ainsi que les contributions de Joel Kovel, Juan Martinez Allier, Francisco Fernandez
Boeuf, Jorge Riechman, Jean-Paul Déléage, Jean-Marie Harribey, Elmar Altvater,
Frieder Otto Wolf, entre autres6
A partir d'une autre praxis politique, le mouvement indigène latino-américain
est devenu l'une des forces sociales les plus actives et mobilisatrices dans la lutte
pour la défense « de la Terre Mère » ou « Pacha Mama »7, la préservation de
l'environnement et l'utilisation durable des ressources naturelles. La Conférence des
Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre Mère, qui s’est
déroulée à Cochabamba en Bolivie en avril 2010, en est la preuve. Après les
résultats peu convaincants du quinzième Sommet des Nations Unies sur le
Changement Climatique, à Copenhague, fin 2009, qui n'avait débouché sur aucun
accord sérieux sur la réduction des gaz à effet de serre dans le monde, ni sur le futur
protocole de Kyoto, l’invitation du président Evo Morales réussit à mobiliser plus de
trente mille activistes, environnementalistes, membres de mouvements sociaux,
leaders sociaux et politiques, et intellectuels du monde entier, qui se sont réunis
dans la ville de Tiquiyapa pour discuter non seulement des effets du changement
climatique mais aussi de ses causes. Encouragés par le message inaugural du
président Morales: « Le capitalisme est synonyme de dénutrition, la capitalisme est
synonyme d'inégalité, synonyme de destruction de la Terre Mère. Soit le capitalisme
meurt, soit c’est la Terre qui meurt», le sommet de Cochabamba proposa la création
d’un Tribunal International de Justice Climatique avec pour objectif d’organiser un
espace d'action et de mobilisation de la société civile et des mouvements populaires
de défense de la nature et de l'environnement.
Cette position avant-gardiste planétaire du mouvement indigène latino-
américain en dirigeant une réunion mondiale pour examiner un des plus grands
problèmes qui affectent le monde contemporain, ne s'explique pas uniquement par
sa capacité d’articulation et son pouvoir de pression politique croissant que le
mouvement altermondialiste a développée ces dernières décennies. Dans la vision
du cosmos et la praxis indigène, la préservation de l'environnement correspond à
une position civilisatrice, qui s'exprime par une vision du monde et une façon
particulière d'y vivre. Cette cosmovision a comme principe fondamental, le soin et la
conservation de la Terre Mère, de l’espace où, comme ils disent, « la vie se crée et
se re-crée ». A partir de cette perspective, défendre la préservation de la terre et de
la nature, c’est donc défendre la vie elle-même. L'esprit de Cochabamba, reflète
clairement cette vision millénaire du monde.
Les processus politiques en cours en Équateur et en Bolivie représentent,
selon nous, les exemples les plus avancés de redéfinition du rôle de la nature, de
l'environnement et des ressources naturelles dans le développement social et
économique de ces pays, qui s'expriment par une refonte de l'État et un nouveau
pacte constitutionnel. Les constitutions plurinationales élaborées et entrées en
vigueur depuis peu dans ces deux pays posent un nouveau cadre légal où la nature
est considérée comme sujet de droits, représentés par tout citoyen qui considère que
ces derniers sont bafoués.
6 Cf. LÖWY, Michael, O que é o Eco-socialismo? Disponible sur
http://combate.info/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=94
7 Pacha Mama signifie Terre Mère