Comédie de Félix Leclerc cahier théâtre En coulissE

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cahier théâtre En coulissE !
VOLUME 10, NUMÉRO 1 | AUTOMNE 2013 ET HIVER 2014
THÉÂTRE
Comédie de
Félix Leclerc
2
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
Mot De La Direction
éQuiPe DeS concePteurS
et De La ProDuction
– SYLVie LonGtin et Martin LaViGne
cher public !
notre devoir en tant qu’individu ou compagnie de théâtre est de donner
le maximum de repères et de modèles possibles. la persévérance scolaire
est devenue un enjeu de société de la plus grande importance de nos jours.
nous pensons, avec ce projet, vous raconter une partie de l’histoire
du Québec avec le regard et la plume d’un pionnier. un bâtisseur :
Félix leclerc.
notre organisme se distingue par ses actions avec une approche
différente et proactive pour vous sensibiliser à ce que contient une œuvre
dramatique marquante. Que ce soit par des repères historiques et géographiques ou des morceaux de notre histoire québécoise et internationale,
la comédie humaine fait la promotion de notre langue française et se sert
du théâtre comme véhicule pour éduquer et encadrer de manière ludique
et pédagogique le public de demain.
jouer une pièce de théâtre ne signifie pas seulement un beau décor,
des comédiens et des costumes; cela veut aussi dire raconter une histoire
et, dans ce cas-ci, la nôtre, celle du Québec. mise à part la grande noirceur
avec maurice duplessis, il y a eu les beaux jours de la révolution tranquille.
et comment peut-on qualifier les conditions de notre société d’aujourd’hui ?
en vous présentant ce spectacle théâtral, nous souhaitons vous transporter dans l’univers de Félix leclerc. un homme de grandes réalisations
qui a fait preuve de persévérance et d’idées nouvelles. il a été l’initiateur :
celui qui montre le chemin, celui qui ouvre le chemin.
« C’est un géant. en même temps, je pense que dans une société, les
personnes phares comme lui sont très rares. félix en fait partie. Il avait à
la fois une approche philosophique et une distance qui lui permettaient
d’émettre son opinion. »
– richard séguin
« Je pense que félix Leclerc a été le premier d’une époque, le premier
après la deuxième guerre mondiale à dire qui on est. Il représente notre
identité. »
– grégory charles
« Il y a plus de courage que de talent dans la plupart des réussites. »
– Félix leclerc
pour vivre notre vraie passion, Félix leclerc nous prouve que ça prend
le feu sacré.
bon néant !
mETTEURE EN ScèNE
mIcHèLE dESLaURIERS
aSSISTaNTE À La mISE EN ScèNE,
jULIE gOUIN
RégISSEUSE, SON ET dIREcTRIcE dE PROdUcTION
cONcEPTEUR dES décORS ET accESSOIRES
NORmaNd BLaIS
cONcEPTEUR dES cOSTUmES
PIERRE-gUY LaPOINTE
cONcEPTEUR dES écLaIRagES
cLaUdE accOLaS
RégISSEUR, écLaIRagE, mONTagE
ET dIREcTEUR dE TOURNéE
jULIEN BROUSSEaU
cONcEPTEUR dE La mUSIQUE ORIgINaLE ET
dE L’ENvIRONNEmENT SONORE
mIcHEL mONTREUIL
dIREcTEUR TEcHNIQUE ET cONSTRUcTION dU décOR
cHORégRaPHE
BERNaRd BOURgaULT
maQUILLagE ET cOIffURE
PIERRE LafONTaINE
RédacTRIcE EN cHEf dU caHIER THéâTRE
cORREcTEURS
SéBaSTIEN fILION
maRIcHELLE LEcLaIR
jOHaNNE BENOÎT ET gUILLaUmE fEcTEaU
cONcEPTION gRaPHIQUE
ROxaNE gaRIéPY
aUTEUR dE La cOURTE PIècE PRéPaRaTOIRE
le traiN du Nord
gILBERT dUPUIS
mISE EN ScèNE dE La cOURTE PIècE
maRTIN LavIgNE
cOmédIENS dE La cOURTE PIècE
gaBRIEL cOUTU
fRaNcIS RaNgER
cOORdONNéES dE La cOmédIE HUmaINE
sYlVie et martin
si vous avez des questions à poser aux artisans de la production,
n’hésitez pas à le faire via internet ou par téléphone.
SoMMaire
2835, rue mathys, sainte-marthe-sur-le-lac (Québec) j0n 1p0
téléphone : 450 623-3131 | télécopieur : 450 623-6610
[email protected]
www.lacomediehumaine.ca |
/lacomedie1
cOmédIENS ET PERSONNagES
4
cONcEPTEURS ET éQUIPE dE PROdUcTION
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NOTE ImPORTaNTE :
aUTEUR-cOmPOSITEUR-INTERPRèTE,
POèTE, écRIvaIN, acTEUR : féLIx LEcLERc
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réaliser les différentes sections du cahier en coulisse ! suppose la consultation
de nombreuses sources d’information. nous ne mentionnons pas ici les ouvrages
essentiels auxquels nous avons eu recours. pour les consulter, veuillez en faire la
demande au personnel de la comédie humaine. si nous ne les avons pas cités au fil
du texte, c’est que nous ne voulions pas alourdir un texte déjà serré et dense. ainsi,
le lecteur curieux gagnera à lire les auteurs ayant nourri notre réflexion.
L’ŒUvRE
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PETITE HISTOIRE dU QUéBEc d’aPRèS gUERRE
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HISTOIRE dE La LITTéRaTURE QUéBécOISE
15
SITUaTION cONTEmPORaINE
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© copyright 2013 les productions la comédie humaine
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
Mot De nathaLie LecLerc PréSentation De FéLiX Par Sa FiLLe
Félix leclerc fut un homme de mots, de paroles et de grandes symphonies. en quête de merveilleux, tel le « fou de l’île » à la
recherche de son cerf-volant, il a emprunté les voies de l’imaginaire. son histoire est celle d’un bâtisseur, qui ouvre des mondes
inexplorés. il a tracé une voie nouvelle pour une société québécoise en manque de rêves, au milieu du xxe siècle.
cet homme, contemplatif, avait des yeux neufs sur la vie. comme son père et son grand-père, de rencontre en rencontre, il a
défriché son propre chemin d’homme et d’artiste porteur de rêves. authentique et généreuse, son œuvre en est une de liberté.
Mot De La Metteure en ScÈne
– MichÈLe DeSLaurierS
le rideau s’ouvre sur un îlot, une sorte de station-nuage où arrivent
quatre personnes décédées de mort subite, non pas de mort naturelle. beaucoup de circulation sur ce nuage de transition où les
personnages célestes (dont célestin) tenteront de faire tomber
l’armure de ces nouveaux arrivants pour leur faire retrouver leur
vérité, leur sensibilité et ainsi les délester de leur hypocrisie et de
leur secret. les méfaits et les bons coups de leur vie sont relevés
et les archanges chargés de les interroger travaillent fort pour les
dégager et les alléger de leur noirceur, leur avidité et leur lourdeur
terrestre afin de les emmener vers la lumière.
avec son talent de conteur et de poète, Félix leclerc brosse
un tableau bien spécial de la terre vue du ciel. cette distance lui
permet à la fois de s’amuser et de nous faire rire tout en critiquant et en parodiant les comportements et les travers de ces
chers humains que nous sommes.
Que ce soit la mort subite de ces quatre stéréotypes ou le
combat entre le bien et le mal ou l’ange et le démon (l’un magnanime, l’autre burlesque), tout cela ne représente-il pas aussi nos
combats intérieurs, entre le positif et le négatif ? d’un côté, notre
créativité, notre optimisme et notre joie de vivre; et de l’autre,
notre pessimisme, notre manque de confiance souvent destructeur et nos bas instincts ?
après les aveux et les complots, les humains arriveront-ils à
léviter, à trouver l’équilibre et le bien-être intérieur ? et les anges,
eux-mêmes attirés par la terre, les passions et les émotions des
humains, arriveront-ils à les saisir et à les comprendre ?
plonger dans l’univers fantastique et amusant de Félix, c’est
aussi se rendre compte à quel point la société, les valeurs et les
mœurs n’évoluent qu’à petits pas.
comme disait Félix : « c’est lent, c’est long… nos âmes ont
de la misère, on existe, on a peur, ça viendra … ! » auteur avec une
vision moderniste, la critique sociale contenue dans l’œuvre est
tout aussi pertinente aujourd’hui. il ne m’aura fallu que quelques
petits ajustements pour adapter le texte à notre époque.
est-ce le rêve des humains de se libérer des obstacles, des responsabilités, du quotidien trop lourd ? je vous laisse avec toutes ces
interrogations et vous souhaite, sourire en coin, la paix et la légèreté de l’âme.
bon spectacle.
MichÈLe DeSLaurierS
Metteure en ScÈne et coMéDienne
le travail du metteur en scène est au centre de la production
théâtrale. il doit comprendre le texte dans tous les sens, choisir
la vision artistique du spectacle, collaborer avec les concepteurs
et l’équipe de production, puis guider les comédiens dans leur
travail tout au long des répétitions. c’est en se laissant mener
par sa compréhension et par son imagination que le metteur en
scène construira tous les autres aspects de la production.
mise en scène : des souris et des hommes, La vie de galilée,
bousille et les Justes, Les palmes de m. schutz, devinez Qui ?/
dix petits nègres, 2011, revue et corrigée et de trois opérettes :
La périchole, Ciboulette et La Chauve-souris avec l’opéra bouffe
du Québec.
comédienne pour deux émissions humoristiques à radiocanada : à la semaine prochaine, à la radio, elle incarne la voix de
plusieurs personnages, et à la télé, dans et dieu créa Laflaque,
elle fait, entre autres, la voix de georgette laflaque. elle interprète le rôle de la mère de martin matte dans la nouvelle émission Les beaux malaises à tVa et elle a interprété madge dans
la série Le coeur a ses raisons à tVa. elle cumule les rôles au
théâtre, au cinéma et à la télé.
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cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
coMéDienS
Et PErsonnagEs
les personnages de la pièce vus par la metteure en scène et une brève biographie des comédiens (par ordre d’entrée en scène).
Anie
PASCALE
Chantal
BARIL
elle est reconnue bien sûr à cause de ses nombreuses
apparitions dans des séries télévisées comme unité 9,
Le gentlemen, et L’Auberge du chien noir, où elle interprète le rôle de sandra depuis 12 ans. elle a aussi fait
partie de la distribution de plusieurs longs métrages :
Curling, Whitewash, et tout est parfait (un rôle qui lui a
valu, entre autres, une nomination pour les prix génie
et un prix d’interprétation à seattle). au théâtre, elle a
notamment joué dans La mégère apprivoisée.
angE-animéE
elle fut roxanne dans Km/h pendant 8 ans à tVa. elle a
reçu le trophée de la recrue de l’année et a été intronisée
au temple de la renommée de la lni. cette année, elle
sera de la 6e saison de La galère et participera à toute la
vérité. elle est aussi une lectrice régulière de l’émission
plus on est de fous, plus on lit à radio-canada, en plus
de faire régulièrement du doublage. on l’a vu dernièrement au théâtre de ste-adèle dans femme cherche
homme désespérément et à la cie jean-duceppe dans
du bon monde.
la comédiEnnE
il interprète le rôle d’henri beaulieu dans L’Auberge
du chien noir depuis 2003. il a joué des grands rôles
comme don Quichotte dans l’homme de la mancha et
antoine dans Antoine et Cléopâtre, au tnm. de plus, il
a joué dans l’Iliade et récemment dans une vie presque
normale, mise en scène par denise Filiatrault. il a aussi
participé aux séries virginie, Cornemuse (pendant
5 ans), tohu-bohu, etc.
l’intEllEctuEl
il joue christian dans L’Auberge du chien noir depuis
2004 et il a interprété des rôles principaux, en
continuité, dans les téléromans suivants, entre autres :
mon meilleur ennemi, sous un ciel variable, sans
compter ses participations à plusieurs autres
émissions télévisées. au théâtre, il a performé dans
shérazade, Le petit roy, L’homme de la mancha,
Les parapluies de Cherbourg, etc.
l’anglais
l’ange-hôtesse coquine, gracieuse et candidement aguichante,
sa mission est de faire passer des tests aux terriens pour
les éprouver et voir s’ils sont prêts à se délester de la boue
terrestre. très attirée par toutes ces intenses émotions qui
se dégagent des humains, elle aimerait bien en découvrir les
raisons et visiter cette fameuse terre si convoitée.
artiste égoïste et fantasque, c’est aussi une talentueuse
chanteuse qui allait donner son spectacle et qui meurt
subitement des suites d’un accident de voiture. elle subit
une grande frustration de voir à quelle vitesse on peut
l’oublier et la remplacer. la nature éphémère de la gloire
la fait réfléchir
un Français poète désabusé ayant déjà vendu son âme au
diable, auteur, professeur, aventurier, mort d’un coup de feu
dans une affaire de triangle amoureux. reniant son âme
pure et enthousiaste, il lutte pour oublier son passé et les
écrits inspirés de sa jeunesse.
