires » qui
résument les œuvres et vous feront perdre votre temps et votre argent.
-
Constituer un carnet de citations, de formules, de bons mots que vous remplirez au
cours de l’année. Apprenez-en le plus possible, et retenez l’idée générale des autres.
-
Constituer un carnet de vocabulaire technique.
-
Consulter – ponctuellement, en fonction des besoins - certaines références classiques :
L’histoire des idées politiques de Jean Touchard ; le Dictionnaire encyclopédique d’Histoire de
Mourre ; le Lagarde et Michard pour la littérature ; le Dictionnaire culturel de la Bible (édité au
Cerf).
II.
Face au sujet
Rappel préliminaire : sauf cas exceptionnels, la lecture du sujet glace et laisse désemparé. Cette
impression est tout à fait naturelle – de même qu’il est tout à fait normal dans les épreuves de
note sur dossier de ne rien comprendre pendant la première heure de lecture du dossier. Suivez
calmement la méthode que vous vous serez forgée, à partir de mes conseils et de votre propre
expérience. Répétez vous la phrase de Montaigne, d’après Tite-Live : « moins d’ordinaire on a
peur, moins on court de danger ».
Je propose une méthode articulée autour de six étapes (définition, grille, lecture, plan, pause,
rédaction), qui peuvent évidemment se confondre ou s’agencer dans un ordre différent, selon vos
préférences ou selon les sujets. De même, les indications de temps proposées pour chaque étape
sont indicatives.
1. Définir le sujet
Deux approches successives :
-
D’abord, type « dictionnaire de mots » : le ou les sens de l’expression (ou des expressions)
qui constituent le cœur du sujet ou de la citation, son étymologie et la date de son
apparition si vous les connaissez. Ex : république, qui vient de res publica, qui ne prend son
sens de « régime opposé à la monarchie » qu’au XVIIIe siècle, etc. Attention à ne pas
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définir trop longuement des mots dont le sens est évident : vos correcteurs sont censés
avoir une culture minimale et connaître le français…
-
Ensuite, type « dictionnaire de choses » : l’histoire de la notion, ce qu’elle signifie
aujourd’hui, son contexte, ses résonances dans l’actualité. Cette deuxième approche est la
plus utile, elle est même la plupart du temps décisive, car elle vous permet de prendre du
recul sur les choses.
Dès ce stade, vous notez tout ce que vous évoque le sujet. Pensez aux concepts proches (Etat >
Nation > République…), aux expressions associées, aux clichés, aux jeux de mots.
Si le sujet est une citation longue d’un auteur, centrez votre réflexion sur l’idée essentielle mais
dans votre copie faites de fréquentes allusions aux notions périphériques évoquées dans la
citation. Rassemblez tout ce que vous savez de l’auteur (et notamment le titre de ses autres
œuvres), et recasez le ensuite dans la copie.
Attention si ce sujet a été partiellement traité en cours, de ne pas vouloir plaquer des éléments qui
ne lui correspondraient pas exactement. Chaque sujet est unique.
Un petit truc qui peut vous être utile, notamment si vous maîtrisez déjà l’exercice : essayez de
repérer très vite ce que la masse des candidats va dire. Avec un peu de chances, vous allez
voir le contre-sens ou le piège dans lequel nombre de vos camarades vont tomber. Dans ce cas,
pas de charité qui tienne : indiquez dès l’introduction que telle piste n’est pas la bonne… C’est ce
que j’appelle « bâtir sa copie sur les décombres des copies des autres ». De même, avec un peu
d’expérience vous verrez ce fera la matière des complaintes du prochain rapport du jury. Ecartezvous en le plus possible, votre originalité en ressortira d’autant.
2. Remplir cette grille, par libres associations d’idées
Actualité/
Politique
Histoire
Philosophie
(politique)/
Essais
Littérature/
cinéma/arts
(musique,
peinture…)
Sociologie/
questions de
société/sciences
Autres
matières
étudiées en
cours
d’année
Ainsi sollicitez-vous tous les aspects de votre culture. Attention, tout ne se vaut pas !
-
Pour chaque rubrique, pensez systématiquement aux anecdotes, qui donneront de la vie
à votre copie et qui valent mieux qu’un long discours théorique.
