Louxor

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Le magazine de l’égypte éternelle
N°14
Louxor
vue du ciel !
te
Contre-enquntêre
Sacré
Archéoastronomie et
orientation des temples
Les catacombes sacrées du dieu Thot
People
Qui était Senenmout ?
Exposition
Le scribe des contours
Août - Septembre - Octobre / 2013
Le sauvetage de Nabta Playa
Découverte
L 18776 - 14 - F: 6,95  - RD
Archéologie
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Portfolio
Hémou
&
hémouou
Art, artistes et scribes des contours
dans l’ancienne Egypte
Alors que la très belle exposition
« l’art du contour » ferme ses portes
au musée du Louvre, Pharaon
Magazine poursuit la découverte de
l’art égyptien dans ce numéro d’été.
En ancienne Egypte, on dit souvent
que l’art pour l’art n’existait
pas, qu’il s’agissait d’une œuvre
collective et anonyme. Nous savons
aujourd’hui que l’art tel que nous
le définissons et l’apprécions de
nos jours était connu des anciens
Egyptiens ; l’art joue même un rôle
très particulier dans les tombes et les
temples. Le mot « hémou » désigne
l’art, le concept de l’art et ceux qui
font l’art. L’art se définit aussi par
des traités théoriques et pratiques qui
ne semblent pas exister en ancienne
Egypte.
Les ateliers d’artistes
L’art égyptien est-il un art anonyme
où l’artiste n’existe pas ? Dimitri
Laboury, dans le remarquable
catalogue de l’exposition du Louvre,
corrige cette vision traditionnelle
(photo1). Il faudrait utiliser le mot
hémouou pour désigner un artiste,
un spécialiste (ex. : spécialiste des
meubles, des objets en or, etc.).
On découvre aussi une profession,
un métier hiérarchisé, comme tous
les métiers dans l’Egypte ancienne.
Nous avons les fameux scribes des
contours, ceux qui dessinent les
décors et forment les objets. Nous
trouvons aussi les directeurs des
scribes des contours (ainsi que des
inspecteurs surveillant et supervisant
leur travail).
Nous avons le maître et l’apprenti,
souvent le père et le fils, les métiers
© F. Tonic
Photo 1
Ouvriers et artisans fabriquent divers
objets. Tombe de Rekhmirê.
Pharaon N°14
3
Portfolio
Scribe des contours. Tombe de El-Kab
se transmettant souvent de père
en fils. Point d’écoles, mais un
apprentissage avec un maître et
un perfectionnement dans une
communauté d’ouvriers ou dans un
atelier.
Photo 2
L’atelier est un lieu important dans la
production artistique. Il regroupe un
certain nombre de scribes du contour
mais aussi d’autres hémouou comme
des ébénistes, menuisiers, maçons,
bijoutiers, métallurgistes, vanneurs,
etc.
Ces ateliers produisent aussi bien des
meubles que des statues, peut être
des tombes entières (du creusement
au mobilier funéraire). Ils possèdent
un administrateur, un directeur.
Ces ateliers peuvent être royaux
dépendants de l’Etat ou provinciaux,
voire, peut être privés, appartenant à
un artiste, comme ce fut peut être le
cas du fameux atelier de Thoutmosis
à Amarna.
Mais les artistes et artisans travaillant
dans des ateliers royaux ou à Deir
el-Médineh (le village des ouvriers à
Louxor) peuvent aussi travailler sur
des chantiers non royaux comme
par exemple pour un prêtre, un
temple, un haut fonctionnaire.
Les artisans travaillent aussi pour
d’autres artisans : l’un fait le décor
d’une tombe de Deir el-Médineh en
échange d’un meuble, etc…
Des artistes reconnus !
L’ancienne Egypte avait ses Picasso,
David, Michel Ange. Bien que
l’artiste égyptien signe rarement ses
œuvres, certains n’ont pas hésité à
se faire représenter, à marquer leur
nom sur une œuvre.
Citons :
Pahéry : scribe des contours, dans la
tombe de Iahmès fils d’Abana à ElKab. (photo 2)
Thoutmosis : artiste d’Amarna sous
le règne d’Akhenaton
© F. Tonic
Irtisen : artiste
4
Pharaon N°14
Ankhenptah : chef sculpteur, peutêtre responsable de la décoration du
mastaba de Ptahhotep (Saqqarah)
Thoutmès : directeur des peintres
(Memphis)
© F. Tonic
Portfolio
Photo 3
Préparation de la paroi, quadrillage et mise en place du décor. Tombe de Meir.
Du simple
contour au décor terminé
(l’exemple de la tombe)
Comment les scribes des contours
et les autres artisans travaillaient ?
Comment les Egyptiens concevaient
les décors ? Nous avons la chance
de posséder de nombreuses tombes
dont le décor est inachevé. Ces
monuments montrent les différentes
étapes de fabrication d’un décor.
1 - Avant toute chose, le programme
iconographique
(=
décor),
comprenant les textes et les
représentations
(hommes,
femmes,
enfants,
paysages,
animaux…) est défini par le
directeur des scribes des contours,
des scribes et/ou des prêtres. Pour
chaque période, nous retrouvons
toujours les mêmes thèmes
décoratifs et textuels (chasse,
pêche, divertissement, offrandes,
liste des titres officiels, etc.)
2 - les parois de la tombe sont
préparées afin de recevoir le décor.
Les scribes des contours tracent à
l’encre rouge un quadrillage. C’est
la grille de proportion. Cette grille
permet de placer textes et décors
et surtout il permet de respecter
les proportions des personnages
et animaux. C’est un travail
crucial pour la suite. Sans doute
que le directeur du chantier vérifie
attentivement la mise en place du
quadrillage. (photo 3)
3 - Les scribes des contours, suivant
le programme iconographique
préalablement défini, mettent en
place le décor. Cette ébauche est
tracée à l’encre rouge. C’est à cette
étape du chantier que les scribes
voient si le décor rentre bien dans
l’espace attribué. Si l’espace est
Scribe des formes ou scribe des contours
Un débat existe sur le sens à donner au mot égyptien sesh kedout. Aujourd’hui, les
égyptologues utilisent la traduction « scribe des contours ».
Car ils considèrent que l’art égyptien est un art du contour (1). Mais certains utilisent
« scribe des formes », car finalement l’art égyptien est aussi (et surtout ?) un art des formes,
tout autant que de contours…
1 Catalogue exposition « l’art du contour », introduction de G. Andreu-Lanoë
Pharaon N°14
5
Portfolio
ébauche de décor. Tombe Sud d’Amarna.
© F. Tonic
Photo 4
trop petit ou trop grand, il faudra
reprendre le décor et l’adapter.
4 - L’esquisse en rouge est vérifiée. Les
scribes des contours tracent plus
finement le décor, et au besoin le
corrigent, à l’encre noire (photo
4). On considère alors le décor
comme définitif.
5 - Les scribes des contours laissent la
place au chef sculpteur et à son
équipe de sculpteurs. Le décor sera
alors sculpté en relief, en suivant
scrupuleusement le tracé noir.
Les sculpteurs dégrossissent tout
d’abord les contours et les volumes
(photo 5). Puis, des sculpteurs
plus expérimentés, voire, le chef,
sculptent les moindres détails.
C’est à ce moment là que le décor
prendra sa forme définitive.
6 - L’ultime étape est la mise en
couleurs du décor. Les sculpteurs
laissent la place aux peintres. Ce
sont eux qui vont « colorier » le
moindre recoin de décor. Travail
lent et minutieux. La qualité
de la peinture va dépendre de
la maîtrise des peintres et bien
entendu de la qualité de la
gravure.
Dans un prochain numéro, nous
expliquerons pourquoi les Egyptiens
représentent les personnages et
animaux de profils et nous verrons
que la réalité est représentée selon
des règles très précises.
Mais nous verrons aussi que l’artiste
égyptien avait une certaine liberté et
qu’il savait en profiter…
© F. Tonic
Photo 5
6
Pharaon N°14
Exemple d’un décor en cours d’exécution mais resté
inachevé. Tombe aux oiseaux. Saqqarah.
Portfolio
© F. Tonic
Photo 6
Parfois, le décor est simplement peint. Tombe de
Dra Abu el-Naga, Louxor.
Tablette
d'apprentissage
avec grille de
proportions d'une
statue royale. Dra
Abou el-Naga.
Musée de Louxor.
Objet découvert
en 2007.
© imaginegypt
Bibliographie
Collectif, l’art du
contour - le dessin
dans l’Egypte
ancienne, Somogy
Editions, 2013
DVD, Le scribe qui
dessine, Musée du
Louvre, 2013
Pharaon N°14
7
Actualité
Amarna
appel à l’aide pour sauver le Grand Temple d’Aton !
Le grand temple d’Amarna.
Etat en novembre 2012.
Bab al-wazir, dans Le Caire historique, a été purement et
simplement détruite au bulldozer !
© F. Tonic
Projet Karnak : un site internet
documentaire sur les temples de Karnak !
L’équipe archéologique de Barry Kemp appelle à l’aide pour
sauver le grand temple d’Aton au centre ville d’Amarna. Cet
immense monument, longtemps laissé à l’abandon, est une
des priorités des archéologues : dégagement des structures,
établissement de nouveaux plans précis, préservation des
vestiges en briques et en pierres. L’objectif premier est de
sauver ce qu’il reste du grand temple. Les constructions
modernes s’accélèrent depuis 5 ans et détruisent chaque
année un peu plus le monument. Il faut arrêter au plus
vite de nouvelles constructions. L’étude des ruines est vitale
car le grand temple est mal connu. Le travail a débuté en
2012 et se poursuivra à l’avenir. Les moyens financiers
étant limités, l’équipe cherche 40 680 £ pour poursuivre le
chantier.
Site : http://www.amarnatrust.com
Le Caire : un patrimoine
pharaonique qui se dégrade à Hélioplis
Annoncé par le centre franco-égyptien d’étude des temples de
Karnak, le projet Karnak est ambitieux et indispensable. «Ce
travail est fondé sur un dépouillement exhaustif des
documents et
inscriptions de Karnak collationnées sur
l’original. Toutes les informations relatives à un document
seront accessibles à partir d’une
notice unique. Cet outil en
ligne autorise des recherches directes dans le contenu
des
notices et dans les inscriptions hiéroglyphiques par le biais
de
la translittération.
Il fournira dans une prochaine version et divers indices
permettant des recherches multicritères (noms des
divinités,
épithètes divines, toponymes, ethniques et lieux
de cultes, éléments
de titulatures, anthroponymes, éléments
prosopographiques et
vocabulaire des inscriptions)» précise
l’annonce officielle. Le but est clair : créer une vaste base de
données documentaire sur l’ensemble des monuments de
Karnak : documentation, photos, dessins, plans, traduction
des textes. Des milliers de documents ne sont pas accessibles,
ou très difficilement. Or, le centre d’étude a amassé une
documentation colossale, qui s’enrichit année après année.
Ce projet doit s’étaler sur plusieurs années.
Site : http://www.cfeetk.cnrs.fr/karnak
© Monica Hanna
La préservation et la sécurité des sites archéologiques sont
deux problèmes importants, surtout en dehors des sites
touristiques. Dans le quartier de Matariya (Héliopolis, près
du Caire), les vestiges de temples pharaoniques ont été
envahis de poubelles. Des bénévoles ont décidé de nettoyer
le site pour mieux le préserver. Une heureuse initiative.
Par contre une porte datant de Ramsès IX a été à plusieurs
reprises endommagée : textes martelés, traces d’incendies.
Ce n’est qu’un nouvel épisode de la dégradation rapide
d’une partie du patrimoine égyptien. Récemment, la porte
8
Pharaon N°14
Site internet du
projet Karnak
Porte de Ramsès IX
endommagée.
Actualité
Ramesseum
mission archéologique 2012-2013
Les origines du temple de Touy
et du Ramesseum
Derniers travaux sur le colosse
de Touy. (novembre 2011).
© F. Tonic
Depuis 2010, une équipe explore la
zone du Mammisi, temple dédié à
la reine-mère Touy. A l’origine, ce
secteur était occupé par un temple
fondé sous le règne de Séthy Ier,
monument qui n’a sans doute pas
dépassé le stade des fondations. Puis
sous Ramsès II, les architectes créèrent
ce petit temple et le Ramesseum.
Les archéologues cherchent à
comprendre l’histoire du monument
et son lien avec le Ramesseum. Le
travail est loin d’être terminé.
La mission française de sauvegarde
du Ramesseum, dirigée par Christian
Leblanc, a eu une riche saison de
fouilles entre octobre 2012 et janvier
2013.
Après avoir remonté le socle de
la statue de la reine-mère Touy
(et le corps de la reine jusqu’au
bassin), dans la première cour, les
archéologues s’attaquent désormais
à l’immense colosse de Ramsès II
gisant au sol depuis bien longtemps.
Les vestiges d’un escalier datant
de Ramsès II ont été découverts. Il
permettait d'accéder au 2e pylône et
à la suite du temple.
Toujours dans la première cour,
Christian Leblanc a rouvert la fouille
du palais royal. Durant cette mission,
les aménagements et les limites du
monument ont été dégagés. Les
principales salles sont une salle de
réception à 16 colonnes, une salle du
trône et des appartements privés.
Christian Leblanc a continué à
dégager l’allée processionnelle. A
l’origine, elle bordait le temple sur
trois côtés. Plusieurs fosses servant
aux statues de chacals et du pharaon
ont été découvertes.
Durant les prochaines années, la
mission prévoit la publication de
plusieurs ouvrages scientifiques sur
le Ramesseum : étude sur l’école du
temple de Ramsès II, publication des
textes et des décors du monument.
Pour en savoir plus :
http://www.mafto.fr
Le colosse géant de Ramsès II
L’objectif n'est pas de remonter le
colosse, son état est trop dégradé
pour que ce soit pertinent et le coût en
serait très élevé. Il s’agit tout d’abord
de répertorier tous les fragments de
cette statue, soit plusieurs centaines.
Le but est de reconstituer le socle du
monument et de replacer les pieds
royaux à leur place… Une grue
a été spécialement amenée pour
manœuvrer les blocs de granit.
© F. Tonic
Les archéologues en ont profité
pour nettoyer systématiquement la
première cour. La récolte a été bonne :
de nombreux fragments de statues et
de décors, dont ceux provenant du 2e
pylône du Ramesseum, aujourd’hui,
totalement détruit.
Fouille sur le temple de
Touy (mammisi).
Pharaon N°14
9
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10
Pharaon N°14
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Sommaire
Edito
Un été
Les scribes des contours................................................................. 3
pharaonique
Si la grande exposition au musée du Louvre a fermé ses
portes (voir le n°13), une autre a ouvert il y a quelques
semaines au Puy-en-Velay, sur les trésors cachés du
Louvre... L’été est aussi une excellente occasion pour
visiter les nombreuses collections égyptiennes françaises
et européennes. Et le choix ne manque pas : Mougins,
Avignon, Marseille, Grenoble, Lyon, Lille, Toulouse, Paris.
C’est l’occasion ou jamais ! Si vous voulez profiter du
soleil, nous vous proposons une petite sélection d’ouvrages
sur l’ancienne Egypte. Vous serez incollable !
Pour ce numéro d’été, la rédaction vous propose de
prendre de la hauteur ! Et si on découvrait Louxor du ciel ?
Et cela change tout ! Les monuments changent d’aspect,
vous comprenez comment ils s’insèrent dans le paysage. Et
surtout, vous pouvez apprécier la campagne égyptienne :
l’animation, les couleurs, le contraste saisissant entre
désert et terres agricoles. Sensations garanties !
Actualités : appel à l’aide pour sauver le grand temple d’Aton........ 8
« Non, les extraterrestres n’ont pas construit les pyramides ! »........ 12
Archéologie : le sauvetage de Nabta Playa....................................... 26
Qui était Senmout ?........................................................................... 31
Louxor, vue du ciel !.......................................................................... 33
Les impératrices romaines absentes d’Egypte ?................................. 38
Tuna el-Gebel : les catacombes géantes............................................ 44
Archéoastronomie : l’orientation des temples égyptiens.................. 50
Le Rhinocéros égyptien...................................................................... 55
Un été pharaonique : expositions, livres…....................................... 60
Nos bonnes adresses au Caire........................................................... 64
Abonnez-vous à
Pharaon Magazine (voir page 10)
Il existe des dizaines de théories surréalistes concernant
l’Egypte ancienne : les pyramides construites par des
extraterrestres, l’invention de l’ampoule ou du laser, un
2e sphinx quelque part à côté de Guizeh, des pierres trop
parfaitement taillées pour être vraies, l’Egypte a été créée
par les Atlantes. La science officielle nous cache quelque
chose, la théorie du complot, l’Egypte est au cœur de tous
les fantasmes, bien plus que toute autre civilisation. Nous
avons mené l’enquête : sur quelles preuves ces théories
s’appuient-elles ? Certaines théories ne reposent sur rien,
d’autres utilisent des documents, des traductions, des
découvertes archéologiques. Et vous verrez qu’il n’est pas
toujours facile de savoir ce qui est faux, de ce qui est vrai.
De nombreux autres sujets sont abordés dans ce numéro :
le scribe des contours, la carrière de Senenmout et
ses relations obscures avec la reine Hatshepsout, les
incroyables catacombes d’animaux sacrés de Tuna elGebel, les dernières nouvelles du Ramesseum…
Bonne découverte !
Tous les compléments
www.pharaon-magazine.fr
Pharaon Magazine N°15, au sommaire
• Philae et le sanctuaire d'Isis
• Les grandes batailles de l'ancienne Egypte
• Sacrifice humain : entre mythe et réalité
En kiosque le 25 octobre 2013
François Tonic
Historien, Rédacteur en chef
[email protected]
Pharaon N°14
11
Science
L’Egypte ancienne selon le
film Stargate (1993)
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Non, les extraterrestres
n’ont pas construit les pyramides !
Faut-il croire le film et la série Stargate ? Les extra-terrestres ont-ils construit la pyramide
de Chéops ? Les anciens Egyptiens avaient-ils inventé le laser, l’ampoule électrique et
l’hélicoptère ? Quel lien avec les Atlantes ? On peut lire et voir les théories les plus « folles »
sur l’ancienne Egypte. Parfois, les documentaires sont si convaincants que l’on pourrait y
croire, ou tout le moins, douter… Plus la théorie paraît folle, mieux on y croit. Nous avons
mené une enquête sur ces théories et idées les plus folles concernant l’Egypte des Pharaons.
Bonne découverte !
Par François Tonic
Dans les cryptes du temple d’Hathor
(Denderah, 60 km au Nord de
Louxor), le visiteur peut observer
d’étranges « ampoules » avec des
serpents se tortillant à l’intérieur. Il
n’en fallait pas plus pour y voir une
ampoule électrique, le filament et
les générateurs ou condensateurs.
Ce décor est dans la crypte sud n°1,
dans la chambre C (dernière salle,
à droite). Il est dédié à Harsomtous,
dieu-serpent vénéré à Denderah.
Sous sa forme de serpent, c’est une
divinité de la fécondité, sous sa
forme de dieu-enfant, il est un dieu
solaire. Le serpent (jeune), protégé
dans une gangue (concombre ?),
surgit d’une fleur de Lotus. Ce
décor rappelle un des mythes de la
Création du Monde surgissant d’un
Lotus. Le serpent est aussi le premier
12
Pharaon N°14
© F. Tonic
Et les Egyptiens inventèrent l’ampoule électrique…
Les ampoules de
Denderah sont
en réalité une
représentation de la
Création du monde.
Science
animal de la Création. Ce décor peut être compris de
deux manières : la naissance d’Harsomtous serpent, le
cycle de la naissance quotidienne du soleil (Harsomtous,
dieu solaire). La gangue est soutenue par le dieu Heh, le
pilier Djed (= la stabilité du monde), ou les deux.
La gangue serait Nout (ou le ventre du Nout ?), la déesse
du ciel. Mais serait-ce possible que ce soit une évocation
du Noun ? C’est à dire l’océan primordial d’où le monde
va émerger et où la première terre (la butte première)
va apparaître. Le serpent surgissant serait alors le
soleil naissant, à l’aube. A l’aube, le soleil est serpent
(Harsomtous) puis prend différentes formes au matin, à
midi et le soir. Cette gestation est fragile d’où la présence
d’un protecteur, prêt à égorger les ennemis (génie à tête
de grenouille, Oupouty).
On est bien loin de l’ampoule électrique !
Pour aller plus loin
Sylvie Cauville, le temple de Dendera guide
archéologique, IFAO, 1990
Le sphinx de Guizeh vieux de 8 000 ou 10 000 ans ?
Le sphinx est antédiluvien ! Il est plus
vieux de 6 à 7 000 ans par rapport à
la datation des archéologues ! Une
civilisation existait avant celle de
l’Egypte ancienne et l’unique trace
serait cette statue monumentale
qui représentait à l’origine la tête
d’un lion et celle d’un pharaon.
Les importantes rainures d’érosions
seraient dues aux pluies importantes,
dans cette région quand elle n’était
pas encore un désert…
Les
analyses
géologiques
ont déterminé trois couches
géologiques différentes :
• Couche 1 : socle rocheux et une
partie de la base du sphinx. Pierre
dure.
• Couche 2 : elle alterne couches
tendres et dures. Forme la majorité
de la statue.
• Couche 3 : pierre de bonne qualité
et relativement dure. La tête a
été sculptée dans cette couche
(exceptée une partie le nez).
L’érosion du sphinx de Gizeh provient
de plusieurs facteurs : le sable, le
vent et la pluie. La zone des grandes
pyramides était encore une zone
© F. Tonic
Les archéologues n’ont trouvé aucun
objet, aucun indice sur l’existence
d’une civilisation plus ancienne que
celle des Egyptiens à Gizeh. La pierre
dans laquelle est taillé le sphinx est
un calcaire (couche géologique :
formation de Mokkatam). Ce calcaire
est particulièrement tendre même si
des couches plus dures alternent avec
les couches tendres. L’observation de
la roche autour du sphinx suffit pour
constater l’érosion naturelle violente
de cette roche.
