CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
L’ÊTRE HUMAIN,
LA FEMME ET L’HOMME
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-077
L’ÊTRE HUMAIN, LA FEMME ET L’HOMME
Pour la fin des patriarcats et des matriarcats
conférence d’Éric Lowen donnée le 11/07/2006
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Depuis des millénaires, la femme est considérée comme inférieure à l'homme dans la plupart
des sociétés. Même les religions d'orient et d'occident ont rabaissé la femme au rang de sous-
humain. Quelles sont les raisons de ces sexismes ? Les hommes ne viennent pas de Mars, ni
les femmes de Vénus, hommes et femmes sont des expressions d’une seule et commune
nature : l'homo sapiens. Avant d’être homme ou femme, nous sommes des homo sapiens. La
différence génétique X/Y nous fait mâle ou femelle, la culture homme ou femme. La libération
de l’Humanité passe par la réfutation de toutes les formes de sexismes (masculins, féminins,
hétéros, homos, etc.). Cette conférence est une introduction à l’égalité fondamentale entre les
hommes et les femmes.
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L’ÊTRE HUMAIN, LA FEMME ET L’HOMME
Pour une redéfinition du statut ontologique de l'homme et de la femme
Pour une libération de la nature humaine des préjugés sexistes
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
I UN ÉTAT DE FAIT SOCIOLOGIQUE : LA DOMINATION MASCULINE ET PATRIARCALE
1 - Un constat universel et atemporel jusqu’à présent : des sociétés patriarcales sexistes
2 - Des états sociaux reposant sur une distinction d’essence entre l’homme et la femme
3 - Supériorisation de l’homme, infériorisation, dévalorisation et aliénation de la femme
4 - Une pléthore de préjugés sexistes sur la femme et sur la différence homme/femme :
A - Il y aurait des qualités différentes entre l’homme et la femme
B - L’archétype de l’homme et l’archétype de la femme
C - Le mythe de l’éternel féminin ou de l’éternel masculin
D - La féminité dans le masculin, le masculin dans le féminin - une illusion naïve
E - Le mystère de l’âme féminine
F - L’instinct maternel
G - Les préjugés féministes : le mythe des sociétés matriarcales pacifistes
II LES RAISONS DE CETTE SITUATION SOCIOLOGIQUE ET DE CES CROYANCES
1 - La cause essentielle de cela : une conséquence de la supériorité physique de l’homme
2 - Les affirmations “psycho-religio-naturistes” ne sont que des justifications de l’état de fait
3 - Le rejet de la différence d’Autrui commence par le rejet du sexe différent
4 - Des conceptions ontologiques issues de l’ignorance, de l’incompréhension et des préjugés
III LE MÂLE ET LA FEMELLE, DEUX EXPRESSIONS DE L’ESPÈCE HUMAINE
1 - Avant le mâle, avant la femelle : des membres de l’espèce homo sapiens sapiens
2 - Des différenciations secondaires des membres de notre espèce en vue de la reproduction
3 - Une structure ontologique, biologique et psychique commune à 99%
4 - L’universalité de la nature humaine : la nature humaine est en deçà du mâle et de la femelle
5 - Le mâle et la femelle ne se définissent pas l’un par rapport à l’autre
6 - Ni infériorité, ni subordination : une unité biologique dans une égalité ontologique
IV LE PASSAGE DU SEXE AU GENRE IDENTITAIRE : FEMMES, HOMMES ET AUTRES
1 - Le sexe n’est pas le genre, le sexe n’est pas l’identité
2 - Le chromosome n’est pas l’identité, le sexe n’indique pas la condition féminine ou masculine
3 - Le rôle essentiel du culturel : on en naît pas homme ou femme, on le devient !
4 - La seule différence “naturelle” entre la femme et l’homme est liée à la reproduction
5 - Il n’y a pas de destin biologique, l’émancipation du déterminisme biologique
6 - Les individus “femmes” et “hommes” ne se limitent pas à leurs rôles sexuels
7 - Ne plus enfermer l’individu dans son sexe, qu’il soit homme, femme ou autre
8 - Égalité fondamentale de la femme et de l’homme en Humanité, dignité, droit et capacité
9 - Égalité ne signifie pas absence de différences : le respect de l’individualité
10 - La fin de toute dictature sexiste : patriarcat, matriarcat, hétérocratie, homocratie...
V CONCLUSION
1 - Une nature humaine libérée des sexismes, condition de sociétés plus humaines et plus libres
2 - La philosophie aldérienne, philosophie humaniste donc féministe
ORA ET LABORA
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Document 1 : Exemple de schéma de pensée de la domination masculine.
CRÉON. - Nous le saurons bientôt plus clairement que par les devins. Mon fils, le décret
irrévocable qui condamne ta fiancée va-t-il te dresser furieux contre ton père, ou nous
gardes-tu, toi du moins, une affectation à toute épreuve ?
HÉMON. - Mon père, je t’appartiens ; tes conseils me dirigent dans la bonne voie et je les
suivrai toujours. Aucun mariage n’aura plus de prix à mes yeux que ta sage autorité.
CRÉON. - Voilà précisément, mon fils, les sentiments qu’il sied d’avoir : oui, tout doit
passer après la volonté d’un père. Les hommes souhaitent de voir grandir dans leur
maison des enfants soumis, qui embrassent leurs querelles et leurs amitiés. Donner la
vie à des ingrats, n’est-ce pas engendrer nous-mêmes nos propres misères, à la grande
joie de qui nous hait ? Mon enfant, l’amour n’est qu’un plaisir : ne perds pas la raison
pour une femme. Dis-toi que l’étreinte d’une méchante épouse a de quoi refroidir un mari.
Quelle plaie plus pernicieuse qu’un ami pervers ? Allons, repousse comme un être
malfaisant cette malheureuse fille, laisse-la se marier chez Hadès, si cela lui plaît.
Puisque seule dans la cité je l’ai trouvée rebelle, j’entends ne pas tromper la confiance du
peuple : je la condamne à mort. Elle pourra bien implorer à grands cris Zeus familial : si,
dans mon propre foyer, je nourris la révolte, les étrangers se croiront tout permis.
Quiconque respecte la règle dans sa famille saura faire, dans la cité, respecter la justice.
L’orgueil qui viole les lois et prétend dicter ses ordres au pouvoir n’a pas à compter sur
mon approbation. L’élu d’un peuple doit être écouté en toutes choses, grandes et petites,
justes ou injustes. Je ne doute pas qu’un citoyen discipliné ne sache commander aussi
bien qu’il se plie à obéir ; dans la bataille, il fera front vaillamment, en loyal serviteur du
pays. L’anarchie est le pire des fléaux ; elle ruine les cités, détruit les foyers, rompt les
lignes du combat, sème la panique, alors que la discipline sauve la plupart de ceux qui
restent à leur poste. C’est pourquoi notre devoir est de défendre l’ordre et de ne jamais
souffrir qu’une femme ait le dessus. Mieux vaut tomber, s’il le faut, sous les coups d’un
homme, que d’être appelé le vaincu d’une femme. Sophocle (-495, -406)
Antigone, vers -441
Document 2 : Un exemple de préjugé sexiste : la polarisation des qualités associées à l’homme et à la
femme.
Femme Homme
passive actif
intuition raison
grâce muscle
sensibilité force
émotion raison - sérieux
imagination raison
inconscience responsabilité
immanence transcendance
intérieur extérieur
lune soleil
nuit jour
nocturne diurne
yin yang
réceptivité expression
douceur violence
paix guerre
intériorisation extériorisation
foyer travail
enfant carrière
arts science
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Document 3 : Fiction et réalité de la condition féminine.
Certes, à y bien réfléchir, Cléopâtre devait avoir des façons à elle ; Lady Macbeth, on
peut le supposer, avait sa volonté ; Rosalinde, pourrait-on croire, était une jeune fille
charmante... Quand on n'est pas un historien, on peut même aller plus loin et dire que les
femmes flamboient comme des phares dans les œuvres de tous les poètes depuis
l'origine des temps [ ... ] .
Un être étrange, composite, fait son apparition. En imagination, elle est de la plus haute
importance, en pratique, elle est complètement insignifiante. Elle envahit la poésie d'un
bout à l'autre ; elle est, à peu de chose près, absente de l'Histoire. Dans la fiction, elle
domine la vie des rois et des conquérants ; en fait, elle était l'esclave de n'importe quel
garçon dont les parents avaient exigé qu'elle portât l'anneau à son doigt. Quelques-unes
des pensées les plus profondes de la littérature tombent de ses lèvres ; dans la vie
pratique, elle pouvait tout juste lire, à peine écrire, et était la propriété de son mari.
Virginia Woolf (1882-1941)
Une chambre à soi, 1929
Document 4 : En publiant le Deuxième sexe en juin 1949 (elle a alors 37 ans), Simone de Beauvoir donna
naissance au mouvement féministe moderne. Ce livre fut même mis à l’Index par le Vatican. Principe
révélateur, elle fut toujours considérée comme la “compagne” de Jean-Paul Sartre alors qu’il ne vient à
l’esprit de personne de dire Jean-Paul Sartre, compagnon de Simone de Beauvoir”. Pourtant, l’œuvre
philosophique de Simone de Beauvoir est, au final, peut-être plus importante dans l’histoire de la pensée et
de la civilisation occidentale que celle de Jean-Paul Sartre.
Les femmes d'aujourd'hui sont en train de détrôner le mythe de la féminité; elles
commencent à affirmer concrètement leur indépendance ; mais ce n'est pas sans peine
qu'elles réussissent à vivre intégralement leur condition d'être humain. Élevées par des
femmes, au sein d'un monde féminin, leur destinée normale est le mariage qui les
subordonne encore pratiquement à l'homme ; le prestige viril est encore loin d'être
effacé : il repose encore sur de solides bases économiques et sociales. Il est donc
nécessaire d'étudier avec soin le destin traditionnel de la femme. Comment la femme fait-
elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se
trouve-t-elle entérinée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à
décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux
femmes qui, héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau. Quand
j'emploie les mots «femmes» ou «féminin», je ne me réfère évidemment à aucun
archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut
sous-entendre «dans l'état actuel de l'éducation et des mœurs». Il ne s'agit pas ici
d'énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s'élève toute
existence féminine singulière.
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