Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération
Direction de la Communication
Revue Économique hebdomadaire
N° 24 du 27 juin 2011
Taux d’inflation de 1,4%
au Maroc an 2011
Analyse: La croissance
mondiale va ralentir plus que
prévu
Loin d’avoir assaini son
économie, l’Espagne doit
mettre les bouchées doubles
Finance: le franc suisse freine
l’élan de l’euro
SOMMAIRE
Presse économique nationale
Presse économique internationale
Page Finances
Brèves Eco
Eco zoom
Zoom international
09
Zoom national
02 Tarifs
02 Cautère
02 Le malus de bienvenue
03 Maroc: 41,5 milliards de DH de compensation! Le
record… et l’inquiétude
03 La Banque Mondiale rassure
03 Les transferts des MRE résistent à la crise
04 Pari grec
04 Nourrir les «fat cats»
05 La croissance mondiale va ralentir plus que prévu
05 L’Afrique est bien partie
06 Crédit à la consommation: la machine peine à re
prendre
06 A l’épreuve de la notation
06 Le franc suisse freine l’élan de l’euro
07 Grèce: Cohn Bendit propose de bloquer les avoirs
grecs à l’étranger
07 De nouvelles opportunités entre le Maroc et
l’Algérie
07 Le pouvoir d’achat des Européens du sud reste
inférieur à la moyenne d’achat de la zone euro
07 Pékin autorise les étrangers à payer leurs investis-
sements en Yuan
07 Les alertes sur la dette américaine se succèdent
07 Chute des arrivées touristiques à Marrakech
08 Taux d’inflation de 1,4% en 2011 au Maroc
08 Loin d’avoir assaini son économie, l’Espagne
doit mettre les bouchées doubles
09
07
05
Tarifs
Au moment où le Ma-
roc réaffirme ses am-
bitions énergétiques,
les interrogations sub-
sistent sur sa capacité
à instaurer pour ce
secteur une véritable
logique de prix, plus collée au
marché. Le gouffre de la com-
pensation est encore là pour
rappeler qu’il y a une grosse et
dangereuse bulle. Entretenue de
manière artificielle et qui risque
de tout faire capoter. On le sait,
les produits pétroliers ont tou-
jours souffert d’un vice congéni-
tal, leur volatilité. Les consom-
mateurs aimeraient bien se ras-
surer en considérant que l’effet
tampon joué par la compensa-
tion est indolore. La réalité éco-
nomique et comptable finit ce-
pendant par les rattraper. Tant
que la logique dans ce secteur
sera fortement influencée par
des décisions politiques, de
considération sociale, et non de
marché, il sera difficile pour ce
marché de changer d’envergure.
Les mécanismes de soutien ne
font que biaiser la santé finan-
cière de certaines composantes
de l’énergie. La hausse ne sera
sans doute pas populaire lors-
qu’on a été habitué au
gâteau pendant de nom-
breuses années. Or l’é-
nergie devrait être fata-
lement payée à son juste
prix, si l’on veut stimu-
ler les réflexes des pro-
ducteurs et des consommateurs.
Que les prix soient calés par
exemple exclusivement sur les
facteurs de production, sur les
investissements nécessaires pour
maintenir et moderniser les cen-
trales. Si le Gouvernement hé-
site, c’est qu’il a le souci du
maintien du pouvoir d’achat.
Mais difficile de ménager le
chou et la chèvre lorsqu’on am-
bitionne aussi d’édifier une vi-
trine en matière d’éolien et so-
laire, d’exporter de l’électricité
qui soit compétitive sur le mar-
ché européen, de déployer un
réseau électrique qui soit sûr.
Car qu’on le veuille ou pas, ces
tarifs subventionnés constituent
le point de départ de beaucoup
d’arbitrages. Il faut donc dépoli-
tiser le prix de l’énergie.
