les nuits blanches - Les Riches

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Reste Poli Productions présente
LES NUITS BLANCHES
D’après le roman de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Traduction Katia Vandenborre
En coproduction avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles)
LES NUITS BLANCHES
FIODOR MIKHAÏLOVITCH DOSTOÏEVSKI
RESTE POLI PRODUCTIONS
D’après le roman Les nuits blanches
Auteur Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Traductrice Katia Vandenborre
Adaptateur et metteur en scène Olivier Lenel
Avec
Nastenka Marie du Bled
Le rêveur (en alternance) Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikael Sladden
Le régisseur (en alternance) Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikael Sladden
Le pianiste (distribution en cours)
Compositeur Julien Lemonnier avec la participation de Felix Ulrich
Costumière Bertille Gibourdel
Le spectacle « Les nuits blanches » a été créé au Théâtre de la Vie en Mars 2013. Il sera repris en
janvier et février 2016 à l’Eden (Charleroi), au Riches-Claires (Bruxelles) et au Centre Culturel Marius
Staquet (Mouscron)
Durée du spectacle : 75 minutes
Prendre le temps de rêver, d’imaginer. Voilà bien quelque chose qui disparaît en grandissant.
Et notre société semble vouloir elle aussi gommer ces instants précieux.
Or, le développement de l’imagination constitue un des fondements de la construction de
soi. Imaginer, c’est remettre en cause le monde réel et se positionner par rapport à
celui-ci. Lorsque je rêve, je me projette dans un idéal. Et cet idéal guide mes choix. Réprimer son
imagination, c’est se priver de sa liberté de penser. C’est suivre un schéma pré-établi par la société.
Mais l’imagination peut aussi devenir néfaste. Le héros de notre histoire, à force d’imaginer, se
construit un monde complètement détaché de la réalité. Le retour au réel devient alors compliqué,
tout comme sa relation aux autres.
Dans « Les nuits blanches », un rêveur passe sa vie à se laisser emporter par son imagination. Dans
son monde, tout est faux. Pourtant, lorsqu’il passe une soirée magique et pourtant totalement
imaginée avec une jeune fille, les larmes coulent, les joues rougissent, la fièvre monte. Son
imagination l’emporte et brouille en lui la frontière entre le rêve et la réalité.
Lorsque qu’il va au théâtre, le spectateur, comme le rêveur, se laisse lui aussi dépasser par sa
fantaisie. La machine théâtrale l’ouvre à de nouveaux horizons…
!
1!
TABLE DES MATIÈRES
LE SPECTACLE
L’HISTOIRE
NOTE DRAMATURGIQUE
LES NUITS BLANCHES : UNE ŒUVRE THÉÂTRALE
3
4
6
L’AUTEUR
BIOGRAPHIE & CONTEXTE HISTORIQUE
DOSTOÏEVSKI : UN AUTEUR POUR ADOLESCENTS
7
10
LA TRADUCTION, L’ADAPTATION, LA MISE EN SCÈNE
DU RUSSE AU FRANÇAIS
DU ROMAN AU THÉÂTRE
DU TEXTE À LA SCÈNE
12
14
16
L’ÉQUIPE
RESTE POLI PRODUCTIONS
DÉMARCHE DU METTEUR EN SCÈNE : OLIVIER LENEL
LES CV’S
3
7
12
18
18
19
21
PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS AVANT LA REPRESENTATION
24
PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS APRÈS LA REPRESENTATION
25
L’AUTRE DANS LA RELATION AMOUREUSE
25
LES RENCONTRES
LA RENCONTRE AVANT LA REPRÉSENTATION/L’ATELIER
LE BORD-PLATEAU APRÈS LA REPRÉSENTATION
LE STAGE
26
26
28
28
LA PRESSE
29
POUR ALLER PLUS LOIN
34
INFORMATIONS PRATIQUES
35
!
PROCHAINES DATES
35
NOUS CONTACTER
35
2!
LE SPECTACLE
L’HISTOIRE
Un homme - un peu rêveur - nous raconte un souvenir : celui de sa rencontre avec Nastenka.
Sur un pont de Saint-Pétersbourg, une nuit, une jeune fille pleure. Un homme n’est pas venu - une
histoire d’amour compliquée, un rendez-vous manqué, une promesse non tenue. Depuis toute
petite, la jeune fille - elle s’appelle Nastenka - habite chez sa grand-mère. Il y a un an, l’ancien
locataire de la vieille dame est parti à Moscou en promettant à la jeune fille de revenir après une
année et de l’épouser. Mais il n’est pas là.
Sur ce pont, notre rêveur se promène. Un homme seul qui se retrouve là pour fêter l’anniversaire
d’une de ses histoires inventées. Mais à rêver sa vie, il passe à côté d'elle.
Sur ce pont donc, une jeune fille triste, rêvant de son futur, et un homme seul, perdu dans son
passé, se rencontrent par hasard. Pendant quatre nuits, ils apprennent à se connaître. Quatre nuits
de rêve et pourtant bien réelles. A cette relation naissante, Nastenka ne pose qu’une condition : ne
pas tomber amoureux d’elle.
Les nuits blanches. Une presqu’histoire d’amour. Drôle, tragique, passionnée, pathétique.
!
3!
NOTE DRAMATURGIQUE
« Les Nuits
Blanches »
est
une
adaptation
théâtrale
du
roman
éponyme
de
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, dans une traduction de Katia Vandenborre. C’est la rencontre d’un
rêveur et d’une jolie jeune fille. C’est une histoire d’amour avortée. C’est drôle, comme l’humour du
désespoir, et poétique.
Sur le plateau, un homme – notre rêveur – se remémore une rencontre avec une jeune et jolie fille.
Cette relation naissante lui apporte un nouveau regard sur l’Amour. Mais c’est surtout l’acte de se
souvenir de cette histoire, de se l’imaginer, de la réinventer qui lui fait prendre conscience de
l’importance de l’Autre. Parce que l’Autre, c’est une manière de penser différemment, c’est un autre
regard sur le monde et sur soi. Et être regardé, c’est savoir qu’on existe.
L’acte théâtral en lui-même est aussi un lâcher-prise dans l’imagination. Il propose une remise en
question du monde. Le rêveur et les spectateurs participent en parallèle au même processus, l’un
dans le traitement de son souvenir, l’autre dans le fait d’assister à une représentation théâtrale.
L’illusion théâtrale suit le même schéma que les envolées imaginaires du rêveur.
Durant toute la représentation, deux espaces-temps se cotoyent.
C’était une nuit de conte1
Il y a d’abord le temps du présent, le temps de la narration. Dans un rapport direct, le rêveur
s’adresse aux spectateurs. Il est le conteur et donc le maître des événements. Le lieu est le théâtre.
Le rêveur évolue dans le même espace-temps que le public. La rencontre avec Nastenka est
présentée comme un souvenir. Passant par le prisme de son imagination, l’histoire n’est pas (plus !)
réelle. Elle est réinventée.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
1
Cette phrase introduit le roman. Dans un premier temps, c’est la perception qu’a le rêveur de son histoire.
!
4!
C’était un rêve2
C’est le temps du passé, le temps de la rencontre en elle-même. L’homme est emporté par son
imagination et s’investit complètement dans son souvenir. Comme dans un rêve, il n’est plus
maître de la situation. Celle-ci lui échappe. Le spectateur n’existe plus en tant qu’interlocuteur, il
disparaît aux yeux du rêveur. L’espace-temps est modifié, lui et Nastenka se trouvent désormais sur
un pont de Saint-Pétersbourg. Le rêveur n’est plus conscient de la fantaisie qui l’entoure. Pour lui,
tout est vrai, tout est réel.
Durant la représentation, les deux espace-temps se suivent, s’alternent et finissent par se confondre
l’un l’autre. La frontière entre les deux axes de la narration et de la rencontre, du présent et du
souvenir se brouillent. Il y a confusion entre réel et imaginaire. Le rêveur perd pied et finit par ne
plus être maître de son souvenir.
