cinéma Le Grand Logis, Bruz, Rennes Métropole projection dans le cadre du Festival national du film d’animation jeudi 8 décembre 2011 à 18h30 et mardi 13 décembre 2011 à 14h Une histoire du film publicitaire en France 1910-1970 Fignolés main Fignolés main Une histoire du film publicitaire en France 1910-1970 En France, la réclame fut associée très tôt au cinéma d’animation et permit à bon nombre d’artistes, au long du XXe siècle, de s’assurer une source de revenus régulière à laquelle pouvait se greffer une activité artistique d’auteur, souvent moins rémunératrice. Des années 1910 aux années 1930, les films étaient généralement réalisés par des auteurs déjà installés dans la profession, diversifiant ainsi leur activité. À partir des années 1930, de jeunes nouveaux apparaissent dans le monde du cinéma publicitaire, désormais sonore. Ils redoublent d’inventivité dans l’approche scénaristique et esthétique des produits ainsi présentés dans de véritables écrins, où l’humour le dispute à l’absurde. De la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1970, la publicité se développe considérablement : les productions américaines de retour sur le marché français après la Libération laminent le film d’auteur. Certains utilisent la publicité comme centre d’essais de nouvelles techniques ou laboratoire de recherche et ce marché interne, imperméable aux productions étrangères, offre un domaine d’activité protégé au niveau national. Les commandes de films furent garanties à partir de 1950, grâce à la naissance et l’organisation dans l’industrie cinématographique d’un secteur de la publicité. L’industrie du film publicitaire était née, organisée et regroupée en sociétés de production, régies publicitaires, distributeurs et surtout auteurs de films aujourd’hui injustement oubliés, qui, pour la beauté du geste, savaient concevoir des films “fignolés main”. Jean-Baptiste Garnero Archives françaises du film du CNC Conception graphique : Dupont & Barbier Crédits : Eau Chaude 61, DR Cinéma Nouveau, Collections CNC. Chiffres, DR - Cinéma Nouveau, Collections CNC ; Le Joueur, DR - Exxonmobil, Collections CNC ; Rock a ballet, DR - Collections AFCA ; Eau Chaude 61, DR - Cinéma Nouveau, Collections CNC ; Sièges, DR - Collections AFCA. Et toutes les marques et produits présentés dans ce programme : Bally (Giuseppe Panico) Société BIC (Claire Gérard) Dop – L’Oréal (Olivier Péquin) Esso (Emmanuel du Grandrut) Guerlain (Clémence Dichamp) Laines du Pingouin (Dominique Detret) Médiathèque EDF (Jean-Baptiste Baldi) Michelin (Sylvain Leynaert) Nestlé (Christel Lacarrière) Pernod (Sylvie Marchenaud) Renault (Frédérique Berry) Saint-Gobain (Michel Gimbert) Groupe SEB (Danielle Brocard) Nous souhaitons remercier pour leur aide et leurs aimables autorisations : L’AFCA (Denis Walgenwitz, Juliette Crochu) CITIA (Laurent Million, Floriane Bertez, Ferréole Lespinasse) SCAM SACD Anna Berg Jeannine et Christiane Clerfeuille Marco de Blois et la Cinémathèque québécoise Brigitte Delpech Emmanuel Dozon-Colpi Raoul Franco Claude Fusée Jean-Pierre Ganancia Films Paul Grimault (Henri & Paulette Grimault) Tess Mallinson Foldes Véronique Martingay (La Collection) Caroline Mineur & Médiavision Nathalie Noé (TWBA) Marc-Antoine Payen Succ. Watrin & Champeaux Hand polished is a programme from the CNC French film archives restored collections and also made up from its AFCA and CITIA film collections. Fignolés main est un programme conçu par les Archives françaises du film du CNC (www.cnc-aff.fr), à partir de leurs collections de films restaurés et en collaboration avec L’AFCA (Association française du cinéma d’animation – www.afca.asso.fr) et de CITIA (Cité de l’image en mouvement – www.citia.org). Hand Polished A history of advertising films in France from 1910 to 1970 Commercials were associated with animation very early on in France and allowed a number of artists to secure a regular source of income throughout the 20th century that could be added to their less lucrative independent artistic projects. During the years from 1910 to 1930, the films were generally made by film makers already established in the profession, which gave them more variety in their work. After this, new talents began to appear in the world of cinema advertising that also now had sound. They brought a more adventurous approach to the scenarios and look of the products that were presented in spectacular settings full of humour sometimes bordering on the absurd. Advertising grew considerably from the end of the Second World War through to the 1970s, essentially because American productions, back on the French market after the Liberation, were swamping auteur films. Film makers began to use advertising as a research lab or testing ground for new techniques and this internal market, impervious to foreign productions, offered a field of activity that was protected on a national level. Film commissions were guaranteed from 1950, thanks to the advent and organisation of an advertising branch within the film industry. The film advertising industry was born, organised and grouped into production companies, ad agencies, distributors and especially film makers now unjustly forgotten, who, for the beauty of the gesture, knew all about “hand polished” their films. Jean-Baptiste Garnero CNC French Film archives Fignolés main / Hand polished Une Histoire du film publicitaire en France 1910-1970 Le Joueur * Dimka, 1963, 1 min Cinéma Le Grand Logis, Bruz – jeudi 8 et mardi 13 décembre 2011 Durée 65 min. Diffusion en 35 mm & vidéo numérique* Toto s’instruit Anonyme, 1931, 1 min Berlingots Etienne Raik, 1969 ?, 1 min Brosse, peigne et… Etienne Raik, 1965 ?, 1 min Une marque qui se met en 4 Jeannine & Christianne Clerfeuille & Raoul Franco, 1957, 1 min Prestige Etienne Raik, 1965 ?, 1 min Prenez-en de la graine Antoine Payen, 1950, 2 min Les Preuves du feu (secrets de fabrication)* Pierre long, Paul Grimault, 1954, 5 min Jeu d’Eclipse Etienne Raik, 1950, 1 min Elle court, elle court Etienne Raik, 1965, 2 min Messager de la lumière Paul Grimault, 1938, 2 min Qui perd... gagne ! Paul Grimault, 1938, 1 min Chiffres, Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1966, 1 min Le Bœuf Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1958, 1 min Quelques mots sur… Jeanine & Christianne Clerfeuille (1927) Jumelles dans la vie et parfaites duettistes au cinéma, ces deux élèves des beaux-arts s’orientent un peu malgré elles vers le cinéma d’animation. Commençant d’abord chez Grimault, avant de créer leur propre atelier en plein centre de Paris. Ces deux Triplettes de Belleville (qui en valent trois à elles deux) réalisent et supervisent des films – personnels, avant-gardistes et parfois loufoques – dès les années 1950 pour les structures publicitaires telles que, les Cinéastes associés (80 films), Cinéma Nouveau (45 films), Jean Mineur (30 films). Rares femmes dans un univers professionnel peuplé d’hommes, elles signeront presque 200 films publicitaires entre 1954 et 1975. Auteurs de plusieurs courts métrages pour Pierre Braunberger, 1880 (1963), Le Renard et le corbeau (1971), La Tortue et le renard (1970), elles participeront également à l’animation de quelques personnages du film de René Goscinny et Albert Uderzo, Les Douzes travaux d’Astérix (1976). Jean-Baptiste Garnero Peter Foldès (1924-1977) Originaire de Hongrie, il émigre à Londres après avoir fait les beaux-arts de Budapest. Il réalise ses premiers films en Grande Bretagne et se fixe en France à partir de 1958 tout en poursuivant deux carrières de peintre et d’animateur. Dans les années 1960, Peter Foldes travaille pour le Service de Recherche de l’ORTF et devient l’un des pionniers de l'animation par ordinateur. Son film La Faim reçoit le Prix du Jury dans la catégorie courts métrages au Festival de Cannes en 1974. Il réalisa aussi à partir de 1960, une vingtaine de films pour la télé. Jean-Baptiste Garnero « [Foldès] est l’un des plus singuliers représentants de l’école de Paris de l’animation. Il représente le mieux sans doute, avec Robert lapoujade, ce nouvel art de créer à la fois sur la toile et sur la pellicule dont rêvait Fernand Léger. » Pierre Philippe in Petit dictionnaire du Cinéma d’animation français (Montréal1967) Passons à table Jean-Pierre Rhein & Etienne Raïk, 1960 ?, 1 min 14 juillet à Nutsville Etienne Raik, 1965, 2 min Opéra Bœuf Bernard Lemoine & Henri Colpi, 1957, 1 min Frrr… ! Etienne Raik,1969 ?, 1 min Evasion Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1956, 1 min Histoire céleste Raymond Peynet, 1948, 2 min Symboles Etienne Raik, 1947, 1 min Rock a ballet Etienne Raik, 1965, 2 min Les Allumettes fantaisistes * Emile Cohl, 1912, 4 min, muet Empreinte * M. Andrieux & Bernard Brevent, 1966, 1 min «X» * J.-P. Rhein & Etienne Raïk, 1955?, 1 min Renault* A. Champeaux & P. Watrin, 1960, 1 min L’Entraîneuse Anonyme, 1925, 1 min, muet Panne de pneu Robert Lortac & Mallet, 1920, 2 min, muet La plus belle conquête de la femme… Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet J’en veux une ! Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet Une Histoire crevante Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet – Cinémathèque J-P Ganancia : Générique G. Spot production * Peter Foldès, 1972, 30 sec L’Amoureux * Dimka, 1963, 1 min Jean-Pierre Ganancia (1924) Ancien élève de l’IDHEC, Jean-Pierre Ganancia commence sa carrière avec Pierre Rémont qui vient de créer une maison de films publicitaires et qui lui propose de l’engager comme réalisateur. Il réalisera entre 1948 et 1970 plus de 4000 films publicitaires dont certains furent primés à Cannes. En 1971, il crée sa propre structure G. Spot Productions et devient à son tour producteur tout en restant réalisateur. 1000 films seront ainsi produits entre 1971 et 1999, notamment avec Peter Foldès et ses ordinateurs d’images graphiques. Paul Grimault (1905-1994) Formé à l’Ecole Germain-Pilon (devenue l’Ecole des arts appliqués), Paul Grimault travaille dès l’âge de 17 ans comme dessinateur de meubles à l’atelier d’art Pomone des magasins du Bon-Marché. Il y dessine des maquettes de meubles et y agence des vitrines. Après son service militaire, il entre au début des années 1930 dans la société de publicité Damour et fait la connaissance de Jean Anouilh, de Jean Aurenche et de Jacques Prévert. Proche du groupe Octobre, il y fait ses premières armes, apprenant son métier dans ce lieu de passage, de rencontres avec la presse, le cinéma, la publicité et le graphisme. Paul Grimault participe alors à diverses activités dans le domaine du cinéma expérimental et publicitaire (notamment pour les meubles Lévitan), et il interprète quelques rôles aux côtés de Jacques-Bernard Brunius (cinéaste, écrivain et comédien, proche des surréalistes), de Marcel Carné, de Max Ernst, de Roger Blin ou de Denise Bellon. Sur le conseil de Pierre Prévert, Grimault fonde en 1936 avec André Sarrut la société de production Les Gémeaux et se spécialise dans le dessin animé publicitaire de commande. (…) Les premiers films des Gémeaux, bien que réalisés avec peu de moyens, font éclore un cinéma d’équipe dans lequel chacun trouve sa place, partage les tâches et les réussites. Nous sommes à une époque de liberté, avant la naissance du Front populaire, et déjà le cinéma de Grimault s’inspire des luttes sociales et politiques des années 1930, met en scène dominateurs et dominés avec une écriture qui lui est propre. Passant du film joué au film dessiné, Grimault met à profit son univers poétique chargé de valeurs humanistes, aux couleurs traitées image par image (…) Eric Le Roy, in Du Praxinoscope au cellulo, un demi-siècle de cinéma d’animation en France, éd. CNC, Paris 2007 Le Coléreux * Dimka, 1963, 1 min Chamade * Peter Foldès, 1970, 1 min Ordinateur * Peter Foldès, 1970, 1 min Lave-linge * Peter Foldès, 1972, 1 min Lave vaisselle * Peter Foldès, 1972, 1 min Gamme * Peter Foldès, 1972, 1 min – En Toute saison Etienne Raik, 1954, 1 min Les 4 qualités du poil de Lama Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1954, 1 min Cravates, chaussettes, bas nylon… Etienne Raik, 1969 ?, 1 min Exercice de style : Lignes Etienne Raik, 1965 ?, 1 min Exercice de style : Styles Etienne Raik, 1965 ?, 1 min Exercice de style : Formes Etienne Raik, 1965 ?, 1 min Cette nuit là Avec Paul Grimault, 1935, 1 min Célamine Etienne Raik, 1969 ?, 1 min Lumière & reflet Etienne Raik, 1970?, 1 min Eau chaude 61 Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1961, 1 min Sièges Etienne Raik, 1970 ?, 2 min Arphone téléviseurs Anonyme, 1967, 2 min Programme sous réserve de modifications. Programme subject to possible changes. Lortac (Robert Collard) 1884-1973 Lortac fut peintre, créateur, animateur, producteur et réalisateur de plus d’une centaine de dessins animés. Il débute des études de peinture aux Beaux-arts, puis de 1906 à 1914, croque des comédiens de théâtre, illustre les comptes rendus des pièces. Début 1914, Lortac réalise son premier film, Le Savant Microbus et son automate, une courte bande comique, en prises de vues réelles, dans la lignée traditionnelle du cinéma muet des années 1910. La guerre éclate, il part au front. Blessé en mai 1915, puis réformé, il se tourne vers le dessin animé. Il fait ses premiers pas avec des films de pantins pour inciter les Français à acheter des bons de la Défense nationale. Ce sont des bandes de quarante secondes, insérées dans les actualités de l’Eclair-Journal. A cette occasion, il rencontre Emile Cohl. Le cabinet Clemenceau le charge de collecter des fonds pour la guerre et l’envoie un an aux Etats-Unis, présenter une exposition itinérante d’œuvres d’artistes français mobilisés. De retour en France en 1919, imprégné de ses découvertes américaines comme les bandes dessinées de Winsor McCay (Little Nemo) ou ses visites des studios de dessins animés, Lortac fonde à Montrouge sa propre firme. Son atelier grouille d’activités et une quinzaine de personnes et cinq caméras mettent en œuvre diverses techniques comme le banc-titre, les poupées animées, la prise de vues réelles… Parmi ses collaborateurs et amis les plus fidèles, on relève Cavé, Landelle et Cheval, Rigal et Payen, dont les noms s’imposeront comme des références du cinéma d’animation dans les années 1940 et 1950 mais aussi Louis, Mallet, Maleva, Quésada, le futur affichiste Savignac (…) Ces courts films d’animation commentent avec humour les événements récents et prennent place parmi les actualités hebdomadaires Pathé. En 1923, il réalise toute une séquence avec Cavé et Rigal pour le film de Pière Colombier, Les Etrennes à travers les âges, produit par Gaumont. Malgré ces fictions, documentaires et actualités, Lortac a du mal à faire fructifier son affaire. Il relance sa production avec l’idée géniale du dessin animé publicitaire, qu’il eut dès 1918, avant tout le monde. Il a déjà réalisé en 1919 une publicité pour une poudre antimite La Mite au logis, pour un produit parapharmaceutique, le Globéol (Titre oblige…), pour un livre pour enfants (Petit poisson deviendra grand), pour le parfum Arys (Comment l’amour s’empare des cœurs, 1920). Il met ses compétences artistiques au service de la maison Cointreau, produit à la demande de Citroën une série de réclames, ainsi qu’une publicité pour les bougies Eyquem, (L’Entraîneuse, 1920). Entre 1923 et 1930, sous l’emblème de Publi-Ciné fondé en 1925 par Lortac, l’entreprise prospère. La production s’enrichit de nombreux films publicitaires. Dix-sept films sont commandités par les vins Nicolas, quasiment tous réalisés en collaboration avec l’un de ses dessinateurs amis: Rigal, Cheval, Ragonneau, Payen, Louis ou encore Mallet (…) Pierrette Lemoigne, Du Praxinoscope au cellulo, un demi-siècle de cinéma d’animation en France, éd. CNC, Paris 2007 Etienne Raik (1904-1976) Originaire de Baja en Hongrie, Etienne Rajk, dit Raïk, arrive à Paris en 1924, après avoir suivi des études à l’école des Arts décoratifs de Munich. Il commence sa carrière comme décorateur pour des théâtres parisiens et devient l’assistant d’Alexandre Alexeieff, notamment pour les décors des spectacles de Georges Pitoëff. Il aborde le cinéma, toujours grâce à Alexeieff, dans les années 1930, pour des productions de films publicitaires en couleurs. La guerre disperse cette équipe et Raïk est incorporé à Alger où il réalise son premier film en marionnettes en 1943. C’est en 1947 que sa vocation de cinéaste dédié aux films publicitaires commence, et ne cessera que 30 ans plus tard. Sa carrière prend un essor considérable dans les années 1950, et Raïk réalisera de nombreux films publicitaires pour Les Cinéastes Associés, Jean Mineur, Cinéma Nouveau et pour sa propre structure, Les Films Etienne Raïk. En dépit de la reconnaissance de la profession aussi bien en France qu’à l’étranger, au regard de son travail d’orfèvre et de sa filmographie estimée à plus de 200 titres, Etienne Raïk reste aujourd’hui, contrairement à Alexeieff, un cinéaste injustement oublié. Jean-Baptiste Garnero