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Introduction et problématique du
séminaire
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Jean-Jacques Terrin
Responsable scientifique du programme POPSU Europe
Je vous propose de cadrer les thémes de ce séminaire. La grande thématique générale,
vous la connaissez, c’est le différentiel de chaleur qui existe et qui va augmenter dans nos
centres-villes. On parle d’un certain nombre de degrés d’augmentation de la température
dans les centre-ville mais, au fond, les experts ne savent pas de comment ni à quel niveau
cela va se passer, on est encore dans une phase extrêmement expérimentale. On a quand
même mesuré des pics, notamment en Région parisienne, qui vont jusqu’à 8,5 °C au mois
d’août entre le centre de Paris, le boulevard Sébastopol, et des stations situées en
périphérie de Paris, ce qui est énorme.
Je voudrais vous faire part d’une petite expérience personnelle que j’ai eue à Montréal cet
été. Le grand boulevard de l’Acadie traverse la ville de Montréal, vous voyez à gauche le
quartier de Mont Royal qui est un quartier d’habitations de qualité, habité par des gens qui
ont visiblement de gros moyens, et en face un quartier en devenir relativement défavorisé,
habité par les immigrants, pour l’essentiel Pakistanais. Quand on traverse ce boulevard, on
ressent 5 °C de différence de température. On peut observé que d’un côté le quartier est
planté et que de l’autre il ne l’est pas mais cela ne suffit pas pour tout expliquer. Il y a
évidemment les plantations, évidemment les modes de circulation qui diffèrent, mais il y a
aussi un mode de construction qui est différent, il y a un mode de vie qui est différent, il y a
un mode d’habiter qui est différent, il y a des comportements qui sont différents. Je pense
qu’il faut que l’on aille au-delà des aspects purement techniques, des aspects purement
physiques, pour aller aussi vers les questions à la fois sociales et économiques, et pour voir
comment ces quartiers se comportent. On voit aussi que la structure urbaine est
extrêmement différente, les îlots sont beaucoup plus larges à Mont Royal, et je crois que
l’on ne peut donc pas en rester aux questions purement physiques.
Ensuite, je voudrais rappeler pour la forme que les constructions existantes à réhabiliter
représente 88 % dans travaux à réaliser dans les villes et que les 12 % de bâtiments neufs
sont relativement peu significatifs pour les questions qui nous concernent. Je vous propose
trois exemples, Chicago, Paris et Alger, qui donnent une idée de la difficulté technique de ce
qui nous attend si on veut faire baisser la température dans nos villes. Quand je vois cette
photo de la ville de Chicago, je me demande comment on va faire. On nous montre parfois
des photos avec un peu de verdure sur les toits et parfois même sur les façades, mais est-
ce que c’est cela qui va résoudre le problème ? Paris pose, elle, la question qui est celle de
la plupart de vos villes, c’est la relation avec le patrimoine, le patrimoine bâti, c’est-à-dire
comment on réduit les ilots de chaleurdans un tissu patrimonial qui n’est pas facile à
modifier. Puis j’aimerais que l’on pense aussi à nos voisins méditerranéens, en l’occurrence
ici à la ville d’Alger, qui pose d’autres types de problèmes, mais pour lesquelles se pose la
même question. Je pense qu’on peut difficilement parler de ce sujet, étant à Barcelone, au
bord de la Méditerranée, sans aborder l’ensemble des rives de notre mer commune.
Je vais reprendre rapidement les trois grandes thématiques que l’on vous a adressées, non
pas pour insister car vous les connaissez déjà, mais, comme c’est un sujet qui est
extrêmement vaste, je crois qu’il faut que l’on essaie d’avoir la rigueur de tenter de répondre
précisément à ces questions.
– La première question est récurrente et on la voit émerger chaque fois que l’on parle de
ce sujet, c’est le problème de la densification et le problème des formes urbaines
engendrées par la volonté de répondre d’une façon stratégique au changement