Avant-Propos
Recherche de vérités, science de l'être, sagesse pour apprendre à vivre et
à mourir, élaboration de concepts, classification des connaissances, vision
totale du monde, art de préserver une paix d'âme, culture de l'esprit,
résumé du savoir scientifique, poursuite d'une rigueur, questions de plus
en plus profondes – telles sont des définitions du contenu central de la
philosophie. Les Anciens, les scolastes, les rationalistes, les classiques, les
modernes (les phénoménologues, les philosophes analytiques, les French
theorists) nous ont habitués à répéter ces balivernes, dont se moquent les
logiciens, les informaticiens, les mathématiciens, les physiciens, les
poètes.
Je suis navré de constater, que ni Kant ni Hegel ni Sartre ne comprennent
rien en logique. Que ni Aristote ni Spinoza ni E.Husserl ne savent ce qu'est
le more geometrico. Que ni Platon ni Wittgenstein ni M.Foucault ne disent
rien de profond sur le langage. Des tentatives d'attacher la branche
philosophique à l'arbre de la science échouaient, avec le cours du temps,
de manière de plus en plus lamentable, pour devenir enfin franchement
ridicules.
C'est à la rareté, parfois jusqu'à l'épuisement, du talent poétique que nous
devons les montagnes de volumes savants et soporifiques sur les thèmes
ci-dessus.
La raison principale de cette dégringolade est l'erreur de greffage. C'est
que, dès les débuts grecs, une alternative existait – le bel arbre poétique.
Mais si pour la ratiocination être prolixe en verbiage peut suffire, pour
manier la métaphore il faut posséder un regard allant au-delà du verbe.
Les yeux et le regard sont deux outils d'une bonne philosophie – pour
percer et admirer l'harmonie des langages divins et pour composer la
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