L’INÉGALITÉ EST-ELLE TOUJOURS INJUSTE ?
L’équité peut être définie comme la situation où chacun dispose de ce qui lui est néces-
saire, en fonction de ses besoins « objectifs » et de sa participation à la création des
richesses.
qÉgalité ne signifie pas équité
Dans cette perspective, les inégalités de revenus ne sont pas forcément injustes dans
la mesure où elles répercutent des disparités dans les qualifications, dans le degré de
responsabilités… En pratique, le concept d’équité, fondé sur le « principe de différence »
énoncé par John Rawls, est surtout utilisé pour critiquer l’intervention égalitaire de
l’État-providence.
qL’égalité, une menace pour l’allocation optimale des ressources ?
Dans l’analyse libérale traditionnelle,
deux arguments reviennent couramment.
La redistribution constituerait une désinci-
tation au travail : ceux qui reçoivent des
prestations sont encouragés à l’oisiveté et
ceux qui financent les prestations par
leurs cotisations voient une partie du fruit
de leurs efforts s’envoler. De plus, l’arsenal
redistributif garantit les individus contre
les aléas de la vie (maladie, invalidité…) et
offre un revenu lors de la vieillesse; les
individus ne sont alors pas incités à se
constituer une épargne de précaution,
dont les sommes permettraient le finance-
ment direct des entreprises sur les mar-
chés financiers. La croissance
économique serait donc freinée par un tel
système redistributif. Cette analyse ne prend cependant pas en compte les effets positifs
de la redistribution, notamment celui de protéger relativement contre la grande pauvreté
et de stabiliser la demande, donc la production, y compris en période de récession…
qL’abandon du critère d’égalité, une menace pour la démocratie !
La nécessité d’une réduction des inégalités a été montrée par Jean-Jacques Rousseau,
qui explique que trop d’inégalités nuisent à la démocratie. En effet, des inégalités trop
importantes et trop criantes conduiraient ceux qui en souffrent à remettre en cause leur
volonté de vivre en paix avec les autres.
Enfin, si on accepte comme « naturelles » certaines inégalités, quel argument peut-on
opposer à ceux qui pensent que certaines catégories de la population ne devraient pas
bénéficier du droit de vote, au motif qu’elles sont moins instruites et moins compétentes
pour comprendre les affaires publiques? Légitimer les inégalités de fait conduit à une
remise en cause de l’égalité des droits!
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La discrimination positive,
une pratique équitable
Le philosophe John Rawls (1921-2002)
estime qu’une société juste est une so-
ciété qui donne les mêmes chances à
tous ses membres tout en respectant
leur liberté et leurs différences.
Au nom de ces principes, on peut tolé-
rer les inégalités si elles donnent un
avantage aux plus défavorisés, c’est la
discrimination positive en France (pari-
té homme-femme pour les élections) ou
affirmative action
aux États-Unis (quo-
tas d’étudiants noirs aux États-Unis).