-
La rubrique « histoire » doit être la plus fournie. Les jurys y sont très sensibles. Travaillez
donc votre culture historique. Commencez toujours par situer la question posée
dans une perspective historique. Vous pouvez utiliser toutes les périodes de l’Histoire
(mais attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse, à savoir une copie
purement historique dans laquelle les époques s’enchaînent sans réflexion). La
philosophie politique sera le second pilier de votre devoir.
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-
La rubrique « actualité » est importante, car elle fournit parfois le point de départ de la
réflexion et donc de la copie. Ne pensez pas qu’au journal de la veille, mais aussi à
l’actualité éditoriale et à celle des revues. Un sujet sur la laïcité, par exemple, doit conduire
à faire référence dans l’introduction au centenaire de la loi de 1905, mais aussi à la
floraison de publications qu’il a entraînées (numéro d’Esprit du mois de mai 2005, etc.)
-
Les références littéraires, cinématographiques ou artistiques doivent tenir la route.
Respectez la hiérarchie des œuvres culturelles et privilégiez donc les classiques. Evoquez
les films de Jean Renoir ou de Stanley Kubrick, pas de Steven Spielberg !
-
Privilégiez les références aux beaux-arts, qui ne s’enseignent pas à l’école : commenter
un tableau sur quelques lignes, pour en faire ressortir l’idéologie, sera du meilleur effet et
attestera de votre originalité.
-
Pour la philosophie, bannissez les auteurs médiatiques à la mode mais de nul contenu
(cette conférence vous apprendra à les repérer). Attention aussi au piège classique
« Hobbes (ou Hegel, Kant…) en deux lignes ».
-
Les références aux autres matières étudiées en Prép’ENA (droit, économie…) doivent
rester tout à fait exceptionnelles, sinon le jury pensera que vous vous trompez d’épreuve.
Même si le sujet porte sur la responsabilité, ne ressortez jamais l’arrêt Blanco !
-
Même si les sujets donnés ont souvent une forte connotation nationale, efforcez-vous de
sortir du cadre étroit des références – et des polémiques – hexagonales. Pensez
systématiquement à faire des comparaisons internationales. Elles contribueront à
distinguer votre copie.
-
Dernier conseil : ne prenez pas de risque. Le concours de l’ENA ne s’y prête guère.
Dans le doute, abstenez-vous. Rien de plus dommageable que de « prendre le Pirée pour
un homme ».
4. Faire le plan
Vous pouvez faire autant de parties que vous le souhaitez, pourvu qu’il y en ait deux.
Rédigez au brouillon les titres, qui constitueront les premières phrases de vos parties et sousparties.
Surtout, veillez toujours à ce que les sous-parties soient équilibrées, en prévoyant au stade du plan
autant de munitions que nécessaire. Pour équilibrer vos parties, pensez qu’un même fait, une
même référence, une même idée peuvent être présentées sous un jour positif aussi bien que
négatif.
Le plan aux épreuves de l’ENA est assez souvent stéréotypé. Ne vous cassez pas la tête à
trouver quelque chose de très original, vous perdriez du temps. L’expérience montre que le plan
suit assez souvent ce schéma :
[ Intro : accroche, ce qui fait que la question est d’actualité, définition (qui permet de progresser
jusqu'à la problématique), problématique (question au style direct ou indirect), annonce du plan. ]
A. Historique d’un problème, d’une institution – les causes d’une situation.
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B. Le fonctionnement d’une institution, ses réussites, l’apogée d’un système, les principales
caractéristiques d’une situation
C. Les difficultés, les dysfonctionnements, les évolutions.
D. Les solutions, vos propositions, les perspectives qui se dessinent.
[Conclusion : bilan, jugement personnel, ouverture.]
L’inconvénient de ce plan est qu’il peut conduire à des répétitions, une tentation qu’il faut
combattre en permanence. Si ce plan ne fonctionne pas, si le sujet est très difficile, vous pouvez
vous rabattre sur le bon vieux « balancement nuancé » (oui-mais, non-si, et inversement) ou sur
un balancement « thèse-antithèse » (attention toutefois qu’il y ait bien alors une progression au
sein des parties comme entre les parties). L’important est toujours de livrer une réflexion qui
progresse (au moins en apparence).
Mais attention à ces conseils généraux, car tout dépend du sujet.
Le plus important est peut-être d’ailleurs la façon dont vous présenterez ce plan, en utilisant
des formulations claires, marquantes et originales. Cas du candidat qui, confronté à un sujet sur
les rapports hommes-femmes, avait titré ses deux parties successivement « paix impossible » et
« guerre improbable », reprenant la célèbre formule utilisée par Raymond Aron pour caractériser
la guerre froide…
Les propositions (quand il est pertinent d’en faire, ce qui n’est pas toujours le cas) posent
souvent des problèmes aux candidats, surtout quand elles ne sont pas esquissées dans le dossier.
Ne cherchez pas à réinventer l’eau chaude. Ne vous noyez pas dans des dispositifs
technocratiques trop précis. On vous demande seulement quelques orientations politiques, qui
devraient découler naturellement de votre réflexion et de vos opinions personnelles. Attention
toutefois aux propositions trop générales et généreuses, expression d’un consensus lénifiant et
sirupeux. Soyez réalistes, évoquez les problèmes que vos solutions vont poser, les difficultés
qu’elles vont créer, pour montrer que vous en êtes conscients.
5. Faire une brève pause
Vous changer les idées, vous extraire du plan et de vos notes vous permet ensuite de regarder le
sujet avec l’œil le plus neuf possible. Attention, c’est le dernier moment pour s’apercevoir que
l’on fait fausse route !
6. Rédiger (3 heures)
Vous pouvez passer 30 minutes sur l’introduction, une heure sur la première partie, une heure et
quart sur la seconde et la conclusion et réserver un quart d’heure pour la relecture. Au début la
rédaction est plus lente, puis elle s’accélère, le stress aidant. Attention toutefois à ne pas bâcler la
fin de la copie, d’autant qu’en II-B les idées manquent souvent. Les parties et sous-parties doivent
être de dimensions égales ou du moins comparables.
Soignez particulièrement l’introduction et la conclusion, et plus particulièrement encore
l’accroche ou captatio benevolentiae (qui peut être une citation, un fait, une image, mais qui toujours
doit frapper le lecteur) et l’envoi.
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L’introduction – qui est une dissertation en miniature – doit elle aussi progresser. Vous devez
dérouler un fil argumentatif. (Seule la conclusion peut se répéter, dans la phase dite du « bilan »
mais trouvez d’autres formules, plus ramassées et plus frappantes, pour redire ce que vous avez
déjà dit et surtout ne vous appesantissez pas).
Un petit truc pour la problématique : elle est en général solide quand elle s’exprime sous la
forme d’une question à laquelle on peut répondre par oui ou par non. Cela implique que la
problématique ne soit ni une question en « pourquoi ? », ni une question en « comment ? ». En
conclusion, répondez à cette question.
Même si tous les jurys du monde vous jureront la main sur le cœur que seule la qualité importe, il
est évident que la longueur est un élément positif. L’expérience universelle montre, en effet, que
les copies les plus longues, sauf à tomber dans la logorrhée, sont mieux notées.
Enfin, il est indispensable de vous relire pour traquer les fautes et étourderies. Si le temps
manque, commencez par relire la fin de la copie, que vous avez rédigée dans un état de fatigue et
de stress plus marqué. Attention en particulier aux accords des participes.
III.
Comment rédiger ?
Sans vouloir jouer les cyniques, il est peu contestable que la forme revêt à l’ENA une importance
particulière… Si vous respectez quelques règles simples et soignez votre style, vous pouvez
gagner facilement quelques points. De plus, je suis persuadé que la forme entraîne le fond et
contribue au développement de la pensée.
1. Présentation
-
Allez à la ligne entre les sous-parties et entre les parties ; marquez la séparation entre
l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion par trois
astérisques.
-
Faites des paragraphes (au moins 2 par page), y compris dans l’introduction, en marquant
bien les alinéas.
-
Le dernier paragraphe de l’introduction fait l’annonce du plan, en une ou deux phrases,
qui reprennent les titres de vos parties ; faites suivre chaque titre de (I) ou de (II). Ex : « Si
la République ne peut plus prétendre comme jadis … (I), elle demeure malgré tout
aujourd’hui … (II). »
-
Aérez d’autant plus que vous écrivez dense ou mal.
2. Rédaction
-
Adoptez toujours un ton modéré, didactique (ce qui n’empêche en rien de prendre
clairement position à la fin du devoir). Il ne s’agit pas d’écrire un pamphlet ! N’attaquez
pas les personnes. Ne critiquez pas les œuvres, ou vous passerez pour prétentieux.
