CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
ÉLOGE DU PLAISIR
La vertu du plaisir pour l'épanouissement humain
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-115
ÉLOGE DU PLAISIR
La vertu du plaisir pour l'épanouissement humain
Conférence d’Éric Lowen donnée le 06/06/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Le plaisir est un élément constituant de l’Être Humain, participant de sa nature et du sens de
sa vie. Or, en raison d’incompréhension, de croyances et de superstitions, le plaisir et les
plaisirs terrestres furent longtemps rejetés et dévalorisés, notamment dans les cultures judéo-
chrétiennes. N’est-il pas temps de réhabiliter et d’exalter le plaisir ? Une philosophie positive
à l'égard de la vie et de l’existence peut-elle exister sans redonner toute sa place et sa valeur
au plaisir ?
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-115 : “Éloge du plaisir, pour une philosophie du plaisir” - 13/04/2002 - page 2
ÉLOGE DU PLAISIR
La vertu du plaisir pour l'épanouissement humain
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
La nature a placé l’homme sous le gouvernement de deux souverains maîtres,
le plaisir et la douleur. Le principe d’utilité reconnaît cette sujétion et la suppose
comme fondement du système qui a pour objet d’ériger,
avec le secours de la raison et de la loi, l’édifice de la félicité.
Jérémy Bentham (1748-1832)
Principes de morale et législation
I L’HÉRITAGE D’UNE CULTURE QUI A DÉNIÉ LE DROIT AU PLAISIR
1 - La question atemporelle du plaisir, les réponses culturelles
2 - La pensée judéochrétienne a exclus le bonheur de ce monde-ci et a diabolisé les plaisirs
3 - Le discours religieux judéochrétien postule un salut et non un bonheur
4 - Une croyance théologique qui conditionne de manière négative le sens de l’existence
5 - La difficile et lente sortie de ces idéologies de la souffrance et du malheur
II LA RÉHABILITATION DU PLAISIR, LA DÉCOUVERTE DE L’INTELLIGENCE DU PLAISIR
1 - Qu’est-ce que le plaisir ?
2 - L’origine du plaisir, la conséquence de l’interaction des sens et du cerveau
3 - La naturalité du plaisir
4 - Le plaisir est une émotion première, l’irréductibilité du plaisir
5 - La positivité du plaisir, le plaisir est plus que la fuite du déplaisir
6 - L’intelligence du plaisir
7 - L’autonomisation du plaisir, le plaisir s’élève à sa propre finalité
8 - L’unité du plaisir dans la diversité des plaisirs, l’égalité des plaisirs
9 - La nécessité physiologique, psychologique et existentielle du plaisir
10 - Le plaisir n’est pas tout, mais il est légitime et nécessaire dans l’existence
11 - Le plaisir est inscrit dans le sens de l’existence humaine, il participe du bonheur
III PLAISIR ET INDIVIDUALITÉ
1 - De la réponse de la nature humaine à la réponse individualisée
2 - L’individualisation du plaisir
3 - La dépendance du plaisir avec l’individualité : plaisir et conscience
4 - La qualité de nos plaisirs est corrélée à notre état d’être intérieur
5 - L’évolution de nos plaisirs, reflet de notre évolution
IV LA PHILOSOPHISATION DU PLAISIR, OU L’INTELLIGENCE DES PLAISIRS
1 - La conscience de la nature du plaisir permet de l’intégrer dans la prosophia
2 - L’amour du plaisir, attitude indispensable du vécu intelligent du plaisir
3 - S’autoriser le plaisir et se rendre apte au plaisir, une élévation de soi
4 - Cultiver le plaisir, en faire un art du plaisir
5 - L’intelligence des plaisirs, le vécu équilibré des plaisirs
6 - La qualification du plaisir
7 - Savoir prendre plaisir à la vie et aux plaisirs, sans s’oublier dans les plaisirs
8 - Le passage au plaisir des plaisirs, au plaisir de l’existence
V CONCLUSION
1 - Toute véritable philosophie moderne doit être aussi une voie du plaisir
2 - Un des principes fondateurs de la philosophie aldérienne
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-115 : “Éloge du plaisir, pour une philosophie du plaisir” - 13/04/2002 - page 3
Document 1 : Un exemple des préjugés des philosophes antiques sur le plaisir.
Tous ceux qui tirent leurs plaisirs de l'estomac et qui franchissent la limite de l'opportunité
en nourriture, en boisson et en amour ne connaissent que des plaisirs fugitifs et
temporaires, limités à l'instant ils mangent et boivent, mais assortis de nombreuses
peines. Car le désir se présente sans cesse pour les mêmes choses, et lorsqu'on a
obtenu ce qu'on désirait, le plaisir se dissipe aussitôt, et ceux qui en ont joui n'en tirent
qu'un bref instant de contentement ; après quoi le besoin des mêmes objets se fait sentir
de nouveau. Démocrite d’Abdère (- 460,- 357)
Document 2 : Un exemple des préjugés (tenaces !) sur le plaisir que l’on trouve dans l’antiquité,
particulièrement chez les stoïciens : le plaisir est trivial, vulgaire et fugace, alors que la vertu est noble.
