
d’études et des ingénieurs (division verticale), et les tâches sont parcellisées en une multitude d’opérations
simples (division horizontale). Ford met en place les chaînes de montage et améliore encore l’efficacité du travail,
en partant du principe que “ le travail doit aller à l’ouvrier ” (document 3). Ce modèle d’organisation du travail
s’est généralisé pendant les Trente Glorieuses et a permis, à cette période, des gains de productivité considérables
: 5% par an en France. La remise en cause du taylorisme à la fin des années soixante et le ralentissement de la
croissance à partir de 1974 obligent à opérer des transformations en termes d’organisation du travail. Les aléas de
la demande ainsi que l’exigence de diversification des produits nécessitent une organisation du travail plus
flexible, permettant une meilleure adaptation de la production à la demande. Cette flexibilité dans l’organisation
du travail vise à accroître les gains de productivité, dont on a pu constater le ralentissement à partir du milieu des
années soixante-dix.
La rationalisation de l’organisation du travail a donc permis de forts gains de productivité, mais elle s’est
accompagnée d’une augmentation considérable de l’investissement productif, tout cela nécessitant une formation
accrue des salariés et leur implication croissante. L’augmentation du capital productif, associée au progrès
technique et à l’innovation, permet d’accroître la productivité du capital, mais aussi du travail.
La productivité peut progresser grâce à une augmentation des équipements, à une amélioration de leur utilisation
(taux d’utilisation plus important, par exemple), mais aussi à l’introduction d’innovations sur les nouveaux
équipements installés. L’innovation est l’application du progrès technique sur les processus de production
(innovation de procédé), et les gains de productivité qui en résultent peuvent parfois être très importants : mise en
place de la robotique dans l’industrie automobile, par exemple. L’investissement matériel va donc contribuer à
augmenter la productivité. S’il s’agit d’investissements de capacité, ceux-ci permettent des économies d’échelle,
car l’augmentation de la capacité productive réduit les coûts de production. En revanche, s’il s’agit
d’investissements de remplacement, le progrès technique incorporé et l’innovation rajeunissent le capital et le
rendent plus performant. Enfin, s’il s’agit d’investissements de productivité ou de rationalisation, on économise de
la main-d’oeuvre. Il est à noter que, depuis une vingtaine d’années, l’investissement immatériel (formation,
logiciels, relations du travail, relations commerciales…) augmente considérablement et participe à la croissance
de la productivité. Le machinisme devient donc plus important et plus complexe, l’information joue un rôle accru,
et l’exigence de
qualité des produits devient très forte. De plus, les chefs d’entreprise cherchent à compenser les effets négatifs de
la contestation du taylorisme (absentéisme, turnover, coulage, grèves…) par la mise en place de nouvelles formes
d’organisation du travail : rotations de postes, enrichissement et élargissement des tâches, cercles de qualité… On
recherche donc un personnel plus qualifié, une meilleure intégration des salariés dans l’entreprise et, surtout, une
adhésion à ses objectifs (École des relations humaines) : les entreprises souhaitent une plus grande implication de
leur personnel (document 3).
De nombreux facteurs ont donc permis l’augmentation de la productivité, tant du point de vue de l’organisation du
travail que de l’amélioration du capital productif et de l’implication des salariés dans l’entreprise. Mais cette
croissance de la productivité a-t-elle stimulé la croissance économique ? Si oui, de quelle manière ?
Globalement, la croissance de la productivité du travail va de pair avec la croissance de la richesse produite,
comme l’illustre bien le cas de la France. Entre 1950 et 1973, période des Trente Glorieuses, pour une croissance
de la productivité du travail de 5,11% par an en moyenne, le PIB augmente de 5,02% par an. En revanche, depuis
le premier choc pétrolier de 1973, on constate un ralentissement des gains de productivité, qui ne sont plus que de
2,73% par an, alors que la croissance du PIB ralentit également (+ 2,26% par an). En premier lieu, la hausse de la
productivité stimule la croissance économique grâce à l’augmentation de l’offre sur les marchés nationaux et
internationaux. Elle permet une plus grande efficacité productive, à savoir que, à quantités de travail et de capital
équivalentes, la production augmente. Tout d’abord, l’amélioration de la productivité entraîne une augmentation
des profits par le biais de la baisse des coûts de production par unité produite (coûts unitaires). Cette hausse des
profits pourra être consacrée à la hausse des investissements, et donc favoriser l’offre de biens et de services,
puisqu’ils permettent de produire plus et mieux. Tout dépend, ici, de l’utilisation de ce supplément de profits de la
part des entreprises. Ensuite, la réduction des coûts de production dans l’entreprise favorise la baisse des prix,
laquelle permet une amélioration de la compétitivité des produits, ce qui stimule la consommation intérieure et les
exportations (document 2). Dans un contexte de concurrence nationale et internationale exacerbée, la hausse de la
productivité s’avère absolument nécessaire afin de moderniser l’appareil productif, d’éviter le vieillissement du
stock de capital et de conquérir de nouveaux marchés.