Département fédéral de l'intérieur DFI
Office fédéral de la statistique OFS
Économie nationale
Terminologie de la productivité
Neuchâtel, septembre 2014
Le présent document définit la terminologie en vigueur au sein de l’Office fédéral de la statistique sur les
différentes mesures de la productivité.
1. Productivité
1.1 Qu’est-ce que la productivité?
Au sein d’une entreprise, l’activité de production implique l’utilisation combinée de facteurs tels que
les machines, les bâtiments, l’énergie ou la main-d’œuvre. Ces facteurs peuvent être regroupés en
différentes catégories. Pour les analyses de croissance, les regroupements principaux sont le travail
et le capital. Le rapport entre la valeur ajoutée brute et l’un de ces facteurs est appelé productivité
du facteur. Grâce à ce ratio, on peut mesurer l’efficience avec laquelle est utilisé un facteur de
production, ou une combinaison de facteurs de production (appelée dès lors productivité multifacto-
rielle).
1.2 Pourquoi est-il important de mesurer la productivité ?
L’augmentation de la productivité est un facteur important contribuant à la hausse du niveau de vie
d’un pays. La hausse des salaires est ainsi souvent liée aux gains de productivité. La capacité de
production de biens et de services de l’économie peut ainsi progresser au fil du temps sans que
cela nécessite une augmentation proportionnelle des ressources, par exemple du travail. Un tel résul-
tat est alors obtenu grâce à une production plus efficiente.
1.3 Quelle est la différence entre productivité du travail, productivité du capital et productivité multifacto-
rielle ?
La productivité du travail correspond à la valeur ajoutée réelle par heure effectivement travaillée. Au
niveau d’un pays, son évolution se définit comme la différence entre le taux d’évolution du produit
intérieur brut (PIB) et la variation de l’intrant en travail. La productivité du capital mesure la valeur
ajoutée réalisée par les services du capital. Sa croissance correspond à la différence entre l’évolution
du produit intérieur brut et la variation de l’intrant en capital. Il convient de relever que tant la pro-
ductivité du travail que la productivité du capital représentent des mesures partielles de la productivi-
té. On parle alors de productivité apparente. En effet, la productivité dépend de l'ensemble des fac-
teurs de production et de la façon dont ils sont combinés. Il est donc difficile d’isoler la source vé-
ritable de la productivité.
La productivité multifactorielle est une mesure plus exhaustive de l’efficience. Elle correspond à la
valeur ajoutée brute aux prix de l’année précédente par unité de facteurs combinés (capital, travail,
etc.). Cette mesure combine à la fois le travail et le capital et permet de prendre en considération
l’apport de ces deux facteurs de production à la croissance économique. Le taux d’évolution de la
productivité multifactorielle est dès lors défini comme la différence (ou résidu) entre l’évolution de la
valeur ajoutée brute et de la contribution des facteurs de production travail et capital.
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1.4 Quand et comment interpréter les différentes mesures de la productivité ?
Chaque mesure de productivité permet de répondre à des besoins analytiques bien précis. La pro-
ductivité horaire du travail convient le mieux à l'évaluation du niveau de vie d'un pays, car elle
s’apparente à la notion de revenu. En effet, on tend à considérer qu’une progression importante de
la productivité dans le temps permet, via des opérations de redistribution, un accroissement des re-
venus et du niveau de vie d’une nation. De ce fait, la productivité horaire du travail présente un
lien étroit avec la notion de produit intérieur brut et de revenu national brut par habitant.
La productivité du capital permet de déterminer l'efficience des investissements, à savoir leur aptitude
à générer de la valeur ajoutée. Il ne faut toutefois pas confondre productivité du capital et taux de
rendement du capital. Ce dernier reflète la capacité du stock de capital à générer un revenu, alors
que la productivité du capital mesure l’efficience de l’utilisation du capital dans le processus de pro-
duction.
La productivité multifactorielle permet de juger l'efficience de l’ensemble des facteurs entrant dans le
processus de production. Elle mesure l’incidence des différentes allocations possibles des facteurs de
production sur le processus de production.