Le grand sphinx de Guizeh. On distingue
parfaitement l’érosion de la pierre originelle et le
revêtement antique.
semi-humide lorsque le sphinx fut
sculpté vers 2500-2550 av. JC. Cette
zone devient désertique environ 400450 ans plus tard. Et depuis, l’érosion
n’a jamais cessé. Très rapidement, les
égyptiens, jusqu’à l’époque romaine,
vont régulièrement restaurer et
consolider la statue géante. Ainsi
une maçonnerie protégeait le
corps du sphinx. Le monument fut
régulièrement ensablé jusqu’à la
tête. Auguste Mariette va découvrir
à Gizeh, une stèle, surnommée la
stèle de la fille de Khéops (ou stèle de
l’inventaire). Elle daterait du 7e – 6e
siècle av. JC et dresse un inventaire
des objets de culte d’un temple d’Isis
à Gizeh. La stèle cite Khéops comme
un roi qui aurait restauré le sphinx
et qui aurait fondé un temple dédié à
Isis. On peut supposer que plusieurs
éléments sont faux pour rattacher
le temple à une origine mythique et
lointaine. Le sphinx fut sculpté soit
sous Radjedef (fils et successeur de
Chéops, 4e dynastie, vers 2500-2450
av. JC), soit sous Chéphren (autre fils
de Chéops).
Mark Lehner (égyptologue américain
fouillant à Gizeh depuis plus de 30
ans) a noté sur le texte gravé, des
anachronismes des fonctions et des
titres officiels rendant une datation
de la stèle à l’Ancien Empire
douteuse. Donc, impossible d’utiliser
cette stèle pour prouver que le sphinx
est antérieur à Chéops !
Pour aller plus loin
Zahi Hawass, the secrets of the Sphinx, AUC Press, 1999 (réédition)
R. & O. Temple, the sphinx mystery, Inner Traditions Bear and Compagny, 2009
Pharaon N°14
13
Science
Des salles secrètes sous le Sphinx de Guizeh !
Oui, les archéologues ont découvert
aux 19e et 20e siècles deux tunnels
dans et sous le Sphinx. Le premier
se situe sur le dos de la bête, derrière
la tête et s’enfonce dans le corps
de pierre. Son exploration n’a rien
fourni de significatif.
Son creusement date sans doute de
la 26e dynastie. Le second tunnel
se situe à l’arrière de l’animal, sa
découverte remonte à 1926 par
l’archéologue Baraize. Le tunnel
s’enfonce assez profondément dans
le sol rocheux. Mais il semble mener
à un cul-de-sac. Une nouvelle fouille
y a été menée en 1980, par Mark
Lehner et Zahi Hawass.
Aucune trouvaille. Il semblerait que
ce tunnel date d’avant la première
grande restauration (Thoutmosis IV,
ou alors juste avant la pose de pierres
de protection).
Sa fonction reste inconnue : tunnel
de voleur, projet inachevé… En
1987, une équipe japonaise mena
une prospection géomagnétique
à l’avant du Sphinx, et entre les
pattes. Une masse métallique (?)
y a été détectée à 2 ou 3 mètres de
profondeur. Il n’en fallait pas plus
pour parler de nouveaux tunnels ou
d’une salle secrète sous le Sphinx.
Mais jusqu’à présent, rien ! Et ce,
malgré de nombreuses études et
prospections…
Pour aller plus loin
Zahi Hawass, the secrets of the Sphinx, AUC Press, 1999 (réédition)
R. & O. Temple, the sphinx mystery, Inner Traditions Bear and Compagny,
2009
La théorie des salles
secrètes sous le sphinx
coupe du sphinx, de la chaussée de Chéphren
et des hypothétiques salles souterraines
"la porte des étoiles" de L. Picknett & C. Prince, 2006
14
Pharaon N°14
Science
Deux sphinx pour le prix d’un ! La promotion d’été de Chéops !
© imaginegypt
Il y a 3-4 ans, une polémique, vite oubliée, a
suscité une tempête médiatique : il y aurait
un 2e sphinx à Gizeh, plus petit que le Grand
Sphinx. Une des preuves pour les partisans de
ce 2e sphinx est la fameuse stèle du songe de
Thoutmosis IV (le prince Thoutmosis s’endormit
un jour à l’ombre du géant et le sphinx lui promit
le trône d’Egypte s’il le sauvait des sables…) ainsi
que des récits d’Historiens et géographes arabes
du Moyen Age.
La stèle du songe montre deux sphinx posés sur
un tabernacle (à façade de palais), le pharaon
faisant une offrande à chaque sphinx. Il ne
s’agit pas de deux sphinx différents mais un seul
et même sphinx, celui de Guizeh. Il est le dieu
Harmakis (« Horus dans l’Horizon »). La stèle ne
fait donc pas référence à la statue monumentale
mais au dieu qu’elle représente.
Les deux sphinx de la stèle sont identiques et
appelés Harmakis, dans les deux légendes.
L’art égyptien pratique souvent la symétrie. On
remarque aussi que le pharaon fait une offrande
différente :
à gauche : le roi offre un vase à libation
à droite : le roi brûle de l’encens et fait une
libation (Thoutmosis IV verse un liquide)
Les socles des deux sphinx n’ont rien d’une porte
vers un autre monde ou d’indications de galeries
souterraines. Il s’agit d’un banal tabernacle.
Les partisans d’un second Sphinx (en briques et
en pierres ?), quelque part sur la rive droite du
Nil, disent que des auteurs arabes du Moyen Age
(10-11 siècles) l’évoquent. La preuve absolue !
Problème : aucun texte égyptien ancien, aucun
document gréco-romain n’évoque ce fameux
second sphinx monumental du Caire ! Hérodote,
Pline ou encore Strabon n’auraient pas manqué
d’en parler. El-Makrizi, célèbre auteur arabe,
évoque dans ses écrits le Grand Sphinx, mais
La stèle du rêve de Thoutmosis IV et la
double représentation du dieu et non
pas du sphinx en tant que statue.
Dessin de la stèle
du rêve, d’après
Lepsius.
aucune trace d’un second Sphinx.
Al-Idrisi, Ibn Iyas évoquent bel et
bien un sphinx sur la rive droite
mais il est probable qu’ils évoquent
les sphinx de l’ancienne Memphis
(20 km au Sud du Caire) ou ceux de
la grande ville d’Héliopolis (Ouest du
Caire). Ces auteurs reprennent aussi
des traditions orales et du folklore
local. Bref, difficile d’utiliser ces écrits
médiévaux pour affirmer l’existence
d’un autre sphinx !
Pour aller plus loin
Traduction de la stèle du
Songe : http://projetrosette.info/
page.php?Id=799&TextId=164
Pharaon N°14
15
Science
La malédiction des pharaons
défunt qui compromettrait sa survie dans l’au-delà.
C’est aussi pour cela que la profanation des momies est
particulièrement grave. Le pillage d’une tombe faisait
perdre à celle-ci son caractère sacré. Les prêtres devaient
resacraliser les lieux et la momie. Exemple d’une
malédiction (vers 2550 av. JC, dans la tombe de Petety,
Guizeh) : toute personne pénétrant dans la tombe pour
y faire un acte malveillant, le dieu (par l’intermédiaire
d’un prophète d’Hathor, une catégorie de prêtres)
s’occuperait du visiteur et un lion le dévorerait…
Le canari de Lord Carnavon mangé dans sa cage, les
lumières du Caire qui s’éteignent brusquement à la
mort de Carnavon, les dizaines de morts suspectes suite
à visite de la tombe de Toutankhamon découverte en
novembre 1922 par Howard Carter. La malédiction du
pharaon avait frappé. Ou encore des archéologues qui
tombent malades ou meurent après avoir trouvé une
vieille tombe… Une formule de malédiction était écrite
dans la tombe de Toutankhamon, formule qui se révéla
être un faux…
Pénétrer dans une tombe fermée depuis 3 000 ans
n’est pas sans risque pour un archéologue. Il doit
laisser l’atmosphère de la tombe se purifier. Microbes
et bactéries peuvent flotter dans l’air. Et pour vérifier
s’il y a suffisamment d’air respirable, les archéologues
procèdent toujours au test de la bougie allumée. Si elle
s’éteint, il ne faut pas entrer car la tombe contient trop
de CO2 (substance mortelle).
Existe-t-il réellement une malédiction des pharaons ?
Oui et non. Non, Toutankhamon ne s’est pas vengé. Et
si c’était le cas, pourquoi Howard Carter n’a-t-il pas subi
cette malédiction ? Les journalistes de l’époque ont tout
inventé et la moindre occasion était bonne pour discréditer
Carter et Carnavon à cause de l’exclusivité donnée au
Times (janvier 1923). Oui, il existe une malédiction
contre les pilleurs de tombes et tous ceux qui dérangent
le mort dans sa tombe. Il existe des formules magiques
inscrites dans les tombes. Ces formules s’appellent des
formules d’imprécations. L’imprécation est un souhait de
malheur, une malédiction contre une personne. Il s’agit
de jeter une malédiction sur le profanateur de la tombe.
Ces inscriptions se situent à l’entrée des tombeaux. L’un
des buts est d’éviter tout dérangement de la momie du
Et je vous rassure, il n’y a pas non plus de malédiction
de la momie…
Pour aller plus loin
Toutankhamon Magazine hors-série n°5, spécial
magie (Héka)
Comment ont-ils fait ? C’est une question qui revient
souvent. Le polissage, le percement des vases en pierre
des anciens égyptiens semblent trop parfaits. Impossible
que cela ait été fait à la main sans outils modernes. Il
suffit que l’on observe des stries parfaitement alignées
sur une statue, un vase pour qu’on affirme : les Egyptiens
utilisèrent un laser, une scie à diamants digne de nos
meilleures machines outils !
Non, bien évidemment, les anciens Egyptiens n’avaient
pas inventé le rayon laser ! Pour rappel, les fondements
du laser (et de son précurseur, le maser) ont été posés
par Albert Einstein en 1917 avec son fameux article
« Zur Quantentheorie der Strahlung ». La maîtrise
technique des Egyptiens est parfaite dans le façonnage
et le polissage des pierres les plus dures. Pour travailler
une pierre dure, il faut utiliser une pierre plus dure.
Ainsi pour le granit ou le grès, les Egyptiens utilisèrent
© F. Tonic
Des vases trop précis pour être vrais ! Oui, les
Egyptiens avaient inventé le laser !
Façonnage de vases par des
artisans. Tombe de Rekhmirê.
des percuteurs en diorite pour retirer millimètre après
millimètre la matière en trop…
Nous connaissons de nombreux décors montrant le
travail de la pierre. Par exemple, pour creuser des
vases en pierre dure, les Egyptiens utilisaient une sorte
de perceuse manuelle. Une longue tige de bois avec
plusieurs « mèches » de pierres lestées par des poids. Et
l’ouvrier tournait inlassablement la perceuse… Nous
connaissons aussi les forets métalliques. C’est long, très
long. Mais d’une redoutable efficacité. Les stries visibles
sont les marques de ces outils.
Nul besoin de laser !
© imaginegypt
Pour aller plus loin
16
Pharaon N°14
Aude Gros de Beller, les anciens égyptiens : guerriers
et travailleurs, Errance, 2006
La perceuse égyptienne. Simple et
diablement efficace !
Science
L’Arche d’Alliance est quelque part en Egypte
Faut-il considérer une différence de
compréhension ou d’utilisation entre
Moïse et l’après-Moïse ? L’Arche futelle mal utilisée, provoquant ainsi
décharges et éclairs (si l’Arche est un
accumulateur) ? À en croire la Bible,
l’Arche possède un pouvoir terrifiant
capable de fendre les eaux en deux
ou encore de faire écrouler des murs
de puissantes murailles comme celles
de Jéricho. Malgré l’importance
religieuse de l’Arche, nous en
connaissons bien peu de choses.
Elle était conservée au Temple mais
après le règne de Salomon, les textes
parlent vaguement de l’objet comme
dans Le Livre des Rois I. Il semble bien
qu’elle disparaisse définitivement au
plus tard au début du VIIe siècle av.
J.-C. lorsque les Babyloniens, sous le
règne de Nabuchodonosor, prennent
Jérusalem. La ville est pillée, le Temple
saccagé. Que vient faire l’Egypte
dans cette Histoire ? Régulièrement,
l’hypothèse que ce soit un pharaon
égyptien qui pille le Temple de
Jérusalem et emporte l’Arche est
avancée. Ce roi serait Shéshanq Ier,
premier pharaon de la 22e dynastie
(945 - 924 av. JC). D’origine libyenne,
il était un des principaux généraux
de l’armée égyptienne à la fin de la
21e dynastie. Il serait le pharaon
Shishak de la Bible.
L’Arche d’Alliance fait
tomber les murs !
© D.R. / gravure ancienne.
Un autre mythe que l’on rencontre
souvent : l’Arche d’Alliance a été
rapportée par un pharaon en
Egypte après le pillage du Temple de
Jérusalem. Cette « tradition » a été
popularisée par le film « Indiana
Jones et l’arche perdue ».L’Arche
d’Alliance est le « coffre » dans
lequel Moïse dépose les Tables de
la Loi (les 10 commandements
donnés par Dieu, YHWH). L’Arche
est construite selon une description
précise de YHWH. Objet d’un
pouvoir dévastateur, condensateur
statique, boîte de communication
(avec Dieu), tout a été imaginé pour
décrire l’Arche.
l’affaiblissement
des
royaumes
d’Israël (royaume du Nord) et de
Juda (royaume du Sud), l’Egypte
accueille les dissidents du roi
Salomon. L’agitation de Bédouins
aux Lacs Amers est le prétexte
égyptien pour intervenir. L’armée de
Pharaon fait tomber de nombreuses
villes. Jérusalem se soumet au
pharaon et livre le trésor de Salomon.
Shéshanq voulait aussi s’en prendre
au royaume d’Israël mais n’avança
pas plus au nord. Jéroboam, exilé
en Égypte avant de rentrer en Israël
pour prendre le trône, a peut-être
reconnu implicitement sa vassalité à
l’Egypte. Selon la Bible, le royaume
de Juda aurait été vaincu car son roi,
Roboam, s’était détourné de Dieu…
La réalité historique est un peu
différente. La Bible dit que Shishak
a pris la ville de Jérusalem. Nous
avons la chance d’avoir à Karnak,
un grand décor racontant la guerre
de Shéshanq, avec une liste de
150 villes et peuples vaincus par
le pharaon. Manque de chance,
Jérusalem ne fit pas partie des 150
noms. Les partisans de la vérité
biblique, disent que le nom de
Jérusalem avait été gravé sur les
parties détruites du décor de Karnak.
Ou alors les Egyptiens ne l’ont pas
indiqué mais la Bible dit vrai…
Si Jérusalem était mentionnée dans
la partie manquante du décor,
cela rendrait l’ordre des villes
conquises incohérent. Or, les 150
noms s’organisent selon un ordre
précis et une cohérence par région.
Et si Shéshanq avait pris Jérusalem
avec toutes ses richesses, pourquoi
ne pas le dire ? Oui, plusieurs
villes localisées dans la région de
Jérusalem sont indiquées car elles
représentaient un objectif militaire.
L’absence de Jérusalem s’explique
par le fait que la cité n’est sans doute
qu’un petit village sur une colline
sans importance. Nous sommes au
10e siècle et l’archéologie prouve
que la ville n’était pas la puissante
et riche ville décrite par la Bible.
Paradoxalement, la ruine du
royaume du Nord par les Egyptiens
favorise le royaume de Juda et donc
Jérusalem.
Pour aller plus loin
Revenons aux sources de
cette théorie.
K. Wilson, Campaign of Pharaoh Shoshenq I into Palestine, Mohr
Siebeck, 2005.
Ce pharaon mène une grande
campagne militaire vers 925 av.
JC au Proche-Orient. Profitant de
Pharaon Magazine hors-série n°1, spécial « les pharaons à la conquête
du monde »
Pharaon N°14
17
Science
Drogues et tabac chez les Pharaons
Notre affaire débute avec l’analyse et
le traitement de la momie de Ramsès
II (1975-1976) à Paris. Surprise,
ou stupeur, l’équipe scientifique
découvre des fragments de feuilles
végétales : de la nicotina.
La variété la plus connue est le
tabac… Problème : le tabac est censé
avoir été découvert en Amérique
après 1492… Faut-il en déduire que
les Egyptiens sont allés en Amérique
et en sont revenus ?
Dans un article très détaillé, paru
dans Pharaon Magazine n°6, Nicolas
Manlius avait repris le dossier.
En réalité, la nicotina représente
une grande diversité d’espèces.
En Namibie, les explorateurs ont
découvert en 1975, la Nicotina
africanum, une variété africaine.
Un peu loin de l’Egypte mais rien ne
dit que cette espèce n’existait pas au
Nubie (Soudan actuel).
Surtout, Nicolas Manlius rappelle
que la nicotine est aussi un alcaloïde
relativement fréquent dans les
légumes
comme
l’Aubergine,
d’origine asiatique. Malgré la
prudence des égyptologues, la
présence de nicotine, qui semble
prouvée, n’est pas liée au tabac mais
sans doute à des plantes contenant
cette substance…
Autre affaire, plus embarrassante :
la présence de cocaïne. La polémique
démarre en 1992 suite aux analyses
réalisées par S. Balabanova sur
neuf momies (fragmentaires et une
complète). Elle découvre des traces de
cocaïne, de haschich et de nicotine…
Pour le haschich, la découverte n’est
pas réellement une surprise.
Les Egyptiens connaissaient le
chanvre. C’est à partir de la résine
de cette plante que l’on produit
le haschisch. Pour la cocaïne, sa
présence pose un sérieux problème.
Car la coca, dont est extraite la
drogue, poussait à l’époque des
momies (Nouvel Empire, 1550-1070
av. JC) en Amérique du Sud.
La publication des résultats a
provoqué des réactions parfois très
négatives. Balabanova reprit son
analyse pour déterminer si ces traces
de drogues et de nicotine pouvaient
être une contamination moderne.
Elle décida d’analyser la gangue
des cheveux qui conservent de
nombreuses informations comme
la présence de drogues. Résultat :
nicotine et cocaïne ! Il existe bien
des plantes africaines apparentées à
la coca mais elles ne produisent pas
de cocaïne… alors ?
A ce jour, aucune explication
satisfaisante n’a pu être donnée par
les chercheurs. Il faudra poursuivre
l’enquête.
Pour aller plus loin
Nicolas Manlius, quart d’heure américain, Pharaon Magazine n°6
http://www.faculty.ucr.edu/~legneref/ethnic/mummy.htm
http://fr.scribd.com/doc/99787532/First-Identification-of-Cocaine-inEgyptian-Mummies-Dr-Balabanova
© F. Tonic
Les momies contiennent-elles
des drogues ? Momie du
British Museum.
18
Pharaon N°14
Science
Des momifications vivantes
et la revanche de la momie !
Dans le film « La momie », le pharaon punit Imhotep en le
momifiant vivant. Cette pratique a-t-elle existé en ancienne
Egypte ? La réponse est non. La momification se fait toujours
sur des personnes décédées. Une momie pose cependant un
sérieux problème : la momie de l’inconnu E, surnommée la
momie hurlante. Cette momie a été officiellement découverte
en 1881 dans la cachette royale de Deir el-Bahari, découverte
par les frères Rassoul, célèbres pilleurs de tombes du 19e siècle.
La momification de cette personne est très particulière. Les
embaumeurs n’ont pas vidé le cadavre comme ils le faisaient
habituellement.
Le visage déformé montre que sa mort fut violente, sans doute
un empoisonnement. La momie était entourée d’une peau
animale ce qui est inhabituel, indiquant un rituel spécifique
pour bannir le mort de la vie éternelle ou pour marquer sa
disgrâce. Depuis de nombreuses années, les égyptologues
pensent qu’il pourrait s’agir du prince royal Pentaour, un
des conspirateurs visant à tuer Ramsès III. Récemment,
des analyses ADN entre cette momie et celle de Ramsès III
prouvent qu’elles sont liées. L’hypothèse que ce soit Pentaour
est fortement plausible…
Tête de la
momie de
l’inconnu E.
d’après Smith.
Pour aller plus loin
Enquête sur la momie de Ramsès III : Pharaon
Magazine n°12 & 13
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Pharaon N°14
19
Science
Les Egyptiens « inventèrent »
le nombre Pi et le nombre d’or
Oui, sans le savoir, les anciens
Egyptiens avaient trouvé le nombre
pi. Les mathématiques égyptiennes
sont des mathématiques pratiques
répondant à des problèmes réels et
concrets. C’est pour cela qu’ils n’ont
jamais théorisé les mathématiques
comme les Grecs. Car ce sont les Grecs
qui vont théoriser et comprendre Pi et
les théorèmes fondamentaux même
si les Egyptiens en connaissaient
plusieurs parfois 1500 ou 2000 ans
avant les Grecs.
Le papyrus Rhind est l’un des très
rares documents mathématiques
que nous possédons. Il s’agit d’une
copie (vers 1650 – 1550 av. JC)
d’un document plus ancien de
plusieurs siècles. Il contient plus
de 80 problèmes mathématiques
(géométrie, algèbre, arithmétique)
avec les solutions. Ce papyrus est en
fait un manuel pour les élèves…
© Paul James Cowie (Pjamescowie)
Ce document apporte la preuve
que les Egyptiens savaient calculer
la surface d’un cercle. Et surtout,
20
Pharaon N°14
il indique clairement la valeur
approximative de Pi : 3,16 (au lieu
de 3,14) ! Nous ne savons pas à
quelle époque les Egyptiens avaient
découvert le calcul des surfaces
circulaires.
Certaines théories veulent croire que
les Egyptiens connaissaient Pi dès la
construction de la Grande Pyramide
de Chéops (avec un rapport de
14/11)… Quoi qu’il en soit, 3,16 est
l’approximation de Pi la plus propre
de la réalité de l’Antiquité.
de Chéops. Il est de 1,618. Le nombre
d’or exerce une véritable fascination
sur les Alchimistes, certaines sectes et
l’ésotérisme.
Il est aussi appelé la divine proportion
ou encore le nombre Phi. Pour
l’art, l’architecture, il représente la
proportion parfaite et est caché dans
la géométrie de la Grande Pyramide
de Chéops… D’autres pensent que le
plateau de Guizeh est organisé sur le
principe du Nombre d’Or…
Le nombre d’or est une « réalité » des
calculs cachés de la Grande Pyramide
Pour aller plus loin
http://www.univ-paris-diderot.fr/philomathique/Ritter.pdf
http://www.univ-irem.fr/commissions/geometrie/livre/site/egypte.pdf
S. Gouchoud, mathématiques égyptiennes, le léopard d’or, 1996
Extrait du papyrus mathématique
Rhind (British Museum).
Science
L’hélicoptère d’Abydos
Sans doute le plus connu de la science
secrète des Egyptiens, l’hélicoptère
d’Abydos.
