LumièresurleSentierX_ShiTao

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La lumière sur le Sentier
X° partie : Ce Sentier que nous ne voyons pas
Estampe de Shi-Tao (1642-1719)
Simon Selliest le 7 mars 2017
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Note préliminaire
C'est en lisant l'ouvrage sur la Philosophie Ch'an (1) de Liao Yi Lin que nous avons
découvert l'estampe illustrant le poème du Maître Ch'an : Nan Huai Chin (2), cidessous :
Sans un mot, l'entente est vraie.
Sans attachement, notre cœur est comblé.
Sans rien, nous quittons ce monde.
Sans médaille ni récompense.
Sans réussite ni échec.
Nam Huai Chin
Celle-ci fut choisie très certainement par Liao Yi Lin pour illustrer ce poème du Maître Ch'an,
du fait qu'elle représente une personne – visible vers le milieu de l'estampe - qui semble quitter
le monde ordinaire pour aller vivre, dans une sorte de monastère à moitié caché par les arbres
de la forêt. Cette personne chemine sans aucun bagage, ayant tout laissé derrière elle, en
quittant le monde d'où elle vient.
Cette estampe fut peinte par le grand peintre chinois Shi-Tao (1641- † vers 1719-20) dont la
biographie et un autoportrait se trouvent sur Wikipedia. Cet autoportrait nous laisse
supposer un homme d'une grande sensibilité, et puisque nous sommes ici sur un site spirite et
hermétique, nous pouvons ajouter, d'une certaine médiumnité lui permettant de capter
certaines influences occultes.
Si de plus, on veut bien se rappeler que ce travail très minutieux à l'encre de Chine devait se
faire dans la sérénité et le calme absolu de l'esprit, il nous est alors permis de penser que ShiTao fut certainement inspiré par son Égrégore, consciemment ou inconsciemment, qui lui fit
donner aux objets et natures mortes de l'estampe plusieurs représentations et significations
possibles.
2
Au premier regard, c'est une estampe comme une autre, toute emplie du charme désuet d'une
Chine qui n'existe plus, et dont la sérénité de prime abord a longtemps caché la dureté de la vie
féodale d'une Chine très hiérarchisée.
Mais, au second regard, et pour nous mettre au diapason des textes de ce livre, en y méditant,
tout le symbolisme d'une vie spirituelle Ch'an se dévoile peu à peu à nos yeux. Un peu à la
façon des dessins du très ancien et hyper connu test psychodiagnostic de Rorschach(3) sensé
dévoiler les facettes cachées de notre personnalité en fonction de ce que ses taches d'encre nous
inspiraient comme personnages ou comme objets… Ainsi, si nous laissons à notre esprit une
totale liberté d'interprétation de ce qu'il voit, l'estampe nous apparaît très vite, de par les
formes ambigues de certains détails, une sorte de description symbolique de "La Lumière sur le
Sentier" !
Victime de notre esprit analytique d'Occidental actuel(4) qui consiste à "évaluer d'un seul coup
d'œil" l'esprit du sujet à comprendre, puis d'en analyser ensuite, un par un, tous les détails du
sujet afin de les assembler selon notre propre compréhension, nous allons essayer de donner les
premières explications. Libre ensuite à chacun d'entre nous à les développer à sa guise – et
sûrement, d'en trouver une infinité d'autres -.
Commentaires afférents à l'estampe
Ce qui nous surprend toujours, chez la quasi-totalité des personnes a qui nous parlons pour la
première fois de leur chemin d'évolution spirituelle, c'est leur réaction de rejet :
"Ce que vous me dites, ne me ressemble pas du tout, et je ne me vois pas en train de faire ce que
vous me décrivez !"
N'ayant pas reçu la mission de conduire les autres et encore moins celle de les obliger à adopter
un mode de pensée qu'ils n'ont pas (et ne voulant surtout pas avoir une telle mission !), nous
nous contentons généralement de leur dire :
"nous vous avons dit ce que nous avons vu dans votre carte du ciel, en priant Dieu pour que
nous ne nous soyons pas trompé. Il vous appartient, à vous et à vous seul(le) de juger si vous
devez et/ou si vous voulez suivre la Voie que vous avez choisie(5), il y a bien longtemps
déjà(6)"
Nous ne savons que trop, en effet, que chacun dispose de son Libre Arbitre(7), et qu'ainsi,
chacun suivra la voie que lui suggérera son ego ou la Vraie Nature de son Esprit. Et nous
3
savons aussi que les Maîtres de leur Égrégore(8) sauront les remettre sur leur Voie, à chaque
fois qu'ils s'en écarteront un peu trop.
