L’HUMAIN e(s)t
LARTIFICIEL
DOSSIER DE PRESSE
© Pszemek Dzienis - RoRschach TesT (2012)
du 12 novembre au 9 décembre 2014
02 32 10 87 07 / automne-en-normandie.com
THÉÂTRE / MUSIQUE / DANSE / CIRQUE / MARIONNETTES
PRESSE NATIONALE myraYannick Dufour et Pauline arnoux
+33 (0)1 40 33 79 13 / myra@myra.fr
3
Une scène de théâtre, c’est d’abord une illusion. Cette illusion est même le fondement d’un art dont le
détour par l’artifice est censé générer l’empathie, celle du spectateur avec les individus dont les interprètes
imitent les actes ou, au contraire, en exhibant sa « machinerie », induire cet effet de distanciation cher à
Brecht. Rituel, illusion, faux-semblants, machines, masques, maquillages sont alors représentés pour exhiber
une « vérité » qu’il appartient au public de s’approprier.
La complémentarité et quelquefois l’opposition de l’humain et de l’artificiel pose aussi des questions plus
spécifiques à notre temps, qui est entré dans un nouveau stade de l’automatisation, de nature différente du
précédent. Dans beaucoup de secteurs, la main d’œuvre n’est plus nécessaire, ou sera superflue à très court
terme, une grande partie des emplois étant remplacés par des machines. Quelle est la nouvelle frontière entre
l’homme et la machine ? Quelles sont ces créatures artificielles auxquelles, de plus en plus, nous prêtons une
« vie » autonome ? Et enfin, de quelle utopie politique et artistique, l’artificiel est-il porteur ?
High tech / low tech
Le grand anthropologue et préhistorien André Leroi-Gourhan analysait la capacité – biologique, culturelle –
de l’humanité comme celle de créer des outils, à travers les modifications du cerveau et de la main, des
instruments les plus simples aux machines les plus complexes, des formes élémentaires de transmission de
l’information à la mémoire électronique, des premières traces de domestication de l’espace à la configuration
des villes modernes. Ainsi, dans cette première approche, l’artificiel, comme faculté spécifiquement humaine,
c’est la technique, cette syntaxe organisée d’actions, associant gestes, outils, connaissances, aboutissant à la
transformation d’une matière première en un produit fabriqué.
Avec la Révolution industrielle, qu’illustre magnifiquement le film
Les Temps Modernes
, de Charlie Chaplin,
qui fera l’objet d’un ciné-concert à l’Opéra de Rouen (sous la baguette de Timothy Brock), la technique entre
dans une nouvelle ère, à la fois d’aliénation et de libération, où prévaut le modèle productiviste. La civilisation
industrielle sera aussi le thème du concert de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, avec un concert intitulé
Musique américaine à l’ère industrielle
, où les œuvres de Copland, Bolcom et Reich (dont le célébrissime
Different trains) effacent la frontière entre composition et interprétation, et gomment la différence entre voix
chantées et intonations instrumentales.
L’univers machinique et industriel sera aussi au centre de deux spectacles d’Europe de l’Est :
RequieMachine
, de la Polonaise Marta Górnicka, et
Have a Good Day!
, du collectif lituanien Operomanija.
Dans RequieMachine, c’est un chœur de performeurs, une véritable machine composée d’un corps et d’une
voix collectifs qui prend forme sur la scène du théâtre pour interpréter un requiem extatique contre un
système identifié comme domination du pouvoir de la technologie sur la liberté personnelle du chœur. De
même, dans Have a Good Day! la symphonie musicale des gestes de caissières de supermarché met en scène
et en musique une automatisation des gestes et du quotidien qui ramène les individus au rang de rouages
d’une machine économique.