L’Économiste
Revue Nationale: Éditoriaux et Chroniques
P 2
En 2007, lorsque le Gouvernement d’Ab-
bas El Fassi a pris la relève de l’équipe de
Driss Jettou, il avait commencé son man-
dat avec un gros bonus de bienvenue: des
finances publiques assainies, un taux de
croissance tendanciellement à la hausse et,
cerise sur le gâteau, un budget excéden-
taire pour les deux années de suite.
Dans cinq mois, quand la nouvelle équipe
arrivera au pouvoir, quel legs trouvera-t-
elle? Chez le Gouvernement actuel on se
montre optimiste en arguant d’un retour de
croissance et d’une situation budgétaire qui
reste maîtrisée alors que les chiffres, eux,
disent le contraire. Les charges s’envolent
et les recettes fiscales, dont la progression
est redevenue normale, ne compensent pas
le surplus de dépenses. Oublié le déficit de
3,5%, on parle désormais à mots couverts
d’un déficit de 7%. Calculs faits, avec une
surcharge de compensation de 24,5 mil-
liards de DH et un coût du dialogue social
estimé, pour l’année 2011, à 4,5 milliards
de DH, les 10% que l’État entend écono-
miser sur ses charges de fonctionnement
(hors salaires), et qui s’élèvent à quelque 3
milliards de DH, ramèneront tout juste le
surplus de charges à 26 milliards de DH,
soit 3,25% du PIB, qui s’ajouteront au
3,5% déjà programmé, soit 6,75% de défi-
cit. On espère bien se tromper et voir ce
matelas financier de «charges communes»,
inscrit dans la Loi de finances, soulager
quelque peu l’addition, mais le problème
est devenu structurel, c’est ce qui inquiète
le plus. Certes, dira-t-on, la crise est passée
par là et le Gouvernement a dû s’adapter. Il
y a cependant eu des décisions ou des iner-
ties qui ont lourdement contribué à la dé-
gradation des finances publiques et qui
pèseront sur les prochains budgets. Ainsi
en est-il de la baisse substantielle du prix
des carburants, il y a deux ans, alors que
l’on tablait ingénument sur une baisse du-
rable du prix du pétrole, ou encore le main-
tien des subventions à l’industrie qui ab-
sorbe 6 milliards de DH par an. Ainsi en
est-il encore de la non tenue du dialogue
social à l’automne dernier et qui a acculé
le Premier Ministre à faire, six mois plus
tard, des concessions énormes aux syndi-
cats dans un contexte de manifestations..
Au final, que trouvera le prochain Gouver-
nement ? Du déficit, de la dette et des déci-
sions impopulaires à prendre…
La Vie Eco
Cautère
Le secteur de la pêche est-il irréfor-
mable? Les plans de développement
se sont succédé depuis près de 40
ans, les diagnostics, les rapports…
Et au nom de la compétitivité, il lui
a même été découvert un projet de relance, une appellation, Ha-
lieutis. En fin de compte, un résultat… catastrophique. Des usi-
nes à l’arrêt, des armateurs qui n’ont le choix qu’entre travailler
à perte ou abandonner des contrats, et près de 500.000 emplois
menacés avec un risque d’implosion sociale dont on ne semble
pas se préoccuper pour l’heure. En clair, l’État est incapable de
dicter sa stratégie industrielle. L’on ne peut douter du volonta-
risme affiché, à savoir l’amélioration de la position du Maroc
comme producteur et exportateur sur ce qui a été considéré par
Émergence comme l’un des métiers mondiaux. Le Maroc, grand
pays de pêche, sur le papier, à vocation exportatrice, se heurte à
la fois à des difficultés de gouvernance, de disponibilité de la
ressource et de mise à niveau tout court. Le plan d’aménage-
ment des pêcheries des petits pélagiques, maillon important de
la réforme, bloque comme l’est la gestion du fameux stock C
qui continue de faire des… vagues. La partie modernisation de
la flotte fait du surplace. Du coup, remettre par exemple des
caisses normalisées à des sardiniers traditionnels s’apparente à
un cautère sur une jambe de bois. Les opérateurs ne sont pas
blancs comme neige dans cette affaire. Dans ce secteur où la
transparence n’est pas une vertu, les bilans comptables, finan-
ciers, tout comme les tours de table rares, il faut se méfier des
motivations affichées. Pour protéger leurs rentes, beaucoup d’ar-
mateurs tentent de résister, ou mettent la tutelle sous pression,
souvent par le biais de collusions politiques. Ce qui ne fait que
rajouter à la confusion générale et retarder les échéances.