Premier symbolisme : le point de départ
Nous trouvons cette image dans le bas à
gauche de l'estampe. On "y voit" un groupe
d'Entités, vêtues de la cape du Pèlerin (ou
du Voyageur…), agenouillé dans une très
humble attitude – et très certainement en
prière -, qui semblent attendre leur tour de
partir vers ce chemin d'évolution spirituelle
que l'on voit débuter, dans l'estampe
complète, au tiers de la hauteur à droite. Sous leur cape enveloppante, ils sont complètement
anonymes – sans identité, sans personnalité… c'est-à-dire, dépouillés de leurs attributs
terrestres - .
Deuxième symbole : Le Maître de l'Égrégore ou le Gardien du Seuil
Au-dessus d'eux, au centre de
l'estampe, semble se pencher un très
honorable vieillard (9) à la longue
barbe blanche. Un vieil homme qui
semble supputer celle ou celui des
impétrants agenouillés en prières au
début du Sentier de La Voie, il fera
partir quand les temps seront venus…
De la main droite, il tient un long
bâton (10), alors que son avant-bras
gauche se pose en signe d'allégeance
et de respect sur sa poitrine. Ce noble
vieillard semble également fermer à
moitié l'étroit passage situé entre les
deux arbres qui s'élèvent tout droit comme les deux colonnes Jakin et Boaz du Temple
d' Hiram(11). Les impétrants sont donc ici devant la première marche menant sur le
parvis du Temple.
4
Troisième symbole : Le Sentier ou le début de la Voie et "le cheminant".
Une personne, certainement un
homme, "chemine sur le chemin (12)".
Il marche, sans bagage et sans aucun
équipement, simplement vêtu d'une
tunique blanche. Tout autour de lui
se trouve une zone de dessin très
claire, et même certainement la plus
claire de toute l'estampe. C'est la
"Lumière sur le Sentier" !
Il a déjà parcouru un long trajet
depuis le point de départ des
impétrants au chemin de l'évolution
spirituelle, mais il est encore très
éloigné du monastère – du Temple –
vers lequel il se dirige.
Nous le voyons au moment où il s'apprête à "prendre un tournant dans son
cheminement, et donc dans sa vie". Ce virage dans le Sentier de son évolution
spirituelle, nous ignorons, peut-être comme lui, où il va le conduire…où il va le
mener… et ce qu'il va y trouver. Mais l'homme marche en toute sérénité, suivant le
Sentier que le Maître de son Egrégore lui a permis de prendre. Il ne voit pas ce
monastère, mais "il sait" qu'il existe et qu'il se trouve sur sa Voie, au bout de cette phase
de son évolution spirituelle. À noter également, que le Sentier que suit cet homme,
s'élève bordé d'un précipice sur sa "gauche" (13) dont il semblerait que dans le fond
coule un torrent impétueux – symbolisant les dangers des aléas de la vie courante. Et
dans le fond de ce torrent, les formes qui émergent des eaux pourraient bien être les
corps de celles et ceux "qui ont failli", qui n'ont pas dû savoir "mener leur vie en
conformité avec leur Voie d'évolution spirituelle". Cela n'est pas sans rappeler l'arcane
n°XVI : la Maison-Dieu (14).
Rappelons très brièvement que cet Arcane symbolise la chute des orgueilleux qui ont
cru pouvoir se permettre de transgresser les Enseignements de Dieu, afin de ne suivre
que ceux qu'ils croyaient savoir et qu'ils pensaient empreints de sagesse.
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Quatrième symbole : La Forêt ou la végétabilité(15) de la Vie
Au cours de sa montée
vers
le
monastère,
l'homme devra traverser
une forêt (Cf. la note
spéciale en bas de l'article)
que l'on distingue un
peu plus haut sur
l'estampe.
C'est là une terrible
épreuve tant physique
qu'intellectuelle, car nul
ne peut se dispenser de
la traversée de cette "lévigation"(16). Une épreuve qui demande beaucoup d'humilité
pour accepter d'oublier tout ce que nos écoles, nos universités, notre vie
professionnelle et la traversée de notre vie matérielle nous ont appris ou apporté, et
pour accepter d'endosser l'humble manteau du Philosophe et du "Pèlerin". Un peu à
la manière de ces êtres anonymes décrits dans le premier symbole.
Cinquième symbole : Le Refuge ou "l'acceptation"
À la sortie de la forêt se trouve
"le Refuge". Le Sentier est rude
et demande une somme
d'efforts insoupçonnable.
L'Impétrant a déjà beaucoup
marché, et a beaucoup évolué,
mais il sait que ce refuge n'est
qu'une étape et que le plus
difficile est encore à venir. Il a
atteint un grand degré de
détachement et de de distanciation (17), et a ainsi dégagé son âme en grande partie de
la matérialité qui l'enserrait prisonnière dans sa gangue.
Mais tout Philosophe, après un si long chemin, a appris que la "pureté n'est jamais que
relative", et que plus elle est grande, plus il est difficile de la purifier encore davantage.
Aussi, un peu de repos ne pourra que lui donner les forces dont il aura besoin pour
poursuivre sa route. Les Maîtres qui le suivent depuis ses premiers pas, le regardent,
et lui laissent son Libre Arbitre. Ils ne sont pas pressés, car ils ont atteint l'Éveil et le
Nirvana, selon les concepts du bouddhisme, ou l'Adeptat selon ceux de la Philosophie
6
Hermétique. Ils ne sont donc plus au même niveau de conscience des humains, et leur
concept du temps n'est plus du tout le même que celui des humains.
Sixième symbole : L'Escalier des Sages et la Grotte de la Nativité
Mais le repos ne peut durer
indéfiniment, et l'Impétrant
qui est arrivé jusque là dans
son évolution spirituelle est
bien trop instruit à présent
pour ne pas se remettre en
route, dès qu'il sentira ses
forces revenues.
Il a beaucoup appris tout au
long de la montée qu'il vient
de faire, et notamment, il sait
que l'Escalier des Sages(18)
n'est pas totalement gravi. D'ailleurs, cet escalier, il le voit à présent, là, devant lui…
mais de l'autre côté d'un profond précipice, sur une autre montagne. Que faire alors ?
Redescendre et recommencer tous ses efforts, toutes ses fatigues, affronter de nouveau
tous les dangers qu'il a dû déjà affronté ?
En réfléchissant, il se rend alors compte que toute façon, il n'a que deux solutions :
• Redescendre et tout recommencer, en ayant certes, le corps et l'esprit plus
aguerris et une bien plus grande connaissance que lors de la première montée,
mais est-ce la bonne Voie ?
• Faire le Pas de Dieu(19) pour traverser le précipice qui sépare les deux
montagnes. Mais est-il sûr d'avoir acquis suffisamment de Foi pour oser faire ce
Pas de Dieu ?
Le dilemme n'est pas mince et il est le seul à pouvoir le résoudre.
Cette solitude, ce Silence de "La Décision", se retrouve dans pratiquement toutes les
religions. C'est la solitude et le silence de Bouddha qui passa quarante années à
méditer, seul dans le désert avant de trouver le Nirvana. C'est aussi la solitude du
Christ cloué sur la croix, "abandonné par Son Père", celle des ermites se retirant du
monde matériel, dans le silence de leur solitude, pour suivre leur Voie, celle des
membres des ordres cloîtrés, etc., etc.
C'est aussi ce que nous enseigne le maître Djwal Khulh(20) :
" Sois prêt à voir s'épanouir la fleur dans le silence qui suivra l'orage ; pas avant.
Elle croîtra, elle s'élèvera, elle produira des branches et des feuilles et formera des
bourgeons au sein même de la tempête et pendant toute la durée de la lutte. Mais
sa fleur ne s'ouvrira pas avant que la personnalité entière de l'homme soit dissoute et
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détruite ; pas avant qu'elle soit tenue, par le fragment divin qui l'a créée, comme un
simple sujet d'épreuve et de grave expérience ; pas avant que la nature entière ait cédé
au Soi supérieur et lui soit devenue soumise. Un calme alors surviendra, semblable à celui
qui se répand sur les contrées tropicales après une pluie d'orage, calme où la nature
opère avec une telle rapidité que son action devient visible. C'est ainsi que la paix
descendra sur l'esprit harassé. Et dans le silence profond surviendra l'événement
mystérieux qui fera connaître à l'âme qu'elle a trouvé la Voie. Donne-lui le nom qu'il te
plaira : c'est une voix qui parle là où il n'y a nul être pour parler ; - c'est un messager
qui vient, messager sans forme ni substance ; - ou c'est encore la fleur de l'âme qui
s'est ouverte. Il ne peut être décrit par aucune métaphore. Mais on peut aller à sa
rencontre, le désirer, le chercher, alors même que la tourmente fait rage. Le silence peut
durer un moment ou un millier d'années. Mais il prendra fin. Cependant tu emporteras sa force en toi. À maintes reprises la bataille doit être engagée et gagnée. Pour
un intervalle seulement, la nature peut être tranquille ."
Mais de cette "solitude-là", nous ne pouvons pas vous en dire plus, car nous n'avons
pas encore été autorisé à atteindre le niveau de conscience suffisant pour la subir. Mais
il faut savoir quand même que nos Maîtres, dans leur grande sollicitude, nous y
préparent longuement avant de nous la présenter.
Qui ne s'est jamais trouvé seul dans un moment crucial de sa vie ?
