Prendre le temps de rêver, d’imaginer. Voilà bien quelque chose qui disparaît en grandissant.
Et notre société semble vouloir elle aussi gommer ces instants précieux.
Or, le développement de l’imagination constitue un des fondements de la construction de
soi. Imaginer, c’est remettre en cause le monde réel et se positionner par rapport à
celui-ci. Lorsque je rêve, je me projette dans un idéal. Et cet idéal guide mes choix. Réprimer son
imagination, c’est se priver de sa liberté de penser. C’est suivre un schéma pré-établi par la société.
Mais l’imagination peut aussi devenir néfaste. Le héros de notre histoire, à force d’imaginer, se
construit un monde complètement détaché de la réalité. Le retour au réel devient alors compliqué,
tout comme sa relation aux autres.
Dans « Les nuits blanches », un rêveur passe sa vie à se laisser emporter par son imagination. Dans
son monde, tout est faux. Pourtant, lorsqu’il passe une soirée magique et pourtant totalement
imaginée avec une jeune fille, les larmes coulent, les joues rougissent, la fièvre monte. Son
imagination l’emporte et brouille en lui la frontière entre le rêve et la réalité.
Lorsque qu’il va au théâtre, le spectateur, comme le rêveur, se laisse lui aussi dépasser par sa
fantaisie. La machine théâtrale l’ouvre à de nouveaux horizons…