C’est ce que l’on appelle un
palimpseste. Palimpseste vient du
grec palimpsestos signifiant « gratté
de nouveau ». Le terme désigne un
papyrus, un parchemin réutilisé
dont le texte originel a été gratté,
effacé. C’est une technique courante
car le papyrus coûtait cher. Dans
© F. Tonic
Dans la 1ere salle hypostyle du
temple de Séthy Ier, on peut voir une
série de hiéroglyphes ressemblant
à des machines modernes : un
char, une soucoupe volante, un
hélicoptère.
Aucune
invention
extraordinaire des Egyptiens, juste
des signes hiéroglyphiques qui se
superposent. Les scribes de Ramsès II
ont regravé un texte sur un précédent
texte datant de Séthy I.
Le faux hélicoptère d’Abydos. En réalité, les ouvriers de
Ramsès II ont regravé sur une inscription de Séthy Ier…
l’Ancienne Égypte, il arrivait parfois
que des textes, des reliefs de temples
ou de tombes soient modifiés ou tout
simplement remplacés. Il arrive aussi
que l’usure, les siècles forment des
« fantômes » mais dans ce cas, on ne
peut pas parler de palimpseste.
Pour aller plus loin
François Tonic, Les temples d’Abydos, 2010
« Le palimpseste d’Abydos », Toutankhamon Magazine n°39
Les Atlantes au temple d’Edfou, selon Platon
L’Egypte et l’Atlantide, une grande
histoire d’amour et de toutes les
théories. Les Atlantes sont venus
se réfugier en Egypte après la
disparition de leur île, l’Atlantide.
Certains auteurs ont même voulu
voir
dans
l’ancienne
Egypte,
l’Atlantide… Pourquoi faire le lien
entre les Atlantes et l’Egypte ? La
faute en revient à Platon. Platon
évoque l’Atlantide dans Le Timée, le
Critias et l’Hermocrate.
© F. Tonic
Ces livres reprennent les souvenirs de
Critias le Jeune. Tout commence vers
570 av. JC, lorsque Solon, un grand
politicien d’Athènes, voyage en
Egypte. Dans la ville de Saïs (Delta),
les prêtres lui racontent l’Histoire
de l’Atlantide. Solon revient peu
après à Athènes. Critias l’Ancien,
neveu de Solon, écrit le récit de son
oncle. Solon dit aussi avoir entendu
la langue atlante, sans doute une
forme de la langue égyptienne qu’il
n’avait pas entendue ailleurs. Platon
aura le temps d’écrire entièrement
Le Timée et une partie du Critias. Le
Timée raconte l’origine du monde,
Le temple d’Edfou est souvent cité dans
les théories atlantes.
les fonctions de l’âme, de la
physique, de la chimie.
Le véritable récit sur
les Atlantes se trouve
dans le Critias. Platon y
aborde les colonies, les
rois et la destruction. Les
« Atlantistes » pensent que
le récit de l’Atlantide serait
caché dans les textes de la
Création gravés sur les murs
du temple d’Edfou. Solon
tiendrait le récit de l’Atlantide
des prêtres de Saïs (Delta du
Nil). Si le temple d’Edfou
possède des textes relatant
la Création du monde
selon les Egyptiens, aucune
mention de l’Atlantide n’y
a jamais été découverte…
Platon.
© D.R.
Pharaon N°14
21
Science
L’avion du musée du Caire
Saqqarah, 1898. Un modèle réduit en bois d’un oiseau
est découvert dans une tombe. Les ailes sont droites et
déployées comme celles d’un avion. L’objet daterait du
3e siècle avant notre ère.
Le modèle est surnommé
l’oiseau de Saqqarah.
Il n’en fallait pas
plus pour y voir
u n
modèle d’avion. Khalil Messiha, chercheur
égyptien qui examina l’objet, pensait que
les Egyptiens avaient inventé l’aviation ou la
notion de voler. Des reproductions furent créées
pour tester si oui ou non l’oiseau de Saqqarah
pourrait voler. Les expériences ne furent pas très
concluantes.
© Dawoud Khalil Messiha
L’avion de
Saqqarah.
En réalité, les hypothèses les plus probables sont : un
objet rituel ou votif lié à une divinité (Horus, Rê ou
Amon), un jouet en forme d’oiseau.
Les esclaves construisent les pyramides !
La faute à Hérodote
Le mythe de l’esclavage dans
l’ancienne Egypte est encore et
toujours évoqué, notamment pour la
construction des pyramides de Guizeh
(près du Caire). La faute à Hérodote
(vers 484-420 av. JC) ! Et encore
régulièrement, on peut lire et voir
des documentaires et films évoquant
l’esclavage chez les pharaons.
« Rien ne prouve l’existence de
l’esclavage en Egypte pendant la
durée du régime pharaonique… »
Voilà comment Bernadette Menu,
égyptologue spécialiste du droit
pharaonique, décrit la question dans
le dictionnaire de l’antiquité (2005).
L’idée de l’esclavage était répandue
jusqu’au 20e siècle. En réalité, il existe
une servitude et une dépendance,
plus ou moins forte, de certaines
personnes. Mais, les serviteurs et
domestiques gardaient une liberté
et surtout des droits juridiques
(mariage, héritage, etc.). Le maître
n’avait pas tous les droits. Ils étaient
soumis à la fiscalité (taxes et impôts).
Des personnes pouvaient se vendre
pour un certain temps (ce temps est
défini par contrat) pour rembourser
une dette, payer quelque chose.
Il semblerait que le maître d’une
22
Pharaon N°14
maison pouvait vendre des serviteurs
mais dans un cadre juridique précis.
La population devait, chaque année,
participer à la corvée pour réaliser
des grands travaux. Concernant les
ouvriers des pyramides de Guizeh,
la découverte du village des ouvriers
et de leurs tombes a définitivement
prouvé qu’ils étaient nourris, logés et
payés. Il s’agissait d’hommes libres.
L’esclavage, tel qu’il existait en Grèce
ou à Rome, n’a jamais existé dans
l’Egypte pharaonique. Les Grecs vont
l'introduire après la conquête du
pays par Alexandre le Grand (332
av. JC).
Les prisonniers de guerre, les
étrangers ne possédaient pas les
mêmes droits qu’un Egyptien. Mais
là encore, il n’était pas permis de
tout faire. Et ces étrangers pouvaient
recevoir une éducation égyptienne
et devenir fonctionnaires, prêtres
et parfois, exercer de très hautes
fonctions dans le royaume. L’Etat
pouvait prêter ces individus pour
des travaux précis. Même si les
serviteurs et les dépendants d’un
maître possédaient des droits et une
certaine liberté, ce n’est pour autant
que la vie était facile.
L’examen de dizaines de corps dans
les cimetières populaires d’Amarna
(époque d’Akhenaton, 14e siècle av.
notre ère) prouve que les conditions
étaient difficiles : espérance de
vie faible, malnutrition, multiples
traumatismes, traces de sévices
corporels.
Pour aller plus loin
Toutankhamon Magazine hors-série n°1 « la vie quotidienne »
N. Grimal & B. Menu, le commerce en Egypte ancienne, IFAO, 2008 (2e
édition)
Bernadette Menu, Egypte pharaonique : nouvelles recherches sur l’histoire
juridique, économique et sociale de l’ancienne égypte, L’Harmattan,
2004
Science
Les Egyptiens inventent le zodiaque et défient
la date biblique de la création du monde
On croit souvent que ce sont les Egyptiens qui inventèrent
le zodiaque. Eh bien non ! Ce sont les Babyloniens. Le
zodiaque est l’aboutissement d’une lente évolution de
la pensée astronomique et de la manière de représenter
le ciel. Ils vont définir les principaux signes et les fixer
au 7e siècle avant notre ère même si nous connaissons
plusieurs signes zodiacaux bien avant dès le 19e siècle
avant notre ère. Le zodiaque arrive tardivement en
Egypte. Le plus ancien exemple connu, et aussi le plus
complexe, est le Zodiaque de Denderah, actuellement
visible au Musée du Louvre. Il fut rapporté d’Egypte en
1821. Il suscita, dès son arrivée, de violentes polémiques :
l’Eglise et le Pape en personne s’en mêlent. Cet étrange
objet égyptien remettrait en cause la datation biblique
de la création du monde : environ 4 000 ans avant l’ère
chrétienne. Stupeur !
Les scientifiques ne savaient pas comment dater le
zodiaque : 5000 ans avant le Christ ? 2500 ans ?
Champollion va rassurer le Pape. Il va découvrir que les
cartouches royaux sont d’époques gréco-romaines, donc
pas antérieurs au 4e siècle avant notre ère. La Bible est
sauvée !
Le Zodiaque de Denderah est une carte figée du ciel à une
date précise tel qu’il pouvait être observé à Denderah. Le
décor céleste a été fixé définitivement durant l’été 50 av.
JC même si les prêtres et scribes travaillant au zodiaque
mirent plusieurs années à concevoir l’ensemble du
décor. Ainsi, l’éclipse lunaire serait celle de septembre 52
et l’éclipse solaire d’août 50.
Pour aller plus loin
Le zodiaque de Denderah, Pharaon Magazine n°7
Le plafond astronomique de Denderah, Pharaon
Magazine n°10
© F. Tonic
Le zodiaque
de Denderah.
Louvre.
Pharaon N°14
23
Science
Et si la pyramide Chéops avait été construite avec
de fausses pierres : des pierres reconstituées moulées
sur place ! C’est l’idée de Joseph Davidovits (1974),
ingénieur chimiste. Depuis le débat n’a jamais
cessé : idée totalement folle pour les uns, pourquoi
pas pour d’autres. Et parfois, des publications
parlent de nouveaux indices, des preuves pour
conforter la théorie de la pierre reconstituée. Les
anciens égyptiens auraient reconstitué du calcaire
à partir de calcaire concassé. Un liant est alors
utilisé pour agglomérer le tout…
© F. Tonic
Les pyramides sont
construites avec de fausses pierres !
© F. Tonic
Là, s’opposent deux visions : d’un côté les
scientifiques et de l’autre les égyptologues. Et
chacun défend son travail et se dit seul compétent.
La quantité de pierre, la précision diabolique des
découpes et la pose constituent un problème pour
les scientifiques et notamment Davidovits. Ils
s’appuient sur quelques échantillons (provenant
de la pyramide ?) et des indices archéologiques.
Cependant, notons que la théorie des fausses pierres
n’a jamais été prouvée pour une analyse précise des
pierres de la pyramide (portant sur de nombreux
échantillons parfaitement identifiables). Davidovits
affirme que des textes égyptiens prouvent les fausses
La Stèle de la Famine sur l’île de Séhel.
Ce monument serait la preuve que les
Egyptiens savaient créer de fausses
pierres. Manque de chance, si on prend
une traduction scientifique et fiable du
texte, il n’est JAMAIS question de la
moindre fausse pierre.
pierres. L’exemple le plus connu
est la stèle dite de la famine (île de
Séhel, près d’Assouan). L’ingénieur
cite cette phrase : « avec les produits
(minéraux) ils ont bâti… la tombe
royale. ». Intrigué, nous avons
donc consulté la documentation
scientifique de la stèle de la
famine. Surprise ! En examinant
les traductions de la stèle, nous
trouvons effectivement l’indication
de la tombe royale. Le projet rosette
propose la traduction suivante :
Les Egyptiens ont-ils utilisé des pierres
moulées pour construire les pyramides ?
Pour les partisans de cette théorie, les pierres
seraient trop parfaites…
24
Pharaon N°14
Science
« il y a un ensemble (appelé) les
deux falaises de pierres dans son
emplacement du côté oriental et
qui sont chargées de toutes sortes de
pierres fines et de pierres dures des
carrières et toutes choses que l’on
recherche pour construire chaque
temple de Haute et Basse Egypte
et les étables d’animaux (= « qui
sont pour les animaux sacrés »), les
tombes royales (= « qui sont pour le
roi »)… ». Ensuite, plusieurs pierres
dures sont citées par leur nom
égyptien. Selon Davidovits, seules
les matières minérales sont citées et
aucune pierre dure. Or, la traduction
prouve l’inverse. Notre ingénieur
invoque comme (autre) preuve que
les Egyptiens fabriquaient de fausses
pierres (« elle présente la technique
de fabrication des statues en pierres
synthétiques »), la stèle d’Irtysen, chef
des artisans, vers 2000 av. JC (musée
du Louvre). Irtysen y indiquerait
posséder un secret permettant de
créer des statues en fausses pierres
et il a la connaissance pour créer les
mélanges…
Pour s’en convaincre, il suffit de
lire la traduction (sérieuse) du
texte de la stèle : il connaît le secret
des hiéroglyphes, il sait faire des
pigments qui ne s’effacent pas avec
de l’eau, il connaît les proportions.
Seul hic avec cette preuve, nulle
part Irtysen ne dit fabriquer des
statues avec des moules ou faire de
mélanges pour créer de la pierre.
Bref, c’est un artiste, un scribe du
contour qui connaît son métier. Mais
point de recettes secrètes.
Pour aller plus loin
« Dossier pyramides », Pharaon Magazine n°13
http://vincent.euverte.free.fr/Rosette/index.php?Lang=F&Style=_
dark&Page=7
http://projetrosette.info/page.php?Id=799&TextId=191
http://www.geopolymer.org/fichiers_pdf/pyramid_chapt1-fr.pdf
http://www.unamur.be/sciences/philosoc/revueqs/textes-en-ligne/
RQS_181_1franchir.pdf
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Pharaon N°14
25
Le sauvetage
Cercles de Nabta Playa au musée
de Nubie à Assouan.
de Nabta Playa
Vous qui êtes passionnés par l’Égypte ancienne, savez-vous où se trouve NABTA PLAYA ?
En réalité, bien peu de visiteurs de l’Égypte connaissent ce site, situé, il est vrai, loin des
sentiers battus. Raymond Betz vous y emmène et vous le raconte avec passion.
Nabta Playa est situé à 100 km à
l’ouest d’Abou Simbel, et à 30 km
au nord de la frontière entre l’Égypte
et le Soudan. Aujourd’hui une route
part du village de TOSCHKA pour
atteindre UWEINAT Est, très proche
de la frontière libyenne.
Ce dernier endroit est connu pour
ses immenses fermes qui produisent
et exportent en Europe notamment,
des fruits et légumes cultivés grâce à
l’eau souterraine. Visiter Nabta Playa
nécessite aujourd’hui une petite
expédition (4x4, tentes, nourriture)
car la ville la plus proche qui peut
fournir le véhicule et le matériel
est…Assouan !
26
Pharaon N°14
Pourquoi « Playa » dans le nom
du lieu ? L’origine espagnole du
mot ne vous aura pas échappé et
veut évidemment dire « plage »
(beach ou « pan » en anglais), qui
représente une étendue asséchée au
bord d’un (ancien) lac, ou encore un
bassin de drainage qui n’a aucune
sortie d’eau vers d’autres éléments
hydrographiques tels qu’une rivière
ou une mer.
On estime que l’ancien lac de Nabta
Playa devait avoir une dimension
d’environ 7 x 10 km. « Nabta » est le
nom de la montagne proche (Gebel
Nabta) et veut aussi dire « graines ».
Le cadre historique
Nous sommes en 11 000 avant
Jésus-Christ. De la Méditerranée
au Soudan, une immense plaine
herbeuse se déroule sur des dizaines
de milliers de kilomètres carrés,
bordée par le Nil qui coule du lac
Victoria en direction du nord, en
passant par Khartoum et Assouan
(qui n’existaient certainement pas à
cette date). À huit cents kilomètres du
delta du Nil, une peuplade primitive
y fait paître les premiers bovins,
immortalisés par les splendides
gravures rupestres que l’on a
retrouvées notamment un peu plus
au nord, à Qurta(1) par exemple
(région du Gebel el-Silsileh).
© R. Betz
Site
Site
Si aujourd’hui un gigantesque désert
couvre l’ouest de l’Égypte et l’est de
la Libye, au Pléistocène ou au début
de l’Holocène (de 12 000 à 5 000 ans
av. J.-C.), il n’en était pas de même
puisqu’on a pu établir qu’il pouvait
tomber jusqu’à 100 mm d’eau chaque
année, favorisant la création d’une
végétation sahélienne, herbage,
buissons et arbres clairsemés après
ces pluies.
Wendorf et Schild(2) ont déterminé
que cette savane était occupée par des
bergers qui étaient sans doute établis
dans la vallée du Nil au départ,
(notamment dans la région d’Abou
Simbel – Ouadi Halfa, ou encore plus
au sud) mais qui conduisaient paître
leurs troupeaux sur le plateau après
les moussons d’été. Aux environs de
6000 avant J.-C., un changement
apparut avec le creusement de puits,
qui permirent une nomadisation
partielle de ces populations :
elles pouvaient dorénavant rester
dans cette savane tout au long de
l’année (et notamment pendant la
saison sèche – en hiver). Les lieux
d’établissement devinrent également
plus importants, regroupant jusqu’à
15 ou 20 huttes rondes ou ovales
(voir dessin).
Après une nouvelle saison sèche (vers
4700-4500 av. J.-C.), la pluie plus
importante ramena de nouveaux
groupes de populations sur le
plateau, classées comme néolithique
tardif. De nombreuses preuves
permettent d’établir aujourd’hui que
ces groupes humains avaient déjà un
système social très évolué que l’on ne
connaissait pas encore en Égypte.
Un centre cérémoniel
En
plus
des
différents
sites
d’habitation de Nabta Playa, on
retrouva un certain nombre de
« localités » présentant des structures
architecturales que l’on put attribuer
à des centres de culte, ou plutôt de
« cérémonie », car évidemment il
n’y a aucune trace écrite permettant
d’établir la distinction! Toutefois,
Nabta Playa reste un lieu unique par
la diversité des structures retrouvées
dans une même zone, ce qui en
fait sans doute un centre régional
important.
Nous nous concentrerons dans ce
texte sur les quatre plus importants
éléments cérémoniels retrouvés sur
un alignement d’environ 2500 m
pointant vers le nord: des tumuli
recouvrant une grande pierre, des
alignements de mégalithes, des
groupes de pierres dressées (stèles)
et finalement le fameux « Cercle
Calendrier ».
Les tumuli
Wendorf et Schild ont retrouvé huit
tumuli, qui une fois creusés, ont
fait apparaître des restes de bovins,
moutons, gazelles et peut-être des
restes humains – une des structures
contenait un veau entier enterré
dans une chambre souterraine,
recouverte d’un « toit » de branches
de tamaris(3). Ce dernier tumulus
remonte à 5400 ans avant J.-C. Vu
© R. Schild
Dessin du Cercle Calendrier de
Nabta Playa »
Pharaon N°14
27
© R. Schild
« Hutte telle qu’utilisée par les
bergers de Nabta Playa »
le caractère sacrificiel de ces tumuli,
la vallée où ils furent retrouvés fut
appelée la « Vallée des Sacrifices ».
où se lève l’étoile la plus brillante
de la Grande Ourse (Ursa Major),
appelée Dubhe.
Alignements de mégalithes
Plusieurs autres lignes de menhirs
dressés ont depuis lors été identifiées
au sud de ces trois alignements.
Pour le détail, nous vous renvoyons
à l’article de Schild et Wendorf
(p.12) (3).
Au sud de cette vallée, les deux
archéologues ont découvert un
alignement de mégalithes, ou
menhirs, d’environ 600 m de long.
Le paléoastronome J. McKim Malville
contacté, détermina qu’il s’agissait
en fait de trois sous-alignements,
datés entre 4700 et 4000 avant J.-C.,
et dirigés vers un point de l’horizon
Groupes de pierres dressées
Au-delà des alignements de menhirs,
deux groupes de pierres dressées
en grès ont été placés sur deux
élévations dominant la plaine. Ces
groupes, identifiés comme étant
ceux de l’Ouest et ceux de l’Est, sont
composés de blocs entiers ou cassés,
horizontaux et pesant, pour certains,
plusieurs tonnes. Ce ne fut que dans
les années 1990 que les auteurs
purent déterminer qu’il s’agissait
de structures mises en place par
l’homme, et pouvant éventuellement
repérer l’emplacement de tombes de
chefs de tribus. Il fut décidé de creuser
sous trois de ces mégalithes, sans
succès toutefois. La seule chose très
Controverse soulevée par Robert Bauval et Thomas Brophy
Ces dernières années, une controverse est survenue entre des membres de l’ »Expédition combinée préhistorique »
d’une part, et Robert Bauval et Thomas Brophy d’autre part. Ces deux personnes ont en effet critiqué les dirigeants
de l’ »Expédition Combinée Préhistorique » pour une mauvaise gestion du site de Nabta Playa ; en réalité, la visite
de Robert Bauval sur le site semble être postérieure à la dégradation du cercle calendrier…ce qui n’est certainement
pas le fait de Romuald Schild ! Celui-ci ajoute :
« Des discussions ont également eu lieu au sujet d’un prétendu dépôt d’immondices que nous aurions laissé à
Nabta Playa ; s’il est exact que nous avons enterré quelques détritus, ils ont entièrement été évacués au début de
2009. »
28
Pharaon N°14
Le Cercle Calendrier
La quatrième structure cérémonielle
est la plus remarquable. Wendorf et
Schild ont retrouvé un ensemble de
petites « stèles », disposées en cercle,
et présentant une structure unique.
Tout d’abord le cercle de pierres de
4 mètres de diamètre est interrompu
à 4 endroits par une « porte »
composée de deux stèles dressées.
Deux par deux, ces portes pointent
respectivement vers le nord et vers
un point de l’horizon situé à 70° Est
par rapport à la ligne de visée nord.
Au centre on observe des pierres
supplémentaires qui sont disposées
de part et d’autre de la ligne de visée
à 70°. Il y en a 4 x 2 au total.
La ligne de visée à 70° correspond à
la position du soleil à son lever au
solstice d’été, c’est-à-dire au début
de la période des pluies(4). Des
mesures au radiocarbone faites sur
des foyers trouvés aux alentours
du calendrier indiquent une date
approximative de 4000 ans av. J.C. Si l’on peut éventuellement oser
une comparaison avec le cercle de
Stonehenge en Grande-Bretagne,
qui est beaucoup plus grand
(110 m de diamètre et 3100 av. J.-C.),
il faut toutefois noter que le cercle
calendrier constitue jusqu’à présent
le plus ancien monument de ce type
au monde.
Le monument original en
danger et son sauvetage
Plusieurs archéologues passant au
début des années 2000 près du site
ont constaté que l’endroit n’était
nullement protégé, sans aucune
clôture ou piquets de marquage.