À cet égard, nous ne pouvons pas, ne pas nous inquiéter, quand nous voyons
quelqu'un, surtout s'il est un de nos proches, se précipiter sur son smartphone pour
appeler toute sa tribu, dès qu'il a "un camembert à choisir dans le rayon de son
supermarché habituel(21)"…(Il y a en a même qui prennent des photos des produits
en rayon, pour les envoyer ensuite à celle ou celui à qui il est demandé de faire le choix
final ! Enfin, si elle ou il le fait… c'est ce que nous espérons pour eux !)
À tous ceux-là, nous n'osons pas dire combien d'épreuves les attendent dans un avenir
proche, afin de leur faire travailler tout à la fois : leur force de caractère, leur force
intérieure, leur pugnacité, leur résistance physique, etc, etc. !
Septième symbole : La Grotte de la Renaissance ou la Vierge de la
Compassion
En haut de cet escalier, nous devinons l'entrée d'une
grotte très obscure.
Dans les premiers Évangiles, les textes mentionnaient
la naissance de Jésus dans une grotte. Pourtant, quoi
de plus naturel dans cette époque pour des voyageurs
que de s'abriter dans une grotte, servant souvent
d'abris pour les troupeaux. La population agricole de
8
cette époque n'ayant sûrement pas déjà les moyens financiers de se construire plus
qu'une très modeste maison de terre crue, n'allait pas construire un vaste bâtiment
pour abriter leur troupeau(22). À noter, aussi les erreurs de traductions de l'araméen
ancien relevées par Laurence Gardner(23), au sujet du motif de l'hébergement de la
Sainte Famille dans cette grotte.
À noter également que cette
naissance dans une grotte
obscure, fut supprimée des
Evanviles lors du choix et de
l'établissement
des
textes
canoniques par le moine ???? car
une telle naissance dévoilait un
peu trop certaines opérations du
Premier Œuvre du Grand
Œuvre Alchimique. Arcane
depuis longtemps explicité de
façon à peine voilée dans les
textes contemporains (24).
Mais cette partie de l'estampe révèle un autre arcane et non des moindres. En
agrandissant l'image du détail des escaliers et de la grotte, il apparaît la figure d'une
femme, un voile sur la tête qui lui descend jusqu'aux sourcils, semblant tenir quelque
chose dans ses bras qu'elle regarde avec une infinie tendresse et compassion. Une
image, qui fait immédiatement penser à la Très Sainte Marie tenant l'enfant Roi, Jésus,
dans ses bras.
De là à en déduire que l'impétrant ne pourra accéder à "La Renaissance" de son âme,
que par la Vierge Marie s'il est chrétien, ou, à l'Éveil ou au Nirvana par un bouddha
féminin s'il est bouddhiste, il n'y a qu'un pas. Pas que nous ne franchirons pas malgré
tout le désir qui nous pousserait à le faire, car si dans le christianisme, les écrits ne
manquent pas qui mentionnent que l'on ne peut accéder à Jésus que par la Vierge
Marie, notre connaissance du bouddhisme n'est pas suffisante, et de loin, pour oser en
parler.
Disons quand même, que dans le christianisme - qui prit naissance environ cinq cents
ans après le bouddhisme - il y a tellement de concepts spirituels qui étaient déjà dans
le bouddhisme, que nous ne pourrions pas être surpris que "ce passage obligé" existe
également dans le bouddhisme sous une forme différente, bien entendu.
Nous n'aborderons donc pas ce sujet dans l'immédiat, car, il nous entraînerait dans des
études trop longues, et dans la mesure où celles-ci aboutissaient, il déborderait
beaucoup de trop du cadre de cet article.
Mais c'est à grand-peine que nous y renonçons !
9
Huitième symbole : Les Hauts Maîtres Spirituels
Ce détail de l'estampe, une fois
agrandi, fait tout de suite penser
à un honorable vieillard à longue
barbe blanche, dont la capuche
masque en partie le visage, et
tenant sur ses genoux et/ou dans
ses bras, le corps endormi d'un
animal, dont la tête énorme et la
crinière fait penser à un lion.
Dans la symbolique occidentale,
le lion, roi de la jungle, exprime le
Pouvoir, et même le Pouvoir
Suprême : celui de la Royauté.
Dans la Philosophie Hermétique,
il symbolise l'Or (25). Mais ce
symbole, comme la plupart des autres symboles, est largement polysémique. Les
Sages, peu intéressés par l'or métal, ne peuvent pas perdre leur temps à parler de celuici, qui n'a aucune valeur à leurs yeux. Ils parlent donc d'un autre or ; celui qu'ils
appellent "notre or" ou "or philosophique". Un "or" dont les formes ondulées de ce qui
pourrait être une crinière ne sauraient nous cacher la provenance.