Respectez les théories que vous écartez. Si vous tentez de descendre en flammes un
auteur, une œuvre ou une théorie, il est probable que ce seront les débris calcinés de votre
copie que vous verrez retomber… Essayez plutôt de voir les bons côtés que chaque
œuvre peut avoir pour votre démonstration. Nuancez vos propos. penser aux
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modalisateurs : certains, un certain nombre de, quelques, la plupart, peut-être… Ne pas
être trop affirmatif.
-
Penser toujours à accréditer vos références, c’est-à-dire à persuader (que cela soit le cas
ou non), que vous maîtrisez les ouvrages que vous citez. Pour cela, il faut contextualiser
vos exemples, en montrant que vous connaissez les autres œuvres de l’auteur cité ou en
situant dans l’œuvre le passage sur lequel vous appuyez votre réflexion. Soyez le plus
précis possible (noms, dates, chiffres, courants, contexte…). Racontez ! (sans trop vous
étendre naturellement, sans quoi vous perdrez le fil de l’argumentation et sombrerez dans
la digression). Un truc qui permet de faire croire à peu de frais qu’on est familier d’un
auteur : citer entre guillemets ses expressions caractéristiques (le « mol oreiller du doute »
de Montaigne, Tocqueville décrivant le rôle que jouent les « gens de lettres » en France,
Sartre dénonçant les « Salauds » dans La Nausée, etc.)
-
Vous devez viser, sans en faire des tonnes évidemment, un style littéraire. Soignez votre
expression, truffez votre copie de formules, d’intertextualité et d’allusions, utilisez les
ressources de la rhétorique. Employez une ou deux fois dans votre copie le subjonctif
imparfait ou plus que parfait. Là réside cette fameuse « originalité » réclamée par les jurys.
A l’inverse, attention aux métaphores incohérentes, aux lourdeurs, aux répétitions.
Méfiez-vous comme la peste du style journalistique, qui abonde en clichés parfois
incohérents (ouvrir la boîte de Pandore, tirer son épingle du jeu…) ; il n’a pas sa place
dans une dissertation.
-
Les paragraphes suivent en général l’ordre suivant : une phrase pour énoncer l’idée et
son rapport au sujet ; un ou plusieurs exemples qui développent cette idée ; l’analyse de
l’exemple ; une phrase qui conclut, reformule l’idée en progressant et sert de transition
avec le paragraphe suivant.
-
Attention à l’insertion des citations. Vous ne devez pas vous contenter de les coller sur
votre texte, à l’aide des deux points ou – pire encore – de parenthèses, mais les intégrer
pleinement dans la syntaxe.
-
On souligne c’est l’équivalent des italiques en typographie les titres (La chartreuse de
Parme, La Joconde, Les enfants du Paradis, Le débat, Le Figaro) sauf les titres des articles que
l’on met entre guillemets (« L’art de la dissertation », publié dans Le Monde du 26
septembre…), à l’instar des titres des poèmes d’un recueil (« Harmonie du soir », dans Les
Fleurs du mal).
-
On souligne les mots étrangers, y compris latins.
-
Faites des phrases courtes, qui suivent le plus souvent le schéma « sujet, verbe,
complément » ; ne vous interdisez pas l’adjectif ou l’adverbe qui, habilement utilisés,
peuvent montrer votre recul sur les choses.
-
Bannissez « je », « tu », « nous », « vous » et les parenthèses. Evitez « il » le plus possible,
car rien n’est plus agaçant que la litanie des « il convient de », « il est nécessaire de », etc.,
qui fleurissent spontanément sous les plumes à la fin de la deuxième partie.
-
Attention aux majuscules. (Rappeler ici les règles d’emploi des majuscules).
-
Un « d’une part » appelle (plus loin) un « d’autre part », et inversement.
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-
Pensez aux locutions latines. Travaillez les pages roses du Larousse, où vous trouverez
aussi de jolies citations. D’abord, les quatre conjonctions indispensables : a priori, a fortiori,
a contrario, ipso facto. Pensez aussi à de facto, de jure, de plano, sine qua non, mutatis mutandis,
nolens volens, diminutio capitis, summa divisio. N’en abusez pas, mais forcez-vous dans un
premier temps à en placer systématiquement deux par copie.
