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L
a vie de l’établissement
Lors de la visite de certification de février
2011, une des réserves émises par l’HAS
(Haute Autorité de Santé) concernait l’iden-
tification du patient.
Les problématiques soulevées concernaient
l’absence de politique d’identication du patient
formalisée, de formation de l’ensemble des per-
sonnels amenés à créer des dossiers et surtout
l’inexistence de procédure stipulant l’exigence
de cette vérication (lors de la création des dos-
siers ou lors des actes de soins et en particulier
lors de l’administration des médicaments). Ainsi
l’établissement doit rendre pour juin 2012 un
rapport de suivi à l’HAS.
Qu’est-ce que l’identitovigilance ?
Le but d’un établissement de santé est de « bien
soigner » les patients qui lui sont conés.
L’objectif de l’identitovigilance est de « bien
soigner le bon patient ». Il se doit de abiliser
l’identication du patient an de contribuer à la
qualité de sa prise en charge tout au long de son
séjour et lors de chaque séjour.
De nombreux intervenants sont concernés : les
admissions, les soignants créant des dossiers, les
CMP, les plateaux techniques, les archives, les
patients, …
Quels sont les facteurs
favorisant les erreurs :
- l’environnement avec la multiplicité et la
diversité des intervenants, l’intervention des
personnes non permanentes (intérimaires, CDD,
etc.), le nombre des patients,
- les patients qui peuvent être confus, en état de
stress ou l’usurpation d’identité,
- les professionnels avec l’absence de vérica-
tion de l’identité pérennisant l’utilisation d’une
mauvaise identité, le dossier informatique (erreur
de saisie qui se répercute), la coexistence d’un
dossier informatique et papier.
D’où proviennent les erreurs ?
- A l’entrée du patient lors de la création du dos-
sier ou de la recherche d’antériorité (homonymie)
entraînant la création de doublons (deux identités
et donc deux dossiers pour un même patient), de
collision (deux patients différents sur une même
identité et donc un même dossier),
- pendant la prise en charge du fait de la non
correction de l’erreur initiale (doublon entraînant
un risque de perte d’information ou collision
entraînant la prise en compte d’informations
erronées).
Comment prévenir les erreurs ?
- demander au patient ses nom, prénom, date de
naissance, par une question ouverte,
- tracer cette vérication par la conservation
d’une copie de pièce d’identité dans le dossier,
- une information de tous les secteurs d’acti-
vité et des professionnels réalisant des actes de
soins, des procédures dégradées,
- la formation des professionnels habilités à
créer des dossiers …,
- l’information du patient,
- la réalisation de procédures pour la création
de dossiers et les actes de soins,
- la mise au point de supports de traçabilité
tenant compte des lieux, des actes,
- le signalement des dysfonctionnements par la
che d’évènements indésirables (FEI). Divers
indicateurs sont dénis pour évaluer cette iden-
tication : doublons, collision, fusion, nombre de
FEI et notamment d’erreurs d’administration mé-
dicamenteuse liées à un défaut d’identication.
Que faire en cas d’erreur ?
En cas d’erreur dans l’identiant, la rédaction
d’une FEI permet au service qualité-gestion des
risques de prendre en compte cette erreur et de
solliciter l’intervention des intervenants compé-
tents (fusion des doublons, dé fusion des col-
lisions, régularisation d’une usurpation d’iden-
tité, soins administrés à un mauvais patient).
Qu’en est-il dans l’établissement ?
Plusieurs mesures ont d’ores et déjà été mises
en place :
- une cellule d’identitovigilance existe depuis
plusieurs années. Celle-ci a été réactualisée dans
sa composition, comprenant des représentants
de la qualité, de l’informatique, du DIM, de la
pharmacie, des admissions et des soignants de
l’intra et l’extra hospitalier et de l’USLD.
Ses missions ont été précisées : actualisation de
la procédure, recensement des formations, col-
lection des dysfonctionnements et mesures cor-
rectrices après analyse, organisation d’enquêtes
sur l’identitovigilance (recueil, analyse et actions
d’amélioration),
- la première action a été de réactualiser la
procédure d’identication des patients, validée
par les instances en début d’année. Elle est dis-
ponible sur l’Intranet et a été diffusée dans les
unités de soins. Elle précise les modalités de
création d’un dossier patient, de vérication de
l’identité selon les divers modes de prises en
charge et aux différents temps de celle-ci. Elle
constitue un des axes du projet d’amélioration
de la qualité, intégré au projet d’établissement
2011-2015.
- divers documents d’information à destination
des professionnels et des patients ont été élaborés
et diffusés : note de service, afche, plaquette
d’information, item dans le livret d’accueil des
patients et des nouveaux personnels, dans le
questionnaire de sortie, les règles de saisie dans
le dossier patient ont été nalisées (accessibles
sur l’Intranet), …
- la formation a été renforcée : tous les person-
nels créant des dossiers sont formés à l’identito-
vigilance (cf. plan de formation). Les nouveaux
arrivants lors de la journée d’accueil reçoivent
une information sur cette thématique,
- une évaluation de ces modalités doit être régu-
lièrement réalisée an de s’assurer du suivi
de ces mesures. Plusieurs indicateurs ont été
choisis : nombre de personnels formés, taux de
fusion, nombre d’erreurs médicamenteuses lors
de l’administration liée à un défaut d’identi-
cation, analyse des questionnaires de sortie des
patients. Un audit sur la « présence d’une pièce
d’identité » dans le dossier est en cours de réa-
lisation, un second audit est programmé pour la
n de l’année auprès des personnels an d’éva-
luer la connaissance de la procédure.
En conclusion
L’ensemble de ces mesures vise à prévenir et
limiter les conséquences d’erreurs d’identica-
tion. Leur but n’est en aucun cas de « contrôler
l’identité » dans un but de restriction de soins
à visée économique. Elles représentent un outil
qui constitue la première étape de l’acte de
soins, visant à améliorer la qualité de la prise en
charge des patients.
Cette thématique s’intègre dans une culture de
qualité des soins dont les professionnels sont
les principaux acteurs et dont le but, encore une
fois répété, est de « bien soigner » les « bons
patients ».
Dr Philippe Montariol, président du COVIRIS
Un nouveau néologisme :
« l’identitovigilance »