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L’homophobie serait par conséquent, au moins en partie si ce n’est principalement, une
dysphorie – perturbation, sentiment déplaisant liée à la représentation que certains musulmans
dogmatiques ont d’euxmêmes et des autres. Car même si
Islam
, en arabe littéralement cela veut dire
« être en Paix », force est de constater pourtant que bon nombre de musulmans dogmatiques ne
semblent pas en paix avec la représentation qu’ils ont de la féminité. Effectivement, le corps féminin
devrait être voilé, impénétrable aux regards de l’inconnu. Alors même que des théologiens
musulmans de France réaffirment à qui veut bien l’entendre, que le voile n’est pas une pratique
islamique immuable, que cette pratique ne fait pas parti des fondements même de l’islam ; que le
voile était une pratique particulière déjà à l’époque des premiers musulmans, qu’elle n’aurait plus de
sens dans notre contexte géopolitique actuel, ici en France au XXI
ème
siècle [6]. A quel genre d’affect
perturbé, associée à une représentation identitaire non résolu, une telle dysphorie peutelle alors
due ?
Il est probable que ce soit la passivité, la faiblesse, que ces musulmans dogmatiques associent
à la féminité, qui leur pose véritablement problème. Eux, qui semblent être partisan d’une
masculinité toute puissante, hégémonique, sans rival. Dans un tel modèle patriarcale dominant, la
féminité n’estelle pas l’un des symboles d’une faiblesse coupable de prêter le flanc, d’être
responsable de tous les malheurs qui accableraient l’Islam !? En un mot, en ces temps de troubles et
de conflits, de remise en question incessantes, de réforme de la représentation identitaire des
musulmans de France et d’ailleurs, la féminité – affichée par certaines femmes en général, et par
certains hommes en particulier semble être le bouc émissaire idéal pour un dogme, en l’occurrence
musulman, qui se veut immuable, qui est en recherche à la foi de sens et de partage du pouvoir [7].
Alors, quelle plus grande ignominie pour de tels dogmatiques, qu’un homme qui serait
porteur, au grand jour, de cette féminité, de cette passivité pénétrée, associée de fait à la faiblesse
inhérente à toute forme de féminité, selon eux. La question est de savoir s’il en a toujours été ainsi de
cette violence homophobe, exprimée sans complexe par des dogmatiques qui ne sont pas en paix,
notamment avec cette féminité portée par certains hommes de manière assumée et au grand jour,
désormais au cœur de l’espace publique. Nous pensons en effet qu’encore plus que la féminité,