DÉPARTEMENT DES LEITRES ET DES COMMUNICATIONS Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke LA CRITIQUE THÉÂTRALEÀ MONTRÉAL EN 1994 : QUATRE JOURNAUX, QUATRE DISCOURS? par Sophie DesHaies Bachelière ès lettres (études françaises) r-/-pf5 MÉMOIRE PRÉSENTÉ pour obtenir LA MAITRISE ÈS ARTS (ÉTUDES FRANÇAISES) Sherbrooke Janvier 2000 Acquisitions and Bibîbgraphic Services Acquisitions et services bibliographiques L'auteur a accordé une iicence non exclusive pmnettant à la Bibliothtpue nationale du Canada de reprodune,*, di!3trî%uerou vaidrr des copia de cette thése sous la f m e de microfiche/film, de repodnction sur papier on sur fonriat ei-e. The author retains owaasbip ofthe copyright in this thesis. Ncither the thesis nor substantial extracts h m it may be printed 04 otherwise fepfoduced without the author's peimission. la popneté du droit d'auteur qui protège cette thése. Ni la thèse ni des extraits substantiels de celle-ci ne doivent être imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation. L9aiite\aCU- COMPOSITION DU JURY LA CRITIQUE THÉÂTRALE À MONTREAL EN 1994 : QUATRE JOURNAUX, QUATRE DISCOURS? par Sophie DesHaies Bachelière ès lettres (études françaises) Ce mémoire à été évalué par un jury composé des personnes suivantes : M. Pierre Hébert M. Gregory Reid Sous la direction de : M. André Marquis (Département des lettres et des communications, Faculté des lettres et sciences humaines) Je tiens à remercier mon directeur monsieur André Marquis pour son expertise, ses judicieux conseils et ses encouragements. Merci à Hervé Dupuis pour m'avoir aidée à lancer ce projet en dirigeant ce mémoire avant de prendre sa retraite en 1998. Merci à mes parents pour avoir cru en moi. Merci a Isabelle Laplante pour son aide lors de mes recherches. Merci à André Gaudreau pour ses nombreuses relectures. Merci à Martial Gaudreau pour sa patience et son soutien. Ce mémoire examine les différents sujets abordés par la critique théâtrale québécoise. Notre corpus contient quatre journaux montréalais dont trois quotidiens (Le Journal de Montréal, La Presse et Le Devoir) et un hebdomadaire ( Voir). Nous avons recueilli plus de cent textes publiés lors de la rentrée automnale 1994. À l'aide d'une grille, divisée en treize points, nous avons décortiqué le contenu de ces critiques. Notre méthode de calcul tenait compte de trois facteurs : la fréquence d'apparition (nombre de fois que chaque point est traité par un critique dans l'ensemble de ses articles), I'espace global (I'espace qu'occupe un point dans la production entière d'un critique) et I'espace ciblé (I'espace octroyé à un point dans un article). Nous avons analysé les donnés sur le corpus en général. puis sur chacun des quatre journaux, pour nous concentrer ensuite sur les journalistes-vedettes et. finalement, sur les cinq pièces que ces journalistes-vedettes ont tous critiquées. Nous constatons que, à l'exception de La Presse, les journaux tiennent un discours en conformité avec leurs orientations éditoriales Sommaire Page Liste des figures 1 Introduction Premier chapitre Méthodologie et corpus Deuxième chapitre Analyse globale du contenu des articles Troisième chapitre Analyse des articles en fonction du journal d'appartenance Quatrième chapitre Analyse des articles des journalistes-vedettes Cinquième chapitre Analyse des cinq pièces critiquées par les quatre journalistes-vedettes 63 Conclusion 88 Annexes 92 Bibliographie 98 Table analytique des matières 109 LISTE DES FIGURES Page Figure 2.1 Comparaison des 13 points sur l'ensemble du corpus Figure 3.1 Le Journal de Montréal Figure 3.2 La Presse Figure 3.3 Le Devoir Figure 3.4 voir Figure 4.1 Carmen Montessuit Figure 4.2 Jean Beaunoyer Figure 4.3 Robert Lévesque Figure 4.4 Luc Boulanger 29 INTRODUCTION Au Québec, l'information théâtrale dans les journaux commence à circuler dès le 18= siècle. Elle paraît surtout sous forme publicitaire, car, la plupart du temps. les journaux ne font que retranscrire les communiqués de presse. Les journalistes d'alors, qui n'ont pas de formation spécialisée pour rédiger de véritables critiques, servent plus les intérêts des journaux que ceux du théâtre. Aujourd'hui, la situation n'a pas beaucoup changé. La critique théâtrale n'occupe qu'une bien petite place dans les quotidiens, et cette rubrique journalistique est rarement assumée par des professionnels de la question. Du moins est-ce l'avis des praticiens et praticiennes de théâtre. À ce sujet, Daniel Roussel écrivait dans de théâtre Jeu : J'ai souvent l'impression que la critique, c'est comme l'iceberg : la grande partie qu'on ne voit pas, c'est l'incompétence, et la pointe de l'iceberg, c'est la méchanceté. Alors la pointe, forcément, est extrêmement visible; elle repose souvent sur une grande base d'incompétence, c'est-à-dire sur des gens qui ont acquis le poste de critique par progression syndicale, par courant d'air. Ce sera, au mieux. quelqu'un qui a une bonne tête, qui informe bien, qui prend bien le pouls du public, qui représente la majorité.' Et il ajoute : Si l'on demandait aux critiques, un par un. quelle est leur formation, il y aurait des joues qui rougiraient. Leur formation est extrêmement limitée. u2 En effet, aucun programme collégial ou universitaire ne forme des critiques de théâtre. Mais la scolarité, la formation et la culture ne garantissent pas qu'un critique sera pour autant respecté et apprécié. Souvenons-nous de la pétition qu'a fait circuler un groupe 3 d'artisans du théâtre québécois demandant le renvoi de Robert Lévesque du journal Le Devoir. Ces 156 personnes, surtout réunies autour de la Compagnie Jean-Duceppe, la Compagnie de Quat'sous et le Théâtre d'Aujourd'hui, s'insurgeaient non pas contre le jugement du critique, mais bien contre la manière dont il procédait, du ton souvent employé. Ces pétitionnaires refusaient de discuter avec les représentants du Devoir et incitaient les autres compagnies à les imiter. Ce qui semble avoir mis le feu aux poudres est une critique de Robert Lévesque sur la pièce Visite Libre présentée au théâtre de Quat'sous. En effet, le critique recommandait clairement l'abstention a ces représentations : Que l'auteur se rassure, nous serons cc aussi discrets que possible quant à l'intrigue >>. comme il nous le demande au programme. Tellement discret, que nous irons jusqu'à recommander à tous les Montréalais ou visiteurs de passage dans la métropole d'éviter le coin Coloniale et des Pins, de ne pas investir un sou au guichet du Quat'sous pour en savoir plus? Aussitôt, la compagnie a cessé sa publicité dans Le Devoir et a proposé aux autres compagnies de faire de même. II s'agissait d'une sorte de chantage, puisque les artisans voulaient poursuivre leurs moyens de pression jusqu'à ce que le journal cesse de faire paraître des critiques peu élogieuses. Bien que cette pétition, sans doute stratégiquement malhabile, n'ait pas regroupé toutes les compagnies théâtrales. elle démontre le malaise qui existe entre la communauté théâtrale et les critiques. Au-delà de ces esclandres particuliers, on peut se demander si la critique journalistique est tributaire du journal d'appartenance. auquel cas existerait une sorte d'a priori du jugement. Ainsi, tout farouche qu'il soit de sa liberté, le critique jugerait à la lunette du journal qui l'embauche. C'est, en tout cas. ce que ce mémoire entend vérifier. Or nous savons que chaque journal vise un public cible précis et qu'il privilégie. à travers ses articles, certains secteurs d'informations dans un style et un ton qui lui sont propres. Nous émettons donc l'hypothèse que cette spécificité se répercutera aussi dans le contenu des articles de critique théâtrale. Ainsi. nous vérifierons si les éléments théâtraux traités par les critiques divergent en fonction du journal où ils travaillent. Pour ce faire, nous nous limiterons à la critique théâtrale montréalaise, plus précisément aux quatre journaux suivants : Le Journal de Montréal, La Presse, Le Devoir et Voir. Nous établirons la fréquence des sujets abordés dans les critiques et déterminerons l'espace qui est accordé à chacun. Afin de restreindre notre corpus. nous avons choisi de décortiquer ies critiques parues lors de la rentrée théâtrale de 1994. Permettons-nous de présenter en quelques mots les journaux retenus4 Le Journal de Montréal est un quotidien de format tabloïd visant un grand public et faisant une large place aux sports et aux faits divers. II s'agit du quotidien le plus vendu au Québec. La Presse, un journal de grand format, rejoint aussi un assez large public. Ce quotidien couvre plusieurs domaines généraux d'information, répartis en divers cahiers. Le Devoir n'atteint qu'une faible fraction des ventes des deux autres quotidiens montréalais, mais jouit en contrepartie d'un prestige indéniable auprès de l'intelligentsia et des gens au pouvoir. Le Devoir s'adresse essentiellement à des lecteurs instruits et met l'accent sur les nouvelles politiques et culturelles. Enfin, Voir. un hebdomadaire distribué gratuitement, s'est donné pour mandat de scruter de fond en comble le domaine culturel montréalais. Serons-nous à même de démontrer que ces quatre journaux véhiculent quatre discours différents? Pour mener à bien notre recherche, nous nous sommes appuyée sur une grille d'analyse que M. Hervé Dupuis, spécialiste de théâtre, a utilisée pour indexer des critiques à la revue de Cahiers de théâtre Jeu. Cette grille répertorie les éléments pouvant être évalués dans une critique. Même si elle est exhaustive. cette grille ne permet pas d'entreprendre une analyse interprétative des critiques, mais fait plutôt ressortir de façon factuelle les divers points décortiqués par un critique. Ainsi, si un paragraphe traite de racisme ou de féminisme, il sera classé sous l'étiquette "contenu du texte". Notre mémoire est divisé en cinq chapitres. Le premier explique la méthodologie employée et le corpus examiné lors de la recherche. Celui-ci regroupe plus de cent textes rédigés par dix-sept journalistes. Ce chapitre présente aussi la grille d'analyse mise au point par Hervé Dupuis et donne des exemples pour chacun des éléments qui la compose. Le deuxième chapitre compile les résultats obtenus à la suite de l'application de la grille à i'ensernble du corpus. Le troisième expose les résultats en tenant compte du journal dans lequel les articles sont publiés. Le quatrième chapitre s'attarde aux journalistes-vedettes des quatre journaux à l'étude. Le dernier met l'accent sur des pièces de théâtre précises : George Dandin, Les Muses orphelines, Après la chute, Jeanne Dark et Don Juan. Plusieurs membres de la communauté artistique et journalistique affirment. positivement ou négativement, que la critique de théâtre est indispensable a ia survie du milieu, paradoxalement, peu d'individus semblent accepter la façon de faire de ces journalistes. Comme personne n'a examiné le contenu réel des textes critiques portant sur le théâtre au Québec. nous croyons qu'il est important de préciser de quels sujets ils traitent et en quelles proportions. d'ordre méthodologique. Mais d'abord apportons quelques précisions Notes 1-ROUSSEL, Daniel, cc En pratique : de la création a la critique. Table ronde avec des praticiens critiques , Cahiers de thbâtre Jeu, no40, Montréal, 1986, p. 197. 3-LÉVESQUE, Robert. cc Visite libre, au Quat'sous. Montréal.16 septembre 1983, p. 5. Le crime de monsieur Faure », Le Devoir, 4- Le guide annuel des rnédias 1994-1995. Info Presse et Le conseil des directeurs médias du Québec, Montréal, 1994, 136 p- PREMJER CHAPITRE METHODOLOGIE ET CORPUS Pour effectuer cette recherche, nous avons analysé les critiques de pièces de théâtre de la rentrée montréalaise a l'automne 1994. parues dans quatre journaux quebécois : Le Journal de Montréal, La Presse, Le Devoir et Voir. Nous avons retenu l'année 1994 parce que, au moment où nous avons commencé notre recherche, c'était I'année la plus récente. Plutôt que de procéder à un échantillonnage sur toute l'année, nous avons cru plus pertinent d'examiner la saison automnale, puisque. à cette époque de l'année. l'activité théâtrale est la plus intense. Les articles retenus regroupent la totalité des critiques parues entre septembfe et décembre 1994 (peu importe l'auteur), à l'exception des chroniques et des entrevues. En effet, comme nous voulons approfondir le contenu des critiques des pièces, nous avons éliminé les chroniques et entrevues qui relatent davantage la vie de l'artiste et ses projets futurs plutôt que d'apporter un regard critique sur les pièces elles-mêmes. Pour retracer les critiques de La Presse et du Devoir, nous avons consulté les microfilms de ['Université de Sherbrooke. Les articles du Journal de Montréal ont été recueillis à la Bibliothèque nationale du Québec à Montréal. Pour ce qui est du journal Voir, nous avons dû nous contenter des textes disponibles sur le réseau Internet. C'est pour cette raison que le numéro de la page n'est pas indiqué et qu'aucune image n'est rattachée à ces textes. De plus, nous avons constaté que les articles parus sur Internet sont raccourcis quelque peu comparativement à la version originale du journal. En fait, le premier paragraphe, servant de tremplin au texte et reprenant des informations contenues dans le reste de la critique, est souvent absent. Par souci d'homogénéité, même si nous possédions certains textes originaux. seules les versions d'l nternet ont été retenues. Ces quatre journaux ont publié 100 textes, critiquant 48 spectacles produits par plus de 30 compagnies et présentés dans plus de 25 lieux (salles, maisons de la culture, musées, etc.). Ces spectacles n'ont pas seulement été vus a Montréal. mais aussi à Québec ainsi qu'à Paris. En effet, au journal Le Devoir, Rémy Charest occupe le poste de correspondant de Québec et Christian Rioux. celui de Paris. De plus, ce journal fait paraître une chronique d'olivier Schmitt provenant du journal français Le Monde. Robert Lévesque a également assisté à quelques pièces présentées à Québec. Puisque nous nous concentrons sur le contenu des critiques et non pas sur les pièces critiquées ni sur leurs lieux de production, ces écarts géographiques ne biaisent pas notre recherche. Ils témoignent plutôt d'une ouverture d'esprit des journalistes. Dans chaque journal, sauf au Journal de Montréal, la critique théâtrale est assurée par une équipe de journalistes. Même si nous avons retenu toutes les critiques pour notre tableau d'ensemble, les critiques eux-mêmes ne sont pas tous considérés sur le même pied. Pour entrer dans la catégorie de critiques principaux, le journaliste devait avoir fait paraître plus de quatre critiques pendant la période qui nous intéresse. Ainsi, au journal La Presse, il s'agit de Jean Beaunoyer et d'Yves Thériault. Pour Le Devoir, nous retrouvons Robert Lévesque et Rémi Charest. Au journal Voir, il y a Luc Boulanger, Isabelle Mandalian et Marie Labrecque. Le Journal de Montréal n'a qu'une seule personne attitrée, Carmen Montessuit. Évidemment, parmi la catégorie dite de critiques principaux, certains sont plus réguliers que d'autres. Nous avons établi la catégorie de journalistes-vedettes pour tous les critiques qui signent plus de 12 textes. II s'agit de Carrnen Montessuit, de Jean Beaunoyer, de Robert Lévesque et de Luc Boulanger. Les critiques occasionnels, n'ayant écrit qu'un texte. proviennent souvent d'une autre section du journal ou d'un autre média. Ainsi, La Presse a fait voir un spectacle pour enfants B Sonia Sarfati, elle-même auteure de romans pour la jeunesse. Les autres critiques occasionnels de théâtre sont, à La Presse, Manon Richard, Jocelyne Lepage et Jooned Khan; puis, au journal Le Devoir, Christian Rioux, Marie-Michèle Cron, Michel Bélair et Jacques Larue-Langlois. Notre corpus regroupe ainsi 17 journalistes. Le chapitre deux analysera les données globalement (sans distinction de journal ni de journaliste). Ceci va nous permettre d'observer les sujets abordés dans l'ensemble des critiques. Notre troisième chapitre séparera les données par journaux. Ce chapitre va nous indiquer si le contenu des critiques varie d'un journal à un autre. Dans le quatrième chapitre, nous allons recouper les résultats en fonction des journalistes-vedettes. Ainsi, nous pourrons comparer ces résultats avec ceux des chapitres précédents et vérifier si ces journalistes-vedettes donnent le ton au journal entier. Pour analyser les critiques, nous nous sommes semi d'une grille bâtie par Hervé Dupuis dans le cadre de son cours Critique de théâtreg. Cette grille comporte 13 points qui touchent tous les aspects pouvant être présents dans une critique théâtrale écrite. Ces points sont : l )l'auteur, 2) la fable, 3) la qualité du texte. 4) le contenu du texte, 5) le lieu théâtral. 6) la troupe, 7) la mise en scène, 8) la scénographie, 9) le jeu,10) la réaction du public, 11) les mises en relation, 12) les impressions sur l'ensemble du spectacle et 13) la recommandation ou non d'assister au spectacle. Notre travail consistera à décortiquer les articles en fonction de cette grille. Voyons maintenant ce que recouvre chacun des points de la grille. Afin que le lecteur puisse se faire une idée claire de la signification des points, nous les avons fait suivre d'exemples tirés de notre corpus* 1) L'auteur Ces informations sur I'auteur concernent sa vie personnelle, ses études, ses engagements politiques, ses influences, etc. Ces indications biographiques, facilement repérables, servent souvent d'entrée en matière à la critique. Parfois ces données sont comparées avec la pièce vue ou avec l'œuvre de l'auteur. « Dariel Dorfman, citoyen chilien exilé aux États-unis après le coup d'État de 1973, a écrit un suspense politique traduit en 20 langues [...]. N 'O 2) La fable La fable, ou l'histoire, peut être racontée en entier, en partie ou seulement dévoilée par une mise en situation. « Donc, Claude, Simon et Suzanne arrivent dans ce chalet, dont le confort est assez rudimentaire d'ailleurs (au grand dam de Suzanne), et qui ne comporte même pas le téléphone. »" 3) La aualité du texte Ce point est abordé lorsque le critique porte un jugement sur les aspects esthétiques et littéraires du texte. II ne se limite pas à dire si la pièce est bonne ou non. mais il se prononce sur la qualité du texte, la vivacité des dialogues. la crédibilité des personnages. etc. « La forme n'est guère mieux que le contenu. II y a un grave problème de structure. Les personnages sont mal développés. »'* 4) Le contenu du texte II ne faut pas confondre les deux derniers points. Le critique s'intéresse ici aux valeurs politiques. sociales ou culturelles véhiculées par le texte. « Ce théâtre en est un de la dérision totale, de l'ironie pure [...]. »13 5) Le lieu théatral Ce point rassemble les informations portant sur la salle et sur la scène. Ce qui touche à proprement parler au décor est abordé au point huit. K [...] sur la très large s c è n e du Théâtre d'Aujourd'hui [...]. d4 6) La troupe Les informations apportées sur les producteurs et sur la troupe traitent des budgets, des choix artistiques, du développement de la compagnie théâtrale, de son historique, etc. « [...] la directrice du Théâtre du Nouveau Monde a cru bon sortir des tiroirs [...] Sainte-Jeanne-des-Abattoirs [..-1. Alors pourquoi un tel choix? » ' 7 ) La mise en scène Sont regroupés ici les informations techniques et les choix artistiques assumés par le metteur en scène ou sa formation. « [...] la metteure en scène crée un rythme qui ne se dément jamais, ou l'action réelle et le combat intérieur exprimés par chacun se mêlent sans transition et composent des images saisissantes. d6 8) La scénoaraphie La scénographie englobe tout ce qui touche les arts de la scène, a l'exception - du jeu et de la mise en scène : les décors, les accessoires, les costumes, les masques, les maquillages, les éclairages, la musique, la bande sonore, les projections, les marionnettes et leurs concepteurs. Ce point de la grille a pris une ampleur insoupçonnée en raison des nombreux développements technologiques des dernières années. « Le décor change aussi à l'aide de grandes toiles peintes qui changent selon le lieu où l'on se trouve. Le coup d'œil est très beau. d7 9)Le ieu Les commentaires sur le jeu. très attendus des lecteurs, prennent différentes formes, mais sont toujours facilement repérables. « Au niveau du jeu des comédiens, il faut bien dire que France Castel évite de surcharger le drame que vit son personnage et c'est, dans les circonstances, la bonne attitude à prendre. »" 10) La réaction du public Les réactions du public donnent une bonne indication de l'aspect général du spectacle. II s'agit des rires, des applaudissements, des chahuts. des ovations, etc. « Et à la fin de la représentation, tout le monde s'est levé spontanément pour applaudir chaleureusement les comédiens qui le méritaient bien. dg 11) Les mises en relation Le critique compare le texte a un autre texte, la production actuelie à une production antérieure, la mise en scène à une autre du merne individu. etc. Ce point permet d'enrichir la critique et de donner des repères aux lecteurs. « Esprit libre, comme son grand prédécesseur Anton Tchekhov. et comme lui médecin ayant choisi la littérature. Boulgakov avait naturellement un regard critique sur son pays [.. -1. »20 12) Les im~ressionssur l'ensemble du s~ectacle Ce point englobe les impressions générales sur l'ensemble du spectacle et qui n'ont pu être insérées sous une autre catégorie (jeu, texte, fable, etc.)- C'est l'opinion générale du critique sur la pièce a laquelle i f vient d'assister- « II manque une vision forte et unique qui réussirait à resserrer toute cette matière. n2' 13) La recommandation d'assister ou non au s~ectacle N'est retenue sous ce point que la recommandation faite en termes clairs et explicites et non pas celle que le lecteur déduit en analysant le ton employé ou les propos tenus. (( Une pièce à voir de grâce pour ne pas rater un souffle nouveau, un désespoir génialement récupéré par le rire. »= Précisons que les différents aspects d'une pièce ne devaient pas être simplement évoqués mais bien critiqués par le journaliste pour être considérés dans nos données. Ainsi, « La première pièce de Moliére, mise en scène par Patrick Quintal, est fort divertissante » ne constitue pas une critique de la mise en scène. Par contre, l'ajout suivant « La première pièce de Molière, mise en scène par Patrick Quintal d'une façon très équivoque, est fort divertissante D" comporte une critique du travail de mise en scène. Quelques mots font parfois toute la différence. Nous avons pu vérifier, grâce à notre recherche. I'exhaustivité de la grille d'Hervé Dupuis : aucun point n'a été oublié et aucun point n'est superflu. Seule la scénographie. comme nous l'avons mentionné plus haut, a dû être précisée. En effet, puisque les hologrammes. les projections vidéo et autres médias sont de plus en plus utilisés, il fut nécessaire d'ajouter ces éléments dans notre inventaire touchant la scénographie. Si la grille semble claire, elle est assez délicate à mettre en pratique. Un paragraphe n'équivaut pas nécessairement à un point précis, puisque souvent l'auteur passe d'un sujet à un autre dans un même paragraphe, voire dans une même phrase. II suffit d'un ou deux mots pour sauter d'un sujet à un autre. Par exemple, Robert Lévesque écrit à propos de la pièce N Prise de sang » : « [...] ce spectacle [...] aura manqué d'une idée principale, en plus d'un texte clair, pour que l'affaire ait une colonne vertébrale théâtrale et un sens clair. nZ4. NOUS passons donc du point 12 (impressions sur l'ensemble du spectacle) au point 3 (qualité du texte, en gras) pour revenir au point 12. Nous avons donc dû ranger chaque mot ou groupe de mots de la critique sous l'un des treize points. Par la suite, nous avons compté les mots présents dans chacune des catégories et nous avons établi des pourcentages sur la fréquence et I'espace occupé par chacun des 13 points dans l'ensemble de notre corpus. Nous présentons nos pourcentages sous forme de tableaux afin d'en faciliter la compréhension. Nous avons effectué trois types de calcul : la fréquence d'apparition. I'espace global et I'espace ciblé. Ces trois opérations se distinguent par de subtiles différences. La fréquence d'apparition concerne le nombre de fois que chaque point est traité par un critique dans l'ensemble de ses articles. L'espace global désigne I'espace qu'occupe un point dans la production entière d'un critique. Et I'espace ciblé indique I'espace qu'un point accapare dans les textes où il est abordé. Par exemple, nous pouvons calculer qu'un point occupe 8% d'espace dans un texte, mais, si nous ne tenons compte que des articles dans lesquels ce point est traité (par exemple 4 articles sur IO), alors le pourcentage d'espace ciblé grimpe à 13%. Nos méthodes de calcul sont purement statistiques. Pour connaître la fréquence d'apparition d'un point dans la production d'un journaliste, nous divisons le nombre de fois qu'un point est présent par le nombre total de critiques. Par exemple, le point 1 revient cinq fois parmi les 22 critiques de Carmen Montessuit, pour un pourcentage de 22% (5 1 22 X 100 = 22%). Le point sur l'auteur est aborde 22% des fois dans les articles de cette journaliste du Journal de Mont&al. Pour obtenir les résultats de I'espace ciblé ou global, le calcul se complexifie. Tout d'abord, nous calculons le nombre total de mots de la critique. Ensuite nous subdivisons l'article en autant de points qu'il contient et répartissons les mots en conséquence. Ces premiers calculs complétés, nous divisons le nombre de mots pour chaque point par le nombre total de mots de l'article et en établissons le pourcentage. Ainsi, le nombre de mots traitant du point 1 dans la critique Havel... sous le manteau de Carmen Montessuit est de 30, ce qui représente un pourcentage de 9% (30 1 322 X 100 = 9%). Nous avons procédé de cette façon pour chacun des points dans l'ensemble de notre corpus. Afin de déterminer l'espace global, nous additionnons les pourcentages de chaque point, puis les divisons par le nombre total d'articles du critique examiné. Par exemple, le point 1 apparaît à l'intérieur de cinq critiques de la production de Carmen Montessuit, avec 9% dans une première critique, 9% dans une seconde, 8% dans une troisième, 7% dans une quatrième et 1% dans une cinquième pour un total de 34%. Comme nous avons recensé 22 articles cette critique, ce point occupe 1,5% de l'espace de ces écrits. Cependant, point n'étant développé que dans cinq articles, l'espace ciblé affiche plutôt 6.8% (34% / 5 = 6,8%). En général, la cueillette des données n'a pas posé trop de problèmes, sauf lorsque le critique abordait des sujets peu connus. Dans ce cas, il a été plus ardu de classer tel ou tel fragment dans un point précis de la grille. Par exemple. Robert Lévesque écrit, dans une critique sur The Master and Margarita, un premier paragraphe sur la vie de l'auteur de la pièce, Mikhaii Afanassievitch Boulgakov, puis il enchaine avec un paragraphe portant sur Courteline, dans lequel il fait allusion aux "messieurs-les-ronds-de-cuir". II revient ensuite à la vie de Boulgakov. Si le lecteur ne connaît pas l'écrivain Georges Courteline, auteur de Messieurs les ronds-de-cuir, il lui est ditficile de comprendre que Robert Lévesque met en parallèle sa vie avec celle de Boulgakov. Le lecteur peut même croire qu'il s'agit d'un résumé de la fable, car nulle part ailleurs le critique n'en reparle. Lors de notre recherche, nous n'avons pas tenu compte de la mise en page du texte, de sa place dans le journal, ni des images pouvant accompagner les articles. Ce travail s'éloignait de l'étude de contenu que nous nous proposions de faire. D'ailleurs, le journaliste n'a aucune emprise sur de telles décisions rédactionnelles. Nous ne cherchons pas à établir dans cette étude si un critique est meilleur qu'un autre. ni si un point de fa grille est plus essentiel qu'un autre. Nous voulons uniquement recenser le contenu des articles de théâtre critiqués. Nous ne croyons pas non plus que le nombre de points traités dans une critique puisse servir d'indicateur de qualité. Même si en moyenne le nombre de points abordés dans une critique est de sept, nous avons retrouvé, dans une même critique. onze points différents. Nous vous proposons, dans le chapitre suivant, une analyse globale du contenu des articles retenus. 9-Ce cours portait le sigle FRR 109 et était donné à I'Universite de Sherbrooke dans le baccalauréat en Études françaises. Nous l'avons suivi pendant la session d'hiver 1996. 10-BEAUNOYER, Jean. c La jeune fille et la mort: sagement », La Presse, 3 novembre 1994, p. 013. une excellente pièce montée trop 11-MONTESSUIT, Carmen. K Claude ou les désarrois amoureux : un nouvel auteur plein de talent servi par de bons comédiens D, Le Journal de Montréal, 14 septembre 1994, p. 56. 12-BOULANGER. Luc. << Prise de sang: Pas de veine D, Voir, 15 septembre 1994. 13-LÉVESQUE, Robert. Havel... sous le manteau : Jouer Havel ouvertement », Le Devoir, 15 septembre 1994, p. B8. 14-BEAUNOYER, Jean. a Les Muses orphelines : québécoise », La Presse, 21 octobre 1994, p- A10. Une belle pièce de la dramaturgie 15-LEVESQUE.Robert. <( Jeanne Dark : Un Brecht à {'esthétiquetotalitaire », Le Devoir, 22 novembre 1994, p. B8. 16-MANDALCAN, Isabelle. (C Eddy : Coup de cœur D, Voir, 20 octobre 1994. 17-MONTESSUIT, Carmen. « Arlequin, serviteur de deux maîtres : Étourdissant! D, Le Journal de Montréal. 18 novembre 1994, p. 49. 18-BEAUNOYER,Jean. u Johnny, Carlotta et Kiki : Un Trernblay qui se digère fort bien », La Presse, 12 novembre 1994, p. ES. 19-MONTESSUIT, Carmen. K Claude ou les désarrois amoureux : Un nouvel auteur plein de talent servi par de bons comédiens B, Le Journal de Montréal, 14 septembre 1994, p. 56. 25 20-LÉVESQUE, Robert. a Un Courteline de Moscou ID, Le Devoir, 6 octobre 1994, p. B8. 21-MANDALIAN, Isabelle. a Haché menue comme chair à pâté », Voir,27 octobre 1994. 22-BEAUNOYER, Jean- a Tout va pour le mieux : Au Rideau Vert. La surprise de la saison La Presse, 12 novembre 1994, p. E l 5. 23-11 ne s'agit pas de citations réelles, mais d'exemples forgés de toutes pièces24-LEVESQUE, Robert. « Un Zone des années néonazies », Le Devoir, 19 septembre 1994, p. B8- P. DEUXIÈME CHAPITRE ANALYSE GLOBALE DU CONTENU DES ARTICLES Dans ce chapitre, nous examinerons chacun des treize points de la grille d'analyse en fonction de l'ensemble de notre corpus. Nous les présentons en ordre décroissant de fréquence d'apparition. soit du jeu jusqu'au lieu théâtral. La figure 2.1 (voir la page suivante) donne une vision globale des résultats. Pour illustrer nos propos, nous avons parfois ajouté quelques exemples probants. LE JEU, 89% Des remarques concernant le jeu sont présentes neuf fois sur dix dans une critique. Évidemment ce jugement reste assez subjectif. Un critique peut trouver qu'une comédienne n'a pas de présence sur scène, tandis qu'un autre peut affirmer le contraire. Cela s'est produit. par exemple, pour Maude Guérin dans la pièce Après la chute. Les termes pour décrire le jeu ne varient pas beaucoup d'un article à l'autre. Les plus fréquents sont. bien entendu, les adjectifs passe-partout tels que "bon", "juste", "professionnel" et "crédible". « Tous les deux jouent d'ailleurs avec une grande justesse et une grande sobriété. Josée-Frédérique Plourde est également très bonne (. ..). »" Parfois les critiques choisissent des adjectifs plus relevés lorsqu'ils abordent la dimension "émotive" du jeu. II sera alors question de jeu "cinglant", "solide" et "intense". « (...) interprété avec fougue par Robin Aubert (. ..). »26 28 Figure 2.1 Comparaison des 13 points sur l'ensemble du corpus O Frtquence d'appannon ! Espace I global .OEspace cible Ces qualificatifs sont suivis ou précédés par des termes qui leur donnent une connotation positive ou négative. Plus fréquemment, les blâmes touchent la direction d'acteur ou la mise en scène. et l'acteur récolte la plupart du temps des félicitations pour sa performance. LA QUALITE DU TEXTE. 80% Présente quatre fois sur cinq dans les critiques, la qualité du texte n'occupe cependant pas un très grand espace. II s'agit généralement de quelques groupes de mots surgissant, ici et là, dans le texte. Par exemple, Jean Beaunoyer de Le Presse a écrit au sujet de la pièce La jeune fille et la mod : « Voilà le suspense de cette pièce admirablement écrite [...] ». II ajoute un peu plus loin : u Un texte d'une qualité indiscutable [...] remarque : K D. II termine par cette La pièce est longue (deux heures et demie) avec des répétitions dans le texte de Paulina .»'? tes critiques ne cherchent pas nécessairement à blâmer ou à défendre les textes écrits en français international ou en joual, mais plutôt à justifier le choix de la langue en fonction des intentions de l'auteur. La critique de la qualité du texte touche également au rythme, aux dialogues, aux répétitions, au vocabulaire et à l'aspect général du texte. LES IMPRESSIONS SUR L'ENSEMBLE DU SPECTACLE. 72% En troisième position vient le point douze, les impressions sur l'ensemble du spectacle, ex æquo avec la mise en scène. C'est sans doute l'un des points qui intéressent le plus le lecteur et l'éventuel spectateur. Habituellement, ce point est traité en entrée en matière ou en conclusion d'une critique. tA MISE EN SCÈNE. 72% La mise en scène arrive également en troisième position avec un score de 72%. Partie intégrante de toute représentation, elle colore le spectacle, lui donne tout son sens. Le critique peut donc difficilement l'ignorer. S'ils reconnaissent son importance, les journalistes n'en parlent pas tous avec la même acuité. Nous pouvons les ranger en deux groupes : ceux qui condensent leurs opinions en quelques mots et ceux qui utilisent près du quart de l'espace pour étayer leurs propos. Nous pourrons vérifier ces faits dans les chapitres suivants. LA FABLE. 71% II semble important pour les critiques de narrer la fable de la pièce. En fait, ils le font sept fois sur dix. Aborder ce sujet dans un article est souvent un incitatif à aller voir ou non la pièce. La plupart du temps, les critiques résument la 31 situation, présentent les différents personnages et ne dévoilent jamais clairement le dénouement. La fable occupe aussi près du quart de l'espace de l'article. Les critiques n'abordent pas la fable dans le cas de pièces expérimentales, difficilement "résumables", ni lorsqu'ils insistent sur le contenu du texte. LE CONTENU DU TEXTE. 69% Bien qu'en général ce point soit présent a 69% dans les articles, tous les critiques n'y font pas référence systématiquement. Rappelons que ces chiffres sont des moyennes, ainsi certains journalistes en parlent six à dix fois sur dix, tandis que d'autres se contentent de deux a cinq fois sur dix. Précisons que les résultats du contenu du texte et ceux de la fable sont en général inversement proportionnels. Certains, par exemple, vont préférer traiter de l'aspect politique de la pièce plutôt que d'en raconter l'histoire. Si les critiques insistent près de six fois sur dix sur des éléments de la scénographie, ils approfondissent rarement le sujet. Les journalistes se limitent souvent à des généralités, voire à des banalités. Nous avons droit à de simples descriptions du décor et des accessoires ou à quelques appréciations vagues, 32 telles que a [...] au décor sans invention ni charme B~~ et a des éclairages soignés. une musique soutenue »". LES MISES EN RELATION. 56% Présent plus d'une fois sur deux, ce point ne reçoit pas la même attention selon le journaliste, comme nous le verrons dans le chapitre quatre. Contentons-nous de mentionner pour l'instant que quelques-uns y font rarement référence (par exemple, Isabelle Mandalian avec 9%). tandis que d'autres lui accordent une assez grande attention en ne lui laissant pas nécessairement beaucoup d'espace (comme Carmen Montessuit avec 36% d'utilisation et 8% d'espace) et qu'un petit nombre en font leurs choux gras (Jean Beaunoyer avec 91% d'utilisation et Robert Lévesque avec 100%). Tous n'insistent pas sur les mêmes éléments. Certains comparent la pièce avec des textes de répertoire ou des œuvres littéraires, d'autres font des rapprochements avec des pièces plus populaires. Nous sommes conscient que le public visé par chaque journal peut avoir une influence sur les propos tenus par les critiques. LA TROUPE. 38% Malgré le fait que des renseignements sur la troupe soient inclus dans les programmes et documents de présentation des pièces, les critiques en parlent rarement dans leurs articles. La mention même du nom de la troupe est souvent absente. peu importe que les troupes soient reconnues ou nouvelles. Les thèmes abordés sous ce point tournent essentiellement autour des décisions de la direction : choix de la distribution. choix de la pièce, choix du metteur en scène, etc. LA RECOMMANDATION D'ASSISTER OU NON AU SPECTACLE, 35% Plusieurs personnes associées a la colonie artistique affirment que la fréquentation d'un spectacle ou le fait qu'une pièce soit retirée de l'affiche découle en grande partie des critiques. travail du critique est guichet. tc Jean-Claude Germain croit que le précieux par la relation étroite qu'il entretient avec le II est précieux dans le sens que, de ses critiques, dans le cas de certains critiques, dépend la fréquentation du théâtre. ngO Or nous avons constaté que les critiques ne donnent clairement leur recommandation qu'en moyenne trois fois sur dix. De plus, dans les trente critiques où cet avis est présent, quatre seulement déconseillent le spectacle au lecteur. Que faut-il en déduire? Que les lecteurs se font souvent une opinion à partir du ton général de 34 . la critique? Sans doute. Mais il faut aussi tenir compte de la forte influence des critiques radiophoniques et télévisuelles ainsi que du bouche à oreille, phénomène indiscutable mais difficilement vérifiable. Bref, la destinée d'une pièce de théâtre ne dépend pas uniquement d'une recommandation d'un journaliste. L'AUTEUR, 31% La vie d'un auteur, les conditions dans lesquelles il a écrit son œuvre, l'époque où iI a vécu, ses influences littéraires, sa vie politique, voilà autant d'éléments qui peuvent nous éclairer sur le contenu d'une pièce, sa signification et sa portée. Pourtant le point sur I'auteur est à peine présent trois fois sur dix et n'occupe environ que 5% du texte. La notoriété d'un auteur sera parfois exploitée par un critique dans l'espoir sans doute d'amener le lecteur à lire tout l'article. Le nom de l'auteur figurera alors en début de texte. Le nouvel auteur n'aura pas cette chance, puisque son nom, lonqu'il sera mentionné, passera souvent inaperçu à l'intérieur de l'article. LA RÉACTION DU PUBLIC. 20% La réaction du public est peu évoquée dans les critiques théâtrales que nous avons dépouillées. En fait, plusieurs journalistes évacuent totalement ce point. Ceux qui l'abordent se contentent de mentionner les ovations, le nombre de rappels. la chaleur et la durée des applaudissements,... Même les pièces qui. en général, suscitent de fortes réactions du public (théâtre expérimental. théâtre pour enfants, etc.) ne modifient en rien les habitudes des critiques. LE LIEU THÉÂTRAL. 14% Le lieu théâtral est \e point le moins souvent abordé dans notre corpus. II ne récolte qu'un maigre 14%. mention. Certains journalistes n'en font même jamais Tout au plus le sujet est-il parfois effleuré! Jean Beaunoyer, par exemple, a écrit à propos de la pièce Les Muses orphelines : « Une table pour chacun des quatre personnages sur la très large scène du Théâtre d'aujourd'hui. »31 Parfois un commentaire sur le lieu théâtral sert à d'autre fins. Ainsi la remarque suivante concernant la pièce Les noces d'Antigone porte davantage sur le jeu d'un acteur: a Dans une si petite salle, un travail visant à livrer le maximum d'émotion se perd parce qu'il en fait trop.»32 Ce point est généralement exploité par les journalistes qui écrivent de France. Ils prennent soin de transmettre des indications sur des salles que la plupart des Québécois n'ont jamais visitées. Comme nous venons de le voir. les treize points ne sont pas tous traités de la même façon ni dans les mêmes proportions. Cependant, les données changent-elles lorsque nous les distribuons en fonction des journaux et des critiques? Dans le chapitre trois. nous ciblerons l'analyse des treize points en fonction des journaux- Note 25-MONTESSUIT, Carmen. a Havel... sous le manteau : une pièce "interdite », Le Journal de Montréal, 12 septembre 1994, p. 47. 26-MANDALIAN, Isabelle. u Eddy : Coup de cczur y, Voir, 22 octobre 1994. 27-BEAUNOYER, Jean. a La jeune fille et la mort : sagement », La Presse, 3 novembre 1994, p. D l 3. 28-LÉVESQUE, Robert. a Le temps des mouettes. mise en scène », Le Devoir, 4 octobre 1994, p. B8. 29-BOULANGER, Luc. K une excellente pièce montée trop Retour décevant d'André Brassard a la Prise de sang. Pas de veine n Voir, 15 septembre 1994. 30-GERMAIN, Jean-Claude. 1979, p. 74-75. (( Entretien (s) u, Cah~ersde théâtre Jeu, no13, Montréal, automne 31-BEAUNOYER, Jean. (( Les Muses orphelines : une des belles pièces de la dramaturgie québécoise », La Presse, 21 octobre 1994, p. A10. 32-CHAREST, Remy. La Brigade du nie contre-attaque, Fe Devoir, 4 octobre 1 994, p. 87. TROISIÈME CHAPITRE ANALYSE DES ARTICLES EN FONCTION DU JOURNAL D'APPARTENANCE Le chapitre précédent démontre que les treize points de la grille d'analyse ne sont pas présents dans les mêmes proportions ni à la même fréquence. Nous répartissons cette fois nous donnée en fonction du journal d'appartenance des articles. Nous pourrons vérifier si chaque journal insiste davantage sur certains sujets plutôt que d'autres. Les quatre journaux ont fait l'objet d'une figure où sont regroupées les différentes statistiques de leurs journalistes respectifs. Carmen Montessuit signe à elle seule les 22 critiques de théâtre du Journal de Montréal pendant la période qui nous intéresse. Dès le premier coup d'œil. les points 2 (la fable) et 9 (le jeu) ressortent. Ce sont eux aussi qui occupent le plus d'espace global et ciblé. En effet, ils accaparent 42% et 24% d'espace global et ciblé. tandis que les autres points ne prennent qu'entre 13% et 0'4%. Peu importe qu'on utilise la fréquence, I'espace global ou I'espace ciblé, les mêmes points se classent toujours au même rang les uns par rapport aux autres, sauf le lieu théâtral. Le point 5 arrive dernier en fréquence et en espace global, mais huitième en espace ciblé. Ainsi, lorsque ce point est présent dans une critique, il occupe beaucoup d'espace. Si nous comparons ces données avec celles de tous les journaux confondus (voir le chapitre précédent), nous constatons que Le Journal de Montréal parie Figure 3.1 Le Journal de Montréal 9 Jeu ~UFr6qucncedappanhon !.Espace global I O k ~ a c cible e 1 du wblic i relation 1 sions !mandabon/ beaucoup moins du point six (la troupe) et insiste davantage sur la fable, la réaction du public et la recommandation d'assister ou non au spectacle. Les points que Carmen Montessuit critique le plus fréquemment (la fable. le jeu, la réaction du public et les impressions générales) n'exigent pas une longue démonstration. Nous avons l'impression que cette critique tente de répondre simplement aux attentes de ses lecteurs (K Était-ce bon? m), sans toutefois s'encombrer de longs arguments qui étaleraient sa culture À La Presse, six journalistes se partagent la tâche d'aller au théâtre. Ils signent 21 articles du 11 septembre au 29 décembre 1994. pour une moyenne de 1.3 pièce par semaine, soit un peu moins que Carmen Montessuit du Journal de Montréal. Ils semblent se diviser les productions en fonction de leur genre : le premier assiste surtout aux productions classiques des compagnies reconnues (Théâtre du Nouveau Monde, Théâtre d'aujourd'hui, Théâtre Jean-Duceppe); le second, à des pièces un peu plus en marge (Prise de sang, Equus) et, finalement, les quatre autres se partagent le théâtre pour enfants, le théâtre anglophone et le théâtre expérimental. Leurs commentaires sur les pièces s'avèrent presque toujours positifs, parfois légèrement mitigés, mais jamais négatifs (à l'exception d'un article de Jean Beaunoyer). Figure 3.2 La Presse Pour avoir une vue d'ensemble de la critique de La Presse, nous avons regroupé les données en un seul tableau. sans différencier les journalistes. Comparées aux statistiques générales sur l'ensemble du corpus (figure 2.1). les fréquences d'apparition. d'espace global et d'espace ciblé dans le journal La Presse se ressemblent beaucoup. Ainsi. la mise en scène. la fable et le jeu sont aux premiers rangs, tandis que l'auteur, la réaction du public et le lieu théâtral amvent bons derniers. Les deux seules différences concernent le point quatre (le contenu du texte théâtral) et le point deux (la fable). En effet. ces points se classent en première et deuxième positions au journal La Presse, tandis qu'en général, ils n'occupent que la quatrième et la cinquième positions. Pour les critiques de ce journal. l'histoire et les messages (ou les morales) des pièces paraissent capitaux. Au journal Le Devoir, sept personnes ont rédigé des critiques de théatre. Les publications de leurs articles se sont échelonnées du 15 septembre au 28 décembre 1994, soit plus d'une critique par semaine. Le critique le plus important, en termes de quantité, est Robert Lévesque qui, à lui seul,a signé 18 critiques et vu 19 spectacles en 11 semaines (la plupart à Montréal et quelquesuns à Québec). Sa productivité se compare à celle de Carmen Montessuit du Journal de Montréal. Rémy Charest, pour sa part. a sufiout couvert la production théâtrale de Québec. II a vu quatre pièces entre le 30 septembre et le 11 novembre 1994. Les cinq autres pièces ont été critiquées par cinq joumaiistes différents, entre le 11 octobre et le 28 décembre 1994, dont un correspondant de France. Comme pour le journal La Presse, nous avons regroupé les statistiques de tous ces critiques pour définir le portrait de la critique théâtrale au journal Le Devoir- Cespace global étant presque l'équivalent de I'espace ciblé, les données varient peu selon le point de vue adopté. Aucun point, par exemple. n'apparaît qu'une seule fois et accapare tout I'espace d'un article. Les éléments semblent être traités avec une égale assiduité. En comparant les résultats de fréquence du Devoir avec ceux de l'ensemble du corpus, nous constatons aussi peu de variantes : qualité du texte, jeu et mise en scène figurent dans les premières positions; le lieu théâtral et la réaction du public se classent en dernière position; tandis que les autres points se retrouvent entre ces deux pôles. La seule grande exception concerne la mise en relation (point onze). En effet, ce point arrive en tête de liste avec une moyenne de 93%, alors qu'en général, il n'est présent qu'un peu plus d'une fois sur deux. De plus, l'espace occupé par ce point est au moins deux fois plus important que pour les deux autres quotidiens de notre corpus. Faut-il se Figure 3.3 Le Devoir surprendre de ce résultat? Afin de bien traiter de la mise en relation, le critique doit posséder une vaste culture théâtrale. littéraire et générale. De même, pour apprécier le contenu, les lecteurs doivent jouir d'une connaissance assez élevée du milieu théâtral. Comme la très grande majorité des lecteurs du Devoir possèdent un diplôme universitaire, nous voyons là une confirmation du rôle intellectuel que joue Le Devoir dans la société québécoise. Pour le journal Voir, nous avons tenu compte des 32 critiques signées par trois journalistes, qui se sont réparti respectivement 15, 11 et 6 articles entre le 15 septembre et le 15 décembre 1994. Voir, le plus jeune journal de notre corpus, a critiqué 11 pièces dont ses concurrents n'ont pas parle. Même Le Devoir, qui mise pourtant sur un correspondant a Paris et un autre à Québec, n'atteint pas un swre aussi élevé. En assistant à des pièces moins publicisées ou moins connues, Voir innove et donne un portrait plus complet de l'activité théâtrale de Montréal. Mentionnons toutefois que cet hebdomadaire distribue gratuitement jouit d'une spécificité "cuIturelle" que ne détiennent pas les trois quotidiens de notre corpus. Les résultats de la fréquence d'apparition et de l'espace global 8 ce journal respectent la même distribution. Les points les plus fréquents, tels que la mise en scène, le contenu du texte, le jeu et la qualité du texte, occupent aussi le plus d'espace. Cependant, lorsqu'on examine l'espace ciblé de chaque point, un écart notable s'impose en ce qui concerne le lieu. En espace global et en fréquence. ce point arrÏve au onzième rang, tandis qu'en espace ciblé. il trône au premier rang. En fait. ce point est rarement présent dans les critiques. mais, lorsqu'il est abordé. il occupe une très grande place. Les résultats concernant la fréquence des points dans Voir ressemblent assez aux résultats de l'ensemble de notre corpus, a l'exception du point quatre, le contenu du texte. Tous journaux confondus. ce point arrive en sixième position. alors qu'à Voir, il se classe troisième. De plus, il couvre une grande place dans les critiques puisqu'ii décroche la deuxième position dans les tableaux d'espace global et ciblé. Inversement. le point sur la fable, présent une fois sur trois, se retrouve en septième place au lieu de la quatrième position au classement général. Nous en concluons qu'au journal Voir, le contenu du texte théAtral est primordial. Les idées et les messages véhiculés dans une pièce priment sur l'histoire qu'elle raconte. Ce qui confirme l'orientation culturelle de cet hebdomadaire. Figure 3.4 Voir 1O Jeu Trois journaux sur quatre se démarquent donc par au moins un point de notre grille d'analyse. Le Journal de Montréal laisse beaucoup de place à la fable et au jeu, Le Devoir favorise les mises en relation, le journal Voir insiste sur le contenu du texte, Seule La Presse touche un peu à tout et ne se distingue pas vraiment par rapport aux autres journaux et, de ce fait, du corpus global. Nous nous proposons maintenant d'examiner le contenu des articles des journalistes-vedettes des quatre journaux, puis de les comparer aux résultats déjà obtenus. Nous serons ainsi en mesure d'établir si la production individuelle corrobore les données recueillies pour chaque journal. QUATRIÈME CHAPITRE ANALYSE DES ARTICLES DES JOURNALISTES-VEDETTES II est très fréquent qu'un acteur soit identifié a une troupe de théâtre précise, comme Michel Dumont à la Compagnie Jean-Duceppe. II en va de même pour certains journalistes. Quiconque lit des critiques de théatre associera Carmen Montessuit au Journal de Montréal et Robert Lévesque, au journal Le Devoir (du moins pour la période étudiée), parce qu'ils signent la plupart des articles. Ce sont les critiques de théâtre vedettes de ces journaux. Les deux autres que nous avons retenus, sur la base du critère quantitatif, sont Jean Beaunoyer (La Presse) et Luc Boulanger (Voir). Nous cherchons à vérifier si le contenu des critiques de ces journalistesvedettes va dans le sens des résultats obtenus dans les chapitres précédents ou s'il démontre une certaine singularité. De plus, nous nous intéresserons à l'appréciation générale que les critiques font des différentes pièces (positive. négative ou mitigée). Nous verrons si les réputations de chacun sont fondées. Puisqu'au Journal de Montréal il n'y a qu'une seule personne attitrée à la critique de théâtre (Carmen Montessuit), nous renvoyons le lecteur au début du chapitre précédent s'il désire consulter à nouveau les données. Nous reproduisons toutefois les résultats à la page suivante. Le critique principal du journal La Presse, Jean Beaunoyer, signe à lui seul 12 articles entre le 14 octobre et le 20 décembre 1994. Nous pouvons classer en Figure 4.1 Carmen Montessuit trois groupes les thèmes qu'il aborde. Beaunoyer, un homme de lettres, accorde beaucoup d'importance au texte, qu'il décortique 9 fois sur 10 grâce aux points 2, 3 et 4 (la fable, la qualité du texte et son contenu). Le deuxième groupe touche la partie spectacle » de la pièce, soit les points 7, 8, 9 et 12 (la mise en scène, la scénographie, le jeu et les impressions sur l'ensemble). II traite de ces points en moyenne 8 fois sur 10, c'est-à-dire à 75% pour la mise en scène, à 66% pour la scénographie, à 100% pour le jeu et à 75 % pour les impressions sur l'ensemble. Le dernier groupe englobe les éléments extérieurs à la représentation : les références sur l'auteur (point 1, 41%), le lieu théâtral (point 5, 25%), la troupe (point 6, 41%), la réaction du public (point 10, 25%) et la recommandation d'aller ou non au spectacle (point 13, 33%). Seule la mise en relation, point plus fréquent chez Jean Beaunoyer que chez la majorité des critiques de La Presse, ne fait partie d'aucun des trois groupes. En effet, comme son nom l'indique, elle met en relation différents points (le jeu avec un autre jeu, un texte avec un autre, un genre avec un autre, etc.). Ce point, avec une présence très élevée de 91%, sert surtout au critique à faire des rapprochements entre la production présente et des productions antérieures ou avec d'autres œuvres (cinématographiques, littéraires, etc.). Jean Beaunoyer écrit des textes assez homogènes, c'est-à-dire qu'aucun point n'occupe la majorité de l'espace, tous ont une place équitable si on se réfère Figure 4.2 Jean Beaunoyer 'OFrûquena d'appamn I Espace giobar ia Espace cible aux données réparties sur l'ensemble du corpus. D'ailleurs, i f existe peu de différences entre les résultats de l'espace global et ceux de l'espace ciblé. Robert Lévesque, le plus connu des critiques que nous étudions, s'avère sans doute aussi le moins apprécié de la communauté théâtrale. Il aime rarement les pièces qu'il voit (seulement 6 pièces sur 19) et formule sans ménagement ses commentaires. Lors de ses études à ['Université Laval, il a fait partie de la Troupe des Treize. comédien. II connaît donc bien les enjeux reliés au métier de Cultivé et lettré, il élabore longuement sur presque chacun des points de notre grille, qui reviennent entre 61% et 100%. Seuls trois points attirent rarement ou jamais son attention : le point 13 (la recommandation d'assister ou non au spectacle, 11%), le point I O (la réaction du public, 5%) et le point 5 (le lieu théâtral, 0%). II est l'unique critique à toujours faire des mises en relation et à leur consacrer beaucoup d'espace (global et ciblé), soit 13,2% en moyenne. Robert Lévesque aborde pratiquement tous les points, même s'il ne leur laisse pas toujours un grand espace. S'il se positionne souvent en marge des autres critiques et de la communauté théâtrale, il argumente en long et en large pour justifier ses points de vue. Figure 4.3 Robert Lévesque Au journal Voir, Luc Boulanger a assisté à 15 pièces sur une période de deux mois, ce qui donne près de deux critiques par semaine. Les fréquences d'apparition mettent en valeur les mêmes points que I'espace global. Ainsi la qualité et le contenu du texte, la mise en scène et le jeu surviennent fréquemment et prennent beaucoup de place, tandis que la réaction du public et la recommandation arrivent en queue de peloton. Cependant, en espace ciblé, il en est tout autrement. Par exemple, le lieu théâtral, qui n'occupe que peu d'espace global (3.1%) et dont la fréquence paraît faible ( 6.7%), accapare le plus d'espace réel (46%)! La même chose se produit avec le point sur la troupe. À obsewer les critiques de Luc Boulanger, nous constatons qu'il ne respecte pas de canevas de base. Aucun point ne revient dans tous ses textes. Le point le plus présent (la mise en scène, avec 93%) s'étend en moyenne sur 17.5% de l'espace (global et ciblé), tandis que le point le moins souvent critiqué (le lieu théâtral, avec 6%) prend près de la moitié du texte (46%) dans lequel il apparaît! Boulanger semble insister sur certains points de notre grille en fonction des aléas des représentations davantage que d'habitudes rédactionnelles bien intégrées. Les critiques abordent les mêmes points, mais dans des proportions et des pourcentages bien différents. En comparant ces résultats avec ceux des chapitres précédents, nous confirmons que le critique-vedette colore nettement Figure 4.4 Luc Boulanger le journal pour lequel il travaille. Tout en ne perdant pas de vue qu'il s'agit de pourcentage, Carrnen Montessuit. par exemple, met l'accent sur le jeu et la fable. Jean Beaunoyer, par l'homogénéité de ses textes, reflète bien le contenu des critiques théâtrales de son journal. De son côté, Robert Lévesque multiplie les mises en relation autant, sinon plus, que le reste de ses confrères au DevoirFinalement, Luc Boulanger présente les éléments qui l'ont le plus frappé, en accordant une place de choix au texte et à l'aspect culturel d'un spectacle, par l'utilisation des points 3 et 4. Nous n'avons pas encore abordé le point qui porte sur la cote générale de la critique, à savoir si elle est positive, négative ou mitigée. II est assez aisé de les coter. Si la majorité des points critiqués le sont de façon favorable, nous considérons l'article comme positif. II en va de même pour une cote négative. Si par contre, l'opinion émise est plutôt partagée, nous attribuons la cote mitigée. II est arrivé, quelques rares fois, que nous avons dû prendre une décision en fonction du ton général employé par le critique dans l'article. Peutêtre est-ce là que résident les plus grandes différences entre les critiques? Sur vingt-deux critiques répertoriées au Journal de Montréal dans la période donnée, seize sont positives, cinq négatives et seulement une est mitigée. De plus, dans ces six dernières critiques, la journaliste s'excuse de ne pas avoir vraiment apprécié le spectacle (pour différentes raisons) : u C'est vrai que dans les pièces classiques on a chacun sa vision sur la façon de jouer ou sur la distribution. (. ..) Mais les avis sont partagés là-dessus! ng C a n e n Montessuit conseille toutefois aux lecteurs d'assister quand même au spectacle pour se former leur propre opinion : « Bref, c'est un style de théâtre que, personnellement, je ne prise pas beauwup, mais peut-être aimerez-vous ça! »" Ainsi Carmen Montessuit donne quelques commentaires, mais elle invite les gens a aiguiser eux-mêmes leur sens critique. Jean Beaunoyer a critiqué douze pièces de théâtre : sept ont reçu une cote positive, une seule fut négative et quatre furent mitigées. Lorsque nous examinons de plus près les cn'tiques non positives, nous constatons que le journaliste déplore certains jeux ou éléments de mise en scène qui n'émeuvent pas ou paraissent inégales, ainsi que tout ce qui touche au texte, soit les thèmes, les sujets et la traduction. Au journal La Presse, très peu de pièces semblent inintéressantes ou carrément mauvaises. Presque toutes mériteraient d'être vues. Tout comme Carmen Montessuit, Jean Beaunoyer multiplie les critiques favorables aux spectacles. Robert Lévesque du Devoir représente l'image type du critique aguerri. C'est sans doute celui qui a assisté au plus grand nombre de spectacles différents et qui a lu et vu beaucoup de pièces d'ici et d'ailleurs. Nous serions portée à croire qu'il serait aussi le plus respecté par la communauté artistique. Or tel n'est pas le cas! En fait, Robert Lévesque est plutôt craint et détesté par la gent théâtrale. Certaines personnes ont même exigé, par pétition, son renvoi du Devoir. Le journal n'a pas acquiescé à cette demande, mais a alimenté le débat dans la presse écrite? Cette image de critique redoutable se confirme-t-elle dans notre corpus? Sur 19 pièces critiquées, six reçoivent les éloges du critique, onze se font descendre et deux obtiennent une appréciation mitigée. Ce palmarès est éloquent. Robert Lévesque ne critique pas pour autant à la légère. II étoffe son propos d'exemples, de citations et de mises en relation qui portent sur le jeu, la mise en scène, le décor et le texte. II semble bien que la compétence ait un prix.. . Luc Boulanger, du journal culturel Voir, suit la voie tracée par Robert Lévesque. Sur quinze critiques, seulement quatre sont positives. Les onze autres se voient attribuer une cote mitigée (trois) ou négative (huit). Peu importe son appréciation. Luc Boulanger commente toujours les textes (contenu ou mise en forme), les mises en scène et, parfois, les jeux. Que le texte soit contemporain, ciassique, québécois ou étranger, qu'il ait aimé ou non, Luc Boulanger ne bâtit pas sa critique en fonction d'un canevas de base, mais bien selon ses appréciations et ses intuitions du moment. Après ces résultats plus généraux, nous avons choisi de nous concentrer sur des textes plus spécifiques. Nous examinerons plus attentivement, dans le chapitre suivant, les pièces que les quatre journalistes-vedettes ont vues, soient George Dandin (TNM), Les Muses orphelines, Après la chute, Jeanne Dark et Don Juan. Bien que chaque journaliste aborde certains points au détriment d'autres, emploie des termes différents et développe un style bien à lui, peutêtre verrons-nous ressortir une certaine homogénéité dans l'appréciation générale? 33-MONTESSUIT, Carmen- (C La Mouette : Spirituel, grave et tragique », Le Joumal de Monfréal , 6 octobre 1994, p. 47. 34-MONTESSUIT, Carmen. 15 septembre 1994, p. 52. (î Prise de sang : Du théâtre violent », Le Joumal de Montréal, 35-À ce sujet, consultez les textes suivants : ANONYME. (c Le Théâtre de Quat'sous et Le Devoir: Buissonneau explique son boycott », Le Devoir, Montréal, 3 février 1984, p. 3. ANONYME. Un blâme à l'endroit des artisans de théâtre », Le Devoir, Montréal, 18 février 1984, p. 5. ANONYME. Les droits du critique », Le Devok, Montréal, 18 mai 1984, p. 3. BISSONNETTE, Lise. Pétition contre Le Devoir N, Le Devoir, Montréal, 24 janvier 1984, p. 7BISSONNETTE, Lise. Le Devoir et le théâtre n, Le Devoir, Montréal, 27 janvier 1984, p 12. CORMIER, Guy. (( Liberté du critique a, La Presse, Montréal, 28 janvier 1984, p. A3. COSSETTE, Gilles et al. « Un cas de censure? D, Letfres québécoise, no34, 1984, p.111. . LAURENDEAU, Marc. « Un procès de la critique à tenir selon l'équité D, La Presse, Montréal, 27 février 1984, p. A6. LEMIEUX, LouisGuy. (( Haro sur le critique ou sur l'intolérance? », Le Soleil, Québec, 20 févner 1984, p.A8. LÉVESQUE, Robert. (( Visite libre, au Quat'sous : Le crime de monsieur Faure B, Le Devoir, Montréal, 16 septembre 1983, p.5. CINQUIEME CHAPITRE ANALYSE DES CINQ PIÈCES CRITIQUÉES PAR LES QUATRE JOURNALISTES-VEDETTES Dans les chapitres précédents, nous avons exploré les treize points pouvant être présents dans une critique de théâtre. Nous avons aussi analysé statistiquement le contenu des critiques des quatre journaux et de leurs journalistes-vedettes. Cependant, le meilleur moyen de faire ressortir les différences et les similarités entre tous ces articles consiste à confronter des textes comparables. C'est pourquoi nous avons choisi d'approfondir les articles portant sur les cinq pièces que les journalistes-vedettes ont wtiquées. Nous aborderons ainsi, à tour de rôle, George Dandin, Les Muses orphelines, Après /a chute, Jeanne Dark et Don Juan. 5.1 George Dandin de Molière (Théâtre du Nouveau Monde) De cette pièce, Carmen Montessuit n'aborde que cinq points : l'auteur, la fable, la mise en scène, le jeu et les impressions générales, Au sujet de I'auteur, elle affirme que Molière a d'abord écrit La jalousie du Barbouillé, pièce qu'il a rallongée et qui est devenue George Dandin. En ce qui concerne la fable, elle la décrit assez superficiellement en indiquant que Dandin épouse Angélique pour grimper dans l'échelle sociale. Cette femme plus jeune que lui le cocufie et, chaque fois qu'il tente de prouver ce fait, c'est sur lui que retombent les torts. Montessuit déplore que le metteur en scène, Marcel Delvai, ait «gommé à peu près tout l'humour »= de la pièce et qu'il ait choisi de situer l'action dans une église. Fidèle à son habitude, elle trouve bons et excellents les comédiens. Elle précise que Normand Chouinard aurait pu émouvoir les spectateurs si le metteur en scène l'avait dirigé en ce sens. Finalement elle affirme ne pas aimer la pièce. surtout à cause de la mise en scène, mais indique que le spectateur qui partage la vision du metteur en scène l'appréciera sans doute. Carmen Montessuit rédige donc une critique plutôt négative. Pour sa part, Jean Beaunoyer fait une critique positive de cette production- II traite huit des points de notre grille : !a fable, la qualité du texte, le contenu du texte, le lieu théâtral, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la mise en relation. Dans sa description de la fable, Jean Beaunoyer va un peu plus loin que la critique du Journal de Montréal. II reprend à peu près les mêmes éléments qu'elle, en dessinant quelques traits de caractères des personnages : la famille d'Angélique semble obsédée par l'honneur, et l'intelligence d'Angélique paraît supérieure à celfe de Dandin. II louange le texte et souligne que Molière ne vieillira jamais puisque, trois cents ans plus tard, les spectateurs savourent encore ses personnages. Jean Beaunoyer déclare qu'il s'agit d'un drame moderne dans lequel Molière démasque les classes sociales et dévoile les couples sous un jour peu favorable. On y traite d'ambition et d'hypocrisie. Cette pièce a été peu jouée, car elle est demeurée longtemps incomprise. Jean Beaunoyer ajoute un bon mot sur le lieu théâtral : << Et quel plaisir de goûter à un tel spectacle dans un Théâtre du Nouveau Monde retrouvé. >pj7 Ce jugement est moins une critique qu'une observation positive. D'après Beaunoyer, le metteur en scène a transformé cette comédie en drame troublant, alors qu'il aurait été facile de sombrer dans le vaudeville ou dans la grossièreté. Or Dandin apparaît défait, fragile et émouvant. Pour la scénographie, le journaliste souligne que le choix du décor et des éclairages aident à convertir la comédie en drame. II qualifie le jeu de "retenu", dont celui de Normand Chouinard qui évoque des sentiments rarement exprimés, comme la pitié. Enfin, Beaunoyer met en relation le mariage de Molière et celui de Dandin. II démontre que, comme toute comédie, l'histoire de Dandin repose sur une infinie tristesse. À son avis, ce personnage comique essentiellement malheureux rejoint les Woody Allen, Charlie Chaplin et Olivier Guimond. Beaunoyer a apprécié la vision du metteur en scène, ce qui le démarque des trois autres journalistes-vedettes. Le critique du Devoir, Robert Lévesque, n'a pas aimé cette production. II insiste sur neuf points de notre grille : l'auteur, fa fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la mise en relation. Robert Lévesque soutient que Molière y va de sa plus grande charge contre les femmes infidèles, au moment ou il vit la même chose avec Armande Béjart. Au sujet de la fable, le critique décrit Dandin comme un pauvre homme, un jouet, que sa femme a berné dans une liaison adultère. De plus, Dandin ne réussit pas à convaincre ses beaux-parents de l'infidélité de leur fille. Du côté de la qualité du texte, Lévesque considère cette pièce autobiographique à part dans l'œuvre de Molière, car elle est construite différemment des autres. Son aspect pathétique lui donne un ton moderne et grave. Elle contient d'ailleurs peu d'éléments comiques. Le critique trouve cruelle la façon dont Molière dépeint les rapports humains. Cette production témoigne d'un grand professionnalisme, l'une des principales qualités du TNM, au dire du critique. La mise en scène, mi-sévère et mi-cynique, maintient la pièce à un niveau mineur. Selon Robert Lévesque, il aurait fallu aller plus loin dans le cauchemar. Le journaliste reconnaît que le décor est magnifique dans la pénombre. Le jeu cependant ne concourt pas au plaisir du spectateur. Ainsi Normand Chouinard, à ses yeux, ne parvient pas à se renouveler. Marie Tifo et Gilles Pelletier reçoivent toutefois ses éloges. Enfin, Lévesque, en citant Tolstoï (le célèbre auteur russe voulait attendre d'être au tombeau pour dire ce qu'il pensait réellement des femmes et ensuite refermer rapidement le couvercle), prétend que Molière devait partager le même point de vue sur les femmes. Le journaliste rappelle que plusieurs metteurs en scène ont eu cette vision de la pièce, notamment Roger Planchon. Lévesque range cette pièce grave dans la lignée des Don Juan et Le Misanthrope. Lévesque n'a pas détesté la mise en scène comme sa collègue Carrnen Montessuit, mais il désapprouve plusieurs autres éléments de la pièce, d'ou son article, somme toute, plutôt négatif. Luc Boulanger, du journal culturel Voir, a lui aussi attribué une cote négative à cette production du TNM. II passe en revue neuf points de la grille : l'auteur, la fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu et les impressions générales. Comme le fait le critique du Devoir, Luc Boulanger précise que cette pièce reflète la vie de Molière avec son épouse Amande Béjart. de vingt ans sa cadette. En quelques lignes, il rappeile que Dandin veut prouver à sa belle-famille qu'il est cocufié. mais, chaque fois, la situation se retourne contre lui. Le critique déclare qu'il ne s'agit pas de la meilleure pièce de Molière. Elle n'a pas l'étoffe des grands drames ni des Parfois loufoque, la pièce multiplie les dialogues légers et ne tragédies. développe guère de quiproquos subtils. « Par moments. ça ressemble à du Théâtre des Variétés qui aurait, par un prodigieux miracle, le panache d'un classique! D= Luc Boulanger affirme que le personnage de Dandin pourrait représenter un pauvre homme d'aujourd'hui qui aime péniblement et qui tente de communiquer son mal à la société. Le critique soutient que la compagnie du TNM s'est trompée en montant cette oeuvre puisque d'autres pièces s'avèrent plus fiches et plus actuelles que George Dandin. II déplore la lecture dramatique imposée par le metteur en scène et constate que ni le côté comique ni le côté dramatique de la pièce ne sont réussis. En ce qui a trait à la scénographie, Luc Boulanger fait ressortir la magnificence du décor, la somptuosité des éclairages et l'aspect dramatique de la musique. Du côté du jeu, le critique déclare que la distribution est solide, mais que la mise en scène affiche maintes faiblesses. Enfin, il conclut que cette production s'avère plutôt ennuyeuse. Luc Boulanger n'a pas aimé cette pièce pour des raisons différentes de celles de Robert Lévesque. Ainsi, seul Jean Beaunoyer a écrit une critique positive sur George Dandin. II a particulièrement savouré la vision du metteur en scène, que Camen Montessuit et Luc Boulanger n'ont pas prisée. Robert Lévesque n'a pas aimé la production, même s'il était réceptif au travail du metteur en scène. À son avis, celui-ci n'est pas allé assez loin dans la dramatisation. 5.2Les Muses orphelines de Michel-Marc Bouchard (Théâtre d'Aujourd'hui) Camen Montessuit a beaucoup aimé cette pièce. Elle la critique a l'aide de six points : la fable, la qualité du texte, la mise en scène, le jeu,la réaction du public et la mise en relation. Elle relate longuement la fable (28% de l'espace lui est accordé) et en révèle plusieurs moments importants. Elle insiste sur de nombreux détails qui n'apparaissent pas généralement dans un résumé. Pour la qualité du texte, elle se contente d'écrire qu'il est a très bon » avec « quelques touches d'humour de temps en temps Ensuite, Carrnen Montessuit mentionne que la mise en scène de René-Richard Cyr laisse un souvenir impérissable aux spectateurs et met nettement en valeur le texte. De plus, grâce à la direction d'acteurs, des comédiennes ont la chance de jouer des rôles inusités. En plus d'encenser le jeu de tous les comédiens, la journaliste décrit chaque personnage et le situe dans la dynamique de la pièce. Elle relate aussi l'ovation spontanée de plusieurs minutes que le public a réservée aux acteurs. Puisqu'elle avait vu la première version de cette pièce, Montessuit compare émouvante les deux productions et conclut que la plus récente est plus et touchante. Carmen Montessuit rédige une critique essentiellement positive de cette pièce. Jean Beaunoyer a lui aussi très apprécié cette pièce. II aborde presque tous les points, à l'exception de I'auteur et de la troupe. Son résumé de la fable est plus succinct que celui de sa collègue, il décrit la situation de chaque personnage avec précision sans en dévoiler les moments-clés. Concernant la qualité du texte, Beaunoyer indique que I'auteur a réécrit plusieurs scènes de sa pièce, l'une des plus belles de la dramaturgie québécoise. Selon le journaliste, Les Muses orphelines deviendra une pièce de répertoire et sera montée à maintes reprises dans les années à venir. II précise que le personnage d'Isabelle allège le drame sans jamais le faire tomber dans la bouffonnerie. En ce qui a trait au contenu du texte, Beaunoyer note que, sans être moraliste, I'auteur a écrit une pièce que tout parent devrait voir. Au-delà de l'anecdote, I'auteur règle le compte des familles brisées, des générations sacrifiées. Comme dans sa critique sur George Dandin, Beaunoyer glisse quelques mots sur le lieu théatral. II déplore en fait la largesse de la scène. À propos de la mise en scène, le journaliste insiste sur le dépouillement du décor et le peu d'accessoires utilisés. II ajoute que la scénographie se révèle la meilleure complice du metteur en scène et que la musique est remarquable. À l'égard du jeu, le critique ne tarit pas d'éloges: «le jeu des comédiens est admirable N, « la performance exceptionnelle », i< une belle rigueur >>, c< un plaisir manifeste B . public est sorti enchanté le soir de la première. Selon lui, le II met en relation cette production avec une autre qui a été montée il y a six ans. Le journaliste affirme que la production actuelle, plus mature, constitue l'une des plus grandes réussites de l'auteur. Même s'il réfère à la quasi-totalité des points de la grille, Beaunoyer n'émet aucun commentaire négatif et recommande chaudement cette pièce. Robert Lévesque aborde les huit points suivants : la fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène, le jeu, la mise en relation, les impressions générales et la recommandation. Le critique du Devoir n'a pas l'habitude de résumer la fable, or, dans cet article, il situe l'action jusqu'à en dévoiler presque la fin. Pour améliorer la qualité du texte, selon le critique, I'auteur a réécrit et resserré les répliques et l'histoire, de façon à proposer un nœud et une conclusion signifiante. Au dire de Lévesque, la pièce sonne le glas du concept traditionnel de famille et, en extrapolant, de celui du pays. Pour parler de la mise en scène, le critique multiplie les qualificatifs. Ainsi la mise en scène est sidérante, sublime, efficace; et la direction des acteurs, inventive, précise, subtile. Le critique ajoute que le metteur en scène a su placer ses comédiens dans un décor sobre et les entourer d'accessoires essentiels. En ce qui a trait au jeu, le journaliste puise de nouveau dans son répertoire de termes élogieux : a génie », << prodigieuse B, ic parfaite », cc sensible », « présence sourde m. II 71 compare aussi Les Muses orphelines avec les autres pièces de l'auteur. Le journaliste affirme que cette production est nettement meilleure que l'ancienne. Enfin, Robert Lévesque n'hésite pas à conseiller cette pièce a ses lecteurs. Luc Boulanger louange à son tour la production du Théâtre d'Aujourd'hui. II critique la fable, la qualité du texte, la mise en scène, la scénographie, le jeu, la mise en relation et fait une recommandation. Boulanger propose d'abord un court résumé des événements les plus importants. Le critique trouve l'écriture de l'auteur, qui mêle humour et émotion, très habite. Pourvue d'une solide structure et d'une grande finesse dramatiques, la pièce réussit, aux yeux du critique. à faire aimer ses personnages antipathiques et névrosés. Boulanger soutient qu'il s'agit de la meilleure mise en scène de René-Richard Cyr. La direction d'acteurs lui paraît également remarquable. La musique, le décor et les éclairages complètent admirablement le spectacle. Boulanger qualifie le jeu de réussi, sensible et juste. Cette production se démarque tellement de la précédente que le journaliste croit assister à une première. Tout comme Lévesque et Beaunoyer, Boulanger invite ses lecteurs à se rendre au Théâtre d'Aujourd'hui. Bref, cette pièce rallie tous les critiques, qui la comparent à la production précédente, mise en scène par André Brassard. Ils louangent la mise en scène de René-Richard Cyr et soulignent le travail de réécrîture de Michel-Marc Bouchard. La scénographie ainsi que le jeu ont aussi été très appréciés. 5.3 Après la chute d'Arthur Miller (Compagnie Jean-Duceppe) C'est dans Après la chute que Camen Montessuit aborde le plus de points de notre grille, soit huit : l'auteur. la fable, la qualité du texte, la mise en scène, la scénographie, le jeu, la mise en relation et la recommandation. En introduction à son texte, la journaliste indique que la pièce relate la vie de l'auteur, bien que les noms ne soient pas les mêmes. Plutôt que de résumer l'histoire, Montessuit énumère les personnages. et les comédiens qui les incarnent, et indique leur rôle dans la vie du personnage principal. Concernant la qualité du texte, elle déclare que la pièce, très intellectuelle, peut paraître longue. Par la suite, Montessuit insiste sur les principaux éléments de la mise en scène et en fait ressortir quelques trouvailles. La journaliste reconnaît que la scénographie vaut le coup d'œil. Elle émet une seule réserve pour le jeu d'un des comédiens, mais cette remarque vise peut-être davantage le metteur en scène, qui a eu l'idée de "dédoubler" le personnage principal. Carmen Montessuit fait peu de mises en relation et se contente, habituellement. de références générales, partagées par la majorité des gens. Or, dans sa critique, elle compare la scénographie d'Après la chute à celle du Rail de Carbone 14. Cette compagnie th&&trale, bien que fort connue, ne possède pas la notoriété du Théâtre Jean-Duceppe ni du TNM, que ses lecteurs doivent mieux connaître. Au point treize, malgré sa réserve face à !a qualité du texte, Montessuit s'appuie sur la distribution pour recommander la pièce. Cette critique se révèle somme toute positive même si elle insiste plus sur le jeu que sur la mise en scene ou la qualité du texte. La Presse se révèle aussi très favorable a la pièce. Bien qu'il traite de neuf points, Beaunoyer met l'accent sur la fable et la mise en scène. II aborde aussi la qualité du texte, la troupe, la scénographie, le jeu, la mise en relation, les impressions et la recommandation. Beaunoyer utilise en moyenne moins du quart de ses articles pour narrer la fable. Dans cette critique, il lui accorde près de la moitié de l'espace. II explique surtout les relations qui existent entre les personnages et note les ressemblances avec les gens qui ont gravité autour de Miller. Le critique prétend que, en voulant camoufler les personnes réelles derrière les personnages fictifs, l'auteur a réussi avec brio à les rendre encore plus vraisemblables. Sans nommer la troupe ni la compagnie théâtrale comme telle, Beaunoyer mentionne que ce groupe monte toujours, sans prétention, de grandes pièces théâtrales. Dans ses autres articles, Beaunoyer attribue près de 10% d'espace à la mise en scène. Dans le cas d'Après la quart de son texte à ce point. chute, il consacre le I! multiplie les louanges à l'égard d'Yves Desgagnés pour l'originalité et l'efficacité de sa mise en scene. En contrepartie, le journaliste n'emploie même pas une phrase complète pour signaler l'excellence de la scénographie et des éclairages. Bien qu'il reconnaisse la qualité générale du jeu, il insiste sur la performance de Maude Guérin, qu'il considère comme la révélation du spectade. Beaunoyer compare la pièce à d'autres productions auxquelles ont participé Yves Desgagnées et Sophie Lorrain. À la fin de son article, le journaliste formule une recommandation très claire : « (.. .) un spectacle à voir pour du grand Desgagnés et du grand théâtre toujours sans prétention. Robert Lévesque, même s'il est le seul des quatre à émettre de véritables réserves face à cette production, n'en rédige pas pour autant une critique négative, sa position est plutôt mitigée. II parle de l'auteur, de la qualité du texte, du contenu du texte, de la mise en scène, de la scénographie, du jeu, de la mise en relation et des impressions sur l'ensemble du spectacle. Robert Lévesque démontre l'étendue de son savoir en rappelant l'accueil que cette pièce a reçu lors de sa création et la façon dont Miller l'a vécu. À propos de la qualité du texte, le journaliste considère que la traduction n'est pas très réussie, mais que le texte, malgré sa lourdeur écrasante, possède tout de même une construction raffinée. II évoque les nombreux sujets abordés dans le texte, notamment les camps nazis, la malhonnêteté, l'image de l'américain type et ses convictions politiques. Un tiers de la critique porte sur la mise en scène et son concepteur. Lévesque hésite à prononcer un verdict de réussite ou d'échec. En dépit de la renommée d'Yves Desgagnés, le résultat final ne lui paraît pas concluant. L e journaliste admet cependant que la traduction, la lourdeur du texte et la supeficialité du jeu n'ont pas facilité le travail du metteur en scène. La scénographie occupe un peu plus de 10% de l'espace. Selon Lévesque, il en découle des moments troublants et magnifiques. Contrairement à Beaunoyer, Lévesque trouve le jeu des comédiens mécanique, mal contrôlé, superficiel, lourd et sec. II ne partage pas l'opinion de son confrère concernant Maude Guérin. II compare cette production avec une mise en scène antérieure de Desgagnés. Aux yeux de Lévesque, le spectacle demeure inachevé. Dans cette cBtique, les références biographiques servent d'arguments à Lévesque pour étayer ses opinions. Le critique de Voir, Luc Boulanger, a bien apprécié cette pièce, même s'il n'analyse que six points de notre grille: l'auteur, la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène, le jeu et la mise en relation. En quelques mots, Boulanger rappelle que l'auteur, de nationalité juive, se demande pourquoi il a survécu au génocide de son peuple. Le journaliste considère le texte comme touffu, surtout au premier acte alors que les personnages sont peu développes. Par contre, il préfère la deuxième partie, là où l'intrigue se resserre. Boulanger reprend, durant presque la moitié de sa critique, les grands thèmes abordés dans la pièce. À l'instar des trois autres critiques, Boulanger approuve les choix du metteur en scène d'avoir situé la pièce dans un wagon et d'avoir "dédoublé" le personnage principal. Cette pièce représentait un défi de taille que le metteur en scène a su relever avec brio. Par contre, il émet des réserves à propos du jeu de Michel Dumont, qualifie celui de Gilles Renaud et de Denis Bernard de juste, et encense celui de Maude Guérin. Très brièvement, le journaliste rappelle la réception critique négative de cette pièce. Signant l'une de ses plus longues critiques de notre corpus, Boulanger louange abondamment cette production. Trois critiques sur quatre ont donné une cote positive à cette production, et seul Lévesque lui a attribué une cote mitigée. En général, les critiques ont trouvé le texte lourd mais la scénographie réussie. Tous ne s'entendent pas sur le jeu et la mise en scène. En fait, trois critiques ont signalé le jeu juste et convaincant de Maude Guérin, tandis que Lévesque le considère comme lourd et superficiel, à l'égal de l'ensemble de la distribution, sauf en ce qui a trait à Michel Dumont. Si Montessuit ne comprend pas pourquoi Desgagnés, a "dédoublé" le rôle de Quentin, Robert Lévesque et Jean Beaunoyer apprécient cette trouvaille, qui rend la pièce moins narrative. Luc Boulanger, pour sa part, reproche au jeu de Michel Dumont (Quentin) d'être trop narratif... Comme on le voit, cette pièce a suscité plusieurs divergences d'opinion. D'ailleurs, selon Robert Lévesque, dès sa première présentation en 1964: « [...] After the fa// fut reçue comme une pièce prétentieuse et ratée, à laquelle la critique reprocha des longueurs et une complaisance autobiographique. 8" 5.4 Jeanne Dark de Bertolt Brecht (Théatre du Nouveau Monde) Dans une courte cri-tique négative, Carmen Montessuit touche sept points : la fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène, la scénographie, le jeu et les impressions sur l'ensemble. La journaliste effectue un très court résumé de l'histoire, qui n'occupe que 16% de l'espace, alors qu'habituellement elle consacre 42% d'espace à ce point. Montessuit trouve le texte ennuyant et froid. Voilà pourquoi, selon elle, cette pièce est rarement montée ici comme à l'étranger. La journaliste. même si elle se rapproche du résumé de la fable, expose surtout les enjeux sociaux et politiques des personnages. Peu bavarde sur la mise en scène, Montessuit souligne la rigueur et l'effet accrocheur du chœur masculin. N'entrant pas dans les détails scénographiques, elle note que le décor se révèle imposant et que la musique originale réserve de bons moments, notamment grâce au chœur des ouvriers. A ses yeux, la majorité des comédiens jouent d'une façon juste, à l'exception de la comédienne principale, Catherine Sénart, qui, malgré d'impressionnants solos chantés, n'est guère convaincante. Contrairement à son ambivalence habituelle, la journaliste termine son article en affirmant que le spectacle est très austère. La piètre qualité du texte l'amène à porter ce jugement. Même si la plupart des autres éléments soulevés par C a n e n Montessuit sont positifs, elle n'en rédige pas moins, dans l'ensemble, une critique négative. Jean Beaunoyer, de son côté, aborde huit des treize points de la grille : la fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu et les impressions générales. D'abord, il résume simplement l'histoire du personnage principal. Ensuite, tout comme la critique du Journal de Montréal, Beaunoyer trouve le texte écrasant. Cette lourdeur provient, à ses yeux, de l'aspect didactique du texte, nettement trop appuyé comme en témoignent les passages de propagande communiste. Le journaliste considère que la compagnie a fait un mauvais choix de pièce, vu le contexte et l'époque actuels. Bizarrement, le critique reproche à la mise en scène d'être trop rigoureuse. En revanche, l'une des grandes forces du spectacle repose sur la musique et les chants du chœur. Divergeant d'opinion avec Montessuit, Beaunoyer écrit que la performance de CatheBne Sénart est mémorable. De plus, l'interprétation de la distribution entière semble lui avoir beaucoup plu. Voilà pourquoi il considère le jeu comme l'autre point fort de la production. Malgré tout, le résultat final laisse le journaliste sur son appétit. II rédige donc une critique mitigée, sans mettre l'accent sur des problèmes particuliers, à l'exception de la lourdeur du texte. Lévesque est le seul critique à utiliser le titre original de cette pièce, Sainte- Jeanne-des-Abattoirs, dans son article. II traite de neuf points : l'auteur, la qualité du texte, le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu, la mise en relation et les impressions. Sans insister sur l'auteur. Lévesque indique que Jeanne Dark, l'une des plus vieilles pièces de Brecht. ne véhicule pas de valeurs universelles, contrairement à d'autres textes du même auteur. Lévesque juge la traduction banale et déplore que le texte ait subi de si nombreuses coupures. Le journaliste explique que le propos de la pièce porte sur la lutte des classes, le marxisme et le capitalisme. Or. dans notre société. cette pièce ne rejoint personne et affiche ainsi son anachronisme. Selon Lévesque. le TNM a commis une erreur en présentant cette pièce trop éloignée de notre réalité contemporaine. Le journaliste respecte la vision des metteurs en scène dans la mesure où ils la justifient. La mise en scène de Lorraine Pintal montre curieusement une Jeanne Dark étrangère aux préoccupations politiques et sociales. La metteure en scène a ainsi déshumanisé la pièce. au point d'en faire « un frigidaire théâtral D " . Lévesque conclut sa critique avec ironie : il qualifie la mise en scène de totalitaire, ce qui va à l'encontre même des idées de l'auteur. Contrairement aux trois autres critiques, Lévesque déclare que la musique n'apporte ni vitalité ni unicité à la scénographie froide et impersonnelle. Lévesque a tant détesté la mise en scène que les autres points de la pièce lui paraissent insignifiants, dont le jeu pseudo-robotisé et faible. Le journaliste compare cette pièce à celles du même auteur qui véhiculent des valeurs universelles. De plus, il évalue la musique en fonction de celle d'autres opéras. En somme, il estime que ce spectacle est anti-brechtien. Lévesque se révèle le critique le plus intransigeant envers cette production. Tout semble l'avoir agacé, en particulier le choix de la pièce et la mise en scène. Luc Boulanger ne réfère qu'à six éléments de notre grille : le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la mise en relation. II constate a son tour que le texte, en raison de son idéologie marxiste, est dépassé. Le journaliste blâme aussi le TNM d'avoir choisi de présenter ce spectacle. Le critique déplore que la forme de la production soit plus maîtrisée que le contenu. Pour une pièce qui véhicule un message politique, cela lui paraît assez problématique. Néanmoins, il précise que ceux qui apprécient le travail de Lorraine Pintal aimeront sans doute la pièce. Boulanger est le seul critique à dénigrer le choix des costumes. il trouve les chorégraphies efficaces et la musique excellente dans son ensemble, bien que les refrains ne soient pas aussi marquants que ceux d'autres pièces de Brecht. Comme Beaunoyer, il a aimé le jeu des comédiens, malgré la fébrilité de la comédienne principale. II tisse un lien entre les derniers changements politiques et sociaux de notre époque (la chute du Mur de Berlin, l'ère de la globalisation, etc.) et les idées transmises dans la pièce. Dans i'ensemble, Boulanger n'a pas apprécié cette production. Tous les critiques affirment que le texte est lourd ou ennuyant et se questionnent sur la pertinence de monter cette pièce. L'appréciation du jeu varie : Beaunoyer et Boulanger l'ont trouvé bon; Lévesque, mauvais et Montessuit hésite. Beaunoyer prétend qu'il aurait aimé ce spectacle n'eût été du texte. Sa position paraît quelque peu mitigée. Les autres critiques s'entendent pour déprécier ce spectacle. 5.5Don Juan de Bertolt Brecht présentée par la Nouvelle Compagnie Théâtrale. Malgré le titre de l'article qui laisse entendre le contraire (a Le Don Juan de Brecht : détestable B), la critique de cette pièce s'avère incontestablement positive. Montessuit passe sept points en revue : la fable, la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la mise en relation. Dans cette critique, la journaliste ne narre par réellement la fable, mais elle rapporte quelques mises en situation. Elle note que le texte à été raccourci d'une façon si efficace qu'on croirait entendre le texte original tellement il coule de source. A propos du contenu, la journaliste mentionne uniquement que cette pièce n'a aucune résonance politique. Montessuit indique, de façon très succincte, que la mise en scène rigoureuse permet de croire en la véracité des personnages. À ses yeux, le d&pouillement de la scène et les costumes sombres accentuent le drame de la pièce. Elle justifie son appréciation du jeu de Don Juan, Fabcice Pierre, par le fait qu'on le déteste au plus au point. Elle ne tarit pas d'éloges à son égard : « Si je voulais exagérer, je dirais que c'est lui qui a la pièce sur les épaules. »" Montessuit ne fait des mises en relation que dans un article sur trois environ. Dans ce c a s a . elle compare le personnage principal au Don Juan de Molière. Cette courte critique, qui ne contient que 316 mots. ne comporte aucune note négative et aborde tout de même brièvement plusieurs points. Jean Beaunoyer porte son intérêt sur six des treize points de notre grille : la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène, la scénographie, le jeu et la mise en relation. Le journaliste déclare que la réécriture de cette histoire connue nous donne une tout autre vision du personnage de Don Juan. Cette pièce ne soulève pas de grands problèmes politiques ni sociaux, mais, selon le critique. elle éclaire sous un nouveau jour le mythe de Don Juan. Don Juan y apparaît vil, sans cœur, ni compassion, bref il incarne le type même du minable dragueur. Grâce à la mise en scène alerte, cette pièce de deux heures file à grande vitesse. Le metteur en scène, au dire du journaliste, a parfaitement dirigé tous les comédiens qui parviennent à imposer leur personnage. Contrairement à sa collègue du Journal de Montréal, Beaunoyer n'a pas aimé le décor qu'il trouve trop dépouillé et d'une lamentable pauvreté, surtout que de nombreux sténographes québécois savent faire des merveilles avec presque rien. Jean Beaunoyer louange le jeu souple, intelligent et espiègle du comédien de Sganarelle, Nino D'ltrona, l'un des meilleurs interprètes de ce rôle. II souligne aussi le jeu métallique de Don Juan. qui aurait probablement plu à Brecht. Les rôles secondaires sont aussi bien campés, autant par les Français que par les Québécois. À l'aide d'une très courte mise en relation. Beaunoyer fait un rapprochement avec la pièce La Locandiera. Malgré une réticence du côté du décor, Beaunoyer rédige un article très favorable à cette production de Don Juan. Dans une critique assez mitigée, Lévesque fait part de ses retenues en abordant huit points : l'auteur, la qualité du texte, le contenu du texte, la mise en scène. la scénographie, le jeu, la mise en relation et les impressions sur l'ensemble du spectacle. Le journaliste décrit l'époque durant laquelle Brecht a écrit cette pièce et qui est à la source de ses principes politiques et sociaux. Lévesque évoque aussi un peu la vie privée de l'auteur, reconnu pour être, tout comme Don Juan, un homme à femmes. concernant la qualité du texte, le critique note que Brecht a su rendre l'esprit du jeu, le comique des situations, le clownesque de Sganarelle et l'enjeu principal du texte de Molière. II ajoute cependant que la sévérité du texte alourdit le spectacle. Lévesque fait ressortir les idées humanistes de Brecht, notamment lorsque Don Juan est puni pour avoir mené une vie de parasite et de débauché. Le journaliste trouve brillante l'idée du metteur en scène de monter cette pièce, dont la morale est communiste, dans les ruines d'un cirque. II ajoute que la clarté de la mise en scène donne un spectacle à la fois festif et sévère, ce qui correspond au mélange des genres de l'esprit brechtien. II précise cependant que la scénographie ne constitue pas le point fort de la pièce. Le critique déclare que le jeu des comédiens campant Don Juan et Sganarelle est parfait : l'un dans la bêtise et la faiblesse du goujat, l'autre dans le clownesque. En revanche, il n'a pas apprécié le jeu lourd et sans rythme des comédiens québécois. Le journaliste compare Don Juan à Jeanne Dark du même auteur, pièce montée par le TNM comme nous l'avons vu précédemment. Lévesque signale que le décor de Jeanne Drak trahit la pensée de Brecht, tandis que celui de Don Juan laisse entendre sa voix perspicace. Enfin, si le spectacle comporte des lourdeurs, dans l'ensemble, le travail est intelligent. Positif par moments, négatif en ce qui touche à la scénographie, au jeu des comédiens québécois et à la sévérité du texte, Lévesque rédige une critique mitigée. Boulanger compose une critique expéditrice de 286 mots, dans laquelle il survole huit points : le contenu du texte, la troupe, la mise en scène, la scénographie, le jeu, la mise en relation, les impressions et la recommandation. II retient d'abord que le personnage de Don Juan est un parasite social, un individualiste qui ne peut que finir dans la solitude. Le journaliste indique que c'est grâce à l'excellente initiative de la directrice de la Nouvelle Compagnie Théâtrale, qui a assisté à cette pièce en France, que nous pouvons la voir à Montréal. Le critique qualifie la mise en scène de remarquable. Selon lui, le décor donne un accent tragique à la pièce. Le journaliste reconnaît l'excellence du jeu de tous les comédiens, mais il souligne le jeu magistral et magnifique des comédiens principaux. Luc Boulanger note que le Don Juan de Molière et celui de Brecht ne pouvaient qu'être rejetés par leur communauté. Le critique range ce spectacle dans les productions de haut calibre. lecteurs d'aller voir cette pièce, ne serait* Il recommande à ses que pour savourer le jeu des deux comédiens principaux. Dans cette critique positive, Boulanger évoque plusieurs points, sans vraiment les approfondir. Au dire des quatre critiques, la mise en scène s'avère remarquable. Tous s'entendent pour affirmer que ce spectacle est beaucoup mieux réussi que la production de Jeanne Dark du même auteur. Le décor ne fait pas l'unanimité de même que le jeu des comédiens (français, italiens et québécois) puisque Montessuit, Beaunoyer et Boulanger trouvent le jeu juste et convaincant, tandis que Lévesque qualifie le jeu des comédiens québécois de lourd et mal rythmé. Les journalistes-vedettes ont aimé Les Muses orphelines, Don Juan et Après ia chute, si l'on fait exception des quelques réserves de Lévesque concernant les deux derniers spectacles. Les quatre critiques ont détesté Jeanne Dark et George Dandin, sauf Jean Beaunoyer, qui nuance sa position pour la première pièce et qui a aimé la seconde. Les critiques se rejoignent donc dans leurs jugements la plupart du temps, bien que certains accordent plus d'importance ou d'espace à certains points de la grille. Ainsi, une certaine homogénéité semble ressortir de leurs articles. Comme il se doit, le lecteur peut développer plus d'affinités avec un critique qu'avec un autre, même s'ils amvent à des conclusions seinblables. 36-MONTESSUIT, Carmen. « George Dandin au TNM : un Molière rendu sévère », Le Joumal de Montréal, 14 octobre 1994, p. 42. 37-BEAUNOYER, Jean. « George Dandin : un drame fort troublant », La Presse, Montréal, 14 octobre 1994, p. A-1 S. 38-BOULANGER, Luc- « George Dandin : le ciel peut attendre », Voir, Montréal, 20 octobre 1994. 39-MONTESSUIT, Carmen. (C Les Muses orphelines au Théâtre d'Aujourd'hui : un souvenir impérissable », Le Journal de Montréal, 20 octobre 1995, p. 55. 40-BEAUNOYER, Jean. « Après la chute :Du grand Desgagnés u, La Prese, Montréal, 31 octobre 1994, p. A-1 3. 41-LEVESQUE, Robert. « Tentative de sauvetage d'une pièce mal-aimée u, Le Devoir, 1er novembre 1994, p.68. 42-LEVESQUE, Robert. (c: Un Brecht à l'esthétique totalitaire », Le Devoir, 22 novembre 1994. p. B8. 43-MONTESSUIT, Carmen. « Le Don Juan de Brecht : détestable », Le Joumal de Montréal, 30 novembre 1994, p. 55. CONCLUSION Ce mémoire visait à analyser le contenu des critiques montrealaises de théâtre et à vérifier le lien possible entre le journal d'appartenance et la critique. Pour y parvenir, nous avons utilisé une grille d'analyse mise au point par Hervé Dupuis, professeur et auteur de théâtre, qui regroupe treize points. Nous avons appliqué cette grille à un corpus d'une centaine d'articles provenant du Journal de Montréal, de La Presse, du Devoir et de Voir lors de la saison automnale 1994. Nous avons établi une méthode de calcul qui tenait compte de trois facteurs : la fréquence d'apparition (nombre de fois que chaque point est traité par un critique dans l'ensemble de ses articles), I'espace global (I'espace qu'occupe un point dans la production entière d'un critique) et I'espace ciblé (I'espace octroyé à un point dans les textes ou il est abordé). Ainsi, le jeu, la qualité du texte, les impressions générales et la mise en scène reçoivent le plus de mentions, tandis que la réaction du public et le lieu théâtral occupent les derniers rangs. Les sept autres points se rangent entre ces deux pôles. Les critiques théâtrales au Journal de Montréal, qui, rappelons-le, vise un très large public, font référence à des éléments peu spécialisés. Nous avons observé que Carmen Montessuit, la journaliste attitrée au théâtre. accorde beaucoup de place à la fable et au jeu, et très peu à la mise en relation. Tout au plus fait-elle allusion à des pièces dont elle à déjà traité dans des critiques antérieures ou à des œuvres passablement connues. De son côté, La Presse. qui touche à tous les secteurs d'information au Québec. publie des critiques qui démontrent une tendance généraliste. Les articles de Jean Beaunoyer et de ses collègues abordent plusieurs points et se distinguent peu par rapport aux autres journaux. Reconnu comme un acteur social important, Le Devoir s'adresse à un public lettré et instruit. Ses critiques théâtrales misent à fond sur la culture et la curiosité intellectuelle de son lectorat et privilégient les mises en relations. Celles-ci ne se contentent pas seulement de sujets généraux. mais présentent des œuvres, des artistes. des personnalités et des événements qui ont marqué l'histoire théâtrale. Voir. l'hebdomadaire culturel, insiste sur le contenu du texte et sa qualité. et critique de nombreuses pièces dont les autres journaux ne font même pas mention. À l'exception de La Presse. nous constatons que les journaux tiennent des discours différents sur les pièces en conformité avec leurs orientations éditoriales. Nous avons aussi confirmé que le journaliste-vedette colore nettement le journal pour lequel il travaille. Oublions le cas de Montessuit, l'unique journaliste à publier des critiques théâtrales pour Le Journal de Montréal. Beaunoyer, par l'homogénéité de ses textes, reflète bien les résultats obtenus par La Presse. De son côté, Lévesque multiplie les mises en relation autant. sinon plus. que l'ensemble de ses confrères du Devoir. Finalement, Boulanger, de l'hebdomadaire Voir, présente les éléments qui l'ont le plus frappé, en accordant une place de choix au texte et à l'aspect culturel d'un spectacle. Enfin, en comparant les cinq pièces que les journalistes-vedettes ont critiquées, nous avons dégagé malgré tout un certain consensus dans les opinions des uns et des autres. Si tous les critiques insistent, dans des proportions variées, sur différents points de la grille, chacun développe son propre style et ses sujets favoris. Nous n'avons pas pour autant épuise la question de la critique théâtrale. Par exemple, une recherche pourrait déterminer pourquoi un lecteur préfère lire un journaliste plutôt qu'un autre. Est-ce par affinité d'esprit? Pour le plaisir du style et du ton employés? II faudrait aussi établir si la façon dont écrivent les critiques, les sujets qu'ils abordent et les pièces auxquelles ils assistent relèvent de leur choix ou de celui de leur journal respectif. La présence d'un plus grand nombre de points de notre grille dans un article ne rend pas forcément une critique plus compléte qu'une autre. Si dix sujets sont effleurés, le texte paraîtra épars et peu développé. Par contre, si quatre points sont abordés en profondeur (avec exemptes et citations), l'article semblera touffu. Pourtant, il nous amènera à nous questionner sur l'absence des autres points. En fait, le meilleur article doit chercher la nuance et l'équilibre. II incitera le lecteur ou le spectateur à se questionner et à se forger son opinion, et indiquera au praticien ce qu'il doit améliorer. De plus, une "bonne critique" n'est pas celle qui louange sans retenue, mais plutôt celle qui développe un point de vue constructif. Le critique peut. et doit. susciter un questionnement et une réflexion sur un spectacle ou une pièce. S'il ne détient pas la vérité absolue. ses connaissances et ses compétences peuvent éclairer sous un nouveau jour certains éléments d'une représentation. Le critique a aussi pour mission de répertorier le travail des artisans de la scène et de conserver vivante, dans la mémoire collective, la culture théâtrale d'hier et d'aujourd'hui. ANNEXE GRILLE D'ANALYSE D'HERVÉDUPUIS ARTICLE ANALYSÉ Cette grille d'analyse a été conçue par Hervé Dupuis et remise aux étudiants inscrits à son cours de critique de théâtre donné à l'hiver 1996 (FRR 109) à l'Université de Sherbrooke. Elle divise en treize points les sujets susceptibles d'être évaluée par un critique et fournit l'espace nécessaire pour préciser les noms des artisans (1) et des personnages (IP) ou pour ajouter des citations (IC). Dans "Autres I", le chercheur peut indiquer les noms qui n'entrent dans aucune autre catégorie. Pour les besoins de ce mémoire. j'ai ajouté, à la scénographie (point 8), les lignes "Générale" et "Son". C r i tique Nom de l'indexeur(e): , Journal : .- date: , 19 / / Titre de 1a pièce- la critique: Titre De la page-- d la page - Auteur de l a c r i tique: 2- LA FABLE 1- 3- LA QUAUTE DU TEXTE 4- LE CONTENU DU TEXTE TROUPE MISE EN SCENE SCÉNOGRAPHI E Masques Eciairages Décor O Costumes I: Musique 1 O- LA Mise REACTION DU PUBL 1 C en relation entre.--: 12- IMPRESSIONS du spectacle 1-[ 13- RECOMMANDATION Autres éléments: IP: IC: C r i t i q u e : posl t i v e , negJtive mitigée FI Nom da l'indexew(e): Jcurnal : J Titre d e la pièce: P f& *.L T i t r e de la c r i t i q u Auteur d e la critique: 2- LA FABLE II/3- CI 5 4 - LA à la page De la page- OUALITE OU TEXTE 4- LE CONTENU DU TEXTE TROUPE M 1 SE EN SCENE SCENOGRAPHIE r M a q u i i l ages Masques Eclairages I l 1: u Accessoires 1: Décor U r: costumes U Mi~Slaue 9- LE JEU riiSE en ,2- I relation entre ...: M ~ SW- I'enserrible ~ ~ du spectacle ~ ~ I ~ ~ 1 3- RECOMMANDATION Autres éléments: C r i t i m 10- 00s 1 t ive neqative I l mitiaée n IL c.c.;*h [l ~ = El BIBLIOGRAPHIE 1- Articles sur la critique de théâtre ANONYME. <c La critique à l'épreuve du rire : Ha ha! ... au T.N.M. » Cahiers de théâtre Jeu, no55, Montréal, Les Cahiers de théâtre Jeu inc., 1990, p. 126-134. 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BOULANGER, Luc. fi Joualez-moi d'amour », 22 septembre 1994. BOULANGER, Luc. K Parcours scénographigue : Chemin de traverse », 22 septembre 1994. BOULANGER, Luc. « Claude : Avec le temps », 22 septembre 1994. BOULANGER, Luc. « Equus : Cheval de bois P, 29 septembre 1994. BOULANGER, Luc. a La Mouette : Ciel variable », 6 octobre 1994. BOULANGER, Luc. « La Dernière Bande : Les grands explorateurs ». 13 octobre 1994. BOULANGER, Luc. u George Dandin : Le ciel peut attendre )),20 octobre 1994. BOULANGER. Luc. « Les Muses orphelines : Les bonnes grâces », 27 octobre 1994. BOULANGER, Luc. <C Après la chute : Le procès D, 3 novembre 1994. BOULANGER, Luc- c Les Mûres de Pierre », 10 novembre 1994. BOULANGER, Luc. « Jeanne Dark : Le rouge et le noir m. 24 novembre 1994. BOULANGER, Luc. « Don Juan : La vie a du charme D, l BOULANGER, Luc. « Grand hôtel des étrangers N, décembre 1994. le' décembre 1994. BOUtANGER, Luc. << Salvador : Soleil trompeur », 8 décembre 1994. LABRECQUE, Marie. (( Havel ... sous le manteau u, 15 septembre 1994LABRECQUE, Marie. (( Johnny, Carlotta et Kiki M, 27 octobre 1994. LABRECQUE, Marie. a Teible and her Derman D, 3 novembre 1994- LABRECQUE, Marie. K La jeune fille et la mort », 3 novembre 1994. LABRECQUE, Marie. K Caps : La famille stone », 17 novembre 1994. LABRECQUE, Marie. « Le pére Noël est une ordure : Barbe à papa », 15 décembre 1994. MANDALIAN, Isabelle.« Contes du temps qui passe n, 13 octobre 1994. MANDALIAN, Isabelle. (t Conte pour l'œil avide N, 20 octobre 7994. MANDALIAN, Isabelie. << Eddy : Coup de cœur », 10 octobre 1994. MANDALIAN, Isabelle. << Haché menu comme chair a pâté », 27 octobre 1994. MANDALIAN, Isabelle. Gaspashow », 17 novembre 1994. MANDALIAN, Isabelle. a La Espera D, 1 7 novembre 1994. MANDALIAN, Isabelle. « Marche de nuit D, 17 novembre 1994. MANDALIAN, Isabelle. a Arlequin, sewteur de deux martres 1994. MANDALIAN, Isabelle. D, 24 novembre Ils volent quand ils dorment », 1 décembre 1994. MANDALIAN, Isabelle. c Le Nez », 8 décembre 1994. MANDALIAN, Isabelle. « Les Muses mutines », i5 décembre 1994. Table analytique des matières Page Liste des figures Introduction Premier chapitre Méthodologie et corpus Deuxième chapitre Analyse globale du contenu des critiques Troisième chapitre Analyse des critiques de chaque journal Quatrième chapitre Analyse des critiques des journalistes-vedettes Cinquième chapitre Analyse des cinq pièces critiquées par les journalistes-vedettes 5.1 George Dandin de Molière (Théâtre du Nouveau Monde) 5.2 Les Muses orphelines de Michel-Marc Bouchard (Théâtre d'Aujourd'hui) 5.3Après fa chute d'Arthur Miller (Compagnie Jean-Duceppe) 5.4 Jeanne Dark de Bertolt Brecht (Théâtre du Nouveau Monde) 5.5 Don Juan de Bertolt Brecht (Nouvelle Compagnie Théâtrale) Page Conclusion Annexe A. 1 Grille d'anaiyse d'Hervé Dupuis A.2 Article analyse Bibliographie 88