- La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 102 - page 5 - Janvier - Février - Mars - 2016 -
médias acquis à la droite comme
BFM-TV ou des sites Internet locaux,
tel un article paru le 25 janvier 2016
intitulé « L’Essonne en faillite : les
fonctionnaires territoriaux vont-ils
devoir travailler 35 heures ? », indi-
quant que les agents ne travaillaient
que 30 heures par semaine. « La
nouveauté » estime un responsable
CGT, « c’est la montée en puissance
du battage médiatique orchestré par
l’exécutif départemental : une cam-
pagne où la mauvaise foi confine à
la désinformation. Nous avons inter-
pellé le Président du Conseil départe-
mental. Pour cet article calomnieux,
nous avons obtenu un correctif et ré-
pliqué par un message inspiré d’une
citation de Jean Jaurès : « Je ne plie-
rai pas, je ne m’en irai pas en silence,
je ne me soumettrai pas, je ne me
retournerai pas, je ne me coucherai
pas, je ne me tairai pas. Le courage,
c’est de chercher la vérité et de la
dire ; c’est de ne point subir la loi du
mensonge triomphant ».
Des protocoles transparents
La CGT est inattaquable juridique-
ment. Un protocole d’accord sur
le temps de travail a été adopté à
l’unanimité par l’assemblée dépar-
tementale. Il est donc parfaitement
légal. Depuis le 1er septembre 2001,
les agents du Conseil départemental
sont assujettis aux 35 heures. Dans
le cadre des lois Aubry, un proto-
cole d’accord sur l’ARTT a été voté
fin 2000 sur une base de 1535 h an-
nuelles, adossé à un projet concret
d’amélioration du service public. Il
a été réaffirmé en 2001, puis porté
à 1 542 h en 2005 (journée de solida-
rité). Des règlements particuliers ont
été adoptés, déclinant l’application
du protocole par service, en fonc-
tion des contraintes et nécessités de
chacun d’eux. Les agents techniques
des collèges (A.T.C.) sont assujet-
tis à un règlement particulier sur le
temps de travail, basé également sur
1542 heures, mais dont la période de
référence est l’année scolaire.
François Durovray veut changer
unilatéralement ces dispositions.
Aucune négociation n’a été ouverte
avec les orga-
nisations syn-
dicales, leur
avis n’ayant
pas même été
sollicité en
Commission
Technique
Paritaire. Le
P r é s i d e n t
s’est contenté
d’annoncer
l’application
p r o c h a i n e
des 1607
heures an-
nuelles, déguisée en « examen du
régime du temps de travail des col-
laborateurs du Département afin de
respecter la durée annuelle légale du
temps de travail dans la collectivité »,
sans plus de formalisme.
La chasse est ouverte
Un autre point très sensible touche
le nombre de postes. Il en manquait
105 dans l’organigramme à la prise
de fonctions du nouveau président.
Ils avaient été gelés par le précé-
dent. Son successeur veut carré-
ment les supprimer.
« En fait », explique la CGT,
« invo-
quant tant la loi NOTRe, qui impose
transfert, retrait ou partage de com-
pétence, ainsi que la suppression de
la clause générale de compétence,
l’exécutif a délibérément choisi de
supprimer 103 postes. En bon ges-
tionnaire, aurait-il présenté au Comi-
té Technique Paritaire l’examen des
correspondances entre ces postes et
les besoins de la collectivité ? Non.
Interpellée en C.T.P, l’administration
n’a pas apporté de réponse convain-
cante, les décisions sont prises dans
la confusion. Des chefs de services
concernés par des suppressions ne
sont pas mêmes informés de celles-
1 607 heures :
le Ministère botte
en touche
Avant d’être débarquée du gou-
vernement début février, Ma-
rylise Lebranchu, ministre de la
Fonction Publique, avait donné
une longue interview à « Acteurs
Publics ». Une des questions
était : « La loi prévoit un cadre
annuel de 1 607 heures, mais à en
croire certains DRH et DGS, les
employeurs publics disposent
de trop de latitude dans l’appli-
cation des textes, ce qui permet
aux élus d’accorder des jours
aux agents à leur convenance.
Faut-il donner moins de pou-
voirs aux employeurs publics ? »
La réponse de Marylise Lebran-
chu témoigne d’un sens politique
de la défausse et de l’humour :
« C’est amusant : les entrepre-
neurs demandent davantage
de liberté par rapport au Code
du travail. Mais dans le public,
il faudrait davantage encadrer
tout cela ! Chaque collectivité a
sa propre histoire et ses propres
contraintes. Plutôt que de par-
ler sans cesse d’un prétendu
laxisme, il faut que l’on puisse
faire le point, par exemple tous
les deux ou trois ans, sur l’orga-
nisation du travail des agents.
Dans certaines administrations,
cette question du temps de tra-
vail a parfois été le résultat d’une
mauvaise organisation. S’il faut
effectivement toucher à la régle-
mentation pour mettre fin à des
situations qui ne seraient pas
respectueuses de l’égalité de
droit, notamment dans les col-
lectivités territoriales, nous le fe-
rons. Mais cela doit être abordé
sereinement. Pour être entendu
en France quand vous êtes de
gauche, on a l’impression qu’il
faut dire « Je me pose des ques-
tions sur les 35 heures, sur le
code du travail et sur le Smic ».
Là, on serait prétendument mo-
derne… Je ne veux pas rentrer
dans ce jeu-là. Cette question du
temps de travail dans la fonction
publique doit être évoquée sans
tension et sans clichés ».
LUTTES
.../...