-
Soignez la ponctuation. En général les étudiants ne mettent pas assez de virgules, qui sont
la respiration de la phrase. Les conjonctions en tête des mots sont suivis d’une virgule
(« Enfin, ») ; il n’y a jamais de virgule devant un « et » de coordination (« La France,
l’Angleterre, l’Espagne et l’Autriche »).
-
Pensez au point-virgule, qui fait très chic et introduit d’utiles nuances.
-
Les deux points déterminent une syntaxe complète, c’est-à-dire qu’ils doivent être suivis
d’un sujet, d’un verbe et d’un complément. Les deux points ne peuvent être utilisés pour
une énumération. Il en va exactement de même des parenthèses.
-
Pensez aux tirets, beaucoup plus élégants que les parenthèses, remplaceront
avantageusement ces dernières.
3. Quelques expressions à surveiller ou à bannir, car elles peuvent irriter un correcteur
puriste (liste à compléter)
-
Alternative. En français, ce mot évoque deux solutions entre lesquelles on a le choix ou,
dans la langue classique, deux situations successives (« une alternative de plaisirs et de
peines ». Il est incorrect de dire « l’autre alternative ». Préférer « solution de
rechange ». Ne pas confondre non plus avec dilemme (qui prend bien deux m). Tout
dilemme est une alternative, mais toute alternative n’est pas un dilemme.
-
Après que. Est suivi de l’indicatif ou du conditionnel, pas du subjonctif : « près qu’il a
décidé de… »ou « près qu’il eut » (mais attention, pas d’accent circonflexe ici car il s’agit
du passé antérieur, pas du subjonctif imparfait).
-
Disposer/stipuler.
-
Avérer (s’). Ce verbe signifie « être vrai ». On ne peut donc jamais « s’avérer faux ».
Préférer « se révéler ». Attention aussi à « il s’avère que » : il vaut mieux mettre « il
apparaît que », ou même « il appert que ».
-
Clôturer. Remplacer par « clore ».
-
Conséquent : ce terme n’a jamais signifié « important » : ne parlez pas d’une « somme
conséquente » ! Conséquent veut dire « qui a de la suite dans les idées » : un homme
conséquent.
-
Lister. A ce néologisme fort à la mode, préférez « énumérer ».
-
Majeur, adjectif, est aujourd’hui admis (mais pensez à « essentiel », « central », « cardinal »,
pour varier un peu votre expression). Il reste toutefois suspect au pluriel, car majeur
signifie « le plus grand » : comment pourrait-il y avoir « trois problèmes majeurs » ?
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-
Au niveau de. Une horreur à prohiber.
-
Opportunité. Ce terme désigne le « caractère de ce qui est opportun ». L’employer comme
synonyme d’occasion, c’est commettre un anglicisme.
-
Dans l’optique de. Bannir cette expression peu élégante.
-
Par contre. Lui substituer « en revanche ».
-
Réaliser. Ne pas employer au sens (anglais) de « se rendre compte », mais seulement de
« fabriquer ».
-
Résoudre. Attention, on écrit à la troisième personne du présent « il résout »
-
Ressortir à. Ne pas confondre « ressortir à », qui a le sens de « se rapporter à », « participer
de », et « ressortir de » ( = sortir à nouveau). Ressortir à se conjugue comme finir,
ressortir de comme sortir. Il faut donc parler d’une question qui « ressortissait aux affaires
internationales » ou d’un problème qui « ressortit à la philosophie ».
-
On écrit Seconde Guerre mondiale (et, de même, Première Guerre mondiale).
-
Solution de continuité. Cette expression trompeuse a le sens de « coupure, interruption ». Elle
signifie donc le contraire de continuité. Il y a solution de continuité dans un feuilleton
dont un chapitre important a été sauté.
-
Solutionner. Naturellement, il faut utiliser « résoudre ». Dans le même genre, bannissez
« occasionner » (>causer, provoquer) et « ovationner » (>acclamer). Je n’évoque même
pas « émotionner ».
-
Suite à. La seule expression correcte est « à la suite de ».
-
Tirer les marrons du feu. Cette expression ne signifie nullement « tirer profit » mais « se
dépenser au profit d’autrui », car celui qui tire les marrons du feu risque de se brûler les
doigts alors qu’ils seront croqués par un autre que lui.
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