Mais cet animal, cet "or", semble dormir très profondément. I'Impétrant, au seuil de
l'Adeptat, ou le disciple au seuil de l'Éveil, s'il connaît la nature de cet or, ne l'a pas
pour autant, encore "réveillé". Il lui faut le rendre "philosophique" ou "canonique",
c'est-à-dire apte à l'Œuvre finale.
Heureusement, si le disciple n'a pas encore terminé ce Grand Œuvre, il est maintement
près des Grands Maîtres, des Hauts Maîtres Spirirituels, et Ceux-ci, pour hâter son
avancement, semblent vouloir lui confier le Secret d'un des derniers Arcanes.
Sur l'estampe, notre vénérable vieillard, anonyme comme tous les Grands Maîtres sous
l'obscurité de sa large capuche, semble lui tendre cet "or" tant désiré et si peu trouvé.
Le disciple a longuement marché, il a franchi bien des obstacles et même l'obstacle
incroyablement difficile du dernier précipice qui séparait les deux montagnes.
Il a tellement marché, tellement erré, tellement surmonté d'obstacles, tellement
surmonté aussi de douleurs et de souffrances, qu'il a accompli la dernière des quatre
règles énoncées par le Maître Djwhal Khul (26) :
"Avant que l'âme puisse se tenir debout en la présence des Maîtres",
ses pieds doivent être lavés dans le sang du cœur."
Il est en mesure de réveiller ce Lion endormi, cet "or philosophique", et terminer le
Grand Œuvre.
10
Neuvième symbole : La Suprême Voie
Dominant toute l'estampe, un pic de montagne
semble désigner, à la manière d'un index pointé
vers le haut, la Voie Suprême. La Voie que nul
ne peut entreprendre sans avoir tout laissé
derrière lui, et s'être totalement libéré de la
matérialité et de ses désirs, sans avoir tué tout
désir en lui, sans avoir détruit et éradiqué "la
racine du Mal" dont parle le Maître Djwhal
Khul (27).
Le disciple est arrivé auprès du Maître
Suprême, et le Lion rugit, la gueule grande
ouverte levée vers le Ciel.
Le maître semble avancer la main droite vers le
Lion, en signe de reconnaissance et de
possession, comme le ferait un être humain
envers son animal favori.
Sur son côté gauche, coule l'Eau de la Vie – l'Eau
de Vie - sous la forme d'une cascade.
En agrandissant encore l'image, il est possible d'apercevoir des sortes de statues de
pierre gigantesques, comme celles de l'Île de Pâques, tournées vers cette Voie qu'a
parcouru le disciple.
Ce Lion rugissant, exprimant ainsi toute la puissance de sa domination et de son
pouvoir, comment ne pas l'assimiler à la Pierre Philosophale.
Le Disciple est donc arrivé au but suprême, que les Hermétistes appellent l'Adeptat,
possédant la Pierre Philosophale aux trois Vertus, et le bouddhisme appelle Nirvana.
Mais curieusement, autant l'Adepte, semble voué à parcourir les mondes pour veiller
sur les Fils de Science(28) qui abordent la Voie Royale (29) avec un cœur pur et un réel
souhait de connaissances, autant le bouddha semble attendre que le disciple se
présente à lui (30), pour lui délivrer son Enseignement.
Il y a là une sorte de divergence de finalité de la Voie, que nous n'avons pas réussi à
comprendre. Et cela est d'autant plus décevant, que nul doute ne peut occurer sur la
parfaite harmonie du but final des deux Voies.
NB
11
Nous mettons à la disposition de celles et ceux qui nous font l'amitié de bien vouloir
nous lire, un agrandissement du dernier détail de l'estampe, afin qu'ils puissent
découvrir les détails dont nous avons fait mention ci-dessus.
12
13
Conclusion
Le Maître Shi-Tao n'a peut-être pas délibérément et volontairement peint les images
qui apparaissent cachées dans les détails de son estampe. Bien que cela ne soit qu'une
hypothèse toute gratuite de notre part. Mais il devait, à l'évidence, possédait une
certaine médiumnité, et complètement absorbé par le travail de création et de
réalisation de son estampe, il est possible de supposer qu'une main invisible – mais
non improductive – devait guider la sienne.
Par ailleurs, il nous est impossible de savoir combien de personnes ont déjà pu
apercevoir les enseignements que révélaient certains détails de l'estampe, et surtout
combien d'entre elles en ont parlé. Mais nous avons été très honoré d'avoir été appelé
ici, d'une part à attirer l'attention sur cette œuvre du Maître Shi-Tao, à la suite de bien
d'autres personnes comme Mme Liao Yi Lin, et d'autre part de faire apparaître
certaines autres interprétations possibles de ces enseignements, même s'ils ont dû être
volontairement limités faute de place dans cet article.
