__________________________________________________________________________________
Association de Sociologie et de Psychologie Cliniques ARIANE – 46 rue Raspail 94140 ALFORTVILLE
01 43 96 05 42 – ariane21@wanadoo.fr http://www.aspsariane.fr
1
LE PARTENARIAT et LES RESEAUX
1. Les nouveaux visages du partenariat dans l’action sociale et
médico-sociale
a. Le schéma traditionnel
Des établissements ou des structures ont été fondés pour fournir des soins ou
des services spécialisés, dans le secteur public ou privé.
Chaque usager s’adresse ou est adressé à l’un de ces établissements ou services
selon la nature de sa maladie ou de son handicap.
Les établissements ou services peuvent fonder d’autres établissements ou
services, en fonction des besoins constatés.
Un hôpital psychiatrique pouvait se préoccuper du retour en milieu
professionnel. Il était ainsi amené à créer un ou plusieurs CAT (ce que
l’on appelle aujourd’hui un ESAT) pour ses anciens patients.
Une association qui gère un Foyer d’enfants handicapés ou un IME peut
créer un établissement pour adolescents, puis pour jeunes adultes, puis
pour adultes vieillissants…
L’ensemble de ces structures est souvent peu cohérent. Les structures les plus
performantes recrutent sur une zone géographique étendue, les autres dans leur
environnement immédiat : les hôpitaux locaux par exemple perdent leur
clientèle de malades et deviennent des hospices pour personnes âgées
« démentes », ces hospices recevant également des malades mentaux
chroniques et des handicapés mentaux.
Les pratiques sont enseignées à l’origine par imprégnation : ce sont les groupes
d’intervenants qui forment les jeunes. Un diplôme national est souvent créé par
la suite, assurant ainsi la reconnaissance d’un nouveau métier (ex. Assistantes
sociales)
Ces filières de recrutement qui peuvent coexister ont tendance à privilégier le
statu quo et le corporatisme.
Les partenariats restent limités à ce qui paraît indispensable à tel ou tel chef de
service ou directeur d’établissement particulièrement bien informé et novateur.
Les réseaux peuvent être développés : fournisseurs, lieux de séjour, praticiens
médicaux et paramédicaux figurant dans les carnets d’adresses des intervenants.
Ils peuvent parfois infléchir en partie les objectifs institutionnels eux-mêmes.
Le travail éducatif ainsi que le travail social ont toujours généré des réseaux,
même si ces réseaux n’étaient pas désignés comme tels. Une journée portes
ouvertes, une exposition de travaux réalisés par les personnes accueillies, a
toujours été l’occasion d’élargir le réseau des amis de l’établissement.
AR.I.A.NE
/
Initiati
ves
__________________________________________________________________________________
Association de Sociologie et de Psychologie Cliniques ARIANE – 46 rue Raspail 94140 ALFORTVILLE
01 43 96 05 42 – ariane21@wanadoo.fr http://www.aspsariane.fr
2
Un ESAT, par exemple, peut devenir fournisseur de main d’œuvre ou de
pièces pour des artisans ou de petites entreprises de son environnement.
Une pharmacie locale peut acquérir le monopole de la fourniture des
médicaments dans une maison de retraite, ou un hôpital local.
Un directeur d’établissement pour handicapés peut passer des contrats
avec une compagnie de taxis.
Le risque principal est bien sûr la méconnaissance des ressources et des besoins
réels des personnes accueillies ou accompagnées. L’exemple des établissements
pour « sourds-muets » qui ont longtemps refusé la langue des signes est
particulièrement parlant mais on peut en dire autant de ceux accueillant des
enfants autistes ou des services psychiatriques enfermant les malades de façon
quasi définitive
1
. Le poids de l’institution constitue alors un frein tel que
l’expérimentation et l’innovation en matière d’accompagnement ou de soin en
sont exclues quelles que soient la compétence et la volonté de chacun des
acteurs.
Jusqu’en 1975 et 1989 (actualisation du décret de 56 diminuant la place dévolue
au « soin » dans le secteur médicosocial), les acteurs du soin monopolisent le
pouvoir dans la majorité des services et établissements.
b. De nouvelles logiques
Dès avant 2002, mais de manière irréversible depuis la loi 2002-2
2
, les politiques
sociales et médico-sociales affichent la volonté de changer radicalement leurs
logiques.
Bien entendu, l’introduction de ces nouvelles logiques ne va pas de soi et les
institutions résistent toutes au changement, même s’il est légitime.
La première de ces logiques est que l’intervention doit répondre aux besoins et
aux demandes de la personne elle-même ou représentée par sa famille ou par
une personne de son choix (la personne de confiance).
La nécessité de répondre aux besoins et aux demandes de la personne concernée
est rendue visible et opérationnelle dans le cadre d’un « projet personnel » dont
les caractéristiques essentielles sont :
d’être un projet global, incluant les aspects environnementaux,
organiques et psychiques du handicap ou de la pathologie en cause.
d’être le projet de l’usager lui-même, quel qu’il soit, puisque son opinion
« éclairée » est requise et que ses choix doivent être respectés.
Dans certains cas, ce sont les proches, famille ou familiers, de l’usager
qui seront consultés.
1
Un peu comme si les sanatoriums avaient réussi en 1945 à interdire le traitement de la tuberculose par la
pénicilline !
2
La loi de 2002 a été longuement préparée par les décideurs politiques. Elle fut suivie par d’autres lois et
recommandations qui vont dans le même sens, en précisant certaines de ses conséquences vis-à-vis de secteurs
ou de publics particuliers. Citons la loi sur les majeurs vulnérables (appelés autrefois « incapables »), le plan
Santé Mentale, le plan Alzheimer, et la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire.
__________________________________________________________________________________
Association de Sociologie et de Psychologie Cliniques ARIANE – 46 rue Raspail 94140 ALFORTVILLE
01 43 96 05 42 – ariane21@wanadoo.fr http://www.aspsariane.fr
3
La deuxième de ces logiques est que toute personne doit pouvoir trouver dans
son environnement un « panier de services » pouvant la concerner, compte-tenu
de l’évolution de son état et/ou de son projet et l’aider à mettre de projet en
œuvre.
Ce « panier de services » devra permettre de choisir parmi l’offre de services
ceux qui correspondent le mieux à ses demandes et à ses besoins, au projet qui
est le sien.
La troisième logique est que toute pratique ou intervention, médicale,
médicosociale ou sociale, doit être reconnue comme porteuse d’effets positifs
pour telle ou telle personne, chaque pratique suivie par la personne, chaque
activité proposée doit pouvoir être évaluée en fonction de ces effets positifs.
Cette reconnaissance peut être octroyée par des instances comme l’ANESM
(Agence Nationale de l’Evaluation Sociale et Médico-sociale) qui valide les « bonnes
pratiques ». Ces « bonnes pratiques » sont celles qu’une commission d’experts a
désignées comme telles et qui sont proposées à l’ensemble des intervenants dans un
domaine précis.
(Il peut exister également une autre forme de reconnaissance établie par le
consensus des équipes. Il en est ainsi souvent des activités « artistiques » ou de celles
concernant les animaux familiers dans les établissements pour personnes âgées. Dans
un autre domaine, une ostéopathe a érécemment recrutée dans une maternité alors
que cette discipline est encore ignorée et contestée par beaucoup de praticiens.)
Les conséquences de ce remaniement considérable de la prise en soin et de
l’accompagnement des personnes dans les structures sanitaires ou sociales sont
particulièrement évidentes en ce qui concerne le partenariat. Il est évident qu’aucun
service ou établissement ne peut désormais prétendre disposer seul de toutes les
réponses au projet personnalisé d’une personne, aussi bien dans le présent qu’en tenant
compte de ses modifications prévisibles.
Des partenariats sont à envisager de façon organique :
avec les services situés en amont
avec d’autres structures dans le moment actuel
avec d’autres personnes et d’autres services en anticipant le futur, ce qui,
après tout, est la caractéristique essentielle d’un projet.
De la même façon, la plupart des échecs des projets d’insertion ou de rééducation
son à imputer au non partenariat entre acteurs du soin et acteurs de l’éducation ou de
l’insertion.
2. Les conséquences organisationnelles des nouvelles logiques du
partenariat
Partenariat décrétés et partenariats observés
Pour permettre aux personnes concernées de bénéficier de ce « changement de
paradigmes », il s’est avéré nécessaire d’organiser les réponses à l’échelle du
territoire, ou plutôt des territoires, en allant du territoire local à la Région, en passant
__________________________________________________________________________________
Association de Sociologie et de Psychologie Cliniques ARIANE – 46 rue Raspail 94140 ALFORTVILLE
01 43 96 05 42 – ariane21@wanadoo.fr http://www.aspsariane.fr
4
par le département. Ces territoires ont été définis à la fois sur des bases administratives
et politiques, et sur les tendances fournies par les observatoires démographiques,
épidémiologiques et sociaux existants ou créés dans ce but. La territorialité inscrit l’ac
et l’équité des réponses proposées comme des principes organisateurs.
C’est le pouvoir politique qui a la charge de déterminer l’organisation de la
solidarité, de la santé, de la protection sociale à l’échelle qui est la sienne.
Chaque personne concernée devra trouver, au moins au niveau de son
département
3
, une instance exprimer ses demandes et ses besoins seront évalués.
Cette personne devrait également pouvoir disposer de propositions et d’orientations
vers les établissements et services les plus pertinents vis-à-vis de sa pathologie, mais
aussi des ressources de son environnement et de son histoire particulière :
Les Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées (MDPH), les
Maisons pour l’Autonomie et l’Intégration des Malades Alzheimer (MAIA) ont été
inventées pour fournir aux personnes concernées un lieu exprimer leurs souhaits et
leurs démarches, un lieu de bilan global et un lieu pour les aider à choisir dans le
« panier de services » du territoire. Ces structures sont relativement récentes et l’une
de leurs missions est « d’organiser le partenariat » en fonction des besoins et des
demandes des personnes concernées.
