ADO pour le même allèle est faible et, si l’une d’entre elle
n’amplifie qu’un allèle, l’autre permettra de conforter l’hy-
pothèse d’ADO et de déterminer le statut de l’embryon.
Des études chez la souris ont montré que l’on pouvait
prélever un quart du volume embryonnaire sans altérer le
développement [12]. Chez l’homme, une étude rétrospec-
tive a conclu à des taux d’implantation comparables après
DPI lors de la biopsie d’un ou deux blastomères [13].
Enfin, la PCR multiplex avec amplification simultanée de
la mutation et de marqueurs microsatellites polymorphes
est elle aussi utilisée pour détecter les ADO puisqu’elle
permet de disposer d’un double, voire triple, diagnostic
pour la même cellule. Les autres avantages de cette techni-
que seront détaillés plus bas.
Contaminations
La prévention des contaminations est une nécessité abso-
lue pour une PCR sur cellule unique fiable. En effet, la
moindre molécule d’ADN contaminante est en compéti-
tion directe avec l’ADN cible à amplifier (une ou deux
molécules). Lors d’un DPI, une telle contamination peut
avoir des conséquences dramatiques et aboutir au transfert
d’un embryon atteint. S’il est malheureusement impossi-
ble d’éviter complètement les contaminations, de nom-
breuses mesures peuvent en diminuer fortement la proba-
bilité. Les sources potentielles de contaminations sont
diverses. Il peut s’agir de cellules parentales restées autour
de la zone pellucide après la FIV : cellules de la corona
radiata (maternelles) ou spermatozoïdes (paternels). Pour
éviter ces sources d’erreur, la fécondation se fait par injec-
tion intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) et les
blastomères sont lavés dans plusieurs gouttes de milieu de
biopsie pour éliminer toute cellule d’origine maternelle.
La réalisation de la biopsie et de la mise en tube sous
microscope inversé permet éventuellement de détecter et
d’éliminer des cellules contaminantes. Par ailleurs, des
cellules des manipulateurs peuvent également interférer et
ces derniers doivent prendre des précautions draconiennes
à chaque étape précédant l’amplification : port de blouse,
surchausses, masque, charlotte et gants stériles à chaque
nouvelle analyse. Enfin, la plus grande cause de contami-
nation est constituée par des aérosols provenant d’amplifi-
cations antérieures. En effet, ces microgouttes d’ADN
concentré sont extrêmement volatiles et peuvent persister
pendant des mois dans l’air ambiant. S’ils pénètrent dans
le tube réactionnel, ils sont préférentiellement amplifiés
par rapport à l’ADN du blastomère et aboutissent à une
erreur de diagnostic. La seule solution pour se prémunir
de ces contaminations est de ne pas créer d’aérosols. Pour
ce faire, il faut séparer physiquement les étapes pré- et
post-PCR en travaillant dans des locaux distincts et, idéa-
lement, dans des locaux pressurisés : en surpression pour
les étapes pré-PCR, en sous-pression pour les étapes post-
PCR. La préparation des cellules et des réactifs doit être
réalisée sous hotte à flux laminaire et les locaux doivent
être régulièrement décontaminés à l’eau de Javel à 10 %
et/ou par exposition aux rayons ultraviolets afin de dé-
truire l’ADN. De plus, les réactifs doivent être distribués
en petits volumes de manière à n’ouvrir qu’une fois le
même tube, et le matériel (pipettes, embouts, tubes, por-
toirs) doit être uniquement dédié aux étapes pré-PCR. Dif-
férentes procédures sont possibles pour décontaminer les
réactifs de toute trace d’ADN avant la mise en contact
avec la cellule à analyser : filtration, autoclave, exposition
à la lumière UV, utilisation de l’uracil DNA glycosylase
(UDG) [14], de l’isopsoralène [15], décontamination du
mélange réactionnel par des enzymes de restriction (exo-
nucléase III [16], AluI [17], HinfI [18] par exemple).
Aucune méthode n’est cependant efficace à 100 %. Il est
donc indispensable d’ajouter des tubes de contrôle de
contamination sans cellule lors de chaque analyse.
DPI des maladies récessives
liées au chromosome X
Dans les maladies récessives liées au chromosome X, les
femmes vectrices ont un risque de 50 % d’avoir un garçon
atteint à chaque grossesse, alors que leurs filles ne sont pas
atteintes qu’elles aient ou non reçu le chromosome X muté.
La détermination du sexe par PCR avec transfert des em-
bryons de sexe féminin est donc une possibilité de test et
fut la première application de DPI en 1990 [4]. Elle était
alors basée sur l’amplification de séquences spécifiques du
chromosome Y et fut rapidement remplacée par des tech-
niques utilisant des amorces communes aux deux chromo-
somes sexuels amplifiant des séquences de taille ou de
structure différentes ou des séquences répétées de ces ré-
gions [19, 20]. Aujourd’hui, la PCR pour détermination du
sexe des embryons a été supplantée par la technique de
FISH, moins sujette aux contaminations et évocatrice
d’anomalies chromosomiques telles les trisomies ou les
monosomies des chromosomes analysés [21].
Dans la mesure où statistiquement un embryon masculin
sur deux est sain, le DPI par détermination du sexe pose
un problème éthique puisqu’il aboutit au rejet d’embryons
sains. Le DPI par détection de la mutation, comme dans le
cas de la myopathie de Duchenne [22] est beaucoup plus
acceptable. Cependant, devant la multitude des maladies
récessives liées à l’X et la diversité des mutations impli-
quées, la mise au point d’un diagnostic par couple est
totalement irréalisable. La solution actuelle reste donc un
pis-aller lorsque la recherche de la mutation en cause n’est
pas possible mais permet de proposer un DPI dans un
délai raisonnable pour des couples qui devraient attendre
des années avant d’avoir un test adapté à leur situation.
revue générale
Ann Biol Clin, vol. 61, n° 5, septembre-octobre 2003524
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