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Après deux années particulièrement délicates, l’économie marocaine va bénéficier d’une campagne agricole
exceptionnelle. Mais, cela ne doit pas masquer le net ralentissement des activités non-agricoles en raison de la crise
européenne. De même, les déficits jumeaux, bien qu’en diminution en liaison avec la détente des cours internationaux du
pétrole, resteront très élevés. Pour l’instant, les risques souverain et de crise de balance des paiements sont contenus
grâce à un profil de dette favorable et une ligne de précaution du FMI. Néanmoins, le programme de consolidation des
finances publiques sur le moyen terme accuse toujours du retard.
■ Un rebond de la croissance en trompe-l’oeil
L’économie marocaine fait preuve de résilience depuis
plusieurs années et 2013 ne dérogera pas à la règle. Grâce à
une récolte agricole qui s’annonce exceptionnelle, le taux de
croissance devrait s’établir autour de 4,5% cette année, ce qui
placera le Maroc en tête des pays importateurs de pétrole de
la région. Néanmoins, cette bonne performance d’ensemble
ne doit pas masquer les difficultés de l’économie du Royaume
liées à celles des pays de la zone euro.
En effet, alors que la croissance d’ensemble a été
relativement soutenu sur le premier trimestre (+3,8% en
glissement annuel), le PIB non-agricole n’a progressé que de
1,9%, contre 3,9% lors du trimestre précédent et 4,5% sur
l’ensemble de l’année 2012. Ce net ralentissement est en
grande partie imputable à la contre-performance du secteur
secondaire dont la valeur ajoutée s’est contractée de 2% en
glissement annuel. Les réculs dans le secteur mininer et celui
de la construction associés à l’atonie de la production
manufacturière en sont les principales raisons. De même, le
secteur des services a affiché une croissance modeste
(+3,6% contre +5,4% en T1 2012) même si toutes les
composantes sont en progression. Côté demande, la forte
décélération des recettes de TVA à fin avril indique un
fléchissement de la consommation des ménages, et ce
malgré une inflation relativement bien maîtrisée (+2,8% sur un
an en mai). Par ailleurs, l’atonie des crédits bancaires à
l’équipement traduit celui de l’investissement des entreprises.
En revanche, la contribution du commerce extérieur à la
croissance du premier trimestre est redevenue positive (+1,5
point) en raison d’une contraction supérieure du volume des
importations (-4,4%) à celui des exportations (-0,6%), ce qui
ne constitue pas une réelle amélioration.
Certains indicateurs laissent envisager un léger frémissement
de l’activité économique sur le reste de l’année. Ainsi, les
transferts financiers de la diaspora marocaine et les recettes
touristiques enregistrent de nouveau une croissance positive
depuis le mois d’avril. De même, un renforcement de la
consommation des ménages est attendu avec la hausse des
revenus agricoles. Pour autant, la progression du PIB hors-
agriculture ne devrait pas dépasser 3,5% cette année, soit
son plus bas niveau depuis 2002 (à l’exception de 2009). De
plus, les risques sont essentiellement baissiers au regard de
la fragilité des pays de la zone euro et des marges de
manœuvre budgétaire de plus en plus réduites.
■ Finances publiques : consolidation difficile
Depuis 2011, les finances publiques sont mises à rude
épreuve avec l’augmentation des dépenses sociales et
l’envolée des subventions pétrolières (6,6% du PIB en 2012)
L’aggravation du déficit budgétaire d’un peu plus de 3
milliards de dirhams sur les quatre premiers mois de cette
année illustre bien la persistance de tensions. Néanmoins, on
s’attend à ce que la dynamique de détérioration s’estompe
quelque peu en 2013 grâce à un ralentissement assez
marqué de la croissance des dépenses publiques.
En effet, la détente des cours du pétrole devrait se traduire
par une baisse des charges de compensation. Compte tenu
de son poids dans le total des dépenses, il s’agirait d’une
réelle bouffée d’oxygène. Une coupe de 15 milliards de
dirham dans le programme d’investissement public a
également été annoncée. Pour autant, le volume des
dépenses, après deux années de forte hausse, restera élevé
alors que les recettes fiscales pâtiront du ralentissement de
l’activité hors-agriculture. Dans ce contexte, le déficit
budgétaire ne se résorberait que légèrement pour s’établir à
6,9% du PIB (7,6% du PIB en 2012) et la dette du
1- Impact de la crise de la zone euro
xxxxxxx
Moyenne mobile 3 mois, variation sur un an en %
▬ Recettes touristiques ▬ Transferts financiers des MRE — Exportations
-60
-40
-20
0
20
40
60
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Sources : Office des Changes, BNP Paribas