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S’élever. L’homme en a toujours rêvé.
Jusqu’à en fabriquer un mythe.
En Catalogne, dès le XVIIe siècle et
jusqu’à aujourd’hui, les « castells »,
châteaux en catalan, s’élèvent en fêtes
traditionnelles. Ces constructions
humaines de six à dix étages voient
s’agglomérer en une architecture précise
des centaines d’hommes et de femmes,
de la base jusqu’au sommet. Apparemment
pour la gloire du geste et la beauté de l’art.
Pour la beauté de l’art et la gloire du geste,
nous vous proposons, nous aussi, de contri-
buer à votre élévation. Esthétique et intel-
lectuelle. Puisque telle est notre mission :
grandir et divertir l’esprit du spectateur-
citoyen, développer son intelligence
sensible, provoquer son questionnement,
affûter son regard critique sur le monde
qui l’entoure. L’élever au sens humaniste
du terme. De la base jusqu’au sommet,
venez cette nouvelle saison vous addition-
ner en rangs solidaires et construire
avec nous la plus belle des tours !
Car en effet, notre force, c’est vous !
Pour partager notre vingtième saison anni-
versaire, vous avez été six mille abonnés,
près de cinquante-deux mille spectateurs.
Deux records historiques battus. Votre
confiance et votre fidélité nous honorent.
Notre équilibre, nous pensons le mériter
d’une confrontation renouvelée à l’art
tel qu’il s’invente aujourd’hui, tel qu’il
bouscule nos certitudes et tel qu’il nous
oblige à porter un regard vivant sur
nous-mêmes et les autres. C’est pour
cela que nous sommes tant attachés
à l’exigence et l’éclectisme artistique,
dont nous nous revendiquons.
Notre courage, nous le mettons au service
des artistes. En cette période de crise,
il nous faut rester mobilisés afin qu’ils
conservent des moyens dignes et efficaces
pour créer ces œuvres que vous partage-
rez dans nos salles avec bonheur.
À cet endroit toujours, notre bon sens,
c’est celui du collectif. La Coopérative,
que nous avons construite avec nos cama-
rades des scènes nationales de Besançon,
Dunkerque et Compiègne, permettra cette
année la création de l’opéra Les Noces de
Figaro, dont deux représentations seront
données à Quimper (sur un total de vingt-
trois en tournée de création). Une première
victoire dans un monde de la production
en profonde difficulté.
Pour vous élaborer cette nouvelle saison,
nous avons fait des miracles. Nos budgets
sont contraints, mais notre inventivité reste
libre et féconde. Cette programmation,
nous l’espérons, témoignera de notre
ambition intacte à œuvrer à la réalisation
des objectifs d’André Malraux, créateur
des maisons de la culture dont nous
sommes, nous scènes nationales,
les héritières : que chaque citoyen français
puisse « avoir un véritable contact avec son
patrimoine national et avec la gloire
de l’esprit de l’humanité ». Châteaux en
Espagne ? Non, castells en Cornouaille !
Franck Becker
Directeur du Théâtre de Cornouaille