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CONOMIE
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NTERNATIONALE
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ACULTE
DES
S
CIENCES
J
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CONOMIQUES ET
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EVELOPPEMENT
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CONOMIQUE
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NIVERSITE
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La Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de
Casablanca et l’Equipe de recherche
Economie
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Internationale et
Internationale et Internationale et
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Développement
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Economique
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organisent un
colloque international sur le
thème « Le libre-échange entre les vertus incantatoires de la théorie et les
enseignements pratiques des faits », à Casablanca les 13 et 14 novembre 2015.
Appel à communications jusqu’au 20 mai 2015.
L’ouverture des économies prônée pendant plusieurs décennies à l’ère de la
mondialisation : résultats probants ou déboires ?
L’ouverture des économies a inspiré en économie toute une série de travaux depuis au moins le début
du XVIIIème siècle. Ne reconnaît-on pas, en effet, à l’Anglais Henry Martyn d’avoir réalisé, en 1701,
la première étude rigoureuse
1
sur le libre-échange en démontrant le manque à gagner pour l’économie
britannique en termes essentiellement de revenu national et de chômage face au monopole exercé par
la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et les restrictions qui en découlaient sur les
importations britanniques en provenance de l’Inde ? N’avait-il donc pas initié la voie vers une
apologie quasi-inconditionnelle du libre-échange qu’allaient emprunter à sa suite d’abord les grandes
figures de l’Ecole classique, Adam Smith et David Ricardo notamment, et ensuite, dans la première
moitié du XXème siècle les théoriciens des dotations factorielles qui reprenaient en les
approfondissant, dans le cadre du Théorème H.O.S., ses idées relatives à l’application de la division du
travail au commerce international ?
Pourtant, bien que l’on se soit employé, dans le cadre de la doctrine classique, à louer les vertus du
libre-échange pour les pays qui s’ouvrent au commerce international, n’a-t-on pas remarqué que les
premières entorses à son principe venaient justement de cette même doctrine lorsque Robert Torrens,
l’économiste britannique classique ayant livré, avant David Ricardo, la première version du principe
de l’avantage comparatif, procéda à une révision critique du libre-échange en démontrant que la
réciprocité commerciale est bien plus avantageuse pour un pays que le libre-échange décrété
unilatéralement ? Cette première objection sur le plan théorique n’a-t-elle pas été suivie par nombre
d’oppositions au libre-échange nourries par des expériences vécues ça et là dans plusieurs régions du
monde ? D’un certain Alexander Hamilton
2
aux Etats-Unis d’Amérique qui prônait la protection des
industries américaines naissantes par l’octroi de subventions destinées à leur permettre de se protéger
contre la concurrence britannique, à l’Allemand Friedrich List qui défendait le principe d’ériger des
barrières douanières pour « la protection des industries dans l’enfance » et fortifiait ainsi la tradition
protectionniste, ces positions anti libre-échangistes n’ont-elles pas connu un franc succès dans leurs
pays respectifs, en s’influençant probablement d’une façon mutuelle, quand bien même elles ne purent
fondamentalement enregistrer aucune avancée théorique notable ? Paul Bairoch n’a-t-il pas démontré,
chiffres à l’appui, que le protectionnisme a favorisé la croissance de l’Europe et des Etats-Unis
d’Amérique au XIXème siècle ?
Si ces interrogations, justifiées par des considérations d’ordre historique, montrent combien il est
difficile de considérer le libre-échange comme un principe autour duquel une large unanimité a été
réalisée, elles ne doivent pas non plus, derrière la transparence sémantique
apparente du terme,
1
Henry Martyn, Considerations on the East-India trade, for J. Roberts, Warwick-Lane, London, 1701.
2
Premier Secrétaire au Trésor, il publia en 1791 un Rapport sur les manufactures dans lequel il précisait les
caractéristiques de ce que serait une nation industrielle en préconisant des subventions aux industries naissantes,
des restrictions aux importations et l’instauration de tarifs douaniers. Sous son influence, ces derniers connurent
une augmentation continue pendant la dernière décennie du XVIIIème siècle.