Jean
MAHEUX
Stéphan
CÔTÉ
ingénieur moyennement malhonnête, avide et expéditif, il
meurt d’une syncope dans les bras de sa maîtresse à l’hôtel
King junior où il se trouvait pour affaires. c’est un homme
d’action, moderne, qui refuse cet arrêt obligatoire qui l’empêche de continuer ses projets d’ingénierie à grand
déploiement. il s’ennuie de la détente que lui procurait son
verre de scotch après une bonne journée de travail.
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
Gary
BOUDREAULT
André
il joue un des Westerners dans L’Auberge du chien noir
depuis 2002. il s’est fait remarquer dans matroni et
moi au théâtre et au cinéma, pour lequel il a obtenu
une nomination aux jutra. on a pu le voir dans
Apparences, roxy, sophie paquin, Continental, un
film sans fusil et route 132. ii performe aussi dans
devinez qui ?/dix petits nègres, Les Chemins qui
marchent d’alexis martin et Le bourgeois gentilhomme
de molière, mise en scène de benoît brière.
l’habitant
il s’est fait remarquer dans les publicités pour les
voitures honda, aux côtés de martin matte. il participe
à plusieurs émissions et séries depuis longtemps dont
mauvais Karma, toute la vérité et Watatatow (pendant
12 ans). il joue avec brio pour le Festival juste pour rire
dans les pièces scandale, L’emmerdeur, sous la
direction de carl béchard et récemment, Adieu,
je reste, mise en scène de michel poirier.
frèrE amédéE
il a reçu deux nominations aux prix gémeaux pour
hommes en Quarantaine et ramdam. au cinéma, on
a pu le voir dans the high Cost of Living, Le Journal
d’Aurélie Laflamme, 20h17 rue darling… on a également pu apprécier son travail à la télévision dans
penthouse 5-0, virginie, La vie la vie, destinées... il a
performé au théâtre dans des souris et des hommes,
sweet Charity, scaramouche, Les palmes de m. schutz,
billy l’éclopé...
célEstin
il est récipiendaire de 2 métrostar pour 4 et demi; il
participe encore aujourd’hui à L’Auberge du chien noir
et on se rappellera ses performances dans blanche,
Karmina I et II, un homme et son péché… au théâtre, il
performe dans les pièces suivantes : L’amour en otage,
moon over buffalo, La vie de galilée, Les palmes de m.
schutz et des souris et des hommes...
satan
LACOSTE
Pierre
GENDRON
Robert
BROUILLETTE
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un député avide et un peu véreux qui vient de se faire
battre aux dernières élections et qui meurt d’indigestion
au banquet de son parti. il garde toujours la nostalgie de sa
campagne où il œuvrait et de ses tête-à-tête avec sa
bien-aimée restée sur terre et, malheureusement pour lui,
déjà courtisée après son départ…
le portier de l’auberge s’appelle andré mais tout le monde
l’appelle amédée. c’est la réplique du frère andré naïf,
humble et dévoué religieux, toujours compréhensif, faisant
le pont entre les humains et les êtres célestes qui ne les
comprennent pas toujours. bienheureux dans les cieux, il
reste cependant nostalgique de sa vie simple sur terre et
des douceurs qu’elle lui apportait.
l’archange directeur, chargé de délester les humains de
leur boue terrestre, de leur faire oublier la terre pour qu’ils
puissent enfin accéder au divin. ange intègre et droit, il est
quand même perturbé et touché par toute cette tendresse
et cette poésie qui se dégagent de ces humains et attiré
aussi par cette terre verdoyante et chatoyante qu’il observe
au loin sans y avoir accès.
ange déchu à cause de son orgueil, mais versatile et comique,
il se transforme et prend l’apparence de divers personnages
pour arriver à déjouer célestin. il magouille fortement pour
conquérir les nouveaux arrivants. réussira-t-il à les faire chuter
pour les amener dans son repaire de lourdeur ? ses résultats ne
seront pas toujours convaincants.
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cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
concePteurS et
éQuiPE dE Production
concEPtEur du décor Et accEssoiristE
concEPtEur dEs costumEs
– normand blais
– PiErrE-guy laPointE
le concepteur des costumes donne à chaque personnage son apparence distinctive en dessinant les vêtements et en choisissant les
accessoires que les comédiens porteront sur scène. l’essentiel étant
qu’ils traduisent fidèlement la personnalité des personnages auxquels
ils sont destinés.
pierre-guy lapointe fait partie du paysage théâtral et télévisuel. il a
travaillé sur plus d’une centaine de spectacles sur scènes et différentes
productions pour la télévision et le cinéma, notamment Les jumeaux vénitiens, huit femmes, Andromaque, L’esprit de famille, devinez Qui ?/dix petits nègres, des souris et des hommes et les ballets Liberamé et blanche.
concEPtEur dEs éclairagEs
– claudE accolas
esQuisse du décor, 23 août 2013
le concepteur du décor conçoit les éléments scéniques qui formeront le décor. le style, l’époque, les couleurs, les lieux, la saison et les
changements de décors indiqués dans le texte doivent tous être pris
en considération.
un accessoiriste est celui qui fait la conception des accessoires;
il propose un style, une époque, une couleur, etc., loue ou achète les
accessoires nécessaires pour le spectacle.
normand blais a collaboré à plus de 250 spectacles. mentionnons,
entre autres, son travail dans Le mariage de figaro, ubu roi, un village
de fous, Les palmes de m schutz, devinez Qui ?/dix petits nègres, des
souris et des hommes, le spectacle du transformiste italien arturo
brachetti, L’homme de la mancha, ainsi qu’au spectacle Zumanity, présenté à las Vegas depuis 2003 par le cirque du soleil.
le concepteur des éclairages prend note du type d’éclairage nécessaire
à chaque scène. les premières rencontres avec le scénographe sont
aussi très importantes car l’un et l’autre doivent s’entendre sur les effets
à produire et l’ambiance qu’ils développeront ensemble pour éclairer les
comédiens et le décor.
concepteur d’éclairages de théâtre, ballet, opéra, variété, télévision,
multimédia et architecture depuis 1978, claude accolas a travaillé avec la
plupart des metteurs en scène du Québec pour, entre autres, les productions suivantes : un homme, deux patrons, Cabaret, L’école des femmes,
Les filles de Caleb … et pour de nombreuses compagnies de productions
à l’étranger (japon, singapour, hong Kong, australie, écosse et France).
concEPtEur dE musiQuE originalE
Et d’EnvironnEmEnt sonorE
– michEl montrEuil
le concepteur de la musique et de la bande sonore imagine et entend
les sons qui doivent se combiner. on peut recourir à des effets sonores
de toutes sortes pour recréer les bruits de la rue ou de la nature, et
faire appel à la musique pour soutenir l’action ou accroître la tension
dramatique.
michel montreuil a composé la musique pour des pièces de théâtre
telles que La vie de galilée, bousille et les Justes, sacrée famille, Les
palmes de m schutz, devinez Qui ?/dix petits nègres, des souris et des
hommes, des films incluant Love & volts et plusieurs publicités de télévision dont desjardins, rogers, etc. il est le pianiste-improvisateur pour le
spectacle Les rendez-vous amoureux et le concepteur et réalisateur de
l’émission radiophonique L’esprit des lieux à la src.
esQuisses des
costumes de satan
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
– juliE gouin
l’assistante à la mise en scène orchestre les horaires de répétitions, note
toutes les décisions de mise en place et les indications données aux comédiens par le metteur en scène.
julie agit à titre de régisseur, qui consiste à placer les costumes dans
les loges et les accessoires en coulisse. elle gère l’équipe de comédiens
et de techniciens.
de plus, c’est elle qui manipule, au bon moment, les boutons du
système de son pour que la bande sonore prenne tout son sens et elle
s’assure que les autres « cues » comme les éclairages et les bruits en coulisse, s’activent.
le rôle de la direction de production est de rencontrer les concepteurs et vérifier si le budget de la production peut s’offrir toutes les
idées de création.
diplômée de l’école de théâtre de saint-hyacinthe en 2012, julie
gouin a notamment travaillé aux spectacles suivants : 7 doigts de la main,
en tant qu’assistante de production et régisseuse de plateau pour leur
Cabaret 2011, devinez Qui ?/dix petits nègres, des souris et des hommes,
La traviata de l’opéra de montréal en tant qu’assistante de plateau.
régissEur, éclairagE, montagE Et dirEctEur dE tournéE
– juliEn broussEau
le régisseur, qui est, dans notre cas, aussi le responsable des éclairages, doit préparer, avec le directeur technique de chaque salle, les
exigences requises pour le spectacle. il doit superviser et monter le
décor dans chaque salle de spectacles et faire le « focus » des éclairages en déplaçant les lampes. il s’assure de l’intensité des lampes
puis il actionne les boutons pour que la lumière brille sur scène à partir
de la console d’éclairage.
julien brousseau gravite depuis une dizaine d’années à titre de
concepteur, opérateur et technicien. spécialisé dans la technique de
scène, il a collaboré à plusieurs projets artistiques, notamment au sein
des productions l’équipage et des services culturels de la Ville de lévis.
dirEctEur tEchniQuE Et construction du décor
– sébastiEn filion
éQuiPe De La courte PiÈce :
lE train du nord mise en scène de martin lavigne
autEur dE la courtE PiècE PréParatoirE
– gilbErt duPuis
crédit photo : josée lambert
assistantE à la misE En scènE, régissEusE,
son Et dirEctricE dE Production
Gilbert
DUPUIS
gilbert dupuis a étudié au conservatoire
d’art dramatique et à l’université du
Québec à montréal. il a co-fondé et codirigé le théâtre du Quartier, où il a
travaillé comme comédien, dramaturge,
metteur en scène et animateur. ses
œuvres dramatiques ont été mises en
nomination à plusieurs reprises au
Québec, au canada et à l’étranger. il a été
primé par radio-France, par radio-Québec
et par le gouverneur général du canada.
ses œuvres romanesques sont publiées
chez Vlb.
comédiEns dE la courtE PiècE PréParatoirE
– gabriEl coutu
Gabriel
COUTU
gabriel coutu est un jeune acteur gradué
de l’école supérieure de théâtre de
l’uQàm. multi-passionné et hyperactif,
il possède, en plus du jeu, un fort attrait
pour la musique, ce qui l’amène à porter
tour à tour les chapeaux d’auteur, de compositeur et d’interprète. depuis sa graduation il est monté sur les planches pour
défendre plusieurs œuvres du répertoire,
dont celles de mayenburg, lewis et devos.
c’est pour lui une première incursion dans
l’univers de la comédie humaine.