Les Échos (Maroc)
Le malus de bienvenue
P 3
Maroc : 41,5 milliards de DH de compen-
sation ! Le record… et l’inquiétude
Sur les cinq premiers mois
de l’année, les charges de
compensation des produits
énergétiques ont atteint 13
milliards de DH et, pour
l’ensemble de l’exercice,
elles pourraient atteindre
35,5 milliards de DH. 1,5 milliard de subvention du fioul
pour les industriels.
Mauvaise passe pour les Finances publiques : avec les dépenses
de compensation qui explosent, le déficit budgétaire pourcet
exercice risque de dépasser le niveau atteint en 2010 (c’est-à-
dire 4,5% du PIB), alors que les autorités monétaires du pays
insistent sur le fait que tout doit être fait pour contenir ce déficit
à 4%. Le Gouvernement, rappelons-le, avait prévu dans la Loi
de finances 2011un déficit de…3,5%. Pour ce faire, il s’est
basé, entre autres, sur un cours moyen du pétrole à 75 dollars le
baril. Mais avec une courbe des prix qui ne cesse de monter, il a
dû, très vite, rectifier le tir en décidant d’une rallonge budgétaire
de 15 milliards de DH, portant ainsi l’enveloppe globale de la
compensation à 34 milliards de DH. Mais, il semble bien que
l’on s’achemine vers un dépassement de cette enveloppe. La
semaine dernière, le Brent de la Mer du nord cotait à près de
120 dollars le baril, soit une hausse de 26% par rapport à son
cours du début de l’année. Sur les trois premiers mois de l’an-
née, le prix moyen du baril importé approchait les 100 dollars.
Dans ces conditions, même avec la rallonge budgétaire, les char-
ges de compensation, à moins d’un effondrement brutal des
cours des matières premières (hypothèse hautement improba-
ble), devaient s’établir à 35,5 milliards pour les produits énergé-
tiques. En y ajoutant les charges de compensation des produits
alimentaires (sucre et blé) qui s’élèveraient à 6 milliards de DH,
l’enveloppe de la compensation culminerait à 41,5 milliard de
DH, soit pas loin de 6% du PIB projeté pour 2011 !
P 3
Analyses
Les transferts des MRE ré-
sistent à la crise
Lancée le 5 juin, «l’opération Marhaba»
devrait se solder cette année par l’accueil
de 2 millions de MRE. Cette année, le port
de Tanger Med sera ouvert à toutes les na-
vettes en provenance d’Algésiras, Tarifa,
Barcelone, Sète et Genova. Il est prévu
d’accueillir 38 navires par jour transportant
près de 75.000 personnes et 500 voitures.
Cette opération marketing installée depuis
plusieurs années, est aussi une façon de
remercier cette population dont les envois
de fonds- 54,7 milliards de dirhams l’an
dernier- alimentent les réserves de change
du pays et sans lesquels les comptes exté-
rieurs seraient totalement déséquilibrés. Le
rôle des transferts de la diaspora marocaine
est aussi crucial dans l’é-
quilibre social car 75%
sont essentiellement des
aides familiales. Tout
comme ils le sont dans le
financement de l’écono-
mie. Ils représentent entre
25 et 45% des dépôts des
grands groupes bancaires.
A en juger par l’évolu-
tion, les transferts d’ar-
gent des MRE n’ont pas
été affectés par le ralen-
tissement économique en Europe, dans les
bassins traditionnels, France, Espagne,
Pays-Bas, etc. D’autant plus que des incer-
titudes pèsent encore sur la reprise de la
croissance économique dans les pays d’ac-
cueil, en particulier ceux
qui concentrent la forte
présence de la commu-
nauté marocaine. Les
chiffres de l’Office des
changes font état d’une
reprise en 2010 après
deux années successives
de régression. Reprise,
qui s’est confirmée au
terme des 4 premiers
mois de l’année. A fin
avril dernier, les trans-
ferts des MRE ont en effet, progressé de
3,8% à 16,9 milliards de DH par rapport à
la même période de 2010.
L’Économiste
La Banque Mondiale
rassure
Le Maroc risque de
souffrir, pour un bon
bout de temps, des
«effets pervers du prin-
temps arabe». En
cause, l’un des secteurs clés de
l’économie nationale risque d’ê-
tre sévèrement impacté, ne se-
rait-ce qu’à moyen terme, de la
situation d’instabilité politique et
d’incertitudes économiques qui
surfent sur la région depuis le
début de l’année et qui se tradui-
ra par une baisse de la fréquenta-
tion touristique pour le
Royaume. C’est ce qui ressort du
dernier rapport de la Banque
mondiale sur les perspectives
économiques mondiales. Selon
l’institution, le secteur touristi-
que qui a connu un sérieux bond
en 2010 risque de subir un léger
relâchement en raison du
contexte régional même si des
signaux donnés par les réformes
en cours peuvent impulser un
mouvement de reprise et pour-
ront permettre une reprise dès la
prochaine année. Des prévisions
et constats qui rejoignent le dia-
gnostic dressé, récemment, par le
Centre marocain de conjoncture
(CMC) et selon lesquels le plus
dur reste à venir. Une baisse des
fréquentations et donc un man-
que à gagner qui, pourtant, n’im-
pactera que légèrement la crois-
sance économique
selon les prévisions
de la Banque mon-
diale. En effet, même
si au niveau mondial,
la Banque mondiale a
revu ses prévisions en baisse, le
Maroc semble bien parti pour se
démarquer du contexte régional
en maintenant son taux de crois-
sance. Toutefois, des préalables
sont à définir pour atténuer l’im-
pact de la conjoncture internatio-
nale marquée par une envolée
des prix des matières premières
et, par conséquent, ceux des pro-
duits de base. Au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord, le rapport
note que les troubles politiques
qui ont dominé l’évolution ré-
cente de la situation économique
ont influencé la santé économi-
que de la région. En Égypte et en
Tunisie, la production indus-
trielle a, par exemple, chuté de
plus de 15% durant les premiers
mois de 2011, tandis que les
arrivées de touristes internatio-
naux ont accusé une baisse de
45%, d’une année sur l’autre,
dans ces pays au premier trimes-
tre et de 9% dans l’ensemble de
la région.
