XåàÜt|à wâ àxåàx
(Acte1, scène 2)
FOUQUET
Vatel, mon fidèle Vatel... vous savez combien la situation est importante pour moi. Songez : Sa
Majesté a exprimé le désir de voir les derniers embellissements du château et nous fait l'honneur
de sa présence... Je veux que l'inauguration de mon domaine reste dans toutes les mémoires
comme l'une des plus belles fêtes de notre temps. Il en va donc de mon honneur ! Tout ne doit
être que magnificence. Ne comptez pas à la dépense !
VATEL
A ce propos, Monseigneur, je me suis alloué les services de Denise qui nous arrive tout juste de sa
campagne béarnaise où elle a servi de fort bonnes maisons. Elle est ici pour aider le contrôleur
général de la chambre : au service et au linge. Cette Denise a de la tête. Elle est
jeune, vive, quoique un peu naïve sans doute. Mais j'ai dans la pensée qu’elle s’accommodera
aisément des tâches qui lui incombent.
FOUQUET
Très bien. Vous avez raison, elle est en tous points charmante... (C
omme il s'apprête à sortir
).
Les musiciens, a-t-on envoyé chercher les musiciens?
VATEL
Ils sont arrivés ce matin, Monsieur.
FOUQUET
Ce matin seulement ! Lully sera-t-il prêt ? Il m'a promis pour le souper de ce soir une pièce inédite
pour vingtquatre violons...
VATEL
N'ayez crainte, Monseigneur, les festivités seront à la hauteur de votre grandeur. On parlera
longtemps de cette journée. Quant aux divertissements de la soirée, ils vont sans l'ombre d'un
doute, ravir l'assemblée tout entière. A commencer par le Roi...
FOUQUET
Plaise à Dieu ! (
Il se signe
) Dites-moi, Vatel, connaissez-vous
Les Fâcheux
la nouvelle comédie que
donnera pour la première fois Molière dans le théâtre de verdure ? Il fait bien des mystères de son
oeuvre... Je suis fort impatient d'assister au spectacle. Je me souviens de sa précédente pièce
L'Ecole des Maris
qu'il a donnée au château l'an dernier. Que de rires et d'enchantements ! Ah,
décidément, il n'y a que dans l'art que je trouve calme et repos...
(Il sort)
Scène 3. Denise entre côté laverie.
DENISE
Ne serait-ce pas le Surintendant en personne que je viens de croiser ?
VATEL
Lui-même.
DENISE
Il me semblait bien agité...
VATEL
Pour le moins. Mais dites-moi Denise, tout se passe-t-il comme il se doit dans les communs et
dans les appartements ?
DENISE
Les chambres ont toutes été attribuées. Le contrôleur général de la chambre a, en outre,
réquisitionné toutes les auberges des villages avoisinants où seront encore logés des dames, des