– francis rangEr
la direction technique signifie analyser les besoins techniques, la faisabilité du plan du décor et mesurer la complexité et confirmer la réalisation. il doit vérifier les coûts, les dépenses puis construire le décor.
sébastien Filion a, entre autres, travaillé au théâtre denise pelletier
et au théâtre la marjolaine. il a aussi signé la construction de plusieurs
scénographies dont L’étrange Noël de m. Jack, La belle et la bête, devinez
qui ?/ dix petits nègres, des souris et des hommes.
Francis
RANGER
Francis ranger grandit dans un petit village montérégien, saint-urbain-premier.
très jeune, il fait du théâtre, de l’improvisation et se passionne pour la guitare et le
chant. il forme un groupe de musique de
chansons francophones à l’adolescence
et entre à l’école de théâtre de sainthyacinthe. il a joué dans peter pan, sous
la direction de Frédéric dubois, La Cuisine
d’arnold Wesker et fait des apparitions à
la télé et au grand écran depuis sa sortie
de l’école.
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cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
auteur-coMPoSiteur-interPrÈte,
PoètE, écrivain, actEur : félix lEclErc
sa jEunEssE : lE P’tit bonhEur
Félix leclerc naît en 1914 à la tuque, en mauricie. sixième d’une
famille de onze enfants, il grandit au sein d’un milieu typiquement canadien-français : son père est marchand de foin, de
bois et de grain. pendant l’hiver, des douzaines de bûcherons
et de draveurs résident par ailleurs dans la grande maison des
leclerc, où la musique occupe une place très importante.
il travaille notamment avec le désormais célèbre romancier Yves
thériault, auteur du roman Agaguk. en 1939, il rencontre guy
mauffette, un jeune réalisateur à radio-canada. c’est le début
de la grande aventure. il est embauché par la société d’état,
et c’est sur ses ondes qu’il interprètera sa première chanson,
Notre sentier.
Félix tient aussi plusieurs rôles dans les émissions radiophoniques les plus populaires de la chaîne, dont un homme et
son péché.
c’est vraiment en 1940, à l’âge de 26 ans, que Félix leclerc
se lance dans l’écriture. il écrit pour radio-canada la série Je
me souviens (1941) et publie des recueils de fables, contes et
poèmes pour la radio, œuvres intitulées Allegro, Adagio, Andante
(1943-1944). cette trilogie est suivie par son roman autobiographique, pieds nus dans l’aube, racontant ses souvenirs d’enfance.
en 1947, les compagnons de saint-laurent montent la toute
première création théâtrale de Félix, maluron. un an plus tard, il
fonde une petite compagnie théâtrale, Vlm (pour Vien, leclerc et
mauffette), qui présente sa seconde pièce Le p’tit bonheur. malgré tout cet engouement pour le théâtre, Félix continue à écrire
des chansons, qu’il joue pendant les changements de décor.
l’artistE : l’héritagE
on se serVait alors des cours d’eau pour transporter les troncs d’arbres Qui
Flottaient sur l’eau, transportés par le courant. les draVeurs deVaient suiVre
les billots jusQu’à destination.
en 1931, il entreprend des études à l’université d’ottawa en
belles-lettres, où il se fait remarquer pour son intérêt pour la
chanson et le théâtre. moins de deux ans plus tard, la crise économique a raison de Félix et de sa famille. il doit abandonner ses
études pour travailler la terre de ses parents.
pendant ces années, il s’intéresse au monde artistique et à la
guitare, mais s’en lasse rapidement.
sEs débuts : naissancE
Félix leclerc ne se tiendra pas loin bien longtemps du milieu
radiophonique. il y revient rapidement, à temps partiel, pour y
rédiger des sketchs. lorsqu’il travaille à la radio de trois-rivières,
c’est la rencontre d’un imprésario français, jacques canetti, en
1950 qui transforme la vie et la carrière de Félix. en quelques
heures, canetti lui fait enregistrer une douzaine de chansons et
signer un contrat d’exclusivité d’une durée de cinq ans. à la fin
de l’année, Félix monte sur de célèbres scènes parisiennes et
séduit les Français avec sa chanson Le p’tit bonheur. un an plus
tard, à l’âge de 37 ans, il reçoit le prestigieux prix du disque de
l’académie charles-cros en France. c’est la consécration.
alors célèbre dans toute la francophonie, Félix leclerc revient en grande pompe au Québec en 1953. entrevues, réceptions, autographes, avalanche de fans : tout se déroule très vite
pour cet homme simple et authentique. en 1958, on publie Le
fou de l’île, roman rédigé par Félix une dizaine d’années plus tôt.
si les années 1950 sont une période de grand faste pour la
carrière de Félix, les années 1960 sont moins généreuses, tant
en ce qui a trait à sa carrière qu’à sa vie personnelle. après
quelques ratés, une rupture avec sa première femme, la mort de
son père et le congédiement de canetti, Félix leclerc s’exile en
europe avec sa nouvelle amoureuse, gaétane. elle deviendra sa
femme, avec qui il vivra sur l’île d’orléans et qui lui donnera deux
« magnifiques » enfants : nathalie et Francis.
cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
LE P’TIT BONHEUR
paroles et musique : Félix Leclerc, 1950
C’est un petit bonheur
Que j’avais ramassé
Il était tout en pleurs
Sur le bord d’un fossé
Quand il m’a vu passer
Il s’est mis à crier :
« Monsieur, ramassez-moi,
Chez vous amenez-moi
Mon bonheur a fleuri
Il a fait des bourgeons
C’était le paradis
Ça s’ voyait sur mon front
Or un matin joli
Que j’ sifflais ce refrain
Mon bonheur est parti
Sans me donner la main
Mes frères m’ont oublié, je suis
tombé, je suis malade,
Si vous n’ me cueillez point je
vais mourir, quelle ballade !
Je me ferai petit, tendre et
soumis, je vous le jure,
Monsieur, je vous en prie,
délivrez-moi de ma torture ! »
J’eus beau le supplier,
le cajoler,
lui faire des scènes,
Lui montrer le grand trou qu’il
me faisait au fond du cœur,
Il s’en allait toujours, la tête
haute, sans joie, sans haine,
Comme s’il ne pouvait plus voir
le soleil dans ma demeure.
J’ai pris le p’tit bonheur,
L’ai mis sous mes haillons,
J’ai dit « Faut pas qu’il meure,
Viens-t’en dans ma maison. »
Alors le p’tit bonheur
A fait sa guérison
Sur le bord de mon cœur
Y avait une chanson.
Mes jours, mes nuits, mes
peines, mes deuils, mon mal,
tout fut oublié
Ma vie de désœuvré, j’avais
dégoût d’ la r’commencer
Quand il pleuvait dehors ou
qu’mes amis m’ faisaient
des peines
J’ prenais mon p’tit bonheur et
j’ lui disais « C’est toi ma reine ! »
J’ai bien pensé mourir
De chagrin et d’ennui
J’avais cessé de rire
C’était toujours la nuit.
Il me restait l’oubli
Il me restait l’ mépris
Enfin que j’ me suis dit
Il me reste la vie!
J’ai repris mon bâton,
mes deuils,
mes peines et mes guenilles
Et je bats la semelle dans des
pays de malheureux
Aujourd’hui quand je vois une
fontaine ou une fille
Je fais un grand détour ou bien
je me ferme les yeux (bis)
Il ne revient qu’en 1970 et construit alors lui-même sa maison sur l’île d’Orléans, en face de la ville de Québec. Les événements politiques de l’époque lui donnent une nouvelle ferveur et
il se remet à l’écriture de chansons. Alors que les chansons des
années 50 portent davantage sur la nature et la vie quotidienne,
les pièces composées en cette année de crise sont éminemment
politiques.
« J’ai marché pendant trop longtemps dans les sentiers fleuris
et embaumés. Il est plus que temps que j’emprunte des sentiers
plus fréquentés, les chemins trop souvent piégés sur lesquels
marchent six millions de mes frères. »
C’est dans un tel contexte de nationalisme québécois émergeant qu’il se joint à Gilles Vigneault et à Robert Charlebois, deux
autres grands auteurs-compositeurs-interprètes québécois,
pour monter un grand spectacle sur les Plaines d’Abraham à
Québec, concert qui réunit plus de 120 000 personnes, soit près
de cinq fois la capacité du Centre Bell.
En 1975, Félix Leclerc célèbre ses 25 ans de carrière en
menant une vaste tournée en Europe. Cette année de commémoration culmine par l’attribution du prix Calixa-Lavallée par
la Société Saint-Jean-Baptiste pour l’ensemble de son œuvre.
Deux ans plus tard, il reçoit du Gouvernement du Québec le prix
Denise-Pelletier.
Ses combats : Le Québécois
En mettant autant l’accent sur l’importance de la langue française dans l’identité nationale, le mouvement nationaliste des
années 1960 et 1970 place les artistes québécois à l’avant-plan.
En effet, « l’âge de la parole » se traduit par l’abolition des frontières entre poésie, défense de la langue française et nationalisme. Dès la crise d’octobre de 1970 jusqu’au référendum pour
la souveraineté-association du Québec en 1980, en passant par
l’élection du Parti Québécois au pouvoir, Félix Leclerc appuiera
le mouvement souverainiste et s’opposera à ce qu’il considère
comme la colonisation des Québécois par les Canadiens anglais.
Son écriture : Le chant de la création
L’auteur américain Ernest Hemingway conseillait de toujours
écrire sur ce que l’on connaît bien. C’est ce qu’a fait Félix Leclerc
tout au long de sa carrière. La beauté de son île d’Orléans, le bonheur du quotidien, l’identité nationale, le sentiment d’exil dans
son propre pays : voilà les thèmes privilégiés par Félix.
Bien que sa carrière s’étende sur plus d’un demi-siècle, ces
thèmes resteront présents du début à la fin. Notre sentier, texte
de jeunesse rédigé en 1934, et Le tour de l’île, texte de maturité
rédigé en 1975, en sont un très bon exemple. Bien que ces deux
chansons privilégient toutes deux le thème du territoire, on peut
voir en les comparant l’évolution poétique de Félix et l’évolution
sociopolitique du Québec qui ont eu lieu en 40 ans.
NOTRE SENTIER
Paroles et musique : Félix Leclerc, 1934
Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, dis-moi le jour, je t’attendrai sous le bouleau
Les nids sont vides et décousus
Le vent du nord chasse les feuilles
Les alouettes ne volent plus, ne dansent plus les écureuils
Même les pas de tes sabots sont agrandis en flaques d’eau
Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, fixe le jour, je t’attendrai sous le bouleau
J’ai réparé un nid d’oiseau, je l’ai cousu de feuilles mortes
Mais si tu vois sur tous les clos, les rendez-vous de noirs corbeaux
Vas-tu jeter en flaques d’eau, tes souvenirs et tes sabots ?
Tu peux pleurer près du ruisseau, tu peux briser tout mon amour
Oublie l’été, oublie le jour, oublie mon nom et le bouleau.
Félix Leclerc accompagné de Robert Charlebois (au centre)
et de Gilles Vigneault (à droite).
9
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cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
La littérature canadienne-française est traversée par des
symboles de mort, d’exil et de tristesse. Notre sentier n’échappe
pas à cette tendance. D’ailleurs, Jacques Canetti avait refusé
d’inclure cette chanson dans la toute première tournée de Félix
en France, la jugeant trop sombre et dérangeante.
En effet, la terre-mère y est « déchiré[e] », « vide et décousu[e] »
et le bouleau, symbole ultime du Canada français, doit être oublié,
tout comme le nom du poète. Ce que dit Notre sentier, c’est l’aliénation* des Canadiens français par rapport à leur propre territoire.
C’est une chanson mélancolique et un constat d’échec.
LE TOUR DE L’ÎLE
Paroles et musique : Félix Leclerc, 1975
Pour supporter le difficile
Et l’inutile
Y a le tour de l’île
Quarante-deux milles
De choses tranquilles
Pour oublier grande blessure
Dessous l’armure
Été, hiver,
Y a le tour de l’île
L’Île d’Orléans
L’Île c’est comme Chartres
C’est haut et propre
Avec des nefs
Avec des arcs, des corridors
Et des falaises
En février la neige est rose
Comme chair de femme
Et en juillet le fleuve est tiède
Sur les battures
Au mois de mai, à marée basse
Voilà les oies
Depuis des siècles
Au mois de juin
Parties les oies
Mais nous les gens
Les descendants de La Rochelle
Présents tout le temps
Surtout l’hiver
Comme les arbres
Mais c’est pas vrai
Ben oui c’est vrai
Écoute encore
Maisons de bois
Maisons de pierre
Clochers pointus
Et dans les fonds des pâturages
De silence
Des enfants blonds
nourris d’azur
Comme les anges
Jouent à la guerre
Imaginaire, imaginons
L’Île d’Orléans un dépotoir
Un cimetière
Parcs à vidanges,
boîte à déchets
U.S. parkings
On veut la mettre en mini-jupe
And speak English
Faire ça à elle, l’Île d’Orléans
Notre fleur de lys
Mais c’est pas vrai
Ben oui c’est vrai
Raconte encore
Sous un nuage près
d’un cours d’eau
C’est un berceau
Et un grand-père
Au regard bleu
Qui monte la garde
Il sait pas trop ce qu’on dit
Dans les capitales
L’œil vers le golfe ou Montréal
Guette le signal
Pour célébrer l’indépendance
Quand on y pense
C’est-y en France
C’est comme en France
Le tour de l’île
Quarante-deux milles
Comme des vagues
les montagnes
Les fruits sont mûrs
Dans les vergers
De mon pays
Ça signifie
L’heure est venue
Si t’as compris
Québécois ou canadien-français ?
Bien que les adjectifs « québécois » et « canadiens français »
s’appliquent au même peuple, il faut attendre 1965
(avec la publication par la revue Parti Pris d’un numéro
intitulé « Pour une littérature québécoise ») pour que
naisse le terme « québécois ».
* Aliénation : fait de devenir comme étranger à quelqu’un, à quelque chose.
(Grand Robert de la langue française)
D’un autre côté, Le tour de l’île, l’une des toutes dernières
chansons écrites par Félix (et sans doute l’une de ses plus
belles) s’inscrit dans l’envolée nationaliste qui caractérise la période pré-référendaire. Alors que la terre est la marque concrète
de l’aliénation identitaire dans Notre sentier, le territoire décrit
dans Le tour de l’île est plutôt un refuge permettant de s’enraciner dans un lieu paisible afin de mieux « supporter le difficile et
l’inutile ». L’île d’Orléans remplace le bouleau en tant que symbole de la fierté nationale, de la même façon que l’identité est
passée, pendant ces quarante années, du nationalisme canadien-français au nationalisme québécois. Dans Le tour de l’île,
le nationalisme québécois s’approprie le territoire pour mieux
lutter contre l’américanisation de la société et la perte identitaire. Écrite quelques années avant le référendum de 1980, cette
chanson reste, malgré son optimisme général, ouverte.
Notre sentier et Le tour de l’île, malgré le demi-siècle qui les sépare, montrent toutes les deux l’importance qu’occupent la nature
et l’identité nationale chez Félix Leclerc, et à quel point ces deux
éléments ne sont pas indépendants, mais reliés l’un à l’autre.
Le 8 août 1988, le Québec est en deuil. Félix décède sur son
île. Il laisse derrière lui un héritage duquel se réclament poètes et
chanteurs à travers la francophonie. En effet, l’œuvre de Félix est
reprise par plusieurs. Karkwa s’approprie Le tour de l’île; Mara
Tremblay, Le p’tit bonheur; Daniel Boucher, Chant d’un patriote;
Bernard Adamus, Attends-moi ti-gars. En ce 25e anniversaire de
décès, l’œuvre de Félix Leclerc est plus moderne et pertinente
que jamais.
Mais Félix n’était pas qu’un auteur-compositeur-interprète.
À l’occasion, il s’inventait poète et rendait hommage à la vie.
La vie
Plus fragile que la feuille à l’arbre, la vie.
Plus lourde que montagne au large, la vie.
Légère comme plume d’outarde si tu la lies
À une autre vie, ta vie.
La vie, l’amour, la mort
C’est beau la vie, comme un nœud dans le bois
C’est bon la vie, bue au creux de ta main
Fragile aussi, même celle du roi
C’est dur la vie, vous me comprenez bien.
C’est beau l’amour, tu l’as écrit sur moi
C’est bon l’amour quand tes mains le déploient
C’est lourd l’amour accroché à nos reins
C’est court l’amour et ça ne comprend rien.
C’est fou la mort, plus méchant que le vent
C’est sourd la mort, comme un mort sur un banc
C’est noir la mort et ça passe en riant
C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans.
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cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
L’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’ours
Ceux qui disent qui j’y étais pas,
Y étaient pas eux non plus.
J’étais là.
En tout cas, même pas là, c’est comme si j’étais là.
J’étais quasiment là
À côté, trois cents pieds,
Pas trop loin, assez loin
Du village d’à côté.
Pour tout dire
J’étais un petit peu plus bas
D’à peu près six cents pieds,
Deux fois trois cents de plus que tantôt,
Peut-être cinq milles.
Oui, c’est ça.
J’étais dans les environs.
Ma femme dit que je dormais
Que j’ai rien vu, rien entendu.
C’est pas vrai.
Mettons que j’étais étendu,
À cette heure-là, vers six heures, peut-être huit.
On dort jamais ben dur.
J’étais là, j’ai tout vu,
C’est moi qui ai donné l’alarme le premier
Puis je vous jure
Que j’ai même pas eu peur.
J’étais là sans fusil.
Juste un p’tit couteau à deux lames ou à une lame.
J’étais là le premier, disons le dix-quinzième.
Pas tout seul, je l’admets.
En tout cas,
J’étais là.
Y était gros,
Y était noir,
Y grognait,
J’ai eu peur, lui aussi,
L’homme qui a vu l’ours, c’est moi !
Celle qui m’a donné la chanson
Je sais pas qui c’est,
Je l’ai jamais vue, elle,
Ça je le jure,
Mais ici je la remercie.
Bibliographie abrégée
Contes et poèmes
Adagio (Recueil de contes), Montréal, Fides, 1943.
Allegro (Recueil de fables), Montréal, Fides, 1944.
Andante (Recueil de poèmes), Montréal, Fides 1944.
Le hamac dans les voiles (Extraits d’Adagio, d’Allegro et d’Andante),
Montréal, Fides, 1952.
Chansons pour tes yeux, Paris, Robert Laffont 1968; Montréal, Fides 1976.
Rêves à vendre, Montréal, Nouvelles Éditions de l’Arc, 1978.
Théâtre
Dialogue d’hommes et de bêtes, Montréal, Fides 1949.
L’auberge des morts subites, Montréal, Beauchemin, 1963.
Qui est le père ?, Montréal, Leméac, 1977.
Romans
Pieds nus dans l’aube, Montréal, Fides 1946.
Le fou de l’Île, Paris, Denoël 1958; Montréal, Beauchemin 1958.
Carcajou ou le diable des bois, Paris, Robert Laffont; Montréal,
Éditions du Jour, 1973.
Les honneurs faits à Félix Leclerc ne cessent de se multiplier. Voici une liste
non exhaustive des hommages qui lui ont été rendus et qui confirment son
statut de géant culturel au Québec.
1979 F élix Leclerc remporte le prix Hommage lors du gala de l’ADISQ. Les
prix Félix, nommés en l’honneur de Félix Leclerc, récompensent
depuis 1979 les artistes québécois ou œuvrant au Québec.
1985 Il est nommé Grand officier de l’Ordre national du Québec.
1986 Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur.
1996 Création du Prix Félix-Leclerc de la chanson par la
Fondation Félix-Leclerc, décerné annuellement à un jeune auteurcompositeur-interprète québécois dans le cadre des Francofolies de
Montréal et à un jeune auteur-compositeur-interprète français lors
d’une soirée à Paris.
1997 L’autoroute 40, d’une longueur de 325 kilomètres, est baptisée
l’autoroute Félix-Leclerc. Cette voie rapide, qui longe le fleuve SaintLaurent au nord, relie la Vieille Capitale (Québec) à Pointe-Fortune,
dernière municipalité québécoise avant l’Ontario.
2000 Il est nommé Grand Québécois du siècle par l’Académie des
Grands Québécois.
2003 Il est intronisé au Panthéon des Auteurs et Compositeurs canadiens.
On trouve aussi de nombreux parcs, écoles et autres endroits publics nommés en son honneur.
De nombreuses œuvres relatent aujourd’hui la vie de Félix Leclerc. Pour en
apprendre davantage, n’hésitez pas à consulter ces documents.
– F élix Leclerc troubadour Ce court-métrage de Claude Jutras
réalisé en 1958 est disponible sur le site de l’ONF. Félix nous convie dans sa
maison de Vaudreuil pour discuter de sa vie et interpréter quelques chansons.
– Félix Leclerc, sa plume et sa guitare Quelques clips télé et radio
de l’époque constituent ce dossier disponible dans les archives web de
Radio-Canada.
– Spécial Félix Radio-Canada a donné la parole à de grands artistes
québécois ou francophones qui font présentement carrière dans la
musique. Vous pouvez entendre Martha Wainwright, Mes Aïeux, Vanessa
Paradis, Vincent Vallières et plusieurs autres partager leur vision du
grand patriarche sur les ondes d’espace.mu.
– Félix Dans ce documentaire, le réalisateur Jean-Claude Labrecque
aborde Félix Leclerc en toute intimité. Témoignages, chansons, extraits
d’archives composent cette œuvre disponible en DVD.
L’Espace Félix-Leclerc, situé à l’entrée de l’Île d’Orléans, présente
l’œuvre du poète Félix Leclerc. Ouvert à l’année, ce lieu comprend
une boîte à chansons de 148 places qui accueille des noms
connus de la chanson québécoise et française et les plus
talentueux artistes de la relève.
Une restauration légère est offerte en saison estivale.
Une boutique où l’on retrouve l’œuvre entière de notre poète infini
est disponible. À l’étage, s’ouvre un vaste espace où l’on découvre
l’exposition permanente sur la vie et l’œuvre de Félix Leclerc.
Une projection vidéo de 20 minutes réalisée par Francis, le fils de
Félix, et ce à partir de 50 ans d’archives est présentée dans la boîte
à chansons.
De plus, l’escalier qui mène à l’exposition permanente se
transforme en galerie d’art où est présentée durant la saison
estivale des œuvres originales d’artistes renommés.
Enfin, à l’extérieur, les sentiers d’un flâneur font découvrir
l’intérieur de l’Île, ses boisés et ses champs en culture, dans une
promenade parsemée de poésie.
Des ateliers d’animation sont aussi offerts à l’Espace Félix-Leclerc
pour les élèves des établissements scolaires.
www.felixleclerc.com
crédit Photo : Stéphane Miller
Félix était aussi un excellent conteur, comme le prouve cette
petite histoire. Le célèbre conteur québécois Fred Pellerin assure
par ailleurs que Félix a eu une influence considérable sur son art.
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cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
L’ŒuVre
l’aubErgE dEs morts subitEs :
QuatrE ProtagonistEs, un dEstin
bien que Félix leclerc soit d’abord et avant tout un auteurcompositeur-interprète, il publie des romans et compose des
pièces de théâtre. L’auberge des morts subites, montée pour la
première fois en 1963, met en scène le passage entre le ciel et
la terre d’un habitant, d’une comédienne, d’un intellectuel et
d’un anglais, décédés subitement. le premier est un homme
politique corrompu; la seconde, une célébrité au passé sombre;
le troisième, un coureur de jupons; et le quatrième, un fraudeur.
chacun a des secrets qu’il aimerait bien taire. rien de bien reluisant. célestin, le directeur de l’auberge, a pour mission de les
préparer au jugement premier. avec l’aide d’ange-aimée et de
Frère amédée, il doit leur faire entreprendre un processus de
déshumanisation afin qu’ils obtiennent le fameux passeport qui
leur permettra d’entamer le grand voyage.
convaincus que leur vie malhonnête leur assure une place en
enfer, les quatre protagonistes complotent pour retrouver la terre
et ainsi échapper à leur destinée. ils devront toutefois déjouer la
vigilance de célestin. épaulés par satan lui-même, ils établissent
un plan afin d’humaniser leurs hôtes et les convaincre de les
laisser retourner sur terre. toutefois, les différends entre les
personnages jouent en leur défaveur et leur temps est compté.
réussiront-ils à retourner sur terre et à reprendre leur vie ?
devront-ils faire face au sort qui leur est réservé ? ou gagneront-ils
leur place au paradis en obtenant le pardon ?
PistEs dE réflExion
Croyez-vous que la vie des quatre protagonistes soit aussi malhonnête
que le prétend Célestin ?
Y a-t-il un personnage qui suscite chez vous davantage de sympathie
que les autres ?
Croyez-vous que le grand sentiment de nostalgie qu’éprouvent
les personnages envers la vie terrestre est justifié ?
Si vous étiez à la place des personnages, accepteriez-vous l’offre que
leur fait Célestin à la fin de la pièce ?
Selon vous, le plan établi par les protagonistes est-il une réussite ou un échec ?
QuElQuEs thèmEs Qui ParcourEnt l’ŒuvrE
L’auberge des morts subites est d’abord et avant tout une œuvre
qui porte sur le passage entre la vie et la mort. en effet, les
quatre protagonistes passeront par les cinq étapes traditionnelles du deuil : le déni, la colère, la négociation, la dépression et
l’acceptation. l’étape de la négociation est le nœud de l’intrigue,
alors qu’ils tentent de s’unir afin de convaincre célestin de les
laisser retourner sur terre. Félix leclerc mène donc une réflexion
sur le deuil, mais aussi sur ces moments d’entre-deux qui ponctuent la vie humaine.
devant faire face à leur propre mort, les personnages réfléchissent sur la valeur de la vie. ont-ils toujours bien agi ? ontils fait tout ce qu’ils souhaitaient ? dans cette pièce, les regrets
et les remords occupent une place importante. l’habitant est
hanté par les tours de passe-passe qui ont marqué sa carrière
politique; la comédienne, par les décisions qu’elle a prises adolescente; l’intellectuel, par son insensibilité; et l’anglais, par la
condamnation d’un innocent pour sauver sa peau. leur visite
spirituelle entre ciel et terre exige qu’ils fassent le point sur ces
événements et ces attitudes qui les laissaient, au début de la
pièce, encore indifférents. à travers ces personnages, Félix leclerc réfléchit donc à l’importance de vivre pleinement et à faire
preuve de bonté tout au cours de notre vie.
les quatre protagonistes et leurs crimes n’ont pas été choisis par hasard : ils sont les stéréotypes du Québec de l’époque.
l’habitant représente le Québec rural et corrompu de l’époque
de duplessis; la comédienne symbolise le Québec de la révolution tranquille, pimpant et fier; l’intellectuel personnifie les
influences françaises qui continuent de se faire sentir de ce côté
de l’atlantique; l’anglais incarne, pour sa part, les influences
nord-américaines anglophones qui traversent la frontière et
la rivière des outaouais. Finalement, célestin et ses collègues
symbolisent la puissance du catholicisme au Québec, puissance
qui, en 1963, est en train de s’éteindre.
Y a-t-il des points en commun entre le Québec du début des années soixante
tel que le dépeint Félix Leclerc dans L’auberge des morts subites et le
Québec d’aujourd’hui ? Y a-t-il de grandes différences ?
Félix Leclerc était un grand partisan de la souveraineté du Québec et un
grand défenseur de la langue française. Ses opinions politiques se
reflètent-elles dans la façon dont le personnage de l’Anglais est présenté
et dans la relation qu’il entretient avec les autres protagonistes ?
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
Petite hiStoire Du QuéBec
d’aPrès-guErrE
l’églisE catholiQuE :
gardiEn dE la foi Et dE la loi
sous le gouvernement de maurice duplessis, l’église catholique
a le beau jeu. elle est responsable de la santé, de l’éducation et
des services sociaux. c’est notamment ce qui fait dire à lucia
Ferretti, dans brève histoire de l’église catholique au Québec
(1999), que « de la première guerre mondiale jusqu’à la révolution tranquille, l’église se déploie pleinement comme organisatrice principale de la société québécoise ». il n’est donc pas
étonnant que prêtres, frères, anges et diables prennent une si
grande place dans la pièce de Félix leclerc; la conscience collective québécoise en est peuplée.
ce conservatisme religieux est accompagné par un conservatisme politique. pendant 15 ans, l’union nationale et son célèbre
chef règnent sur le territoire québécois. celui-ci connaît par ailleurs une formidable croissance économique, tant pour la collectivité que pour les individus. c’est le début de la american Way of
life : le niveau de vie augmente, et la consommation aussi.
alors que les foyers se modernisent et que les pensées se libéralisent, le gouvernement de l’union nationale a peine à suivre
le pas. le décès de maurice duplessis en 1959 est un premier
signe de la fin d’une ère. lorsque les Québécois élisent le parti
libéral de jean lesage en 1960, ils désertent aussi l’église et font
un doigt d’honneur à ses valeurs traditionnelles. en quelques
années, le Québec devient laïc.
la révolution tranQuillE :
« c’Est lE tEmPs QuE ça changE ! »
la révolution tranquille est d’abord une vaste entreprise de
réformes menées par le parti libéral de jean lesage. le temps
est bel et bien au changement. la classe moyenne qui avait
vu le jour dans la période d’après-guerre cherche à s’affirmer,
notamment en prenant possession des ressources économiques
du Québec.
le système d’éducation est complètement revu. le rapport
parent, publié en 1964, recommande la création d’un ministère
de l’éducation et met en doute la pertinence du rôle de l’église
catholique.
la grande réforme économique est la nationalisation de
l’hydroélectricité par le ministre des richesses naturelles, rené
lévesque. cette question devient par ailleurs un enjeu électoral,
alors que les libéraux déclenchent des élections sur cette question en mettant de l’avant leur slogan « maîtres chez nous ».
rené lévesque et jean lesage remportent leur pari : le parti
libéral est réélu, avec le mandat de la population de nationaliser l’électricité. il s’agit là d’une source de revenus considérable
pour l’état, mais aussi d’un symbole de fierté pour les Québécois.
les réformes du gouvernement lesage sont donc amorcées
sous le signe de la rupture. l’église catholique perd la gestion des
hôpitaux, de l’éducation et des services sociaux. ces domaines
appartiennent maintenant à l’état, qui se substitue en quelque
sorte à l’église. c’est l’état-providence : il est présent dans la vie
économique, sociale et culturelle. en l’espace de 6 ans, le budget
de l’état triple : il passe de 745 millions à 2,1 milliards de dollars.
sPEaK WhitE –
lEs PréludEs dE la crisE d’octobrE
sur fond d’incertitude identitaire, le climat social se détériore
peu à peu. certains francophones se sentent de plus en plus
aliénés dans une amérique dominée par le capital anglophone.
de 1963 à 1970, le Front de libération du Québec (FlQ), un
groupe terroriste militant pour l’indépendance du Québec par la
lutte armée, commet environ 200 crimes de nature violente. des
bombes artisanales explosent dans les boîtes aux lettres d’outremont et Westmount, deux quartiers bien nantis de montréal à
haute population anglophone.
les dirigeants du FlQ sont vite arrêtés et, en 1968, de nombreux artistes se mobilisent pour assurer leur défense. pauline
julien et gaston miron organisent le spectacle « Chansons et
poèmes de la résistance », où le texte de michèle lalonde, speak
White, est lu pour la première fois. la lecture qu’elle en fera pendant la « nuit de la poésie » en mars 1970 sera filmée pour l’onF
et deviendra mythique.
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14
cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
Revendicateur et révolutionnaire, ce texte appelle au combat
les Québécois, mais aussi tous les opprimés de la terre. Il a été
repris et adapté en 1980 par Marco Micone, Speak What, pour
condamner l’attitude du nationalisme québécois envers les nouveaux arrivants. Des étudiants l’ont aussi repris comme cri du
cœur lors du printemps érable en l’intitulant Speak Red, référence aux carrés rouges que portaient les grévistes. Ces deux
exemples montrent à quel point Speak White est profondément
ancré dans l’imaginaire québécois.
Michèle Lalonde
Speak white poème engagé de Michèle Lalonde (1968).
« Speak white
il est si beau de vous entendre
parler de Paradise Lost
ou du profil gracieux et anonyme qui tremble
dans les sonnets de Shakespeare
nous sommes un peuple inculte et bègue
mais ne sommes pas sourds au génie d’une langue
parlez avec l’accent de Milton et Byron et Shelley et Keats
speak white
et pardonnez-nous de n’avoir pour réponse
que les chants rauques de nos ancêtres
et le chagrin de Nelligan
(…)
speak white
c’est une langue universelle
nous sommes nés pour la comprendre
avec ses mots lacrymogènes
avec ses mots matraques
speak white
tell us again about Freedom and Democracy
nous savons que liberté est un mot noir
comme la misère est nègre
et comme le sang se mêle à la poussière des rues d’Alger
ou de Little Rock
(…)
quand vous nous demandez poliment
how do you do
et nous entendez vous répondre
we’re doing all right
we’re doing fine
we
are not alone
nous savons
que nous ne sommes pas seuls. »
La Crise d’octobre
Alors que les bombes artisanales explosent depuis plus de 7 ans,
le FLQ enlève un diplomate britannique, James Richard Cross.
Nous sommes le 5 octobre 1970. En échange de sa libération, la
cellule terroriste exige un certain nombre de conditions.
De ses conditions, le gouvernement n’en accepte qu’une
seule : la lecture publique du manifeste du FLQ sur les ondes de
Radio-Canada. Ce sera fait le 8 octobre 1970. Mais cela n’est pas
suffisant pour satisfaire la cellule terroriste et ainsi assurer la libération de J. Richard Cross. Bien au contraire. Le 10 octobre, Pierre
Laporte, alors ministre du Travail, est enlevé devant son domicile.
Le FLQ n’entend pas à rire. Il menace d’exécuter Laporte si le
gouvernement n’obéit pas à ses demandes. Le 15 octobre 1970,
le Premier ministre du Québec, Robert Bourassa, demande
à Ottawa d’invoquer la loi sur les mesures de guerre. Ce sera
fait le lendemain. Pierre Elliot Trudeau, alors Premier ministre
du Canada, impose les mesures de guerre, ce qui a pour effet
de suspendre les libertés civiles. Les forces de l’ordre sont alors
libres de procéder à des arrestations arbitraires.