Ajoutez encore que le plaisir s'arrange de l'existence la plus honteuse, mais que la vertu
ne consent pas a une vie mauvaise ; il y a des malheureux à qui le plaisir ne fait pas
défaut, et même dont le plaisir cause le malheur, ce qui n'arriverait pas si le plaisir était
mélangé à la vertu, mais la vertu existe souvent sans le plaisir et n'a jamais besoin de lui.
Pourquoi rapprocher des choses si dissemblables et même si opposées ? La vertu est
chose élevée, sublime, royale, invincible, inépuisable ; le plaisir est chose basse, servile,
faible, fragile qui s'établit et séjourne dans les mauvais lieux et les cabarets. Vous
trouverez la vertu au temple, au forum, à la curie, elle tient bon devant les remparts,
couverte de poussière, le teint hâlé et les mains calleuses ; le plaisir habituellement se
cache et recherche les ténèbres, il est aux abords des bains, des étuves et des endroits
qui redoutent la police ; il est amolli, sans force, humide de vin et de parfums, pâle ou
fardé, embaumé d'onguents comme un cadavre. Le souverain bien est immortel, il ne sait
point s'en aller, il ne connaît ni satiété ni regret ; en effet une âme droite ne change
jamais, elle n'éprouve point de haine pour elle-même, elle n'a rien à modifier à sa vie qui
est la meilleure. Mais le plaisir arrivé à son plus haut point s'évanouit ; il ne tient pas une
grande place, c'est pourquoi il la remplit vite ; puis vient l'ennui, et après un premier élan
le plaisir se flétrit. Ayant son essence dans le mouvement, il est toujours indéterminé.
Rien ne peut exister de substantiel en ce qui vient et passe si vite, et se trouve destiné à
périr de par son propre usage ; le plaisir en effet aboutit à un point il cesse, et dès son
début il regarde vers sa fin. Que dire du fait que le plaisir n'existe pas moins chez les fous
que chez les méchants et que les êtres bas prennent autant de plaisir dans leurs infamies
que les honnêtes gens dans leurs belles actions ? Aussi les Anciens ont prescrit de
rechercher la vie la plus vertueuse et non la plus agréable, de façon que le plaisir soit
non pas le guide mais le compagnon d'une volonté droite et bonne. Sénèque (4-65)
De la vie heureuse
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-115 : “Éloge du plaisir, pour une philosophie du plaisir” - 13/04/2002 - page 4
Document 3 : Un autre exemple d’ennemi du plaisir, les religions chrétiennes (voir les 7 péchés capitaux).
N'aimez pas le monde, ni tout ce qui est dans le monde, parce que ce qu'il y a dans le
monde est concupiscence de la chair ; un attachement à la fragile et trompeuse beauté des
corps, et un amour déréglé du plaisir des sens, qui corrompt également les deux sexes.
Ô Dieu, qui par un juste jugement avez livré la nature humaine coupable à ce principe
d'incontinence, vous y avez préparé un remède dans l'amour conjugal : mais ce remède fait
voir encore la grandeur du mal, puisqu'il se mêle tant d'excès dans l'usage de ce remède
sacré. Car d'abord ce sacré remède, c'est-à-dire le mariage, est un bien et un grand bien,
puisque c'est un grand sacrement en Jésus-Christ et en son Église, et le symbole de leur
union indissoluble. Mais c'est un bien qui suppose un mal dont on use bien ; c'est-à-dire, qui
suppose le mal de la concupiscence, dont on use bien, lorsqu'on s'en sert pour faire fructifier
la nature humaine. Mais en même temps, c'est un bien qui remédie au mal, c'est-à-dire à
l'intempérance ; un remède de ses excès, et un frein à sa licence. Que de peine n'a pas la
faiblesse humaine à se tenir dans les bornes de la liaison conjugale, exprimées dans le
contrat même du mariage ? C'est ce qui fait dire à saint Augustin, qu'il s'en trouve plus qui
gardent une perpétuelle et inviolable continence, qu'il ne s'en trouve qui demeurent dans les
lois de la chasteté conjugale ; un amour désordonné pour sa propre femme étant souvent,
selon le même Père, un attrait secret à en aimer d'autres. Ô faiblesse de la misérable
humanité, qu'on ne peut assez plorer ! Ce désordre a fait dire à saint Paul me, que ceux
qui sont mariés doivent vivre comme n'ayant pas de femmes ; les femmes par conséquent
comme n'ayant pas de maris : c'est-à-dire, les uns et les autres sans être trop attacs les uns
aux autres, et sans se livrer aux sens, sans y mettre leur félicité, sans les rendre maîtres. C'est
ce qui fait la louange de la sainte virginité ; et sur ce fondement, saint Augustin distingue trois
états de la vie humaine par rapport à la concupiscence de la chair. Les chastes mariés usent
bien de ce mal ; les intempérants en usent mal ; les continents perpétuels n'en usent point du
tout, et ne donnent rien à l'amour du plaisir des sens. Bossuet (1627-1704)
Traité de la concupiscence
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-115 : “Éloge du plaisir, pour une philosophie du plaisir” - 13/04/2002 - page 5
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !