Prix 1,50 € de l’Essonne N° 102 Bimestriel de l’Union Départementale CGT de l’Essonne Conseil départemental ID Logistics Lisses CGG Massy General Electric Solidarité Goodyear Altis Corbeil-Essonnes Fondation Dassault Rentrée scolaire 2016 Véolia Wissous en Essonne La Voix Syndicale de L’Essonne Photos Pierre Benoit 12 Place des Terrasses de l’Agora 91 034 évry Cedex Directrice de publication : Véronique Josien tél. 01 60 78 28 41 - fax 01 60 78 55 43 [email protected] Commission paritaire N° 0715S06300 - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - Janvier - Février - Mars - 2016 - IMPROFFSET 10 avenue Emile Aillaud 91350 Grigny État d’urgence sociale Militants - Adhérents [email protected] MACIF : MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social : 2 et 4 rue de Pied de Fond 79000 Niort. Inscrite au registre des démarcheurs bancaires et financiers sous le n°2103371860HQ. Intermédiaire en opérations de banque pour le compte exclusif de Socram Banque. éditorial État d’urgence sociale et patronat subventionné 14 %, c’est le niveau de chômage dont le Medef et son représentant, M. Gattaz, nous menacent, s’ils n’obtiennent pas la casse du Code du Travail aussi rapidement qu’ils le souhaitent ! Tout est dit ! Plus rien ne leur suffit, ils veulent tout … Aucune ambition d’emplois supplémentaires, et ce malgré les efforts et sacrifices consentis par les citoyens pour donner aux entreprises les moyens de cette relance de l’emploi. Pire, puisque cette déclaration révèle à elle seule le peu d’intérêt que ceux-ci témoignent pour notre vie ! Le lien entre chômage, suicide et mort vient d’être démontré et cela n’empêche en rien ces oligarques de témoigner d’un cynisme que même Trump n’aurait pas osé… Et pourtant il ne manque pas de culot dans ses interventions ! Ce que nous propose le Medef n’est ni plus ni moins qu’un odieux chantage où ce sont les salariés/citoyens, eux-mêmes pris en otages, à qui l’on demanderait une rançon pour pouvoir survivre. Et ce sont nos camarades qui se retrouvent condamnés parce qu’ils ont osé s’opposer pendant 30 heures… ou pire, comme nos camarades d’ID LOGISTICS qui refusent de réduire leurs salaires en échange d’un travail et se retrouvent à la rue pour faute lourde. La marchandise humaine Souvent nous évoquons la justice de classe, jamais depuis longtemps celle-ci n’a été aussi réelle ! Toutes ces classes dites « dominantes », à qui le gouvernement sourit, ne nous voient plus que comme une simple marchandise sans aucune humanité. Et ce ne sont pas les propositions de Hollande pour résorber le chômage qui vont nous rassurer. Deux milliards comme annoncés pris sur notre santé, notre éducation, nos services publics pour directement filer dans les poches du patronat, comme nous le scandons régulièrement, car c’est bien là que vont nos impôts. Les aides publiques Le 19 janvier dernier, à la Maison des Syndicats d’Évry, nous déclarions l’état d’urgence sociale pour notre département : CGG, General Electric, Alcatel, Nokia, SFR/Numéricable, Decouflé, Pixmania, le Conseil Départemental… autant d’exemples en appui de cette dégradation sociale, à laquelle nous sommes confrontés au quotidien. Et les mesures annoncées paraissent bien dérisoires au regard de cette hémorragie qui jettera des milliers d’emplois à la rue. Pourtant l’ensemble de ces entreprises a largement été abreuvé de CICE et CIR, pour quel résultat ? Tout comme l’ensemble des dispositifs d’exonérations, de crédits d’impôts, qui depuis des années sont mis en place depuis les successifs gouvernements, n’ont atteint leur but, si ce n’est celui non affiché d’alimenter les dividendes des entreprises. À fonds perdus Pire encore une fois, puisque la Cour des Comptes vient dans son dernier rapport de démontrer l’inefficacité de toutes ces aides dispendieuses mises en œuvre depuis des années. Aides dont la diversité et la multitude empêchent toute transparence sur le volume en euros de ce que cela représente. Et notre premier Ministre qui se dit floué et découvre que les entreprises n’auraient pas joué le jeu ! Alors, comment dire, ou il est sincère et tant de naïveté démontre son incapacité à occuper de telles fonctions, ou ils sont rentrés en campagne (présidentielle) et essaie de se rhabiller de ses habits de gauche… Dans les deux cas, il y a problème de crédibilité et de confiance politique pour être politiquement correct ! Transparence et précision Qui est capable de donner 40 milliards sans s’assurer de ce qu’ils vont devenir ? Et d’annoncer l’installation d’un CICE permanent par une suppression pure et simple des « charges patronales » sortant de fait les entreprises de la solidarité nationale et de notre système par répartition. Nous renvoyant à nous-mêmes pour cette solidarité ! Nous le voyons, il est plus que temps de faire cesser ce système, d’exiger la transparence sur ces aides, d’un moratoire sur les PSE en cours dans notre département et la mise en place d’une table - ronde permanente pour étudier au cas par cas la distribution de ces aides. Nous ne résoudrons pas la question de l’emploi sans exigences précises et chiffrées, sans toute la transparence nécessaire qui nous est due, puisque ce sont bien nos impôts et nos services publics qui sont en jeu. Ollivier Champetier - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 3 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Luttes Charcutage social et suppression de postes L’intransigeance du Conseil départemental menace l’emploi et le service public Lundi 25 janvier 2016, 10 heures. Près d’un millier de manifestants sont rassemblés devant le Conseil départemental (CD) d’Évry. Une image oubliée depuis plusieurs années, conséquence d’une mobilisation syndicale retrouvée et d’une exaspération sociale inédite. La nouvelle direction du Conseil départemental de l’Essonne, menée par François Durovray (LR), a décidé l’affrontement. Non seulement avec les agents, mais avec l’ensemble des services publics, sociaux ou culturels en particulier. Les armes sont connues. Ce sont celles du Medef : restrictions budgétaires, suppressions de postes, augmentation du temps de travail. Raisons officielles : l’État ne paie plus, la gestion précédente fut calamiteuse. À preuve, un audit obligeant pour son client. Le droit d’inventaire sur la période politique précédente est légitime, comme le pointage des fautes gouvernementales actuelles. Cependant, l’ampleur des dégâts prévisibles pour toute la population de l’Essonne mérite un examen détaillé du discours de la droite, de la bataille syndicale des territoriaux, de toute la CGT 91, de la mobilisation encore insuffisante des populations. La manifestation du 25 janvier n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel d’été. Dix jours avant, la Maison des Syndicats d’Évry accueille 500 personnes pour une AG exceptionnelle appelée par une intersyndicale CGTFO-FSU. Principales inquiétudes, le temps de travail porté à 1 607 heures annuelles et la suppression de 105 postes, déjà « gelés » par la direction précédente. Autres craintes : la suppression, ou au moins la dimi- nution, de primes, Régime Indemnitaire (RI), installation (pour les nouveaux fonctionnaires) ou la baisse du budget d’action sociale. Mardi 19 janvier, la direction précédente, menée par Jérôme Guedj (PS) publie un communiqué sous la signature de David Ros, nouveau président du groupe d’opposition. Il se félicite du « rétropédalage de la majorité de droite sur le paiement des factures aux établissements sociaux ». En clair, François Durovray, élu en 2015, aurait voulu étaler le règlement des impayés sur six ans. Il semble en être revenu, mais le communiqué du groupe RGE me souviens que des TPE essonniennes de transport de personnes manifestaient contre les paiements très tardifs du département qui menaçaient gravement leur activité », confirme un dirigeant syndical CGT. L’ambiance du 25 janvier marque le retour des grandes manifs essonniennes, mais tranche par son acidité. Toutes les catégories d’agents du CD sont représentées, l’exaspération sociale et politique est palpable dans les slogans, les conversations et quelques heurts avec la police. La précédente majorité départementale n’est pas vue comme un paradis perdu. L’ex-président PS comporte une phrase étrange : « Ce budget prévoit en plus un rattrapage de la cavalerie budgétaire ». Qui a monté cette cavalerie ? Depuis des années, le CD est considéré comme un payeur sinon mauvais, du moins lent, non seulement pour les organismes sociaux, mais aussi pour les fournisseurs, ce qui met de petites entreprises dans des difficultés de trésorerie parfois gravissimes. « Je Jérôme Guedj est copieusement sifflé avant de pouvoir exprimer son soutien et sa collègue PCF de Morsang-sur-Orge, Marjolaine Rauze, quoique mieux accueillie, n’est pas franchement acclamée. « Qu’est-ce que vous nous avez laissé ? », est la question dominante. Le CD mode d’emploi(s) Le Conseil départemental est le premier employeur de l’Essonne. Il compte 4 200 agents, dont 1 400 agents au siège et 2 800 en territoire, dont environ 1 000 agents techniques des collèges. Soit au total 1/3 au siège et 2/3 en territoire. 36 % des agents appartiennent à la filière administrative, 32 % à la filière technique et 27 % à la filière sociale et médico-sociale. Le faux procès du temps de travail La direction de droite du Conseil départemental a choisi le temps de travail comme terrain d’offensive, peut-être pour estomper les coupes budgétaires. L’attaque s’est accompagnée d’une campagne de calomnies sur la rengaine éculée du « fonctionnaire fainéant », relayée par des - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 4 - Janvier - Février - Mars - 2016 - Luttes médias acquis à la droite comme BFM-TV ou des sites Internet locaux, tel un article paru le 25 janvier 2016 intitulé « L’Essonne en faillite : les fonctionnaires territoriaux vont-ils devoir travailler 35 heures ? », indiquant que les agents ne travaillaient que 30 heures par semaine. « La nouveauté » estime un responsable CGT, « c’est la montée en puissance du battage médiatique orchestré par l’exécutif départemental : une cam- pagne où la mauvaise foi confine à la désinformation. Nous avons interpellé le Président du Conseil départemental. Pour cet article calomnieux, nous avons obtenu un correctif et répliqué par un message inspiré d’une citation de Jean Jaurès : « Je ne plierai pas, je ne m’en irai pas en silence, je ne me soumettrai pas, je ne me retournerai pas, je ne me coucherai pas, je ne me tairai pas. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne point subir la loi du mensonge triomphant ». Des protocoles transparents La CGT est inattaquable juridiquement. Un protocole d’accord sur le temps de travail a été adopté à l’unanimité par l’assemblée départementale. Il est donc parfaitement légal. Depuis le 1er septembre 2001, les agents du Conseil départemental sont assujettis aux 35 heures. Dans le cadre des lois Aubry, un protocole d’accord sur l’ARTT a été voté fin 2000 sur une base de 1535 h annuelles, adossé à un projet concret d’amélioration du service public. Il a été réaffirmé en 2001, puis porté à 1 542 h en 2005 (journée de solidarité). Des règlements particuliers ont été adoptés, déclinant l’application du protocole par service, en fonction des contraintes et nécessités de chacun d’eux. Les agents techniques des collèges (A.T.C.) sont assujettis à un règlement particulier sur le temps de travail, basé également sur 1542 heures, mais dont la période de référence est l’année scolaire. François Durovray veut changer unilatéralement ces dispositions. Aucune négociation n’a été ouverte avec les organisations syndicales, leur avis n’ayant pas même été sollicité en Commission Te c h n i q u e Paritaire. Le Président s’est contenté d ’a n n o n c e r l’application prochaine des 1607 heures annuelles, déguisée en « examen du régime du temps de travail des collaborateurs du Département afin de respecter la durée annuelle légale du temps de travail dans la collectivité », sans plus de formalisme. La chasse est ouverte Un autre point très sensible touche le nombre de postes. Il en manquait 105 dans l’organigramme à la prise de fonctions du nouveau président. Ils avaient été gelés par le précédent. Son successeur veut carrément les supprimer. « En fait », explique la CGT, « invoquant tant la loi NOTRe, qui impose transfert, retrait ou partage de compétence, ainsi que la suppression de la clause générale de compétence, l’exécutif a délibérément choisi de supprimer 103 postes. En bon gestionnaire, aurait-il présenté au Comité Technique Paritaire l’examen des correspondances entre ces postes et les besoins de la collectivité ? Non. Interpellée en C.T.P, l’administration n’a pas apporté de réponse convaincante, les décisions sont prises dans la confusion. Des chefs de services concernés par des suppressions ne sont pas mêmes informés de celles- 1 607 heures : le Ministère botte en touche Avant d’être débarquée du gouvernement début février, Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction Publique, avait donné une longue interview à « Acteurs Publics ». Une des questions était : « La loi prévoit un cadre annuel de 1 607 heures, mais à en croire certains DRH et DGS, les employeurs publics disposent de trop de latitude dans l’application des textes, ce qui permet aux élus d’accorder des jours aux agents à leur convenance. Faut-il donner moins de pouvoirs aux employeurs publics ? » La réponse de Marylise Lebranchu témoigne d’un sens politique de la défausse et de l’humour : « C’est amusant : les entrepreneurs demandent davantage de liberté par rapport au Code du travail. Mais dans le public, il faudrait davantage encadrer tout cela ! Chaque collectivité a sa propre histoire et ses propres contraintes. Plutôt que de parler sans cesse d’un prétendu laxisme, il faut que l’on puisse faire le point, par exemple tous les deux ou trois ans, sur l’organisation du travail des agents. Dans certaines administrations, cette question du temps de travail a parfois été le résultat d’une mauvaise organisation. S’il faut effectivement toucher à la réglementation pour mettre fin à des situations qui ne seraient pas respectueuses de l’égalité de droit, notamment dans les collectivités territoriales, nous le ferons. Mais cela doit être abordé sereinement. Pour être entendu en France quand vous êtes de gauche, on a l’impression qu’il faut dire « Je me pose des questions sur les 35 heures, sur le code du travail et sur le Smic ». Là, on serait prétendument moderne… Je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là. Cette question du temps de travail dans la fonction publique doit être évoquée sans tension et sans clichés ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 5 - Janvier - Février - Mars - 2016 - .../... Luttes ci. Nous n’avons obtenu qu’un retrait de 2 postes de cette liste de 105. Avec la loi NOTRe, l’on s’attend encore à des coupes sombres ». L’une des cibles principales des collectivités gérées par « Les Républicains », que l’on retrouve d’ailleurs paie un audit. C’est ce qu’a fait François Durovray avec le cabinet Michel Klopfer (Paris 16e), qui remet son rapport le 21 septembre 2015, avec une remarquable vélocité depuis la commande. Le titre complet en est : « Analyse financière rétrospective 1998-2014 et prospective 2015-2021 ». Les hypothèses sont inquiétantes : + 0,3 % de moyenne entre 2014 et 2021 pour les recettes de fonctionnement, + 1,4 % à compter de 2016 pour les dépenses. Entre autres mesures préconisées, l’emprunt comme « variable d’ajustement des comptes administratifs ». Masse salariale sous la moyenne dans les mairies Front National, est la chasse aux équipements culturels et sociaux : fermetures d’établissements, montée des loyers, coupes ou suppressions des subventions, réduction des postes d’agents publics. Marc Elbilia, responsable CGT, a lu attentivement le rapport Klopfer. « La part de la masse salariale des personnels de la collectivité représente 18,5 % des dépenses de fonctionnement, elle est donc très inférieure à la moyenne des départe- ments de France et de très loin inférieure à celle de l’État, pourtant citée. Le Président du Conseil départemental tente cependant de promouvoir l’allongement du temps de travail. Cette masse salariale est d’ailleurs fortement comprimée depuis 2008, cela figure dans le rapport ». Pour la CGT, l’audit annonce et justifie par avance des années de disette budgétaire. « Le rapport conclut à un encours de dette fin 2014 de près de 1 Milliard d’€, il souligne l’allongement exponentiel de la capacité de désendettement, entre 2014 et 2016, passant de 8,6 ans pour atteindre 20,6 ans. Il pointe la faiblesse de l’épargne brute départementale. Il prescrit de majorer en 2016 de 13,2 millions d’€ les frais d’hébergement de l’aide sociale. La situation unique du département qui finance à 98 % le SDIS à l’aide pour une bonne part d’un scandaleux emprunt toxique dont le taux d’intérêt s’envole à 21% ! L’audit envisage le gel de la Au rapport ! Les exemples abondent en Essonne, de la quasi-disparition de la MJC de Chilly-Mazarin à l’exécution de l’UL CGT de Viry-Chatillon, en passant par l’asphyxie financière programmée des associations et des organisations de santé sans but lucratif. Les excuses sont connues : l’État a sabré ses dotations aux collectivités et les budgets déficitaires sont interdits, pendant que les besoins vitaux augmentent. Traduction : ceinture ! Les élus LR ne vont pas jusqu’à admettre que cette politique, même si elle a été reprise et aggravée par les gouvernements Hollande, est une marque de fabrique de la droite sarkozyste. Quand on veut s’appuyer sur des chiffres « incontestables », on se (Extrait du rapport Klopfer) La CGT et l’intersyndicale Le mouvement actuel est mené par une intersyndicale, dont la CGT est un élément décisif. Ce syndicat regroupe environ 200 adhérents, avec une évolution stable depuis dix ans, les départs-résiliations sont compensés par les recruesadhésions. Lors des mouvements sociaux des années passées, il y avait accord intersyndical. Aujourd’hui, la CGT est à la pointe du mouvement avec FO. La CFDT a rejoint le front unitaire constitué ainsi : CGT, FO, FSU, FAFPT, CFDT. Les communiqués et les tracts sont rédigés en commun, une page Facebook intersyndicale a été créée. Cependant, des divergences existent sur le concept de négociation, notamment avec la CFDT, du fait de ses options nationales. masse salariale et le non remplacement d’environ 50 postes par an ». Appelez la cavalerie ! Le cabinet Klopfer confirme les pratiques de « cavalerie », ce que savait déjà le syndicat : « Il y est indiqué une pratique courante des collectivités à laquelle n’échappe pas le CD91 : le glissement d’un exercice budgétaire à l’autre. Le CD91 aurait accumulé d’après ce même rapport, une dette latente non recensée de 108 M d’€ fin 2015. Elle serait le fruit - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 6 - Janvier - Février - Mars - 2016 - Luttes d’un budget toujours plus étriqué et à des dépenses grandissantes, elle serait aussi le corollaire du désengagement financier de l’État ». Ceci posé, la CGT du CD91 refuse toutes mesures dictées par l’austérité « parce qu’elles sapent les services publics et déconsidèrent ses agents ». Les arguments sont déroulés avec indignation : « Pourquoi ceux-ci feraient-ils les frais d’une gestion approximative voire de dérives financières, alors qu’ils tiennent à bout de bras des services en surchauffe ? » L’attitude du président Durovray n’est évidemment pas faite pour débloquer la situation, du fait de sa surdité constante. « Une politique d’austérité est clairement portée par l’exécutif départemental, alors que le Président du Conseil départemental répugne à rencontrer les représentants des agents et qu’il s’affranchit des règles en ne sollicitant pas même les instances consultatives », dit le syndicat. Mobilisation maintenue « Le budget voté le 25 janvier », ajoute la CGT, « va fortement contraindre les services rendus au public, des directions s’inquiètent déjà des conséquences des nouvelles modalités de récupération des heures supplémentaires. De ce fait, la capacité d’entretien des routes départementales ou les actions culturelles seront par exemple impactés ». Malgré la fermeture de la négociation par la direction, l’intersyndicale n’est pas restée l’arme au pied depuis une nouvelle AG tenue à la Maison des Syndicats le 3 février. « Nous avons saisi le contrôle de légalité, nous attendons sa réponse. Nous préparons le cas échéant une saisine du tribunal administratif. Nous avons créé une page Facebook intersyndicale pour informer les agents en direct. Nous avons créé un site internet propre à la CGT-CD 91 dans la même optique : informer les agents. Nous lançons aujourd’hui une pétition elle reprend nos revendications et recueillera c’est sûr le soutien massif des agents. Une réunion a eu lieu le 17 février avec le Directeur général des services, elle a confirmé la suspension des négociations sur le temps de travail.… En tout état de Les revendications de l’intersyndicale - Respect du protocole d’accord sur le temps de travail adopté à l’unanimité en décembre 2000, - Maintien de la prime d’installation, - Maintien des modalités de paiement des heures supplémentaires, - Maintien des 105 postes vacants supprimés, - Embauches nécessaires au pourvoi des postes vacants et le remplacement des personnels absents, - Arrêt des restructurations permanentes, - Recours contre toutes les délibérations prises de manière irrégulière, - Initiatives locales dans les services décentralisés, - Invitation à tous les agents de respecter scrupuleusement leur temps de travail par semaine, soit 38 heures, pas une minute de plus, - Refus de tout commencement de négociation sur le temps de travail tant que les recours contre la délibération concernée ne seront pas éteints, - Conditionnement d’éventuelles négociations à un état des lieux partagé et un accord sur les termes de la négociation, - L’intersyndicale portera plainte en cas de diffamation avérée. cause, nous refusons de négocier sur une base de temps de travail de 1 607 heures, décision prise en AG des personnels. Il a été décidé de convoquer mensuellement une AG tant que durera la confrontation ». Restriction de services, hausse d’impôts Si les ripostes syndicales sont d’abord motivées par les attaques de la direction du CD contre les agents et leurs conditions de travail, la CGT se préoccupe aussi des conséquences sur une population dont elle est évidemment partie : « Les Essonniens, en premier lieu les plus fragiles d’entre nous, seront sanctionnés par les restrictions affectant les services publics. Jeunes, anciens, personnes en position de handicap seront affectés par nombre de mesures : fin de la gratuité des repas au collège pour les plus démunis, suppression des aides aux transports pour les lycéens (cartes, Imagine R, SCOL’R), suppression de l’APA différentielle, suppression de l’aide à la carte scolaire bus de lignes régulières, etc. De plus, la hausse significative de la taxe foncière imposée aux propriétaires essonniens, passant de 12,69 % à 16,37 %, les touche de plein fouet. Par le tarissement des subventions aux associations, c’est la capacité des citoyens à vivre pleinement en Essonne qui est affectée, quand ce n’est pas l’existence-même des associations. Pour le moment, les services départementaux informent la population des nouvelles mesures quand celle-ci vient à eux. Les syndicats ne se sont pas encore adressés aux Essonniens ». G.D. Photos Pierre Benoit - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 7 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Luttes CSD CGT 91 Malaise et colère chez les territoriaux Le 25 janvier 2016, un millier d’agents du Conseil départemental se mettent en route et sillonnent en rangs serrés des accès à un quartier administratif hyper protégé… Drapeaux et banderoles militantes, pancartes improvisées, slogans et un beau vacarme qui ne couvre pas la force des témoignages d’inquiétude et de colère… La situation des agents du CD de l’Essonne se retrouve dans les autres collectivités territoriales. De sérieuses coupes budgétaires dans l’action sociale, deux coups de gomme sur un budget… et des familles sont laissées à la rue, des enfants mis en danger dans les La garden-party en referendum Ailleurs qu’à Évry, les délégations de service public pleuvent avec des choix odieux pour les agents : accepter une mise à disposition du délégataire, être reclassé dans un autre service de la ville, intégrer la société du délégataire… absence de reconnaissance des spécificités des métiers, complexité accrue des lignes hiérarchiques, environnement de travail non respecté, parcours professionnel aléatoire, situations particulières non prises en compte, précarité accrue, etc. la punition est sévère. Partout la précarité des non-titulaires aux directions. Quand on discrimine classiquement à la hussarde, on va désormais jusqu’à prendre la population à témoin : dans la hiérarchie des nuisances, où classer les « mouvements sociaux » ? Plutôt avant les viols ou après les pandémies ? Des armes réactivées Photos Pierre Benoit structures d’accueil, des solidarités s’effritent, la précarité devient une règle. Sur la tête des agents pèse la menace constante du « travailler plus pour gagner moins » dans des conditions dégradées, bien loin de traduire l’absolue nécessité du service public. De nouvelles menaces sont citées à chaque prise de parole : les départs en retraite ne seront pas remplacés, des emplois du domaine de Chamarande, fréquenté par des milliers de familles essonniennes chaque mois, sont supprimés, le temps de travail est attaqué sans être passé par la case obligatoire du Comité Technique. Moins que jamais il est question de régime indemnitaire pour les agents des collèges. Le précédent président est hué lorsqu’il s’avance vers la foule. « Vous nous avez trahis », lance une manifestante. L’actuel président se terre et refuse de rencontrer la délégation. Mais la lutte s’organise, la mobilisation ne faiblit pas lors des AG qui se succèdent et la CGT conduit une intersyndicale très motivée. est la cible la plus facile ; les contrats non renouvelés sont légion. On crée une équipe volante mais on supprime des postes permanents. Quelles résistances peuvent opposer des « emplois d’avenir » condamnés dès l’annonce des fusions ? Comment ignorer les problèmes des intérimaires recrutés à Pôle Emploi pour jouer les animateurs le temps de quelques après-midi ? De Brétigny-sur-Orge aux ATSEM des Ulis, en passant par Corbeil-Essonnes, Viry-Chatillon, Chilly-Mazarin ou les communautés d’agglomération à géométrie variable, comme au Conseil départemental, les personnels, quel que soit leur statut, sont désormais la variable d’ajustement des politiques d’austérité. Ces stratégies connaissent quelques aménagements plus étonnants : on consulte à coups de referendum ubuesque proposant comme alternative la suppression de quelques jours de congés ou de la garden-party du Nouvel An, on est invité au « dialogue social »... en groupe de travail face Il revient bien aux syndicats déjà implantés sur le territoire de lutter contre ces formes d’uberisation galopante qui risquent de contaminer les acteurs d’un service public déjà submergé par l’amplitude de ses missions. Nos armes sont traditionnelles : travail de terrain, heures d’infos, AG, formations tous azimuts, extension des droits syndicaux, mise en partage des pratiques gagnantes, construction de plateforme revendicative, feuille de route minutieuse, mise au point de protocoles ambitieux, constitution de groupes de négociation permanente, travail croisé avec les UL, les UD, les autres CSD... L’état de veille ne suffit plus. Certes nos armes sont réactivées par les fusions qui imposent aux syndicats de coopérer plus étroitement qu’ils ne le faisaient, en se structurant avec une énergie et des forces nouvelles. Les mouvements de grève prennent de l’ampleur dans bien des conseils départementaux, dans les offices HLM, dans des pans entiers de l’animation, dans des équipes de nettoiement… Et nous devrons encore élargir le cercle, raviver l’idéal social que nous défendons depuis des décennies pour lui offrir un second souffle politique et syndical à l’échelle de régions convergeant avec d’autres, enfin soucieuses d’un service public européen. Anne Fontaine - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 8 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Luttes Le tract médiatique de la CGT Renault - Lardy Dépollution, moyens humains, salaires, santé publique et buzz national Le 14 janvier 2016, la CGT RenaultLardy publie un tract de 4 pages qui provoque un retentissement national, peu de temps après la révélation de « l’affaire Volkswagen ». Il est intitulé « Mais où sont les embauches supplémentaires ? ». Un encadré indique que la répression des fraudes est intervenue sur plusieurs sites Renault et a embarqué les ordinateurs de certains dirigeants. Tout le reste, beaucoup plus important, passe au second plan de l’info nationale : les moyens donnés à la recherche sur la dépollution automobile, ses conséquences sur l’emploi et la santé publique, la désastreuse politique salariale du groupe Renault. La Voix Syndicale a demandé son avis à Florent Grimaldi, dirigeant syndical CGT Renault-Lardy. La Voix Syndicale. Avant de publier le tract, imaginiez-vous l’écho prolongé qu’il a eu dans les médias et l’opinion publique ? Quelles réactions avez-vous enregistrées chez vos collègues ? Florant Grimaldi. Le but de notre tract était d’interpeller largement sur le manque de moyens et de ressources dont nous subissons quotidiennement les conséquences. Seul un encart faisait référence à une enquête de la répression des fraudes à Lardy, car de nombreux collègues nous avaient interpellés sur ce qui s’était passé et sur le fait qu’ils n’avaient aucune information. Le site de Lardy est le site chargé des questions de dépollution pour le groupe Renault et, depuis l’accord de compétitivité de 2013, nous avons perdu 20 % des effectifs Renault (quasiment 300 salariés en moins par des départs volontaires ou anticipés à la retraite). De même, les moyens matériels ne sont pas à la hauteur des enjeux (bancs moteurs fermés, bancs à rouleaux surchargés, etc.). Nous avons été étonnés que cette question qui concerne la santé publique et les conditions de travail de milliers de salariés ne soit reprise par les grands médias que sous l’angle du scoop d’une éventuelle fraude et surtout sous l’angle de l’impact sur le cours de l’action à la Bourse. Quand nous parlons de conséquences sur la santé de la population et de conditions de travail, certains ne s’intéressent qu’à la capitalisation boursière et à l’image de marque. Un sacré révélateur de notre société et de ses médias dominants ! Du côté des salariés, les réactions ont bien sûr été diverses ! Plusieurs salariés nous reprochent de ne pas avoir gardé l’information en interne. D’autres sont conscients que la politique actuelle de Renault nous conduit dans le mur et qu’il faut agir pour que cela change. LVS. Le « plan d’urgence NOx », la nécessité d’embauches pour le réaliser et l’arrivée de la Répression des Fraudes dans plusieurs sites Renault le 7 janvier ne semblaient pas être des secrets d’entreprise le 14 janvier. Pourquoi à votre avis la CGT Lardy a-t-elle eu seule le courage d’en parler ? F.G. La direction n’a rien communiqué aux salariés sur ces perquisitions et sur la situation de Renault face à la question fondamentale de l’écart entre les émissions d’oxydes d’azote (les fameux NOx responsables de troubles respiratoires) obtenues en laboratoire lors de l’homologation et celles émises par les véhicules en conditions réelles de fonctionnement. Les craintes étaient et sont toujours réelles sur la capacité de Renault à répondre aux enjeux de la dépollution parce que la plupart des salariés voient les conséquences désastreuses des départs non remplacés, de la précarisation du travail au travers de la mise en sous-traitance de secteurs entiers, de la désorganisation que cela entraîne et des projets toujours plus complexes qu’il faut mener sans moyens et avec des délais plus courts. Se voiler la face sur ces questions, laisser la direction nous envoyer dans le mur sans réagir, c’est sûrement confortable pour certains mais ce n’est pas notre conception du militantisme. D’autant plus que ces questions touchent directement notre santé et celle de nos enfants. Dans les diverses interventions (dont politiques) qui ont fait suite à notre tract, le silence sur les questions d’impact environnemental est assourdissant. LVS. Depuis l’affaire Volkswagen, l’écart entre les « tests de laboratoire » et les niveaux de consommation et de pollution est avéré dans l’opinion. Les normes EU6d, le « plan d’urgence » pour les atteindre et, de façon générale, les normes « officielles » pour le Diesel, sont-ils des éléments de communication à destination du grand public ou des objectifs scientifiquement sérieux et indispensables aux yeux des professionnels que vous êtes ? F.G. Les écarts entre « homologation » par tests en labo et conditions réelles de fonctionnement sont connus depuis longtemps et leur réduction était déjà en cours de discussion au niveau européen avant le scandale Volkswagen. Les constructeurs faisaient pression - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 9 - Janvier - Février - Mars - 2016 - .../... Luttes sur l’Union Européenne pour que les nouvelles normes comportant des mesures en conditions réelles ne soient pas trop sévères. L’affaire VW leur a enlevé des arguments… Les futures normes devraient donc réduire réellement les émissions de polluants et atteindre ces normes nécessite des moyens importants et énormément de travail pour les constructeurs. C’est bien cela qui est au cœur de nos revendications de moyens et d’embauches supplémentaires chez Renault. LVS. Le refus par la direction d’embauches supplémentaires pour le « plan d’urgence » signifie-t-il que ce plan est un effet d’annonce irréalisable faute de personnel, ou qu’il sera assuré par sous-traitance ? La CGT Lardy a-t-elle chiffré les besoins en techniciens et ingénieurs pour réaliser ce plan et les coûts dans les deux cas (embauches et sous-traitance) ? F.G. Renault a annoncé en fin d’année 2015 ce « plan d’urgence NOx » en précisant un montant de 50 millions d’euros pour la réduction des émissions de NOx en conditions réelles sur des véhicules déjà produits ou en cours de production. Mais quand nous avons interpel- « Si dans l’actualité du milieu automobile des questions de fraude des tests polluants se posent, chez Renault, la fraude se situe plutôt du côté social. En effet, en 2012, Renault a négocié un accord de compétitivité. Avec notamment la suppression de 8 260 postes. Depuis dans plusieurs usines Renault, le taux d’intérim dépasse les 50 % sur les chaines de montage ». (Mickaël Lhuillery, de RenaultLardy, à l’AG de l’UD CGT 91, le 19 janvier 2015) lé la direction sur la réalité de ce plan, elle nous a répondu qu’elle ne prévoyait pas d’embauches supplémentaires sur le sujet ! C’est pourtant à Lardy que se réalisera la majorité du travail. Nous maintenons la pression car Renault a également annoncé que le plan de travail qui permettra de répondre aux futures normes, initialement prévu sur 5 ans, devra être accéléré et raccourci de 2 ans. Ce ne sera clairement pas possible sans embauches et moyens sup- LVS. Même si la rémunération des actionnaires est la priorité pour la direction, comment assurer techniquement une production et des études de qualité avec des salariés sous-payés et en nombre insuffisant ? F.G. L’accord de compétitivité Renault, tant vanté par le gouvernement (qui dit maintenant s’inquiéter de comment un véhicule dépollue…), ne prévoyait pas seulement le départ de 8 260 salariés de Renault en France (dont 2 500 dans plémentaires. La CGT-Lardy est en train de chiffrer ce que cela représente en termes de bancs moteurs et véhicules à réhabiliter et en termes d’embauches. Face à la situation, nous pensons que la direction ne pourra pas tenir longtemps même si elle avouera difficilement que l’action des salariés aura joué dans ses décisions ! Concernant la sous-traitance, c’est aujourd’hui la seule réponse que la direction a apportée aux départs de salariés Renault qu’elle a imposés. Il y a aujourd’hui plus de 800 salariés d’entreprises sous-traitantes sur le site de Lardy. Ils restent sous la menace constante d’un changement de mission qui peut faire changer leur lieu de travail de plusieurs dizaines de kilomètres (et on sait ce que cela représente en région parisienne) et leurs salaires sont au ras des pâquerettes. Nous avons lancé une pétition fin 2015 pour exiger un véritable plan d’embauches (notamment des prestataires qui le souhaitent). La pétition a recueilli la signature de plus d’un tiers des salariés Renault du site. Notre objectif est également d’organiser les sous-traitants pour qu’ils puissent lutter pour de meilleurs salaires et conditions de travail. Le combat continue donc sur cette question et nous ne lâcherons pas l’affaire ! l’ingénierie). Il prévoyait aussi la « modération salariale » sur plusieurs années. Cela s’est traduit par la suppression des Augmentations Générales de Salaires (AGS) depuis 3 ans. Cette année encore, la direction voudrait imposer des AGS à 0 %. Cela ajoute au ras-le-bol ambiant. Mais la direction semble se dire que, tant que sa politique à court terme de « tout pour les profits et les dividendes » tient, elle n’a aucun intérêt à en changer. Et ce, quelles que soient les conséquences sur la qualité des véhicules, la réalité de leur pollution et les conditions de travail qu’elle nous impose pour les concevoir et les produire. Il revient aux salariés de lutter pour obtenir de réelles AGS à même de compenser les pertes accumulées sur nos salaires depuis la crise de 2008 et pour obtenir un véritable plan d’embauches pour pouvoir réaliser un travail de qualité dans des conditions normales. C’est une tâche qui paraît immense, mais il n’y a que notre intervention massive qui pourra faire changer le cours des choses. Des mobilisations sont prévues ces jours-ci pour faire entendre notre voix. (Propos recueillis par Gilbert Dubant) - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 10 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Luttes 35 grévistes licenciés à id logistics lisses Solidarité nationale le 4 février et rendez-vous prud’homal le 11 mars L’affaire aurait pu se limiter à un conflit du travail plutôt habituel, si l’obstination répressive d’une direction n’avait pas rencontré l’appui d’un magistrat qui semble sensible au patronat. L’unité ID Logistics de Lisses est devenue depuis décembre 2015 le foyer d’une lutte sociale à dimension nationale, avec la venue de Philippe Martinez en soutien aux grévistes le 4 février 2016. La solidarité continue et le prochain rendez-vous est fixé au Conseil de Prud’hommes d’Évry le 11 mars. dait sa décision, déboutant la direction de toutes ses demandes et portant un commentaire intéressant : « Il n’entre pas dans les pouvoirs du juge des référés d’ordonner à un salarié de reprendre le travail ou à un syndicat de lancer un mot d’ordre appelant à cesser la grève ». Autre attendu : aucune identité n’ayant été relevée, personne ne peut être accusé d’entrave à la liberté du travail. La direction s’obstine et ID LOGISTICS décide de faire appel par le biais d’une requête non contradic- Photos Pierre Benoit Le 8 Décembre 2015, la direction d’ID Logistics remet en cause une prime de productivité entrainant une augmentation des cadences et une dégradation des conditions de travail. Une grève se déclenche aussitôt, suivie à plus de 80 %. La réaction patronale est pour le moins disproportionnée. Il ne s’agit pourtant pas d’un petit entrepreneur aux nerfs fragiles. C’est un groupe mondial spécialisé dans la logistique, avec 200 sites dans le monde, 874 millions d’euros de chiffre d’affaires et 13 000 salariés. Il peut donc mobiliser une armada de juristes pour entamer une véritable expédition punitive contre les manants qui ont eu l’audace de se défendre en installant des piquets de grève. toire, donc sans même entendre les salariés grévistes et leurs organisations syndicales. Au même TGI, il s’est trouvé un juge qui doit « aimer l’entreprise », puisqu’il estime le 15 décembre, toujours en référé, que « le blocage de l’accès au site est abusif en ce qu’il méconnaît tout d’abord le principe de la libre circulation des biens et des personnes ». Mobilisation nationale du « petit juge », comme l’appelle la CGT 91, l’employeur déclenche une procédure de 35 licenciements pour « faute lourde ». Tous les élus et mandatés syndicaux de l’entreprise sont dans la charrette. Si la direction croyait mater les salariés, elle a commis une erreur. « On ne lâchera pas », disait un gréviste dès le départ. Parole tenue, comme celle de l’UL CGT d’Évry. « Le conflit d’ID LOGISTICS est symbolique de ce qui se trame dans ce pays », dit son secrétaire général, Jean-Louis Betoux. « Ce gouvernement, son président, son premier ministre, son ex-garde des Sceaux offrent sur un plateau la tête de ceux qui résistent dans notre pays et en premier lieu les militants de la CGT ». L’affaire ID Logistics prend une dimension nationale par la venue, le 4 février, de Philippe Martinez, venu à Lisses soutenir les grévistes licenciés. Pour l’UL d’Évry, « la présence du secrétaire général de la CGT aux cotés des ID Logistics le matin, puis des Goodyear, Air France, place de la Nation à Paris l’après-midi, confirme la volonté de toute la CGT de dire non à la criminalisation de l’action syndicale. Toucher à un militant CGT, c’est toucher à toute la CGT ! ». La solidarité en actes Le lendemain mercredi 16, en fin d’après-midi, une compagnie de L’enjeu du 4 février avait été bien compris par plusieurs UL CGT de l’Essonne, qui avaient envoyé des gendarmerie vient expulser les grévistes. S’appuyant sur la décision délégations en nombre, jusqu’à atteindre environ 400 personnes Des référés contradictoires Vendredi 11 décembre, les grévistes sont assignés en référé au Tribunal de Grande Instance d’Évry pour « faire cesser l’existence d’un mouvement illicite », qui aurait occasionné notamment une perte du chiffre d’affaires du donneur d’ordre unique, le groupe Intermarché. Le 14 décembre, la juge des référés ren- - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 11 - Janvier - Février - Mars - 2016 - .../... Luttes devant l’entreprise. « Le 4 février a été un moment important pour nos camarades et les salariés ont constaté qu’à la CGT, solidarité n’était pas un vain mot », souligne Jean-Louis Betoux. « Au-delà de la présence de Philippe Martinez, le rassemblement de centaines de salariés, venus de toute l’Essonne et d’autres sites d’ID Logistics venus de toute la France, la CGT a fait la démonstration de sa capacité à mobiliser. La direction d’ID ferait bien d’en tenir compte plutôt que de jouer le pourrissement ». Le 11 mars 2016, aux côtés des 35 d’ID Logistics, la CGT appelle à un nouveau rassemblement à 8 heures 45 devant le Conseil des Prudhommes d’Évry, rue de la Patinoire, pour exiger en audience de référé la nullité Alstom / General Electric Les suppressions d’emplois touchent Massy de plein fouet General Electric a décidé de supprimer des emplois chez les ex-salariés d’Alstom pour des raisons de pure logique financière sans aucun lien avec des problèmes de compétitivité dans les différents secteurs concernés. Les 6 464 destructions d’emplois en Europe annoncées par General Electric d’ici 2017 se traduiront par la suppression d’1 salarié sur 6. Les quelques 900 postes concernés en France sont presque tous situés en région parisienne, avec LevalloisPerret et Massy (313 emplois) au premier rang. La CGT ne se résigne pas. Le plan de restructurations touche directement les capacités industrielles : une unité de conception de chaudière fermée à Massy; l’ingénierie de centrale amputée de sa capacité lot électrique; plus de 200 postes d’ingénieurs et cadres supprimés dans la réalisation de projets nucléaires à Levallois. Malgré les engagements pris par accord avec le gouvernement, la R&D serait directement ciblée comme à Automation & Contrôle Massy. La priorité de GE était d’obtenir une rapide rentabilité financière de l’opération en s’appuyant sur l’accès aux marchés d’Alstom Energie. Ce plan « d’économie » condamne le développement des savoir-faire liés à la base industrielle, héritée d’Alstom ou préexistante chez GE. Énergie prometteuse des licenciements et la réintégration de tous. g Toutes les perspectives à long terme du marché de l’énergie sont prometteuses : entre la maintenance du parc actuel et le nécessaire développement des énergies renouvelables, des marchés considérables sont promis aux industriels positionnés sur ces activités. C’est ce qui a motivé le rachat des activités énergie d’Alstom par General Electric. Cette opération a permis à GE de s’ouvrir largement le marché européen tout en éliminant un concurrent. Mais simultanément GE s’est engagé auprès de ses actionnaires à dégager trois milliards de dollars d’économies grâce à ce deal. Pour atteindre cet objectif, GE met en œuvre les solutions qu’il connait bien : suppressions d’emplois, fermetures de sites, délocalisations, externalisations, abandon de technologies considérées comme non rentables ou trop consommatrices de cash. « Il est indispensable de reprendre en main notre avenir et d’imposer à nos dirigeants d’avoir une vision Photos Pierre Benoit Yves Lévêque à l’AG de l’UD CGT 91 le 19 janvier 2016 (Photo PB) industrielle sur le long terme, tournée vers l’innovation, l’investissement et la stabilité sociale », dit Yves Lévêque, responsable CGT dans l’Essonne. « Il est urgent d’exiger de General Electric la présentation de son plan stratégique permettant de comprendre comment l’entreprise garantit la pérennité de nos activités et de nos emplois sur le long terme ». Après avoir cédé plus de 140 milliards d’actifs bancaires en 2015, GE dispose d’une capacité d’investissement inégalée. « Alors, qu’il le prouve avec un plan d’investissement à la hauteur des enjeux ! », explique la CGT. « Avec une capitalisation boursière mondiale de 283,6 milliards de valeur, il reste, pour ses actionnaires une valeur sûre ». À preuve, ils toucheront en 2016 26 milliards. Combien pour l’investissement et les salariés ? - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 12 - Janvier - Février - Mars - 2016 - Luttes Rentrée scolaire 2016 Collèges désorganisés et lycées sacrifiés L’année scolaire 2016 - 2017 commence déjà à se préparer. Cela ne s’annonce pas merveilleux. Dans les écoles, le nombre de professeurs remonte légèrement, mais les prévisions d’effectifs d’élèves augmentent aussi. On peut donc craindre que les postes supplémentaires soient insuffisants pour accompagner la hausse démographique. Il y aura toujours par ailleurs plus d’élèves par classe dans les collèges et les lycées de l’Essonne. La rentrée scolaire 2016 sera celle de la mise en place de la réforme des collèges. Les programmes des quatre années vont être changés d’un seul coup, ce qui annonce une belle désorganisation. Notamment, parce que les établissements n’ont pas les budgets pour changer tous les manuels. L’administration annonce qu’il ne devrait y avoir que des améliorations. Pourtant, il y a déjà des perdants. La norme rectorale passe à 30 élèves par classe en collège pour les dotations (permettant ainsi de minimiser les be- soins en professeurs). Pour l’instant, il y a une adaptation pour tenir compte, selon l’Inspection Académique, « de l’histoire du département », mais le Directeur Académique a eu cette phrase : « On n’a pas pu d’un seul coup faire la bascule pour aller à 30 ». Régionaux d’Enseignement Adapté (EREA), dont la mission est de prendre en charge des adolescents en grande difficulté scolaire et sociale, ou présentant un handicap, vont faire l’objet de mesures d’économie. Les Professeurs des écoles éducateurs en Internat (EEI) qui y travaillent vont être progressivement remplacés par des Assistants d’Éducation, des personnels précaires moins formés, mais moins payés. L’administration justifie cela en déclarant : « Il n’y a pas besoin de passer un concours pour surveiller la nuit ». C’est méconnaitre (ou mépriser ?) tout le travail éducatif de ces collègues spécialisés. Comme il faut éviter que la colère dans les collèges ne s’amplifie et qu’il n’y a pas assez de moyens pour accompagner la hausse démographique, le ministère a fait le choix de sacrifier les lycées. Le nombre d’élèves par classe dans les lycées s’aggrave encore, ce sera le pire depuis des années. Nous n’avons donc pas fini de rajouter des tables et des chaises dans des classes déjà saturées. Premiers résultats Il faut donc s’attendre à voir le nombre d’élèves par classe augmenter progressivement dans les années qui viennent. Le nombre d’élèves par classe dans certains collèges socialement fragiles va déjà augmenter, ils passent d’un seuil d’ouverture de classe de 27 élèves en 6e - 5e et de 29 en 4e - 3e à un seuil de 3O. Des collèges pourtant classés en REP (Réseau Education Prioritaire) passent de 26 à 28. Surtout, maintenant tout se négociera en interne dans le collège en fonction des moyens donnés. Les collèges se retrouvent à devoir choisir entre des dédoublements dans certaines matières ou des ouvertures de classe. On fait porter sur les collègues la gestion de la pénurie ! Discours et réalités La CGT demande l’ouverture de discussions au niveau du groupe GE sur la mise en place d’un plan de départ anticipé à la retraite compensé par des embauches sur l’ensemble des unités françaises. « Mais surtout », ajoute Yves Lévêque, « nous souhaitons travailler avec les autres organisations syndicales sur un projet alternatif, créateur d’emplois s’appuyant sur la compétence de tous les sites pour faire face aux défis de la transition énergétique. On a commencé à le faire, notamment en région parisienne ». Cette démarche a permis de rassembler à Levallois le 21 janvier plus de 500 salariés des deux sites les plus touchés : Massy et Levallois. La direction, face au mécontentement, a accepté d’engager des discussions et de décaler au 7 mars l’ouverture de la procédure sur les PSE dans les différentes entités juridiques. Cette « concession » de la direction n’a cependant pas d’impact sur le déroulement de la procédure et l’économie qu’elle a prévu de faire sur le dos des salariés. g Menaces sur l’enseignement adapté Les élèves les plus en difficultés, encore une fois, font les frais de la politique ministérielle. L’avenir des SEGPA devient inquiétant, il y aura six suppressions de postes l’année prochaine. Les EREA (Établissements Une fois de plus, on découvre que les discours de la ministre n’ont aucun lien avec la réalité du terrain. Après avoir survendu la mise en place du nouvel Enseignement Moral et Civique comme réponse aux évènements du 13 novembre 2015, elle ne donne pas les moyens de le mettre en place pour les élèves de la voie technologique. Les lycées technologiques devront donc se débrouiller pour trouver des heures pour ce nouvel enseignement obligatoire, en prélevant sur d’autres enseignements. Les dernières annonces sur la lutte contre le chômage font craindre une poursuite de la fuite en avant libérale. François Hollande vient d’annoncer des mesures qui favorisent une nouvelle fois l’apprentissage, il veut créer « 500 formations nouvelles en alternance » dans les lycées professionnels, avec des jumelages entre LP et CFA. Manuel Valls recevant les présidents de régions écoute avec intérêt. Christian Estrosi, le président de la région PACA, - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 13 - Janvier - Février - Mars - 2016 - .../... Luttes réclamer le retour de l’apprentissage à 14 ans ! Pourtant, la suppression de l’apprentissage « junior » à 14 ans était l’une des rares mesures progressistes de Peillon. « Les discours gouvernementaux veulent nous faire croire que l’éducation et la jeunesse sont leur priorité, mais ils ne mettent pas de moyens dans cette politique… », résume la CGT. Y.B. (DR) CGG - MASSY Les 200 suppressions d’emplois ne passent pas ! C’est au son de la corne de brume que les salariés ont défilé dans l’entreprise le 9 février, pour exiger une amélioration du PSE et la prise en compte des alternatives permettant de préserver leurs emplois. Un concert peu goûté par la direction qui a le culot de souligner le stress et le traumatisme acoustique (sic !) généré par l’instrument, alors qu’elle prévoit de licencier 189 personnes sur le site de Massy. Face à une baisse de grande ampleur du marché d’exploration pétrolière, la direction de l’entreprise a décidé de désarmer quatre de ses neuf navires de prospection sismique encore en activité. Après plusieurs opérations coûteuses de fusion-acquisition dans les dernières années, l’entreprise se trouve menacée d’un défaut de trésorerie à court terme, et sous pression des marchés financiers, qui détiennent la dette colossale de plus de 2,5 milliards. Pour lever des capitaux permettant de passer ce cap dangereux, la direction présente donc un plan de recentrage sur les activités jugées les plus rentables et génératrices de trésorerie pour l’avenir. L’ensemble de Massy Elle saisit cette occasion pour poursuivre son désengagement du secteur de l’acquisition de données en mer, fortement déficitaire dans le contexte actuel et insuffisamment rentable aux yeux des actionnaires sur le long terme. Les suppressions d’emplois pénaliseront un redémarrage lors de la reprise. Le site de Massy a la particularité de regrouper l’ensemble des activités d’acquisition et de traitement des données, permettant ainsi d’y concevoir des méthodes géophysiques intégrant l’ensemble de la chaîne de l’exploration, depuis l’acquisition jusqu’à la détermination des paramètres physiques des structures pétrolifères. Les suppressions d’emplois ciblent particulièrement ces domaines transverses. L’avenir du site de Massy, recentré principalement sur le traitement des données géophysiques, risque donc d’être compromis. Les salariés, avec les élus syndicaux se concertent et se mobilisent pour défendre des propositions alternatives : ils proposent de nouveaux axes stratégiques de Recherche Développement, la création d’un pôle d’Ingénierie marine permettant de se développer sur de nouveaux marchés tout en préservant les compétences, le maintien des infrastructures informatiques sur le site, etc . CGG. Cet argent ne doit pas servir à licencier mais à préserver le potentiel sur notre territoire. Au delà du court terme, il faut développer une stratégie industrielle pour la filière, appuyée sur un pôle public financier, comme l’ont demandé cinq fédérations CGT (Énergie, Chimie, Métallurgie, Marins et Officiers de marine) au Ministre de l’Économie. Y. H. Syndicat SNGG CGT, 27 avenue Carnot, 91 341 MASSY tel : 01 64 47 30 33 email : [email protected] site : [email protected] Où iront les millions de la BPI ? - Jean Claude Auguin - Martin Arnaud - Pierre Benoit - Jean-Louis Betoux - Yannick Biliec - Ollivier Champetier - Gilbert Dubant - Éric Dumas - Marc Elbilia - Anne Fontaine - Brigitte Gabriel - Gérald Glancer - Florent Grimaldi - Irène Huard - Annick Jeannette-Stiti - Véronique Josien -Éric Lesage - Yves Lévêque - Yves Pradillo - Paul Roussy Le syndicat SNGG-CGT avance également le passage aux 32 heures comme un moyen de préserver les compétences dans une période de plus faible activité. Reste à obtenir que ce sujet soit abordé dans les négociations du PSE. La CFDT, majoritaire sur le site, traîne des pieds. Après plusieurs rassemblements à l’occasion des réunions de négociations, les salariés s’impatientent devant le peu d’avancées sur les conditions d’accompagnement plutôt médiocres du PSE. Avec la CGT, ils ont décidé d’interpeller le ministère de l’Industrie le 18 février pour obtenir un soutien des pouvoirs publics pour les alternatives. La BPI, qui possède 12 % des actions, a apporté 35 millions pour le refinancement à court terme de La Voix Syndicale de l’Essonne Ont participé à ce numéro 102 de la Voix Syndicale Intervenants: Administratif et technique : Brigitte Blanche Publicité : COMEDIANCE 01 49 22 74 57 - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 14 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g actualités Grève pour la dignité L’image de la Fondation Dassault victime de son management Lundi 1er février 2016 est une journée particulière pour la Fondation Dassault, à Corbeil-Essonnes, qui connaît sa première grève. Les salariés majoritaires ne réclament pas d’augmentations de salaires ni d’effectifs. La revendication porte sur le respect des salariés par la direction, qui veut gérer un site médicosocial comme une caserne. Le coup porté publiquement à l’image de marque de sa fondation semble préoccuper Serge Dassault et son bras droit, maire de la ville. Quartier résidentiel, belles maisons, tranquillité garantie, sauf ce lundilà. La rue de la Dauphine est décorée de drapeaux CGT et les salariés distribuent des tracts à des automobilistes qui les klaxonnent en sourdine, en soutien. « Nos revendications concernent principalement des questions de management inadapté, anxiogène et cassant pour le personnel, ce qui engendre intimidations, pressions et non reconnaissance des compétences, ainsi que la non concertation des salariés dans les prises de décisions les concernant », explique Martin Arnaud, animateur CGT du mouvement. « En janvier 2015, des pressions avaient débuté sur l’équipe week-end, qui a estimé opportun de se syndiquer et de se présenter aux élections de DP et CE sous la bannière CGT. On a amplement remporté ces élections en octobre 2015 ». Direction agressive Changement de décor peu apprécié par la direction de l’établissement, plus habituée à gérer à la baguette l’établissement voisin de Mennecy qu’à discuter avec un syndicat revendicatif. La vie de la Fondation Dassault est de tradition apaisée jusqu’en 2014, où la direction change. Environ 70 CDI et CDD s’occupent depuis des années d’une soixantaine de personnes (plus une vingtaine dans les foyers en ville) souffrant de déficit mental, en relation suivie avec les familles. Cellesci sont d’ailleurs choquées du comportement de la direction. « Les familles commencent elles aussi à se regrouper. L’idée d’un collectif est dans l’air, face au manque de communication et de considération. Les résidents se plaignent quotidiennement des agissements inadaptés du directeur à leur encontre, infantilisation ou excès d’autorité », dit la CGT. « Depuis l’élection de la CGT, la direction est agressive, avec des recommandés réguliers au représentant syndical, des difficultés à faire les réunions DP. Tout est fait pour que la direction mette des bâtons dans les roues de la représentativité salariale ». Le boss en personne Le ras-le-bol se manifeste avec la grève de début février, suivie au départ par une majorité de salariés. La suite du mouvement connaîtra des hauts et des bas de mobilisation, mais l’élan revendicatif tient toujours. Au point d’inquiéter Serge Dassault lui-même, pour qui la Fondation est un profil socio-caritatif qui corrige dans l’opinion la réalité militaro-industrielle. Le président nonagénaire de la Commission des Finances du Conseil départemental va jusqu’à se déplacer mi-février dans l’établissement pour écou- ter les revendications, puis repart sans mot dire, mais sans soutenir officiellement le directeur local. Il laisse le job à son bras droit JeanPierre Bechter, par ailleurs maire de Corbeil-Essonnes, qui semble bien ennuyé d’un conflit qui marque mal. Jusqu’au point de promettre le paiement de deux, puis cinq jours de grève, dans désavouer la direction, mais en prenant ses distances. Tutelle indirecte Le directeur général, Pierre Rius, garde officiellement la main, mais Jean-Pierre Bechter a déclaré à la CGT qu’il souhaitait « une rencontre tous les jeudis ». Pour les salariés, « cela ressemble à une mise en tutelle indirecte ». La réorganisation du service à coups de serpe paraît donc avoir pris un coup de vieux. L’affaire met en lumière le dynamisme d’un syndicat CGT récemment créé, soutenu par l’expérience de l’UL de Corbeil-Essonnes et de son secrétaire Olivier Gauthier. À tel point que la CFDT, plus ancienne dans la Fondation, se rapproche de Martin Arnaud et de ses camarades. Cas particulier ou tendance ? G.D. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 15 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g actualités Pixmania brétigny-sur-orge La fermeture laisse 86 emplois sur le carreau Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé son jugement le 5 février 2016 en faveur du repreneur Vente du Diable (VDD). VDD reprend 33 postes sur les 186 de Pixmania. Pour les 86 de Brétigny, aucun poste repris, sauf à envisager 20 postes délocalisés en Maineet-Loire et Manche. VDD reprend 6 postes sur les 60 de E-Merchant. L’UL CGT de Brétigny-sur-Orge, aux côtés des salariés en lutte pendant tout le conflit, observe que le groupe Mutares, propriétaire de Pixmania, a réalisé une excellente opération : la valeur des actions du groupe est passée de 58,45 euros à 72 euros, soit une augmentation de 23,3 %. L’examen de rapports financiers, que l’UL s’est procurés, décrit un véritage torpillage : « L’arrêt des achats de marchandises par Pixmania est consécutif à son rachat par Mutares. Le chiffre d’affaires était réalisé avec 85% des achats, la baisse des achats entraine mécaniquement la baisse du chiffre d’affaires à cause de produits indisponibles à la vente ». Le mécanisme est par- faitement décortiqué. Baisse du chiffre d’affaires orchestrée pour passer de près de 800 M€ en 2010 à 187 M€ en 2015. Dépouillement mode d’emploi Ces éléments laissent à penser que la liquidation de Pixmania aurait fait l’objet d’un accord entre le groupe tenait sur Pixmania (au profit du repreneur, Mutares) et à verser à Mutares une somme de 70 millions d’euros pour l’aider à soutenir les sites marchands de Pixmania. En contrepartie, Mutares aurait accepté de liquider Pixmania, qui représente une concurrence menaçante pour le groupe Dixons. De manière simultanée, Mutares génère des résultats records en 2015, si bien que la corrélation de la montée de Mutares et de l’effondrement de Pixmania semble indéniable. Rien ne vient soutenir que Mutares a cherché sérieusement à redresser la société Pixmania. Tout vient soutenir que Mutares a dépouillé Pixmania en lui ponctionnant des « management fees »k inutilement. k Dixons (cédant), et Mutares (repreneur) lors de la cession de Pixmania par Dixons à Mutares. Chaque partie y aurait trouvé son intérêt. D’un coté Dixons s’est engagé à abandonner les créances qu’il dé- Depuis l’arrêt Mécasonic du 23 octobre 2012 rendu par la Chambre commerciale de la Cour de cassation, subsiste un doute dans l’esprit de nombreux professionnels du droit et de la finance sur la validité des conventions de prestations de services, conclues entre deux sociétés ayant un dirigeant commun, dénommées (parfois abusivement) de « management fees ». Les délégués de l’essonne au 51e congrès confédéral Nom Brigitte Gabriel Taïs Hernandez Franck Moubeche Damien Bornerand Claude Francal Karine Robert Frédéric Pavé Gilles Éveillard Jean-Philippe Mollad Sophie Pipon Fédération FD banques assurances FD santé, action sociale FD santé, action sociale FAPT FD métallurgie FD Energie FD transport UCR FD services publics FD commerce Lieux de travail BNP PARIBAS CHSF APHP –Clémenceau SFR NCR CEA Saclay SNCF Corbeil Retraité de la Snecma Territoriaux de Morsang / Orge Intermarché Gif-sur-Yvette - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 16 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Luttes Les bons comptes d’altis corbeil Comment faire passer les salariés après les actionnaires Depuis l’arrivée du nouvel actionnaire en 2010, Altis S/C a toujours vécu d’espoir dans l’attente d’un programme miracle capable d’assurer son avenir. Nous n’avons connu qu’austérité (absence de plan salaires, chômage partiel, pénuries en tout genre) et abus de pouvoir (décalage depuis deux ans des paiements des salaires, retard dans le versement de la contribution au CE, impositions de tâches hors du périmètre métier de chacun, contraintes d’HS, décision arbitraire de prise des congés…). Bien que depuis plus de deux ans, tous les mois, les salariés s’interrogent sur les motifs réels des retards de paiement des salaires, deux informations d’août 2015 interpellaient : augmentation du capital de la SAS YSI Capital (holding de la famille Yazid Sabeg propriétaire à 100 % de la holding Altis International) et transfert du siège social parisien vers la Belgique ; demande de Yazid Sabeg de la désignation d’un commissaire ad hoc lors de la réunion du CIRI. Indépendamment du fait que ces informations ne sont pas parvenues via le CE, elles interpellent sur l’absence de débat lorsqu’on traite des « difficultés de l’entreprise ». À ce jour, la direction met toujours en avant le coût du travail… Elle se garde bien de mettre en lumière le coût que représente la structure d’empilement de deux holdings et trois entreprises. Un État si généreux Ainsi, Altis S/C, seule entité réalisant un chiffre d’affaires, se trouve débiteur de la holding d’un prêt de 45,4 M€ et lui paie des intérêts d’un montant de 1,4 M€ en 2013, 4,5 M€ en 2014 (dont 1,9 M€ à Altis Int’al, estimation 2015), 11,8 M€ dont 3 M€ à l’actionnaire. Posons-nous également la question des dividendes, frais financiers et autres coûts des dix plus hauts dirigeants… Dans ce contexte, on apprend que des équipements de production ont été gagés à hauteur de 10,8 M€ en 2011 et plus récemment, une hypothèque a été prise sur le bâtiment B2 (21,6 M€). Rapprochons ces chiffres des montants d’argent public que l’État a distribué sans contrepartie, ni contrôle sérieux, depuis l’arrivée du nouvel actionnaire au titre d’Altis S/C : 34,3 M€ au titre du CIR/ CICE, 24,4 M€ de subventions, soit 58,7M€, plus quelques millions de la Communauté d’agglomération Seine-Essonne. Droit d’alerte ? Pourtant, pour la quatrième année consécutive, les salariés n’ont vu aucune augmentation de salaire, ont subi en 2014 un semestre de chô- mage partiel et y sont à nouveau de novembre 2015 à mars 2016. Il est grand temps que l’État demande des comptes sur l’utilisation de l’argent public et que le CE dépose un droit d’alerte. Seules ces interventions mettront de la transparence dans la gestion de l’entreprise et pourront renverser les valeurs : l’intérêt des salariés avant celui des actionnaires. Annick Jeannette-Stiti Grève à Otus-Véolia Wissous Ras-le-bol des conditions de travail et de la direction Jeudi 18 février 4 heures du matin, les salariés d’Otus-Veolia Propreté sont en grève à Wissous. Tout a commencé lundi 15 février lorsqu’une délégation CGT est reçue par la direction locale. La suite montre l’attitude de plus en plus fréquente des directions d’entreprise et du blocage social qu’elle génère. La liste en 28 points des revendications des salariés est posée sur la table de négociation. C’est sur un désaccord profond que s’est terminée la réunion. En effet, si des revendications liées au pouvoir d’achat des travailleurs sont mises en avant (pas ou peu d’aug- sur le piquet de grève. La nouvelle gestion des contrats avec les communes avec suppressions de bennes sur certaines collectes se traduit par une détérioration des conditions de travail. Mais, le principal déclencheur, qui a fait répondre présent à 80 % des 300 salariés des deux sites à l’appel de la Cgt, c’est le management local. Le directeur du site, en poste depuis deux ans, fait l’unanimité ; les salariés ne peuvent plus supporter ses agressions verbales, ses menaces, ses «faveurs» à la tête du client pour opposer les salariés entre eux. « Quant à la CGT », note Brigitte mentations, critères subjectifs d’attribution de prime, suppression de primes), ce sont bien les mauvaises conditions de travail qui sont au cœur des discussions Gabriel, de l’UL de Massy venue soutenir les grévistes, « ce monsieur refuse de recevoir les élus et mandatés en dehors des réunions CE, DP ou CHSCT ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 17 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g actualités Hélio Corbeil Quatrième anniversaire pour la SCOP Magazine, Télé Star, Télé 7 jours) étaient prêts à leur garantir la continuité de leur engagement. Aujourd’hui, c’est un effectif de 92 personnes. Les douze nouvelles embauches en CDI sont devenues sociétaires à leur tour par un versement mensuel au capital de la SCOP. Garder le CDI Lundi 8 février 2016, la SCOP de l’imprimerie Helio Corbeil a fêté son 4e anniversaire. Par une reprise à la barre du Tribunal de Commerce de Meaux le 8 février 2012, 80 salariés sur 130 sont tous devenus salariés sociétaires. Le capital de l’entreprise s’est constitué avec les salariés sociétaires investissant l’équivalent de trois mois de salaire, un prêt de la région île-de-France (remboursé par les salariés sociétaires), un prêt du Crédit Coopératif et un prêt du groupe Figaro à l’entreprise. Leurs trois clients historiques (TV Allez-y, c’est ouvert, www.cgt91.fr ! Le quatrième anniversaire fut l’occasion d’inviter dans l’imprimerie une grande partie de ceux qui ont aidé à la réussite de cette belle aventure. Un apéritif dinatoire et la présence de 160 personnes donne la possibilité au Délégué Syndical CGT de présenter ses remerciements. « Tout d’abord à l’ensemble de l’équipe syndicale CGT, pour entre autres l’organisation et la réussite de cette soirée, puis surtout à tous les salariés sociétaires qui, dans leur quotidien, font que nous puissions envisager l’avenir. Nous ne pouvons oublier nos intérimaires et les difficultés de leur précarité en espérant les intégrer en CDI avant que celui-ci ne disparaisse, comme les 35 heures, le Code du travail, les accords de branches et tous les autres acquis sociaux attaqués par ceux qui promettaient que « notre ennemie, c’est la finance ». Nous ne nous laisserons pas faire. Les artisans de la solidarité Les salariés d’Helio ont tenu aussi à remercier l’UL CGT de Corbeil qui, encore récemment, a répondu au besoin de formation, mais aussi à l’UD CGT 91 qui depuis de très nombreuses années, a soutenu les imprimeurs dans tous leurs combats. À noter la présence de la section « Retraités Filpac CorbeilEssonnes et ses environs », « présente à nos côtés et qui nous donne de l’énergie en voyant leur engagement dans de multiples domaines, sans oublier nos camarades SIP, le Syndicat des imprimeries parisiennes Filpac CGT, sans qui nous ne pourrions être là aujourd’hui ». Ce quatrième anniversaire était la concrétisation d’une solidarité sans faille, mais aussi un porteur d’espoir de réussite « pour nos amies brocheuses qui démarrent leurs activités dans nos murs ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 18 - Janvier - Février - Mars - 2016 - Gérald Glancer g actualités Solidarité avec les sans-papiers La Direccte et la préfecture de l’Essonne durcissent les conditions de régularisation Depuis 2006, l’Union Locale CGT de Massy s’est engagée auprès des travailleurs sans-papiers en soutenant les grèves et les occupations dans les entreprises, pour leur régularisation. Passer de la condition de travailleurs sans droits à celle de travailleurs à part entière. La première de ces grèves a été celle des ouvriers sans-papiers de la blanchisserie Modelux à Chilly Mazarin en octobre 2006. Les 22 grévistes, après une semaine de grève et d’occupation de leur entreprise, ont fini par être régularisés. Ce premier succès en a généré bien d’autres, et mobilisé toute la CGT départementale. Toutes les avancées qui ont permis des milliers de régularisations de travailleurs notamment sur la région parisienne ont été arrachées au gouvernement et au patronat par la grève ou par la peur de la grève, et ceci tout particulièrement lors des années 2008 à 2010 (presque 7 000 grévistes avec carte de grève fin 2009). Le 28 novembre 2012, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, publiait une circulaire qui reprenait l’essentiel des avancées gagnées par le mouvement gréviste tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cette circulaire a de plus en plus Jean-Claude Auguin été encadrée par différentes orientations régressives données au niveau du gouvernement et qui plus est appliquée selon le bon vouloir des préfets : dossiers examinés au cas par cas hors de tout contexte salarié, négation et mise de côté de l’intervention syndicale, pouvoir absolu du préfet sur la circulaire réaffirmé par le Conseil d’État… C’est dans ce contexte difficile qu’aujourd’hui encore l’UD CGT 91, les UL d’Évry et de Massy, continuent d’accompagner régulièrement les travailleurs sans-papiers pour des motifs imaginaires : non à la préfecture pour tenter de faire fourniture de pièces complémenavancer les dossiers. Malgré les taires de l’employeur, missions d’interim sur un emploi de CDI (contrat à durée indéterminée), refus d’un emploi d’agent de service faute de compétences professionnelles… Tous ces refus se traduisent par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) adressée au travailleur sans-papiers. Le 16 décembre 2015, la CGT a déposé trois dossiers pour une régularisation avec 10 ans de présence en France, « carte d’un an vie privée vie familiale ». Tous les dossiers sont refusés, alors qu’ils ont été acceptés sur la même base pendant un an et demi. Le 27 janvier 2016, la préfecture d’Évry exige comme preuve d’hébergement en plus d’une attestamultiples obstacles mis sur leur che- tion d’hébergement, de la photomin, les militants CGT se sont tou- copie recto-verso de la pièce de jours efforcés de ne pas confondre l’hébergeur, d’une quittance de la politique du gouvernement et les loyer et d’une facture EDF, GDF, téléagents de la préfecture en charge phone de moins de 3 mois, les avis de l’appliquer. d’imposition, l’aide médicale d’État, la carte Vitale, le Pass Navigo, les Changement d’attitude comptes bancaires avec la même depuis juillet 2015 adresse que celle de l’hébergeant. Chacun sait que les travailleurs C’est la DIRECCTE ( Direction régio- sans-papiers font notamment les nale des entreprises du travail et de travaux durs et mal payés (bâtil’emploi), par son service de la main ment, restauration, nettoyage, d’œuvre étrangère qui a lancé les etc…). Ils ne prennent le travail attaques : les dossiers des travail- de personne. Pourquoi durcir les leurs accompagnés ont été refusés conditions de régularisation, si ce Suite Page 21 - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 19 - Janvier - Février - Mars - 2016 - actualités 18e congrès de l’ul massy L’esprit de résistance Trois mois après son congrès des 3 et 4 décembre 2015, l’Union locale de Massy montre une continuité vernementales et patronales sont incessantes et ne font qu’aller crescendo ». dans l’activité et une accumulation de problèmes. Ils sont pour l’essentiel dus au rôle économique important du secteur et aux coups qui le frappent, comme la CGG. D’autre part, la zone de Massy est au premier rang essonnien de la compétition entre territoires générée par la politique libérale du gouvernement et les secousses de la réforme territoriale en Ile-de-France. Le bilan de l’UL et ses projets montrent une volonté forte fondée sur une activité en progression interne et externe. Le précèdent congrès de notre Union Locale s’était déroulé les 3 et 4 mars 2011 et avait porté à sa tête Brigitte Gabriel, reconduite en 2015. Le rapport d’activité du 18e congrès montrait un départ sur les chapeaux de roue, qui avait contraint la nouvelle Commission Exécutive à prendre ses marques dans l’urgence sociale. Quatre ans plus tard, le bilan n’était pas différent : « Ce constat est que les attaques gou- L’état des lieux de 2015 abordait avec franchise l’engagement de l’UL « pour virer Sarkozy » et la déconvenue après l’arrivée de Hollande en 2012. « Nous avons très rapidement compris que ce Président et son gouvernement qui se disent encore et aujourd’hui de gauche allaient poursuivre la même politique néolibérale. Aujourd’hui, l’expérience est là, brutale mais effective : la transformation sociale pour laquelle nous luttons tous ne se fera pas avec cette sociale-démocratie. Et dans cette période, au niveau de l’UL en tout cas, nous n’avons pas baissé la garde ». Luttes sociales et formation syndicale Depuis quatre ans, l’UL de Massy a participé à toutes les luttes sociales, dans les secteurs public et privé, mais s’est signalée aussi par une solidarité permanente avec des batailles plus générales : solidarité avec les sans-papiers, les Goodyear dès février 2014 et tous les syndicalistes victimes de discriminations, mais aussi en 2015 avec le peuple grec face au diktats de Bruxelles relayés par Berlin et Paris. À noter aussi une présence renouvelée à la fête des associations de Palaiseau, et d’autres initiatives qui permettent de montrer la CGT ailleurs qu’à l’intérieur des entreprises. Moins spectaculaire mais aussi importante est la vie interne de l’UL. Concernant la formation, pas moins de 12 stages ont été organisés dont 1 stage DP en avril 2012 élaboré par Brigitte Gabriel avec l’aide de deux camarades de l’UD et 1 stage DS en juin 2011. Les stages niveau 1, au nombre de 6 (décembre 2011, avril 2013, octobre 2013, juin 2014, novembre 2014 et juin 2015) ont obtenu un vif succès même s’ils ne sont pas faciles à organiser, vu le manque de formateurs disponibles. « C’est d’autant plus dommage qu’ils sont 32 répertoriés sur l’Essonne », observait le 18e congrès. Une convention en 2012 avec le cabinet APEX a donné l’occasion d’organiser deux stages CHSCT (octobre 2011 et janvier 2012) et deux stages Eco-CE (novembre 2011 et février 2012). « Mais depuis, plus aucune UL n’a l’agrément confédéral pour la formation ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 20 - Janvier - Février - Mars - 2016 - actualités Suite de la Page 19 Direction tous azimuts Côté propagande, les diffusions ont été nombreuses, en particulier sur la passerelle du RER B, même si la participation n’a pas toujours été foisonnante pour se lever à l’aube. Malgré tout, ce ne sont pas moins de 2 000 tracts par heure qui sont diffusés à chaque fois. En compensation des difficultés de diffusion des supports papier, le site Facebook de l’UL ouvert en 2013 compte aujourd’hui presque 2 000 abonnés. Le dynamisme de l’UL a montré toutes ses capacités lors des deux grandes campagnes électorales syndicales de cette mandature : fin 2012 pour les élections dans les TPE et fin 2014 pour les élections professionnelles dans les fonctions publiques. Le bilan de fin 2015 marque un point intéressant dans le fonctionnement de la direction d’une UL. « Lors de notre congrès de mars 2011, décision avait été prise de mettre en place une commission exécutive composée de 16 membres, dont chacun avait une responsabilité clairement établie. Les faits sont là : certains, bien que s’étant présentés en toute connaissance de cause et élus à ce titre, très rapidement n’ont plus donné signe de vie ». Le congrès de 2015 a choisi de revenir à une CE chargée de diriger le travail sur tous les fronts de l’UL. La volonté du 51e La discussion n’était pas limitée au rapport d’activité, puisque le 51e congrès confédéral y figurait. « Notre volonté est que le bureau confédéral et le secrétaire général redoublent d ’i n i t i a t ive s pour pousser encore plus avant les feux de la contestation à la politique néolibérale portée par François Hollande et par ce gouvernement aux ordres du Medef et du CAC 40. C’est dans cet esprit de résistance à la casse de nos conquis sociaux et à l’acquisition de nouveaux droits que la nouvelle commission exécutive de l’UL de Massy et des environs œuvrera ». Brigitte Gabriel se souvient avec plaisir de l’événement : « C’est dans une ambiance conviviale et bienveillante que se sont tenues ces deux journées. Nous étions une soixantaine. Un simple coup d’œil dans la salle a suffi pour constater la diversité des participants : jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, ouvriers, employés, cadres ,... Les syndicats présents ont pu témoigner de leur attachement à l’UL. La lecture du rapport d’activité nous a permis de nous rendre compte ensemble du chemin parcouru. C’est à l’unanimité qu’il a été voté, comme le document d’orientation après un débat animé et constructif ». Allez-y, c’est ouvert, www.cgt91.fr ! n’est pour maintenir coûte que coûte les « sans-papiers » sous la menace permanente d’une expulsion et qu’ils soient de ce fait, pour pouvoir subsister, obligés d’accepter n’importe quelle condition de travail pour un salaire de misère et de plus en plus « au noir » ? Le bouc émissaire de gré à gré Le modèle du travailleur sans-papiers est le modèle du travailleur de demain : plus du tout de droits collectifs (ou de moins en moins), mais des relations employeur-salarié de gré à gré. C’est vers cela que nous amène l’ANI de janvier 2013, la loi Macron, la loi Rebsamen et la réforme en cours du Code du Travail. Dans les périodes de crise, il faut aussi au capital et à l’oligarchie financière un bouc émissaire pour canaliser le mécontentement ouvrier et populaire et éviter de porter l’attention sur les vraies causes de la crise : les Roms, les travailleurs sans-papiers, les migrants, les réfugiés,… Au niveau de la CGT, notamment avec les Unions Départementales de l’Union Régionale Ile de France, la réflexion est lancée : que faire dans cette situation qui ne cesse de se dégrader pour plus, beaucoup plus de régularisations de travailleurs sans-papiers ? Depuis 2006, les actions et les grèves des travailleurs sans-papiers pour leur régularisation, pour leurs droits, n’ont en fait jamais cessé. Pour preuve, le grand mouvement dans le deuxième semestre de 2015 engagé par plusieurs centaines de travailleurs sans-papiers avec nos camarades de l’UD CGT du 78. Là où les travailleurs sont exploités et surexploités comme le sont tout particulièrement les travailleurs sans-papiers, il y a forcément résistance ! À nous, au niveau de la CGT, avec les travailleurs concernés, de réfléchir dans la période actuelle comment reprendre en grand le chemin de la lutte, de la grève pour que dans les entreprises, on en finisse avec les travailleurs sans droits ! Jean-Claude Auguin et Brigitte Gabriel g - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 21 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g Prud’hommes Conseil de Prud’hommes d’évry La justice sociale en chiffres et en devenir Un rendez-vous important de la justice prud’homale d’Évry est fixé au 11 mars 2015, avec les grévistes d’ID Logistics de Lisses, indûment licenciés pour fait de grève. En attendant, l’audience solennelle de rentrée du Conseil de Prud’hommes, le 15 janvier 2016, a donné lieu à deux événements : le remplacement, du fait de l’alternance employeurssalariés, d’Éric Lesage par Patrice Thomas (patronat). Le président sortant a dressé un bilan du travail du Conseil pour les années précédentes et mis en garde contre la disparition programmée de l’institution actuelle. « Dans un contexte économique toujours plus difficile, le nombre d’affaires nouvelles enregistre une progression de 18,04 % (1 203 en 2014 et 1 420 en 2015) et ce, malgré un nombre record de ruptures conventionnelles. Le nombre d’affaires terminées connait également une légère progression de 8,20 %. Le stock d’affaires en cours égale sensiblement celui de 2014. On observe une augmentation du nombre de caducités en 2015 (+ 21 %) et une diminution du nombre de radiations (-9,61 % ). J’en profite pour rappeler que le bureau de jugement ne peut plus rendre de caducité dès lors que les parties ont comparu une première fois en bureau de conciliation, puis, en bureau de jugement. Le nombre de partage de voix est en augmentation de 18,57 % par rapport à 2014. La durée des affaires Autre information importante, le nombre de prorogés reste stable (473 en 2014 et 474 en 2015). Pour mémoire nous en étions à 807 prorogés en 2010. Malgré tout, comment nous satisfaire de cette baisse, dès lors, qu’au vu des statistiques, la section Activités Diverses totalise à elle seule 230 prorogés en 2015 sur un stock de 270 affaires ? Paradoxalement, la durée moyenne d’une affaire est de 13 mois dans cette section. Le nombre d’affaires terminées connait également une légère progression de 8,20 %. Le stock d’af- faires en cours égale sensiblement celui de 2014. La durée moyenne d’une affaire toutes sections confondues reste stable : 12,1 mois en 2015 contre 12 mois en 2014. À noter que la moyenne du ressort de la cour d’Appel de Paris est aux alentours de 18 mois. Depuis plusieurs années, on constate une baisse significative du nombre de conciliations. C’est encore le cas en 2015 : -12,5 % de drement des activités prudhomales, et j’en passe et des meilleurs. Aujourd’hui, rien n’a changé, pire encore, la frénésie législative du gouvernement en matière de réformes passée à coups de 49-3 qui permet d’exclure tout débat parlementaire est sans précédent. La loi organique sur la suppression des élections prud’homales, les lois Macron et Rebsamen, le projet de loi sur la justice du 21e siècle, le Les 35 grévistes licenciés d’ID Logistics Lisses ont rendez-vous le 11 mars avec les Prud’hommes d’Évry (Photo Pierre Benoit) Photo Pierre Benoit conciliations par rapport à 2014. Le nombre d’affaires introduites en référé enregistre une baisse des affaires nouvelles de -13,41 %. Sur 895 décisions au fond, 26 % se sont terminées par un jugement par acceptation totale ou partielle et les jugements par rejet connaissent une baisse de -17,32 %. Le nombre d’affaires terminées est supérieure au nombre d’affaires nouvelles. La chasse au Code du travail En marge de ces chiffres, il est de mon devoir de parler du devenir des Conseils de Prud’hommes, car l’heure est grave, la volonté du gouvernement étant de mettre un terme aux élections prud’homales, au profit d’une désignation calquée sur la loi de représentativité du 20 août 2008. Ces attaques ne datent pas d’hier. La réforme de la carte judiciaire a entraîné la suppression de 61 conseils de Prud’hommes, les décrets de 2008 et 2009 sur l’enca- projet de loi issu du rapport Combrexelle. Face à cet arsenal législatif, les prud’hommes se retrouvent affaiblis. Cette instance judiciaire, unique en Europe, est devenue, depuis plus d’une décennie, la cible des gouvernements français successifs, notamment sous l’injonction de la commission de Bruxelles ! On peut d’ores et déjà en mesurer les effets. La loi « fourre-tout » qui porte sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite « Loi Macron » est entrée en vigueur. Certaines dispositions qui concernent les prud’hommes sont applicables immédiatement comme la procédure participative, la déontologie et le BCO. Les autres dispositions comme le nouveau statut des défenseurs syndicaux, la formation initiale des nouveaux conseillers et la procédure disciplinaire des conseillers, véritable usine à gaz, restent soumises aux futurs décrets d’application. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 22 - Janvier - Février - Mars - 2016 - actualités Éric Lesage (Photo Pierre Benoit) La réforme du Code du travail et le CDI soi-disant contrat protecteur pour le salarié serait l’un des freins à l’embauche. Il n’y a qu’à écouter les médias. L’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter propose de réformer le Code du travail, mettant en avant une complexité croissante du droit du travail alors que le Code du travail se veut protecteur et rassurant. Il en conclut que devenant au fil des ans obscur et inquiétant, cette inquiétude collective était de nature à entraver l’embauche. Toutes ces idées reçues sur le Code du travail sont fausses. Les idées reçues Le Code du travail, c’est en moyenne 3 000 pages, dont 680 pages de lois. Enlevez les jurisprudences et les annotations, On arrive à 1 800 pages. Retranchez les innombrables dérogations qu’il comporte et vous serez surpris du peu d’articles en comparaison des autres codes. À cela, il nous faut garder en mémoire que le Code du travail a fait l’objet d’une recodification imposée par le précédent gouvernement avec une entrée en vigueur le 1er mai 2008 (cela ne s’invente pas). Bon nombre de dispositions ont fait l’objet d’un transfert vers le Code de l’action sociale et des familles, le Code de l’éducation, le Code minier, le Code rural, celui de la Sécurité Sociale, du sport, et du Code applicable à Mayotte, diminuant de fait, le nombre de pages. Mais, comme dans le même temps, les anciens articles du Code du travail ont été scindés en plusieurs nouveaux articles, cela a eu pour conséquence de gonfler artificiellement le nombre de pages du Code du travail. C’est la raison pour laquelle le Code du travail , qui est brusquement passé de 1 900 à 3 000 pages, se retrouve aujourd’hui accusé de tous les maux. Dès lors, il faut mettre un terme aux idées colportées. Il est faux d’affirmer que le Code du travail est un frein à l’embauche. Une autre idée reçue ne cesse également de circuler. Le CDI de droit commun présenté comme le contrat super-protecteur difficile à déboulonner et accusé de mettre un frein à l’emploi. Si l’on fait un rapide comparatif entre les modes de rupture du contrat CDD et du CDI, pour le CDD, il existe quatre modes de ruptures du contrat. Mais il existe douze façons différentes de rompre un contrat en CDI de droit commun. Rien qu’en 2013, il y a eu 673 000 licenciements, majoritairement des CDI, et 322 000 ruptures conventionnelles. Dans 85 % des cas, ces licenciements étaient prononcés pour faute grave ou bien pour motif personnel. Dans 15 % des cas, il s’agissait de licenciements économiques, sans compter une augmentation croissante des contrats précaires, y compris en CDI. Voilà la réalité des chiffres ». Éric Lesage L’Essonne avec les Goodyear Dans la CGT de l’Essonne, la solidarité avec les 8 condamnés de Goodyear-Amiens à des peines de prison ferme a été unanime, des retraités de l’USR 91 à l’UD et aux UL du département, avec tracts et pétitions. Le 4 février, la manifestation de solidarité avec les grévistes licenciés d’ID Logistics Lisses, qui a rassemblé des centaines de participants avec la présence de Philippe Martinez, en a emmené bon nombre à la manifestation à Paris entre 11 et 14 heures. La CGT Suez Eau France se lance sur Internet Suez Eau France est l’ex-Lyonnaise des Eaux, dont le dirigeant CGT est Éric Dumas, également secrétaire général de l’UL du Val d’Yerres. Le syndicat vient de se doter d’un site Internet. « De nombreuses mises à jour sont nécessaires depuis les premiers pas du nouveau-né et nous serons vigilants à sa croissance revendicative », précisent les parents. Le site est consultable sur http://www.cgt- suez-eaufrance-sudidf.fr g - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 23 - Janvier - Février - Mars - 2016 - g