Le nouveau cycle technologique caractérisé par la gestion de nos existences par des systèmes robotisés
possède aussi bien entendu des dimensions ludiques et libératrices. Nos capacités cognitives et physiques
s’en trouvent considérablement élargies, y compris dans le spectacle vivant, qui étend ainsi le champ du
possible. Ainsi, le mythique
BIPED
de Merce Cunningham, précurseur d’une révolution technologique dans le
spectacle vivant, recréé en 2013 par le Staatsballett de Munich sera présenté pour une date unique en France
à l’Opéra de Rouen. Deux autres spectacles iront encore plus loin dans le rapprochement quasi fusionnel
entre l’humain et la technique, le corps devenant l’interface majeure de nos relations aux machines. Ainsi, des
applications révolutionnaires de technologiques de captation du son par le geste permettra au « human beat
box » Ezra de présenter Bionic Orchestra 2.0, où humain et artificiel, homme et machine, sont organiquement
liés. Quant au danseur et chorégraphe Fabien Prioville, sa nouvelle création
The
Smartphone project
invite les
spectateurs munis de smartphone à interagir directement avec la pièce qui se joue, via leur appareil.
Enfin, le compositeur de musique électronique et artiste visuel japonais Ryoji Ikeda livrera, dans
Superposition
une expérience sensorielle unique où sons, images visuelles, phénomènes physiques, concepts
mathématiques, comportements humains et caractères aléatoires se combinent. Cette partition qui se traduira
en actions et sons génère une série d’images vidéo retranscrites en temps réel.
L’HUMAIN e(s)t
LARTIFICIEL
automne en normandie 2014
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Le vivant et l’inanimé
La marionnette et l’automate tiendront une place toute particulière dans la programmation ; l’intensité de
la présence sur scène de ces êtres artificiels, créatures inertes donnant l’impression trouble d’être vivantes,
engendrent fascination et frayeur. Le festival proposera une véritable traversée de cette discipline en pleine
mutation, dont les innovations formelles se nourrissent de plus en plus des nouvelles technologies.
Faust et usages de Faust
, d’Emilie Valantin revisite dans une forme nouvelle de grands classiques, parvient,
entre utopie et dérision, à renouveler profondément le genre et le répertoire de la marionnette, nourri ici par
des enjeux contemporains.
Porteuses, dans leur miniaturisation extrême, d’un effet de réel saisissant, les marionnettes de la célèbre
compagnie néerlandaise Hotel Modern commémorent à leur façon le centième anniversaire du déclenchement
de la Première Guerre Mondiale, avec la reprise exceptionnelle d’un spectacle historique créé en 2011,
La
Grande Guerre
. Mêlant manipulation, théâtre d’objets et vidéo sur d’immenses tables de culture hors sol, les
marionnettistes donnent leur vision de la bataille de Verdun qu’ils projettent sur un écran en fond de scène. Un
film au réalisme sombre apparaît, bricolé en direct, telle l’exhumation d’un passé privé d’images.
Les robots humanoïdes seront présents dans le festival avec deux spectacles franco-japonais. Le premier,
de la chorégraphe franco-espagnole Blanca Li,
Robot
met quant à lui en scène, sur un mode jubilatoire et
résolument optimiste, notre nouveau rapport aux robots, fait à la fois d’attachement affectif, de distanciation
et d’humour, sur fond de rencontre entre deux cultures robotiques, la japonaise et la française.
Le deuxième spectacle robotique sera une adaptation de
La Métamorphose
, de Franz Kafka par le grand
metteur en scène japonais Oriza Hirata. Quatrième pièce du Robot Theater Project, le grand metteur en scène
japonais pose les questions soulevées par l’existence des robots et des androïdes : la vie et la mort, la distinction
entre l’homme et l’androïde et le rapport au travail. Son adaptation très contemporaine du chef-d’œuvre de
Franz Kafka fait passer de la figure du monstre à celle de l’androïde la question de l’altérité radicale, sur fond
de crise économique et de menace de guerre.
Enfin, les musiciens suisses André et Michel Decosterd proposeront, avec
Pendulum Choir
, une œuvre
chorale originale pour 9 voix a capella et 18 vérins hydrauliques, où le corps et la machine sont étroitement
mêlés. Le chœur, placé sur des plateformes inclinables, forme un ensemble mouvant, un corps sonore vivant
dont les chanteurs sont les particules organiques.
Homme / nature
Un troisième axe de la programmation, plus loin du paradigme technologique, explorera l’art comme
créateur d’artifice, dans sa capacité à susciter de la pseudo-nature. Plus l’artifice évoque la nature, plus la
nature se révèle inexistante. La scène devient alors un laboratoire où dans l’expérience perceptive du
spectacle, nature et artifice sont étroitement mêlés : dans
The Artificial Nature Project
, de la chorégraphe
danoise Mette Ingvartsen, sujet et objet, animé et inanimé, organique et mécanique, s’entremêlent jusqu’à un
point de vertige. Dans
Henri Michaux : Mouvements
, de la grande chorégraphe québécoise Marie Chouinard,
c’est l’univers onirique et les paradis artificiels du poète qui sont incarnés par les danseurs « à la lettre ».
Le goût du faux, du pastiche, le report de l’authenticité de la nature sur des objets artificiels et la
glorification du pouvoir créateur d’une imagination démiurgique est aussi à l’œuvre dans les œuvres de Ravel,
de Satie ou de Cage. Ainsi, Ravel sera-t-il à l’honneur avec
Ravel Landscapes
(par la pianiste Vanessa Wagner
et les vidéastes Sinigaglia & Quayola) et
L’Enfant et les sortilèges
, par Les Musiques à ouïr. Ses orchestrations
trompeuses, ses personnages de fer et de bois, sa fascination pour les automates par le caractère toujours
discontinu de son écriture musicale font en effet de Ravel un des représentants majeurs de « l’artificialisme
» musical.
La société comme artifice
Si l’Humain est l’artificiel, il n’y a plus d’instance, ni morale, ni politique, servant de fondement nécessaire
à toute entreprise humaine. Ainsi, le fantasme houellebecquien d’une nouvelle humanité génétiquement
modifiée, dans
Les Particules élémentaires
, mis en scène par Julien Gosselin, est la création factice d’une
nouvelle société, porteuse d’une utopie annonçant la fin de l’espèce humaine. A l’inverse, dans
Germinal
, du
collectif L’Amicale de production, on est témoins de la naissance d’une civilisation, dont le territoire est le
plateau de théâtre, et dont les habitants sont des comédiens. Leurs besoins, leurs capacités, leurs désirs sont
limités : bâtir une société qui n’existera que le temps de la représentation. La pièce est aussi, à cet égard,
une histoire du théâtre, qui part de ses archaïsmes (la pantomime, notamment) pour aboutir à ses objets
technologiques les plus élaborés
Enfin, le grand metteur en scène Robert Wilson livrera avec sa dernière création,
Les Nègres
de Jean
Genet, sa vision de ce monde ritualisé et factice, où tout devient possible, y compris la création d’un espace
fantasmatique que les Nègres essaient de construire à l’aide des mots et des gestes, comme un rempart dressé
contre ce monde qui les a exclus.
Robert Lacombe
Directeur du festival Automne en Normandie
Directeur de l’Établissement public de coopération culturelle Arts 276
5
P 6 remote Le Havre
RIMINI PROTOKOLL STEFAN KAEGI / JÖRG KARRENBAUER
P 7 La métamorpHose version androïde
ORIZA HIRATA
P 8 Have a good day !
OPEROMANIJA
P 9 requiemacHine
MARTA GÓRNICKA
P 10 (tHis is not) a dream Lanterne magique pour satie/cage
LOUISE MOATY
P 11 WHat if tHey Went to moscoW?
CHRISTIANE JATAHY
P12 ceLui qui tombe
YOANN BOURGEOIS
P 13 tHe WHite Lodge
GAVIN BRYARS
P 14 dementia
KORNÉL MUNDRUCZÓ
P 15 biped & unitxt exits and entrances
MERCE CUNNINGHAM / RICHARD SIEGAL
P 16 nuit de foLie
bionic orcHestra 2.0 EZRA
Les macHines sont nos amies SOIRÉE ÉLECTRO AU TETRIS
P 17 nuit de foLie
tHe smartpHone project FABIEN PRIOVILLE
a(Live) macHine SOIRÉE ÉLECTRO 106
P 18 La grande guerre
HOTEL MODERN ET ARTHUR SAUER
P 19 Les nègres
ROBERT WILSON
P 20 Le jeu de Lamour et du Hasard
LAURENT LAFFARGUE
P 21 HoListic strata & spLit fLoW
HIROAKI UMEDA
P 22 nuit de foLie HUMAIN, POSTHUMAIN
dragging tHe bone MIET WARLOP
7 Ways GEUMHYUNG JEONG
P 24 dates de tournées des spectacLes
P 26 Le festivaL, c’est 40 spectacLes en normandie
P 31 informations pratiques
P 32 caLendrier
P 34 biLLetterie
P 35 Lieux et partenaires
SOMMAIRE
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EN COLLABORATION AVEC LE VOLCAN, SCÈNE NATIONALE DU HAVRE
PRODUCTION RIMINI APPARAT
COPRODUCTION HAU HEBBEL AM UFER BERLIN, MARIA MATOS TEATRO MUNICIPAL, GOETHE-INSTITUTE PORTUGAL, FESTIVAL THEATERFORMEN HANNOVER / BRAUNSCHWEIG, FESTIVAL D’AVIGNON, ZÜRCHER THEATER SPEKTAKEL, KASERNE BASEL
SUISSE
ALLEMAGNE
© Rimini Protokoll EXPANDER Film
Performance conçue in situ par le metteur en scène suisse, membre du collectif Rimini Protokoll,
Remote
Le Havre
invite à une déambulation dans des lieux insolites du Havre, pour certains habituellement
inaccessibles. Muni d’un casque, le public est guidé par une voix artificielle à travers cimetière, piscine,
centres commerciaux, églises, etc. Les participants forment un groupe d’individus unis dans la même
expérience mais isolés par leur écoute personnelle du casque. Le rapport de chacun à cette voix anonyme
qui lui dicte sa conduite pousse le spectateur à s’interroger sur le devenir des sociétés de contrôle et la
place de l’individu dans la société du XXIe siècle.
CONCEPT ET SCRIPT STEFAN KAEGI SCRIPT ET RÉALISATION JÖRG KARRENBAUER CONCEPTION SONORE NIKOLAS NEECKE DRAMATURGIE JULIANE MÄNNEL,
ALJOSCHA BEGRICH
STEFAN KAEGI
Metteur en scène suisse, Stefan Kaegi s’illustre dans le
théâtre documentaire, réalise des pièces radiophoniques
et travaille dans l’espace urbain, sous les formes les plus
diverses, en donnant la parole à des amateurs qu’il nomme
les « experts du quotidien ». Ainsi, il crée Mnemopark, Cargo
Sofia, Radio Muezzin, Best Before, Outdoors parmi beaucoup
d’autres. Parallèlement, il collabore régulièrement avec
d’autres artistes (la metteure en scène Lola Arias…).
RIMINI PROTOKOLL
Stefan Kaegi fonde le collectif Rimini Protokoll avec Helgard
Haug et Daniel Wetzel. Ensemble, ils développent une forme
inédite de théâtre documentaire en plaçant le public au cœur
de leur travail. Le collectif signe de nombreuses pièces :
Deutschland 2, Call Cutta, Schwarzenbergplatz, 100% City
adapté dans plusieurs grandes villes dans le monde, Situation
Rooms... Rimini Protokoll obtient le Lion d’argent à la
Biennale de Venise en 2011. Depuis 2004, le collectif est en
résidence au Hebbel am Ufer à Berlin.
remote Le Havre
RIMINI PROTOKOLL
STEFAN KAEGI / JÖRG KARRENBAUER
DU SAMEDI 15 AU DIMANCHE 30 NOVEMBRE SPECTACLE DÉAMBULATOIRE
DÉPART CHAPELLE DU CIMETIÈRE SAINTE-MARIE, LE HAVRE
LES SAMEDIS ET DIMANCHES 11H ET 15H LES MARDIS, JEUDIS ET VENDREDIS 15H
PLEIN TARIF 10 / JEUNES + 5
PARCOURS DE 2H – PRÉVOIR DES CHAUSSURES CONFORTABLES
NAVETTE AU DÉPART DE ROUEN LE 15 (REPRÉSENTATION DE 15H)
ESPACE URBAIN
ESPACE URBAIN
ESPACE URBAIN
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