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Fondée philosophiquement et politiquement sur ces
textes, la bientraitance comporte un certain nombre
d’exigences incontournables, non arbitraires, liées aux
respects des droits fondamentaux, des libertés civiles, à
l’intégralité, à la dignité, et au bien-être général d’une
personne vulnérable ».
Mais si elle est ainsi fondée, sa mise en œuvre s’inscrit
toujours dans un contexte particulier, singulier qui pour
nous sera la réalité d’un service, d’une unité, et dans le
sens du prendre-soin.
La bientraitance naît d’un équilibre entre ce corpus de
principes fondamentaux et une analyse, une interprétation
puis une action par définition contextuelle, ponctuelle,
singulière menée par une équipe de professionnels au
sein d’une structure déterminée.
Au-delà des exigences fondamentales acceptées, et
rattachées aux droits essentiels de la personne, il n’y
saurait y avoir de définition figée et définitive de la
bientraitance, celle-ci étant un aller retour entre le penser
en référence à ces principes et l’agir dans l’intérêt de la
personne, celle-ci est un mouvement de personnalisation
de l’action de professionnels de soins, une manière d’être
de ceux-ci, une démarche continue pour que les droits
reconnus aux patients soient des usages.
Souvent et cela est vrai dans tous les domaines, politique,
économique, social, de nombreux droits sont reconnus
aux personnes. Les constitutions, les lois en sont pleines.
MAIS l’USAGE, est-il lui toujours possible, est-il toujours
aussi simple ?
Et puis, il y a les droits non écrits : le droit à la culture,
le droit à la conversation, le droit à la beauté, le droit à
être valoriser, le droit à la tendresse, à la
compassion...
Il faut aussi ne pas les oublier lorsque l’on parle de
bientraitance. Ne sont-ils pas eux aussi attachés à toute
personne, à ses désirs, à son épanouissement.
Bref, pour conclure cette première partie de mon propos,
la Bientraitance est une culture qui, appuyée sur une
conception de l’homme, de ses droits et de ses qualités
fondamentales, doit nous amener, dans notre champ
d’action particulier, à penser notre action, à l’adapter en
permanence pour que ces droits et ces qualités soient une
réalité quotidienne.
C’est un effort quotidien, pragmatique pour que la
personne, ses besoins, ses aspirations demeurent
centrales dans l’organisation et le fonctionnement de nos
établissements.
C’est une vigilance constante pour ne pas laisser des
petites négligences quotidiennes, des habitudes
ritualisées prendre le dessus au détriment de l’attention
due aux personnes, toujours vulnérables, qui sont dans
nos institutions, leur histoire, leur sensibilité, leur
singularité et tout aussi important leur similarité avec nous.
C’est enfin, une dynamique individuelle et collective,
une éthique, individuelle et sociale, soutenue par
l’expression des usagers et l’engagement des
équipes.
Car la Bientraitance se situe pleinement dans le champ de
la réflexion éthique. A la fois parce qu’elle est toujours une
recherche de réponse à ce qui est bon ou a ce qui est
mauvais pour la personne, parce qu’elle est en
permanence « située » dans le temps et dans le concret et
parce que la réponse apportée à la question – comment
agir au mieux – sera toujours particulière, relative au cas
considéré.
Rien n’étant figé, fixé et imposé du dehors, le travail sur la
Bientraitance ne peut venir si je puis dire que du dedans,
du dedans de l’institution, des équipes par un
questionnement permanent sur nos bonnes ou nos
mauvaises pratiques.
C’est pourquoi, le C.H.S a considéré qu’il était
indispensable qu’un lien et des temps de réflexions
puissent être créés.
Que ces temps deviennent réguliers afin de soutenir les
pratiques professionnelles, soutenir les professionnels
eux-mêmes en promouvant la réflexion, l’analyse au sein
de notre Comité Local de réflexion Ethique que nous
avons installé en septembre 2011.
De même, je voudrais souligner car je pense que cela y
concourt, l’existence ici d’une unité composée de deux
psychologues dont la mission est, face aux situations
difficiles que peuvent vivre un professionnel, une équipe,
de mettre en place un accompagnement spécifique,
ponctuel adapté.
C’est une initiative qui existe au C.H.S. depuis longtemps
bien avant qu’elle ne généralise dans d’autres
établissements.
Je terminerai mon propos par quelques questions et
une réflexion.
Mes questions portent sur le fait de savoir s’il existe une
approche spécifique de ce concept de Bientraitance
dans un hôpital psychiatrique. Je crois que oui et j’en
suis même convaincu.