1.5. Où peut-on trouver les résultats de la productivité du travail, de la productivité du capital et de la pro-
ductivité multifactorielle ?
Les résultats sont disponibles sur le portail statistique de l’Office fédéral de la statistique (domaine
4 -économie nationale), à l’adresse suivante :
http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/04/03.html
2. Productivité multifactorielle (PMF)
2.1 Que mesure la productivité multifactorielle ?
La productivité multifactorielle prend en compte tous les entrants incorporés dans le processus de
production. Elle mesure l’efficience avec laquelle les facteurs de production travail et capital sont uti-
lisés dans l’activité de production. Elle tient ainsi compte des changements d’allocations entre le tra-
vail et le capital au fils du temps via l’étude de l’intensité capitalistique. La croissance de la PMF
est mesurée comme un solde. En effet, elle correspond à la différence entre la croissance de
l’activité économique, mesurée par le PIB, mesuré aux prix de l’année précédente, et les contribu-
tions des facteurs de production travail et capital.
2.2 Quel est le degré de détail de l’information disponible sur la productivité multifactorielle à l’Office fédéral
de la statistique ?
Des informations sur la productivité multifactorielle sont disponibles pour l’ensemble de l’économie na-
tionale. Par contre, le degré de détail des données de base ne permet pas une désagrégation de
l’information par secteur économique, par branche d’activité économique ou par secteur institutionnel.
2.3 La productivité multifactorielle est-elle disponible en niveaux ?
L’information est disponible uniquement sous la forme d’indice. En effet, la méthode d’agrégation des
services tirés des différents actifs fixes repose par construction sur le calcul d’un indice.
2.4 La productivité multifactorielle constitue-t-elle une mesure du progrès technique ?
La productivité multifactorielle fournit des informations sur le profil temporel de l’efficience des facteurs
de production capital et travail ayant permis de générer de la valeur ajoutée. s lors, la PMF ne
reflète pas seulement les effets des évolutions techniques, mais également des économies d’échelle,
des changements dans la composition du facteur travail, et des problèmes de saisie statistique. Il est
donc important d’éviter d’associer trop étroitement la PMF et le progrès technique.
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2.5 Quels types d’analyse permet la productivité multifactorielle ?
La croissance de la productivité multifactorielle correspond à la différence entre le taux de croissance
du produit intérieur brut et le taux de croissance des intrants combinés travail et capital. Sur la ba-
se de cette définition, il est possible d’effectuer notamment les analyses suivantes :
1. Mesure de la contribution des facteurs de production et de la PMF à la croissance de l’activité
économique.
2. Mise en évidence du lien existant entre le taux d’évolution de la PMF et de la productivité du
travail.
3. Mesure du taux variation de l’intensité capitalistique (rapport entre le capital et le travail).
2.6 Quel lien existe-t-il entre le stock de capital non financier et la productivité multifactorielle ?
Le stock de capital non financier calculé par les Comptes nationaux fournit une base importante pour
le calcul de la productivité. Il ne peut toutefois pas être pris tel quel. En effet, pour mesurer la
contribution d’un actif fixe dans le processus de production, il faut tenir compte de la valeur des
services tirés de ce capital, et non de la valeur de l’actif fixe proprement dite. En d’autres termes,
il convient de déterminer un flux de services qui constituent l’apport effectif du stock de capital au
processus de production. Ce flux représente la mesure appropriée du facteur de production capital
pour l’analyse de la productivité.
3. Productivité du travail
3.1 Que mesure la productivité du travail ?
La productivité du travail est l'efficience avec laquelle les ressources humaines sont engagées dans
le processus de production. Cette efficience peut être estimée pour une économie totale ou pour un
sous-ensemble de celle-ci. La productivité du travail convient particulièrement bien pour évaluer le
niveau de vie d'un pays. En effet, elle s’apparente à la notion de revenu. On tend ainsi à consi-
dérer qu’une progression importante de la productivité dans le temps permet, via des opérations de
redistribution, un accroissement des revenus et du niveau de vie d’une nation. De ce fait, la pro-
ductivité horaire du travail présente un lien étroit avec la notion de PIB et de revenu national brut
(RNB) par habitant.
3.2 Quel est le deg de détail de l’information disponible à l’Office fédéral de la statistique sur la produc
tivité du travail ?
L’Office fédéral de la statistique publie des indices de la productivité du travail à la fois pour
l’économie nationale et pour un certain nombre de branches, regroupées dans le « Secteur mar-
chand». Ces indices sont disponibles à partir de 1991.
3.3 La productivité du travail est-elle disponible en niveau ?
Il est relativement aisé de calculer une série de la productivité du travail en niveau. On évite toute-
fois d’examiner la productivité du travail de cette manière. Ceci est étroitement lié à la manière se-
lon laquelle l’influence des prix est éliminée dans le PIB. En effet, la méthode actuelle de déflation,
dite du chaînage, a un impact majeur sur le niveau du PIB, empêchant toute interprétation de la
productivité du travail en niveau.
3.4 Quelles sont les mesures disponibles de l’intrant en travail ?
Le cadre de référence de la macroéconomie, à savoir le Système européen des comptes nationaux
et régionaux de 2010 (SEC 2010) édicté par l’Union européenne, prévoit quatre mesures alternati-
ves pour mesurer l’intrant en travail.
Nombre de personnes actives occupées
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Les personnes occupées comprennent tous les individus, aussi bien les salariés que les travailleurs
indépendants, qui exercent une activité entrant dans le processus de production. Le concept de per-
sonnes actives occupées permet d'analyser la situation d'un groupe de personnes sur le marcdu
travail. Par contre, il n'est pas approprié pour une analyse de la productivité. En effet, un individu
ayant plusieurs emplois sera compté une seule fois à partir de son activité principale. De plus, il ne
rend pas compte de l'évolution du temps de travail effectif et attribue à un emploi à temps partiel le
même poids qu'à un emploi à plein temps.
Nombre d'emplois
Par emploi il faut entendre toutes les activités exercées dans le cadre du processus de production.
Ce concept est préférable à celui de personnes occupées, mais il n'est pas pour autant la meilleure
mesure du volume de travail. En effet, le traitement du travail à temps partiel pose également pro-
blème.
Nombre d'heures effectivement travaillées
Le total des heures travaillées représente la somme des heures effectivement ouvrées par les sala-
riés et les travailleurs indépendants au cours d'une période comptable dans le cadre des activités de
production. Le nombre d'heures effectivement travaillées est reconnu comme étant la mesure la plus
appropriée pour le calcul de la productivité par les divers manuels de référence des Comptes natio-
naux.
Nombre d'emplois en équivalent plein temps
Il s'agit d'une mesure intermédiaire entre le nombre d'emplois et le nombre d'heures effectivement
travaillées. L'emploi en équivalent plein temps (ou emploi en EPT) se définit comme le nombre to-
tal d'heures travaillées divisé par la moyenne annuelle des heures travaillées dans des emplois à
plein temps sur le territoire économique. L'emploi en EPT est une mesure satisfaisante pour calculer
la productivité du travail. Il ne peut toutefois pas toujours rendre compte de l'évolution de la durée
effective du travail.
Les deux mesures de l’intrant en travail retenues en Suisse pour la mesure de la productivité du
travail sont :
- Les emplois en équivalent plein temps, mesuré soit auprès des entreprises soit auprès des ména-
ges.
- Les heures effectivement travaillées.
3.5 Quelle mesure de l’intrant de travail faut-il utiliser ?
Le recours à l’une ou l’autre des mesures (heures effectivement travaillées ou emplois en équivalent
plein temps) dépend habituellement de l’objectif de l’analyse.
D’une manière nérale, les organisations internationales, et notamment l’Organisation de coopération
et de développement économique (OCDE) recommandent d’utiliser les heures effectivement travaillées
pour calculer la productivité. En effet, cette mesure tient compte de l’effet des heures d’absences,
des vacances ou des congés maladie. Elle constitue la seule véritable mesure du « volume » de
travail. Cet intrant de travail reflète très bien la marche des affaires des entreprises.
L’alternative, à savoir les emplois en équivalence plein temps, est une mesure moins précise de
l’input de travail. En effet, elle recourt à des conventions pour convertir les emplois à temps partiels
en postes à plein temps, et peine à saisir toutes les formes souples d’aménagement du temps de
travail. Cette mesure est toutefois largement utilisée au niveau international, car de nombreux pays
n’ont pas de statistique du volume de travail.
3.6 Quand doit-on utiliser les heures effectivement travaillées ou les emplois en équivalent plein temps
comme mesure de l’intrant de travail ?
Les heures effectivement travaillées conviennent parfaitement bien au calcul de la productivité du tra-
vail de l’économie nationale. On parle alors de productivité horaire du travail. En Suisse, la statisti-
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que des heures effectivement travaillées suit pleinement les recommandations internationales et les
résultats sont ainsi parfaitement comparables à ceux de ses principaux partenaires. Par contre, en
Suisse, il n’est pas possible de recourir aux heures effectivement travaillées pour des analyses
structurelles (par branches ou par secteurs). En effet, le niveau de détail n’est pas suffisant pour
effectuer de telles analyses. Ainsi, en Suisse, la productivité horaire du travail peut être mesurée
uniquement au niveau national.
Les emplois en équivalent plein temps sont utilisés dans le cadre d’analyses structurelles de la pro-
ductivité (par branches ou par secteurs) et pour l’économie marchande. Cet intrant en travail a été
calibré afin de couvrir les exigences conceptuelles des Comptes nationaux. Il est de ce fait adéquat
pour des analyses structurelles.
3.7 Comment mesure-t-on les heures effectivement travaillées ?
Les heures effectivement travaillées sont mesurées à l’aide de la statistique du volume de travail
(SVOLTA). Cette dernière recense les heures effectivement ouvrées par les salariés et les travail-
leurs indépendants au cours d'une période comptable dans le cadre des activités de production. Le
volume d’heures effectives de travail s’obtient par l’opération suivante :
Durée annuelle normale de travail (selon le contrat de travail pour les salariés et la durée
usuelle de travail pour les indépendants)
+ Heures supplémentaires (elles ne sont prises en compte que si elles ne sont pas compensées
par des congés).
Heures d’absence (Maladie, service militaire, réduction de l’horaire de travail)
= Heures effectivement travaillées
Les heures effectivement travaillées correspondent donc au nombre d’heures qui, au cours de la pé-
riode considérée, ont effectivement été consacrées à l’accomplissement d’une tâche ou d’un travail
déterminé.
3.8 Dispose-t-on d’informations sur la composition de l’intrant de travail en fonction du niveau de
qualification des travailleurs?
Aucune information de ce type n’est actuellement disponible en Suisse.
4. Productivité du capital
4.1 Que mesure la productivité du capital ?
La productivité du capital mesure l'efficience avec laquelle l’intrant en capital est engagé dans le
processus de production. Elle permet de déterminer l’aptitude des investissements à générer de la
valeur ajoutée. Il faut veiller à ne pas confondre productivité du capital et taux de rendement (ou
rentabilité) du capital. En effet, ce dernier reflète la capacité du capital à générer un revenu (ou
un profit) alors que la productivité du capital mesure l’efficience de l’utilisation du capital dans le
processus de production.
4.2 La productivité du capital est-elle disponible en niveaux ?
L’agrégation des stocks productifs pour chaque actif fixe en intrant en capital repose sur le calcul
d’un indice. En conséquence, seul un indice de la productivité du capital est disponible.
4.3 Quelle est la mesure de l’intrant en capital ?
Le stock de capital brut non financier, calculé par les Comptes nationaux ne peut pas être considéré
en tant que tel dans le cadre des estimations de la productivité du capital. En effet, pour mesurer
la contribution d’un actif fixe dans le processus de production, il faut tenir compte de la valeur des
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