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L'histoire des Sables d'Olonne est tout entière tournée vers la mer. Son développement économique et
urbain, longtemps dépendant de la pêche et de l'emprise capitale de son port, s'est considérablement
modifié au début du 19ème siècle avec l'apparition des bains de mer et l'invention du tourisme balnéaire.
En 1866, avec l'arrivée des Chemins de fer de Vendée dans la station, le phénomène prend de l’ampleur :
la ville s'organise et ouvre un établissement de bains, les premières villas voient le jour. La ruée vers l'est,
qui suit les courbes de la plage, s'accélère après 1900 et les maisons de villégiature remplacent les vieux
moulins du bout de ville ou la forêt de la Rudelière, aménagée en 1923 par Maurice Durand pour le seul
plaisir des estivants. Après-guerre, les vacances en bord de mer se démocratisent et connaissent un essor
sans précédent. La nouvelle ère du tourisme de masse bouleverse l'équilibre de la station qui s'adapte à
l'afflux et aux nouveaux besoins des estivants. Faute de pouvoir s'étendre au sol, elle grandit désormais en
hauteur, diligentant l'apparition des premiers immeubles à appartements de plus de cinq étages.
Ce phénomène de démocratisation des bains de mer et de massification du tourisme, est sensible ailleurs
sur le littoral vendéen, où l'appropriation du bord de mer s'est affirmée surtout dans la seconde moitié du
20
ème
siècle. Loin des villas d'architecte, ce sont de véritables quartiers qui ont été créés, entraînant
construction et urbanisation de zones vierges jusqu'alors.
C'est sur ce bouleversement dont les répercussions urbanistiques et architecturales sur la forme d'une ville
et d'un territoire sont colossales que revient cette exposition, présentant dans un premier temps les
équipements publics liés à l'essor de la pratique balnéaire avant de se concentrer sur la question de
l'habitat individuel et des villas.
Au bord de la mer
Le phénomène des bains de mer, lié à une approche thérapeutique et romantique de l’élément marin,
apparaît en France au début du 19
ème
siècle. Il se manifeste par la domestication de la plage, l’apparition
d’équipements réservés à la cure marine et l’aménagement du remblai.
Aux Sables-d’Olonne, dès 1816, plusieurs établissements voués aux bains d'eau douce et d'eau de mer,
ouverts exclusivement en saison, sont édifiés sur le remblai. La même année, l’occupation de la plage est
réglementée par arrêté municipal : elle est divisée en deux zones, l’une pour les bains nus, l’autre pour
les bains en costumes. Les premiers baigneurs extérieurs arrivent dès les années 1820, poussant le préfet
à demander au Consul de France en Grande-Bretagne un modèle de bathing machine, cabine de bains
roulante utilisée communément sur les plages anglaises et encore inconnue en France. D’abord pratiqués
à l’intérieur de ces « machines », les bains de mer peu à peu se libèrent et les cabines servent de lieux de
rangement. Aux premières cabines en bois succèdent les cabines couvertes de toile, puis la tente de plage
s’allège en parasol et enfin en simple serviette. La pratique exclusive du bain, qu’il soit de mer ou de
soleil, prend alors le pas sur les nombreuses activités organisées sur la plage aux 19
ème
et 20
ème
siècles :
courses de chevaux ou d’ânes, pêche, sport.
La promenade du remblai est construite par tranches successives du 18
ème
siècle à la Seconde Guerre
mondiale. En 1768, le premier remblai est construit à l'ouest de la ville sur les dunes les plus proches du
port, utilisées jusqu'alors pour le séchage des filets de pêche. En 1850, l'ouvrage est prolongé vers l'est,
tandis qu'un arrêté municipal fixe un alignement en front de mer pour les constructions nouvelles. Le
remblai est progressivement agrémenté de trottoirs et de garde-corps. En 1896, une ligne de tramway
électrique est mise en place, permettant de relier la gare au casino et aux nouveaux quartiers balnéaires
du Bout de Ville. Son exploitation, interrompue pendant le premier conflit mondial, est définitivement
abandonnée en 1925. A partir des années 1920 le remblai, jusque-là voué à la déambulation des
promeneurs, est envahi par les automobiles dont la présence se fait de plus en plus importante.
L’organisation de la station
Les Sables d’Olonne connaissent un développement balnéaire précoce. Le pôle attractif de la ville se
détourne progressivement du port pour se déplacer vers le front de mer où viennent s’implanter les
commerces saisonniers et les premières villas. La forêt domaniale devient un lieu privilégié pour la
promenade et l’aménagement de lotissements paysagés. Grâce au chemin de fer, qui arrive aux Sables
d’Olonne en 1866, la station devient facilement accessible et attire un grand nombre d’estivants. La ville
est érigée en station climatique et touristique en 1923.