Peut-on « organiser le partenariat » ? Certains se sont légitimement posé la
question puisque le partenariat suppose, en passant la définition du Petit Robert
4
, un
accord sur les finalités de l’intervention, ainsi que sur les pratiques de suivi éducatif ou
thérapeutique. Si l’on veut aller au-delà d’un accord formel, il est évident que les
pratiques éducatives des établissements et équipes réelles sont parfois très éloignées
les unes des autres.
Cette disparité entre les établissements et les services ne peut être ignorée :
comment, par exemple, envisager un partenariat entre une équipe hospitalière qui s’est
enkystée depuis de nombreuses années dans des appartements thérapeutiques n’offrant
d’autres finalités que celle de fournir un abri à des malades mentaux chroniques et une
autre équipe considérée comme novatrice en matière de réhabilitation psychosociale de
personnes sortant de traitement psychiatrique ? Comment parler de partenariat entre tel
CER (Centre d’Education Renforcée) et tel Foyer de l’enfance, ces deux structures
relevant d’instances différentes et se situant sur des options éducatives pratiquement
opposées ?
L’expérience est pourtant pour démontrer que l’incitation au partenariat peut
amener les équipes à revisiter leurs projets de service et à s’accorder sur des
« principes supérieurs communs »
5
à partir desquels les professionnels peuvent
refonder des pratiques cohérentes.
L’incitation au partenariat par les politiques et par les textes et documents
législatifs est souvent suffisante pour permettre des changements qui n’auraient pu se
faire dans le cadre d’équipes ou d’institutions « closes » ou simplement habituées à
l’isolement.
3
Ou de son « bassin de vie »
4
« Association d’entreprises, d’institutions en vue de mener une action commune »
5
Boltanski et Thévenot : « De la justification : les économies de la grandeur», NRF Essais, Gallimard, avril
1991
__________________________________________________________________________________
Association de Sociologie et de Psychologie Cliniques ARIANE – 46 rue Raspail 94140 ALFORTVILLE
01 43 96 05 42 – ariane21@wanadoo.fr http://www.aspsariane.fr
5
Pour que le « partenariat » recherché favorise la mise en mouvement des équipes
dans la recherche en commun de l’intérêt réel des enfants ou des adultes qui leur sont
confiés, plusieurs conditions doivent être réunies sur lesquelles nous reviendrons.
Avant de passer à ce point, nous pouvons évoquer quelques partenaires habituels ou
souhaitables.
3. Les acteurs des structures éducatives, sociales ou médico-
sociales qui peuvent devenir partenaires en co-opérant.
a. La personne « aidée », accompagnée, soignée »…
Au premier rang des partenaires d’une intervention sociale ou médico-sociale, on
doit trouver la personne concernée elle-même.
Cette affirmation, qui est celle de l’O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé)
quand elle affirme que le malade est le principal expert de sa maladie, est transposable
dans tous les domaines de l’intervention sociale ou médico-sociale. Dans le domaine
des psychothérapies par exemple l’on sait que les théories sont souvent en
opposition les unes avec les autres et que les pratiques sont parfois divergentes, un
point essentiel paraît faire consensus : aucune démarche n’est possible en dehors d’une
« alliance » entre le thérapeute et son patient. On peut noter que la notion « d’alliance
thérapeutique », qui prend acte du fait que la personne concernée est dotée d’un
psychisme, d’intelligence et d’imagination, est admise dans le cadre de traitements
médicaux de maladies organiques graves.
On peut donc parler, par exemple, « d’alliance éducative » avec les enfants, ou
les adultes en ce qui concerne les démarches d’insertion, de réhabilitation
psychosociale, etc... Sans ce principe, l’éducation serait assimilable à du dressage.
Mais on peut objecter qu’il existe des mesures éducatives « contraintes » de même
qu’il existe des « obligations de soin ». Cette objection est bien entendu prise en
compte, notamment dans le cadre des mesures actuelles concernant la psychiatrie.
Dans certains cas limites, il est difficile de parler de « partenariat » comme dans
le cas de ceux nommés autrefois les « incapables majeurs » ou les personnes âgées
atteintes de la maladie d’Alzheimer, ou encore les enfants mineurs gravement
handicapés ou perturbés. Malgré la difficulté pour engager alors un véritable dialogue,
il est cependant possible, dans la pratique de soin ou d’accompagnement, de maintenir
la relation, de chercher à connaître les attentes, les goûts, les habitudes et les refus des
personnes. Il est également indispensable de s’adresser à elles, de leur parler et de les
informer de ce qui peut les concerner. Par ailleurs, une telle marche peut être mise
en œuvre avec la coopération d’autres partenaires : la famille et les familiers.
b. Sa famille, son entourage
Le partenariat avec la famille ou les familiers a longtemps été sous-estimé : la
psychiatrie a longtemps attribué les problèmes psychiques à des perturbations
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !