12 LA BIPOLARISATION DU MONDE (1945–1989) La lutte idéologique et l’affrontement entre l’Occident et l’URSS commencent bien avant la bipolarisation (guerre civile chinoise). Après 1945 les 2 superpuissances impliquent tous les continents dans leur opposition alors que « Bandoeng » introduit la question coloniale dans le débat idéologique. LA GUERRE DE CORÉE, ACMÉ DE LA GUERRE FROIDE Après l’instauration de la République populaire de Chine par Mao en 1949 et la fuite de Tchang Kaï-chek à Formose, les USA renforcent leur politique de « containment » du communisme, en commençant par la Corée où 2 États avaient été créés en 1948 (Syngman Rhee au Sud, Kim Il Sung au Nord). Lorsque les Nord-Coréens envahirent le Sud en juin 1950, Truman décida l’intervention américaine à la tête de contingents internationaux mandatés par l’ONU. Après l’envoi de 500 000 soldats chinois à la fin de 1950, Mac Arthur réclama même, sans succès, l’utilisation de la bombe atomique contre la Chine. L’armistice est signé en juillet 1953 à Padmunjon, et la ligne de cessez-le-feu (environs du 38e parallèle) devient frontière entre le Nord et le Sud. DE L’INDOCHINE AU VIETNAM Jusqu’en 1949 la France mena en Indochine une guerre de décolonisation. Mais à partir de 1950 Pékin et Moscou soutinrent financièrement et militairement le Viêt-minh, et les USA la France, en refusant cependant toute intervention directe, même pour dégager la garnison de Diên Biên Phu (reddition le 7 mai 1954 : 1571 morts, 4000 blessés, 10000 prisonniers) (Alain Ruscio). Mendès-France signa alors les accords de Genève en juillet 1954. Le Cambodge, le Laos, le Vietnam accèdent à l’indépendance mais le Vietnam est scindé en 2 États : au nord du 17 e parallèle la République démocratique de Hô Chi Minh (communiste, capitale Hanoï), au sud la république du Sud-Vietnam (composée de l’Annam et de la Cochinchine, favorable aux Occidentaux, capitale Saïgon). 34 La crise paroxystique : Cuba Le 1er janvier 1959, en chassant Batista de La Havane, Fidel Castro jouit d’une immense popularité. Mais l’année suivante le rapprochement avec Che Guevara et la visite de Mikoyan inquiètent Washington qui instaure l’embargo de Cuba en janvier 1961 et organise le désastreux débarquement de 1600 exilés cubains entraînés par la CIA, en avril 1961, dans la baie des Cochons. Mais surtout, en octobre 1962, les Américains s’aperçoivent que les Soviétiques ont installé des fusées à Cuba. Kennedy décrète le blocus et veut intercepter les bateaux soviétiques. Khrouchtchev accepte alors le retrait des fusées contre l’engagement américain de respecter l’indépendance de Cuba. Le monde venait d’échapper à un affrontement (nucléaire ?) entre les « Grands » ce qui paradoxalement facilita le passage de la Guerre froide à la détente. L’apparition du FNL (Front national de libération du Vietnam du Sud) en décembre 1960, vite passé sous la coupe des communistes et appuyé par le Nord, incita Kennedy en 1961 à envoyer 15000 «conseillers» à Saïgon, qui devinrent 529000 combattants en 1969, alors que dès 1965 le président Johnson avait ordonné le bombardement du Nord-Vietnam. Les pourparlers de paix de Paris durèrent cinq ans (1968-1973). Pour rien, car à la fin de 1974 le FNL reprit les hostilités alors que les Khmers rouges faisaient la conquête du Cambodge. Les communistes entraient dans Saïgon le 30 avril 1975. Au printemps 1976, une Assemblée nationale unique procédait à la réunification du Vietnam. BANDOENG ET L’AFRO-ASIATISME La conférence de Bandoeng en avril 1955 réunit en Indonésie 23 pays Une 3e guerre mondiale évitée asiatiques dont la Chine de Chou En-lai, et 6 africains. Au-delà des condamnaMoscou n’avait pas aidé Pékin et tions du colonialisme, du racisme, de Washington avait reculé devant les Chi«l’impérialisme du dollar» (Nehru), de la nois, préférant aider l’Europe à contenir guerre nucléaire, ou de la reconnaissance le communisme (plan Marshall en 1947, Pacte atlantique et desserrede l’importance du développement cultument du blocus soviétique de Berlin en rel, Bandoeng a été « la prise de 1949). conscience de leur dignité par les peuples de couleur» (Senghor), «la mort du complexe d’infériorité » (Senghor), « une internationale des pauvres » (Nasser). Synthèse de l’asiatisme, du panarabisme, du panafricanisme, Bandoeng fut initiatrice pour l’afro-asiatisme et le mouvement des non-alignés qui naîtra officiellement à la conférence de Belgrade en septembre 1961. LA CORNE DE L’AFRIQUE Dès 1952 année où se manifesta le séparatisme de l’Érythrée (ancienne colonie italienne) les USA se rapprochèrent de l’Éthiopie. En 1960 après la réunion de la Somalie britannique et de la Somalie italienne, un nouvel État indépendant apparaît avec Mogadiscio pour capitale. En 1969 un coup d’État mené par le général Siyad Barré installe un régime mêlant islam et socialisme scientifique, qui signe en 1974 un traité de coopération avec l’URSS (une première en Afrique noire) tout en intégrant la Ligue arabe. Comme en 1974 l’Éthiopie dépose Haïlé Sélassié et se range avec Mengistu dans le camp marxiste, les USA se rapprochent des autonomistes érythréens qu’ils avaient jusqu’alors pourfendus. Mieux, en 1977-1978, ils soutiennent Siyad Barré contre l’Éthiopie pour la possession de l’Ogaden largement peuplé de Somali (Mogadiscio ne renoncera qu’en 1988 !) et obtiennent des facilités militaires à Berbera. Quant à la France, présentée comme le gendarme de l’Occident, elle mène sa propre politique de «containment» au Tchad où la Libye voudrait étendre sa domination pour l’établissement d’un vaste empire du désert. 35