De plus, nous sommes très heureux, pour celles et ceux qui, intrigués par ces autres
interprétations, souhaiteraient aller plus loin, de les avoir peut-être aidé à trouver dans
notre article, les premières balises d'un très, très long Sentier d'évolution spirituelle.
Cela devait sans doute être fait, et nous l'avons fait, même si nos très modestes
connaissances en ont limité la portée, en nous appuyant comme toujours sur l'aide
généreuse de notre Égrégore.
Notes
1) Liao Yi Lin : "Fleur de Chine et parfum de sagesse Ch'an" Éditions Guy Trédaniel
(édition 2010). À noter que cette sagesse Ch'an, est plus connue en France sous son nom
venu du Japon : "la Voie Zen".
2) Nan Huai Chin est un des Maîtres contemporains de la sagesse Ch'an
(https://en.wikipedia.org/wiki/Nan_Huai-Chin ).
3) Test de Rorschach : (https://fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_Rorschach )
4) Nous parlons d'un esprit analytique d'Occidental actuel, car nos Pères ne procédaient
pas ainsi. Ils commençaient invariablement leurs livres par une foule de détails – où
souvent notre esprit actuel y fait naufrage…-, qu'ils assemblaient peu à peu vers une
analyse synthétique.
5) Les différentes doctrines religieuses et les différentes doctrines philosophiques basées sur
l'évolution au travers des vies multiples, divergent souvent assez fortement sur le mode
de choix du moment et lieu de naissance (définissant donc le Dharma que l'Entité
suivra). Ce choix pouvant se faire avant l'union du couple (l'Entité et son Égrégore
"encourageant" les futurs parents à s"unir, pendant leur union charnelle, ou juste au
moment de la naissance – c'est-à-dire au premier cri de l'enfant).
14
6) L'astrologie traditionnelle européenne énonce l'adage suivant : "On n'est pas ce que
décrit le moment et le lieu de notre naissance, mais on naît ainsi parce ce que l'on est
ainsi". Et nous ne pensons pas révéler un très lourd secret, en disant que le moment et
le lieu de notre n’aisance permettent de dresser notre carte du ciel, de naissance et
d'établir par sa lecture, le thème généthliaque de naissance. Cette lecture à l'aide des
bases de données du même symbolisme astrologique, pouvant se faire de façon
traditionnelle - qui constate la personnalité présente et future du né -, ou de façon
karmique à l'aide du symbolisme de la Philosophie Hermétique, qui décrit le ou les
karmas ayant conduit le né à devenir ce qu'il est dans cette vie.
7) Il y a pléthore de définitions du "Libre Arbitre" selon le courant de pensée que l'on suit.
Dans notre esprit, ici, nous en donnerons la définition suivante (qui n'a rien d'un
oukase…) : "Notre libre arbitre se résume au choix de l'importance des efforts que nous
sommes disposés à faire pour conduire à bien nos missions d'évolutions."
8) Cf. : Égrégore ( http://www.concordances-spirituelles.com/?p=105 )
9) Que les Hermétistes nommeraient volontiers "Chronos" ou "Saturne" : le Temps! le
Temps du "détachement et de la distanciation des Choses de la Vie et de la Mort".
10) À la manière de la Verge dont Moïse se servit pour faire jaillir l'eau vivifiante du rocher
d'Horeb, afin d'adoucir la souffrance de son peuple en exil dans le Sinaï.
11) Les deux colonnes de bronze fabriquées par Hiram et gardant l'entrée du temple que
sont Jakin et Boaz (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jakin_et_Boaz ).
12) Galhil Gibran : "Le Prophète" Édition Castermant édition ??? p. ????
13) La gauche rappelle l'expression "être gauche", c'est-à-dire "être maladroit", "être
emprunté", "ne pas bien connaître ce que l'on fait", etc.
14) Nous ne saurions trop recommander de lire sur ce sujet la très étoffée étude d'Edmond
Delcamps : "Le Tarot initiatique symbolique et ésotérique" Éditions du Courrier du
Livre (édition 1987) p.315 à 333. Aborder le symbolisme de cet arcane, nous ferait
allonger cet article bien au-delà de son cadre.
15) IIl faut toujours se méfier du sens des mots quand on se trouve dans la lecture d'un texte
de Philosophie Hermétique. Le sens des mots à beaucoup évolué depuis leur origine dans
des siècles lointains. Et les Hermétistes, qui connaissent très bien cette évolution, en
usent souvent pour faire tourner en rond les débutants. Ainsi, pour le terme
"végétabilité" employé de nos jours, le sens nous paraît venir du verbe "végéter", c'està-dire : "ne pas évoluer, ou du moins évoluer très lentement", "rester immobile" en
quelque sorte… Alors que pour nos Pères, ce verbe indique une évolution de la matière
selon une organisation prédéterminée et très productive, à la manière d'un séquoia qui
peut atteindre une centaine de mètres de hauteur en partant d'une simple graine
(https://fr.wiktionary.org/wiki/v%C3%A9g%C3%A9tabilit%C3%A9 )
16) Cf. : Le Sel de la Terre (VI) Jeter du sel par-dessus son épaule (http://www.concordancesspirituelles.com/?p=1806)
17) Cf. : Le détachement et la distanciation (Glossaire_detach_distant )
15
18) L'Escalier des Sages est un symbole très usité dans la Philosophie Hermétique , et aussi
le titre d'un livre très connu : Barent Coenders Van Helper : L'Escalier des Sages paru
la première fois à Paris en 1689, et maintes fois réédité depuis.
19) Cf. : Le Pas de Dieu (http://www.concordances-spirituelles.com/?p=997)
20) Mabel Collins : "La Lumière sur la Sentier" éditions Adyar (édition 1990) p.30 à 32
21) Nous faisons là référence à une publicité diffusée sur toutes les chaines de télévision, il y
a quelques années en arrière. Mais combien de fois voyons-nous encore des personnes
demander des renseignements à tout leur entourage avant même d'avoir regardé s'ils
n'avaient pas déjà la réponse en eux.
22) Cf. : : La Lumière sur le Sentier (IV) La crèche – Première partie
(http://www.concordances-spirituelles.com/?p=1778 ) et La Lumière sur le Sentier (IV)
La crèche – Seconde partie (http://www.concordances-spirituelles.com/?p=1799 )
23) Laurence Gardner : Les Secrets perdus de l'Arche d'Alliance - Guy Trédaniel Editeur
(édition 2007)
24) Eugène Canseliet : l'Alchimie expliquée sur ces textes classiques Editions JJ Pauvert
(différentes éditions) chapitre V.
25) L'or métal (symbole chimique" au"), bien entendu, du fait que nos Pères pensaient que
l'or métal était l'aboutissement des transformations de la nature métallique, et qu'une
fois ce stade atteint, cette nature métallique devenait inaltérable. De fait, aucun acide ne
peut dissoudre l'or métal, et seul un mélange de deux acides, appelé "Eau Régale" (L’eau
régale ou eau royale (aqua regia en latin) est un mélange d’acide chlorhydrique et d’acide
nitrique concentrés dans une proportion de 2 à 4 volumes d’acide chlorhydrique pour 1
d’acide nitrique) y parvient.
26) Mabel Collins : "La Lumière sur la Sentier" Editions Adyar (édition 1990) p.10.
27) Mabel Collins : "La Lumière sur la Sentier" Editions Adyar (édition 1990) page de garde.
28) Dans la littérature Hermétique, l'expression "Fils de Science" désigne celui qui étudie le
symbolisme, les différentes phases de l'Œuvre et les concepts de la Philosophie
Hermétique, dans les livres des Maîtres aujourd'hui disparus.
29) La "Voie Royale", semble d'abord être un jeu de mots dont les vieux Maîtres de la
Philosophie Hermétique ont le secret, entre "régule"(appelé aujourd'hui "antimoine",
"régulus"(sa traduction latine) et "Régulus"("Roi", donc "Royal"). L'expression
désigne donc la Voie de l'Antimoine, chère à E. Canseliet et Nicolas Flamel, comme à
nombre d'auteurs anciens et contemporains.
30) "Quand le disciple est prêt, le Maître l'est également". Cf. : (Lorsque le disciple est prêt,
le Maître l’est également (http://www.concordances-spirituelles.com/?p=393)
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Note spéciale :
La forêt, dans le langage hermétique est un symbole très polysémique, et les
différentes interprétations sont parfois très différentes les unes des autres. Il
serait donc vraiment trop long de toutes les développer ici. Nous n'en prendrons
donc qu'une, celle qui désigne le langage hermétique (à cause de son autre
appellation de : "langue verte", et du foisonnement du symbolisme qu'elle
permet de décrire en peu de mots), dans laquelle sont écrits tous les ouvrages
anciens de religion, de spiritualité, et bien entendu de Philosophie Hermétique.
C'est très précisément ce que décrit Fulcanelli dans "Les Demeures
Philosophales" Tome II Éditions JJ. Pauvert (édition 1965), et dont nous donnons
un "court extrait" ci-après :
<< Mais ce langage secret, universel, indéfini, malgré l’importance et la vérité de son
expression, est en réalité d’origine et de génie grecs, ainsi que nous l’apprend notre
auteur dans son Histoire des Oiseaux. Il fait parler des chênes séculaires — allusion à la
langue dont se servaient les Druides (Druidai, de Druv, chêne), — en cette façon :
«Envisage les chênes où nous sentons que tu tiens ta vue attachée : c’est nous qui te
parlons ; et, si tu t’étonnes que nous parlions une langue usitée au monde d’où tu viens,
sache que nos premiers pères en sont originaires ; ils demeuroient en Epire, dans la forêt
de Dodone, où leur bonté naturelle les convia de rendre des oracles aux affligés qui les
consultoient. Ils avoient, pour cet effet, appris la langue grecque, la plus universelle qui
fût alors, afin d’être entendus. » On connaissait la cabale hermétique en Egypte, au
moins dans la caste sacerdotale, ainsi qu’en témoigne l’invocation du Papyrus de Leyde
: « ... Je t’invoque, toi, le plus puissant des dieux, qui a tout créée ; toi, né de toi-même,
qui voit tout, sans pouvoir être vu... Je t’invoque sous le nom que tu possèdes dans la
langue des Oiseaux, dans celle des Hiéroglyphes, dans celle des Juifs, dans celle des
Egyptiens, dans celle des Cynocéphales... dans celle des Eperviers, dans la langue
hiératique. » Nous retrouvons encore cet idiome chez les Incas, souverains du Pérou
jusqu’à l’époque de la conquête espagnole ; les anciens écrivains l’appellent legua general
(langue universelle) et lengua cortesana (langue de cour), c’est-à-dire langue
diplomatique, parce qu’elle recèle une double signification correspondant à une double
science, l’une apparente, l’autre profonde (diplh, double, et maqh, science). « La cabale,
dit l’abbé Perroquet2, était une introduction à l’étude de toutes les sciences. »En nous
présentant la puissante figure de Roger Bacon, dont le génie brille, au firmament
intellectuel du XIIIe siècle, comme un astre de première grandeur, Armand Parrot3 nous
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décrit par quel travail il put acquérir la synthèse des langues anciennes et posséder une
pratique si étendue de la langue mère qu’il pouvait, par son moyen, enseigner en peu de
temps les idiomes réputés les plus ingrats. C’est là, on en conviendra, une particularité
réellement merveilleuse de ce langage universel, qui nous apparaît à la fois comme la
meilleure clef des sciences et la plus parfaite méthode d’humanisme. « Bacon, écrit
l’auteur, savait le latin, le grec, l’hébreu, l’arabe ; et, s’étant mis ainsi en état de puiser
une riche instruction dans la littérature ancienne, il avait acquis une connaissance
raisonnée des deux langues vulgaires qu’il avait besoin de savoir, celle de son pays natal
et celle de la France. De ces grammaires particulières, un esprit tel que le sien ne pouvait
manquer de s’élever à la théorie générale du langage ; il s’était ouvert les deux sources
d’où elles découlent, et qui sont, d’une part, la composition positive de plusieurs idiomes,
et de l’autre, l’analyse philosophique de l’entendement humain, l’histoire naturelle de ses
facultés et de ses conceptions. Aussi le voit-on appliqué, lui, presque seul dans tout son
siècle, à comparer des vocabulaires, à rapprocher les syntaxes, à rechercher les rapports
du langage avec la pensée, à mesurer l’influence que le caractère, les mouvements, les
formes si variées du discours exercent sur les habitudes et les opinions des peuples. Il
remontait ainsi aux origines de toutes les notions simples ou complexes, fixes ou
variables, vraies ou erronées que la parole exprimait. Cette grammaire universelle lui
semblait être la véritable logique, la meilleure philosophie ; il lui attribuait tant de
puissance, qu’à l’aide d’une telle science, il se croyait capable d’enseigner le grec ou
l’hébreu en trois jours4, ainsi qu’à son jeune disciple, Jean de Paris, il avait appris en une
année ce qui lui en avait coûté quarante. « Foudroyante rapidité de l’éducation du bon
sens ! Puissance étrange, dit M. Michelet, de tirer, avec l’étincelle électrique, la science
préexistante au cerveau de l’homme ! »
1)
2)
1
Le célèbre fondateur de l’Ordre des Franciscains, auquel appartenait l’illustre Adepte Roger
Bacon, connaissait parfaitement la cabale hermétique ; saint François d’Assise savait parler aux
oiseaux.
2 Perroquet, prêtre, La Vie et le Martyre du Docteur Illuminé, le Bienheureux Raymond Lulle.
Vendôme, 1667.
Fulcanelli : "Les Demeures Philosophales" Tome II Éditions JJ Pauvert (édition
1965), pages 116 à 118
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