Le lendemain, le 17 octobre, Pierre Laporte est exécuté. Son
corps est retrouvé dans le coffre d’une voiture. En décembre
1970, James Richard Cross est libéré. En échange, ses ravisseurs obtiennent un sauf-conduit vers Cuba. Les ravisseurs de
Pierre Laporte sont aussi arrêtés. Ils écopent entre 8 ans d’emprisonnement ou la prison à perpétuité.
L’élection du Parti québécois
et le référendum de 1980
En 1968, l’ancien ministre du gouvernement libéral de Lesage
fonde un parti dont l’objectif est la souveraineté du Québec.
C’est la naissance du Parti québécois.
En novembre 1976, le Parti québécois est porté au pouvoir
pour la toute première fois.
René Lévesque
aux côtés de ses
collègues, dont Lise
Payette, le soir du
15 novembre 1976.
Le 15 novembre 1976, le Parti québécois est porté au pouvoir.
Le nouveau Premier ministre du Québec, René Lévesque, lance
à une foule en délire : « Je n’ai jamais pensé que je pourrais être
aussi fier d’être québécois. »
En 1979, le gouvernement Lévesque met en marche le processus référendaire. Celui-ci vise à consulter les Québécois sur
la souveraineté du Québec et sur un possible partenariat économique avec le Canada. Le 20 mai 1980, 59,4 % des Québécois
refusent l’offre du gouvernement du Parti québécois.
cahier théâtre En coulissE ! | l’auberge des morts subites
hiStoire De La
littératurE QuébécoisE
La carrière de félix Leclerc correspond grosso modo à la période que les experts nomment « l’invention de la littérature
québécoise », soit celle qui prend place entre 1945 et 1980. En
effet, si certaines figures se démarquent avant la deuxième
guerre mondiale (on peut penser à émile Nelligan et à Hector
de Saint-denys garneau), les années qui suivent ont été particulièrement fructueuses du point de vue littéraire. À partir de
1945, c’est toute la littérature québécoise qui se crée.
mais voyons d’abord dans QuEl contExtE sE dévEloPPE
cEttE littératurE.
émile nelligan (1879-1941) a eu pour Vocation la poésie. Figure mYthiQue de la modernité canadienne-FranÇaise, il n’écrit Que pendant une très courte période. en 1899,
il est interné. les célèbres vAIsseAu d’or (1899) et soIr d’hIver (1903) témoignent de
l’expérience de la Folie.
il est plus difficile de faire l’histoire de la littérature québécoise
que l’histoire de la littérature française, par exemple. en effet,
les histoires littéraires constituent généralement une série de
« ismes » (romantisme, réalisme, symbolisme, etc.). or, ce n’est
pas le cas au Québec. si, en France, la littérature est l’affaire de
groupes plus ou moins organisés, au Québec, c’est plutôt l’affaire d’individus.
le premier groupe organisé voit le jour en 1895. l’école littéraire de montréal est constituée de jeunes étudiants qui lisent
et écrivent de la poésie inspirée de la modernité française. ils
portent très tôt leur art sur la place publique. un très jeune
homme s’avance sur scène pour y lire son poème La romance du
vin. c’est le triomphe. c’est la première fois que le canada français voit la littérature obtenir un tel succès. ce succès s’explique
par le modernisme qui s’installe à montréal et qui fait naître
théâtres et salles de cinéma. la métropole est maintenant urbanisée. la culture populaire est alors synonyme d’ouverture sur
le monde et d’évolution des mentalités. le public a soif de nouveauté, ce que leur apporte nelligan.
la célèbre œuVre de louis hémon, mArIA ChApdeLAINe, a été adaptée au cinéma par
gilles carle.
en revanche, les campagnes restent plutôt conservatrices,
dominées par les élites clérico-nationalistes qui entendent défendre le terroir et les valeurs canadiennes-françaises.
du côté littéraire,ce régionalisme se traduit par la montée de ce
qu’on appelle aujourd’hui la littérature du terroir. un bon exemple
est maria Chapdelaine (1914 en France, 1916 au Québec) de louis
hémon, un français venu s’installer quelques années au Québec.
très loin de la propagande nationale que souhaite mettre de
l’avant le clergé, ce roman peint la réalité de façon brute et cruelle.
maria chapdelaine doit choisir entre trois prétendants qui représentent chacun un des aspects du Québec. lorenzo surprenant
est la folle modernité à l’image des grandes villes américaines;
François paradis, l’envie sauvage de partir au fond des bois; et
eutrope gagnon, le sacrifice du colon canadien-français. louis
hémon joue d’ironie subtile pour montrer la désolation d’un territoire soumis au joug du clergé.
pas très loin de la figure de nelligan, un autre jeune poète
bouleverse la littérature québécoise. hector de saint-denys
garneau (1912-1943) publie une plaquette de poèmes en 1937,
regards et jeux dans l’espace. sa poésie est marquée par le dépouillement linguistique qui lui donne toute son originalité.
hector de saint-denYs garneau
(1912-1943), poète Québécois.
bien Que saint-denYs garneau n’ait
publié Qu’un seul recueil de poèmes,
regArds et Jeux dANs L’espACe,
il est aujourd’hui reconnu comme
l’un des poètes Québécois les
plus importants.
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cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
Extrait
Regards et jeux dans l’espace, Hector de Saint-Denys Garneau, 1937.
Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise
Et mon pire malaise est un fauteuil où l’on reste
Immanquablement je m’endors et j’y meurs.
Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches
Par bonds quitter cette chose pour celle-là
Je trouve l’équilibre impondérable entre les deux
C’est là sans appui que je me repose.
1945 à 1960 : une lumière
dans la grande noirceur
La période d’après-guerre est marquée par le règne de Maurice
Duplessis, Premier ministre du Québec, et de son parti politique,
l’Union Nationale. Cette période, on l’appelle aussi « la Grande
Noirceur ». Les intellectuels ont alors l’impression que le Québec accuse un retard dramatique dans tout ce qui concerne les
arts et la culture. En effet, le clergé est omniprésent et surveille
étroitement le domaine artistique et littéraire. De plus, l’univers
littéraire est privé du soutien financier de l’État, ce qui limite les
possibilités de publication (le public lettré québécois est minuscule par rapport à celui auquel ont accès les auteurs français ou
américains). Si le champ littéraire arrive à s’organiser et à amorcer sa montée, c’est grâce aux revues et aux maisons d’édition
artisanales. Comme celles-ci ont très peu de moyens de diffusion, l’impact reste limité. Les textes se passeront de main en
main, entre initiés, mais il n’y aura pas de grand lancement en
librairie comme on peut le voir aujourd’hui. De plus, comme la
poésie coûte moins cher à produire que le roman (le public est
plus restreint et les textes sont plutôt courts), la littérature québécoise est d’abord bâtie par les poètes.
Le Refus global
C’est dans ce contexte un peu austère qu’est publié un manifeste qui changera le visage culturel du Québec : Refus Global.
Quelle est la cible principale du manifeste ? Le clergé ! Paul-Émile
Borduas et ses collègues l’accuse d’avoir tenu le peuple canadien français « à l’écart de l’évolution universelle ». Mais il n’y a
pas que le clergé qui se voit rejeté; c’est aussi le sort réservé au
libéralisme et à la bourgeoisie. En effet, le Refus Global privilégie
l’anarchie, la liberté illimitée et l’expression de l’inconscient. Ce
texte reste important encore aujourd’hui puisqu’il symbolise le
violent refus du totalitarisme religieux par les intellectuels.
Le manifeste du Refus Global
traduisait la volonté d’une rupture
du monde des arts avec le clergé
et les valeurs traditionnelles.
« Un petit peuple serré de près aux soutanes…
Restées les seules dépositaires de la foi, du savoir, de la vérité
et de la richesse nationale.
Petit peuple tenu à l’écart de l’évolution universelle de la pensée
pleine de risques et de dangers…
Petit peuple éduqué sans mauvaise volonté, mais sans contrôle,
dans le faux jugement des grands faits de l’histoire…
Au diable le goupillon et la tuque !
Mille fois ils extorquèrent ce qu’ils donnèrent jadis.
Par delà le christianisme nous touchons la brûlante fraternité
humaine dont il est devenu la porte fermée.
Le règne de la peur multiforme est terminé.
Dans le fol espoir d’en effacer le souvenir, je les énumère :
Peur des préjugés – de l’opinion publique - des persécutions –
de la réprobation générale
Peur d’être seul sans Dieu et la société qui isolent très infailliblement
Peur de soi – de son frère – de la pauvreté
Peur de l’ordre établi – de la ridicule justice
Peur des relations neuves
Peur du surrationnel
Peur des nécessités
Peur des écluses grandes ouvertes sur la foi en l’homme –
en la société future
Peur de toutes les formes susceptibles de déclencher un amour
transformant
Peur bleue – peur rouge – peur blanche : maillon de notre chaine. »
(Refus Global)
Deux lumières dans les ténèbres
Malgré tout, c’est pendant cette période que l’on voit naître
quelques écrivains phares. Les deux plus célèbres sont Gabrielle
Roy et Anne Hébert. Gabrielle Roy (1909-1983, Manitoba) est
une figure importante de la littérature québécoise. Son roman
le plus connu est bien sûr Bonheur d’occasion (1945), mais
Alexandre Chenevert (1954) et La détresse et l’enchantement
(1984, autobiographie posthume) valent amplement le détour.
C’est l’une des premières écrivaines québécoises à connaître un
succès critique aussi marqué sur une aussi longue période.
Gabrielle Roy
Bien qu’elle soit née au Manitoba, Gabrielle Roy connaîtra une longue carrière au
Québec. Si elle flirte à ses débuts avec le roman réaliste de type balzacien, elle
adopte très tôt le style intimiste qui fera sa marque de commerce. Intemporelle,
elle se tiendra à l’écart des grands débats nationaux qui ont marqué le milieu
littéraire pendant la Révolution tranquille.
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cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
Extrait
« Il faisait nuit. Le lit était tiède, la chambre paisible. Alexandre
Chenevert s’éveilla à ce qu’il avait cru être un bruit, mais ce n’était
encore qu’une préoccupation. Un bouton de son par-dessus pendait
au bout du fil noir. De plus c’était le printemps. Le printemps lui
rappelait l’impôt sur le revenu. ‘‘Si je ne fais pas recoudre ce
bouton…’’ pensa Alexandre Chenevert, puis il entrevit que peut-être
on éviterait la guerre, justement à cause des armes qui étaient
devenues si meurtrières. » (Alexandre Chenevert)
Essor du théâtre
TIt-Coq
Anne Hébert (1916-2000) a elle aussi vu ses œuvres être publiées sur près d’un demi-siècle. Au contraire de Gabrielle Roy,
qui appréciait particulièrement le roman, Hébert a flirté avec tous
les genres ou presque, que ce soit le théâtre, la poésie, le roman
ou le conte. Elle se distingue par une grande pudeur de la langue,
qui crée un choc avec ses thèmes favoris, dont l’exploration des
pulsions sexuelles. Ses œuvres les plus connues sont Le Torrent
(1945), Kamouraska (1970) et Les Fous de Bassan (1982).
Si Gabrielle Roy et Anne Hébert sont d’abord et avant tout deux
grandes figures du roman et de la poésie, il ne faudrait pas
passer sous silence le développement fulgurant qu’a connu le
théâtre pendant cette période. Deux dramaturges ont donné
ses lettres de noblesse à cette discipline, soit Gratien Gélinas et
Marcel Dubé.
Tit-Coq naît ainsi de la plume de Gratien Gélinas en 1948. Ce
drame social raconte l’histoire d’un orphelin qui s’éprend d’une
jolie jeune fille et de sa famille. Lorsqu’il revient de la guerre,
celle-ci est mariée à un autre homme. Après ce choc, Tit-Coq
doit réapprendre à vivre en solitaire.
Extrait
« Leur fanfare se mêle au vent. M’atteint par rafales. Me perce le
tympan. M’emplit les yeux de lueurs fauves stridentes. Ils ont racheté
nos terres à mesure qu’elles tombaient en déshérence. Des papistes.
Voici qu’aujourd’hui, à grand renfort de cuivre et de majorettes, ils
osent célébrer le bicentenaire du pays, comme si c’étaient eux les
fondateurs, les bâtisseurs, les premiers dans la forêt, les premiers
ouvrant la terre vierge sous le soc. » (Les Fous de Bassan)
Zone
Zone, pièce la plus connue de Marcel Dubé, voit le jour à
peine 5 ans plus tard, en 1953. Un drame humain impliquant des
adolescents est au cœur de cette pièce. Le leader d’un groupe
de jeunes, Tarzan, abat un policier alors qu’il fait passer une cargaison de cigarettes à la frontière canado-américaine. La pièce
fait le portrait des transformations des relations à l’intérieur du
groupe suite à ce drame.
cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
1960 à 1970 : l’âge de la parole
de la révolution tranquille
1960 marque la fin du règne de l’Union Nationale et l’élection de
Jean Lesage et de son Parti Libéral à la tête de la province. Les
enfants de la première vague du baby-boom ont dans la vingtaine, et ils ont soif de changement. Celui-ci est rapide et prend
la forme d’une petite révolution.
Un nouveau nationalisme
Dans l’imaginaire collectif, la Révolution tranquille est bien souvent associée à l’essor du nationalisme. Or, il ne faudrait pas
croire que le nationalisme naît dans les années 60; il prend tout
simplement une nouvelle forme.
En effet, avant 1960, le nationalisme était plutôt défensif,
axé sur la préservation de la « race canadienne-française catholique ». Le nationalisme était basé sur l’impression que le Canada français était une terre promise par le bon Dieu, île du salut
catholique parmi un océan de protestants. On peut donc comprendre pourquoi la religion catholique prenait une place aussi
importante au sein du nationalisme de l’époque !
Le virage est rapide, et les élites intellectuelles adoptent rapidement un nationalisme affirmatif, basé sur la fierté de la langue
et dont l’objectif final est l’indépendance politique. L’impression
d’être le peuple élu est remplacée par la conscience de son statut minoritaire, le ressentiment et le désir de reconquête.
Gaston Miron et la poésie du pays
La poésie du pays est un mouvement sur lequel se bâtit toute la
littérature de la Révolution tranquille, mais aussi auquel participe l’œuvre de Félix Leclerc (voir Notre sentier, p. 9). Félix n’est
pas le seul à accorder une telle importance à la description du
paysage québécois. C’est aussi le cas des poètes de l’Hexagone,
une maison d’édition autour de laquelle gravitent les poètes du
pays. En décrivant de façon patriotique le fleuve Saint-Laurent,
l’île d’Orléans ou tout autre aspect du territoire, ces poètes
cherchent à construire un pays symbolique où les Canadiens
français pourront prendre racine. Dans un contexte où la littérature est politique, la poésie du pays prend une signification
particulière.
Le poète le plus célèbre de ce mouvement est Gaston Miron
(1928-1996). Bien que Miron ait publié l’un des livres les plus
marquants de l’histoire de notre littérature, L’Homme rapaillé
(1970), il a milité toute sa vie pour le socialisme et l’indépendance du Québec. Il est donc difficile, encore aujourd’hui, de lire
sa poésie sans la voir ponctuée d’allusions politiques, même
lorsqu’elles sont anachroniques. Par exemple, « L’octobre »
(1963) sera lu comme une référence à la Crise d’octobre, qui a
pourtant eu lieu 7 ans après la rédaction du poème ! Lire sa poésie pour ce qu’elle est, autonome de toute référence politique,
est un exercice qui en vaut la peine, comme le montre « Soir tourmente » qui témoigne d’une rare maîtrise de la plume.
La littérature québécoise, projet national
La fondation d’une littérature pouvant représenter cette nouvelle façon de penser devient donc un projet national qui obtient
le soutien financier de l’État. L’expression « littérature québécoise » est d’abord lancée par la revue Parti Pris (1963-1968)
avec le numéro « Pour une littérature québécoise » en 1965. La
littérature québécoise naît donc en étant adossée à un projet
politique. Elle ne s’en détachera qu’en 1980, après l’échec du
premier référendum.
La littérature connaît donc une période faste marquée par la
frénésie d’une génération de jeunes auteurs attendus par un public de plus en plus éduqué, et appuyés par l’État. Financées par
le Conseil des Arts du Canada, de nouvelles maisons d’édition
voient le jour; des bourses sont créées; le ministère des Affaires
culturelles est mis sur pied. L’institution littéraire québécoise
prend forme.
Gaston Miron est une figure importante de la littérature québécoise. Poète phare
de la Révolution tranquille, il a milité activement pour l’indépendance du Québec.
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cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
Soir tourmente, Gaston Miron
La pluie bafouille aux vitres
et soudain ça te prend
de courir dans tes pas plus loin
pour fuir la main sur nous
tu perds tes yeux dans les autres
ton corps est une idée fixe
ton âme un caillot au centre du front
ta vie refoule dans son amphore
et tu meurs
tu meurs à petites lampées sous tes semelles
ton sang
ton sang rouge parmi les miroirs brisés
Hubert Aquin, « notre grand écrivain »
Il reste que la toute nouvelle génération de lecteurs cherche
encore et toujours le grand écrivain québécois. Un jeune homme
radical et révolutionnaire publie en 1965 Prochain épisode, un
roman rédigé alors qu’il était interné à un hôpital psychiatrique.
C’est le triomphe. La toute première phrase du texte d’Aquin est
rapidement familière à des milliers de Québécois : « Cuba coule
en flammes au milieu du lac Léman pendant que je descends au
fond des choses. » Cet incipit résume parfaitement le climat de
la Révolution tranquille : la violence de l’incendie et la révolution
communiste cubaine sont associées à la quiétude banale du lac
suisse, de manière à former la seule véritable expérience, soit
celle du « je » qui descend au fond des choses.
Réjean Ducharme et la liberté langagière
de la poésie que de la prose, donnant souvent la parole à des
enfants qui refusent d’être projetés dans le monde adulte et
qui rejettent ainsi toute loi linguistique. À bas la syntaxe, à bas
la grammaire ! Adieu, dictionnaire ! Tout est permis afin que les
mots puissent traduire toute la violence des émotions.
Extrait
« Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que
je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les
yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le
ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve
trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les
papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Le visage
de ma mère est beau pour rien. S’il était laid, il serait laid pour rien.
Les visages, beaux ou laids, ne servent à rien. » (L’Avalée des avalées)
Le joual – une expérience
courte mais marquante
Le joual est une tentative d’exprimer l’aliénation du Canadien
français à travers la langue, soit celle parlée par les ouvriers
montréalais et largement influencée par l’anglais. Dans les
années 1960, le joual est au cœur du débat. La majorité des
écrivains prennent parti contre le joual, comme Gabrielle Roy,
Anne Hébert, Hubert Aquin et Jacques Ferron. Malgré cette vive
opposition à cette façon de s’exprimer à l’écrit, Jacques Renaud
publie Le Cassé (1964), roman écrit entièrement en joual. Si le
résultat est, avec le recul, jugé plus ou moins heureux, il a néanmoins l’effet d’un coup de poing au sein du monde littéraire.
Michel Tremblay (né en 1942) adopte le joual et lui donne ses
lettres de noblesse au théâtre. En 1968, la pièce Les Belles-Sœurs
est montée au Théâtre du Rideau Vert. Désirant faire preuve de
la plus grande authenticité, Tremblay fait parler ses personnages
dans la langue des ouvriers du Plateau Mont-Royal. C’est d’abord
un choc, mais le scandale est moins grand qu’avec Le Cassé.
Tremblay utilise véritablement le joual au service de la pièce et en
élargit ainsi sa portée. Il ouvre ainsi grand la porte au joual, qui se
limitera tout de même grosso modo à la scène théâtrale.
Réjean Ducharme est un mythe de la littérature québécoise, pour deux raisons.
D’abord, son génie épate tous ceux qui ouvrent ses romans pour la première
(ou la dixième fois). Ensuite, il a toujours refusé d’apparaître en public.
Cette photo de lui est la seule qui circule.
Hubert Aquin ne reste pas longtemps la seule étoile. En 1966,
Réjean Ducharme (né en 1941), un pur inconnu à l’époque,
publie chez la prestigieuse maison d’édition française Gallimard
L’Avalée des avalés, suivi par Le nez qui voque (1967). L’Hiver de
force suivra en 1973. L’enthousiasme est sans nom, d’autant plus
exacerbé par cette « Affaire Ducharme ». En effet, Ducharme
n’a jamais accepté de paraître publiquement, si bien que nous
détenons qu’un seul portrait de lui, photo sur laquelle il se tient
debout, dans la neige, main dans les poches, entouré de deux
chiens. Cette photo ne tarde pas à devenir le symbole de l’esthétique de cet écrivain majeur. Il écrit dans une langue plus près
michel tremblay
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cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
Moins controversé, mais tout aussi influent, Leonard Cohen
(né en 1934) est le Félix Leclerc anglophone. S’il flirte d’abord
avec la prose et le roman, c’est à travers la poésie et ses chansons qu’il sera reconnu internationalement. Un peu comme Félix
Leclerc, la poésie et la musique se rejoignent afin de former un
art bien distinct. Mais au lyrisme de Félix Leclerc, Leonard Cohen
préfère l’ironie et la mélancolie.
Les Belles-Sœurs créent une onde de choc lorsque la pièce est présentée en 1968.
C’est la première pièce de théâtre entièrement en joual.
Extrait
« Moé, j’aime ça l’bingo, j’adore ça l’bingo
Moé, j’aime ça l’bingo, j’adore ça l’bingo
Moé, y a rien au monde que j’aime pluss’que l’bingo
Y en a un tous les mois, jme prépare deux jours d’avance
Chus pas t’nable, chus énarvée, j’pense rien qu’à ça
Moé, j’aime ça l’bingo, j’adore ça l’bingo
Moé, y a rien au monde que j’aime pluss’que l’bingo
Toutes aux tables avec nos cartes
On met nos pitounes sus l’milieu gratis
Pis là, la partie commence, on vient toutes folles » (Les Belles-Sœurs)
La littérature anglo-québécoise
Un peu plus à l’ouest du Plateau Mont-Royal de Michel Tremblay,
on trouve le Mile-End juif de Mordecai Richler (1931-2001). La
rue Saint-Urbain et la Main prennent une toute autre vie sous
la plume de cet écrivain anglo-montréalais hostile aux combats politiques nationalistes. Son grand talent pour la satire et
la provocation font de ses œuvres des monuments de la littérature montréalaise, voire de la littérature québécoise. En effet,
The Apprenticeship of Duddy Kravitz (1959) et Barney’s Version
(1997) sont ses grands succès.
Irrévérencieux et provocateur, Mordecai Richler est presque davantage
connu pour son refus des combats nationalistes que pour ses œuvres.
Richler met en scène la Main (le boulevard Saint-Laurent, qui séparait Montréal
en deux – francophone à l’est, anglophone à l’ouest) et la rue Saint-Urbain,
sur lesquelles s’anime la communauté juive.
Leonard Cohen est le Félix Leclerc anglophone. Poésie et musique se rencontrent
dans une délicieuse ironie mélancolique qui donne à Cohen tout son charme.
Extrait
« I remember you well in the Chelsea Hotel
you were famous, your heart was a legend.
