34
ème
année
Membre du réseau Médiaf
Prix : 2000 FC6729 du jeudi 12 mai 2016
(Suite à la page 2)
C’est mal parti !
La passion d’informer sans passion
Éditeur
GROUPE DE PRESSE
Siège social
873, av. du Bas-Congo,
Kinshasa – RD Congo
À haute voix
PAGE 3
Le suspense est levé. La Cour
constitutionnelle vient de se
prononcer sur la requête dépo-
sée par la Majorité présiden-
tielle (MP), pour l’interpréta-
LE POTENTIEL
Sommaire
P. 2
PAGE 5
P.16
SS
SS
SUIVEZUIVEZ
UIVEZUIVEZ
UIVEZ R R
R R
RADIOADIO
ADIOADIO
ADIO 7 7
7 7
7 SURSUR
SURSUR
SUR 106.1 MHZ 106.1 MHZ
106.1 MHZ 106.1 MHZ
106.1 MHZ
PP
PP
Politiqueolitique
olitiqueolitique
olitique
FF
FF
Foror
oror
orumum
umum
um
PAGE 10
ÉÉ
ÉÉ
Économieconomie
conomieconomie
conomie
PAGE 6
Le SGA de l’UNADEF
démontre la nullité de
la convention «des
rénovateurs»
Des experts examinent
les instruments et outils
de la politique
commerciale de la CEEAC
Hommage touchant
de Marie-Olive Lembe
à Papa Wemba
Le défi de la
récupération par la
RDC de sa souveraineté
arrachée depuis 1885
DD
DD
Derer
erer
ernièrnièr
nièrnièr
nière heure heur
e heure heur
e heuree
ee
e
PAGE 16
Contraintes
techniques : la MP
rappelle la nécessité du
dialogue afin de sauver
le processus électoral
PAGE 14
CC
CC
Communicationommunication
ommunicationommunication
ommunication
Convocation
Assemblée Générale
Ordinaire de la FEC,
exercice 2015
N° 6729 du jeudi 12 mai 2016
Le Potentiel
www.lepotentielonline.com
2
A haute voix
(Suite de la page 1)
tion de l’article 70 de la
Constitution diverse-
ment commenté par la
classe politique. Cet ar-
ticle de la Constitution
stipule :
«le président de
la République
reste en
fonction jusqu’à l’instal-
lation effective du nou-
veau président élu».
Après examen, la Cour
constitutionnelle s’est
prononcé hier mercredi
11 mai 2016, en faveur
de la partie demande-
resse la MP.
Serait-ce un bon
signe ? Avec ce déve-
loppement, le dialogue
constitue-t-il encore une
priorité pour le gouver-
nement ? Faudrait-il la
peine de le convoquer
pour débattre, entre
autres, de cette ques-
tion fondamentale ?
Peut-on à cette allure
espérer encore à l’abou-
tissement heureux du
processus électoral en
cours ? Ces questions et
tant d’autres taraudent
les esprits. Surtout,
quand on sait que la MP
n’a pas joué franc jeu.
Les raisons techniques
évoquées pour ne pas or-
ganiser les élections
présidentielle et législa-
tives dans les délais
constitutionnels n’était
qu’un arbre qui cachait
la forêt du glissement.
A en croire le pré-
sident de la Cour consti-
tutionnelle, Benoît
Luamba, qui a lu cet ar-
rêt, son institution a
fondé son argumentaire
sur
«le principe de la
continuité de l’État et
surtout le fait d’éviter le
vide à la tête de l’État».
Par conséquent, le pré-
sident actuel reste en
fonctions jusqu’à l’ins-
tallation du nouveau
président élu.
Tel qu’il est rendu,
l’arrêt de la Cour consti-
tutionnelle renferme en
lui-même un risque, ce-
lui de pousser le gouver-
nement à retarder da-
vantage la tenue de
l’élection présidentielle
prévue le 27 novembre
2016. Sachant que le
président Kabila va res-
ter en fonctions, sa fa-
mille politique va bran-
dir l’arrêt de la Cour
pour faire traîner la ma-
chine électorale, ad vi-
tam aeternam. Qu’en
pense l’Opposition ? Les
quelques acteurs politi-
ques interrogés à ce su-
jet indiquent que c’est
mal parti au regard de la
Constitution !
2La Une
C’est mal parti !
Avec ou sans élection présidentielle
La Cour constitutionnelle tranche :
Kabila continue
Le verdict est tombé. La Cour constitutionnelle a parlé : le
président de la République actuel reste en fonction jusqu’à
l’installation du nouveau président élu. C’est la substance de
l’arrêt rendu hier mercredi à Kinshasa par cette haute ins-
tance judiciaire du pays en réponse à une requête des dépu-
tés de la Majorité présidentielle. L’Opposition qui ne jure que
par la fin du mandat du chef de l’Etat actuel à son expiration
le 19 décembre 2016, elle ne devrait plus compter sur la Cour
constitutionnelle qui s’est prononcé clairement sur la ques-
tion : le président Kabila reste en fonction, tant que des élec-
tions ne seront pas organisées.
