Musée de l’Abbaye Sainte-Croix Les Sables d’Olonne ---------- DOSSIER DE PRESSE Jean Launois, En terrasse sur le font de mer, vers 1921 Lavis d’encre de Chine, musée de l’Abbaye Sainte-Croix L’heure du bain. L’architecture balnéaire aux Sables d’Olonne et sur le littoral vendéen (8 juillet – 10 novembre 2012) Communiqué de presse L'histoire des Sables d'Olonne est tout entière tournée vers la mer. Son développement économique et urbain, longtemps dépendant de la pêche et de l'emprise capitale de son port, s'est considérablement modifié au début du 19ème siècle avec l'apparition des bains de mer et l'invention du tourisme balnéaire. La construction du remblai entreprise en 1768 puis sa prolongation progressive, à partir de 1850, jusqu'au bout de la plage sont symptomatiques de ce phénomène, né dès le 18ème siècle en Angleterre, qui essaime alors sur les côtes françaises. Les premiers baigneurs arrivent aux Sables d'Olonne vers 1823 ; ils logent chez l'habitant et se contentent un temps de structures balnéaires légères, comme quelques cabines de bains à roulettes posées là pour l'été ou une piste d'hippodrome éphémère et improvisée sur la plage. Mais en 1866, avec l'arrivée des Chemins de fer de Vendée dans la station, le mouvement s'emballe, les hôtels de voyageurs se multiplient, la ville s'organise et ouvre un établissement de bains, les premières villas voient le jour. En 1900, un tramway électrique circule et dessert, depuis la gare, le long du remblai, les deux principaux casinos de la ville. La ruée vers l'est, qui suit les courbes de la plage, s'accélère et les maisons de villégiature remplacent les vieux moulins du bout de ville ou la forêt de la Rudelière, aménagée en 1923 par Maurice Durand pour le seul plaisir des estivants. Après-guerre, suite à la promulgation des congés payés, les vacances en bord de mer se démocratisent et connaissent un essor sans précédent. La nouvelle ère du tourisme de masse bouleverse l'équilibre de la station qui s'adapte à l'afflux et aux nouveaux besoins des estivants. De nouveaux lotissements se développent sur les derniers espaces laissés en friche, non loin des colonies et des campings. La ville se modernise, relooke ses casinos et propose des activités de loisirs au goût du jour aux baigneurs, une piscine en plein-air, des terrains de tennis et quelques cinémas. Faute de pouvoir s'étendre au sol, elle grandit désormais en hauteur, diligentant l'apparition des premiers immeubles à appartements de plus de cinq étages. En 1850, la station accueille quelques centaines de villégiateurs aristocratiques. Sa capacité d'hébergement, évaluée à 15.000 estivants vers 1900, monte à 55.000 vers 1950. Ce phénomène de démocratisation des bains de mer et de massification du tourisme, est sensible ailleurs sur le littoral vendéen, où l'appropriation de bord de mer s'est affirmée surtout dans la seconde moitié du ème 20 siècle. Loin des villas d'architecte, ce sont de véritables quartiers qui ont été créés, entraînant construction et urbanisation de zones vierges jusqu'alors. C'est sur ce bouleversement dont les répercussions urbanistiques et architecturales sur la forme d'une ville et d'un territoire sont colossales que revient en images cette exposition estivale qui vous fera revivre, entre deux baignades, l'histoire balnéaire de la station. L'exposition, conçue en partenariat avec le Service du Patrimoine de la Région des Pays de la Loire, présentera une partie des résultats de l'inventaire du patrimoine balnéaire, réalisé sur les deux départements littoraux de la région Loire-Atlantique et Vendée. Une autre exposition, à Saint-Nazaire, présentera les résultats de l'opération pour cette zone. Une publication, dans la collection « Images du patrimoine » fera la synthèse des recherches menées à l'échelle régionale. L'histoire des Sables d'Olonne est tout entière tournée vers la mer. Son développement économique et urbain, longtemps dépendant de la pêche et de l'emprise capitale de son port, s'est considérablement modifié au début du 19ème siècle avec l'apparition des bains de mer et l'invention du tourisme balnéaire. En 1866, avec l'arrivée des Chemins de fer de Vendée dans la station, le phénomène prend de l’ampleur : la ville s'organise et ouvre un établissement de bains, les premières villas voient le jour. La ruée vers l'est, qui suit les courbes de la plage, s'accélère après 1900 et les maisons de villégiature remplacent les vieux moulins du bout de ville ou la forêt de la Rudelière, aménagée en 1923 par Maurice Durand pour le seul plaisir des estivants. Après-guerre, les vacances en bord de mer se démocratisent et connaissent un essor sans précédent. La nouvelle ère du tourisme de masse bouleverse l'équilibre de la station qui s'adapte à l'afflux et aux nouveaux besoins des estivants. Faute de pouvoir s'étendre au sol, elle grandit désormais en hauteur, diligentant l'apparition des premiers immeubles à appartements de plus de cinq étages. Ce phénomène de démocratisation des bains de mer et de massification du tourisme, est sensible ailleurs sur le littoral vendéen, où l'appropriation du bord de mer s'est affirmée surtout dans la seconde moitié du 20ème siècle. Loin des villas d'architecte, ce sont de véritables quartiers qui ont été créés, entraînant construction et urbanisation de zones vierges jusqu'alors. C'est sur ce bouleversement dont les répercussions urbanistiques et architecturales sur la forme d'une ville et d'un territoire sont colossales que revient cette exposition, présentant dans un premier temps les équipements publics liés à l'essor de la pratique balnéaire avant de se concentrer sur la question de l'habitat individuel et des villas. Au bord de la mer Le phénomène des bains de mer, lié à une approche thérapeutique et romantique de l’élément marin, apparaît en France au début du 19ème siècle. Il se manifeste par la domestication de la plage, l’apparition d’équipements réservés à la cure marine et l’aménagement du remblai. Aux Sables-d’Olonne, dès 1816, plusieurs établissements voués aux bains d'eau douce et d'eau de mer, ouverts exclusivement en saison, sont édifiés sur le remblai. La même année, l’occupation de la plage est réglementée par arrêté municipal : elle est divisée en deux zones, l’une pour les bains nus, l’autre pour les bains en costumes. Les premiers baigneurs extérieurs arrivent dès les années 1820, poussant le préfet à demander au Consul de France en Grande-Bretagne un modèle de bathing machine, cabine de bains roulante utilisée communément sur les plages anglaises et encore inconnue en France. D’abord pratiqués à l’intérieur de ces « machines », les bains de mer peu à peu se libèrent et les cabines servent de lieux de rangement. Aux premières cabines en bois succèdent les cabines couvertes de toile, puis la tente de plage s’allège en parasol et enfin en simple serviette. La pratique exclusive du bain, qu’il soit de mer ou de soleil, prend alors le pas sur les nombreuses activités organisées sur la plage aux 19ème et 20ème siècles : courses de chevaux ou d’ânes, pêche, sport. La promenade du remblai est construite par tranches successives du 18ème siècle à la Seconde Guerre mondiale. En 1768, le premier remblai est construit à l'ouest de la ville sur les dunes les plus proches du port, utilisées jusqu'alors pour le séchage des filets de pêche. En 1850, l'ouvrage est prolongé vers l'est, tandis qu'un arrêté municipal fixe un alignement en front de mer pour les constructions nouvelles. Le remblai est progressivement agrémenté de trottoirs et de garde-corps. En 1896, une ligne de tramway électrique est mise en place, permettant de relier la gare au casino et aux nouveaux quartiers balnéaires du Bout de Ville. Son exploitation, interrompue pendant le premier conflit mondial, est définitivement abandonnée en 1925. A partir des années 1920 le remblai, jusque-là voué à la déambulation des promeneurs, est envahi par les automobiles dont la présence se fait de plus en plus importante. L’organisation de la station Les Sables d’Olonne connaissent un développement balnéaire précoce. Le pôle attractif de la ville se détourne progressivement du port pour se déplacer vers le front de mer où viennent s’implanter les commerces saisonniers et les premières villas. La forêt domaniale devient un lieu privilégié pour la promenade et l’aménagement de lotissements paysagés. Grâce au chemin de fer, qui arrive aux Sables d’Olonne en 1866, la station devient facilement accessible et attire un grand nombre d’estivants. La ville est érigée en station climatique et touristique en 1923. Le déplacement du principal pôle d’activité depuis le port vers la plage entraîne une extension de la ville vers l’est et le développement d’un quartier saisonnier. Après 1900, l’urbanisation progresse rapidement au-delà de l’enceinte, les maisons de villégiature s’élevant à l’emplacement des anciens moulins à vent le long de nouvelles voies rectilignes. En 1924, la forêt domaniale du Château d’Olonne est vendue afin de permettre la construction du lotissement paysagé de la Rudelière. Au cours du dernier quart du 19ème siècle, quelques magasins saisonniers, construits en matériaux légers, s’installent sans concertation sur les parcelles résiduelles du remblai. Certains s’ouvrent dans une partie du rez-de-chaussée des villas (Palazzo Clementina, Mirasol ou Gelf) ou des immeubles. Une vie commerciale très active existe aux Sables d’Olonne avant le début des bains de mer et certaines enseignes décident d’ouvrir une succursale sur le remblai, comme le grand magasin des Nouvelles Galeries en 1905. Au cours des années 1920, le renouveau commercial de la station relance non seulement les commerces saisonniers du remblai mais aussi les commerces traditionnels de la rue des Halles, dont les devantures sont ornées de mosaïques Art Déco par les architectes Maurice Durand ou Henri Bertrand. Les premiers casinos au cœur de la station Le casino, qui regroupe jeux, théâtre, concert, etc., fait partie des édifices fondateurs d’une station balnéaire, avec les établissements de bains et les grands hôtels, dès lors qu’il ne s’agit plus seulement de s’y baigner mais aussi d’y développer loisirs et sociabilité. Outre l’établissement de bains Lafeuille, consacré aux activités d’hôtel et de casino plus que de bains thérapeutiques, quatre casinos se succèdent aux Sables d’Olonne de la seconde moitié du 19ème siècle à nos jours. Construit en 1875-1876 par Germain Sallard, sur un gros œuvre de Gustave Eiffel, le Grand Casino fait partie d’un projet d’aménagement global de la Compagnie des chemins de fer de Vendée, désireuse de lancer la station. L’édifice comporte un étage et une vaste terrasse donnant sur la mer. La salle de théâtre, avec son couvrement pyramidal, domine l’ensemble. Après la Seconde Guerre mondiale, l’édifice, occupé puis bombardé, est très endommagé et reste à l’état de ruine pendant plus de cinq ans. La reconstruction du Casino, jumelée à la construction d’une piscine d’eau de mer sur le remblai, est confiée à Maurice Durand et s’achève en 1951. Le programme de décoration intérieure et extérieure est réalisé par Henry Simon. La façade de style Art Déco est remaniée en 1978 selon le goût du moment. Démoli en 1997, l’ancien édifice est remplacé par un nouveau casino inauguré en 1998 et toujours en place aujourd’hui. Le Casino des Pins est édifié en 1898, en même temps qu’un hôtel de voyageurs, sur un terrain boisé. L’existence de ce « complexe touristique » dont le maître d’ouvrage est l’entrepreneur sablais Nicot, est conditionnée à la construction de la ligne de tramway électrique des Sables d’Olonne qui mène du Grand Casino à la Rudelière. L’établissement, concurrencé par l’ouverture du Casino des Sports à proximité, ferme ses portes en 1929 et est démoli en 1944. La seconde vague des casinos Au cœur du projet de lotissement et de parc sportif de la Rudelière, le Casino des Sports est édifié en 1928 par Maurice Durand, qui transforme l’ancien buffet du parc des sports. Les impératifs liés au bail signés en 1923 imposent une construction en matériaux légers. De style Art Déco, l’architecture du casino opte pour un parti monumental avec corps central flanqué de pavillons d’angle octogonaux. En 1964, la société du Casino des Sports, contrainte par un établissement devenu dangereux, confie la construction d’un nouveau casino à l’architecte sablais Michel François. L’actuel Casino des Pins, édifié en 1998 par le cabinet d’architectes Durand, Ménard et Thibault, occupe le terrain de l’ancien casino des sports tout en reprenant le nom du premier établissement de loisirs de la Rudelière. En novembre 1924, La Construction Moderne publie un article sur le projet des architectes Mouret et Chimkevitch de construction d’un casino-hôtel sur le front de mer aux Sables d’Olonne, dans le quartier neuf de la Rudelière. L’ensemble doit être porté par une structure métallique et construit en béton armé. En dépit des maîtres d’œuvres dynamiques et volontaires, le casino de la Rudelière reste à l’état de fondation. L’hôtel, lui, n’est jamais commencé. Abandonné, le squelette du casino est définitivement démonté en 1939. L’essor de l’hôtellerie D’abord logés chez l’habitant, qui déménage le temps de la saison des bains dans une partie annexe de son habitation, les baigneurs trouvent progressivement des lieux plus adaptés pour les recevoir. Les premiers hôtels de voyageurs ont des allures de palaces et privilégient le luxe et la modernité en offrant à leur clientèle des salles de bal et de spectacle. Progressivement, ce type d’hébergement collectif revient à des dimensions plus modestes pour accueillir une clientèle plus populaire. Les hôtels de voyageurs se développent en front de mer à partir de 1848, privilégiant la vue sur mer à la proximité de la gare de chemin de fer. En 1835, un rapport sur les bains de mer aux Sables d’Olonne propose la construction d’un établissement pour les baigneurs. Destiné à accueillir des étrangers amateurs de bains de mer, l’établissement Lafeuille ouvre en 1844, rassemblant les activités de bains et d’hôtellerie. Le dessinateur Adolphe d’Hastrel réalise en 1852 une gravure de l’intérieur de l’établissement, à visée plus mondaine que thérapeutique. La grande hôtellerie balnéaire fait les beaux jours de la station à partir de la décennie 1860 (Hôtel de la Plage, 1865 ; Splendid Hôtel, 1977). L’Hôtel du Remblai et de l’Océan est construit en 1875 en front de mer, au cœur de la station où il acquiert rapidement un rôle central. En 1929, l’architecte Maurice Durand remanie entièrement l’édifice, notamment l’intérieur, dans le style Art Déco. Après 1910, tandis que les maisons de villégiature se construisent en grand nombre dans les quartiers est de la ville, les grands hôtels du remblai sont peu à peu délaissés pour des établissements de taille plus réduite. Après 1920, la petite hôtellerie se développe dans les secteurs plus éloignés du remblai, privilégiant le modèle de la pension de famille où de l’hôtel avec restaurant. L’hébergement collectif en hôtel régresse à partir de 1950 au profit des immeubles à appartements. Les premiers hôtels de voyageurs de la station sont pour la plupart, aujourd’hui, divisés en appartements. La naissance des colonies de vacances Les colonies de vacances apparaissent sur le littoral vendéen dès les années 1900. Répondant initialement à une vocation thérapeutique, sociale et pédagogique, elles évoluent en même temps que la pratique balnéaire vers les loisirs et le dépaysement. Parallèlement, leur architecture se transforme pour répondre à ces missions : d’inspiration militaire ou hospitalière au départ, les plans et les élévations de ces bâtiments se libèrent progressivement des compositions symétriques pour privilégier l’aération et l’ensoleillement. De nombreux établissements, initialement situés dans des bâtiments privés réaffectés, reprennent l’inspiration pittoresque ou régionaliste propre aux maisons de villégiature. C’est le cas de la colonie Ker Netra qui s’installe en 1933 au Château d’Olonne, dans un pavillon de chasse construit dans un style néonormand par Maurice Durand, auquel sont adjoints l’année suivante des bâtiments annexes de style Art Déco. Les colonies à vocation thérapeutique utilisent les règles de l’architecture hygiéniste des années 1930 : circulation de l’air et de la lumière, cloisonnement des espaces selon leur fonction, utilisation de matériaux modernes, simples d’entretien. Le préventorium Saint-Jean d’Orbestier, construit en 1934, en est tout à fait représentatif dans son architecture comme dans son décor. A Longeville-sur-Mer, la colonie La Touraine est construite en 1937 selon ces mêmes principes. A la fin des années 1960 et au cours des années 1970 naissent de nouvelles formes d’architecture proposant des programmes plus petits, souvent en rez-de-chaussée, où les espaces ne sont plus séparés par niveaux mais par bâtiments intégrés à leur environnement. La recherche de fonctionnalité et le dialogue avec la nature sont mis en avant, d’un point de vue architectural et éducatif. Les bâtiments de la colonie de la ville de Bezons, initialement construits en 1969 à Saint-Hilaire de Riez en matériaux préfabriqués, témoignent aujourd’hui de ces nouvelles perspectives. La planification des lotissements Implantés sur des terrains vierges (dune, forêt domaniale ou terrain inculte), les lotissements suivent le plus souvent un plan organisé autour d’avenues parallèles et de carrefours en étoile. Alors que les premiers exemples des Sables d’Olonne datent de la seconde moitié du 19ème siècle et sont réalisés par des entrepreneurs locaux, les lotissements aménagés dans les autres stations vendéennes, plus récents, sont confiés à des promoteurs immobiliers. Les premiers lotissements sablais répondent à une stratégie de développement balnéaire de la ville. Lors des adjudications par lots de terrains en bord de mer, les cahiers des charges imposent, outre l’usage résidentiels, des règles d’alignement, de hauteur et de recul sur la voie. A l’est de l’enceinte urbaine, les terrains dunaires sont progressivement couverts de lotissements à vocation locative dont la progression suit celle de la voirie. En 1923, la forêt de la Rudelière fait l’objet d’un programme de lotissement plurifonctionnel, conçu selon un plan en étoile, auquel participe Maurice Durand. Le projet, ambitieux, comporte en plus des villas et des habitations à bon marché, un parc des sports, deux casinos et un grand hôtel. La construction de villas s’étend dans les décennies 1920-1930 mais la faillite des promoteurs parisiens Imbert et Alonzo met fin au projet de casino et d’hôtel en front de mer. A l’exception du Bois de la Chaise dont les allées sont dessinées dès 1820 par Jean-Corneille Jacobsen, la majorité des lotissements apparaît sur le reste du littoral vendéen dans les années 1920-1925, à l’initiative de promoteurs, locaux et parisiens, ou de la commune (Notre-Dame de Monts). Ils sont le plus souvent aménagés sur les dunes en bord de mer mais peuvent aussi être réalisés à l’intérieur de forêts domaniales. Leur plan orthogonal est formé de larges boulevards et d’avenues. Ces quartiers offrent généralement un large éventail de styles architecturaux, qui s’étoffe avec les années. C’est le cas de La Grière, à La Tranche-sur-Mer, où la liberté architecturale des années 1930 a laissé place, à partir de 1949, à la tuile et au toit-terrasse, imposés par un nouveau cahier des charges. Les premières villas sablaises Les premières villas des Sables d’Olonne sont édifiées sur un tissu urbain déjà dense en front de mer, à l’alignement du remblai. De ce phénomène résultent des réalisations hautes et en mitoyenneté, proches des constructions urbaines. Les pavillons et les galeries vitrées situés en contrebas de la rue du Palais, de la rue du Centre ou du Cours Blossac, témoignent dès 1850 d’une pratique intense de la location. Si les étages nobles sont loués au prix fort, l’habitation est également possible au sous-sol ou à l’étage de soubassement, bien éclairé au sud. Ce n’est qu’autour de 1900 que sont construites les premières maisons de villégiature, soit par des propriétaires sablais en vue de la location, soit par des citadins extérieurs qui les habitent à la saison. Les commanditaires font surtout appel à des architectes installés dans la station comme Charles Charrier, Joseph Libaudière ou Henri Duhoux, puis Maurice Durand dont la production est intensive dans les années 1920. Après 1905, de grandes villas à deux étages sont édifiées en double mitoyenneté sur le remblai tandis que les rues intérieures se couvrent de maisons plus modestes. La plupart de ces constructions sont à l’aplomb de la rue, selon un modèle urbain, contrairement à l’archétype de la maison de villégiature des 19ème et 20ème siècles tel qu’on peut le voir dans les stations comme La Baule ou Dinard. En revanche, l’architecte peut jouer de la dissymétrie, des parties saillantes ou des loggias pour rompre la monotonie du front de rue et donner à la maison le caractère propre à l’architecture de villégiature par l’ouverture sur l’extérieur et l’originalité du décor. Le remblai, qui joue au début du 20ème siècle un rôle de vitrine architecturale, donne lieu à de belles réalisations en angle ou sur les places. Les villas aux allures d’immeuble comme la ville Mirasol ou le Palazzo Clementina constituent à ce titre des archétypes de la villégiature sablaise, exprimée notamment dans l’œuvre de l’architecte Charles Charrier. Ces demeures sont également remarquables par l’ampleur de leur soubassement, conçu dès l’origine pour être habitable. Le courant pittoresque Si l’inspiration de styles historiques est récurrente dans l’architecture du 19ème siècle, elle trouve dans l’architecture balnéaire un terrain d’expression privilégié. Au-delà de sa dimension pittoresque, la villa fait aussi référence au mode de vie, simple et familial, que l’on souhaite retrouver dans sa maison de vacances. Ainsi, le chalet devient-il emblématique en ce qu’il représente la simplicité et la rusticité de la vie dans la nature. En Vendée, les exemples de villas directement influencées par le chalet sont rares mais on trouve, en revanche, de la fin du 19ème jusqu’aux années 1920, de nombreuses constructions originales combinant des inspirations variées. A la différence des Sables d’Olonne, d’autres stations vendéennes ont vu se développer des maisons répondant davantage aux poncifs de l’architecture balnéaire : grande diversité de styles de référence, richesse du décor, dialogue avec la nature. Implantées sur de vastes parcelles boisées, les villas du Bois de la Chaise à Noirmoutier sont représentatives de l’architecture de la villégiature de la fin du 19ème siècle. Très vastes, elles jouent sur des formes variées aussi bien dans les volumes d’habitation que dans les toitures. La fantaisie du décor est portée par les matériaux de second ordre (brique, céramique, bois, etc.) ainsi que par le multiplication et la forme des ouvertures. Fenêtres, vérandas, bow-window animent des façades toutes différentes en même temps qu’elles assurent le rôle de communication avec l’extérieur, fondamental dans l’architecture balnéaire. Le jardin est le prolongement de la maison et prolonge depuis la villa la vue sur la mer : la communication et la visibilité doivent être facilitées. Des exemples du tout début du 20ème siècle montrent l’adaptation de ces caractéristiques dans des contextes plus urbains ou plus modestes. Si l’architecture elle-même reste assez simple, la volonté de donner un caractère pittoresque à la maison est évidente. Les régionalismes Né à la fin du 19ème siècle, le courant régionaliste qui se manifeste dans l’architecture balnéaire recourt aux caractéristiques architecturales et décoratives de styles bien identifiés localement. Avec l’essor des grandes stations normandes et basques, ces deux types régionaux s’affirment et deviennent des modèles qui se déclinent ensuite sur l’ensemble du littoral de la Vendée. Le choix du style néo-normand est largement tributaire des stations de Normandie qui ont les premières lancé la mode des bains de mer en France. Ses caractéristiques, pan de bois coloré contrastant avec les autres matériaux et notamment une toiture initialement en chaume, toit à croupe, nombreux décrochements, correspondent parfaitement à ce que l’on attend alors de l’architecture d’une maison de vacances tout en donnant le sentiment d’importer un peu des stations de la côte normande. Le style néo-basque est caractérisé par un volume d’ensemble compact et asymétrique, l’usage de la tuile creuse, la présence d’un pan de bois coloré (rouge le plus souvent) à l’étage et une entrée en plein-cintre ménagée dans une avancée protégée. Là encore, le volume comme les détails permettent de répondre au programme d’une maison de villégiature tout en l’intégrant dans un environnement naturel de pins. Si le style néo-normand s’est difficilement adapté à une architecture balnéaire modeste, le style néo-basque, en revanche, a pu s’épanouir dans des programmes simples et sobres du fait de son volume ramassé et de son décor épuré. L’orientalisme Importé par les Expositions universelles puis coloniales et imposé par l’éclectisme architectural de la seconde moitié du 19ème siècle, l’orientalisme mêle les modèles empruntés au monde méditerranéen, sans souci de restitution archéologique mais dans une volonté de synthèse qui culmine dans les établissements de loisirs, bains ou casinos, qui font la fortune des stations balnéaires. Bien que peu utilisé dans l’architecture privée, on trouve, néanmoins, sur le littoral vendéen plusieurs exemples qui adaptent ce vocabulaire à un bâtiment modeste. La villa Lorraine, construite en 1922 par Maurice Durand à La Tranche-sur-Mer, est caractéristique de l’orientalisme de par ses éléments constructifs (arcs outrepassés, toits en bulbe) et ses détails décoratifs (céramiques, polychromie, moucharabieh). Agrandie à plusieurs reprises et aujourd’hui transformée en hôtel (Hôtel de l’Océan), la villa est à l’origine construite sur un plan asymétrique. La présence d’un toitterrasse permettait tout à la fois de faire référence à la Méditerranée et de répondre à un programme de villégiature balnéaire multipliant les points de vue sur la mer. Implantée sur une vaste parcelle face à l’océan, la maison bénéficiait d’une situation privilégiée et se distinguait par son style des autres constructions. La Tour Martel, construite à Saint-Jean-de-Monts à l’emplacement d’un ancien moulin, a été réhabilitée en maison d’habitation de style mauresque par l’architecte nantais François Aubry. Implantée aujourd’hui au milieu de la forêt domaniale, la maison est entièrement cachée par un écran de végétation. Son toit à bulbe contribue cependant à la distinguer fortement de son environnement. A Fromentine, la maison Darkoum aurait été construite au début des années 1930 par l’architecte Jean Cornu. Sa façade principale, sur mer, est percée en partie haute d’une série de baies en arcs outrepassés brisés. Le rez-de-chaussée, dont la façade est plaquée d’éléments en mosaïque, donne sur un portique ouvert par une arcature de style arabe. Ce vocabulaire se retrouve également sur la villa L’Oasis construire par Pierre Giraud à La Tranche-sur-Mer. Art Nouveau et Art Déco Le vocabulaire de l’Art Nouveau, inspiré du monde végétal et lancé à Paris par Hector Guimard à l’extrême fin du 19ème siècle, trouve peu d’écho dans les réalisations de villégiature balnéaire. L’Art Déco, en revanche, est très utilisé pour ses formes comme pour son décor. Son essor, marqué par le Salon des arts décoratifs de Paris en 1925, correspond à un second développement du phénomène balnéaire, qui privilégie des constructions plus modestes, de nouveaux matériaux et une exigence de modernité. Essentiellement urbain, l’Art Nouveau s’exprime davantage sur des maisons de villégiature de bord de ville. Quelques détails décoratifs intéressants se retrouvent toutefois dans des exemples épars, notamment dans l’atypique maison Les Goélands à La Faute-sur-Mer ou dans la maison du peintre Emile Roy aux Sables d’Olonne. Le style Art Déco, toujours porté par la polychromie des matériaux, tend à la simplification et à la géométrisation jusqu’à presque disparaître au profit des seuls éléments de modénature (corniche, encadrements moulurés, etc.). La villa Werther présente ainsi un bow-window en brique aux contours très géométriques et des frises simplifiées, même si l’ensemble joue encore sur la polychromie et la diversité des matériaux. La villa Gelf, aux formes architecturales très simples mais alliées à un décor très présent, fait la synthèse de la forme Art Déco et des références orientales héritées de l’éclectisme. Les villas La Chanterelle ou Ker Joseph, toutes deux construites au cours des années 1920, présentent elles aussi ce mélange, conjuguant des formes nouvelles dans les ouvertures, les frises géométriques ou les garde-corps, aux couleurs distinctives de la maison de villégiature. Le style de la villa Les Courlis construite à La Barre-de-Monts dans les années 1930 est plus abouti, à la fois par ses volumes géométriques simples, ses grandes ouvertures, et par son décor qui se limite aux articulations de l’architecture. Enfin, les matériaux, la forme horizontale des ouvertures et la blancheur de l’enduit utilisés pour la villa Les Flandres annoncent les constructions très épurées du Mouvement moderne. Les villas d’après-guerre Les Trente Glorieuses sont marquées par l’essor exceptionnel du tourisme sur la côte vendéenne. La démocratisation des loisirs et l’afflux touristique qui en découle entraînent une pression foncière sans précédent. Les constructions, plus petites, se font sur des parcelles réduites, souvent sur des emprises récemment gagnées sur la forêt ou les dunes domaniales. C’est donc surtout en dehors des stations historiques que vont se développer les constructions de cette période, marquées par le Mouvement moderne. Vastes volumes simples, fonctionnels, libre circulation de l’air et de la lumière, grandes ouvertures horizontales : ces caractéristiques s’adaptent parfaitement à l’architecture de la villégiature dont le programme n’a pas ou peu changé. Le style moderne est économique : les nouveaux matériaux peuvent être préfabriqués grâce aux techniques de construction issues de la Reconstruction. Les nouveaux modèles répondent aux attentes d’une clientèle modeste néanmoins désireuse d’acquérir une résidence secondaire. Cela entraîne une banalisation architecturale et une perte d’originalité de l’architecture de villégiature par rapport au modèle de la résidence urbaine. Le souci d’intégration dans le paysage et le jeu avec la nature y sont par exemple peu sensibles. Avec des toits à une seule pente, un faible développement en hauteur et un volume très compact, les maisons des années 1950-1960 présentent un répertoire de formes limité. Toutefois, plusieurs éléments d’animation existent, intégrés, par souci de fonctionnalité, dans la construction elle-même. L’usage du béton permet des porte-à-faux dans la continuité de la construction (villas Guidy et Horizon). Le volume général peut être brisé par une souche de cheminée correspondant souvent à un barbecue « dans œuvre », qui devient à cette époque un poncif de l’architecture de villégiature représentatif de nouvelles pratiques (Children’s Corner, villa de Jard-sur-Mer). L’enduit blanc synonyme de modernité est contrebalancé par des volumes en pierre, voire en galets (villa Arlauna) placés aux articulations de la construction : cheminée, pignon, soubassement. Enfin, l’ajout d’aplats de couleurs primaires, allié à un volume décalé (villa de Saint-Gilles-Croix-de-Vie), évoque l’œuvre de Le Corbusier. L’irruption des immeubles Dans les années 1960, face à la pression foncière, le modèle de l’habitat individuel de villégiature est mis à mal. Le littoral se densifie et recourt à l’habitat collectif hérité de la Reconstruction. Ce sont les remblais et les zones les plus proches de la mer qui ont la faveur des touristes et par voie de conséquence, des promoteurs. Les destructions de villas commencent pour laisser place à des immeubles d’architecture très simple dont le but affirmé est d’offrir la vue et l’accès à la mer au plus grand nombre. Les grands projets d’immeubles collectifs voient le jour dès les années 1950. Avec son travail sur la résidence Atlantique entrepris dès 1956, Maurice Durand, l’architecte des maisons de villégiature des Sables d’Olonne, répond au changement d’échelle et de commande. La standardisation des matériaux et des modes de vie permet l’émergence de grands ensembles collectifs qui occupent de vastes terrains, formant un cordon continu le long de la mer, comme à Saint-Jean de Monts. Ces terrains encore vierges sont alors l’objet d’enjeux très importants de la part des promoteurs, locaux ou parisiens, et des élus qui, devant la manne que représente le tourisme, font le choix de l’exploitation maximale du littoral dans un département encore largement rural. Avec les constructions d’immeubles, l’urbanisation arrive sur les côtes vendéennes. Les liens de ces nouveaux quartiers avec le tissu urbain préexistant (les villages anciens sont situés au-delà de la forêt domaniale) sont pourtant difficiles à mettre en place, les promoteurs proposant le plus souvent des programmes liant logement, équipements et loisirs. Si la recherche initiale de rentabilisation de l’espace a produit une architecture très standardisée où la façade sur mer concentre les quelques éléments architecturaux intéressants (garde-corps), les immeubles conçus par l’architecte René Naulleau pour le promoteur Merlin témoignent d’une recherche plus poussée sur les formes et leur articulation, en créant de véritables silhouettes émergeant du front de mer. Visuels pour la presse -1- -2- -3- -4- -5- -6- -7- -8- -9- - 10 - - 11 - - 12 - Légendes des visuels 1. Anonyme Les Sables d'Olonne : vue de la plage côté est, 31 août 1868 Lavis sur papier Dépôt du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 2. Henri MEYER Bains de Mer : Les Sables d'Olonne. Inauguration du Casino des Sables d'Olonne le 1er juillet 1876 Le Journal Illustré, n° 28, 9 juillet 1876 Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 3. Maison de villégiature balnéaire dite Les Marguerites, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, 1903 Photographie couleurs © Région des Pays de la Loire - Inventaire général, Patrice Giraud, 2011 4. Maurice DURAND architecte (1884-1978) Villa des Grieux, Les Sables d'Olonne, 1913 Aquarelle sur calque Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 5. Maurice DURAND architecte (1884-1978) Villa Gelf, Les Sables d'Olonne, 1924 Gouache, encre sur papier Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 6. Maurice DURAND architecte (1884-1978) Plan d'aménagement de la Forêt de la Rudelière aux Sables d'Olonne, 1929 Encre sur papier Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 7. Jean LAUNOIS (1898-1942) Les Sables d'Olonne, 1930 Lavis et encre sur papier Don Monsieur Pierre Launois Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 8. Henry SIMON (1910-1987) Sans titre (Les Naïades), 1952 Maquette préparatoire pour les décors du Casino municipal des Sables d'Olonne Gouache sur papier Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 9. Robert FALCUCCI (1900-1989) Les Sables d'Olonne, Vendée, 1954 Affiche couleurs Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne 10. MILCENT (entrepreneur) Maison de villégiature balnéaire dite Children's Corner, Saint-Jean-de-Monts, 1962 Photographie couleurs © Région des Pays de la Loire - Inventaire général, Patrice Giraud, 2011 11. Colonie de vacances de Bezons, SaintHilaire de Riez, 1969 Photographie couleurs © Région des Pays de la Loire - Inventaire général, Patrice Giraud, 2011 12. René NAULLEAU (architecte) Immeuble à logements dit Arc-en-ciel, Saint-Jean-de-Monts, 1977 Tirage papier Collection urbanisme, Saint-Jean-de-Monts Informations pratiques Commissariat général Gaëlle Rageot-Deshayes, conservatrice du musée de l'Abbaye Sainte-Croix Commissariat scientifique Sophie Onimus-Carrias, conservatrice du patrimoine, Région des Pays de la Loire assistée d'Agathe Aoustin, chercheur, Région des Pays de la Loire Musée de l’Abbaye Sainte-Croix – Rue de Verdun – 85100 Les Sables d’Olonne Tél. 02 51 32 01 16 – [email protected] www.lemasc.fr Contact presse : Michelle Massuyeau : [email protected] Horaires - de 13 h à 19 h jusqu’au 15 septembre - de 14 h 30 à 17 h 30 ensuite Fermé les lundis et jours fériés Conférence proposée en partenariat avec l’association des Amis du MASC par Sophie Onimus-Carrias, chercheur de l’inventaire en charge de l’étude du patrimoine balnéaire de la Région des Pays de la Loire et d’Agathe Aoustin, doctorante en histoire de l’art, Université Paris IV – Sorbonne Le samedi 15 septembre 2012 à 18 h 30 Entrée libre Visites commentées en partenariat avec les Amis du MASC Les samedis 21 juillet et 4 août ; les jeudis 16 et 31 août ; les dimanches 9, 23 et 30 septembre 2012 à 15 heures (gratuit pour les visiteurs ayant acquitté les droits d’entrée) Animations spécifiques Stéphanie Kervella, service des publics : 02 51 32 21 75 Le service éducatif met en place des animations en concertation avec les enseignants ou les responsables de structures pour enfants. La documentation, riche de 20.000 ouvrages, est à votre disposition sur rendez-vous. Tarifs Normal : 5,10 € Réduit : 2,55 € Gratuité le 1er dimanche de chaque mois pour tous, pour les jeunes de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minima sociaux.