Le souvenir se modifie grâce à l’évolution de l’image de Nastenka. Elle est d’abord représentée par
un simple buste de couture, ensuite par une voix, un dos et enfin un corps tout entier en
mouvement et en parole. Cette évolution représente l’intrusion du réel dans le rêve.
Lorsque Nastenka est interprétée par une comédienne la confusion est à son apogée : le souvenir
devient réalité.
Ce passage au réel renforce la position de Nastenka. Au début du spectacle elle ne représente que
l’image fantasmée du rêveur. Au fur et à mesure de son apparition, elle devient un personnage à
part entière avec une conscience et un point de vue qui lui est propre. Ce n’est plus le rêveur qui
décide du déroulement d’une l’histoire qui se fait désormais à deux. Le développement imaginaire
du souvenir démontre à l’homme toute l’importance de Nastenka. Lui qui n’avait vécu jusque là que
dans son imagination, il découvre la magie d’un rapport réel, de la confrontation de point de vues
que cela apporte et de l’enrichissement personnel qui s’ensuit.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
2
En fin de roman, voilà comment Nastenka définit la rencontre. Elle propose ainsi un regard différent sur les
événements qui viennent de se produire.
!
5!
LES NUITS BLANCHES : UNE ŒUVRE THÉÂTRALE
Lecteur assidu, Olivier (l’adaptateur et le metteur en scène) aime adapter des textes non théâtraux
d’auteurs du répertoire. Après s’être confronté à deux nouvelles de Boris Vian, il a porté son
attention sur une œuvre courte d’un auteur majeur de la littérature russe.
Dostoïevski est sans doute l’un des auteurs qui analyse avec le plus de perspicacité les rapports
humains et les difficultés que nous avons à nous comprendre. Les échanges se transforment bien
souvent en dialogues de sourd et cette impossibilité à communiquer pousse les protagonistes à des
issues parfois tragiques, du moins insatisfaisantes et frustrantes.
Grâce à la présence des comédiens en « chair et en os » d’une part et au rapport immédiat entre
ceux-ci et les spectateurs d’autre part
(un rapport qui constitue la condition
première
d’une
représentation
théâtrale), le plateau de théâtre est un
terrain de jeu fascinant pour analyser
les rapports humains. Et, l’œuvre de
Dostoïevski constitue pour ce faire un
magnifique terreau théâtral.
Quant à son écriture, nerveuse,
passionnée, elle semble faite pour l’art
vivant du théâtre. Elle est un outil de
jeu formidable pour les comédiens. Ce
n’est pas étonnant quand on sait
qu’une grande partie de l’œuvre de
Dostoïevski
s’est
construite
par
l’oralité. L’auteur « racontait » ses livres
à voix haute laissant à sa femme
sténographe le soin de retranscrire ses
logorrhées.
!
6!
L’AUTEUR
BIOGRAPHIE & CONTEXTE HISTORIQUE
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski naît à Moscou le 11 novembre
1821. La Russie connaît à cette époque une période de tension.
En 1825, le tsar Alexandre 1er meurt. Un sentiment
d’indépendance à l’égard d’un état encore fort féodal se
développe – comme c’est déjà le cas dans d’autres pays d’Europe
depuis la Révolution Française. Ce sentiment abouti à une révolte
menée par un groupe d’intellectuels, les décabristes, le jour de la
prestation de serment du nouveau tsar Nicolas 1er. Cette révolte
est écrasée dans l’œuf et ouvre une ère de tyrannie en Russie. Pour
l’heure, Dostoïevski n’est pas mêlé à ces dissensions politiques. Il a 4 ans et passe une enfance sans
histoire dans une aisance matérielle certaine. Si sa mère fait figure de femme douce, son père,
docteur, apparaît autoritaire et brutal. À sept ans, on découvre que le petit Fiodor est sujet aux crises
d’épilepsie. Cette maladie particulière et très impressionnante est omniprésente dans l’œuvre de
Dostoïevski et le « rythme » de ces crises - des moment de grande clarté et de bonheur suivi de la
crise proprement dite, d’une perte de repère voire d’inconscience et enfin une période d’extrême
fatigue et de dépression – influencera jusqu’à la structure de certains de ces romans. Dostoïevski a
neuf ans lorsque sa mère, atteinte de phtisie, part se reposer à la campagne, dans la propriété
familiale. Elle succombe de sa maladie sept ans plus tard. Mikhaïl, le père de Dostoïevski s’exile
alors lui aussi dans la propriété. Là il s’adonne complètement à la boisson. Deux ans après la mort
de sa femme, il est sauvagement assassiné. Des serfs se seraient vengés de cet homme brutal.
Dostoïevski, entré à la mort de sa mère à l’Ecole supérieure des ingénieurs militaires, paraît presque
indifférent à la disparition de son père. Pourtant cette figure patriarcale traversera l’œuvre de
l’écrivain. Sans doute se sent-il coupable de la mort de son père, lui qui a si souvent désiré le tuer
en pensée.
À l’été 1844, il quitte sa carrière de militaire pour se lancer dans la littérature. Son premier
roman Les Pauvres Gens (1844-45) est encensé par la critique. Considéré par certains comme le
« nouveau Gogol », Dostoïevski prend de la hauteur. Il devient orgueilleux. Cette reconnaissance est
rapidement suivie par une désillusion. Son deuxième roman et ceux qui suivront sont violemment
critiqués par ses pairs, considérés cette fois comme des plagiats d’œuvres de Gogol. C’est à cette
!
7!
époque qu’il écrit Les Nuits Blanches (1848). Ces premiers textes annoncent déjà les thèmes qui
seront chers à Dostoïevski, comme celui du « double ». Mais ce qui les rend uniques, c’est cette
façon qu’a l’auteur d’ « agripper » ses lecteurs.
Âgé de 27 ans, et parallèlement à son activité d’écrivain, Dostoïevski s’engage politiquement.
Comme de nombreux intellectuels, il s’oppose clandestinement au régime tsariste : il souhaite
l’abolition du servage (considéré comme de l’esclavage), la liberté de la presse et des réformes
économiques. Animé d’un désir d’action, il se rapproche d’un groupuscule n’hésitant pas à recourir
à la violence pour arriver à ses fins. L’objectif est clair : imposer le bonheur au peuple en
commençant par renverser le trône. Suite à une dénonciation, les membres du groupe (dont
Dostoïevski) sont arrêtés et condamnés à la peine de mort. Alors qu’ils sont sur le point d’être
fusillés, le tsar Nicolas 1er les gracie, les condamnant à une déportation de quatre ans en Sibérie,
suivie de quatre années dans l’armée. C’est un général bègue qui annonce, quelques minutes
avant l’exécution, la transformation de la peine capitale en exil. Dostoïevski, dans L’ Idiot (186771), considèrera la peine de mort comme la pire torture morale que l’on puisse faire subir à un
homme. Le 24 décembre 1849, l’écrivain part pour la Sibérie.
Au sujet de ces quatre années passées au bagne d’Omsk, Dostoïevski écrira les Carnets de la
maison morte (1860-62), une fresque de la vie et des « habitants » de la prison. Il y côtoie des
meurtriers et des violeurs d’enfants. De ces rencontres se dégage toute la complexité de l’être
humain. Ces hommes, tel qu’il les décrit dans son livre, n’apparaissent pas comme des monstres.
Pour lui, le Bien et le Mal sont inséparables. C’est au bagne que se développe son amour pour le
peuple russe. Il devient un slavophile convaincu. C’est aussi là que se réaffirme sa foi en Dieu. La
seule lecture autorisée, l’Evangile, lui apporte du réconfort tout au long de ces quatre années. Au
sortir du bagne, il entre à l’armée et devient rapidement officier. En Sibérie, il rencontre sa première
femme, Maria Dmitrievna Issaïeva. Une relation difficile s’installe avec cette épouse malade.
Il retourne à Pétersbourg en 1860, soit dix ans après son exil. La société russe est en plein
bouleversement : mort du tsar Nicolas 1er, guerre de Crimée, abolition du servage. Son
investissement politique à lui ne se traduit plus par la révolte contre le pouvoir en place – chose
qu’il condamne désormais – mais dans ses livres. L’œuvre de Dostoïevski devient le théâtre d’un
combat d’idéologies. Chaque personnage défendant sa manière de penser le monde. Dès son
retour, il fonde avec son frère Mikhaïl une revue littéraire : le Temps. Cette revue devient son organe
!
8!
de combat, dans lequel il défend ses idées. Avec le risque de s’exposer aux critiques des autres
intellectuels. Et ces critiques ne tardent pas à pleuvoir sur l’auteur.
L’année 1864 est marquée par la disparition de sa femme et de son frère Mikhaïl duquel il décide
de reprendre à son compte les dettes. Afin de pouvoir rembourser, il passe des accords
extrêmement désavantageux avec des éditeurs peu scrupuleux. En 1866, l’un d’eux tente de le
piéger : sous peine de perdre les droits de son œuvre entière au profit de cet éditeur, Dostoïevski
doit concevoir un roman d’au moins deux cents pages en très peu de temps. On lui conseille de
faire appel à une sténographe afin qu’il puisse dicter son roman et ainsi espérer terminer à la date
prévue. Il rencontre Anna Grigoria Snitkine. Après un mois de travail acharné, Le Joueur (1866) est
déposé chez l’éditeur. Dostoïevski demande ensuite la main de la jeune Anna. Elle partagera sa vie
jusqu'à la fin et devient sa fidèle assistante. Avec elle, il termine notamment l’écriture de Crime et
Châtiment (1864-67). Mais la vie avec Dostoïevski n’est pas de tout repos. Le couple est victime de
problèmes financiers dus à la trop grande générosité de Dostoïevski, à son vice du jeu et surtout à
des dettes très importantes. Le couple s’exile durant quatre années dans différentes villes d’Europe.
En Suisse, une petite fille nait et meurt. Le couple rentre à Saint-Pétersbourg.
Dostoïevski est malade et criblé de dettes. Seul sa femme lui apporte un peu de réconfort. Avec elle
il aura trois autres enfants, dont un mourra en bas âge. Son état de souffrance presque permanent
(maladie, dettes, critiques) ne l’empêche pas d’enchainer l’écriture de ses plus grandes œuvres
: L’Idiot, Les Démons (1870-72), L’Adolescent (1874-75) et Les Frères Karamazov (1878-81),
son chef-d’œuvre, qui lui vaudra une reconnaissance unanime, 33 ans après Les Pauvres Gens.
C’est son dernier roman. Dostoïevski meurt le 28 janvier 1881.
!
9!
DOSTOÏEVSKI : UN AUTEUR POUR ADOLESCENTS
Le spectacle « Les nuits blanches » a
été conçu pour des spectateurs
adultes mais avec une attention toute
particulière aux adolescents.
À première vue, il semble que
Dostoïevski
n’attire
pas
les
adolescents. Son nom paraît susciter
l’idée d’une littérature ampoulée,
vieillotte et d’œuvres interminables et
incompréhensibles.
Sans doute cette mauvaise réputation
tient-elle, en partie, d’une certaine
tradition de la traduction française,
plus préoccupée à proposer une
certaine esthétique « digne » de la
langue française qu’à retranscrire, le
plus fidèlement possible, la rugosité
d’une langue russe tout en passion et
en déchirement 3 . C’est d’ailleurs pour
s’approcher au plus près de cette vitalité que nous avons décidé de travailler avec une traductrice,
Katia Vandenborre.
Car c’est bien là que Dostoïevski excelle. L’auteur nous propose une écriture tout en paradoxe, en
apparence contradictoire, parfois incohérente. Celui qui lit Dostoïevski ne doit pas y chercher une
certaine vérité unique, simple, évidente.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
3
André Markowicz est un des traducteurs les plus récents de l’oeuvre de Dostoïevski et nous vous invitons à
(re)découvrir l’auteur par ses traductions. Markowicz semble avoir trouvé le ton juste pour mettre en lumière
toutes les aspérités de l’écriture de Dostoïevski.
!
10!
Au contraire, « la vérité ne peut jaillir et s’installer dans la tête d’un seul homme, elle naît entre les
hommes qui la cherchent ensemble »4. C’est en opposant les points de vues, en confrontant ce qui
nous semble parfois être des paradoxes, par la réflexion dialogique en somme, que nous pouvons
espérer comprendre les individus, les rapports humains, le monde.
Lire Dostoïevski, c’est s’habituer à la confrontation d’idées, c’est accepter nos propres contradictions
(et par extension, celles des autres), c’est apprendre à écouter, questionner, se confronter, se
contredire. Cette réflexion mérite qu’on la propose aux adolescents, ces jeunes adultes en pleine
construction d’eux-mêmes.
Le texte « Les Nuits Blanches » est un bon ambassadeur pour partir à la rencontre de l’auteur. Il offre
l’avantage d’être un court roman de « seulement » cent pages avec deux personnages et dont la
trame narrative est relativement simple. Dans cette œuvre de jeunesse, Dostoïevski développe
toutes les facettes d’un amour irrationnel, d’un amour d’adolescence. Il exprime avec justesse la
vérité des passions, la violence de notre inconscience et la souffrance que cette inconscience peut
infliger à l’autre. Il décrit avec beaucoup d’humour le ridicule parfois pathétique de l’amour
incompris. Mais derrière la fraîcheur de cette histoire drôle, cruelle et passionnée, il y a surtout la
volonté de tenter de comprendre qui est cet autre et d’enfin le prendre véritablement en compte.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
4
BAKHTINE (Mikhaïl), La poétique de Dostoïevski, Editions du Seuil, 1970, p.156
!
11!
LA TRADUCTION, L’ADAPTATION, LA MISE EN SCENE
DU RUSSE AU FRANÇAIS
Par Katia Vandenborre (traductrice)
Dans un spectacle de théâtre, la traduction et l’adaptation du texte sont des étapes que l’on ne voit
pas, que l’on ne perçoit pas et que l’on n’imagine même pas. Ce sont des étapes qui restent
habituellement dans les coulisses de la pièce avec les techniciens, les secrétaires et tous les
administratifs qui participent à l’élaboration du spectacle. Pourtant, elles jouent un rôle essentiel,
voire imparable, puisqu’elles ont pour mission de générer le texte qui va servir de base à tout le
spectacle. En s’inspirant de l’œuvre de l’écrivain russe Dostoïevski l’équipe ne pouvait pas faire
l’impasse sur la traduction. Et Les Nuits blanches n’étant pas une pièce de théâtre à l’origine, la
question de l’adaptation se posait doublement. Il a donc été décidé d’en faire des actrices à part
entière.
Pour ce faire, La compagnie a décidé de faire appel à moi pour participer au projet. Cette démarche
peu courante nous a permis de ne pas nous enfermer dans le texte figé d’une traduction toute faite,
et donc de gagner une plus grande flexibilité dans la création de la pièce, tout en étant proche
comme jamais de l’original. Travailler directement sur le texte russe nous a fait prendre conscience
du fait que la traduction exacte n’existe pas, car bien que les langues expriment des contenus
similaires, des idées universelles, elles ne le font jamais de la même manière. Elles utilisent des
images dissemblables, des nuances différentes, des expressions particulières, et celles-ci cachent
toujours un contexte culturel singulier que nous ne pouvons pas transmettre, expliquer et
reproduire en un seul mot, que nous ne pouvons pas « traduire » à l’identique. Il en est de même
avec les temps, l’ordre des mots, leur genre, la syntaxe, la grammaire : tout diffère, et il est
généralement impossible de « traduire » cette différence. La traduction n’est jamais absolue, ce qui
rend son matériau plus difficile à saisir, mais aussi plus malléable. Dans le cadre des Nuits blanches,
nous avons justement voulu tirer parti de cette malléabilité, en la concevant comme un nouvel
espace de création.
Cette opération n’a pas seulement été possible, elle est devenue nécessaire et même
incontournable dans la mesure où le texte des Nuits blanches n’est pas une pièce de théâtre à
l’origine. Étant donné qu’il s’agit d’un court roman, il fallait de toute manière modeler le texte afin
!
12!
qu’il puisse être représenté, c’est-à-dire l’adapter à la scène. Ainsi, l’adaptation scénique est entrée
en collision, ou plutôt en collusion avec l’adaptation linguistique. J’ai travaillé avec Olivier (metteur
en scène) main dans la main afin de trouver le meilleur compromis possible entre une traduction
rigoureuse d’une œuvre datant de 1848 et sa représentation à Bruxelles en 2013 à un public
parlant un français moderne. Dès lors, nous avons pénétrés chaque mot russe de l’œuvre de
Dostoïevski pour en trouver l’équivalent français qui soit le plus fidèle, le plus proche du sens
premier, mais aussi le plus adapté à sa diction, le plus mélodieux, le plus parlant à l’imaginaire
contemporain et le plus authentique dans les émotions. Je suis également présente lors des
répétitions lorsque la traduction est confrontée au « dire » des comédiens. En travaillant ainsi sur la
matière verbale, en mettant ainsi l’accent sur la traduction et l’adaptation, Les Nuits
blanches tentent de réconcilier l’ancien et le moderne, le classique et le contemporain, le russe et le
belge francophone… et peut-être la littérature et les jeunes.
!
13!
DU ROMAN AU THÉÂTRE
Par Olivier Lenel (adaptateur & metteur en scène)
Lorsque que je lis un texte, il m’est impossible de savoir ce que l’auteur a voulu dire. C’est-à-dire
qu’il est possible, oui, selon un certain contexte, en rapport à ce que nous connaissons de ses
courants de pensées, eu égard à une certaine rencontre qu’il aurait fait dans tel café (blablabla),
d’imaginer le « message » que l’auteur aurait voulu faire passer. Autrement dit nous ne savons rien.
Mais il nous reste le comment. Quelle est la forme que l’auteur a mise en place ? Quelle est la place
qu’il a accordée au lecteur ? Est-il passif (il n’existe pas) ou bien l’auteur s’adresse à lui ? Il est
possible aussi de prendre conscience des impressions/émotions que ce texte nous procure.
Avant tout, j’essaye donc d’adapter la structure du roman au théâtre.
Dans un premier temps, j’analyse le texte. Quels sont le(s) héros, les adjuvants, les
opposants ? quelle est la quête ? quel est le temps utilisé ? à qui s’adresse le discours ? Ces
éléments constitueront la colonne vertébrale de mon adaptation. Il est important que l’histoire soit
claire. Comprendre la place de chaque élément me permet de pouvoir jongler avec et de
déstructurer la forme si besoin est.
Ce qui se lit n’est pas ce qui se dit ! Pour susciter l’imagination, l’auteur donne toute une série
d’indices. Pour cela il utilise l’écriture. Au théâtre, l’écriture a la possibilité de se diviser en une série
d’outils scéniques. Lorsque j’adapte le texte, mon travail consiste à choisir ce qui sera dit par les
personnages, ce qui sera représenté par le décor, les costumes, le son, la lumière et évidemment le
jeu des comédiens – derrière chaque intention de jeu se cache parfois un monologue entier du
roman !
Dans cette transposition, plusieurs questions apparaissent.
D’abord, il y a la place que Dostoïevski accorde à son lecteur. Je dis « à son lecteur » car
Dostoïevski, lorsqu’il s’adresse à lui, ne parle qu’à une seule personne. Il instaure une relation
privilégiée avec chaque lecteur. Or au théâtre, le comédien parle à un public. Cela inclue un groupe.
Je dis « lorsqu’il s’adresse à lui », car il est des moments où Dostoïevski oublie le lecteur. Comment
!
14!
alors proposer aux spectateurs un rapport qu’on appellera « direct » et pouvoir dans l’instant
changer de code et bâtir un « quatrième mur5» ?
Ensuite, la structure du roman propose une superposition d’espace-temps qui finissent par se
mêler. Notre héros raconte l’histoire d’une rencontre. D’une part nous avons l’espace-temps du
héros au moment où celui-ci raconte et l’espace-temps de la rencontre en elle-même. Comment
arranger la structure du récit pour être le plus clair possible pour le spectateur tout en permettant
les imbrications d’un espace-temps dans l’autre.
Enfin, et c’est sans doute l’aspect le plus compliqué à transposer, dans son roman, Dostoïevski nous
fait le portrait d’un rêveur. Par mille et un détails, l’auteur nous dépeint le pouvoir de l’imagination
du héros. Et d’une certaine manière le lecteur comprend le rêveur. Je m’explique. La lecture en ellemême fait appel à l’imagination pour rendre concret des personnages, des lieux, des intentions.
Lorsqu’il lit, le lecteur « met en scène » dans sa tête tout un univers. Comme le rêveur de notre récit,
il s’invente, sur base de ce qu’il lit, des histoires. Comme je l’ai indiqué plus haut : au théâtre,
l’écriture a la possibilité de se diviser en une série d’outils scéniques. Mais cette variété n’est pas
forcément positive. Car ces outils sont autant d’éléments qui risquent de trop concrétiser l’histoire.
Et si l’histoire devient trop évidente, le spectateur risque de ne pas utiliser le meilleur des outils :
son imagination. Pour que le spectacle prenne tout son sens, il faut que le spectateur comprenne le
rêveur, c’est-à-dire qu’il doit passer par là où notre héros passe. Lorsque j’adapte le texte, je dois
donc veiller à ne pas trop en dire pour que le spectateur, comme le lecteur, s’invente lui-même
l’histoire grâce à son imagination.
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5
Dans « la Formation de l’Acteur », Stanislavski (homme de théâtre russe de la fin du 19ième siècle) propose
aux comédiens de jouer comme si il y avait, entre eux et le public, un mur. Autrement dit de faire « comme
si les spectateurs n’étaient pas là » tout en ayant conscience de leur présence…
!
15!
DU TEXTE A LA SCÈNE
Par Olivier Lenel (adaptateur & metteur en scène)
Le passage du roman à la représentation théâtrale est une longue adaptation. Après avoir établi ce
que l’on pourrait appeler un « texte scénique », nous travaillons à créer un acte théâtral, un art
vivant et non plus écrit.
Pour résoudre sur le plateau les problématiques posées plus haut, nous utilisons une mise en
abîme. Le récit de la rencontre entre le rêveur et Nastenka est au centre de l’histoire que nous
racontons. Mais pour mettre en lumière le fait que cette histoire est issue d’un souvenir – ce qui
implique qu’elle est réimaginée, donc réinventée par le rêveur – nous avons besoin de placer ce
rêveur dans un autre espace-temps que celui du souvenir. Pratiquement, lorsque le spectacle
commence, le rêveur se trouve, comme les spectateurs, dans une salle de théâtre. Il n’y a pas
d’illusion. Sur ce plateau de théâtre va se dérouler une histoire qui se situera à Saint-Pétersbourg au
milieu du dix-neuvième siècle mais pour le moment, nous sommes à Bruxelles, au vingt-et-unième
siècle. De même, le public est présent aux yeux du personnage. Il existe. Il peut même y avoir une
interaction.
Très vite pourtant, l’imagination du rêveur se met en branle. Le voilà projeté dans un autre espacetemps. Il nous importe beaucoup que les spectateurs créent eux-mêmes le décor dans lequel se
situe le personnage. C’est pour cette raison que nous ne construisons pas sur le plateau une fausse
ruelle de Saint-Petersbourg. Au contraire nous suscitons l’imagination du spectateur par l’évocation.
Il se crée lui-même les images.
Le personnage de Nastenka constitue le fantasme du rêveur. Pour que le spectateur se projette dans
cette histoire comme notre héros, il faut qu’il puisse lui aussi imaginer « sa » Nastenka. C’est
pourquoi, au début du spectacle, nous avons décidé de représenter les personnages évoqués dans
le souvenir par des bustes de couture. Les comédiens manipulent ces mannequins pour leur donner
vie. Cette technique peut s’apparenter à un travail entre théâtre d’objet et marionnette. En
manipulant un objet manufacturé, le comédien évoque la Vie. Mais c’est réellement l’imagination
du spectateur qui donne vie à l’objet. Sans l’imagination, il reste un objet manipulé par un
comédien et non un personnage à part entière. En fait, le spectateur complète lui-même les
éléments manquants. À ce buste sans tête, il lui imagine un visage. Grâce à la manipulation d’un
!
16!
simple chapeau, il lui donne un regard, d’un mouvement de bras du comédien, il donne une
intention de jeu au personnage.
La mise en scène des « Nuits Blanches » consiste donc en un aller-retour constant entre un
personnage qui raconte son histoire dans un lieu concret – le théâtre – et le développement de son
histoire, sa rencontre avec Nastenka, qui prend vie grâce à l’imagination du spectateur.
!
17!
L’ÉQUIPE
RESTE POLI PRODUCTIONS
La compagnie Reste Poli Productions est née à l’occasion de la création du
spectacle « Du Pain Plein les Poches… » de Matéi Visniec, monté par trois
comédiens, sorti de l’IAD en 2008, Felix Ulrich, Simon Hommé et Olivier
Lenel. Ce premier projet fut créé avec la complicité de Christian Labeau à
la Samaritaine en juin 2009, puis repris la saison suivante au même
endroit et à Mouscron.
Suite à cette expérience, Simon, Felix (remplacé plus tard par Vincent Huertas) et Olivier ont ensuite
enchainé les spectacles en sortant une nouvelle création tous les deux ans. Olivier s’est chargé de la
mise en scène des productions suivantes.
« Je voudrais pas crever » d’après deux nouvelles de Boris Vian fut
créé au Centre Culturel Bruegel en avril 2011 puis repris au
Théâtre de la Vie en janvier 2013. La première partie du spectacle,
très légère, a également tourné dans divers festivals de théâtre et
de théâtre de rue.
Reste Poli Productions présente
En mars 2013, suite à une atelier de travail mis en place l’année
LES NUITS BLANCHES
D’après le roman de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Traduction Katia Vandenborre
précédente, « Les nuits blanches » d’après Dostoïevski a été présenté
au Théâtre de la Vie. Ce spectacle sera d’ailleurs repris au Centre
Culturel des Riches-Claires et à l’Eden de Charleroi en février 2016.
En mai 2015, le RPP a créé son premier
En coproduction avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles)
spectacle pour enfants « Hervé et le crocodile cosmique » au
Festival Cocq’Arts. Il s’agit d’une création originale. Le projet
continuera à évoluer au cours de la saison prochaine pour être
présenté aux sélections du Festival de Huy 2017.
!
18!
DÉMARCHE DU METTEUR EN SCÈNE : OLIVIER LENEL
« Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que
les masses ont tort, et les individus toujours raison. Mais ce n’est pas une raison pour en
déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour
qu’on les suive. »
Boris Vian - L’écume des jours
La genèse d’un projet est souvent liée à la rencontre d’un texte et, de préférence, un texte qui
m’apportera de nouveaux défis. En regardant en arrière, il semble qu’une certaine cohérence se
dégage des différents spectacles.
Voici quatre caractéristiques qui définissent mon travail à l’heure actuelle : un théâtre
qui se veut un moment particulier pour le spectateur, un rapport direct avec le public,
une recherche sur l’émancipation de l’individu par l’acceptation de ses propres
contradictions et une volonté de pousser le drame vers son penchant pathétique,
comique.
Je veille toujours à ce que l’univers du spectacle préexiste à la représentation. Le choix des
musiques dans le bar est important pour moi, de même que la décoration du hall d’accueil.
En privilégiant une adresse directe aux spectateurs, j’essaye toujours de présenter
des personnages « [ayant] retrouvé une taille humaine absolument naturelle6». J’aime
l’idée que le spectateur se sente individuellement concerné par ce que l’acteur lui raconte. Je
cherche toujours à créer un véritable rapport d’intimité, comme si un ami lui chuchotait sa vie à
l’oreille.
L’adresse directe aux spectateurs, la volonté des personnages de se raconter me permet de mettre
en avant le sujet qui sous-tend tous les projets que je monte : la place que l’individu
veut/peut/droit prendre dans le système monde.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
6
BARTHES (Roland), Ecrits sur le théâtre, Ed. Du Seuil (coll. Points), 2002, Paris, p.28.
!
19!
Nous sommes dans une société qui refuse la contradiction. Accepter que l’autre a raison (ce qui ne
veut pas dire que l’on a soi-même tort) est, à notre époque, considéré comme un échec. Parfois
même, comprendre l’autre est déjà un aveu de faiblesse… Tant Vian que Dostoïevski nous
apprennent que l’individu a toujours raison dès le moment où il accepte qu’il peut tout aussi bien
avoir tort. Ce qui compte, c’est la recherche de Vérité à travers la confrontation d’idées, la
contradiction.
Dostoïevski nous dit que le discours contradictoire ne doit pas être vu comme une parole
incohérente où plusieurs vérités inconciliables s’opposent. Au contraire, la
contradiction nous permet de mettre, sur un même pied, une multiplicité de points de
vue. Cette vue panoramique est une condition essentielle à la recherche d’une Vérité, s’il est besoin
d’en trouver une.
Sur le plateau, je veille à proposer des personnages que rien ne peut définir. Un personnage qu’il
est possible de mettre dans une case est un personnage sans le moindre intérêt.
En poussant le drame jusqu’à son potentiel comique, j’essaye toujours de faire rire le spectateur
malgré lui. L’humour est un outil incroyable de réflexion. J’aime que le spectateur se
demande pourquoi il rit. Les thématiques de mes projets ne sont pas souvent drôles mais les
personnages le sont car ils portent un regard distancié sur leur situation. Plus le spectateur rit,
plus il conscientise le dramatique de la situation.
!
20!
LES CV’S
Olivier Lenel est comédien et metteur en scène. En 2008, il sort de l’IAD
diplômé en interprétation dramatique. Il travaille avec Sylvie de Braekeleer
dans Chatroom, avec Christiane Girten dans E.T.B. avec Didier Poiteaux
dans Un cratère à Cordes. Avec deux de ses anciens camarades de classe,
Olivier crée la compagnie Reste Poli Productions (RPP) et joue dans Du pain
plein les poches en juin 2009 au café-théâtre de la Samaritaine à Bruxelles.
En avril 2011, le second projet du RPP voit le jour. Il s’agit de Je voudrais pas
crever d’après Boris Vian. Olivier signe l’adaptation et la mise en scène. Il en va de
même pour Les nuits blanches d’après Dostoïevski, créé au Théâtre de la Vie en mars 2013. En mars
2015, il crée, en compagnie de Marie du Bled, Valentine Lapière et Simon Hommé un premier
spectacle pour enfants : Hervé et le crocodile cosmique. Olivier joue également dans le premier
court-métrage de Sophie Maillard La chambre et il est membre de la Ligue d’Impro.
Marie du Bled est une comédienne diplômée de l’Institut des Arts de
Diffusion (IAD) section théâtre et agrégée de l’enseignement secondaire
supérieur du même institut. Depuis ses premières années d’étude, elle
participe à des projets de théâtre et de cinéma. Elle joue dans plusieurs
longs et courts-métrages dont Ultranova de Bouli Lanners et Les oeufs
brouillés de Iao Lethem, pour lequel elle obtient le prix d'interprétation
Media 10-10. Elle participe à plusieurs projets théâtraux du RPP et
notamment à la création de Je voudrais pas crever et Les nuits blanches. Au fil des
années, elle joue et collabore avec différents metteurs en scène, notamment dans Le Magasin des
Suicides adapté et mis en scène par Emmanuel Guillaume, dans L'écume des jours mis en scène par
Emmanuel Dekoninck et dans Le Brasier mis en scène par Georges Lini. En mai 2015, elle participe
à la création de Hervé et le crocodile cosmique, un spectacle de théâtre de marionnettes pour
enfants. Elle prête également sa voix à de nombreux personnages de films et de dessins animés et
fait partie de la Ligue d'Impro (LIB).
!
21!
Après une enfance à Rome, Vincent Huertas arrive en Belgique début des
années 2000. Diplômé de l’IAD, il débute sur les planches avec L’Infini
théâtre, en jouant Pantalon dans "La Princesse Turandot" mis en scène par
Dominique Serron, avec qui nait une collaboration sur différentes
productions. "No Body Else", "L’Auberge du cheval blanc", "Les Mille et une
nuits", "Le Cid", "Carmen", "Ubu Roi"... Attiré par les différentes formes
théâtrales, parmi lesquelles le théâtre de rue, le théâtre jeune public ainsi que
par l’esprit de troupe, il travaille au sein de différentes compagnies. Depuis 2010 avec la
Compagnie des Bonimenteurs puis le Théâtre des Zygomars : "Les Oies sauvages", mis en scène par
Julie Annen. L'été 2014, il fait partie de l'aventure de "Pinocchio", mis en scène par Stephen Shank,
dans le cadre magique de l'abbaye de Villers-la-Ville. Il participe à différents court métrages ou films
de fin d’études : Ragazzo Rosso, The Boredom….. de Marco Zagaglia. Et évidemment avec Reste
Poli Productions (RPP), compagnie formée par ses camarades de classe de l'IAD: "Les nuits
blanches"...
Simon Hommé a toujours été attiré par le monde du spectacle. Les heures
passées à l'académie, les comédiens et festivals de rue, la jonglerie, le
monocycle, « L'humour libre » (La Samaritaine, 2002) l'amèneront à se
présenter à l'Institut des Arts de Diffusion en 2004. Son attrait pour
l'engagement physique le pousse à danser avec Sandra Vincent, l'exile six
mois en Chine dans une école de kung-fu shaolin, le pousse à courir sur les
pentes herbeuses sous un parapente ou à parcourir la côte belge en char-àcerf-volant. Il a depuis 2009 joué dans diverses productions théâtrales; Du pain plein les poches, Les
nuits blanches (Reste Poli Productions), HLM, Nightshop, La comédie du paradoxe (La Virgule,
Tourcoing, Fr.), Le gardien de phare (Collectif Théâtre), La chasse aux bêtises, Le laboratoire
d'analyses oniriques (Art Nomades), Tristan et Iseult, Pinocchio, Le producteur de bonheur (Les
Baladins du miroir), Otto pour le festival Ottokar(Roulabi productions),...
!
22!
Mikaël Sladden est un acteur belge né à Bruxelles. Il a grandi en Algérie
et dans le Golfe persique. Sorti de l'IAD en 2007, il craque pour l'absurde et
l'humour noir d'auteurs tels que Boris Vian, Hervé Blutsch et Agota
Christof.
Il tourne actuellement en jeune public et anime des ateliers avec les 'Petits
Contes Africains faits avec trois fois rien' en Belgique, en France et au
Burkina-Fasso. Mikaël est également chanteur
Katia Vandenborre est née Bruxelles en 1985. Entre 2003 et 2007,
elle étudie les langues et littératures slaves à l’ULB, se spécialisant en
russe et en polonais. Des séjours en Russie et en Pologne lui donnent
envie de continuer sur cette voie. En 2007-2008, elle fait une
spécialisation d’un an à la Faculté de Lettres Polonaises de l’Université
de Varsovie et entreprend l’année suivante une thèse de doctorat sur « Le
conte dans la littérature polonaise du 20e siècle », qu’elle soutient avec
succès en mars 2012. À côté de ses recherches sur le conte littéraire, elle donne de nombreuses
conférences à l’étranger, publie des articles scientifiques dans des revues internationales, écrit des
articles journalistiques, travaille activement dans la rédaction de Slavica Bruxellensia et traduit des
textes scientifiques, philosophiques et littéraires (du russe et du polonais vers le français). Après un
séjour d’un an à la New York University en tant boursière BAEF (2014-2015), Katia Vandenborre a
repris ses activités de chargée de recherche FNRS et travaille actuellement à ce titre à la Faculté de
Lettres, Traduction et Communication de l’ULB.
!
23!
PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS AVANT LA
REPRÉSENTATION
Cours de français
• Qui est Dostoïevski ?
• Analyse du roman « Les nuits blanches »
o Quelles sont les quêtes des deux personnages principaux ?
o En quoi ces deux quêtes distinctes se retrouvent, s’opposent ?
o Pourquoi Dostoïevski écrit-il ce roman à la première personne ? Quelle est la place du
lecteur dans cette histoire ?
o Quels sont les différents espace-temps du roman ? À quel moment le personnage du
rêveur se retrouve-t-il dans une position de narrateur, à quel moment se retrouve-t-il
dans une position d’acteur ? Est-ce que ces espace-temps sont toujours clairement
définis ou Dostoïevski brouille-t-il les pistes ? Comment ?
• Dans le cadre d’une représentation théâtrale de ce texte, quels sont les éléments qui
apparaissent clairement dans le roman ? Quels sont les éléments que le metteur en scène devra
imaginer ?
• Comment se développe une Idée dans les monologues ? dans les dialogues ?
Cours de morale/Cours de philosophie
• L’imagination, à quoi ça sert ?
• Peut-on vivre sans imagination ? Se projeter dans le futur, n’est-ce pas déjà de l’imagination ?
Peut-on vivre sans se projeter dans le futur ?
• Existe-t-il des limites à l’imagination ?
• Quel est le rapport entre la vie telle que l’on se l’imagine et telle qu’on la vit réellement ?
• En quoi l’imagination peut-elle être un formidable moteur pour son épanouissement
personnel ? En quoi peut-elle être un frein ?
• L’imagination aide-t-elle à mieux comprendre les autres ?
• Quels sont les rapports entre l’imagination et l’empathie ?
• Ca veut dire quoi : se mettre à la place de l’autre ? Est-ce un processus lié à l’imagination ?
• Qu’est-ce qu’un discours dialogique ?
• Quelle est la différence entre « entendre » l’autre, « comprendre » l’autre, « être d’accord » avec
l’autre ? Peut-on comprendre quelqu’un sans pour autant être d’accord avec lui ?
!
24!
PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS APRÈS LA
REPRÉSENTATION
L’AUTRE DANS LA RELATION AMOUREUSE
Cours de français/Cours de morale/Cours de philosophie
•
Que représente Nastenka pour le rêveur ? Est-elle le pur produit de son imagination ou l’a-t-il
réellement rencontrée ? Quelle réponse apporte, selon vous, la mise en scène à cette question ?
•
Que signifie, selon vous, la présence du régisseur sur le plateau ? et celle du pianiste ?
•
Dans quel état le rêveur ressort-il de toute cette histoire ? et Nastenka ?
•
Qu’apporte éventuellement Nastenka au rêveur ? et le rêveur à Nastenka ?
•
Pourriez-vous imaginer une suite à la vie du rêveur après cet événement ?
•
Pourriez-vous trouver des exemples actuels qui correspondraient à la vie que mène le rêveur
avant de rencontrer Nastenka ?
o Une piste de réflexion intéressante est le parallèle avec le phénomène des
jeux videos et des avatars virtuels qui permettent de se créer une nouvelle vie
totalement imaginée. Avec le danger que cela représente de se couper complètement
du monde réel…
•
Assistons-nous à un début d’histoire d’amour ? Que manque-t-il à cette rencontre pour qu’elle
connaisse une issue plus heureuse ?
o C’est quoi, au fond, une histoire d’amour ?
o Que représente l’Autre dans une relation ? amoureuse ou non ?
o À quelle moment dans le spectacle, l’Autre (Nastenka) est-il un faire-valoir pour le
rêveur ? À quelle moment, l’Autre (Nastenka) devient une personne à part entière ?
!
25!
LES RENCONTRES
LA RENCONTRE AVANT LA REPRÉSENTATION / L’ATELIER
Nous proposons aux professeurs qui le souhaitent de rencontrer les élèves en amont du spectacle.
Outre une discussion avec les adolescents sur les thématiques abordées plus haut (et qui pourront
faire l’objet d’un travail préalable avec les professeurs), la compagnie souhaite amorcer avec les
élèves une réflexion sur le pouvoir de l’imagination et l’importance de lire de la fiction.
Le projet « Les nuits blanches » participe à une volonté plus ambitieuse et plus large de (re)donner
le gout de la lecture de fiction aux spectateurs, et notamment adolescents. Car la lecture - de
romans, de nouvelles, mais aussi de bande-dessinées, de mangas,… - est un formidable outil pour
exercer son imagination. Et la représentation théâtrale est une belle porte d’entrée pour
(ré)apprendre cet acte d’imagination, si essentiel à la construction de soi.
Pour pouvoir apprécier un livre, il faut être capable de le « mettre en scène » dans sa tête. Ce n’est
que lorsque l’on parvient à imaginer les décors, les costumes, les mouvements des personnages,
leur manière de parler, leurs intentions, que la scène lue prend réellement vie et qu’elle devient
vectrice d’émotion, puis d’analyse et de compréhension.
Afin d’éveiller ce désir de « mettre en scène dans sa tête » nous souhaitons proposer aux élèves un
atelier en quatre étape : l’analyse d’un extrait de texte, l’adaptation de cet extrait en scène de
théâtre, voire en scène filmée (avec le professeur), la présentation de leur adaptation - en lecture, en
jeu,… - devant un membre de l’équipe et une réflexion sur les variantes proposées par les groupes
d’élèves et enfin, la représentation théâtrale proprement dite.
Nous proposons de nous concentrer sur deux extraits de texte : « La première rencontre » et
« L’histoire de Nastenka ».
« La première rencontre » est une scène d’action et est exclusivement relatée par le rêveur. Cette
scène ne demande pas une analyse très poussée mais elle permet à l’élève d’imaginer les premiers
mots échangés, les regards, la posture des protagonistes. Il peut aussi imaginer comment utiliser le
!
26!
plateau de théâtre pour figurer une scène tout en mouvement. En ce qui nous concerne, nous avons
imaginé cette scène représentée par des bustes de coutures habillés. Les comédiens manipulent un
chapeau pour figurer la tête et prêtent leur second bras à la figure ainsi animée. Lors de la rencontre
avec un membre de l’équipe, il est tout a fait envisageable de travailler avec les élèves sur cette
« manipulation » d’objet pour relater la scène racontée.
L’histoire de Nastenka est un monologue
du
personnage
de
Nastenka
avec
quelques interventions du rêveur. Cet
extrait constitue une histoire dans
l’histoire qui se déroule sur deux niveaux :
le présent de la narration et le passé du
souvenir relaté. Ici, le travail d’analyse est
plus important. Il sera utile de bien
différencier
dégager
les
les
deux
faits
espace-temps,
importants,
les
motivations des différents personnages,
leurs attentes, les non-dits, … Au moment
de l’adaptation, il sera possible d’en faire
un véritable monologue ou de s’amuser à
transformer ce monologue en dialogue. Il
est même imaginable de rejouer les
scènes relatées. Il sera intéressant
d’évoquer les différentes pistes à l’élève et
d’en trouver de nouvelles. Plus la variété
des adaptations sera élargie plus la
rencontre avec l’équipe sera riche…
À l’issue de la représentation, nous espérons pouvoir discuter une dernière fois avec les élèves à
l’occasion du bord plateau afin de connaître leur ressenti sur leur expérience de l’adaptation
théâtrale, de la mise en scène et du spectacle à proprement parler.
!
27!
LE BORD-PLATEAU APRÈS LA REPRÉSENTATION
Après les représentations, des rencontres seront organisées dans la salle avec l’équipe du spectacle.
Ces rencontres seront l’occasion pour les spectateurs de faire part de leur ressenti, de poser des
questions liées au spectacle. Katia Vandenborre, traductrice du spectacle, et Julien Lemonnier,
compositeur des musiques, seront invités à venir participer à l’une ou l’autre de ces rencontres.
Les pistes de réflexions proposées plus haut peuvent servir de base à une discussion en aval de la
représentation. Si le professeur le souhaite, il est également possible d’organiser ces rencontres
dans les classes à l’issue des représentations, en fonction des disponilibités du metteur en scène
et/ou des comédiens.
LE STAGE
Outre ces deux possibilités de rencontres, l’atelier et/ou le bord-plateau, Olivier Lenel, le metteur en
scène organisera un atelier pour adolescent durant une semaine au Centre Culturel des RichesClaires (du 8 au 12 février 2016). Le travail proposé s’inscrira dans la lignée de celui de l’atelier.
!
28!
LA PRESSE
LA LIBRE Belgique
Un rêveur au pluriel
Marie Baudet (La Libre Belgique ) Publié le vendredi 22 mars 2013 à 04h15 - Mis à jour le vendredi
22 mars 2013 à 04h15
Traduction sur mesure et interprétation mouvante.
C’est une expérience singulière qu’héberge en ce moment le Théâtre de la Vie (dont Peggy Thomas
a pris la direction depuis janvier), avec "Les Nuits blanches" par la jeune compagnie Reste Poli
Productions. La nouvelle homonyme de Dostoïevski, sous-titrée "Roman sentimental (souvenir d’un
rêveur)", a donné lieu pour le spectacle à une traduction neuve, par Katia Vandenborre, et une
adaptation d’Olivier Lenel, le jeune metteur en scène, sur mesure pour l’équipe : sept comédiennes
et comédiens. Pour deux rôles.
Une jeune fille, Nastenka, perdue dans ses pensées et dans ses larmes, seule sur un pont de la
Neva. Un jeune homme qui vit sa vie à travers le filtre de son imagination. Et qui, débarrassant la
jeune fille d’un importun, fait sa connaissance. Ils se côtoieront au fil de quatre nuits, se livreront,
par bribes ou par pans entiers.
Elle lui confiera sa jeunesse d’orpheline épinglée aux jupes de sa grand-mère aveugle. Sa rencontre
du locataire, bel étudiant. Le serment et l’attente, une longue année, qu’il revienne. Il lui contera sa
vie rêvée, sa solitude, son sentiment de vaine existence. "Savez-vous, Nastenka, que je suis contraint
de célébrer l’anniversaire de mes émotions ?" Elle l’adopte pour confident. Il tombe vite amoureux
d’elle. Le bel étudiant tiendra-t-il sa promesse ?réapparaîtra-t-il ?
Sur le petit plateau du Théâtre de la Vie, devant les briques nues, ce sont d’abord deux mannequins
qui se parlent. Ils s’incarneront ensuite. Marie du Bled et Nicolas d’Oultremont leur donnent corps
et voix, avec pour elle une version drôle et très touchante de l’adolescence, de sa fougue, de ses
doutes. Et pour lui une retenue qui soudain s’emplit d’emphase, un spleen qui entrerait en
compétition avec les élans du cœur. De part et d’autre de belles compositions, généreuses et
sensibles. Or ici l’alternance prévaut et ces deux beaux rôles pourront aussi bien être tenus par
Barbara Vandievel, Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikaël Sladden. Chaque soir une nouvelle
distribution.
Quant à la mise en scène, Olivier Lenel la porte avec sobriété, non sans aspérités. L’humour
serpente là où pourtant rôde la tristesse, dans la rudesse d’une relation qui pourrait n’être qu’un
rêve et cependant condense tout le réel."Une minute entière de béatitude : se pourrait-il que ce soit
trop peu pour toute une vie d’homme ?" Ce vertige n’appartient pas qu’au rêveur.
!
29!
LES FEUX DE LA RAMPE
(Blog théâtral de Roger SImons)
LES NUITS BLANCHES
En création en langue française
THEATRE DE LA VIE
Une adaptation théâtrale du roman éponyme de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski.
MISE EN SCENE : OLIVIER LENEL
Généralement quand on parle de ce grand écrivain russe du 19e siècle, on le trouve ennuyeux et
cependant, non seulement
ses romans mais ses pièces de théâtre également , ont fait le tour du monde.
« Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (Dostoïevski)
Jusqu’où peut nous amener notre imagination ? Est-ce une manière d’interroger le moment
présent ? De le réinventer ? De l’améliorer ? Ou bien est-elle une fuite ? Un refus de s’engager dans
« le tourbillon de la vie » ?
« On s’est connus, on s’est reconnus
« On s’est perdus de vue, on s’est r’perdus de vue
« On s’est retrouvés, on s’est séparés
« Dans le tourbillon de la vie »
(Jeanne Moreau)
LES NUITS BLANCHES
Dans cette nouvelle d’une cinquantaine de pages, l’auteur imagine deux jeunes gens :
Lui, 26 ans, solitaire
Elle, 17 ans, orpheline
Tous deux se rencontrent sur un pont de Saint Pétersbourg. Une nuit. Une nuit blanche !
C’est l’histoire pathétique d’un rêveur qui rencontre peut-être l’amour de sa vie.
!
30!
C’est l’histoire drôle et tragique d’une petite jeune fille qui n’est peut-être que le fruit de
l’imagination d’un rêveur.
C’est l’histoire antiromantique d’un amour entravé et/ou sublimé par les méandres de
l’imagination.
En fait, cette petite jeune fille attend quelqu’un sur ce pont. Elle attend un homme - ancien
locataire de sa grand-mère - parti un an auparavant à Moscou. Se connaissant à peine, ils se sont
promis de se marier.
Elle rêve Nastenka ! Elle rêve de cet homme éloigné. Mais que va donner cette rencontre inattendue
en cette nuit blanche avec ce jeune homme ?
Ils se découvrent tous deux, ils apprennent à se connaître. Et pendant quatre nuits consécutives, ils
se retrouveront sur ce pont.
Elle est amoureuse de l’homme qui vit loin.
Lui est amoureux de cette petite jeune fille.
Il va lui avouer son amour
Il a l’envie de lui faire l’amour
Elle va lui interdire de l’aimer...
Doucement, lentement, timidement, une complicité s’installe entre eux...
« Rêver un impossible rêve
« Brûler d’une possible fièvre
« Aimer jusqu’à la déchirure
« Aimer ... »
(Jacques Brel)
Une belle histoire d’amour ? Une histoire d’amour qui va finir mal ? Une histoire d’amour qui va les
bouleverser tous les deux ?
Olivier Lenel (metteur en scène ) : C’est peut-être une histoire d’amour imaginaire ?
C’est la rencontre d’un rêveur et d’une jolie jeune fille.
Oui, c’est une histoire d’amour...avortée.
C’est drôle comme l’humour du désespoir, et poétique !
!
31!
C’est une réflexion sur l’imagination.
Est-elle une manière d’interroger le moment présent ? De le réinventer ?
Nous, spectateurs, nous regardons, nous écoutons religieusement, nous suivons avec passion cette
histoire, nous l’imaginons !
Cela devient un jeu finalement !
C’est un spectacle, un beau spectacle qui s’emmêle entre le rêve et la réalité !
Olivier Lenel (metteur en scène ) : C’est aussi et avant tout un regard sur l’acte théâtral, cette
machine à susciter l’imagination.
LES NUITS BLANCHES
DOSTOIEVSKI/KATIA VANDENBORRE/OLIVIER LENEL
Un projet de « Reste Poli Productions ».
Un projet de groupe a six comédiens.
C’est ce groupe RPP qui avait réalisé le spectacle :« Je voudrais pas crever » de Boris Vian.
Souvenez-vous, je vous ai présenté ce spectacle , que j’avais du reste beaucoup aimé, tout d’abord
pour l’idée , ensuite pour l’interprétation.
Ce projet affirme sa volonté de proposer une rencontre avec de grands auteurs de la littérature à un
public le plus large possible.
A un public qui aime le Théâtre !
Et je ne puis que les féliciter car ce deuxième spectacle est une réussite.
Une réussite sur le plan du choix de l’œuvre, portée à la scène.
Une réussite sur le plan de la traduction du texte, faite dans une écriture très lisible et simple à la
fois, dans une langue parlante.
Une réussite sur le plan de la scénographie, simple elle aussi mais évidente.
Une réussite sur le plan de l’interprétation : Marie du Bled est étonnante et émouvante dans le
personnage de Nastenka qu’elle joue avec une intensité dramatique qui nous émeut.
Quatre comédiens interprètent – en alternance - le rôle du rêveur, ils le font avec sobriété.
Ils se nomment : Simon Hommé , Vincent Huertas, Nicolas d’Oultremont , Mikaël Sladden.
Ces cinq comédiens/comédienne font preuve d’une présence scénique de belle qualité et d’un
talent naissant.
!
32!
Une réussite sur le plan musical avec au piano Julien Lemonnier qui nous berce avec cette douce
mélodie qu’il a composée avec Félix Ulric.
Une réussite sur le plan de la mise en scène d’Olivier Lenel , tellement humaine, d’une belle
finesse, avec des grains de poésie et qui traduit aussi bien le rêve ou la réalité d’une histoire contée
ou vécue.
J’ajouterai que la structure du Théâtre de la Vie convient parfaitement à ce genre de spectacle.
Il y a d’ailleurs un parfum intimiste dans ce lieu fréquenté par de nombreux jeunes qui veulent
s’associer à l’amour du Théâtre.
DU ROMAN AU THEATRE
Et ce monde fantastique, ce monde de conte, quand il se crée , c’est tellement facile , tellement
naturel.
Comme si, vraiment, tout cela n’était pas un fantôme !
Oui, je suis prêt à le croire, parfois - cette vie n’est pas une excitation des sens, un mirage, un leurre
de l’imagination , elle est vraiment réelle , oui, authentique, véritable.
Assistanat à la mise en scène : Valentine Lapière
Traduction : Katia Vandenborre
Costumes : Bertille Gibourdel.
Adaptation & mise en scène : Olivier Lenel
20h.Salle du Théâtre. Noir. Une musique pleine de poésie se fait entendre avec discrétion. Deux
spots se fixent sur deux mannequins qui prennent vie et qui deviennent – dans notre imaginaire la petite jeune fille et le jeune homme rêveur...
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POUR ALLER PLUS LOIN
FILMS et SÉRIES
Dostoïevski série russe en 7 épisodes diffusée sur ARTE (2011)
Les nuits blanches de Visconti (1957)
Two lovers de James Gray (2008) Librement adapté du roman « Les nuits blanches »
LIVRES
Parmi les œuvres courtes de Dostoïevski, on peut citer : Carnet du sous-sol, Le double, la
douce. L’idiot, roman plus conséquent, nous semble aussi très intéressant comme exemple
d’écriture polyphonique.
Analyse
La poétique de Dostoïevski de Mikhaïl Bakhtine (Points). Une magnifique analyse de l’écriture
de Dostoïevski.
Biographie
Dostoïevski de Dominique Arban (Seuil).
Dostoïevski, mémoires d’une vie de Anna Grigorievna Dostoïevskaïa (Mémoire du livre). Une
biographie émouvante écrite par la femme de l’auteur.
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INFORMATIONS PRATIQUES
PROCHAINES DATES
L’Eden (Charleroi)
Boulevard Jacques Bertrand, 1-3 - 6000 Charleroi
Réservations : +32 (0) 71 202 995
www.eden-charleroi.be
DU 19 AU 22 JANVIER 2016 à 20h
Les Riches-Claires (Bruxelles)
Rue des Riches-Claires, 24 - 1000 Bruxelles
Réservations : +32 (0) 2 548 25 80
www.lesrichesclaires.be
DU 2 AU 6 FÉVRIER 2016
DU 17 AU 27 FÉVRIER 2016
Centre Cutlruel Marius Staquet (Mouscron)
Place Charles de Gaulle - 7700 Mouscron
Réservations : +32 (0) 56 860 160
www.centrecultureldemouscron.be
LE 12 FÉVRIER 2016
NOUS CONTACTER
Olivier Lenel
+32 (0) 484 918 724
Avenue Ducpétiaux, 95 - 1060 Bruxelles (BELGIQUE)
[email protected]
www.restepoliproductions.be
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