Le désert sud-égyptien était de plus
en plus souvent traversé par des
expéditions et des caravanes de
touristes, à la suite de la plus grande
liberté de mouvement qui a suivi
les événements de Deir el-Bahari en
1997. La création de la nouvelle route
vers Uweinat Est n’a pas arrangé les
choses et l’ »Expédition Combinée
Préhistorique(5)»,
dirigée
par
Wendorf (1963-1999), Schild (19992007) et Kobusiewicz (2007-2009), a
tiré la sonnette d’alarme très tôt, et
surtout après avoir constaté que les
pierres formant le cercle avaient été
renversées et déplacées !
Romuald Schild et le Conseil Suprême
des Antiquités (SCA) ont décidé à
ce moment une action immédiate
© R. Schild
curieuse retrouvée, fut une énorme
pierre en forme de champignon,
enfoncée profondément dans le sol,
et datant probablement d’avant la
formation de couches sédimentaires
superficielles. Cette pierre en forme
de champignon, qui semble être un
phénomène naturel, avait toutefois
été taillée partiellement en légère
pointe. Après plusieurs années de
fouilles, un schéma commença à
émerger, indiquant que toutes les
pierres avaient été initialement
dressées, mais étaient ultérieurement
tombées à cause de trous creusés
par le vent au pied des mégalithes.
Toutes les pierres ont été travaillées
et pointaient vers le nord, à nouveau
en direction de la Grande Ourse.
Elles ont donc, d’après les auteurs,
servi de stèles, commémorant les
morts. Le poids de ces pierres, le fait
qu’elles aient été taillées, la présence
de mégalithes dressés en surface,
pointent vers une société déjà très
structurée, basée sans doute sur
plusieurs noyaux familiaux, groupés
et représentés par les alignements.
On semble donc avoir affaire ici à
un cérémonialisme néolithique déjà
avancé chez ces bergers, phénomène
sans précédent en Afrique.
« Le Cercle Calendrier à son emplacement
d’origine dans le désert de l’ouest »
Pharaon N°14
29
et drastique : le déplacement du
cercle vers le musée de la Nubie à
Assouan.
de l’hôtel Cataract que l’on peut
apercevoir dans la verdure visible à
l’arrière-plan du jardin.
En mars 2009, lors d’une visite
au musée, à l’occasion du 50e
anniversaire de l’appel lancé par
l’Égypte et le Soudan à l’UNESCO pour
sauver les monuments de Nubie(6),
nous avons pu interviewer Romuald
Schild et prendre connaissance des
détails de l’opération :
Le nouvel emplacement des
monuments de Nabta Playa
«La
réinterprétation
de
nos
découvertes par MM. T. Brophy,
astrophysicien, et Robert Bauval en
2002 parlant de « visiteurs venant
de l’espace » a amené des flopées
de touristes illégaux adeptes de la
« Religion du Nouvel-âge(7) ». Ces
touristes très particuliers ont entamé
une destruction systématique et
massive des « monuments », en
reconstruisant
notamment
le
cercle calendrier suivant des vues
non scientifiques et en édifiant de
nouveaux cercles et de nouvelles
zones « cérémoniales », indique R.
Schild.
« Il était impossible pour le SCA de
maintenir une garde permanente
dans
cette
partie
totalement
désertique de l’Égypte. Dès lors,
le cercle calendrier et d’autres
monuments sélectionnés de Nubie
ont été déplacés le 8 février 2008, en
ma présence ainsi qu’en présence
d’autres membres de l’Expédition
Combinée, et également en présence
du Haut Comité du SCA représenté
par M. Atia Radwan, Sous-secrétaire
d’État pour la Haute Égypte.
L’enlèvement des monuments fut
entièrement filmé et largement
photographié. Les antiquités ont
été chargées sur un camion et
transportées sous escorte policière
au musée de la Nubie à Assouan. Le
Dr. Osama Abdel Meguid, Directeur
du Musée, a décidé de ré-ériger les
différents mégalithes et le calendrier
dans le jardin. »
Les pièces originales du calendrier
à Nabta Playa ont été remplacées
par des répliques afin de marquer
leur emplacement d’origine. Les
photos de cet article montrent le
Cercle Calendrier et les mégalithes
dans leur nouvelle demeure, dans
le jardin du musée et à proximité
30
Pharaon N°14
Lors de notre visite en 2009, toutes
les pièces ramenées de Nabta Playa
avaient été disposées dans un
environnement sableux jaune/ocre
destiné à représenter le désert de
l’Ouest. Toutes les pierres avaient été
préalablement inventoriées dans le
musée ; un panneau d’explications
en arabe et en anglais donne un
minimum d’informations et un
historique de ce site, sponsorisé
par l’ « Expédition Combinée
Préhistorique ». Voici donc un
nouveau centre d’intérêt qui ajoute
un réel « plus » aux collections de ce
très beau musée.
La décision de déplacer ces
monuments en réel danger n’est
jamais facile, mais il est clair que les
laisser en place constitue la façon
la plus directe pour ne retrouver
qu’un tas de pierres qui n’auraient
plus aucune signification. Le point
important est que le Cercle Calendrier
est maintenant en lieu sûr au musée
d’Assouan, et que des milliers de
personnes peuvent en apprendre
plus sur ce site extraordinaire, en
espérant que les visiteurs respectent
plus ces originaux que les répliques
dorénavant visibles à Nabta Playa !
A propos de l’auteur: Raymond
Betz, Docteur en sciences, vit en
Belgique et en France ; il est à la
tête du « Groupe d’Études Égypte »,
une communauté d’amis tous
profondément intéressés par l’Égypte
Ancienne. Les photographies non
attribuées sont de l’auteur. Nous
remercions M. R. Schild d’avoir
autorisé la publication de plusieurs
de ses photographies et le dessin du
Cercle Calendrier, comme indiqué.
Bibliographie
1 D. Huyge, D.A.G. Vandenberghe, M. De Dapper, F. Mees, W. Claes & J.
Darnell – Premiers témoignages d’un art rupestre pléistocène en Afrique
du Nord : confirmation de l’âge des pétroglyphes de Qurta (Égypte) par
datation OSL de leur couverture sédimentaire – International Colloquium
« The Signs of Which Times ? Chronological and Palaeoenvironmental
Issues in the Rock Art of North Africa », Royal Academy for Overseas
Sciences, Brussels, 3-5 June, 2010, pp. 257-268
2 F. Wendorf et R. Schild, Prehistory of the Eastern Sahara, Academic
Press, 1980.
3 R. Schild and F. Wendorf, The Megaliths of Nabta Playa, Academia n°1
(1), 2004 http://www.academia.pan.pl/pdfen/beginnings_10-15+Schild.
pdf
4 J.M. Malville, F. Wendorf, A.A. Mazar et R. Schild – Megaliths and
Neolithic Astronomy in Southern Egypt – Nature 392 (pp. 488-490),
1990.
5 R. Schild et F. Wendorf, Forty years of the Combined Prehistoric
Expedition, Archeologia Polona, vol. 40:2002, 5-22: http://www.iaepan.
edu.pl/archaeologia-polona/article/617
6 50th Anniversary of the Appeal launched in Egypt and Sudan to
UNESCO for an international campaign to save the Monuments of
Nubia, conférence et exposition au Musée de la Nubie à Assouan, Mars
21-24, 2009.
7 http://www.sullivan-county.com/nf0/nov_2000/new_age_rel.htm
8 Robert Bauval et Thomas Brophy, Black Genesis: The Prehistoric
origins of Ancient Egypt, Bear and Company, 2011. Robert Bauval est
principalement connu pour la « Théorie de la Corrélation d’Orion »,
regardé par les égyptologues comme de la « pseudo-science » ; voir :
http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Bauval ; Thomas Brophy est
physicien et archéo-astronome ; sa biographie : http://www.cihs.edu/
cihs/Dr_Thomas_Brophy_bio.htm .
People
Senmout :
architecte, confident et ami de la reine Hatshepsout
Senmout est un des dignitaires les plus importants du Nouvel Empire. Personnage
central du règne d’Hatshepsout, nous ne connaissons quasiment rien de sa vie et de
ses origines. Sa proximité avec la reine a été souvent interprétée comme intime. Futil réellement l’amant de la souveraine ?
Cependant, la carrière de Senmout
n’est réellement connue qu’à partir
du règne de Thoutmosis II. Il est alors
un des précepteurs de la jeune fille
du roi, Néférourê. Nous connaissons
plusieurs
statues
représentant
l’éducateur et la princesse.
Mais
comme
l’écrit
Claude
Vandersleyen, il ne faut surtout pas
se limiter à ce rôle d’éducateur. Très
tôt, il acquiert une place importante
au cœur du pouvoir royal.
© imaginegypt
En effet, il est trésorier et intendant.
Il est responsable de plusieurs
chantiers royaux et en particulier de
l’extraction d’obélisques à Assouan.
Il va devenir, en quelques années,
le chef de tous les travaux du roi.
C’est lui qui organise et surveille les
chantiers du roi (Thoutmosis II puis
Hatshepsout).
Portrait réaliste ( ?) de Senmout, dans
sa tombe à Deir el-Bahari.
La famille de Senmout (ou
Senenmout) serait originaire du sud
de Louxor, peut-être Ermant, ville
dédiée au dieu Montou. Nous ne lui
connaissons ni femme, ni enfant.
Ses parents sont Ramose et Hatnefer.
Nous lui connaissons plusieurs frères
et sœurs. Tout semble indiquer une
origine égyptienne. Parfois, une
origine nubienne est évoquée.
Le futur haut dignitaire est éduqué
dans une des plus prestigieuses écoles
pharaoniques : le Kep (ou Kap).
Là, une véritable élite est formée et
éduquée. On les appelle « les enfants
du Kep ».
On y trouve des enfants de princes
étrangers, les jeunes princes et
quelques enfants de puissants
officiers et fonctionnaires. Comment
et pourquoi le jeune Senmout intègret-il une telle institution ? Nous ne le
savons pas, mais cette éducation
a sans doute favorisé sa carrière. Il
était sans doute un camarade de
classe du prince Thoutmosis (futur
Thoutmosis II) et même peut être de
la princesse Hatshepsout.
Une carrière
longue et prospère
La carrière du jeune Senmout débute
sous le règne de Thoutmosis Ier, au
plus tard. Il eut quelques activités
militaires. Sans que l’on en soit
totalement certain, il n’est pas
impossible que l’officier devienne
intendant de la princesse royale
Hatshepsout.
Nous savons maintenant que
les premiers travaux au temple
d’Hatshepsout, à Deir el-Bahari,
débutèrent
en
réalité
sous
Thoutmosis II. On dit souvent que
Senmout en fut l’architecte.
Nous ne connaissons pas le rôle
exact du dignitaire sur ce temple,
mais il y joua un rôle important. Il
a voulu marquer sa présence dans le
temple, en faisant même creuser une
de ses tombes sous le domaine sacré
du monument…
Notre personnage fut très lié au dieu
Amon : il était intendant du dieu et
responsable des greniers. Il a peut être
joué un rôle dans le couronnement
de la reine Hatshepsout vers l’an 7
de Thoutmosis III.
Souvent, on lit que Senmout disparaît
(mort ou disgrâce) entre la 16e et 22e
Pharaon N°14
31
Plafond astronomique de sa tombe à Deir el-Bahari. Premier
plafond de ce type jamais découvert à Louxor !
Malheureusement, il n’a laissé
aucun texte pour expliquer sa
motivation. Autre mystère, il semble
que sa momie ne reposa jamais dans
une de ces tombes. Pourquoi ?
Autre
signe
des
privilèges
exceptionnels, Hatshepsout l’autorisa
à se faire faire un sarcophage
dans la même pierre que celle des
sarcophages royaux.
© imaginegypt
Qui était
réellement Senmout ?
année de règne de Thoutmosis III,
alors que Hatshepsout est encore
pharaon. Mais rien ne permet
d’affirmer cette chronologie. Il
est même fortement possible que
Senmout meure après l’an 22, alors
que Thoutmosis III règne, désormais,
seul. Bien que son nom fût parfois
effacé sur les décors et les statues
le représentant, il est difficile de
savoir si Thoutmosis III eut la
volonté d’effacer le souvenir de
ce dignitaire…
Une tombe remarquable
Senmout se fit creuser deux
tombes : une à Gournah,
numérotée 71, très dégradée
et une autre à Deir el-Bahari,
numérotée 353. Cette dernière
présente un plan complexe, digne
d’une tombe royale.
Inachevée, cette tombe possède
le premier plafond astronomique
jamais découvert. On y trouve
de nombreuses constellations
et plusieurs planètes. Nous
pouvons y voir le nom et les
représentations de Mars,
Vénus, Jupiter, Saturne,
la Grande Ourse, Orion,
etc. Les artistes ont aussi
représenté le calendrier
lunaire et les phases de
la lune.
Pourquoi
Senmout
fit
peindre
un
plafond
astronomique
dans
sa
tombe ?
32
Pharaon N°14
Vous serez déçu, mais rien ne
permet d’affirmer qu’il fut l’amant
d’Hatshepsout, aussi puissant et
important fut-il durant le règne de
la reine.
De sa vie, nous ne connaissons que
très peu de choses. Il devait être assez
âgé (40 à 50 ans sans doute) quand
il mourut à une date inconnue sous
Thoutmosis III.
Outre les 80 titres officiels qu’il
portait, il supervisa les plus
importants monuments de la
reine et bénéficia de privilèges
inouïs : un sarcophage, une
tombe sur le domaine sacré
du temple d’Hatshepsout,
plusieurs dizaines de statues
de sa personne.
Bibliographie
Peter F. Dorman,
monuments of Senemut :
problems in historical
methodology, 1988
F. Maruéjol, Thoutmosis III,
Pygmalion, 2007
C. Vandersleyen, L’Egypte
et la vallée du Nil, PUF,
1995
Statue de
Senmout avec la
princesse royale.
visite
Louxor, vue du ciel !
© V. Turmel
L’aube se lève sur le village de Habou et le
temple de Ramsès III de Médinet Habou.
Le vol en montgolfière est un moment magique pour celles et ceux qui visitent Louxor.
Le réveil est parfois difficile. A 6 heures au plus tard, il faut être sur site, si vous
prenez le « premier vol ». Un café rapidement bu, avec cake aux fruits un peu sec.
Et le responsable de l’excursion, vous donne une fiche à remplir : votre poids. Pas de
chichi, vous l’indiquez. Il ne faut pas dépasser le poids limite…
Votre commandant de bord, François Tonic.
immédiat. Pas de numéro de porte
à repérer. Nous sommes déjà sur le
tarmac. Tout est prêt. Il ne reste plus
qu’à entasser les 17-20 personnes
dans la nacelle. Et c’est parti pour
environ 60 minutes de survol de la
rive gauche de Louxor… enfin, si
les vents le permettent. Car parfois,
il faut arrêter le vol rapidement. Et
parfois ils nous trainent bien loin du
Ramesseum, bien au-delà de Médinet
Habou… en plein désert. Sans doute
mieux que d’atterrir dans un champ
de cannes à sucre. Le retour au sol
est parfois brutal !
Un panorama imprenable sur
1 500 ans d’Histoire !
Le survol de la rive gauche est
un moment unique pour voir les
sites archéologiques autrement,
mais aussi découvrir la campagne
égyptienne entre maisons, bétails
et les familles qui s’activent à la
maison, aux champs, sur les routes.
Aujourd’hui, il est possible de trouver
un vol à 35-40 €. Le choix ne manque
pas. Malgré toutes les mesures de
sécurité, les accidents peuvent arriver.
Il y a quelques mois, un ballon s’est
écrasé, faisant plusieurs morts. Mais
ces drames sont heureusement très
rares.
pa Dé
ge ta
c
la s p hez
vi ou le
si r s
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! ire
Sur site, un champ, parfois au pied
du Ramesseum, sur la rive gauche
de Louxor, une équipe s’active. On
déploie le ballon, on commence à
y envoyer une immense quantité
d’air chaud. La nacelle est préparée.
Les groupes de touristes regardent,
prennent des photos… Le soleil
pointe son nez. Khépri pousse le soleil
hors du monde des ténèbres. Un petit
vent fait frissonner les plus frileux.
Le capitaine rassemble les troupes et
donne les instructions, en Anglais.
Il y a toujours une bonne âme qui
traduit et mime les gestes de notre
commandant de bord. Le vol est
visite
© F. Tonic, 2006. D’après La tombe de Ramose, de François Tonic (2012).
Panorama complet de Thèbes Ouest
(rive gauche de Louxor).
© V. Turmel
• 1 Vallée des reines
• 2 Vers Médinet Habou et le palais
de Malqatta
• 3 Village des artisans (Deir el
Médinet)
• 4 Temple de Mérenptah
•5
Temple de Taousert
• 6 Temple d’Aménophis II
• 7 Temple de Ramsès II
(Ramesseum)
• 8 Temple de Thoutmosis III
• 9 Deir el Bahari (temples de
Mentouhotep II / Hatshepsout /
Thoutmosis III)
• 10 Nécropole de l’Assassif
Le temple romain de
Deir el-Shelouit. A quelques
kilomètres de Médinet Habou.
s
le ire
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ch ur !
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Dé es vis
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visite
• 11 Nécropole de l’Assassif
Sud (principalement
Karakhamon)
• 12 Vallée des Rois
• 13 Cîme thébaine
• 14 Tombes des nobles
(Gournah)
•1
5 Tombe de Ramose
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Tout le contraste de la rive
gauche de Louxor : champs
bigarrés, les habitations.
© F. Tonic
Quelques sites / monuments
non indiqués : temple de
Séthy Ier (Gournah), Dra Abu
el-Naga, maison Carter, Thot
Berg, el-Tarif, colosses de
Memnon.
visite
Impassible, le commandant surveille les
manœuvres de démontage.
© F. Tonic
© V. Turmel
Vue imprenable sur Deir el-Bahari et
l’immense montagne thébaine…
© F. Tonic
Photo à ne pas
rater. Médinet
Habou léché par
les premières
lueurs du jour…
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Dé es vis
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Forum Lecteur
Réponse : cette 2e cachette est
Texte dédicatoire.
Temple de Louxor.
© F. Tonic
Photo 1
Jean-Michel
et le temple de Louxor
Question : Jean-Michel nous écrit
pour savoir où se situent exactement
le texte dédicatoire et l’inscription
mentionnant l’année d’inauguration
du grand pylône de Louxor de Ramsès
II, que Claude Obsomer mentionne
dans son ouvrage « Ramsès II »
Réponse : l’inscription avec la date
d’achèvement sous Ramsès II se
situe sur la face intérieure du pylône
(pylône de gauche en entrant). On
y trouve un long texte dédicatoire
avec l’indication de l’an 3. Ce texte
est sur la partie basse du mur.
Malheureusement, cette zone est
interdite au public. (photo 1)
que j’ai référencé dans mon article.
Il donne les traductions et des
commentaires fort utiles, mais c’est
en allemand.
François et la 2e cachette de
Deir el-Bahari
Question : en lisant un ouvrage sur
la vie de Gaston Maspéro, j’ai trouvé
une brève description du contenu
de la “deuxième cachette de Deir
el bahari” mais sa situation n’est
pas précisée ! Connaitriez-vous le
numéro de la tombe ? Y-a-t-il un
ouvrage accessible traitant du sujet.
localisée dans la zone de Deir elBahari. Elle fut découverte, par
hasard, par le célèbre voleur de tombe
Rassoul, reconverti en inspecteur des
antiquités. Cette découverte fut faite
en 1891 et l’archéologue Grébaut
s’occupa de la fouille. Cette cachette
est appelée Bab el-Goussous (ou Bab
el-Gasus). La cachette date de la fin
de la 21e dynastie et contenait des
cercueils et des momies de plusieurs
grands prêtres d’Amon de Karnak et
d’importantes femmes liées au clergé
d’Amon. Au total, les archéologues
dégagèrent : 153 cercueils, des
centaines de serviteurs funéraires
et de nombreux autres objets.
Malheureusement aucune étude
complète n’a été faite sur l’ensemble
de la trouvaille. Et l’Etat égyptien
avait rapidement dispersé le contenu
de la cachette à travers le monde.
Cette cachette se situe à quelques
mètres du centre des visiteurs, elle est
enclose dans un petit mur (photo 2).
Quelques lectures :
G. Daressy, les sépultures des prêtres
d’Ammon à Deir el-Bahari, ASAE 1,
Le Caire, 1990
L. Aubert, les statuettes funéraires
de la 2e cachette à Deir el-Bahari,
Cybèle, 2000
Enclos de l’entrée de la 2e cachette
de Deir el-Bahari.
Photo 2
Une lectrice cherche des
informations sur le décret de
Horus Netjerybaou
Question : Dans Pharaon Magazine
n°11, page 54, vous parlez du décret
de Horus Netjerybaou. Où trouver
une traduction ?
Empire et de la 8e dynastie sont
assez difficiles à traduire car il
y a beaucoup de difficultés, de
vocabulaire entre autres. J’en ai
traduit deux dans le cadre d’une
association mais pas celui-ci ou
du moins pas complètement. Vous
pouvez consulter N.C Srudwick parue
dans Texts from the Pyramid Age en
anglais. La traduction française de
R.Weill est un peu dépassée (1912).
Sinon il y a le livre de H. Goedicke
© F. Tonic
Réponse de l’auteur (Michel
Brandt) : Les décrets de l’Ancien
Contactez la rédaction
Une question, un commentaire, envoyez-nous un message :
[email protected]
Pharaon N°13 : Précision
Les photos de l'article Tahtib sont de Sonia Labetoulle
Pharaon N°14
37
Enquête
Les impératrices Julio-Claudiennes en égypte :
une mystérieuse absence
La dynastie Lagide avait connu moult souveraines influentes. Les Arsinoé, Bérénice,
Cléopâtre, … avaient fait l’objet de cultes populaires, de divinisations et étaient
représentées en statuaire, en numismatique, dans les temples. Après la conquête
romaine, l’empereur devient pharaon d’Egypte. On compte plus d’une soixantaine
d’édifices (de la simple chapelle oraculaire au grand temple) mis en chantier sous
Auguste ! (1). La famille impériale Julio-Claudienne passe pour compter en ses rangs
de nombreuses dames influentes: Livie, Agrippine la Jeune, Poppée, ...Vont-elles
apparaître sur la scène politico-religieuse égyptienne? Des preuves archéologiques de
leur « aura » existent-elles? Certaines princesses (Poppée) sont présentées comme
garantes d’une certaine égyptomanie des Césars. Cette hypothèse se confirme-t-elle
dans le berceau même de cette culture?
Par Déborah Moine, doctorante à l’Université Libre de Bruxelles
Les dames de la cour JulioClaudienne
apparaissent
dans
les écrits des auteurs anciens
comme des vecteurs de pouvoir
et de propagande. Certaines des
« fantaisies » de Caligula, comme
ses noces avec sa sœur Drusilla,
ont souvent été interprétées comme
une volonté d’imposer un pouvoir
impérial influencé fortement par
la royauté égyptienne (2). Il serait
donc intéressant de comprendre si
ces informations sont pertinentes et
si elles se traduisent dans le matériel
égyptien. Ajoutons que lorsque la
femme romaine est présentée comme
ayant des accointances avec l’Orient,
il s’agit d’un motif remettant en
cause sa vertu. (photo 1).
L’Egypte est placée sous le signe des
amours scandaleuses – aux yeux des
Romains – d’Antoine et de Cléopâtre
et demeure la patrie de la lascivité. La
thématique se retrouve même dans
les récits comiques : lorsque Juvénal
se moque du culte d’Isis à Rome,
il remarque que la déesse compte
parmi ses fidèles de nombreuses
courtisanes (3).
Une impératrice méconnue
La jeune sœur de l’empereur Caligula,
Drusilla, est une des figures les plus
souvent citées dans le contexte de
ladite égyptomanie de son frère. La
38
Pharaon N°14
jeune femme (née le 16/9/16, décédée
le 10/6/38) est pourtant très mal
connue. Elle épousa deux consuls
(Lucius Cassius Longinus en 33 et
Marcus Aemilius Lepidus en 37). Les
inscriptions la mentionnant (4) font
croire qu’il s’agissait d’une jeune
femme souffreteuse, très populaire
dans le petit peuple à cause de sa
générosité (des inscriptions évoquent
de nombreuses distributions de vivres
en son nom).
Intéressons-nous (outre Suétone !)
aux sources antiques la mentionnant.
Sénèque, proche de Néron, en contact
avec l’Egypte (5) est inspiré pour
son Apocoloquintose du récit d’un
curateur de la voie Apienne ayant vu
monter Drusilla aux Cieux. L’auteur
latin a la vision de Claude, devenu la
risée des dieux et des êtres divinisés
tel Auguste, être jugé pour ses crimes
et finir aux Enfers, jouant avec un
cornet de dés sans fond avant d’être
donné en esclave à Caligula qui lui
administre des coups de pied dans
les fesses (6).
Dans In Flaccum, Philon d’Alexandrie
narre les imbroglios politiques entre
Flaccus, préfet d’Egypte, les Juifs,
Agrippa et Caligula. Dans Legatio
ad Gaium, il donne des détails
plus précis sur la politique et sur la
propagande du troisième César :
Caligula s’assimile à Apollon, à
Arès, aux Dioscures, à Dionysos, à
Hercule, à Hermès et à des héros.
Il revendique des épithètes telles
que σωτήρ καὶ εὐεργέτης (épithètes
Lagides) (7). Il se moque du tabou
alimentaire des Juifs sur la viande de
porc.
Cette gausserie semble anodine,
elle est pourtant significative. Le
cochon a une image ambivalente
en Egypte : le porc noir est identifié
à Seth ; périodiquement, sous cette
forme, le dieu avale la lune qui est
l’œil d’Horus. La viande de porc
était consommée d’ailleurs à la
pleine lune, sans doute lors de la
fête lunaire du mois de Pachôn,
citée à Dendérah. La truie, elle, est
considérée comme une déesse-mère
nourricière qui, de temps à autre,
avale ses propres petits!
Ce comportement l’assimile alors à
Nout, la déesse du ciel, qui avale les
étoiles le matin pour les réengendrer
le soir. De plus, les porcins sont les
animaux sacrifiés par les Egyptiens
à Osiris-Dionysos et Isis-Séléné (8),
divinités que l’empereur et sa sœur
Drusilla incarnent volontiers. Ils
adoptent souvent sur les monnaies
orientales l’iconographie du couple
gémellaire du Soleil et de la Lune
(9). Pourtant, lorsque Philon évoque
Enquête
AULA
ISIACA.
L’aula
Isiaca sur
le Palatin.
Photo 1
Ces informations sont devenues
des symboles ou des vérités chez
les auteurs modernes. En effet,
certains historiens, suivant mot à
mot les textes antiques, vont jusqu’à
tenter de déceler les pathologies
psychologiques des empereurs (12).
Un exemple exprime très bien ce
type d’analyse.
Photo personnelle.
Selon Dion et Suétone (13), Caligula
plaça sa fille Drusilla sur les genoux
de Jupiter du Capitole et recommanda
à Minerve de la nourrir. Le passage
fut interprété comme une allusion
aux mammisis par M. Malaise
(14). Néanmoins, le rituel peut être
simplement romain. Scholars trouve
certes l’hypothèse d’une allusion aux
mammisis séduisante mais remarque
que Minerve, dans son hypostase de
Panthea (qui est une déesse-mère)
est incarnée par Drusilla sur les
monnaies orientales (15).
Drusilla, elle apparaît comme une
personnalité pleine de doigté qui
désamorce la colère de son frère et
évite l’exécution de l’ambassade.
Néanmoins, les récentes études ne
considèrent pas cet inceste comme
un emprunt à la culture égyptienne.
En effet le mariage frère/sœur,
longtemps
considéré
comme
une constante de la civilisation
égyptienne semble être un cas
d’union exceptionnelle. De plus,
le vocabulaire amoureux égyptien
montre les amants s’appeler sn et
snt, frère et sœur. Il y aurait donc eu
confusion entre le lien fraternel « de
coeur » et le « sanguin ».
Si Caligula a vraiment entretenu
une liaison avec Drusilla, son
modèle aurait donc été plus
vraisemblablement les couples divins
tels Soleil et Lune, évoqués plus haut
(10).
Janine Gillis (11) remarque que
les récits concernant Caligula sont
souvent un ramassis d’anecdotes
qui font de l’empereur une sorte de
personnage de mythe maléfique.
Même si ces hypothèses sont
séduisantes, il faut relativiser cette
passion pour l’Orient : il s’agit,
pour moi, d’un topos littéraire
visant à entacher la réputation
des empereurs en les comparant à
Antoine, qui est l’image du Romain
impie par excellence : il abandonne
Rome pour les fastes de l’Orient et
veut devenir roi (ce qui est immoral
pour la mentalité romaine, où la
figure du rex est présentée comme
une sorte d’épouvantail rappelant
avec effroi la tyrannie de l’époque
des Tarquin). Ce thème du souverain indigne,
quittant la capitale de ses ancêtres
afin de satisfaire ses ambitions
personnelles, n’est pas gratuit.
En effet, il naît dans les milieux
de l’opposition comme moyen de
fustigation du pouvoir politique
dominant et y devient un leitmotiv.
Ainsi, il est décelable dans le camp des
adversaires politiques de César, dans
le camp d’Octave face à Antoine,
ou dans les classes sénatoriales sous
Caligula (16).
Pharaon N°14
39
Enquête
Vestiges de la porte de
Tibère à Médamoud.
© F. Tonic
Photo 2
La prosopographie confirme cette
hypothèse. Les seuls personnages
invités à la cour impériale et
représentants d’un pouvoir politique
en contact avec l’Orient sont d’origine
romaine ou attachés à la maison
d’Antoine : familles de roitelets
clients du triumvir, descendants de
ses frères d’armes, parents (17),…
En effet, dès Caligula, les empereurs
qui montent sur le trône romain ont
dans leurs veines le sang d’Auguste
mais aussi celui de son ennemi.
Pour légitimer leur pouvoir, ils vont
donc réhabiliter ce dernier. On a
donc plutôt affaire à un retour en
grâce de la maison d’Antoine qu’à
un phénomène d’orientalisation,
l’épisode égyptien de la vie du
général étant devenu l’image même
de l’impiété.
Les dédicaces
L’épigraphie latine livre en Egypte
les
principaux
témoignages
sur les impératrices. A Athribis
(Basse Egypte) il y a une série de
dédicaces (18), datées de 23 après
J-C, en l’honneur de Livie, l’épouse
40
Pharaon N°14
d’Auguste, alors veuve. Elle est,
comme souvent dans l’empire, citée
à la suite de la déesse Aphrodite.
L’impératrice n’était pas inconnue
en Egypte puisqu’elle possédait des
domaines aux abords de Karanis et
peut-être dans les oasis de Baharia et
de Dakhleh.
Pourtant, malgré son influence, elle
n’apparaît sur aucun relief de temple
et les dédicaces en son honneur sont
très rares en Egypte. Néanmoins,
dans le maigre corpus d’inscriptions
mentionnant les impératrices JulioClaudiennes en Egypte, elle est la
plus citée.
Il est intéressant d’étudier le contexte
de ces documents pour tenter de
comprendre le rôle des dames de la
famille impériale en Egypte. Dans
le cas d’Athribis, la dédicace à
Aphrodite pourrait s’expliquer par la
présence d’Hathor dans le panthéon
du temple érigé par Auguste.
Le site d’Akôris (également en
Basse Egypte) nous ouvre une piste
concernant l’identité des dédicants.
Une inscription (19), en grec, datant
du 1er avril 29, localisée entre le
temple de Néron et le sanctuaire
ptolémaïque d’Hathor, est très
intéressante.
Elle mesure 52cm sur 52 cm et dit :
« Pour Tibère César Auguste et Iulia
Augusta, à Héra, à Aphrodite, de
la part de Cossinia Paula, fille de
Caepio, en l’an 15, le 6 Pharmouthi ».
Comme souvent dans l’empire, Livie
est associée à la déesse Aphrodite.
L’endroit de la dédicace s’explique
donc aisément par la proximité de
l’édicule consacré à Hathor.
Quant à la dédicante, il s’agit peutêtre d’une épouse ou fille d’officier,
caserné sur place ou de passage. On
notera que l’on trouve une famille
Caepio ayant fourni plusieurs
stratèges à l’oasis de Dakhleh.
L’intérêt majeur de l’inscription reste
le sexe de son auteur. Les inscriptions
laissées par des femmes en Egypte
sont très rares (on a une dédicace
à Aphrodite par Tertia au temple
d’Hathor de Philae et une autre
pour la même déesse par Petronia
Enquête
Sur la porte de Médamoud (20)
(région thébaine), Tibère est associé
à une reine Cléopâtre, mais il s’agit
certainement d’un relief de remploi
ou d’un graveur qui a tracé le nom
de la reine par habitude. Mais le
bloc est dans un état trop déplorable
pour une analyse stylistique qui en
permettrait une datation plus fine.
(photo 2)
La même association se retrouve
dans le Dodécaschène, au temple
d’el Dakka. Le relief est situé dans la
chapelle d’Ergaménés. Elevée par un
roi méroëtique (sans doute Arkamani
dans les sources nubiennes, 207-186
av. J-C ), elle fut redécorée par les
Lagides et les Césars. Au mur ouest de
l’entrée, sur le linteau, une curieuse
scène représente l’empereur Tibère
offrant Maât à Isis et Osiris à droite et
à Thot et Wepset à droite. Il est suivi
d’une reine portant le cartouche de
Cléopâtre. D’après Porter et Moss,
il s’agirait d’une scène usurpée aux
Lagides (21).
A Bigeh (Haute Egypte), temple
« satellite » de Philae, Tibère
est également associé à une
« Cléopâtre ». Ces scènes sont situées
aux registres inférieurs de la Grande
Arche.
Cette association à un personnage
féminin suscite la réflexion. Tibère
n’était pas marié à une impératrice
influente ou connue en Egypte
(possession de domaines), ce qui
expliquerait une évocation de cette
Magna à Kôm Ombo). Il est donc
très pertinent de constater qu’une
des rares dédicaces à une impératrice
en Egypte soit le fait d’une femme.
Remplois ou représentations
personnalité. Sa dernière épouse,
Julia, fille d’Auguste est exilée à
Pandataria (actuelle île de Venotene)
depuis 2 après J-C.
L’hypothèse d’une spolia ou de
l’erreur reste donc la plus plausible.
Or, l’étude du corpus documentaire
m’a fait remarquer que ce « couple »
Tibère/Cléopâtre
était
toujours
représenté sur des portes. Ce sont les
parties du temple les plus accessibles
aux fidèles. Il est certain que les
images étaient conçues en fonction
du public qui pouvait les observer.
Ces représentations avaient-elles une
volonté de préserver une certaine
tradition, gommant la réalité
politique ? L’époque lagide était
riche en représentations de couples
royaux. Même Cléopâtre VII, qui
était en réalité la seule titulaire du
pouvoir politique, est représentée
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Pharaon N°14
41
Enquête
Relief de Latopolis (Esna) représentant l’empereur Septime Sévère suivi de son
épouse Julia Domna. Mur intérieur sud, registre 3, scène 1.
© V. Turmel
Photo 3
avec son fils Ptolémée XV Césarion
à Dendérah. Il serait intéressant
d’étudier ces représentations de
Tibère dans la même optique. Ce
contexte relance une fois de plus la
question de l’identité des concepteurs
de ces images.
Julia Domna,
impératrice à Esna
Esna a la caractéristique de posséder
un des rares reliefs mettant en scène
une impératrice : il s’agit de Julia
Domna, épouse de Septime Sévère,
suivie de ses fils, Caracalla et Geta
(martelé). (photo 3)
L’empereur précède sa famille
pour adorer Khnoum, Nebtou et
Héka (22). L’impératrice, d’origine
syrienne, passe pour avoir un
grand intérêt pour les cultes solaires
orientaux (23). John Grafton Milne
note l’emprunt de la tiare isiaque
aux reines Lagides (24). Le relief
ne semble pas être une création
42
Pharaon N°14
ptolémaïque usurpée (pas de traces
d’abrasion sur les cartouches).
Pour Francis
Coppens et Harco
Willems, il s’agit de la seule image
représentant une épouse impériale
(25). D’autres reliefs aux murs
nord et sud montrent les deux
frères Caracalla et Geta offrant des
aiguières, des bouquets montés ou
du vin aux dieux d’Esna. Chacun est
représenté seul devant les dieux.
Conclusion
Avant Julia Domna, aucune image
féminine ne peut être versée au corpus
avec certitude. La représentation
de Drusilla à Coptos est trop
mutilée et trop peu documentée
pour être identifiée. Si l’empereur
est accompagné d’un personnage
féminin, ce dernier est souvent doté
du cartouche de Cléopâtre (voir
Bigeh ou el Dakka), témoignant
Pharaon Magazine N°15, au sommaire
• Philae et le sanctuaire d'Isis
• Les grandes batailles de l'ancienne Egypte
• Sacrifice humain : entre mythe et réalité
En kiosque le 25 octobre 2013
Enquête
d’une habitude de graveur ou de
remplois de reliefs Lagides.
Pourtant, de nombreuses dames de
la famille impériale possédaient des
domaines en Egypte, notamment
dans la zone de Karanis. Livie,
Agrippine la Jeune et Poppée
possèdent des domaines privés
οὐσίαι (26) à Eumeria, Karanis,
Oxyrrhynchus, Tebtynis, …
Elles
ne devaient donc pas être inconnues
des Egyptiens.
Si les Julio-Claudiennes apparaissent
en Egypte, c’est surtout via un maigre
corpus de dédicaces. La majorité est
en l’honneur de Livie et souvent le fait
de dames romaines. Les impératrices
ont-elles été considérées comme
bibliographie et notes
(1) Les éphémères successeurs de Néron, Othon et Galba, ont
laissé leur cartouche dans l’édifice modeste de Deir Chellouit en
Moyenne Egypte. Ch. Zivie-Coche, « Entre Thèbes et Erment : Le
temple de Deir Chellouit », BSFE, 80, 1977, p. 31.
(2) Notamment dans les ouvrages de Lucien Jerphagon.
(3) Juvénal, Satires, VI, 489.
(4) Le dépouillement du CIL nous montre que Drusilla est citée
dans les sources épigraphiques en particulier en Germanie (elle
est née près de l’actuelle Coblence) et dans le monde oriental où
elle est associée à Isis Panthéa.
(5) L’oncle maternel de l’auteur, Gaius Galerius, fut préfet
d’Egypte.
(6) Sénèque, L’Apocoloquintose du divin Claude.
(7) Le terme employé par Philon désignerait une substance
translucide, donc peut-être de l’albâtre. Provenant d’Egypte, il
afflua sur le marché romain sous Caligula. Voir M. Grant, Roms
Cäsaren. Von Cäsar bis Domitian (traduit de l’anglais par K.
Eberhardt et G. Felten), Munich, 1978, p. 147.
(8) Philon d’Alexandrie, Legatio ad Gaium, Paris, 1972 (coll.
Oeuvres de Philon d’Alexandrie, vol. 32), p. 166-177, 361, 364.
Le commentaire est de E. M. Smallwood, Philonis Alexandrini
legatio ad Gaium, Leiden, 1961. Le tabou sur la viande de porc
chez les Juifs est dans Lv 2, 7-8. Voir J. Mélèze-Modrzejewski, Les
Juifs d’Egypte. De Ramsès II à Hadrien, Paris, 1991, p. 140. Sur
l’image du porc en Egypte, voir B. Letellier, « Le cochon », dans
Les animaux dans l’Egypte ancienne (exposition du 6/11/1977
au 31/1/1978 au Musée national du Louvre), Paris, 1977, p. 37.
(9) Je pense que le couple soli-lunaire est le référent le plus
envisageable de la propagande de Caligula et de Drusilla. Voir
S. Lunais, « Recherche sur la Lune », dans M.J. Vermaseren (éd.),
Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’empire
romain, tome 72, Leiden, 1979, p. 100-103. En règle générale,
les impératrices adoptent l’iconographie de la déesse-lune.
(10) Théorie défendue par G. Achard, La femme à Rome (Quesais-je ?, 2950), Paris, 1995, p. 102 et J.-M. Engel, L’empire romain
(Que sais-je ?, 1536), Paris, 19736, p. 44. Sur les mariages frère/
sœur en Egypte, voir K. Hopkins, « Le mariage frère/sœur en
Egypte romaine », dans P. Bonte (éd.), Epouser au plus proche.
Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la
Méditerranée, Paris, 1994, p. 79-95.
(11) J. Gillis, Caligula, Les études classiques, XLII, 4, 1974, p.
393-403.
(12) Citons par exemple J. Lucas, « Un empereur psychopathe.
Contribution à la psychologie du Caligula de Suétone », dans
L’Antiquité classique, 36, 1967, p. 159-189 ; V. Massaro – I.
Montgomery, « Gaius : Mad, Bad, Ill or All Three ? », dans
Latomus, 37, 1978, p. 894-909 ; P. Somville, « Psychographie de
Tibère », dans L’Antiquité Classique, 71, 2002, p. 85-92.
appartenant davantage à la sphère
privée qu’à celle du pouvoir ? Il faut
certainement chercher la réponse
dans l’identité des concepteurs
des images des temples d’époque
romaine et le degré d’influence de la
cour impériale sur eux.
(13) Dion Cassius, Histoire romaine, LIX, 28, 7. L’épisode de la
naissance de la princesse impériale se retrouve chez Suétone, Vie
des douze Césars, IV, 25.
(14) M. Malaise, Les conditions de pénétration et de diffusion
des cultes égyptiens en Italie dans M.J. Vermaseren (éd.), Etudes
Préliminaires aux religions orientales dans l’empire romain,
tome 22, Leiden, 1972, p. 397-398. Il interprète aussi les sacrifices
d’oiseaux, tels des flamants roses (Suétone, Vie des douze Césars,
IV, 57, 8-9), par Caligula comme une adoption du culte journalier
égyptien. Pour A. Vigourt, Les présages impériaux d’Auguste à
Domitien, Paris, 2001, l’empereur prenait les auspices.
(15) Cité par D. Wardlee, Suetonius’ Life of Caligula. A
Commentary (Latomus, 225), Bruxelles, 1994, p. 23
(16) Une étude très pertinente de cette thématique apparaît chez
P. Ceausescu, « Altera Roma. Histoire d’une folie politique »,
dans Historia, 25, 1976, p. 79-108.
(17) Voir, par exemple, la généalogie des dignitaires nommés
sous Caligula dans J. Colin, « Les consuls du César-Pharaon
Caligula et l’héritage de Germanicus. A propos des Fastes
consulaires de l’Empire Romain par Attilio Degrassi », dans
Latomus, 13, 1954, p. 394- 416.
(18) G. Wagner, « Epigraphie grecque d’Egypte : A propos d’une
nouvelle inscription d’Akôris », dans N. Fick – J.-Cl. Carrière
(éd.), Mélanges Etienne Bernand, Paris, 1991, p. 387-392.
(19) Cfr note précédente.
(20) C. Robichon – A. Varille, Description sommaire du temple
primitif de Médamoud, IFAO , Le Caïre, 1940 ; D. Valbelle, « La
porte de Tibère à Médamoud. L’histoire d’une publication », BSFE,
81, 1978, p. 18-26 et Id., « La porte de Tibère dans le complexe
religieux de Médamoud », dans Hommages à la mémoire de
Serge Sauneron, I (BiEtud, 81), Le Caire, IFAO, 1979, p. 73-85.
(21) B. Porter – R.L.B. Moss, Topographical bibliography, VIII,
Oxford, 19752, p. 44-46.
(22) S. Sauneron, Le temple d’Esna, VI, 1, Le Caire, IFAO, 1975, p.
VII, p.69-70. Les princes impériaux n’apparaissent pas sur mon
illustration qui est un gros plan sur les profils de leurs parents.
(23) W. Fauth, Helios Megistos (Religions in the Graeco-Roman
World, 125), Leiden, 1995, p. XXVIII.
(24) J. Grafton Milne, A History of Egypt Under Roman Rule,
Londres, 19243, p. 60.
(25) F. Coppens – H. Willems, « Chenhour et la région coptite »,
dans H. Willems – W. Clarysse (éd.), Les empereurs du Nil,
Louvain, 2000, p. 112.
(26) G.M. Parassoglou, Imperial estates in Roman Egypt, New
Haven, 1978, p. 71-73.
Pharaon N°14
43
Reportage
Les catacombes géantes de
Tuna el-Gebel :
des millions de momies !
Voilà un site archéologique que peu de touristes visitent : les catacombes de Tuna el-Gebel.
Situées à quelques kilomètres d’Amarna, en Moyenne Egypte, il s’agit d’un des plus beaux
sites de la région, surtout connu, par les stèles-frontières d’Akhenaton et l’exceptionnelle
tombe de Pétosiris. Et pourtant, à quelques centaines de mètres de l’entrée, un des plus
grands cimetières d’animaux sacrés de l’Egypte ancienne y a été creusé ! Reportage.
Par François Tonic
44
Pharaon N°14
Reportage
Pénétrer dans les catacombes du
dieu Thot de Tuna el-Gebel est une
expérience. Et encore, les gardiens
ne montrent qu’une partie des
kilomètres de galeries souterraines !
Les archéologues les répartissent
en 4 grandes galeries : A, B, C et
D. Ce lieu exceptionnel est appelé :
Ibiotapheion. Il rappelle les oiseaux
Ibis, animal sacré du dieu Thot,
avec le babouin. Thot était vénéré
dans la ville antique toute proche
d’Hermopolis, en référence à Hermès,
les Grecs voyaient en Thot leur dieu
Hermès.
Durant l’antiquité, deux entrées
principales existaient dans les
temples d’Osiris-Babouin et d’OsirisIbis. Aujourd’hui, l’entrée se fait par
les ruines de plusieurs bâtiments :
le temple d’Osiris-Babouin, les
maisons des prêtres et un édifice
que l’on surnomme la maison des
archives. C’est là que les prêtres
et embaumeurs momifient Ibis et
Babouins. L’accès était caché, seules
les personnes autorisées pouvaient y
descendre. Cette entrée donne accès
aux galeries Nord (galeries C et D).
Les premières galeries datent des
dernières dynasties égyptiennes
(5e – 4e siècle av. JC), juste avant
la conquête du pays par Alexandre
le Grand, en 332 av. JC. Durant le
règne d’Alexandre IV (317-305),
le temple d’Osiris Babouin fut
construit. Les galeries ne cessèrent
plus se s’étendre sous les Ptolémée.
Cependant, la fondation remonte
à la 26e dynastie (664-525 av. JC),
plusieurs objets de cette période
furent découverts durant les fouilles
archéologiques. Le culte de Thot
se
développa
considérablement
durant la période gréco-romaine, les
galeries se multiplièrent afin de créer
de nouvelles tombes aux animaux
sacrés.
Une roche dangereuse
Les catacombes de Tuna el-Gebel souffrirent des tremblements de terre.
Durant le 1er siècle avant notre ère, un séisme détruisit partiellement
le temple principal ainsi que les habitations des prêtres et plusieurs
galeries s’écroulèrent. Les zones écroulées furent condamnées et le sable
les ensevelit rapidement.
totalement remplie, elle est murée et
les prêtres en ouvrent une nouvelle…
Le visiteur est toujours impressionné
par ces dizaines de milliers de
poteries encore présentes dans les
salles. Certaines galeries sont percées
d’alvéoles (loculi). Elles contenaient
un petit cercueil ou sarcophage d’un
babouin ou d’un ibis. Les prêtres ne
plaçaient pas au hasard les momies
sacrées. Le pèlerin (la région était
un lieu de pèlerinage important) ou
tout Egyptien pouvait acheter une
momie en l’honneur du dieu Thot
(pour une prière, une offrande, une
demande particulière). Sur le bon de
commande, on précisait l’animal et
surtout le prix ! Eh oui, en ancienne
Egypte, l’offrande aux dieux était
une affaire d’argent. Moins le prix
était élevé, moins la momie était
de qualité (voire parfois il s’agissait
d’une fausse momie, plus rentable
pour le temple), plus le prix était
élevé, plus la momie sacrée était de
qualité, avec cercueil ou sarcophage
luxueux. Ptolémée I, dès 310 – 305
av. JC, fait construire un nouveau
temple et réaménage entièrement
l’entrée aux catacombes.
C’est aussi à cette époque que le
culte devient journalier dans les
catacombes avec le creusement
et l’aménagement de plusieurs
chapelles dédiés au babouin Thot.
Le visiteur peut visiter la plus
belle. C’est aussi à ce moment là
qu’apparaissent les oracles du dieu
Thot. Les archéologues ont découvert
plusieurs réponses de l’oracle sur
papyrus. Les premières fouilles
systématiques débutèrent seulement
en 1933 avec l’archéologue égyptien
Sami Gabra. La fouille prit fin
en 1953 et malheureusement de
«Lieu de repos de l’ibis, du babouin, du
faucon, et les dieux qui reposent avec eux»
(nom supposé des galeries souterraines)
Tombe collective ou
individuelle : combien tu
paies ?
Dans ces catacombes, nous trouvons
deux types de tombes : des salles
collectives et des alvéoles individuelles.
Les salles collectives sont profondes
mais étroites. Les momies, placées
dans des poteries, s’entassent du
sol au plafond. Quand une salle est
Petites alvéoles contenant de petits sarcophages
pour les momies d’ibis.
Pharaon N°14
45
© J. Decoudun
Reportage
Chapelle dédiée à Thot. Plusieurs ont été
creusées sous les Ptolémée.
Plan des catacombes,
d’après Dieter Kessler.
46
Pharaon N°14
Reportage
Des maternités à animaux sacrés
Chaque année, ce sont des dizaines de milliers d’animaux qui étaient
momifiés et déposés dans les catacombes. Pour alimenter les prêtres,
de nombreux élevages d’ibis furent créés autour de Tuna el-Gebel. Une
véritable industrie sacrée prospéra sous les Ptolémée. Ptolémée I créa de
nouveaux cultes et réorganisa les temples d’Hermopolis. Les babouins
avaient leur propre nom dès la naissance.
Non loin de la tombe de Pétosiris, un complexe était spécialement dédié
aux animaux sacrés : un temple, un puits très profond et une sakia, un
système pour remonter l’eau. Il fallait bien faire boire nos ibis… De là,
une allée pavée reliant ce complexe (ou Tropheïon) aux catacombes). Les
poteries servant aux momies provenaient sans doute d’ateliers propres
de Tuna el-Gebel.
Salle de momification des
animaux sacrés.
nombreuses informations ne furent
jamais publiées, ou partiellement.
Depuis 1989, une mission commune
de l’université du Caire et de Munich
exploite le sous-sol. Un travail long
et lent : dégagement des salles à
momies, confortement des plafonds,
étude du matériel découvert (poteries,
momies, objets divers). Les conditions
de travail sont difficiles : pénombre,
poussière épaisse, chaleur et moiteur
des galeries. Les ouvriers travaillent
avec des masques pour ne pas
respirer poussière et décomposition
des momies…
Les galeries dépassent les 2,5
mètres de largeur pour une hauteur
d’environ 4 mètres. Il faut imaginer
le travail des ouvriers égyptiens il y
a 2300 ans… Des puits de lumière
étaient aménagés pour éclairer le
dédale souterrain. Durant 700 ans,
les prêtres y déposèrent les momies
sacrées.
De nombreux sarcophages et des
momies sont visibles dans le musée
de Mallawi, à quelques dizaines de
kilomètres de Tuna el-Gebel. Ces
objets montrent la diversité des
inhumations : du coffre à peine
débité au cercueil entièrement peint.
les temples. C’était un moyen pour
les Ptolémée d’avoir une relative
tranquillité dans le pays et que les
clergés soient conciliants envers
eux.
Mais l’administration romaine, peu
après l’invasion du pays (30 av. JC),
va couper les dépenses envers de
nombreux cultes d’animaux. Tuna
el-Gebel en est une des victimes.
Le culte des babouins s’arrête en
premier, tout comme les chantiers
en cours. Le culte et l’élevage d’ibis
disparaissent dès le 1er siècle de notre
ère et les derniers prêtres désertent
Tuna durant le 2e siècle.
L’Etat ne veut plus payer
Le
gouvernement
d’Alexandrie
finance énormément les cultes et
Bibliographie
Salima Ikram, divines creatures, AUC Press, 2005
Collectif, L’Egypte restituée, tome 3, éditions errance, 1997
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Pharaon N°14
47
Hiéroglyphes
Les principales
prépositions et les adverbes
Comme en français, la plupart du temps, la préposition sert à réunir deux mots,
le second complétant le premier et indiquant un rapport particulier selon les
circonstances. Ce mois-ci, nous abordons les prépositions et adverbes en ancien
Egyptien…
Par Damien Reculé (1)
/ Xr = sous
/ Dr = depuis (quelque part,
une période de temps).
Ainsi que :
/ mm = parmi.
/ Hna = en compagnie de, avec (qqn),
ainsi que.
/ n = à, en faveur de, pour (qqn).
/ r = par rapport à, pour (qqch), à propos de,
en direction de, jusqu’à (une période de temps).
/ m = dans, (provenant) de, au moyen de, par
(quelque chose), en tant que.
/ mj = comme, conformément à, selon.
/ jn = par (qqn).
Exemples
/ Hr = sur, au-dessus de, à propos de.
m p.t
Dans le ciel.
/ tp = sur.
Hna=Tn
Avec vous.
(1)Titulaire du certificat de langue et grammaire égyptienne de l’Institut Khéops de Paris et Administrateur du site Internet : « Paroles sacrées : Forum
dédié à l’apprentissage de l’égyptien ancien » (http://parolessacrees.xooit.fr/index.php)
48
Pharaon N°14
Hiéroglyphes
Xr nh.t
Sous le sycomore.
jw bAk Xr nX.t.
Les principaux adverbes
(Ici et maintenant), le serviteur (est) sous le sycomore.
Les adverbes précisent les circonstances de lieu, de
temps ou de manière dans lesquelles se déroule
l’action. Comme les prépositions, les adverbes ne
s’accordent ni en genre ni en nombre.
Adverbes de lieu
jw Apd Hr jmw
(Ici et maintenant), l’oiseau (est) sur la barque.
/ aA = ici
Exemple avec un adverbe: (l’adverbe est noté en
orange)
/ jm = là, y, dedans
Adverbes de temps
jw bAk jm
(Ici et maintenant), le serviteur est là.
Jw bAk Hna nb=f mjn
(Ici et maintenant), le serviteur est avec son maître
aujourd’hui.
Utilisation dans une phrase simple
L’égyptien possède un mot, servant à indiquer le
temps et le lieu de l’énonciation,
/
/ ‘jw’ =
‘ici et maintenant’, et que l’on nomme ‘indicateur
d’énonciation’. Il se place en début de phrase et est
invariable en genre et en nombre. Intraduisible, il est
utilisé pour indiquer que l’action n’est pas située dans le
passé ou le futur.
Dans le prochain numéro, nous parlerons des adjectifs.
Bibliographie
Exemples avec une préposition: (la préposition est
notée en violet)
Grandet (Pierre) et Mathieu (Bernard),
Cours d’égyptien hiéroglyphique,
Paris, Khéops, 1991, 2003
Obsomer (Claude), Grammaire pratique du moyen
égyptien, Paris, Safran, 2003
jw ssm.t m sb.ty
(Ici et maintenant), le cheval (est) dans l’enclos.
Fonte hiéroglyphique : Projet Rosette
(http://projetrosette.info/page.php?Id=1)
Pharaon N°14
49
Sacré
© F. Tonic
Fondation du
temple. Le roi
fixe les limites et
l’orientation du
temple avec une
incarnation de la
déesse Seshat. Ils
plantent les pieux.
Karnak.
Archéoastronomie
et la symbolique
de l'orientation des temples
e
ie
rt
a
p
3
de l'ancienne égypte
La mission égypto-espagnole d’archéoastronomie de l’ancienne Egypte a réussi,
ces dernières années, à mesurer l’orientation de plus de 330 temples, du Delta à
Assouan, des Oasis au Sinaï. Les anciens égyptiens utilisaient-ils des alignements
astronomiques pour orienter les temples ?
Par FERNAND SCHWARZ
50
Pharaon N°14
Sacré
Canopus (Canope) sur le plafond astronomique de Denderah
(au centre). A gauche, Sirius, à droite, Orion.
© V. Turmel
visible, presque autant que Sirius.
Elle est probablement symbolisée par
le faucon royal perché sur un sceptre
papyrus situé entre Orion et Sirius.
Dans
l'étude
citée,
7
types
d’orientation ont été identifiés :
• l’équinoxiale, ou orientale
• la solsticiale
• la saisonnière du soleil, en rapport
avec « l’Année errante »
• celle de l’Etoile Sirius
• celle de l’Etoile Canope
• celle
du
méridien,
septentrionale
• celle
des
cardinales
quatre
ou
la
directions
L’interprétation stellaire est très
compliquée du fait que nous
ne sommes pas en condition
actuellement de comprendre la
symbolique complète de Canopus
pour les anciens Egyptiens. L’étoile
Canopus est la seconde plus brillante
étoile du ciel égyptien. Elle est l’étoile
la plus méridionale du ciel osirien,
située dans l’hémisphère sud céleste.
L’étude de Sylvie Cauville sur le
zodiaque de Denderah rappelle
qu’elle est très brillante l’hiver et
disparaît au petit matin. Dans le
texte du zodiaque, elle est « l’étoile
visible » et est assimilée à Osiris ;
Canopus à l’automne, est bien
A cet égard, un cas très intéressant
de cette famille pourrait être celui
du complexe d’Isis à Philae. L’axe
principal du temple d’Isis pourrait
avoir été orienté vers le coucher
de Canopus. Cependant, l’axe
perpendiculaire (et celui du temple
d’Hathor) s’accorde parfaitement
avec la déclinaison de Sopdet
(Sirius), la manifestation céleste
d’Isis (et d’Hathor durant cette
période). Nous pourrions spéculer
que Philae était situé en un lieu
© F. Tonic
Les chercheurs ont déterminé trois
protocoles d’orientation : cardinale,
solaire et stellaire. Abordons les 3
dernières catégories d'orientation.
5 – La famille
de l’étoile Canopus
On est encore incapable d’identifier
clairement son nom, à l’exception
de la référence très tardive de M.
Capella qui l’appelait Ptolemaeus,
en l’honneur du roi Ptolémée
Lagos. Curieusement, une relation
possible entre Canopus et Osiris
(et par conséquent la mythologie
d’Isis) est mentionnée par Plutarque,
bien qu’on ne puisse pas savoir
si le texte se réfère à l’étoile ellemême ou au pilote du vaisseau
Argo. Cependant, Argo Navis,
clairement la constellation cette fois,
est mentionnée comme le bateau
d’Osiris dans le même paragraphe.
Le nom copte traditionnel de
l’étoile peut également l’associer
à la navigation. En outre, cette
corrélation peut également être
déduite d’un passage controversé
du Livre du Jour et de la Nuit, qui
mentionne Osiris, qui est « derrière »
Sah. Ainsi l’étoile Canopus pourrait
être liée d’une façon ou d’une autre
à la triade Osirienne.
Les temples égyptiens peuvent présenter une orientation très différente selon la topographie des lieux.
Au Ramesseum, Christian Leblanc a clairement mis en évidence un double axe sacré et royal : Est-Ouest
(cycle solaire par excellence, en rouge) et Nord-Sud (axe royal avec le palais royal).
Pharaon N°14
51
Sacré
© carte Google
Alignement volontaire entre le temple d’Hatshepsout (Deir el-Bahari) et le temple de
Karnak. Le premier monument étant fortement lié au dieu Amon.
présentant une phénoménologie très
particulière : un endroit singulier
en Égypte où le lever de Sirius et le
coucher de Canopus étaient presque
perpendiculaires.
6 – La famille du méridien
(ou septentrionale),
à la recherche d’étoiles
dans le Nord
Les statistiques sur les orientations
des temples indiquent la grande
importance des orientations proches
des Méridiens, pour ne pas dire
précisément N-S, dans l’ancienne
Egypte. En fait, il est hautement
probable que les familles 1 et 6
soient les « deux faces de la même
monnaie ». En effet, toutes les deux sont
représentatives de la prédominance
des orientations cardinales en
accord avec la manière dont les
anciens Egyptiens organisaient le
cosmos. Nous pensons que cette
tradition du Nord était effectivement
atteinte à travers l’orientation vers
certaines configurations d’étoiles
proches du pôle céleste, et que la
constellation
circumpolaire
de
Meskhetyu était sans aucun doute
l’un des plus importants astérismes
(figure remarquable dessinée par des
étoiles particulièrement brillantes.)
de la religion égyptienne, depuis
l’Ancien Empire, si ce n’est avant,
où elle apparaît dans les Textes
des Pyramides comme « l’étoile
52
Pharaon N°14
impérissable » par excellence,
jusqu’à la période Ptolémaïque. Les
quatre trous alignés pour des mâts
dressés probablement situés devant
la façade du bâtiment connu comme
la structure HK29A sur le site de
Hierakonpolis pourraient être le plus
ancien exemple connu d’un bâtiment
orienté à la fois topographiquement
et astronomiquement. Les étoiles
circumpolaires étaient associées à
l’idée de poteaux d’amarrage, qui
permettaient de s’orienter, comme on
vient de le voir par rapport aux étoiles
de la constellation de la Grande
Ourse. On peut distinguer deux
ensembles de poteaux d’amarrage,
connus, dans l’ancien firmament
égyptien. Deux formaient un double
positionnement entre les mains de la
déesse Reret et occupaient la région
de la Queue du Dragon et une partie
de la Petite Ourse.
L’étoile
polaire
de
l’Ancien
Empire, Thuban, qui était dans
la constellation du Dragon était
l’étoile pivot, avec Kochab dans
la Petite Ourse qui était l’étoile la
plus brillante du groupe. Les autres
poteaux d’amarrage, mentionnés à
l’époque ramesside, étaient Menit, le
pendant d’Arcturus qui était l’étoile
la plus brillante du couple. Il y a une
paire de monuments qui pourraient
être considérés comme de vrais
paradigmes du groupe : le temple
d’Horus à Edfou et le sanctuaire
d’Amon à Qasr Zaiyan. Leurs axes
sont très proches de la ligne des
méridiens, bien que, dans les deux
cas, la porte du temple ouvre vers le
Sud. Cependant cette orientation en
fonction des méridiens était atteinte
par l’observation des étoiles du
nord. De fait, dans le cas d’Edfou,
les inscriptions mentionnent de
manière répétitive et obsessionnelle
l’observation de Meskhetyu par le
roi, en présence de Thot, durant
une certaine nuit lorsque la Lune
était dans son 6ème jour, les calculs
modernes suggérant que le temple
d’Horus était aligné sur le point
culminant le plus bas, soit de Merak,
soit de Phecda, aux alentours de
minuit le 23 août 253 avant JC,
lorsque la minuscule lumière du
coucher de la Lune montante offrait
une atmosphère parfaite pour
célébrer la cérémonie de l’étirement
de la corde.
7 – La famille
des quart-de-cardinal
La famille quart-de-cardinal est
définie comme un groupe de temples
dont l’orientation est proche de 45°
(NE), 135° (SE), 225° (SO) ou 315°
(NO). Nous pensons qu’il s’agit d’un
sous-groupe de la super-famille
cardinale. Cette orientation était
atteinte en déterminant tout d’abord
un alignement nord, dont l’axe
Sacré
était ensuite dévié de 45° ou 135°,
soit dans le sens des aiguilles d’une
montre pour les temples ouverts
vers le côté est de l’horizon, qui sont
les plus fréquents, soit dans le sens
inverse des aiguilles d’une montre
pour les temples ouverts vers le côté
ouest de l’horizon. En agissant ainsi,
une orientation simultanément
astronomique et par rapport au Nil
a pu être réalisée dans plusieurs cas.
Certains des Temples des Millions
d’années des rois du Nouvel Empire,
en particulier à Abydos et Thèbes
Ouest, sont de bons représentants de
ce groupe.
On a obtenu différentes configurations
célestes de l’astérisme de Meskhetyu,
observées depuis deux localisations
importantes et différentes époques :
(a) Transit méridien simultané de
Phecda (gUMa) et Megrez (dUMa)
dans les temps prédynastiques à
Kom el Ahmar pour l’alignement
de la Structure HK29A. Cette
configuration particulière de
Meskhetyu aurait été utilisée à
Kom el Ahmar peut-être parce
que la constellation n’était pas
circumpolaire sur le site aux
temps prédynastiques, étant
donné que Merak (bUMa) aurait
légèrement
disparu
derrière
l’horizon local.
(b) Point culminant bas de Merak
(bUMa) dans les premiers temps
dynastiques au cimetière royal
de Umm el Qab (Abydos),
expliquant peut-être le caractère
sacré du site.
(c) identique au premier cas, mais vers
1290 avant JC afin d’expliquer
l’orientation
anormale
de
l’Osireion et du temple associé
de Sethy I à Abydos qui aurait
été ajusté selon la visibilité de
Phecda et Megrez, lorsque le
transit vertical de ces deux étoiles
eut lieu assez loin du méridien en
raison de la précession.
(d) Transit méridien bas de Alkaid
(hUMa)
à
Abydos
durant
une période où le caractère
circumpolaire de Meskhetyu
touchait à sa fin sur le site après
deux millénaires à cause de la
précession.
Cependant, il est plausible que le
« lever » ou « coucher » d’Alkaid
(hUMa), presque plein Nord, était
la configuration céleste choisie le
plus communément pour établir la
ligne méridienne durant le Nouvel
Empire à Abydos. Il est intéressant
de noter que, comme dans le
cas de Hierakonpolis, en faisant
pivoter de 45° l’axe déterminé
astronomiquement, les entrées des
temples dans la zone d’Abydos
seraient presque perpendiculaires
à la vallée du Nil dans cette région
(pas nécessairement au fleuve luimême), une fois de plus globalement
en accord avec l’hypothèse Nil.
La double orientation
Néanmoins, le groupe de monuments
le plus intéressant est celui formé
par le temple des Millions d’Années
et les temples adjacents de Thèbes
Ouest (rive gauche de Louxor).
L’horizon nord des temples, à
l’exception du cas du temple de
Seti I, est masqué par les collines
thébaines. Cependant, on constate
que la majorité des bâtiments aurait
eu un lien raisonnable avec le lever
ou le coucher de certaines étoiles de
Meskhetyu durant le Nouvel Empire
et au-delà. Parmi ces temples, il y
a plusieurs cas intéressants et des
exceptions. Dans les exceptions,
nous pouvons inclure le Temple des
Millions d’Années d’Amenhotep III
qui était orienté vers le soleil levant
au solstice d’hiver. L’archéologue
Betsy Bryan a suggéré que ce
temple était une sorte d’immense
diagramme céleste. L’horizon nord
vu depuis la cour extérieure du
temple de Ramsès III à Medinet
Habu montre un trait topographique
particulier qui se détache du reste du
paysage, l’aspect « plateau » d’une
section des falaises de Deir el Bahari.
