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1 INTRODUCTION ET CONTEXTE
1. Au Sénégal, la mise en œuvre des politiques de stabilisation depuis la fin des années 70, suivies des
premiers programmes d'ajustement structurel au milieu des années 80, a certes contribué à améliorer le
cadre macro-économique, mais les performances économiques sont restées en deçà des espérances. De
manière générale, la période 1979-1993 a été marquée, au plan macroéconomique, par un net
ralentissement de la croissance économique en termes réels, voire même une contraction en 1993,
entraînant la mise en place d’un “ Plan d’urgence ” de restauration des capacités financières de l’État. A
la suite de la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, l’économie sénégalaise a renoué avec la
croissance, le PIB réel ayant crû de 2,9% en 1994 et de plus de 5% par an en moyenne entre 1995 et
2001. Ces résultats ont été réalisés dans un contexte de réduction continue des déficits des finances
publiques et de la balance des paiements courants et de maîtrise de l’inflation.
2. Cependant, les performances économiques enregistrées n'ont pas contribué à améliorer les conditions
de vie des populations et à réduire substantiellement la pauvreté. Le Sénégal n’a pas encore réalisé
l’objectif de l’éducation universelle au niveau de l’enseignement primaire (le taux brut de scolarisation
dans le primaire se situe à environ 70 %, tandis que le taux global est estimé à 32 %) et
l’analphabétisme touche plus de la moitié de la population. La situation des femmes sénégalaises en
matière d’éducation et de formation est préoccupante avec un taux d’analphabétisme de plus de 70%
contre 48,9% pour les hommes (QUID, 2001).
3. Quant aux indicateurs de santé, ils demeurent en deçà des recommandations de l’OMS. Même si le
Sénégal est cité comme pays de référence en Afrique en termes de lutte contre le VIH/SIDA , le système
de santé dans son ensemble fait face à de graves contraintes . On note la recrudescence des endémies
locales et la malnutrition touche de plus en plus les populations notamment les plus vulnérables (les
enfants, les femmes, les handicapés, les aînés, les jeunes, les personnes déplacées et réfugiées, etc.). Les
conditions d'hygiène individuelle et collective et d'assainissement précaires du milieu et les carences
alimentaires sont responsables de la dégradation de l'état de santé des populations. En matière d’accès à
l’eau potable, l’objectif visé par le Sénégal est d’atteindre le plus tôt possible, les recommandations de
l’OMS, soit 35 litres par habitant et par jour. Actuellement, les populations disposent de 28 litres par
habitant et par jour en moyenne.
4. Sur la base d’une ligne de pauvreté correspondant à une consommation de 2400 calories par personne
et par jour, la première enquête budget consommation (ESAM-I) a permis d’évaluer la proportion des
ménages en dessous du seuil de pauvreté à 57,9% en 1994. Les premiers résultats du QUID évaluent
cette proportion à 53,9% en 2001.
5. Au total, le retour de la croissance enregistrée sur la période 1995-2001 n’a pas suffi à garantir une
réduction significative de la pauvreté. La faiblesse de l’investissement, l’atonie de l’agriculture et de
l’industrie expliquent le contenu modeste en emplois de la croissance économique et sa faible
propagation vers les populations les plus pauvres. Malgré le rôle qu’il joue en termes d’emplois, le
secteur primaire contribue (18,5% en 2000) très modestement au PIB à cause des rendements agricoles
encore faibles et tributaires des aléas climatiques. Par ailleurs, la production agricole ne couvre en
moyenne que 52% des besoins alimentaires de base. Les investissements dans le secteur agricole restent
concentrés dans les zones où prédominent les cultures irriguées alors que la pauvreté est plus marquée
dans les zones où les cultures sont pluviales. L’insuffisance et la qualité des infrastructures routières et
portuaires grèvent les coûts des transports et ne favorisent pas l’intégration des marchés, sur le plan aussi
bien interne que régional.
6. Dans les réformes postérieures à la dévaluation, la pauvreté a fait l’objet d’une préoccupation centrale
compte tenu de son ampleur et de son extension. Plusieurs actions ont été amorcées à travers la mise en
œuvre de divers programmes sectoriels articulés autour des programmes spécifiques de lutte contre la
pauvreté. En plus des programmes sectoriels sur la santé, l’éducation, les infrastructures de base etc., un
Plan de Lutte contre la Pauvreté (PLP) en cours d’exécution a été formulé en 1997.