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TROISIEME ENQUETE NATIONALE SUR LA SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES
DES SALMONELLES ET SHIGELLES: RESULTATS DE L'ETUDE 2000 DU COLLEGE
DE BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE ET HYGIENE DES HÔPITAUX.
J. BREUIL 1, 2, I. CASIN 2, B. HANAU- BERCOT 2, A. DUBLANCHET1, E. COLLATZ2
Et le Collège de Bactériologie, Virologie et Hygiène des Hôpitaux
1. Collège de Bactériologie, Virologie et Hygiène des Hôpitaux et CHI, 40, allée de la Source, 94190 Villeneuve Saint Georges cedex
2. INSERM E 0004, Laboratoire de Recherche Moléculaire sur les Antibiotiques, UFR Broussais- Hôtel Dieu et Pitié- Salpétrière, Université Paris VI, Paris
INTRODUCTION
L'importance relative des salmonelles, bactéries isolées en France dans plus de deux tiers des foyers de toxi-infections alimentaires collectives bactériologiquement documentés,
reste globalement stable depuis plus de dix ans [1]. L'absence de données concernant la résistance aux antibiotiques de ces pathogènes majeurs avait conduit le Collège de
bactériologie, virologie et hygiène des hôpitaux (ColBVH) à réaliser une enquête d'envergure nationale sur ce thème en 1994, puis à la renouveler en 1997 [2]. La troisième
enquête du ColBVH, effectuée en 2000, survient dans un environnement très différent: d'autres réseaux, dont le Centre National de Référence des Salmonella et Shigella
(CNRSS) fournissent maintenant quelques données d'antibio- résistance [3] et de nombreuses organisations professionnelles européennes, tant en médecine humaine que
vétérinaire, recommandent une grande prudence dans l'emploi des antibiotiques et élaborent des guides de bonne pratique. Dans ce contexte, il devenait contributif de vérifier que
les phénotypes de résistance aux b-lactamines étaient comparables avec ceux relevés en 1994 et 1997 et de surveiller l'émergence de souches résistantes à haut niveau aux
fluoroquinolones. Une bonne connaissance de ce qu'est, aujourd'hui, la réalité de ce phénomène de résistance aux antibiotiques des salmonelles et shigelles isolées en France et
de sa dynamique semble plus que jamais indispensable pour justifier le bien fondé de recommandations parfois contraignantes. La répétition de ce travail permettra dans l'avenir
d'évaluer l'impact à plus long terme des mesures prises pour contenir la propagation des bactéries résistantes.
MATERIEL ET METHODES
Le protocole d’étude a été expédié aux 190 laboratoires d’hôpitaux non universitaires du ColBVH. Il comprenait le relevé du nombre de souches de Salmonella enterica et de
Shigella, isolées du 1er janvier au 31 décembre 2000, de prélèvements de selles et de sang, avec leurs phénotypes de résistance aux antibiotiques, et l'étude centralisée des
souches présentant un ou plusieurs caractères de résistance. Les 95 laboratoires qui ont répondu et envoyé 300 souches résistantes étaient implantés sur l'ensemble du territoire
français et dans les DOM, sans sur-représentation régionale particulière (se référer à la liste des laboratoires participants).
Les identifications bactériennes ont été réalisées selon les méthodes conventionnelles. La détermination des sérovars a été effectuée par chaque laboratoire participant et en cas
de doute confirmée par le CNRSS. Les souches identifiées incomplètement, ainsi que les diagnostics de sous espèce enterica ne correspondant à aucun sérotype répertorié, n'ont
pas été pris en considération.
L'étude de la sensibilité aux antibiotiques a été réalisée selon les techniques habituellement mises en œuvre par les laboratoires participants: diffusion en milieu gélosé (n = 42),
méthode automatisée en milieu liquide (n = 42), Sir scan/ Micro scan (n = 8) ; non précisée (n=3). Les souches ont été classées comme sensibles ou résistantes (dont
"intermédiaires") d'après les critères d'interprétation du Comité de l'Antibiogramme de la Société française de microbiologie. Les antibiotiques inclus (b-lactamines, aminosides,
cyclines, quinolones, chloramphénicol et sulfaméthoxazole) ont été choisis pour leur activité théorique sur les salmonelles ou, en ce qui concerne les aminosides par exemple, sur
leur intérêt comme marqueurs épidémiologiques des résistances. L'analyse a été réalisée séparément pour les souches isolées du sang et des selles.
RESULTATS
Salmonella
Souches et sérovars
Dans la présente enquête, 2 005 souches isolées de coprocultures dont 1772 exploitables et 194 de prélèvements sanguins ont été répertoriées. La distribution en sérovars et
espèces est précisée dans les tableaux 1 et 2. La répartition globale des sérovars isolés en 2000 apparaît très semblable à celle de 1997, S.Typhimurium devançant toujours
légèrement S.Enteritidis alors que les sérovars Hadar et Virchow, bien que situés en 3ème et 4ème position, étaient en pratique peu souvent diagnostiqués. Ces deux sérovars sont
largement dépassés, dans les seules hémocultures, par le sérovar Typhi qui représentait 15% des isolements de salmonelles.
Sensibilité aux antibiotiques
Le nombre des souches de salmonelles et shigelles sensibles et résistantes aux antibiotiques, isolées par coproculture et par hémoculture, est indiqué dans les tableaux 1 et 2.
Les fréquences de résistance aux antibiotiques des trois principaux sérovars isolés en 2000, toutes souches confondues, est rapportée dans le tableau 3, avec les valeurs
correspondantes des enquêtes 1994 et 1997.
Il n'a pas été relevé de différence des taux de résistance en fonction de la technique mise en œuvre. A l'évidence, l'importance épidémiologique du phénomène de la résistance
concerne, aujourd'hui comme depuis au moins 7 ans, les sérovars Typhimurium et Hadar, même si d'autres, comme Heidelberg ou Newport, semblent capables d'acquérir des
résistances à certains antibiotiques.
Tableau 1 - Nombre de souches sensibles et résistantes isolées de coprocultures