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C'était déjà la conclusion des experts consultés par l'Agence régionale d'hospitalisation (ARS) Paca en
2003, qui avait préconisé un minimum de trois strokes centers pour la seule ville de Marseille. En 2007,
le rapport parlementaire Barbier, s'alarmait lui aussi de ces grandes disparités régionales... Aujourd'hui,
alors que deux projets ont été déposés à Marseille (lire ci-dessous), on ignore tout des intentions des
autorités de tutelles. Quand et sur quels critères l'Agence régionale d'hospitalisation Paca prendra-t-elle
enfin une décision ? Malgré nos incessantes relances, impossible d'obtenir la moindre réponse à ce qui
est pourtant une question majeure de santé publique.
1. Les UNV dites "de territoires", comme celles d'Avignon ou d'Aix ne proposent pas toutes les activités
requises.
L'hôpital public veut s'organiser au nord de Marseille, le secteur privé au sud
Le groupe Générale de Santé, qui possède la clinique Clairval du Redon a créé la surprise. D'abord
parce qu'il n'est pas fréquent que le secteur privé s'investisse dans un domaine aussi lourd que la prise
en charge des AVC. Ensuite parce que le projet présenté à l'ARS est porté par le Pr François Nicoli, ce
spécialiste mondialement reconnu de l'AVC, transfuge de l'AP-HM dont il avait démissionné à grand
fracas en 2011, reprochant au CHU le manque de moyens alloués à l'unité neurovasculaire qu'il dirigeait
à l'époque...
Des moyens, humains et financiers, que serait donc capable de fournir la Générale de santé, avec ce
projet d'UNV pour lequel le groupe se dit prêt à investir lourdement (entre 2,5 et 3 M€).
L'autre point fort du dossier serait l'utilisation systématique des toutes dernières techniques de
traitement des AVC ischémiques, par "débouchage" mécanique du caillot (thrombectomie par stent). Un
geste qui, d'après de toutes récentes études internationales, s'avère remarquablement efficace (moins
de décès, moins de séquelles) en particulier pour les AVC les plus graves ; et qui élargit jusqu'à 6
heures le délai de prise en charge dans des centres experts.
La Générale de Santé a déposé son projet il y a presque un an, elle attend toujours une autorisation.
"Les besoins sont au Nord"
C'est que depuis deux mois, l'ARS a... l'embarras du choix. Un projet concurrent, porté par l'AP-HM
envisage le problème tout autrement. "Nous proposons de créer une UNV à l'hôpital Nord, car c'est au
nord du département que sont les besoins. La santé publique l'impose, c'est une évidence absolue",
martèle Jean-Jacques Romatet, le directeur général de l'AP-HM. Mais le CHU est-il en mesure de
fournir les équipes de neurologues ? "Nous sommes en cours de formation et de recrutements externes.
La possibilitéd'associer des équipes de l'hôpital militaire Lavéran est également envisagée", assure le
directeur général. Quant à la technique de thrombectomie, elle est déjà utilisée à la Timone (225
patients en ont bénéficié en 2014). "Le CHU est bien sûr capable d'utiliser les techniques les plus
sophistiquées, mais que n'est que la partie visible de l'iceberg. L'essentiel est d'avoir une organisation
qui permette une prise en charge rapide, de tous les malades", insiste Jean-Jacques Romatet.
Pourquoi ne pas envisager alors une collaboration public-privé, comme cela existe ailleurs, au bénéfice
de la santé publique? Selon nos informations, la Générale de Santé est demandeur. "Si Clairval veut
déménager dans les quartiers nord, on peut en discuter...", répond Jean-Jacques Romatet.