La Vie Eco
P 4
Nourrir les « fat cats »
Prise de risque excessive, bonus
démesurés, réticence à financer l’é-
conomie… Au plein coeur de la
crise financière, les grandes banques
américaines, sauvées de la déroute
par l’injection massive de fonds
publics, s’étaient attiré les foudres
de Barack Obama. Des mots très
durs avaient alors été prononcés à
l’encontre de ces financiers coupa-
bles, par leur aveuglement et leur
soif de profits, d’avoir précipité les
États-Unis au bord du gouffre. Une expression est restée dans les
mémoires : « fat cats ». Comprenez des chats bien engraissés assis
sur leur magot et donnant des coups de griffes à quiconque ose s’en
approcher d’un peu trop près. Le Président américain avait choisi
son camp : Main Street au détriment de Wall Street. Cette dernière
n’avait pas apprécié. Et, rancunière, elle avait alors porté ses mil-
lions de dollars sur les candidats républicains lors des élections de
mi-mandat de novembre 2010. Une volonté de revanche mais aussi
un brin de pragmatisme. En soutenant les républicains, la finance
américaine s’assurait d’être dans le camp des vainqueurs. Et espé-
rait aussi que cette satanée réforme de la régulation financière soit
encore plus édulcorée. Quelques mois plus tard, voilà que Barack
Obama drague à nouveau banquiers et investisseurs. Objectif non
dissimulé : lever le maximum de fonds à moins d’un an et demi de
la prochaine présidentielle. Car la campagne à venir s’annonce
comme la plus coûteuse de l’histoire. Officiellement candidat, l’an-
cien sénateur de l’Illinois espère récolter pas moins de 1 milliard de
dollars pour assurer sa réélection à la Maison-Blanche. Pour y par-
venir, il a besoin de regagner le soutien de Wall Street. Un pari loin
d’être gagné. La semaine dernière, Jamie Dimon, le patron de JP
Morgan Chase, a publiquement critiqué l’excès de régulation impo-
sé aux banques. Souvent pressenti pour remplacer Timothy Geith-
ner au poste de secrétaire au Trésor, Dimon est un démocrate
convaincu (il a versé plus d’un demi-million de dollars sur les vingt
dernières années aux démocrates). Mais il a pris depuis plusieurs
mois déjà ses distances. Autre motif d’inquiétude pour Barack
Obama : Mitt Romney, le favori désigné pour l’investiture républi-
caine, est ancien de la maison. Cofondateur du fonds d’investisse-
ment Bain Capital, il sait donc parler à Wall Street. Pour autant, les
soutiens du président dans la finance gardent confiance. Ils esti-
ment que l’appui dont Obama a besoin sera bien là, malgré la co-
lère de l’industrie financière. Mais il est certain que ses supporters
devront beaucoup plus batailler qu’en 2008 pour remporter la mise.
Barack Obama, lui-même, ne ménage pas ses efforts. Après plu-
sieurs visites à New York ces dernières semaines, il invitera le
mois prochain d’importants acteurs de Wall Street à dîner chez
Daniel, un très chic restaurant français (trois étoiles au Michelin )
de l’Upper East Side. Car bien nourrir les « fat cats » est aujourd-
’hui l’une de ses priorités.
La Tribune
P 4
Revue internationale: Éditoriaux et Chroniques
Le pari grec
Qui va gagner le bras de fer : la BCE ou
l'Allemagne? Les dirigeants de la zone euro
continuent de se diviser publiquement sur
les modalités du nouveau plan de sauvetage
grec, alors qu'approche la réunion de l'Euro
groupe censée en définir les contours. Faut-
il, comme Berlin le souhaite, contraindre
les créanciers privés à prendre une part
significative du fardeau ou leur imposer des
conditions moins strictes comme le suggè-
rent Paris et la Banque centrale euro-
péenne ? Le débat peut paraître marginal au
regard des enjeux, il ne l'est pas. Car de son
issue dépend ni plus ni moins que le sort de
la zone euro. Sur le papier, l'idée d'obliger
les créanciers privés à supporter des pertes
dès aujourd'hui peut paraître séduisante.
Après tout, puisqu'il ne fait plus guère de
doute qu'Athènes ne sera pas en mesure de
rembourser sa gigantesque dette, quelle que
soit l'amertume de la potion qu'on fera ava-
ler à son peuple, autant tailler dans le vif
dès maintenant. Une fois la
dette restructurée, on pourra
repartir sur des bases plus
saines. En outre, cette cathar-
sis financière, plus facile-
ment « vendable » aux opi-
nions publiques des pays les
plus riches de la zone euro,
aurait l'avantage de sanction-
ner les créanciers privés qui
ont financé la Grèce sans
discernement pendant de
trop longues années. Une
nouvelle version de l'aléa moral, ce concept
dont il a beaucoup été question pendant la
crise des « subprimes », tout particulière-
ment au moment de la faillite de Lehman
Brothers. Et c'est bien là tout le problème.