© carte Google
Umm el Qab, en Abydos, était
le site d’un immense cimetière
prédynastique et contenait également
les tombes des premiers rois d’Egypte,
alors que l’Etat égyptien était en
formation et peut-être que certains
aspects métaphysiques relatifs au
roi se développaient. Nous pouvons
imaginer que, d’un côté,
Umm
el Qab fut sélectionné comme
emplacement du cimetière royal
parce qu’il s’agissait du premier
endroit en voyageant vers le Nord où
Meskhetyu aurait été circumpolaire
ou bien, d’un autre côté, que
l’importance relative des étoiles
de Meskhetyu, telles que ikhemy
seku (étoiles « impérissables ») par
excellence, était due au fait qu’elles
étaient circumpolaires sur le site
de la nécropole royale. Les deux
solutions sont possibles, mais la
première, semble certainement en
accord avec la relation intime entre
l’astronomie et le paysage. À cet
égard, T. Wilkinson a suggéré que les
rois qui unifièrent l’Egypte étaient
originaires de Hierakonpolis, mais
qu’ils établirent leur cimetière royal
à quelques centaines de kilomètres
au nord à Umm el Qab, à Abydos.
Ceci pourrait supporter l’idée que
l’emplacement de la nécropole
royale fut choisi délibérément dans
un but religieux.
Alignement parallèle au Nil, exemple avec le temple d’Edfou, le temple de Denderah est
orienté perpendiculairement et selon un axe astronomique
Pharaon N°14
53
Sacré
Alkaid se serait levée au-dessus
de cette particularité pour fournir
l’orientation du temple d’Amon (à
Médinet Habou) sur le site à l’époque
de Toutmosis III, le constructeur de ce
temple conjointement à Hachepsout
en 1450 avant JC. Un quart de
millénaire plus tard, le Temple des
Millions d’Années de Ramsès III fut
construit à proximité.
A cette occasion, cependant, une bien
meilleure orientation fut obtenue
par l’observation du lever d’une
autre étoile de Meskhetyu (peut-être
Phecda) sur la même particularité
topographique.
Le Ramasseum
Le Ramasseum a un plan trapézoïdal
qui rend difficile la définition d’un
axe de symétrie pour le complexe.
Les chercheurs ont défini deux axes
principaux sur le site : le premier est
celui qui permet une vue dégagée
depuis le sanctuaire et tout le
long jusqu’à l’entrée du complexe
(Axe Principal) et le second est la
ligne perpendiculaire au pylône
principal.
Ils diffèrent d’environ 2°, ce qui
montre que Ramsès II a peut-être
rencontré deux alternatives possibles
pour définir l’orientation de son
temple. Une des causes possibles de
cet axe double pourrait être l’ancien
temple construit sur le site par Seti I
avec la même orientation que l’axe
principal du Ramasseum…
On n’a pas pu trouver, pour aucun
des deux cas, une hypothèse
raisonnable pouvant expliquer cette
double orientation si les directions
actuelles sont prises en compte, ni
en regardant vers l’extérieur (vers
la rivière), ni en regardant vers
l’intérieur (vers les montagnes),
pas même en considérant les
directions perpendiculaires (±90°).
Les
interprétations
prosaïques,
par exemple en arguant que le
Ramasseum est orienté vers le temple
de Louxor, doivent être abandonnées
car elles sont incapables d’expliquer
la dichotomie ou sont simplement
fausses. Il est possible qu’une fois de
plus la famille quart-de-cardinal soit
la solution.
Depuis le Ramasseum, les collines
thébaines s’étendent presque plein
nord. A l’époque de Ramsès II,
quatre étoiles de Meskhetyu étaient
circumpolaires dans cette direction,
une autre étoile (Alkaid) offrirait
un faux alignement et deux, Merak
et Phecda, offrent des alternatives
raisonnables pour obtenir une
orientation proche du Méridien.
Nous estimons que l’axe principal,
ou son parallèle pour le temple de
Bibliographie
« In search of cosmic order », de Juan Antonio Belmonte
et Mosalam Shaltout, Edition Supreme Concil of
antiquities press, 2009.
“The ancient egyptian monuments and their relation
to the position of the sun, stars and planets III, key
points at lower Egypt and Siwa oasis”, In Publications
du conseil suprême des antiquités de l’Egypte.
“The ancient egyptian monuments and their relation
with the position of the sun, stars and planets II New
experiments at the oases of the western desert” In
Publications du conseil suprême des antiquités de
l’Egypte.
« The ancient egyptian monuments and their relation
to the position of the sun, stars, and planets : report on
the first phase, upper Egypt and lower Nubia february
2003 », par Magdy Fekri, Juan Antonio Belmonte,
Mosalam Shaltout In Supplément aux annales au
service des antiquités de l’Egypte, Cahier n°35.
54
Pharaon N°14
Séti, pourrait avoir été obtenu par
l’observation du coucher de Phecda
et la perpendiculaire au pylône par
le coucher de Merak.
Conclusion
Dès les origines de la civilisation
égyptienne, l’orientation des temples
devait remplir deux objectifs, afin de
remplir les exigences religieuses : (i)
un temple devrait être orienté selon
le royaume céleste, et aussi (ii) un
temple devrait être orienté selon le
Nil. La famille d’orientations quartde-cardinal était la solution trouvée
à ce problème dans de nombreuses
zones du pays, en particulier en
Haute-Egypte.
Un axe préliminaire (généralement
une ligne Nord-Sud) était établi
par
observation
astronomique
(principalement en fonction des
étoiles de Meskhetyu) et ensuite en
faisant pivoter ceci de 45° ou 135°
(ou même 90°), l’axe définitif du
temple, perpendiculaire ou presque
perpendiculaire au Nil (parfois
parallèle), était obtenu.
Il s’agit là d’une étude passionnante et
importante pour mieux comprendre
l’implantation des monuments et la
raison de leur orientation.
« La lumière et la répartition des textes dans la
pyramide », Gertie Englund, In Hommage à Jean
Leclant, BdE 106/1, 1993.
« Nouvelles observations relative à l’orientation de la
pyramide de Khéops », G. Goyon, revue d’égyptologie
n°22, 1970.
« Le grand château d’Amon de Sesostris 1er à Karnak »,
L. Gabold, IFAO, 1998.
« Le lieu du temple », Fernand Schwarz, Albin Michel,
1988.
« Aspects de géographie sacrée : l’orientation solsticiale
et équinoxiale dans l’ancienne Égypte », M Maistrocchi,
Ed Arche, 1981.
« Du caractère religieux de la royauté pharaonique à
Amon Rê », Ed Leroux, 1902.
« Le zodiaque d’Osiris », S Cauville, Peeters, 1997.
« L’esprit du temps des pharaons », Erik Horning,
Hachette, 1998.
égyptologie
Le rhinocéros
est (une) licorne en égypte
Les preuves de la présence du rhinocéros en Egypte sont issues de l’une des trois
sources suivantes : ostéologique, iconographique ou écrite. Des trois, les sources
ostéologiques sont généralement celles qui remontent le plus loin dans le temps, et
les sources écrites sont a contrario les plus récentes.
Par Nicolas Manlius (1)
Fig. 1
C'est quoi un rhinocéros ?
Les rhinocéros (classe des mammifères, ordre des périssodactyles,
famille des rhinocerotidaes) peuvent mesurer 5 m de long pour
1,80 m au garrot, et atteindre un poids avoisinant les trois tonnes.
Le nom rhinocéros est composé des mots grecs rhinos et keras, qui
signifient respectivement « nez » et « corne ». Ces deux mots furent
choisis à bon escient pour le nommer, car il est le seul mammifère
terrestre à porter de une à deux cornes sur le nez, les autres
mammifères cornus les portant tous sur le front (exception faite
du narval, dont l’unique corne - la canine gauche hypertrophiée est située en position nasale).
Cinq espèces de rhinocéros actuels ont été décrites. Deux, pourvues
chacune de deux cornes, vivent en Afrique : le rhinocéros blanc
(Ceratotherium simum), et le rhinocéros noir (Diceros bicornis)
(figure 1). Les trois autres espèces vivent en Asie : elles ont soit
deux cornes, avec le plus petit et le plus poilu des rhinocéros, le
rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis), soit une seule
corne, avec le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus) et le
rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis).
En haut, rhinocéros blanc, reconnaissable à sa bouche
droite (due à deux lèvres de même taille), à sa corne
postérieure très réduite et à la présence d’une bosse sur sa
nuque. En bas, rhinocéros noir, reconnaissable à sa bouche
de forme crochue (due à sa lèvre supérieure développée
et rabattue sur le devant pour devenir plus préhensile).
D’après Haltenorth & Diller (1985, pl. 22).
Les sources ostéologiques se résument en la découverte
d’ossements néolithiques de rhinocéros blancs dans
le Désert Ouest, plus précisément en son centre dans
l’oasis de Dakhla (dents) et en son sud-ouest dans la
région d’El Nabta (Bir Tarfaoui et Sahara). Les sources
iconographiques ne sont guère plus nombreuses et
montrent une unique représentation néolithique d’un
rhinocéros noir, figurant au côté d’un éléphant d’Afrique
(Loxodonta africana), en Haute-Egypte à l’est du Nil,
entre le village d’El Hoch (situé à une trentaine de
En réalité, les cornes des rhinocéros ne sont pas toutes disposées
sur leur nez : si les rhinocéros unicornes la portent bien sur le nez,
les bicornes ne portent que l’antérieure sur leurs os nasaux, la
postérieure étant disposée au niveau de leur os frontal. Par ailleurs,
leurs cornes ne sont pas faites d’os mais de cellules agglutinées
constitués de kératine (protéine constitutive des cheveux, des
ongles ou des sabots).
Le fait que les accouplements de rhinocéros puissent durer plus
d’une demi-heure a fait attribuer à leurs cornes (bien entendu
à tort) des vertus aphrodisiaques. Ainsi, pour en extraire les
principes supposés, les Chinois et les Japonais les broyaient pour
les consommer en infusion. Le fait également que leurs cornes
possèdent la forme suggestive d’un phallus les a faites considérées
par les Yéménites comme des symboles de virilité, et utilisées en
guise de fourreaux à poignards. Par ailleurs, leur cuir fournissait
d’excellents boucliers à certaines peuplades africaines, et sous
de nombreuses cultures, leurs cornes avaient la réputation de
contrecarrer les effets du poison, réputation peut-être due au fait que
la kératine (présente en très forte quantité dans les cornes) ne peut
être attaquée par les alcaloïdes de certains poisons. Conséquence
logique : partout, en Egypte comme ailleurs, les populations de
rhinocéros furent décimées par une chasse à outrance.
(1) Docteur en biogéographie historique, spécialiste de la faune d’Egypte.
Pharaon N°14
55
égyptologie
Fig. 2
Gravure de rhinocéros découverte
en Haute Egypte entre El Hoch et le
Ouadi Saba Errigal, sur la rive ouest
du Nil, à 27 km au nord de Kom Ombo
(Osborn & Osbornová,1998, p. 139,
cf. Winkler, 1938, pl. XXI). Ses deux
cornes bien visibles et son absence
de bosse au dessus du cou plaide
pour un rhinocéros noir.
kilomètres au sud d’Edfou) et le Ouadi
Saba Errigal (figure 2). De facto, les
deux espèces africaines de rhinocéros
(le blanc et le noir) vivaient encore
en Egypte à une époque antérieure
au Prédynastique (le Prédynastique
correspond au Néolithique le plus
récent, qui couvre la période de 4500
à 2910 av. J.-C.).
Les représentations
égyptiennes
Le rhinocéros blanc, en tant que
brouteur d’herbe rase _ comme
en témoignent ses lèvres droites _,
fréquente de préférence les plaines de
savane. Or, avant le Prédynastique, le
Désert Ouest était pourvu de plaines
ouvertes. Il est donc logique de
penser que cette espèce devait vivre
à cette époque dans le Désert Ouest,
comme le confirment d’ailleurs
les
découvertes
ostéologiques
dans ce désert. Le rhinocéros noir,
en tant que consommateur de
plantes plus hautes en forme de
buisson - comme en témoigne
sa lèvre supérieure préhensile -,
fréquente préférentiellement les
forêts ouvertes. Il est par conséquent
logique de penser que cette espèce
devait vivre le long des rives
boisées du Nil, comme le confirme
la représentation d’un rhinocéros
noir en Egypte précédemment
citée, ainsi que dans certains oueds
fournis en végétation du Désert Est
(voir la carte de distribution, figure
3). Cette distribution égyptienne
prédynastique suit celle de l’éléphant
d’Afrique et de la girafe (Giraffa
camelopardalis),
respectivement
parues
dans
Toutankhamon
Magazine, 39 et dans Pharaon 5 ;
ce qui n’a rien d’étonnant en soi car
56
Pharaon N°14
ces trois grandes espèces partagent
le même habitat. Sauf que des trois,
ce fut le rhinocéros qui se maintint
le moins longtemps dans le pays. La
seconde représentation dont on est
certain qu’il s’agit d’un rhinocéros
noir est une gravure portée par un
pylône du temple d’Armant (à 16
km au sud-ouest de Louxor) qui
daterait du règne de Thoutmosis
III (XVIIIe dynastie) (figure 4).
Cependant, il ne s’agit plus ici d’un
rhinocéros à l’état sauvage car cet
animal apparaît clairement en tant
que tribut ramené au pharaon en
provenance du royaume de Koush
(pays s’étendant entre la première
et la quatrième cataracte du Nil) en
signe d’allégation du peuple de ce
pays envers le pharaon conquérant.
Il n’existe que deux autres
représentations datant de l’Egypte
pharaonique qui soit assimilables
au rhinocéros. Mais toutes deux
sont sujettes à caution. La première
a été décrite par Hilzheimer,
zoologue connu dans le monde
de l’égyptologie pour ses études
sur certains grands mammifères
improbables de l’ancienne Egypte (il
rédigea par exemple une étude sur
le daim en ancienne Egypte). Cette
représentation correspond à un
animal énigmatique d’un bas-relief
du temple solaire de Niouserrê (5e
dynastie) à Abou Gorob (figure 5).
Le fait que sa corne soit placée entre
le nez et le front et qu’il ne présente
pas de pavillons auriculaires l’a fait
interprété, par la plupart des auteurs,
comme étant un animal fantaisiste.
Toutefois, les autres caractéristiques
physiques de son corps font
nettement penser à un rhinocéros,
et il est par conséquent très possible
que l’artiste, à défaut de l’avoir
observé de visu, ait pu se faire décrire
un rhinocéros ; ce qui reviendrait à
dire que le rhinocéros pouvait encore
se rencontrer à l’époque, si ce n’est
en Egypte, du moins non loin de ses
frontières sud.
La seconde représentation prêtant
à caution, et que certains auteurs
ont tenté d’interpréter comme étant
celle d’un rhinocéros, est un animal
fabuleux peint sur les murs du
tombeau de Bakht, à Béni Hassan
(11e dynastie, de 2130 à 1785 av.
J.-C.) (figure 6). Il faut savoir qu’en
vue d’évoquer un animal fabuleux
les anciens Egyptiens utilisaient le
moyen simple consistant à réunir la
tête et le corps d’animaux d’espèces
différentes. Le corps de cet animal
chimérique
est
manifestement
Fig. 3
Carte prédictive de la distribution géographique des rhinocéros noirs et blancs en Egypte
durant le Néolithique ancien (de 10 000 à 4500 av. J.-C.). Les zones colorées en orange
(long du Nil et Désert Est) correspondent à la présence du rhinocéros noir ; les zones en
vert, dans le Désert Ouest, à celle du rhinocéros blanc.
égyptologie
Fig. 5
Fig. 4
celui d’un bovidé, peut-être un
capriné (il pourrait s’agir de celui
d’un bouquetin de Nubie, Capra
ibex, espèce encore fréquente en
Egypte), mais nullement celui d’un
rhinocéros. De plus, sa tête ne
présente pas de pavillon auriculaire
et n’a pas le profil de celle d’un
rhinocéros ; seule sa corne nasale
pourrait, vaguement, évoquer l’idée
de rhinocéros, mais de façon très
imparfaite (car cette corne est longue
et étroite, et non de forme conique
comme le sont celles des rhinocéros).
La forme très particulière de cette
corne ouvre tout naturellement la
voie aux spéculations discursives
sur la licorne, que nous allons donc
aborder dans le chapitre suivant.
LICORNE, GENERALITES
La représentation précédente d’un
animal fantastique muni d’une
longue corne sur le nez (celle du
tombeau de Bakht, figure 6), rappelle
la silhouette de la licorne telle qu’elle
est perçue de nos jours en Occident,
à savoir un cheval blanc immaculé
porteur d’une longue corne droite
torsadée sur le chanfrein du nez.
Par conséquent, il est légitime
de penser que dans l’inconscient
occidental, cette représentation put
être considérée comme une possible
image inspiratrice du célèbre cheval
blanc à corne.
Gravure d’un rhinocéros dans le temple solaire
de Niouserrê (Ve dynastie) à Abou Gourab, près
d’Aboussir. D’après Hilzheimer (1926, 167, fig. 25). La
corne placée entre le nez et le front et l’absence de
pavillons auriculaires ne contribuent pourtant pas à
rendre cet animal facilement identifiable.
licorne : la première prône une pure
création de l’imaginaire, la seconde
une confusion avec des animaux
réels. Dans chacune de ces deux
grandes hypothèses, plusieurs sous
théories existent. Cette diversité des
explications témoigne de l’attrait que
cet animal mythique exerce sur les
esprits, sans doute du fait de son côté
mystique et ésotérique non dénué
d’une dimension sexuelle (sa couleur
blanche synonyme de virginité, son
attirance pour les jeunes filles et sa
corne dressée constituent, à ce titre,
des occurrences troublantes).
L’explication la plus consensuelle à
l’origine de la licorne avance que son
nom et son image sont nés de récits
transmis de génération en génération,
et dans lesquels figure le rhinocéros.
Tout commence avec le médecin
grec Ctésias de Cnide, qui résida à
la cour de Perse d’environ 416 à 398
av. J.-C. Mélangeant probablement
des récits dont il eut connaissance
sur le rhinocéros indien et sur l’âne
sauvage, il décrivit un « monoceros »
ayant la forme d’un onagre sauvage
au corps blanc et a la tête couleur de
pourpre portant une corne s’élevant
au milieu du front. Cette création
chimérique fut par la suite relayée
par plusieurs auteurs grecs (Aristote)
et latins (Pline l’Ancien, Philostrate
l’Athénien, Elien).
Les traducteurs juifs hellénisés
d’Alexandrie prirent le relais vers le
IIe siècle av. J.-C. en réalisant une
mauvaise traduction grecque du
Livre des Psaumes (écrit en hébreu
à partir du Xe siècle av. J.-C.).
Ayant sans doute entendu parlé du
« monoceros » de Ctésias de Cnide
et d’Aristote, ils auraient traduit le
nom hébreu « re’em » (désignant un
animal de trait, probablement un
bœuf), mentionné dans le Livre des
Psaumes, en « monokeros ».
Cette mauvaise traduction fut par
la suite reprise et traduite dans
la version latine des Psaumes en
« unicornis », nom qui servit alors
de base aux traductions ultérieures
Les anciens égyptiens, en vue d’évoquer des animaux fabuleux,
utilisèrent un moyen qui consiste à réunir une tête et des parties
de corps d’animaux d’espèces différentes. Cette chimère
peinte sur les murs du tombeau de Bakht, à Béni Hassan (XIe
dynastie), portant sur le nez ce qui peut ressembler
à une corne de rhinocéros, en est un
exemple. D’après Manlius
& Schneider
Fig. 6
Toutefois, pour mieux percevoir la
relation liant des représentations
anciennes à la licorne occidentale, il
faut au préalable retracer l’historique
de la genèse de celle-ci. Deux grandes
hypothèses ont été formulées pour
tenter d’expliquer l’origine de la
Pharaon N°14
57
égyptologie
Fig. 7
Oryx algazelle photographié par
l’auteur au Jardin Zoologique de
Gizeh en avril 1999.
des flancs colorés en roux avec des
marques brun rouille sur le front
et le mufle, et enfin, possède deux
longues cornes pointues en forme de
cimeterre (figure 7).
pour, finalement, aboutir à la
prononciation altérée de « licorne » de
l’italien et du français moyenâgeux.
Au VIe siècle de notre ère, l’animal
prototype de la licorne possède
bien une longue corne droite, mais
a encore le corps d’une chèvre
au pelage noir ou blanc. Elle se
différenciera progressivement au
cours des siècles en acquérant des
caractères chevalins _ remplaçant
peu à peu les caractères caprins _
pour finalement se transformer, à la
Renaissance, en ce fin cheval blanc
à longue corne torsadée, ne gardant
de ses origines caprine qu’une mince
barbichette et des sabots fendus.
Ceci étant, si émotion il y a bien eu,
l’origine, la source matérielle, reste
à déterminer. En d’autres termes,
quel animal réel a inspiré à Fabri
l’image d’un être aussi fabuleux que
la « licorne d’Egypte » ?
Certains auteurs estiment qu’ayant
entendu parler de la description
donnée par Ctésias de Cnide, Fabri
aurait aperçu une antilope algazelle
(Oryx dammah), qui est à peu près
du même gabarit que l’onagre,
a une coloration générale claire,
un ventre blanc, une encolure et
Toutefois, l’algazelle n’était pas
présente dans le Sinaï durant
l’époque de Fabri. En réalité, les
seuls ongulés à cornes encore
présents dans la péninsule au XVe
siècle étaient le bouquetin de Nubie
(Capra ibex) , animal rupicole par
excellence, ou bien des gazelles (soit
la gazelle dorcas, Gazella dorcas, soit
plus vraisemblablement la gazelle
d’Arabie, Gazella gazella, espèce
beaucoup plus montagnarde).
Si donc Fabri observa un individu
de ces espèces, il n’existe que trois
possibilités. Première possibilité : il
n’est pas exclu qu’il ait simplement
aperçu un individu de profil dont
l’une des cornes masque l’autre.
Seconde possibilité : il n’est pas
impossible non plus qu’il ait pu
voir un animal possédant une corne
cassée. Troisième possibilité : Fabri
aurait vu un individu présentant une
pathologie de croissance des cornes
Fig. 8
Fabri indique avoir aperçu en
1483 dans le Sinaï, au sommet
d’une colline, un « rhinocéros »,
qu’il nomme ensuite « unicorne »,
puis « licorne ». Il n’a évidemment
pas aperçu de rhinocéros puisque,
comme nous venons de le voir,
ces animaux avaient depuis bien
longtemps disparu d’Egypte. Bien sûr,
il n’a pas non plus aperçu de licorne,
et a donc très probablement observé
un animal qu’il reste à déterminer.
Comme le remarque Jean Meyer,
l’intervention d’un animal aussi
fantastique que la licorne dans le
récit d’un voyageur occidental isolé
dans un lieu aussi grandiose et
inconnu que les montagnes du Sinaï,
« vise à transmettre (…) l’émotion et
l’admiration que purent ressentir les
pèlerins dans le désert ».
58
Pharaon N°14
© Urban, 2005. Photographie libre de droit provenant du site Licence Creative Commons.
LES LICORNES EN EGYPTE
Photographie d’une mosaïque de sol de la série Grande Chasse, de la
Villa del Casale près de Piazza Armerina (Enna, Sicile, Italie) montrant un
rhinocéros indien à une corne.
égyptologie
pour laquelle l’une d’elle pousse vers
le bas, perpendiculairement aux os
nasaux, cas se produisant parfois
chez les antilopes, les gazelles et les
bouquetins, et donnant, de profil,
l’impression de deux cornes nasales :
tout comme chez les rhinocéros
africains. Ce qui donnerait, de loin,
l’impression d’une unique corne
frontale. En soi, un tel animal serait
déjà, zoologiquement parlant, pour
partie fabuleux.
LE RHINOCEROS REDECOUVERT
PAR L’EUROPE
Albrecht Dürer. Cette apparition
fit grand bruit en Europe car elle
confirmait la description laissée
par Pline l’Ancien dans son Histoire
naturelle.
La gravure que fera Dürer la même
année du Rhinocerus, aujourd’hui
conservée au British Museum (figure
9) sur la seule base des descriptions
faites de l’animal de Lisbonne,
permettra au rhinocéros de faire un
retour en force dans l’iconographie
européenne. Bien que peu réaliste,
avec son armure et sa petite corne de
licorne sur l’épaule, cette image sera
fidèlement reproduite par presque
tous les peintres, illustrateurs, ou
sculpteurs. Et ce jusqu’au milieu du
18eme siècle.
Dessin réalisé à l’encre en 1515 par Albrecht Dürer
(British Museum of London, 5218/161). Dürer a
transformé la peau du corps en plaques de crustacés,
ajouté une queue d’éléphant, et sur le garrot, une
petite dent de narval, ainsi que des écailles de reptiles
sur les membres. Photographie libre de droit.
Fig. 9
Des
rhinocéros
probablement
originaires
du
Soudan
furent
importés dans la Rome antique,
comme le montre la mosaïque
romaine de la villa del Casale, en
Sicile, représentant un rhinocéros
indien à une corne (figure 8).
Mais il faudra attendre le 12ème
siècle pour que le rhinocéros
fasse de nouveau parler de lui en
Europe. L’individu à l’origine de
cette renaissance est un rhinocéros
indien offert en 1514 par le sultan
de Cambay (Gujarat, Inde) au roi
du Portugal, et qui fut ramené à
Lisbonne en 1515.
On en fit plusieurs dessins, dont un
en particulier servit de modèle à
Bibliographie
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Haltenorth, T. & H. Diller (1985). Mammifères d‘Afrique et de
Madagascar. Delachaux & Niestlé, Neuchâtel.
Hilzheimer, M. (1926). Saugetierkunde und Archaeologie.
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Litingre, P. (1964). La Licorne, animal d’Afrique. Notes
africaines, 103 : 83-90.
Manlius N. & Schneider J. - L’oryctérope et le phacochère,
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ArchæoZoologia, 9 : 103-112
Meyers J. (2008). Le « rhinocéros » de Frère Félix Fabri. Rursus,
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http://rursus.revues.org/221
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Egypt I. Sir Robert Mond desert expedition, season 1936-1937,
preliminary report. The Egypt exploration society & H. Milford,
Oxford University Press, London.
Pharaon N°14
59
été
La rentrée égyptologique 2013 !
Les associations égyptologiques
proposent aussi dès septembre /
octobre des cours et ateliers sur
la civilisation égyptienne et les
hiéroglyphes. N’hésitez pas à les
contacter.
Association égyptologique
du Gard (Nîmes)
Dès le 17 septembre, reprise des cours
et ateliers au centre Pablo Neruda
sur “ Les oiseaux emblématiques de
l’Egypte ancienne” et “Le masque
funéraire égyptien: évolution et
symbolique”.
18 janvier 2014 : 9e rencontre
égyptologique de Nîmes sur « la
parenthèse amarnienne », de 9h à
18h. Les intervenants seront : Marc
Gabolde, Dimitri Laboury, Rémo
Mugaioni, Stéphane Pasquali et
Robert Vergnieux. Une conférence à
ne pas manquer !
Association « les amis
de Champollion » (Troie)
4 octobre : la Maât, par Christian
Cannuyer
18 octobre : « les secrets d’Abydos,
par Cécile Bernal
13 septembre : “ Cléopâtre, du
mythe à la réalité”, par Alexandra
Nespoulous-Phalippou
28 octobre : la 30e dynastie, par
Hélène Virenque
24 septembre : Nadine Guilhou
proposera deux modules de six
séances chacun autour de “Les fêtes
de l’Egypte ancienne “ et “ les statues
de dieux”.
10/11 octobre : L’Alexandrie des
Ptolémée
Association Thot
(Nancy / Metz)
14/15 novembre : conférences de
Dimitri Laboury, pas de précisions
sur le thème abordé
Association dauphinoise
d’égyptologie Champollion
(Grenoble)
5/6 octobre : fête de l’égyptologie
sur le thème « Champollion et
l’égyptologie en Dauphiné ».
De nombreuses activités seront
proposées : conférences, ateliers,
lectures,
exposition.
Pharaon
Magazine sera présent. Cette année,
la fête se tiendra à Vif, à quelques
kilomètres de Grenoble.
AEREA (Le Chesnay)
8 octobre : conférence de J-P
Corteggiani sur Marguerite Yourcenar
et l’Egypte. Organisée par la mairie
du Chesnay. Lieu : la Grande Scène
du Chesnay. Pour en savoir plus :
[email protected]
Centre languedocien
d’égyptologie (Béziers)
7 septembre : trésors littéraires de
l’Egypte ancienne (sous les Ramsès),
par Bernard Matthieu
16 novembre : pratiques funéraires
prédynastiques en Egypte, un sujet
peu connu mais passionnant !
Pour en savoir plus :
centrelanguedocien-egyptologie@
wanadoo.fr
Les amis de Thot (Avignon)
Tous les 3e vendredis du mois,
l’association se rassemble et un
membre prend la parole sur un
thème qu’il aura proposé. N’hésitez
pas à découvrir cette association !
Pour en savoir plus :
http://www.lesamisdethot.net
Un événement
égyptologique à annoncer ?
Envoyez-nous un mail :
[email protected]
60
Pharaon N°14
Pyramidion de Khoufou (Chéops),
au pied de sa pyramide
été
Votre été pharaonique !
Plusieurs belles expositions se déroulent en France et à l’étranger durant tout l’été. Si vous avez raté la superbe exposition
du musée du Louvre sur « l’art du contour », rien n’est perdu !
Pèlerinage au temps de l’Egypte
pharaonique, trésors cachés du Louvre
(Puy en Velay)
Une occasion unique de découvrir des
objets inédits et rares des collections du
Louvre. L’exposition s’articule autour
de plusieurs thèmes : l’art funéraire,
l’espace des hommes et l’espace des
dieux.
Quelques objets à ne pas rater : un
cercueil de chat, le cercueil de la
dame Henout, la troupe funéraire
de 229 serviteurs d’Horemakhbit, la
statue du scribe Khâ.
Statuette du dieu
Thot babouin (Ptol),
Faïence égyptienne,
argent et or
Le musée Crozatier possède aussi une
collection funéraire pharaonique :
cercueils,
vases
canopes.
Une
restauration va être lancée sur ces
délicats objets. Ce travail permettra
d’exposer ces merveilles
dans les nouvelles
vitrines égyptiennes
qui seront installées
dans le nouveau
musée Crozatier.
Informations
pratiques : HotelDieu, tous les jours
de 10h à 18h30
(changement
d’horaires à partir
du 1er octobre).
© Musée du Louvre - Georges Poncet
Exposition rare et exceptionnelle ! Jusqu’au
11 novembre, découvrez quelques-uns
des nombreux objets égyptiens du musée
du Louvre qui ne sont jamais montrés au
public.
Statue Naophore
de Kha avec un
hymne à Osiris
Du Nil à Alexandrie, histoires d’eaux
(musée royal de Mariemont, Belgique)
L’exposition itinérante du Centre
d’études
alexandrines
s’arrête
jusqu’au 29 septembre en Belgique.
Le musée de Mariemont reprend les
ingrédients qui ont fait le succès de
l’exposition mais change certains
éléments : objets différents, exposition
complémentaire de cartes et de livres
sur Alexandrie et le Nil. Alexandrie
est bien entendue au cœur des salles
et notamment l’approvisionnement
en eau douce, éternel problème de la
ville. Parmi les questions abordées
dans l’exposition figurent aussi
les différents usages de l’eau (la
navigation, les machines de l’eau...)
ainsi que le Nil et sa crue qui rythme
les saisons.
flore, à la place qui lui est accordée
dans le culte ou dans les pratiques
funéraires, sont autant de thèmes
abordés pour l’occasion à Mariemont
et illustrés par une centaine d’objets
archéologiques, des statuettes, des
gravures, des plans, des récits de
voyages, des photographies, ...
L’héritage pharaonique, l’imaginaire
et les métaphores liées aux sources
du fleuve divin, à sa faune et à sa
Pharaon N°14
61
été
Les
idées
de lectures pour l'été !
Claude Carrier, anthologie des
écrits de l’Egypte ancienne, Thélès, 25 €
Claude Carrier est un nom connu des passionnés des textes funéraires (des
Textes des Pyramides au Livre des Morts), parus aux Editions Cybèle. Cette
fois-ci, l’auteur s’attaque aux textes littéraires : contes, sagesses, textes
historiques et royaux, textes juridiques, etc. Chaque texte est placé dans
un genre littéraire précis et une courte introduction replace le contexte
du texte et le résume. Cette anthologie de presque 900 pages, illustre
parfaitement la diversité et la richesse des genres littéraires égyptiens. Le
lecteur y découvre aussi bien des compositions connues et méconnues. Et
on apprécie ainsi l’évolution du style, de la rhétorique selon le genre et
l’époque de la rédaction. Si vous en avez assez des romans policiers ou plus
ou moins historiques, nous vous conseillons vivement cette passionnante
lecture.
Sur le même thème, vous pouvez aussi dévorer l’excellent ouvrage de
Pascal Vernus, les sagesses de l’Egypte pharaonique (Actes Sud, 2010). On y
retrouve toute la verve du chercheur et sa rigueur dans l’explication
et la traduction.
Tout
public
Public
averti
collectif, Radiocarbon and
the chronologies of Ancient Egypt, Oxbox Books
Depuis la naissance de l’égyptologie, avec Champollion, la chronologie a
considérablement évolué. Les techniques pour dater un objet s’améliorent
régulièrement. Un projet international pour utiliser la datation par
radiocarbone a été lancé sur plus de 200 objets. L’ambition est d’établir une
nouvelle chronologie de l’Egypte ancienne basée sur des résultats scientifiques
récents. La chronologie s’établit à partir de différents éléments : chronologie
comparée avec d’autres civilisations, étude de la stratigraphie archéologique,
les textes historiques, etc. Parfois des événements tels que des éclipses, la
mention d’une comète, peuvent fixer une date autour de laquelle, nous
pouvons construire la chronologie. Mais nous restons sur une chronologie
relative avec des marges d’erreurs parfois de plusieurs dizaines d’années.
Mais l’utilisation du radiocarbone pour la datation est un art délicat. Il faut
disposer de nombreux échantillons, propres et non pollués par des éléments
externes. Cette technique ne fournit pas forcément une datation précise mais
va permettre d’ajuster ou de confirmer les chronologies existantes. Mais plus
on remonte le temps, plus l’incertitude est potentiellement grande. Pour le
couronnement de Djoser, le projet international évoque 2670 av. JC, alors que la chronologie utilisée par Erik Hornung
propose 2592. Pour Pépi II, sa mort est fixée à 2170 contre 2153 av. JC. Un ouvrage intéressant mais pas toujours facile
à comprendre.
62
Pharaon N°14
été
Découvrir
l'ancienne égypte au soleil !
Pierre Tallet, 12 reines
d’Egypte qui ont changé l’Histoire, Pygmalion, 19,90 €
Voici un livre ludique et historique ! Pierre Tallet, égyptologue explorant les ports
égyptiens de la Mer Rouge et le Sinaï, propose ici la vie et le destin de 12 reines d’Egypte.
Vif et très vivant, l’auteur s’appuie sur les documents, les fouilles archéologiques et les
dernières découvertes. Surtout, le lecteur découvre des reines rarement évoquées : MerytNeith, Khentkaous, Mérytaton, Taousert. Le livre s’arrête volontairement à la fin de
Ramsès III.
Olivier Tiano, 100 fiches d’histoire égyptienne, Bréal
Voilà une manière amusante et didactique d’aborder l’ancienne Egypte ! Grâce à cent fiches,
l’auteur parle de tout ou presque : tombe, temple, le rôle de pharaon, l’art, la chronologie,
les principaux sites… Une bonne introduction pour celles et ceux qui veulent découvrir, en
douceur, cette civilisation ! La bibliographie, à la fin de l’ouvrage, permettra de trouver des
livres complémentaires.
Claude Vandersleyen, L’Egypte et la vallée du Nil tome 2, PUF, 47 €
Sorti en 1995, le second tome de l’Egypte et la vallée du Nil, est une mine d’or pour celles
et ceux qui veulent en savoir plus sur l’Egypte ancienne de la fin de l’Ancien Empire à la
fin du Nouvel Empire, soit 1 000 ans d’Histoire ! Bien qu’il date de 1995, l’ouvrage reste
une référence historique par la rigueur de l’écriture, les sources et documents utilisés, une
marque de fabrique de Claude Vandersleyen. La richesse des notes et de la bibliographie
permet d’aller plus loin. Malgré les récentes découvertes et les dernières analyses, ce livre
est toujours d’actualité ! A lire et à relire.
Le premier volume, écrit par Jean Vercoutter couvre la préhistoire et l’Ancien Empire. Il
est très difficile à trouver ou à des prix exorbitants.
collectif, le dessin dans l’Egypte ancienne, Louvre éditions, 39 €
Il s’agit du catalogue de l’exposition de l’art du contour du musée du Louvre. Sa lecture est
un véritable plaisir pour le cerveau et les yeux. Qu’est-ce que le dessin ? Qui s’en occupe ?
Quels sont les principes de l’art en Egypte ancienne ? L’écriture est-elle du dessin ? La
notion de liberté et de parodies, comment le comprendre ? Les questions ne manquent pas.
Et les auteurs répondent très clairement à celles-ci. Par exemple, le papyrus érotique de
Turin est longuement présenté et décortiqué par Pascal Vernus, un des grands spécialistes
du domaine. L’ouvrage explique aussi très bien les anormalités du dessin égyptien même
si elles sont rares. Il est tout aussi passionnant de comprendre les travaux des apprentis et
s’ils disposaient de modèles de références. Vous ne serez pas déçu(e).
Le DVD est le même documentaire diffusé par Arte. Un excellent complément au livre.
Pharaon N°14
63
Voyage
Quelques (bonnes)
adresses au Caire
Le Caire est une ville qui ne dort jamais. Il y a toujours quelque chose à voir, à découvrir.
Nous vous proposons quelques bonnes adresses où nous avons l’habitude d’aller lors
d’escapades cairotes…
Texte de François Tonic, photos de Valérie Turmel
l’appétit, demandez un mélange de
toutes les spécialités. Vous ne serez
pas déçu par ce voyage culinaire. La
variété et la qualité des mezzés sont
un pur régal !
Sehraya (Gizeh, route
d’Alexandrie)
En face du Mena House, au
début de la route d’Alexandrie,
à quelques mètres d’une grande
station à essence, le Sehraya Café &
Restaurant. En plein air, le cadre est
très agréable même en été. Ambiance
conviviale, personnel efficace, le
restaurant propose une sélection de
plats égyptiens et internationaux.
Très bonnes tagines et koftas. Les
jus frais sont excellents (parfois un
peu trop sucrés). Les fallafels sont
frais, peu huileux et très bons. Prix
raisonnables.
Les souks du Caire sont incontournables pour l’ambiance, l’atmosphère, à
condition de sortir des sentiers touristiques. Vendeur de mélasse.
Des restaurants à tester !
Abou El Sid (Zamalek)
Il en existe plusieurs au Caire mais
le meilleur est sans aucun doute
celui de Zamalek, au milieu du Nil.
Arrêtons-vous à la librairie Diwan et
prenons la petite rue, sur la droite.
L’entrée ne se rate pas.
Ambiance feutrée, sur fond musical,
il y a toujours beaucoup de monde.
Beaucoup viennent de Zamalek,
mais il attire bien au-delà de l’île…
Si vous êtes en groupe, mieux vaut
réserver. Si vous n’êtes pas pressés,
patientez au bar.
Vous y trouverez un large choix de
toutes les cuisines orientales : de la
Turquie au Maghreb. Si vous avez de
64
Pharaon N°14
Si vous avez une grosse faim et que vous rêvez d’un large panorama
gastronomique oriental, testez d’urgence Abu el Sid de Zamalek. Un pur
délice, dans une ambiance feutrée. Attention : appelez avant !
Voyage
Fishawi, ce simple nom évoque un des lieux les plus mythiques du Caire. Là les intellectuels cairotes venaient discuter
autour d’un thé, d’un jus de citron frais. Ambiance confortable à l’intérieur, ambiance « souk » dehors, c’est le plaisir
du Fishawi. On se prend facilement au jeu. Un de nos endroits préférés au Caire !
Felfela (Gizeh, route
d’Alexandrie)
A quelques minutes du Sehraya et
du Caviar (excellent restaurant de
poissons et de fruits de mer), vous
trouverez le Felfela. Il s’agit d’une
chaîne de restauration rapide. Carte
égyptienne. Nous vous conseillons
les fallafels, les soupes, les koftas…
Une bonne adresse. Autre excellent
Felfela, celui rue Talat Harb, tout près
de la place Tahrir. Grand choix et
très bon quand on veut manger pour
pas cher et rapidement. Excellents
sandwichs.
Livres de France (Zamalek)
Une des meilleures librairies françaises
du Caire, Livres de France se situe à
Zamalek, rue Barazil. On pourrait y
rester des heures à découvrir rayon
après rayon de vieilles éditions
françaises. Grande variété. Grand
choix de livres d’archéologie.
grand choix de livres d’archéologies
au Caire. Les presses américaines
sont parmi les plus actives. La
librairie de Zamalek est au calme
mais l’ambiance est assez froide.
La librairie de Tahrir offre un plus
grand choix.
Librairie de l’Université
américaine (Zamalek / Tahrir)
La librairie de l’université américaine
est le lieu où vous trouverez le plus
Une envie de pizza
locale ? Facile à trouver
au Khan Khalili…
Soirée (au cœur du Caire)
Entre deux sites cairotes, Soirée offre
un large buffet (entrée, plat, dessert).
Le décor est quelconque. On choisit
ce que l’on veut. La qualité est très
correcte, serveurs très efficaces. Les
plats sont régulièrement changés et
le buffet réapprovisionné. Il y a du
monde, Egyptiens et touristes. Un bon
choix quand on est pressé. Déjeuner
ou diner en 45 minutes chrono !
Les librairies
Diwan (Zamalek)
Diwan est au cœur de l’île de
Zamalek et propose une grande
variété de livres, majoritairement
en Anglais. Un peu d’archéologie
mais beaucoup de littérature et de
parutions récentes. Accès wifi et
cafétéria.
L'incontournable Fishawi
Au cœur du Khan Khalili, le café Fishawi est incontournable. On s’y assoit
pour quelques minutes ou quelques heures. On boit d’excellents jus, on
discute, on lit, on regarde les artistes célèbres qui ont fait sa légende. Pour
les amateurs, un grand choix de shisha.
Pharaon N°14
65
Décryptage
Reconnaître une enseigne divine,
d’une province, d’un génie du Nil
Odette, fidèle lectrice de Pharaon Magazine, nous a envoyé une
photographie d’un décor du temple de Ramsès III à Karnak (situé
dans la première cour). Dans le sanctuaire, paroi de gauche, on
distingue une série de 11 « pieux » terminés par des têtes de
divinités. En haut, une petite statuette du pharaon posée sur un
support. Le pieu est soutenu, alternativement, par un sceptre ouas
(voir l’article sur le dieu Seth, Pharaon Magazine n°13), une croix
ankh et un pilier djed.
souvent une forme humaine et portent sur la
tête un rectangle quadrillé surmonté du nom
de la province. Exemple : province de l’Oryx.
Autre forme possible : un pavois surmonté du
nom de la province, comme nous pouvons
l’admirer sur les célèbres triades de Mykérinos
(musée du Caire).
Les enseignes du sanctuaire d’Amon,
temple de Ramsès III (Karnak).
Ce type d’enseignes est généralement placé
sous une barque sacrée, ici, celle du dieu
Amon. Il s’agit le plus souvent de fétiches,
c’est à dire des représentations divines ou
des objets divins très anciens, encore utilisés
durant le Nouvel Empire. L’un des plus
caractéristiques est le fétiche d’Abydos.
Les provinces pharaoniques
L’Egypte était découpée en provinces
(appelées « nomes »). On les voit souvent
dans les temples en procession. Elles prennent
On peut confondre le génie du Nil et la
province. Ce qui nous aide à les différencier,
est la coiffe. Le génie du Nil ne porte jamais
un rectangle quadrillé mais un fourré de
roseaux et/ou de papyrus. Le personnage a
un ventre énorme et des seins pendants.
© F.Tonic
66
Pharaon N°14
Directeur de la rédaction :
Christian Gustin
Rédacteur en chef :
François Tonic
Mise en page & Graphisme :
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Secrétaire de rédaction :
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Ont collaboré à ce numéro :
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Turmel, Nicolas Manlius, Deborah Moine,
Josette Decoudun, Google, Damien Reculé,
Raymond Betz, M. Schild, M. Hanna, D.R.
Crédits couverture :
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C. Gustin, E. Bertelle,
N. Abboud, J.C Bertrand
Exemple de génies du Nil. 5e dynastie.
Abousir. Musée égyptien de Berlin.
Pharaon N°15, au sommaire
Exemple de provinces. Temple
de Ramsès II à Abydos.
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Les propos exprimés dans les articles
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Génie du Nil
Magazine
Août/septembre/octobre - 2013
• Philae et le sanctuaire d'Isis
•L
es grandes batailles de
l'ancienne Egypte
•S
acrifice humain : entre
mythe et réalité
En kiosque le 25 octobre 2013
Imprimé en espagne
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Distribution MLP. Dépôt légal à parution.
n° commission paritaire : 1017 K 82239.
n° ISSN : 1636-5224. Les documents, manuscrits
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