toutes les œuvres du musée qui sortent ou entrent
dans les réserves. Ces nouveaux dispositifs nous per-
mettent de développer notre mission de conserva-
tion, d’étude, de mise en valeur et de diffusion des
300 000 œuvres et 710 000 photographies dont nous
avons la garde.
En dix ans, le musée s’est imposé comme un
centre de recherche scientifique et d’enseigne-
ment reconnu internationalement. Quelle est sa
spécificité dans le paysage de la recherche ?
Depuis les années 50, il n’y avait plus de recherche
en ethnologie dans les musées français, plus de
recherche en lien avec les collections. Le musée a
donc souhaité relever un défi d’envergure : rap-
procher le monde muséal et celui de la recherche.
En seulement 10 ans, les équipes du musée ont
réussi à instaurer une véritable dynamique de re-
cherche et d’enseignement, à mettre en place un
réseau d’échanges et de partenariats avec de
grandes institutions scientifiques et des établis-
sements d’enseignement supérieur, en France
et à l’international. Dans les années à venir, nous
souhaitons continuer à faciliter les échanges entre
chercheurs et nouer des relations durables avec
d’autres institutions, notamment en participant à
des « Laboratoires d’Excellence » ou en se rappro-
chant de certains « Groupements d’intérêts scien-
tifiques », entités collaboratives imaginées par le
CNRS. En septembre 2016, un colloque internatio-
nal intitulé « La place des musées d’anthropologie
dans le monde de la recherche » sera l’occasion de
formuler de nouvelles pistes de réflexion.
Des liens étroits ont également été tissés, au
cours de cette décennie, entre le musée et de
grandes institutions culturelles internationales.
Quelle est la nature de ces collaborations ?
La participation à un riche réseau de partenaires
est au cœur même du projet scientifique et culturel
du musée. Depuis sa création en 1998, bien avant
son ouverture, nous avons mis en place une po-
litique dynamique de coopération avec les pays
d’origine de nos collections, que ce soit sous la
forme de formations de professionnels étrangers,
appui à la création de musées… Nous poursui-
vons cette dynamique en favorisant également la
circulation des collections et des tournées d’expo-
sitions. Nous sommes la première institution eu-
ropéenne à avoir initié, dès 2009, des relations
avec plusieurs musées chinois d’envergure. Et le
premier musée à avoir présenté une exposition
d’art africain dans un musée national asiatique :
FLEUVE CONGO à Singapour en 2011. Ces collabo-
rations se poursuivent en Corée du Sud, à Taïwan,
Tokyo. TATOUEURS, TATOUÉS, grand succès de la
saison 2014 - 2015 au musée, débute sa tournée
internationale au Royal Ontario Museum de To-
ronto en mars 2016, et se poursuivra à Chicago.
Nous disposons également d’une antenne pérenne
à l’Intermédiathèque de Tokyo, où les visiteurs
peuvent découvrir chaque année une sélection
d’œuvres issues de nos collections. Le quai Branly
est un musée universel qui poursuit résolument le
développement de son rayonnement scientifique
et culturel, du centre de Paris vers le monde.
Qui sont les visiteurs du musée ?
La grande majorité d’entre eux sont français, avec
une très forte proportion de visiteurs de régions
pendant les vacances scolaires. Ma plus grande fier-
té est le taux de retour de nos visiteurs : plus de la
moitié n’en sont pas à leur première visite et 78 %
d’entre eux disent avoir l’intention de revenir les
prochains mois. Le musée du quai Branly tient dé-
sormais une place incontestable dans le paysage
culturel et scientifique. L’une de ses forces, à mon
avis, est de proposer une approche philosophique
et idéologique très ouverte, mais également de
diversifier la programmation proposée aux visiteurs.
L’indice de satisfaction, stable à 95 % depuis 2006,
prouve que le musée correspond bien à l’espace
d’échanges et de dialogue que le public recherche.
Comment évolue la fréquentation ?
La fréquentation du musée est stable depuis l’ouver-
ture, avec une moyenne de 1,4 million de visiteurs
par an. Nous accueillerons notre 14 millionième
visiteur au printemps 2016. Nous ne pourrons
accroître de façon exponentielle la fréquentation,
car les espaces du musée ne peuvent accueillir que
1,7 million de visiteurs par an. Actuellement, nous
sommes très proches d’une fréquentation idéale, qui
respecte à la fois le confort des visiteurs et ne met
pas les œuvres en danger.
Quel est le projet du musée du quai Branly pour
les années à venir ?
Depuis son ouverture, une place centrale est accor-
dée aux visiteurs, à leurs besoins, leurs questions,
leur imaginaire. Le musée doit rester à l’écoute du
public, tout en continuant de le surprendre par
la multiplicité des expériences qu’il lui offre. Plus
qu’un lieu de visite, il doit être perçu comme un
lieu de dialogue et d’apprentissage, un lieu adapté
à chacun, que l’on construit et qui nous construit.
Nous désirons aussi échanger davantage avec les
institutions culturelles et scientifiques françaises et
internationales. Ces engagements seront les lignes
de force des années à venir. En ces temps troublés,
le musée du quai Branly doit rester plus que jamais
un lieu de dialogue et d’ouverture aux autres.
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LE MUSÉE DU QUAI BRANLY A 10 ANS
par Stéphane Martin, Président