Cycles phénologiques des arbres de la forêt dense sèche dans la

Cycles phénologiques des arbres de la forêt dense sèche dans la région de
Marofandilia/Morondava
Jean-Pierre Sorg et Urs Rohner
Introduction
Le Centre de Formation Professionelle Forestière de Morondava (CFPF) a débuté ses
travaux en 1978. Il dispose d'une concession de 10'000 ha sise à 40 km au nord-est de
Morondava, dans un massif de forêt dense sèche (fig. 1).
Ce périmètre est traversé d'est en ouest par un cours d'eau saisonnier, le Kirindy, ali-
menté durant quelques semaines par année. La concession est bordée à l'ouest par la
route nationale no 8A Morondava-Belo/Tsiribihina, entre les localités de Marofandilia et de
Beroboka, à 17 km environ du littoral. Une ancienne piste de prospection pétrolière
(CONOCO L 133) traverse la concession selon un azimuth d'environ 135 g; les limites
nord et sud sont parallèles à cette piste, respectivement à 2'400 et 4'600 m (fig. 2).
Un parcours d'observations phénologiques a été installé dans la concession dès le mois
de septembre 1978. Ce thème figurait dès le début dans le programme de recherche du
CFPF.
La forêt dense sèche de la Côte ouest de Madagascar était alors relativement peu con-
nue. C'était tout particulièrement le cas du cycle phénologique des espèces, élément de
base de la compréhension biologique des arbres et des forêts. A l'exception des ouvrages
de botanique, trois travaux de référence seulement pouvaient être mentionnés dans cette
région (GACHET 1969 et 1971, HLADIK 1980).
Une première synthèse des observations phénologiques a été effectuée en 1982
(RAKOTONIRINA et PRELAZ). Quelques années plus tard, les résultats détaillés portant
sur 80 sujets représentant 55 espèces botaniques, 42 genres et 26 familles, ont été pu-
bliés en deux volumes (ROHNER et SORG 1986/1987) considérés ci-après comme l'ou-
vrage de référence. On y trouve, pour chaque espèce ou individu, une description botani-
que complète, un diagramme phénologique commenté ainsi que de nombreux tableaux
récapitulatifs. Ces informations ont été regroupées ici en une seule série de résultats pré-
sentés de façon synop tique et discutés.
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Ecologie du site d'observation
Le parcours phénologique est situé à une distance variant entre 18 et 21 km du littoral.
Dans la concession, l'altitude s'étend entre 18 et 40 m environ. Une croupe rocailleuse
plus élevée est visible au nord-est; elle n'est pas concernée par les observations.
Climat
Le climat de Morondava (latitude 20° 17' S) se caractérise par deux saisons bien mar-
quées:
- une saison chaude et pluvieuse de 3 à 5 mois, de novembre à mars-avril
- une saison sèche de 7 à 9 mois, entre mars-avril et novembre, avec une période relati-
vement fraîche de mai à août.
Les transitions entre les deux saisons, de mars à avril et d'octobre à novembre, sont
chaudes.
Les relevés météorologiques de la station de Morondava (altitude 7 m) donnent les résul-
tats suivants pour la température (in TACHE 1994, ann. 1.2):
J F M A M J J A S O N D
27.3 27.4 27.0 25.7 22.9 20.9 21.0 22.1 23.6 25.3 26.4 27.2 °C
moyenne annuelle 24.7° C
moyenne des maxima 30.7°
moyenne des minima 19.0°
En ce qui concerne les précipitations, la moyenne calculée à la station de Morondava
pour la période 1901-1993 est de 767 mm/an, avec un maximum de 1511 mm en 1917 et
un minimum de 390 mm en 1906 (in TACHE 1994, ann. 1.1).
L'évapotranspiration potentielle est estimée pour la plaine de Morondava à 1400 mm
selon la formule de Thornthwaite et à 2143 mm selon la méthode de Penman (respecti-
vement d'après SALOMON 1987 et Groupement AHT-SATC 1972 in TACHE 1994, pp. 7-
8).
Le CFPF effectue des relevés pluviométriques simples dans et aux alentours de la con-
cession (fig. 2) depuis respectivement 1979 (1 station) et 1981 (5 stations). Les premiers
résultats de ces observations ont été publiés (RAKOTONIRINA 1985). Une tendance inté-
ressante se dégage sur la base de quelques années de mesure, à savoir que la lame an-
nuelle des précipitations augmente en direction de l'intérieur des terres. Les résultats sont
les suivants pour la station CN 1 (9 années d'observations), en mm:
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Précipitations Précipitations par décades Précipitations
mensuelles 1ère 2e 3e saisonnières
cumulées
janvier 254 74 81 99 476
février 188 58 78 52 664
mars 108 61 25 22 772
avril 22 14 6 2 794
mai 5 799
juin -
juillet 1 1
août 2 3
septembre 5 8
octobre 23 3 11 9 31
novembre 42 8 15 19 73
décembre 149 53 51 45 222
___
Total 799
Maximum et minimum: 1326 mm en 1984 et 575 mm en 1980. Nombre annuel moyen de
jours de pluie: 43.
La côte ouest de Madagascar connaît une saison des pluies concentrée qui commence
vers la mi-octobre avec des précipitations irrégulières. Un régime de pluies abondantes ne
s'installe que dans la première partie du mois de décembre. Les mois de janvier et de fé-
vrier sont les plus arrosés. Dès le mois de mars, les précipitations diminuent et deviennent
de plus en plus espacées. Elles cessent dans le courant du mois d'avril ou début mai. Le
déroulement de la saison des pluies est cependant très variable et est marqué par des
extrêmes. On enregistre d'une part des périodes très pluvieuses (par exemple 246 mm en
une seule décade, du 11 au 20 février 1986), d'autre part de longues périodes sèches en
pleine saison des pluies. Les extrêmes pluvieux sont souvent dus au passage de dépres-
sions tropicales.
L'eau constitue le principal facteur limitatif de la survie de la végétation. En ce qui con-
cerne le recrû et les jeunes plants dont l'espace radiculaire s'étend jusqu'à 30 cm de pro-
fondeur, l'eau disponible durant les périodes sans pluies de la saison de végétation repré-
sente une réserve de 4 à 7 jours selon le type de sol. Cette indication a été obtenue à
partir de la granulométrie, en considérant une évapotranspiration potentielle estimée à
4,5-5 mm/jour (FELBER 1984).
Sols et végétation
Les types de sols font l'objet de la communication de BOURGEAT, dans le présent ou-
vrage.
La végétation du parcours phénologique se rattache, d'après KOECHLIN, GUILLAUMET
et MORAT (1974), aux "forêts des sols arénacés". Une étroite bande en bordure du Kirin-
dy, sur vertisols, relève des "forêts des alluvions et des bords de cours d'eau". La végéta
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tion présente nombre de caractères biologiques particuliers (adaptation au stress hydri-
que).
Méthodologie d'observation et de description
Les observations phénologiques suivent un parcours ayant totalisé au maximum près
de 150 sujets numérotés. Pour quelques espèces répandues, les observations ont été
différenciées en fonction des stations (même espèce observée en différents endroits).
Cependant, le paramètre stationnel n'est pas systématiquement exploité faute de carte
précise des sols. Chaque espèce ne comprend qu'un petit nombre de sujets observés (1-
2) mais ceci durant une longue période atteignant 9 ans au maximum. Elles se poursui-
vent aujourd'hui encore pour certaines espèces.
Le rythme d'observation est de 2 à 3 passages/mois; il est particulièrement intensif lors de
la feuillaison, de la floraison et de la fructification. Les observations ont lieu à l'aide de
bonnes jumelles 10 x 40, en général l'après- midi entre 14 h et 18 h (conditions idéales de
lumière) et par temps sec. Elles sont consignées sur des fiches individuelles.
Les paramètres phénologiques observés se répartissent en 3 groupes comme suit:
Feuillaison
formation des bourgeons les premiers bourgeons sont observés
foliaires
débourrement apparition de la première feuille
progression de la feuillaison estimation de la part du feuillage déjà établie
plein feuillage le feuillage est complet
décoloration des feuilles chez certaines espèces seulement
début de la défeuillaison les premières feuilles tombent
progression de la défeuillaison estimation de la part du feuillage déjà tombée
fin de la défeuillaison toutes les feuilles sont tombées
feuillage absent
Floraison
formation des bourgeons floraux
début de la floraison les fleurs s'épanouissent
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fin de la floraison il n'y a plus de fleurs épanouies (cette ob-
servation est parfois incertaine en raison de la
chute d'organes)
Fructification
formation des fruits les premiers fruits commencent à être for-
més
maturité des fruits la plupart des fruits sont mûrs
fin de la fructification les fruits ou les graines tombent
fin de la chute des fruits ou tous les fruits ou graines sont
des graines tombés
La présence de ravageurs ou de parasites ainsi que le comportement de la faune sont
également notés, car le déroulement du cycle phénologique peut en être affecté.
Un certain nombre de difficultés se présentent à l'observateur, en forêt. Ainsi, lorsque la
floraison a lieu en présence du feuillage, il est parfois dif ficile de distinguer les organes
floraux ou les fruits dans les houppiers. La recherche d'indices au sol peut alors être utile.
L'apparition simultanée de bourgeons floraux et foliaires entraîne parfois des confusions.
Lorsque la période de formation des bourgeons floraux dure particulièrement longtemps, il
arrive que les inflorescences se dessèchent avant la floraison (dans le cas du KATRAFAY
par exemple). Parfois, la floraison est irrégulière: le cycle s'arrête et peut reprendre après
de longues interruptions. Notons encore que fleurs ou fruits disparaissent parfois subite-
ment, soit par avortement, soit en raison de tempêtes ou encore sous l'action d'animaux.
La régularité escomptée du cycle s'en trouve alors affectée.
Présentation des résultats
Tab. 1 Liste des espèces
Les dénominations vernaculaire et scientifique ainsi que les synonymes ont été révisés
afin de tenir compte de l'amélioration des connaissances botaniques depuis la parution de
l'ouvrage de référence. Il a été tiré parti des publications suivantes: ABRAHAM et
SCHROFF (1991), DELEPORTE et RANDRIANASOLO (1991), FAVRE (1990 a et b),
HLADIK (1980), LEROY, LOBREAU-CALLEN et LESCOT (1990), RANDRIANASOLO
(1989) et d'autres fiches techniques du CFPF. En ce qui concerne les noms scientifiques,
des vérifications ont été effectuées dans l'INDEX KEWENSIS (1895 ff, 1980). Quelques
modifications importantes par rapport à l'ouvrage de référence:
KATRAFAY, MAMPANDRY et MANTORA: ces 3 espèces du genre Cedrelopsis passent
de la famille des Méliacées à celle des Ptaeroxylacées
SOMOTSOY: passe du genre Kigelianthe au genre Fernandoa
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