You told me again you preferred handsome men
but for me you would make an exception.
And clenching your fist for the ones like us
who are oppressed by the figures of beauty,
you fixed yourself, you said, Well never mind,
we are ugly but we have the music. »
(Chelsea Hotel, Leonard Cohen)
cahier théâtre En coulisse! | l’auberge des morts subites
1970 à 1980 : le divorce entre
la littérature et la politique
L’ALOUETTE EN COLÈRE
Paroles et musique : Félix Leclerc, 1970
la crise d’octobre
Les historiens ne s’entendent pas pour déterminer l’année où la
Révolution tranquille a pris fin. Ce qui est certain, c’est que le
climat d’enthousiasme prend abruptement fin lors de la Crise
d’octobre. De nombreux poètes, dont Gaston Miron, seront emportés par la vague d’arrestations arbitraires qui aura lieu au lendemain de la mise en vigueur des mesures de guerre. Le monde
culturel est en colère. C’est d’ailleurs à ce moment de crise que
Félix Leclerc compose « L’alouette en colère ».
Le monde littéraire ne cesse pourtant pas de s’impliquer
politiquement. Plusieurs voient le salut en le Parti Québécois,
fondé en 1968 par René Lévesque, et en l’option de souveraineté-association. Lorsque René Lévesque est élu en 1976, une
grande partie du monde artistique se rallie à lui en vue du premier référendum sur la souveraineté, visant à faire du Québec un
pays autonome. Félix Leclerc est l’un de ceux qui se mobilisent
afin de faire de leur rêve une réalité.
J’ai un fils enragé
Qui ne croit ni à dieu
Ni à diable, ni à moi
J’ai un fils écrasé
Par les temples à finances
Où il ne peut entrer
Et par ceux des paroles
D’où il ne peut sortir
J’ai un fils dépouillé
Comme le fût son père
Porteur d’eau, scieur de bois
Locataire et chômeur
Dans son propre pays
Il ne lui reste plus
Qu’la belle vue sur le fleuve
Et sa langue maternelle
Qu’on ne reconnaît pas
J’ai un fils révolté
Un fils humilié
J’ai un fils qui demain
Sera un assassin
Alors moi j’ai eu peur
Et j’ai crié à l’aide
Au secours, quelqu’un
Le gros voisin d’en face
Est accouru armé
Grossier, étranger
Pour abattre mon fils
Une bonne fois pour toutes
Et lui casser les reins
Et le dos et la tête
Et le bec, et les ailes
Alouette, ah !
Mon fils est en prison
Et moi je sens en moi
Dans le tréfonds de moi
Malgré moi, malgré moi
Pour la première fois
Malgré moi, malgré moi
Entre la chair et l’os
S’installer la colère
Lorsque le référendum se soldera par une victoire du Non à
près de 60 %, ce sera la désillusion au sein du milieu artistique
et littéraire, majoritairement souverainiste. Alors qu’ils croyaient
porter le projet de tout un peuple, écrivains et poètes comprennent que leur rêve n’est partagé que par la minorité de la
population.
C’est donc en 1980 que le divorce entre la littérature québécoise et la politique aura lieu. Les écrivains remplacent le thème
de la collectivité par celui de l’expérience personnelle.
En 1988, Félix Leclerc décède. L’époque où les poètes étaient
politisés est bel et bien révolue.
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cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
Situation
contemporaine
Et aujourd’hui, où en est la
liTtérature québécoise ?
Michel Biron est professeur titulaire à l’Université
McGill et spécialiste de la littérature québécoise.
Il a récemment publié Histoire de la littérature
québécoise (2007, en collaboration) et La
conscience du désert : essais sur la littérature
au Québec et ailleurs (2010).
On peut dire — sans trop risquer de se tromper —
que Félix Leclerc a été une figure marquante de
la scène culturelle, voire littéraire, québécoise.
michel biron
Avons-nous toujours de telles figures aujourd’hui ?
Que réserve l’avenir à la littérature québécoise ?
Je pense qu’il faut d’abord poser la question plus largement :
que réserve l’avenir à la littérature ? C’est sûr que la littérature
est moins centrale qu’elle l’a été, mais elle va se réaménager
un coin, elle ne va pas disparaître. Et la littérature québécoise ?
Elle va se mêler à d’autres littératures. L’écrivain québécois
d’aujourd’hui est parfois né en Haïti (Dany Laferrière), au Brésil
(Sergio Kokis), en Chine (Ying Chen), et il s’intègre à la littérature québécoise pendant un temps... ou pendant toute sa vie.
C’est vraiment une transformation de la littérature québécoise,
qui devient une littérature plurielle, avec toutes sortes d’expériences et des mémoires variées. On est loin de l’image de l’histoire du Québec avec les ceintures fléchées, les coureurs des
bois, etc., comme à l’époque de Maria Chapdelaine.
Pas au même titre que Félix Leclerc ou Gaston Miron, non.
Les écrivains d’aujourd’hui sont connus d’une partie du public
seulement, alors que les écrivains de l’époque étaient connus de
tout le public... du moins de tout le public qui lisait. Aujourd’hui,
la scène littéraire est plus spécialisée. On s’intéresse à la littérature policière, on s’intéresse à la littérature de fiction, au roman
plus psychologique, on s’intéresse au roman d’amour, à la poésie… Rares sont les gens qui s’intéressent à l’ensemble de la
littérature. Et il n’y a pas non plus d’écrivain qui se démarque
comme étant le symbole de cette littérature.
Diriez-vous que cette situation est négative ?
Bien sûr que non ! Cette situation peut être vue positivement :
s’il y a plus de types d’écrivains, il y a plus de choix pour les
lecteurs ! C’est comme un buffet : il y en a pour tous les goûts.
Plus d’écrivains, plus de lecteurs. De ce point de vue, c’est une
richesse ! Mais il y a aussi des gens qui se disent que la littérature
n’a plus le même impact sur le monde, qu’elle ne fait pas le poids
à côté d’Internet, du cinéma, de la chanson, du cirque même ! La
littérature, qui passe par les mots, est moins spectaculaire.
La littérature n’occupe donc plus une place aussi importante
aujourd’hui qu’à l’époque de Félix Leclerc ?
Elle est certainement prestigieuse, toujours valorisée, mais c’est
comme... quelque chose du passé. On la valorise comme une
sorte de tradition, mais elle n’est plus la locomotive des transformations sociales. Elle est un peu en retrait pour l’instant. Elle
est plus tranquille. Elle se développe encore, et il y a de très bons
textes, mais à l’ombre, plutôt qu’au soleil. À l’époque de Félix
Leclerc, c’était au soleil ! Tous les jeunes voulaient écrire ! Tous
les jeunes voulaient faire de la littérature, c’était là que ça se
passait. Être écrivain, c’était vraiment être au centre du monde.
Aujourd’hui, être au centre du monde, c’est surtout être au cinéma, dans les journaux, sur Internet… Ce n’est donc pas le même
rapport. Elle s’est décentrée, la littérature.
Dany Laferrière,
écrivain québécois né à
Port-au-Prince, en Haïti
Comme plusieurs écrivains des années 1950 à 1970, Félix Leclerc
privilégiait les thèmes du pays et de la nation. Est-ce qu’il y a des
thèmes qui retentissent autant aujourd’hui ?
Je dirais que oui. Aujourd’hui, c’est plutôt l’exil ou l’immigration,
l’expérience du déplacement dans le monde. Beaucoup de gens
l’ont vécue, et c’est sans doute une expérience typique de notre
époque, de se déraciner, de s’enraciner ailleurs. On pourrait penser à Wajdi Mouawad, qui écrit sur ses racines et sur son expérience du monde. Incendies, son œuvre la plus connue, en est un
bon exemple. L’énigme du retour de Dany Laferrière, roman couronné du prix Médicis en 2009, raconte l’histoire d’un homme qui
vit au Québec depuis des années et qui doit retourner en Haïti,
son pays d’origine, pour y enterrer son père. Beaucoup d’enfants
ont des parents qui sont nés ailleurs, et ça se voit dans la littérature. C’est un thème qui est très présent. On apprend à jouer avec
les langues, on mêle les traditions. C’est un grand changement.
cahier théâtre En coulisse ! | l’auberge des morts subites
Quelles sont les lectures que devrait faire un étudiant pour s’initier
à la littérature québécoise ?
Wajdi Mouawad
Félix Leclerc était un grand défenseur de la langue française.
Est-ce qu’on voit chez les auteurs d’aujourd’hui un combat pour la
préservation du français ?
Ouf, grosse question ! Je pense qu’il faut d’abord connaître les
classiques québécois. Du côté du roman, il y a Gabrielle Roy,
Réjean Ducharme, Anne Hébert et même Michel Tremblay. Et il
faut connaître un peu les poètes. La littérature québécoise s’est
pas mal construite par la poésie, depuis Nelligan jusqu’à Gaston
Miron, en passant par Saint-Denys Garneau. Ce sont des noms
qu’il faut connaître. Mais ça ne s’arrête pas là et, aujourd’hui,
il y a tout un renouveau de la littérature québécoise. Je pense
à Louis Hamelin, qui est un auteur qui s’est démarqué dans
les dernières années par son roman La constellation du Lynx
sur la crise d’octobre de 70. C’est un exemple de ce qui se fait
aujourd’hui, mais il y en a pour tous les goûts, comme Jacques
Poulin ou Suzanne Jacob. En 1965, il y avait une trentaine de
livres par année qui paraissait au Québec. Aujourd’hui, il y en a
250 ou 300. C’est donc difficile de dire « Voici ce qu’il faut lire ! »
dans la littérature contemporaine.
Je pense que c’est encore une préoccupation, oui. Mais le combat est beaucoup moins engagé, et il n’est pas lié non plus à la
question d’indépendance du Québec. C’est plus lié à une question d’identité culturelle, voire d’identité personnelle.
Est-ce que la langue dans laquelle on écrit est encore un sujet de
débat, comme ce l’était à l’époque de Félix Leclerc ?
C’est vrai que dans les années 60, les écrivains se demandaient si
on devait écrire dans un français standard qui pouvait être compris n’importe où à l’extérieur du Québec, ou si on devait écrire
dans un français plus oral, comme celui qu’on entend à Montréal. Félix Leclerc ne voulait rien savoir de ça, il écrivait dans un
beau français. Michel Tremblay, lui, a adopté le joual au théâtre,
et ça a fonctionné, comme pour quelques autres écrivains. Aujourd’hui, le joual n’est pas vraiment revendiqué par personne,
mais il y en a beaucoup de traces dans la littérature québécoise.
Plus personne ne se sent gêné de mettre des mots en joual dans
un texte, mais plus personne ne le revendique comme une sorte
de combat non plus. Dans la littérature d’aujourd’hui, on mêle
plusieurs styles, et le joual – ou le français plus familier – en
fait partie. Mais la question linguistique reste importante pour
l’écrivain québécois. Comment écrire au Québec ? La question
se pose encore et fait l’objet de plein de débats, mais il n’y a
pas de polarisation, c’est-à-dire qu’il n’y a pas deux groupes qui
s’opposent, ceux qui veulent le joual et ceux qui ne veulent pas
le joual. Chaque écrivain essaie de trouver une manière bien à lui
d’écrire des formes plus orales.
Kim Thúy, écrivaine québécoise née à Saigon, au Viêt Nam
Hydro-Québec est heureuse
de jouer un rôle dans
la promotion du théâtre.
Le Vieux Chagrin,
un roman de Jacques
Poulin
La Constellation du Lynx,
un roman de Louis Hamelin
23
Fière de jouer un rôle de soutien
dans les arts de la scène
C’est avec grand plaisir que la Banque Nationale vous invite à vivre l’expérience
de La Comédie Humaine.
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