Université Protestante au Congo
Faculté d’Administration des Affaires et Sciences Economiques
Département des Sciences Economiques
BP. 4745 Kinshasa II
Kinshasa Lingwala
Théories de la croissance et des
fluctuations économiques
Partie II. Les Fluctuations économiques
Alexandre NSHUE Mbo Mokime
Première Licence
Année Académique 2011 2012
Copyright Nshue 2011
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Sommaire
Introduction
1. Qu’entend-on par chocs et fluctuations de l’économie ?
1.1. Les fluctuations économiques ou cycles conjoncturelle
1.2. Les origines et déterminants des fluctuations ou cycles
1.3. L’identification des cycles économiques
2. Les théories keynésiennes des fluctuations
2.1. Le modèle de la demande agrégée : Le modèle IS-LM
2.2. L’arbitrage inflation – chômage : La courbe de Phillips
2.3. Les chocs et les fluctuations dans le modèle DA 0A
3. La non-linéarité et l’explication endogène des fluctuations
3.1. L’oscillateur de Samuelson (1939)
3.2. Le modèle de croissance avec butoirs de Hicks (1950)
3.3. Le modèle de Goodwin (1951)
4. La théorie des cycles à l’équilibre
4.1. La parabole des îles de Phelps (1970)
4.2. Les anticipations, le risque et l’incertitude
4.3. Les chocs monétaires et le cycle économique
4.4. Les critiques de la théorie des cycles { l’équilibre
5. La théorie des cycles réels (TCR)
5.1. Le cadre d’analyse et le modèle canonique
5.2. Les chocs dans la théorie des cycles réels
5.3. La monnaie et les cycles réels
Références bibliographiques
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Introduction
Le débat sur la régulation des économies n’a cessé de prendre des dimensions importantes depuis la
grande crise des années trente. Nonobstant le profil régulier de la croissance économique mondiale de
1945 à 1973 (les Trente Glorieuses), les retournements de conjoncture n’ont pas totalement disparus.
En effet, après avoir réalisé une forte croissance, il est possible de voir une économie s’enliser dans la
récession, voire même s’engager dans un processus dépressif, lequel processus entraîne une
détérioration sensible des conditions de vie de la population.
La dynamique des économies modernes présente un profil si complexe et une régularité si douteuse
qu’il appartient { l’analyse de représenter leur profil et de dire comment la combinaison de
composantes multiples, de périodicité et d’amplitudes distinctes détermine ou influence la marche des
économies. Ceci parce que ce profil temporel complexe rend compliquée la prévisibilité des actions
menées par les différentes catégories d’agents que renferment les économies.
D’aucuns voient dans cette complexité du profil des économies les germes des crises récurrentes. A la
suite de Keynes, nombreux sont les économistes qui pensent que l’Etat devrait intervenir pour réguler
le cours de l’activité économique. Mais il faut noter qu’il n’y a pas unanimité de vues quant aux
orientations à assigner aux politiques macroéconomiques. Du reste, la croyance, largement répandue
dans les années 1960, en la possibilité de réguler l’activité économique et donc d’éliminer les cycles
économiques n’est plus de mise. Elle a été démentie { la fois par les faits et par les critiques formulées
{ l’encontre du réglage fin d’obédience keynésienne.
Quoiqu’il en soit, l’analyse conjoncturelle est indispensable { la conduite de la politique
macroéconomique, vue dans son double plan d’identification et d’explication des cycles. Le réglage de
la politique macroéconomique, dans sa nature et dans sa finalité, suppose la connaissance préalable
des cycles caractéristiques d’une économie. Il serait malvenu de mettre en œuvre une politique
macroéconomique restrictive en période de récession au risque de l’aggraver et de faire basculer
l’économie dans la dépression.
Bien des théories ou modèles ont été développés pour rendre compte des mouvements de l’économie
dans le court terme et de sous-tendre les orientations à assigner à la politique budgétaire et à la
politique monétaire, tels le cas du modèle IS-LM, du modèle DA-OA, de l’Oscillateur de Samuelson, du
modèle de Goodwin, de la théorie du cycle { l’équilibre (TCE), etc. Il sera question dans cette partie du
cours, de présenter dans une perspective historique quelques théories de référence en la matière.
Avant d’aborder ces différentes théories, nous allons fixer les vues sur les mouvements de l’économie
dans le court terme, établir la différence qui existe entre la croissance économique et les fluctuations
et préciser certains termes utilisés dans l’analyse de la conjoncture.
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Qu’entend-on par chocs et fluctuations de
l’économie ?
L’objectif de l’activité économique est de fournir { la population les biens et services qu’elle désire. Les
faits montrent que dans le long terme, le PIB et le niveau de vie des individus tendent à croître dans la
plupart des pays. Mais { court terme, il y a une succession de périodes d’expansion et de contraction
du PIB. Ces fluctuations demandent à être expliquées. Qu’est-ce qui est à leur origine, pourquoi
persistent-elles des fois et que faut-il faire pour les estomper ? Dans ce chapitre, nous aurons à parler
des fluctuations en donnant la différence qui existe entre elles et la croissance et en précisant certains
concepts utilisés dans l’analyse de la conjoncture. Aussi, nous parlerons des chocs et de leur rôle dans
les mouvements cycliques que connaît l’économie dans le court terme.