Car ce discours qui vise à faire un exemple
de taille limitée (Lehman était un acteur
secondaire de la galaxie financière, la
Grèce n'est pas un pays majeur de la zone
euro) revient à ouvrir encore une fois la
boîte de Pandore. Bien sûr, la chute d'Athè-
nes n'aurait pas des conséquences directes
insurmontables. Moody's a
indiqué qu'il abaisserait
d'un ou deux crans seule-
ment la note des banques
françaises en pareil cas. Pas
de quoi paniquer. Sauf que,
comme pour Lehman, un
défaut grec provoquerait
une réaction en chaîne dont
l'issue est difficilement pré-
visible. Car au-delà des
banques du pays, dont l'en-
semble des fonds propres
disparaîtrait instantanément, cette solution
aurait un effet désastreux sur la Banque
centrale européenne, dont le portefeuille en
obligations grecques est estimé à
45 milliards d'euros, sur le financement des
autres pays périphériques et, in fine, sur
l'ensemble du système financier de la zone
euro. Pas sûr que ce dernier soit suffisam-
ment solide pour supporter un tel choc
moins de trois ans après la faillite de Leh-
man Brothers.
Les Échos (France)
Analyses
La croissance mondiale va
ralentir plus que prévu
Dans l'ensemble, les économistes se mon-
trent plutôt rassurants sur l'état de l'écono-
mie mondiale : en moyenne, ils prévoient
pour 2012 une croissance de 3 % aux
États-unis, et autour de 1,7 % dans la zone
euro. Pécheraient-ils par optimisme ? Cer-
tes, les experts n'ignorent pas que la réduc-
tion des déficits publics pèsera sur la crois-
sance cette année et l'an prochain, en Eu-
rope comme aux États-unis. Les économis-
tes prennent aussi en compte la chute de la
production industrielle au Japon, consécu-
tive au tsunami. Et ils savent que la politi-
que d'austérité au Royaume-Uni va mettre
l'activité au point mort. Ils savent, encore,
que partout les entreprises ont reconstitué
leurs stocks et qu'elles investissent avec
parcimonie. Enfin, nul n'ignore que les
ménages continuent de se désendetter, ce
qui explique notamment l'atonie du marché
immobilier américain. Ces handicaps bien
connus sont peut-être sous-estimés. Mais il
y a pire : les experts semblent fermer les
yeux sur certains facteurs alarmants. Aux
États-unis, le Trésor ne pourra bientôt plus
placer ses bons d'État à
dix ans auprès de la
Réserve fédérale à 3 %.
Dès la fin juin, le Tré-
sor devra trouver pre-
neur auprès des fonds
de pension, plus exi-
geants : voilà qui fera
remonter les taux d'au
moins 1 point. Autre
source d'inquiétude :
dans la zone euro
comme aux États-unis,
les salaires ralentissent
tandis que l'inflation
grimpe. Du coup, le
pouvoir d'achat des
salariés se réduit
comme peau de chagrin. Et des deux côtés
de l'Atlantique, les ventes de détail ont
commencé à plonger. Faut-il chercher le
salut du côté des pays émergents ? Le Bré-
sil donne des signes de faiblesse. Pour ju-
guler une inflation de plus de 6 %, la ban-
que centrale n'a pas cessé d'augmenter son
taux directeur, actuellement à 12 %. De
quoi freiner la croissance : les importations
ont chuté, tout comme la production manu-
facturière. En Chine aussi, l'inflation
change la donne : pour
freiner la hausse des prix,
la politique monétaire a
été durcie : les établisse-
ments financiers doivent
laisser à la banque cen-
trale l'équivalent de 21 %
de leurs engagements.
Pas facile pour les Chi-
nois d'emprunter dans
ces conditions. Résultat,
la consommation décline
alors que les salaires ont
beaucoup augmenté. Si
vite que dans moins de
cinq ans, les coûts de
production en Chine au-
ront rattrapé ceux de
l'OCDE, ce qui explique la vague de délo-
calisations dans des pays à plus bas salai-
res, le Vietnam ou l'Inde. Voilà pourquoi le
consensus, même s'il évolue à la baisse, est
encore trop optimiste : soutenue au premier
semestre, la croissance mondiale va ralentir
dès juillet. Le chômage va remonter des
deux côtés de l'Atlantique .
Challenges
L’Afrique est bien partie
La publication par la Banque mondiale de
ses perspectives de
croissance pour l’éco-
nomie mondiale ne
saurait le cacher. Au-
delà d’une prévision
globale de 3,2% pour
la planète, un véritable
découplage se poursuit
à l’échelle du monde
entre Occident et
monde émergent. Les
pays du Nord, souvent
qualifiés de pays ri-
ches, tardent toujours
en effet à sortir fran-
chement de la crise économique mondiale
née de celle dite des subprimes. Qui plus
est, ils doivent faire face également aux
conséquences économiques de la catastro-
phe de Fukushima, ce qui handicape encore
plus des sorties de crise déjà bien difficiles
à trouver. Au total, la croissance occiden-
tale devrait s’établir à quelque 2,2% cette
année, en diminution par rapport à la der-
nière estimation réalisée. A l’inverse, le
PIB des pays émergents devrait lui progres-
ser de 6,3% en moyenne sur l’année. Chez
ces derniers, la crise n’est plus en effet
qu’un très vieux souvenir. L’activité indus-
trielle en Asie de l’Est
atteint ainsi, par exem-
ple, un niveau supé-
rieur de près de 40 %
à ses points hauts ob-
servés en 2008, tandis
que celle de l’Europe,
des États-unis et du
Japon, si on prend ces
pays collectivement,
reste toujours très en
deçà de ce qui préva-
lait à la même époque.
Cette évolution diffé-
renciée explique pour
beaucoup la poursuite de la flambée des
prix des produits alimentaires, du pétrole et
des produits de base industriels que l’on
observe actuellement. Toujours selon la
Banque mondiale, rien ne semble pouvoir
la contenir à court terme. C’est dans ce
contexte que l’Afrique subsaharienne fait
un retour remarqué sur la scène mondiale.
Bien sûr, au titre de plusieurs évolutions
démocratiques récentes, qui attestent que
démocratie et africanité peuvent être com-
patibles. Ce dont on ne peut que se féliciter.
Surtout, la machine économique africaine
est en marche. La Banque africaine de dé-
veloppement prévoit ainsi une poursuite
vigoureuse en 2011 et surtout en 2012 de la
croissance économique à l’échelle du conti-
nent noir (près de 7%). Avec des pays où
la croissance se lit même à deux chiffres
comme au Ghana, en Éthiopie ou encore en
Angola. L’activité économique en Afrique
subsaharienne reste bien sûr en grande par-
tie soutenue par une demande internatio-
nale pour ses abondantes ressources mini-
ères, minérales et agricoles, largement do-
minée par les grands pays émergents. Le
maintien de leurs cours à un haut niveau est
un facteur favorable pour les pays qui en
sont producteurs. Il n’en demeure pas
moins que la croissance est aussi, aujourd-
’hui, de plus en plus tirée par une dynami-
que interne, propre au sous-continent. Elle
s’explique de deux façons. Tout d’abord,
une progression démographique importante
à laquelle est associée une urbanisation
rapide. Ensuite, le renforcement du com-
merce interrégional qui connaît une vraie
embellie notamment en Afrique de l’Est. .
Le Nouvel Économiste
P 5
La majorité des économistes
sous-estiment ou ignorent les
facteurs de dégradation de la
situation économique mondiale.
Et les pays émergents commen-
cent à donner des signes de fai-
blesse.
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