U F ace aux enjeux de l’eau et du climat en Himalaya, la France doit intervenir n an avant le 6ème Forum Mondial de l’Eau à Marseille en mars 2012, l’association France Tibet a décidé de réunir à Paris le 9 mars 2011 des scientifiques, des chercheurs, des parlementaires, des associations et acteurs de la société pour aborder les questions et enjeux liés à l’eau au niveau de l’aire Hindu KushHimalaya (HKH)1 . L’aire HKH est la source de dix grands systèmes fluviaux d’Asie et fournit l’eau et la base de moyens de subsistance à une population de plus de 210 millions d’habitants et, en aval, à 1,3 milliard de personnes, un cinquième de la population mondiale. Les impacts et incertitudes du changement climatique accentuent dans chacune des zones la précarité des populations les plus démunies, parmi elles les populations des hauts plateaux et déserts froids d’Himalaya, les collectivités des bassins de l’Indus et du Gange. D’un côté, elles appartiennent à l’un des écosystèmes les plus fragiles de la planète, et de l’autre, elles n’ont pas les capacités de s’adapter aux bouleversements provoqués. Leur inquiétude n’a, en outre, pas trouvé d’écho dans le cadre des discussions internationales sur les changements climatiques. Les associations, notamment France-Tibet, Info-Birmanie et le Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités (GERES) appellent la France à jouer un rôle clé pour assurer la prise en compte des enjeux de développement de ces populations démunies. Pour cela il est indispensable et urgent de : • • • réduire les incertitudes liées au changement climatique dans cette région ; renforcer la coopération au sein des politiques nationales et internationales climatiques, d’accès à l’eau et à l’assainissement ; proposer des mesures d’adaptation durables et d’accompagner leur mise en œuvre. Les priorités d’action fixées dans le cadre 6ème Forum Mondial de l’Eau étant en parfaite adéquation avec les enjeux de l’eau de l’aire HKH, la France doit saisir cette opportunité unique de porter à l’attention du monde la cause des populations de l’Himalaya, des bassins de l’Indus et du Ganges, de générer un fort engagement politique et renforcer les capacités d'action locales. Le colloque « HKH - H20 : Quels enjeux pour l’Asie ? » organisé par l’association France Tibet est la première contribution pour alerter les décisionnaires et le grand public sur cette problématique. www.tibet.fr www.geres.eu www.info-birmanie.org 1 L’aire HKH s’étend sur 3,500 km sur tout ou partie des huit pays de l’Afghanistan à l’Ouest à la Birmanie à l’Est. 1 ATTENUATION ET ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE A l’heure actuelle, ni la France, ni la communauté internationale, ne sont suffisamment mobilisées aux côtés des populations de l’aire HKH. Le 15 décembre 2010, l'Agence Française de Développement (AFD) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe) renforçait pour 3 ans leur partenariat visant notamment à lutter contre le changement climatique. La région HKH, et plus largement l’Asie, n’a pas été considérée comme prioritaire dans cet accord-cadre. Compte tenu des enjeux, la France est tenue de s’engager sans tarder aux côtés de ses partenaires internationaux pour proposer des politiques cohérentes intégrant les enjeux de limitation de gaz à effets de serre, d’adaptation aux impacts du changement climatique et d’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables de l’aire HKH. Premier volet indispensable pour assurer un soutien approprié à ces populations : le développement de la recherche scientifique, à travers un programme national et international, pour préciser les impacts du changement climatique en Himalaya. Les modèles climatiques et d’impacts existants sont insuffisants pour prendre en compte des contextes territoriaux et disparates. La France doit encourager les programmes de développement et de coopération avec les acteurs locaux –condition essentielle pour un développement dit « durable »– et renforcer ceux qui ont déjà prouvé leur efficacité en matière de sécurité alimentaire, d’amélioration des conditions de vie et de débouchés économiques : création de glaciers artificiels, adaptation à de nouveaux modèles agricoles, lutte contre l’apparition d’insectes nuisibles, utilisation de l’énergie solaire. 2 COOPERATION DANS LE DOMAINE DE L’EAU 3 GOUVERNANCE DANS LE DOMAINE DE L’EAU Par ailleurs, pour inscrire de façon pérenne une gestion pérenne des ressources en eau la France, doit soutenir un message d’une gouvernance optimisée qui passe notamment sur la nécessité du dialogue sur les eaux transfrontalières. Sous l’égide des Nations-Unies s’est engagé un processus d’élaboration d’une convention3 relative à l’utilisation des cours d’eau transnationaux, dont l’intérêt est de traiter simultanément de l’usage équitable de ces cours d’eau – chaque État devant aussi prendre en compte l’intérêt de son voisin – et de la coopération dans la préservation des écosystèmes concernés. Le 22 décembre 2010, le Sénat a adopté un projet de loi autorisant l’adhésion de la France à cette Convention. C’était un engagement de la France au Forum Mondial de l’Eau d’Istanbul en 2009. Ainsi la France deviendra le 22ème État partie à cette Convention. La France doit néanmoins renforcer son travail de mobilisation sur ce texte afin de convaincre d’autres États, et notamment ceux de l’aire HKH, d’y adhérer. Il faut, en effet, totaliser 35 parties pour que cette Convention entre en vigueur. Ce texte est le seul instrument universel définissant les principes internationaux en matière de protection et de gestion des cours d'eau transfrontaliers. Il y a lieu, toutefois, de s’interroger sur la capacité des États à dépasser leurs modes traditionnels de relation pour se porter à la hauteur des enjeux.Pour y remédier, la France devra donc s’impliquer dans des initiatives régionales. Fin janvier 2011, les gouvernements des quatre Etats de l'Est l'Himalaya se sont engagés publiquement dans des projets visant un plan d'adaptation au changement climatique unifié pour la région montagneuse, dont un concernant le domaine de l’eau. Les propositions finales seront présentées à la Conférence sur le climat pour un Himalaya de vie , prévue pour le 14 Octobre à Thimphu au Bhoutan4. Une initiative de la France sera notamment d’y envoyer une délégation. L’accaparement de la ressource d’eau douce de l’aire HKH par les uns ou les autres (pour des besoins directement liés à leurs modes de vie) ne protège personne des conflits à court et moyen termes. Les impacts du changement climatique dans l’aire HKH sur les précipitations saisonnières et les glaciers, composantes significatives de ces ressources, amplifient le phénomène dans certaines régions. Enfin, le 6ème Forum Mondial de l'Eau qui aura lieu à Marseille en mars 2012, offre aux politiques et aux acteurs concernés le seul espace international de débat et de contributions d'experts. Les priorités d’action fixées dans le cadre de ce 6ème Forum Mondial de l’Eau étant en parfaite adéquation avec les enjeux de l’eau de l’aire HKH, la France doit saisir cette opportunité unique de porter à l’attention du monde la cause des populations de l’Himalaya, des bassins de l’Indus et du Ganges, de générer un fort engagement politique et renforcer les capacités d'action locales. La fonte de certains glaciers himalayens entraîne la formation de lacs artificiels, et un risque d’inondation permanent pour les populations en aval : les GLOFs (glacier lake outburst floods). En outre, de nombreux aménagements (construction de barrages, déforestation…) entraînent le bouleversement des écosystèmes. La participation de tous les acteurs concernés –tant des populations locales, des scientifiques, des organisations et des pays en aval dépendant de l’eau de la région HKH– est essentielle pour garantir un accès à l’eau et à l’assainissement pour tous, satisfaire aux équilibres naturels, sans entraver le développement socio-économique des populations concernées. C’est pourquoi, une coopération interrégionale, avec un appui international, est primordiale pour préserver les glaciers, réguler le débit des fleuves et les besoins en énergie de l’aire HKH. Pour cela, la France doit intégrer l’ICIMOD2, centre international indépendant d'apprentissage et de connaissances sur les montages qui s'est engagé à améliorer les moyens d'existence durable des populations de montagne dans la région élargie de l'Himalaya, aux côtés de l'Autriche, du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suisse. Pour plus d’information merci de nous contacter : [email protected] FRANCE TIBET Créée en 1989, l’association est indépendante de toute organisation politique, professionnelle ou confessionnelle. L’association a pour but de susciter, promouvoir, mettre en oeuvre, soutenir, coordonner toute initiative, action ou recherche susceptible de favoriser une solution pacifique à la question tibétaine, la sauvegarde du peuple tibétain, la pérennité de sa culture et la protection de son environnement. 2 International Centre for Integrated Mountain Development 3Convention des Nations-Unies de 1997 sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation encourage la mise en place, au niveau régional, des mécanismes et des organisations nécessaires à une gestion concertée et responsable pour le partage de la ressource et des bénéfices de sa mise en valeur. 4 The Climate Summit for Living Himalayas – Bhutan 2011 - www.bhutanclimatesummit.org.bt GERES Le GERES - Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités - est une association à but non lucratif créée à Marseille en 1976, au lendemain du premier choc pétrolier. Le GERES a choisi de s’engager pour préserver l’environnement (limiter les changements climatiques et préserver les ressources pour les générations futures) et pour améliorer les conditions de vie des populations (réduire les inégalités et la précarité énergétique). L’association initie et met en œuvre, au Nord comme au Sud, des projets de développement et de solidarité, dans les domaines de l’énergie et de l’environnement, en partenariat avec des acteurs locaux. INFO-BIRMANIE Créée en 1996, Info-Birmanie, association loi 1901 à but non lucratif, est née de la volonté de responsables associatifs et de citoyens soucieux de promouvoir le respect des droits de l’Homme et d’apporter aide et soutien aux peuples opprimés de Birmanie. Ses actions cherchent à valoriser auprès du gouvernement français et l’Union européenne le modèle politique alternatif porté par le mouvement démocrate birman ; à alerter les institutions françaises et européennes des violations des droits de l’homme perpétrées par le régime birman ; et sensibiliser la population française sur la situation politique, économique et sociale en Birmanie en organisant divers évènements publics.