1.1. Les fluctuations économiques ou cycles conjoncturelles
L’analyse des mouvements de l’économie dans le court terme renvoie { l’appréhension de la
conjoncture, c’est-à-dire des deux principales phases caractérisant la marche des économies
modernes : les phases d’expansion et les phases de récession. Cette alternance serait selon Ragnar
Frisch (1933) la manifestation de la propagation, dans tout le système économique et dans le temps,
des effets de chocs ayant secoué l’économie.
Pour bien appréhender la conjoncture, il est important d’opérer une distinction nette entre
l’identifiant d’un cycle (ou d’une fluctuation) et son expliquant. L’identifiant permet de déterminer les
retournements de la conjoncture et de faire des prévisions alors que l’expliquant permet de dégager
les origines des retournements et de suggérer des politiques pour corriger ou estomper les
fluctuations. Les changements rapides des évolutions conjoncturelles peuvent constituer des
indications des points de retournement de l’activité.
Qu’est-ce que la conjoncture ?
La conjoncture est la situation économique { un moment donné, d’un secteur, d’une branche
d’activité, d’un pays, ou d’une région. Elle reflète la structure de l’économie { un moment de temps
précis. On peut aussi dire que la structure définit la forme et le mode de cohésion de l’économie, et
c’est la conjoncture qui en organise l’évolution. Il convient aussi de noter que l’étude de la croissance
diffère de celle de la conjoncture. Cette dernière se réfère à des évolutions de court terme tandis que
l’analyse de la croissance porte sur des évolutions de l’économie dans le long terme. L’explication de la
conjoncture économique se fonde sur trois éléments importants, à savoir :
l’état de l’économie { un moment donné est la résultante des comportements des agents
et des mécanismes des marchés ;
un tel état est peut connaître des perturbations ou être secoué par des chocs exogènes,
aléatoires ou induits par les politiques macroéconomiques ;
les modalités d’ajustement { ces divers chocs déterminent les séquences éventuelles
d’une conjoncture.
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Qu’entend-on par fluctuations ou cycles économiques ?
Burns Mitchell (1946) considèrent que le cycle économique est constitué d’expansions qui se
produisent { peu près en même temps dans un grand nombre de branches d’activité, suivies par des
récessions et des contractions également généralisées, puis par des regains de l’activité. Cette suite de
changements est récurrente mais pas périodique; la durée des cycles économiques varie d’un an { dix
ans ou douze ans.
Les cycles économiques ou cycles conjoncturels peuvent également être définis comme des
successions répétées de périodes de hausses et de baisses du niveau de l’activité économique au cours
desquelles, le PIB fluctue autour de sa tendance de long terme. Pour faire bref, les cycles économiques
ne sont rien d’autres que les fluctuations de l’activité économique ou de la production effective autour
de la production potentielle.
Il y a lieu de noter que dans une perspective mondiale, les fluctuations économiques sont plus amples
et ont des répercussions plus graves dans les pays en développement (PED) que dans les pays
industrialisés. En effet, la volatilité du PIB réel dans les PED est supérieure { ce que l’on observe dans
les pays industrialisés. D’après Karl Marx, le cycle, comme la crise, est un phénomène structurel,
inhérent au mode de production capitaliste. En ce sens, les cycles, et les crises comme moments du
cycle, apparaissent comme des pulsations fondamentales du capitalisme.
Qu’entend-on par expansion, récession, tension et dépression ?
L’analyse des cycles peut s’articuler autour de deux phases principales, { savoir l’expansion et la
récession. Ces deux phases ont, chacune en ce qui la concerne, un point critique : la tension pour
l’expansion et la dépression pour la récession. L’expansion correspond { un mouvement
d’accroissement généralisé de l’activité dans tous les secteurs de l’économie réelle. Elle est cette
phase la production effective, dans son évolution, excède la production potentielle. L’expansion
est la période comprise entre un creux et un pic. Le pic est le point du cycle représentant le niveau le
plus élevé de l’activité tandis que le creux représente le niveau le plus bas de l’activité.
La tension est cette phase intermédiaire la production effective, ayant atteint le pic, doit
nécessairement baisser. La tension est ainsi considérée comme la période séparant l'expansion de la
récession. La récession est la phase où la production effective est inférieure à la production potentielle
de l'économie. Elle se caractérise généralement par un mouvement généralisé de baisse de l’activité
dans presque tous les secteurs d’activité. Elle est la période comprise entre un pic et un creux de
l’activité. La dépression est cette phase l’économie touche le fond et doit nécessairement
remonter. Elle est ainsi analysée comme le creux séparant la récession de l'expansion.
Dans l’analyse du cycle, la croissance est appréhendée comme la mesure de l’activité ou de la
production à court terme. Elle est mesurée à partir de la variation du PIB réel, soit encore, à partir de
l’évolution de la production industrielle. Aussi, elle peut être mesurée { partir de l’indice de
construction, des carnets de commande, de l’indice de confiance des consommateurs, des ventes de
détail ; de l’indice d’opinion des consommateurs, l’indice des anticipations des consommateurs, du
taux d’utilisation des capacités de production, etc. La croissance dont il est question dans l’analyse des
cycles n’a rien { voir avec celle de longue période appréhendée { partir de la variation du PIB par tête.
Qu’entend-on par points de retournement ?
Les points de retournement marquent la ligne de démarcation entre une phase et une autre. Ce sont
des points de rupture qui délimitent les phases principales de chaque cycle. Ils tracent la frontière ou
les bornes entre une phase et une autre. Ces bornes sont constituées des pics à l'intérieur desquelles
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