LE POTENTIEL
Les neuf sages de la Cour
constitutionnelle, siégeant
à Kinshasa, ont finalement ac-
cédé à la requête de la Majo-
rité présidentielle qui avait saisi
cette cour pour une requête
en interprétation d’une dispo-
sition de la Constitution qui a
fait polémique. Pendant que
se profilait à l’horizon l’ombre
d’une non-organisation des
élections dans les délais cons-
titutionnels.
« Suivant le principe de
la continuité de l’État et pour
éviter le vide à la tête de l’État,
le président actuel reste en
fonction jusqu’à l’installation du
nouveau président élu », in-
dique l’arrêt rendu par la Cour.
La cour a aussi égrené
le contenu de l’article 70, dé-
bouchant même sur les mê-
mes dispositions appliquées au
Sénat, aux assemblées pro-
vinciales... en cette matière.
La décision de la cour ne suit
pas la voie voulue par l’Oppo-
sition qui entrevoyait même la
possibilité de désignation d’un
nouveau président par con-
sensus, à défaut de laisser le
président du Sénat assurer la
direction du pays. L’UDPS,
notamment, qui a soutenu
cette position à travers Félix
Tshisekedi, devra réviser sa
copie d’autant plus que la cour
a tranché.
«
La cour n’a pas com-
pétence de violer la Constitu-
tion (...) si jusqu’au 19 dé-
cembre il n’y a pas d’élec-
tions, le 20 décembre si M.
Kabila reste, il sera considéré
comme un putschiste, et
nous le traiterons comme
tel
», a déclaré aux médias
internationaux Eve Bazaïba,
secrétaire générale du Mou-
vement de libération du
Congo (MLC), deuxième
force d’Opposition à l’Assem-
blée nationale.
A la fin du mandat du
chef de l’Etat Joseph Kabila
le 19 décembre, il est auto-
risé à rester au pouvoir par la
Cour constitutionnelle. Quant
à l’acceptation de cet arrêt
« qui n’est susceptible
d’aucun recours », seuls les
opposants en détiennent le
secret.
A la Majorité présiden-
tielle, c’est la victoire, mais
sans triomphalisme, a-t-on
constaté. Parce que le che-
min qui reste à parcourir est
parsemé de beaucoup de dif-
ficultés prévisibles et imprévi-
sibles.
Article 70 : la Cour constitutionnelle approuve
la thèse de la Majorité présidentielle
La présence massive des députés de la Majorité présiden
tielle hier mercredi avant l’audience à la Cour constitution-
nelle présageait déjà d’une issue positive de la requête en
interprétation des articles 70 alinéa 2, en combinaison des
articles 103, 105 et 197 de la Constitution.
Sans surprise, le président de la Cour constitutionnelle,
Benoit Lwamba, a déclaré, le mercredi 11 mai, la requête de
la MP recevable. Elle s’est dit compétente pour statuer sur
cette saisine. Sur le fond, la Cour constitutionnelle a dit que «
pour consacrer le principe de la continuité de l’Etat affirmé à
l’article 69 de la Constitution, l’article 70 alinéa 2 de la Consti-
tution permet au président de la République actuellement en
exercice de rester en fonction jusqu’à l’installation effective
du nouveau président élu
».
La Cour constitutionnelle a également été saisie en
interprétation des articles 103, 105 et 197 de la Constitution
en rapport avec la fin de mandats des députés nationaux,
des sénateurs et des assemblées provinciales. A ce propos,
dans son arrêt rendu hier, la Cour constitutionnelle a dit : «
Bien que d’une durée de 5 ans, le mandat des députés
nationaux, des sénateurs et des députés provinciaux ne
prend fin qu’à l’installation d’une nouvelle assemblée natio-
nale, d’un nouveau sénat et d’une nouvelle assemblée pro-
vinciale, en vertu du même principe de continuité de l’Etat
»,
a encore dit le président de la Cour constitutionnelle, poursui-
vant l’arrêt de la cour.
Par ailleurs, la cour a dit que «
les articles 76 et 76
règlent le cas de vacance du président de la République
intervenant au cours de mandat pour cause de décès, dé-
mission ou tout autre cause d’empêchement du président
de la République
».
«
C’est la victoire du peuple. Nous, en tant qu’élu du
peuple, nous avons saisi la Cour constitutionnelle pour éclai-
rer l’opinion sur la fin de mandat du chef de l’Etat. Mainte-
nant, c’est clair. Nous disons merci à la cour
», a déclaré
Ramazani Shadari, président du groupe parlementaire PPRD,
le parti présidentiel, à l’Assemblée nationale, un des 276
signataires de la requête introduite à la haute cour, après la
lecture de l’arrêt.
A la fin de la lecture de l’arrêt, les députés de la Majo-
rité présidentielle, présents dans la salle, n’ont pas pu conte-
nir leur joie. Ils ont massivement applaudi. «
Normalement,
on ne peut pas refuser aux gens d’exprimer leur joie. Mais,
les décisions de la cour n’ont pas besoin d’applaudissements
», a dit Benoit Lwamba, rappelant à l’ordre les signataires
de la requête.
C’est le 18 avril dernier que la Majorité présidentielle a
déposé sa requête à la Cour constitutionnelle.
LP
Avocat français de Moïse Katumbi
Me Éric Dupond-Moretti : «
La justice veut qu’on
arrête de harceler Moïse Katumbi
»
L’avocat français Éric Dupond-
Moretti a annoncé mardi à
Jeune Afrique son arrivée
dans l’équipe de défense de
l’opposant congolais, Moïse
Katumbi. Il revient sur les rai-
sons qui l’ont motivé à pren-
dre cette décision. À la veille
de la deuxième audition de
Moïse Katumbi, prévue le 11
mai à l’office du procureur
général près la Cour d’appel
de l’ex-Katanga, Me Éric Du-
pond-Moretti, surnommé l’«
Ogre du Nord » ou «
Acquittator » (pour ses mul-
tiples succès à la barre), a
rejoint l’équipe de défense de
l’opposant, fraîchement dé-
claré candidat à la présiden-
tielle. Interview.
Pourquoi avez-vous ac-
cepté de rejoindre l’équipe de
défense de l’opposant Moïse
Katumbi ?
Parce que plusieurs or-
ganisations internationales,
particulièrement celles qui ont
pour préoccupation les droits
de l’Homme, ont dit d’ores et
déjà que ces poursuites en-
gagées contre Moïse Katumbi
constituent une manipulation
politique. C’est insupportable
que l’on puisse envisager de
persécuter un homme en rai-
N° 6729 du jeudi 12 mai 2016 Le Potentiel
www.lepotentielonline.com
Événement 3
son de ses opinions politiques. Comme
Joseph Kabila [le président congolais
dont le second mandat constitution-
nel arrive à terme en décembre,
NDLR] ne peut plus se représenter,
la manœuvre du pouvoir consiste à
essayer de contraindre M. Katumbi
soit à l’exil, soit au pire, parce que ce
dernier a aujourd’hui toutes les chan-
ces d’être élu président de la Républi-
que. Nous demandons donc que la
procédure qui a été engagée se fasse
sous l’observation du monde entier.
C’EST-À-DIRE ?
Des ONG par exemple. Voire de
tous ceux qui veulent observer le bon
déroulement de cette procédure.
Nous allons harceler, sur le plan mé-
diatique, Monsieur Kabila.
Votre client Moïse Katumbi est
soupçonné d’avoir recruté des « mer-
cenaires étrangers » dans le sud de
la RD Congo. Il va être entendu de
nouveau ce jeudi 11 mai au parquet
général de l’ex-Katanga, à Lubum-
bashi. Que vous inspire cette affaire?
Ce n’est pas du tout sérieux.
Mais il fallait bien trouver un motif pour
persécuter Moïse Katumbi et son en-
tourage. Je peux vous garantir que
nous allons harceler, sur le plan mé-
diatique, Monsieur Kabila.
Justement, dans l’équipe de
défense de Katumbi, votre rôle sera-
t-il plus axé sur cette stratégie de
harcèlement médiatique ?…
Ce sont les jours à venir qui
vont décider d’abord du sort de Moïse
Katumbi et, naturellement, du péri-
mètre d’intervention de ses avocats.
Considérez-vous donc que toute
cette affaire n’est qu’un prétexte pour
nuire à l’opposant Katumbi ?
Bien sûr. Mais ce n’est pas que
moi qui le considère. Plusieurs obser-
vateurs internationaux le disent aussi.
C’est une évidence pour tous les gens
sérieux et raisonnables.
Mais concrètement, quelle sera
votre contribution au sein de l’équipe
de défense de Katumbi, qui se trouve
en RD Congo ?
Si Katumbi est empêché de par-
ticiper à la présidentielle, personne ne
dira que la présidentielle à venir est
démocratique. Nous allons dire des
choses pour ne pas laisser dormir cette
affaire. Nous allons également réveiller
ceux qui ne peuvent pas dormir du
sommeil du juste dans un dossier
pareil. Et s’il faut aller en RD Congo,
nous y irons. Bien entendu sous l’égide
d’une protection internationale. Parce
qu’au fond, si ce procès qui se profile
en est un, le pouvoir de Kinshasa n’a
rien à craindre, mais si c’est un faux
procès, il a à craindre le regard et la
foudre de l’opinion publique. J’ai dé-
fendu Michel-Thierry Atangana [dé-
tenu pendant 17 ans au Cameroun,
NDLR] et nous avons fini par en trou-
ver raison. Dans tous les cas, si Moïse
Katumbi est détenu et empêché de
participer au scrutin, personne ne
pourra dire que la présidentielle à ve-
nir est une élection démocratique. La
justice veut qu’on arrête de harceler
Moïse Katumbi.
PROPOS RECUEILLIS PAR TRÉSOR
KIBANGULA (JEUNE AFRIQUE)
Avocat français de Moïse Katumbi
Me Éric Dupond-Moretti : «
La justice veut
qu’on arrête de harceler Moïse Katumbi
»
(Suite de la page 2)
Prochaine audition de Moïse Katumbi :
Lubumbashi ou Kinshasa ?
L’instruction dans l’enquête sur l’audition de M. Katumbi bute sur le lieu de la
confrontation avec les autres détenus ramenés à Kinshasa. A Lubumbashi, la
mobilisation ne faiblit pas. Les interpellations et les gaz lacrymogènes et autres
manœuvres pour décourager l’adhésion populaire qui s’est créée autour de
Moïse Katumbi. Au deuxième jour d’audition, Moïse Katumbi, tout de blanc vêtu
avec autour du cou un ruban aux couleurs du drapeau national, est retourné
dans sa résidence du quartier Golf après plus de six heures d’interrogatoire.
LE POTENTIEL
Lubumbashi a décidé d’accompa
gner Moïse Katumbi jusqu’au bout
du calvaire lui imposé à travers des
ennuis judiciaires, pour avoir préten-
dument recruté des mercenaires amé-
ricains dans l’ex-province du Katanga.
Après la première audience de lundi,
Katumbi s’est de nouveau présenté,
hier mercredi, devant les magistrats
de la Cour d’appel de Lubumbashi.
Au début de l’audition de mer-
credi, l’ambiance était surchauffée –
le parquet ayant refusé l’accès dans
la salle du collectif d’avocats de Moïse
Katumbi. La police a aussi chargé les
partisans venus par milliers le soute-
nir. C’est après des échanges hou-
leux que les magistrats de la Cour
d’appel de Lubumbashi ont finalement
accédé à la demande de la défense,
laissant entrer dans la salle d’audience
le collectif d’avocats. Dehors, la foule,
bien que tenue à distance par la po-
lice, déployée en grand nombre dans
les parages du Palais de justice de
Lubumbashi, n’a pas lâché celui qui,
depuis le 4 avril 2016, s’est déclaré
candidat à la présidentielle de 2016.
Dans l’entourage de Katumbi,
on ne faiblit pas. Depuis lundi, ses prin-
cipaux soutiens politiques ne le lâchent
pas. Le G7, première plate-forme à
l’avoir coopté comme son candidat à
la présidentielle 2016, suivie de l’Alter-
nance pour la République, sont res-
tées à ses côtés dans ce combat pour
le triomphe de la démocratie.
Contrairement aux assurances
qu’avait présentées récemment le
ministre Alexis Thambwe Mwamba,
la justice présente déjà des signes
d’essoufflement. Pas facile pour elle
d’établir les preuves de culpabilité de
Moïse Katumbi dans le recrutement
présumé des mercenaires américains
dans l’ex-province du Katanga.
La prochaine audition – soit la
troisième de la série – est program-
mée pour le vendredi 13 avril 2016.
Selon des indiscrétions, le parquet
compte organiser une séance de con-
frontation entre M. Katumbi et les
autres personnes détenues dans le
cadre de cette affaire, mais pour des
raisons non encore connues, ont été
transférées à Kinshasa. Les avocats
du gouverneur honoraire de l’ex-Ka-
tanga se sont catégoriquement op-
posés à tout transfert vers Kinshasa,
arguments légaux en appui. « Le juge
naturel de M. Katumbi est à Lubum-
bashi et non ailleurs », ont-ils soutenu.
En attendant, à Lubumbashi, la
population ne relâche pas la pression,
prête à se sacrifier pour Katumbi, pré-
sident du célèbre club de football de
Lubumbashi, TP Mazembe.
L’audition de Katumbi s’étire
donc en longueur. Ce qui n’est pas à
l’avantage de Kinshasa. La donne
populaire qui, apparemment, n’a pas
été prise en compte dans le schéma
de ceux qui ont planifié le coup con-
tre Moïse Katumbi, a désorienté tous
les calculs. Avec la pression populaire
qui s’accentue autour de cette affaire,
Kinshasa se retrouve sûrement dans
de beaux draps. Il doit aujourd’hui
présenter au grand jour des preuves
irréfutables de mercenaires qui se-
raient recrutés par Katumbi.
L’ÉTAU SE RESSERRE SUR
KINSHASA
A Washington, les déclarations
du ministre de la Justice, Alexis
Thambwe Mwamba sont prises très
au sérieux. Lhomme ne s’en dérobera
pas de sitôt. Sans doute, il devra, lui
aussi, exhiber les preuves de son in-
culpation ; celles sur base desquelles il
a donné injonction au Procureur géné-
ral de la République d’ouvrir une action
judiciaire contre Moïse Katumbi. Kins-
hasa a allumé le feu. Parviendra-t-il à
l’éteindre sans s’en sortir avec des
égratignures ? L’opinion s’interroge. Et,
les faits ne tournent pas en faveur
des autorités de Kinshasa.
Car, après le général, comman-
dant d’Africom, David Rodriguez, qui a
été précédé à Kinshasa par l’envoyé
spécial des Etats-Unis dans les Grands
Lacs, Thomas Perriello, la Grande-Bre-
tagne envoie également dans la capi-
tale congolaise son envoyée spéciale,
Danae Dholakia. L’envoyée spéciale du
Royaume-Uni dans la région des Grands
Lacs, est annoncée en RDC du 12 au
13 mai 2016. Elle devra rencontrer le
chef de l’Etat Joseph Kabila, le Premier
ministre Matata, des membres du gou-
vernement, des opposants et des lea-
ders de la Société civile pour discuter
notamment de la situation politique,
sécuritaire et socioéconomique de la RDC.
On se rappelle que dans un com-
muniqué publié le 25 avril 2016, l’en-
voyée spéciale du Royaume-Uni pour
les Grands Lacs avait notamment
demandé au gouvernement congo-
lais de faire respecter les libertés ga-
ranties par la Constitution. A Kinshasa,
Mme Dholakia devrait s’entretenir
avec Evariste Boshab, vice-Premier
ministre de l’Intérieur et de la Sécu-
rité, ainsi qu’Alexis Thambwe
Mwamba, ministre de la Justice. Les
élections figurent également au cœur
de la visite de la diplomate britanni-
que à Kinshasa.
Pour rappel, au cours d’une con-
férence de presse organisée à Kins-
hasa en novembre 2015, Danae
Dholakia déclarait que les scrutins li-
bres et crédibles tenus dans le délai
défini par la Constitution sont un gage
de développement pour la RDC. Elle
profitera de sa visite pour rencontrer
Corneille Nangaa, président de la CENI.
C’est dire que l’étau se resserre
autours du pouvoir en place ? En tout
cas, on n’est pas loin de ce scénario.
En s’attaquant sans preuves proban-
tes à Katumbi, Kinshasa a ouvert un
front qui risque, à terme, de se re-
tourner contre lui. Une sorte de retour
des flammes qui pouvait être évité.
Cette visite interviendra 24 heu-
res après celle de Tom Perriello, l’en-
voyé spécial de Barack Obama dans
la région des Grands Lacs africains.
Moïse Katumbi à sa sortie d’audition le mercredi 11 mai à Lubumbashi.
N° 6729 du jeudi 12 mai 2016
Le Potentiel
www.lepotentielonline.com
4Politique
Le forum national doit se tenir,
selon l’UE, dans un climat « per-
mettant l’expression de tous,
sans pressions ni harcèle-
ments ».
LUDI CARDOSO
La montée des tensions politiques
en RDC préoccupe au plus haut
point l’Union européenne.
Selon cette organisation inter-
nationale, le dialogue national convo-
qué par le chef de l’Etat congolais
«
ne pourra pas se dérouler que dans
un climat apaisé
» et
« un espace
politique ouvert
».
Le chef de la délégation de l’UE en
RDC, Jean-Michel Dumond, l’a déclaré
à la résidence de l’Union européenne
à Kinshasa à l’occasion de la fête de
l’Europe. «
(…) Permettez-moi de
vous faire part de notre préoccupa-
tion quant à la montée des tensions
politiques en cette année cruciale pour
la démocratie congolaise qui devrait
voir l’organisation d’élections selon la
volonté même du peuple congolais
telle qu’exprimée dans la Constitution
de 2006, dont nous venons de célé-
brer le dixième anniversaire
», a-t-il
dit. Avant de renchérir : «
L’Union
européenne a eu l’occasion, à main-
tes reprises, de réaffirmer son sou-
tien à un dialogue national inclusif qui
permette d’aboutir à un consensus
politique sur un calendrier global et réa-
liste
».
A en croire Jean-Michel
Dumond, de ce point de vue, l’UE
réaffirme son appui à la mission
d’Edem Kodjo. Elle appelle toutes les
forces politiques à participer à ce pro-
cessus afin de sortir de l’impasse.
«
Mais il est clair, que ce dialo-
gue ne pourra se dérouler que dans
un climat apaisé et un espace politi-
que ouvert, permettant l’expression
de tous, sans pressions ni harcèle-
ments. Cela passe aussi par des me-
sures susceptibles d’établir une con-
fiance réciproque entre acteurs politi-
ques qui manque encore cruellement
», a fait savoir le chef de la déléga-
tion de l’UE en RDC. Et de poursuivre
: «
Les libertés de manifestation et
J-M. Dumond :
« Le dialogue ne pourra se
dérouler que dans un climat apaisé
»
d’information ainsi que l’indépendance
et l’impartialité de la justice doivent
être garanties, et ce, dans l’esprit de
la Charte africaine de la démocratie,
des élections et de la bonne
gouvernance
».
RESPECT DES PRINCIPES DE
LA DÉMOCRATIE
Il a rassuré que l’Union euro-
péenne restera extrêmement vigilante
quant aux respects des principes élé-
mentaires de la démocratie et des
droits de l’Homme et rappellera à
tous, chaque fois que nécessaire, sa
part de responsabilité collective, mais
aussi individuelle avec les conséquen-
ces que cela pourrait entraîner.
«
Limportance de ce sujet qui
fait déjà partie de notre dialogue poli-
tique constant et confiant avec les
autorités congolaises conformément
aux accords qui nous lient ne fera que
croître dans les semaines à venir
», a
affirmé Jean-Michel Dumond.
Pour lui, la RDC «
ne doit pas
trébucher et sombrer de nouveau
après tant d’efforts pour reconstruire
le pays à la sortie des guerres civiles
qui l’ont éprouvée
».
«
Des progrès importants ont été
accomplis sur la voie de la stabilisa-
tion. La RDC a connu ces dernières
années une croissance économique
forte qui doit pouvoir profiter à la po-
pulation et a maitrisé l’inflation. Ces
acquis doivent être préservés
», a-t-
il témoigné.
De son avis, la RDC doit sortir
renforcée des épreuves pour être en
mesure de poursuivre sur la voie de
la paix et de l’émergence.
«
L’UE continuera à apporter
tout son appui à la Monusco qui, forte
d’un mandat robuste renouvelé à tra-
vers la résolution 2277 adoptée à
l’unanimité par le Conseil de sécurité
des Nations unies, restera présente
à vos côtés
», a-t-il déclaré.
Jean-Michel Dumond a, à cet
effet, assuré que l’UE ne doit pas se
soustraire à son devoir et ne ména-
gera pas ses efforts pour parvenir
en relation avec le gouvernement, la
Société civile et les forces vives de la
RDC, à relever ces défis.
L.C.
Des rebelles de l’armée de résis
tance du seigneur (LRA) basés
en République Centrafricaine (RCA) se
sont infiltrés en République démocra-
tique du Congo, à partir des provin-
ces de Haut-Uélé et de Bas-Uélé.
Ces rebelles ougandais fuient la
pression exercée sur eux par des
opérations militaires d’envergure,
menées contre les éléments de la LRA
en RCA. Mais une fois sur le sol con-
golais, ils multiplient leurs activités né-
gatives contre les Forces de défense
et de sécurité congolaises, ainsi que
les populations civiles basées dans ces
deux provinces.
Toutes ces précisions ont été
données par la Mission de l’Organisa-
tion des Nations unies pour la stabili-
sation en RDC (Monusco) au cours
de sa conférence de presse hebdo-
madaire d’hier mercredi 11 mai à Kins-
hasa.
Des éléments de la LRA basés en RCA s’infiltrent en RDC
D’après la source, les troupes
de l’armée congolaise et celles de la
Force de la Mission onusienne en RDC
poursuivent sans relâche la lutte con-
tre la recrudescence des exactions
contre les populations civiles, perpé-
trées par les groupes armés, notam-
ment la LRA.
D’après la Mission onusienne en
RDC, la menace des exécrations de
la LRA est particulièrement limitée sur
trois axes vulnérables, notamment,
STÉPHANE ETINGA
Le président de la Solidarité congo
laise pour le développement
(SCODE), Jean-Claude Muyambo, a
réitéré, mardi 10 mai, son appel pour
une évacuation médicale à l’étranger
pour des soins appropriés.
Son état de santé et ceux
d’autres détenus politiques et activis-
tes de la Société civile ne s’améliorent
pas, malgré les soins qu’ils reçoivent
dans les centres de santé de Kins-
hasa, rapporte Radiookapi.net.
Ernest Kyaviro du RCD/KML,
L’état de santé des opposants emprisonnés préoccupe
Jean-Claude Muyambo de la SCODE,
Eugène Diomi Ndongala de la Démo-
cratie chrétienne et Christopher Ngoyi,
activiste des droits de l’Homme, ont
été admis aux soins dans des cen-
tres de santé privés à Kinshasa.
Tous les frais de soins, y compris ceux
des policiers commis à leur sécurité,
sont à la charge de ces détenus,
ajoute la même source.
Concernant Jean-Claude
Muyambo, son pied gauche tuméfié
ne cesse de gonfler. Des reporters
de Radio Okapi l’ont trouvé mardi 10
mai, en train de se faire masser ce
pied. Après avoir maintes fois ré-
clamé une évacuation vers l’extérieur
du pays pour une chirurgie appropriée,
l’opposant n’a pas eu gain de cause.
Son procès piétine au tribunal de
grande instance de Kalamu.
M. Kyaviro, pour sa part, con-
tinue de purger sa peine dans un hô-
pital, où il a été admis depuis le 11
avril dernier. Son médecin traitant le
retient en attente des résultats de cer-
tains examens effectués sur lui, à la
suite de plusieurs infections, déclare
le détenu malade.
Christopher Ngoyi note une évo-
lution positive de sa santé. Mais il af-
firme connaître «souvent plusieurs
complications de santé», sans autres
détails.
Depuis le 21 avril, Diomi
Ndongala est aussi admis à l’hôpital.
Il avait été condamné en mars 2014
par la Cour suprême de justice à 10
ans de prison, pour viol sur mineure.
Contacté à ce sujet, le vice-mi-
nistre de la Justice n’a pas souhaité
s’exprimer sur la santé de ces prison-
niers malades, souligne
Radiookapi.net.
Bangadi-Niangara (autour de la loca-
lité de Mabadabada, située) 20 km
de Niangara), Bangadi-Dungu (dans
la région de Gongolo, à 12 km de
Ngilima et 48 km au Nord de Dungu),
Bangadi-Donuma (dans la localité de
Diagbe, à 35 km au Nord-ouest de
Bangadi). «
Des attaques ont égale-
ment été perpétrées les 1er et 8 mai
2016 contre les troupes des Forces
armées de la RDC basées dans les
localités de Nambia (18 km au Nord-
est de Banda) et de Nangume (90
km à l’Est de Dungu
», a rapporté le
porte-parole militaire de la Monusco,
le lieutenant-colonel Amouzoun Codjo
Martin, en séjour à Goma. Et de pour-
suivre : «
Des exactions liées aux kid-
nappings et pillages des populations
civiles par ces insurgés, ont également
été rapportées les 1er, 3, 6 et 8 mai
2016, dans la région de Neparka et la
localité de Zambaleke ; mais égale-
ment sur les axes Pasi-Banda et
Samba-Dungu ».
N° 6729 du jeudi 12 mai 2016 Le Potentiel
www.lepotentielonline.com
5Politique
L.C.
Les membres de la Mission con
certée d’évaluation électorale des
Nations unies et de l’Organisation in-
ternationale de la francophonie (OIF)
ont échangé avec les délégués du
gouvernement central, le mardi 10
mai au siège de la Commission élec-
torale nationale indépendante (Céni).
L’échange a tourné autour de la resti-
tution des conclusions préliminaires de
leur mission en République démocra-
tique du Congo.
Cette mission s’était fixée
comme objectif de s’informer davan-
tage sur l’état d’avancement du pro-
cessus électoral dans tous ses aspects
politiques, logistiques, techniques et
opérationnels.
Selon une note d’information de
la Céni parvenue à notre Rédaction, il
ressort de cette évaluation en pro-
fondeur que plusieurs recommanda-
tions et pistes de solutions seront pré-
conisées par la Mission concertée
d’évaluation électorale afin de booster
le processus électoral en RDC.
Au cours de cette séance de
restitution, M. Tadjoudine Ali-Diabacte,
chef de délégation de la mission des
Nations unies, a fait l’économie des
conclusions générales de la mission
partant des données recueillies auprès
des entités rencontrées : les mem-
bres du gouvernement de la Républi-
que, des partis politiques (toutes ten-
dances confondues), les leaders de
la Société, dans sa diversité, les res-
ponsables et experts de la Céni ainsi
que les institutions impliquées dans l’or-
ganisation des élections en RDC.
Par ailleurs, il sied de rappeler
que la centrale électorale organise plu-
sieurs activités en prévision de pro-
chaines échéances. Elle sensibilise les
populations à l’opération du fichier
électoral et teste les kits d’enrôlement
des électeurs à Kinshasa et dans la
province du Kongo Central.
Processus électoral
La Mission ONU-OIF restitue ses
« conclusions préliminaires »
La convention nationale convo-
quée par le groupe d’individus se
réclamant du courant rénovateur
de l’Unadef est nulle, selon le
secrétariat général adjoint du
parti. Il précise : « Le comité po-
litique national, seul organe
statutairement habileté à desti-
tuer le président national du
parti, en cas de faute, n’est saisi
d’aucune
pétition ».
P.M.& GLORIANA KELA (STAGIAIRE)
Le secrétaire général adjoint de
l’Union nationale des démocrates
fédéralistes (Unadef), Me Kakule
Matembela, a fait une mise au point,
hier mercredi 11 mai au siège natio-
nal de ce parti à Kinshasa. Il s’est agi
de la nullité de la convention nationale
de l’Unadef convoquée par un groupe
d’individus qui déclare avoir destitué
Charles Mwando Nsimba de ses fonc-
tions de président national de l’Unadef.
Devant la presse, Me Kakule s’est
appesanti sur le défaut de qualité de
ceux qui ont fait les déclarations le 5
mai 2016.
« M. Aggée Matembo, le
porte-parole du groupe dont question,
n’est pas cadre de l’Unadef. Il n’est
ni au comité directeur, ni au comi
politique national. Les honorables dé-
putés Assumani Jacques et Kambale
Omer, qui accompagnaient M. Agée
Matembo ce jour-là, ne sont plus
membres de l’Unadef depuis le 9 oc-
tobre 2015 »,
a-t-il déclaré.
Me Kakule a présenté les let-
tres d’exclusion n°060 et 062/
UNADEF/CD/PN/2015, signifiées res-
pectivement aux députés Assumani
Jacques et Kambale Omer en date
du 10 octobre 2015, lesquels docu-
ments ont été enregistrés à l’Assem-
blée nationale, sous les numéros 370
et 371.
« Toujours dans cette optique,
nous avons fait suivre les lettres n°059
et 061/UNADEF/CD/PN/2015 en
date du 9 octobre pour demander à
la plénière de l’Assemblée nationale
d’invalider les mandats des honora-
bles Assumani Likalanganyo Jacques
et Kambale Omer, conformément à
l’article 120 de la Constitution et à l’ar-
ticle 85 du Règlement intérieur de l’As-
semblée nationale. Ces lettres ont été
déposées à l’Assemblée nationale le
10 octobre 2015 et enregistrées sous
les numéros 368 et 369. Au cabinet
du président de l’Assemblée nationale,
ces lettres sont enregistrées sous les
numéros 10104 et 10105 du 10 oc-
tobre 2015 »,
a précisé le secrétaire
général adjoint de l’Unadef.
Et de poursuivre :
« A ce pro-
pos, nous tenons à vous informer que
le président et le premier vice-prési-
dent de l’Assemblée nationale ne se
sont pas contentés de recevoir nos
courriers, mais ils nous ont également
accusé réception par leurs lettres
n°Réf: RDC/AN/CP/AM/AC/10/AB/
2760/2015 du 12 novembre 2015 et
n°CMN/707/CAB 1er VP/AN/ak/15 du
19 octobre 2015. Le président de l’As-
semblée nationale est allé même très
loin par sa lettre n°RDC/AN/CP/AM/
AC/10/AB/2771/2015 du 12 novem-
bre 2015 dans laquelle il engage le
processus d’invalidation des mandats
desdits députés, laquelle lettre am-
pliation nous avait été réservée. Pen-
dant que nous attendons cette invali-
dation, ces deux députés passent à
la télévision, avec M. Aggée Matembo,
pour destituer le président national de
l’Unadef, l’honorable Charles Mwando
Nsimba. Allez-y comprendre quelque
chose »
.
S’agissant de la destitution du
président de l’Unadef, le secrétaire gé-
néral adjoint a indiqué que l’article 36
des statuts du parti éclaire sur la dé-
marche à suivre.
« La destitution du
président national ne peut s’obtenir
que par la saisine du comité politique
national. En effet, par une motion
contresignée par un tiers au moins
des membres du comité politique na-
tional, et remise au membre le plus
âgé, ce dernier notifie cette motion
au président national et l’invite à four-
nir ses moyens de défense ».
La suite de la procédure est telle
que si la faute est établie par un vote
exprimé par la majorité de deux tiers
des membres présents au comité
politique national, le membre le plus
âgé suspend le président national de
ses fonctions ; ensuite le comité poli-
tique national convoque la convention
nationale en session extraordinaire
dans un délai maximum de six mois.
Pourtant, à ce jour, le comité politi-
que national n’est saisi d’aucune péti-
tion de ses membres pour une quel-
conque méconduite du président na-
tional, a fait observer Me Kakule. Ce
qui traduit l’irrégularité de la démar-
che de ceux qui se réclament cou-
rant rénovateur.
Le SGA de l’UNADEF démontre la nullité de la
convention «des rénovateurs»
1 / 16 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !