Forêt - AgroParistech Alumni

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No 4
Mai 2012
Le Magazine d’AgroParisTech Alumni
REGARDS SUR…
La forêt face au changement
climatique : menaces et opportunités
PORTRAITS & PARCOURS
Yves Bourdillon, PG 79 :
Journaliste et auteur, l’AgroSymbiose
mène
à tout !
– le magazine d’AgroParisTech Alumni – N 4 – Mai 2012
O
1
Editorial
Déjà un an !
E
n un peu plus d’un an, notre association de diplômés AgroParisTech Alumni est
passée de l’enfance à l’adolescence, et pour cela, bénévoles comme permanents
n’ont pas chômé. En tant que responsable de la communication et des évènements
au sein du Bureau et en votre nom, je tenais à les remercier pour avoir concouru à doter
notre association des outils indispensables à son développement : une revue de qualité
avec Symbiose, une lettre d’information nous permettant de relayer les informations
les plus brulantes avec Le Lien, des manifestations régulières donnant la parole à des
intervenants de qualité avec les Mardis du Quai Voltaire et un évènement de grande
envergure initié par notre Association et coorganisé avec la Cité des Sciences et Sciences
Po, intitulé « La fin de la faim en 2050 ? », venant compléter les Rencontres annuelles
Agro X ENA dont la dernière édition, intitulée « Eau et ville : dessine-moi un modèle »
a été organisée en novembre 2011.
Si le chemin parcouru est intéressant, il reste encore beaucoup à faire. Notre association
AgroParisTech Alumni va désormais devoir apprivoiser ces nouveaux outils pour les
utiliser au mieux et permettre à chacun d’entre nous d’être mieux informé, de mieux
se connaître afin de renforcer les liens qui nous unissent. Pour y arriver, deux axes de
progrès ont déjà été identifiés pour 2012 : rendre plus fonctionnelle notre interface
Internet, que ce soit notre site www.aptalumni.org ou notre présence sur les réseaux
sociaux ; mais aussi systématiser la diffusion vidéo de nos manifestations afin que chacun
d’entre nous puisse en bénéficier, qu’il soit à Paris, en région ou à l’étranger.
Pour autant, notre investissement à tous, bénévoles comme permanents, n’a de sens
que s’il vous est utile. Votre participation à la vie de l’association est essentielle, qu’elle
prenne la forme d’articles envoyés, de conseils dispensés aux jeunes diplômés, de temps
passé à réfléchir avec nous à la direction à donner à notre association AgroParisTech
Alumni, ou tout simplement en y adhérant.
Nous comptons sur vous.
Amicalement.
❙ Pierre Sabatier (PG 01),
Administrateur d’AgroParisTech Alumni,
Président de PrimeView
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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N° 4 – mai 2012 – 2è Année
Sommaire
Editeur :
AgroParisTech Alumni
FFE
Directeur de la publication :
Pierre Sabatier
Rédacteur en chef :
Ghislaine Challamel
Comité de rédaction :
Christian Abbas
Juliette Auricoste
Thierno Iliassa Baldé
François Bûche
Corinne Couteau
Léonore Dobbelaere
Patricia Flodrops
Amaury Kalt
Camille Laborie
Edouard Marchand
Annie Novelli
Odile Piettre
Margot Poupeville
Marie-Pierre Quessette
Pierre Reltien-Tellez
Pierre Sabatier
Manon Salle
Clément Servant
Christelle Thouvenin
Solange Van Robais
06
Edition et Régie Publicitaire :
FFE
15 rue des Sablons – 75116 Paris
Tél. : 01 53 36 20 40
www.ffe.fr
Directeur de la Publicité :
Benjamin Sarfati
Responsables de la publicité :
Philippe Aboulker
Tél. : 01 43 57 91 66
[email protected]
Responsable technique :
Aurélie Vuillemin
Tél. : 01 53 36 20 35
[email protected]
Maquette :
Laetitia Langlois
Regards sur…
La forêt face au changement
climatique : menaces et opportunités
38
Portraits & Parcours
38
40
Yves Bourdillon (PG 79) : Journaliste et auteur, l’Agro mène à tout !
Fabienne Hermitte (PG 91) : Lauréate du 2e prix des femmes innovantes en Europe
41
Cahier Entreprises
60
En direct de l’Ecole
60
AgroParisTech signe une chaire d’enseignement et de recherche avec Danone
Research
AgroParisTech investit dans l’information spatialisée au service de l’environnement
et des territoires avec GEOSUD
12 000 km à vélo sur les routes de l’innovation
Les Randonneuses de l’Agro participent à l’Oxfam Trailwalker
Les Débats de l’Agro s’interrogent : que peut-on attendre des entreprises
alimentaires et des pouvoirs publics en nutrition ?
Les étudiants rencontrent des dirigeants de grandes entreprises
« Question de Genre » s’interroge sur la représentation du Féminin et du Masculin
dans le monde du travail
L’insertion professionnelle des docteurs : le point
de vue d’un expert en recrutement
62
64
66
68
70
73
75
Impression :
Imprimerie de Champagne
78
Romain Bertrand, doctorant à l’ENGREF au sein du laboratoire d’étude des
ressources fôret-bois
80
Echos de ParisTech
80
Les Agros se retrouvent en Chine dans le réseau ParisTech Alumni
82
La vie de l’Association
82
86
90
Évènements
Carnet
Hommages
96
Tribunes Libres
96
98
100
Chine : entre fascination et aveuglement
Parler de solidarité internationale à tout le monde, en toute indépendance
Traitements de la vigne, une méthode originale
102
Vu, Lu, Entendu…
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
5
Regards sur…
La forêt face au
changement climatique :
menaces et opportunités
Sommaire du dossier
p. 7
Présentation du dossier et repères sur la forêt
Dominique Danguy des Déserts
p. 8
L’effet du changement climatique sur la végétation, deux
publications d’AgroParisTech dans Science et dans Nature
Jean-Claude Gégout
p. 10
Regards croisés sur l’avenir des forêts françaises face au
changement climatique
Vincent Badeau, Nathalie Bréda et Paul Leadley
p. 12
Politique forestière et changement climatique, un cas
particulier de projection dans le long terme
Jacques Andrieu
p. 15
La forêt face au changement climatique : menaces et
stratégies d’adaptation
Philippe Riou-Nivert
p. 20
Les atouts des produits à base de bois pour lutter contre le
changement climatique
Georges-Henri Florentin
p. 25
Produire de la chaleur et de l’électricité à partir de biomasse
Pierre de Montlivault
p. 27
La recherche en Guyane française face au changement
climatique et aux flux de carbone
Éric Marcon (et encadré Guyane par Jacques Andrieu)
p. 30
L’investissement forestier, à la croisée des chemins ?
Clément Chénost
p. 32
La ressource forestière française : en pleine expansion,
mieux l’ exploiter pour mieux la préserver
Jean-Christophe Hervé
p. 35
Comment prendre en compte le changement climatique dans
l’enseignement forestier supérieur ?
Bernard Roman-Amat
6
Le chêne sessile (ou rouvre, Quercus robur) est l’essence la plus
commune de la forêt française ; son adaptation aux conditions
à venir dépend de la génétique et de la sylviculture ; l’enjeu est
d’importance !
Chêne adulte en bordure d’une régénération dans une forêt
du Perche ; photo Sylvain Gaudin, CRPF Champagne-Ardenne.
Photothèque CNPF.
L
a forêt tient une place toute particulière dans le
changement climatique pour deux raisons.
Tout d’abord, son impact sur les écosystèmes forestiers est, et surtout sera, d’autant plus
fort que leur cycle d’évolution s’inscrit dans le temps long ; la vie d’un arbre est de l’ordre
du siècle, or l’évolution actuelle du climat s’évalue en décennies ; on entend parfois dire « la
terre en a vu d’autres » ; certes, mais un changement aussi rapide, il semble bien qu’il n’y ait
pas de précédent, au moins durant le quaternaire. En conséquence, les choix qu’ont à faire
les forestiers en ce début du XXIe siècle doivent être pensés en fonction du climat estimé à
la fin de ce siècle, voire au début du suivant. Redoutable défi, notamment dans le choix des
essences à cultiver.
Ensuite, il faut considérer que la forêt et le bois peuvent contribuer à atténuer l’évolution du
climat : d’une part la forêt est un puits de carbone, l’un de ceux sur lesquels l’homme peut
agir de façon directe, en négatif (défrichement, incendie…) comme en positif (reforestation,
augmentation du stockage dans la plante ou dans le sol), d’autre part, le bois peut contribuer
à atténuer l’effet de serre, soit par l’augmentation de son usage dans la bâtiment (où il stocke
durablement du carbone et où ses qualités contribuent aux économies d’énergie), soit par son
utilisation comme combustible en substitution aux énergies fossiles (qui sont de la biomasse
stockée au cours des temps géologiques).
Voilà pourquoi, le comité de rédaction de Symbiose a choisi, pour le dossier du n° 4, de se
pencher sur ce sujet. « Menaces et opportunités », le sous-titre veut signifier qu’il faut à la
fois s’inquiéter de l’avenir de la forêt et savoir l’utiliser pour limiter le changement climatique.
Il n’était évidemment pas possible dans le cadre de notre revue d’être exhaustif sur un sujet
d’une telle complexité, aussi avons-nous pris le parti d’apporter des éclairages permettant
de savoir où en sont les connaissances, les politiques et les actions relatives à cette problématique. Il ne s’agit donc pas de rentrer dans le débat sur la réalité, les causes ou la quantification du changement climatique mais de se cantonner aux interactions entre celui-ci et la
forêt. Observe-t-on déjà des déplacements de végétation quantifiables ? Peut-on prévoir la
répartition des essences forestières à la fin du siècle ? Que peuvent faire les forestiers pour
préparer une forêt adaptée aux conditions à venir ? Quelles dispositions prennent les pouvoirs
publics pour que la forêt et le bois contribuent à l’atténuation du changement climatique ?
Pourquoi et comment développer l’utilisation du bois dans le bâtiment et dans la production
d’énergie ? La production de bois pourra-t-elle suivre l’accroissement de la demande ? Enfin,
élargissant le sujet, nous quitterons les frontières de la France métropolitaine pour comprendre
et illustrer les dispositifs internationaux de financement du stockage de carbone en forêt et
nous terminerons sur la prise en compte de cette problématique au sein d’AgroParisTech.
Les onze articles qui suivent ont été rédigés par des enseignants, des chercheurs, des ingénieurs
ou des responsables d’organismes publics qui travaillent sur ce sujet de façon scientifique et pragmatique ; ils sont donc fondés à nous faire un état des lieux. Le comité de rédaction de Symbiose
les remercie de partager avec ses lecteurs leurs connaissances, leurs projets, leurs espoirs.
❙ Dominique Danguy des Déserts (P 66, Gref 71),
membre du conseil d’administration d’AgroParisTech Alumni,
coordonnateur du dossier
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
Quelques repères
pour comprendre
la place et les enjeux
forestiers
• Au niveau mondial : la forêt couvre 29 %
des terres émergées, soit près de 4 milliards
d’ha ; la forêt continue de régresser en
zone tropicale de 10 à 12 millions d’ha/an,
notamment par extension de l’agriculture,
qu’elle soit de subsistance, exportatrice ou
à des fins énergétiques.
• Au niveau européen : la forêt occupe 37 %
de la superficie des 27 pays de l’Union
européenne soit 156 millions d’ha ; les
principaux pays pour la récolte forestière
commercialisée sont la Suède, 59 Mm³/an,
l’Allemagne, 54 Mm³/an, la Finlande, 45
Mm³/an et la France, 29 Mm³/an (il s’agit
de m³ sous écorce).
• La forêt française métropolitaine occupe
29 % du territoire soit 16 Mha ; elle croit
actuellement lentement (+ 30 000 ha/an)
après avoir doublé de superficie entre le
début du XIX° siècle et la fin du XX° siècle ; la
forêt française est caractérisée par la variété
des écosystèmes (atlantiques, semi-continentaux, montagnards, méditerranéens) ;
c’est une richesse (biodiversité, résilience)
mais aussi une contrainte (hétérogénéité
des produits) ; à la forêt métropolitaine,
il convient d’ajouter la forêt des départements d’outre-mer (8 Mha en Guyane).
• Les 2/3 de la superficie forestière française sont occupés par les feuillus, le chêne
étant l’essence la plus répandue ; les résineux sont dominants en montagne et en
Aquitaine ; ils sont en moyenne deux fois
plus productifs que les feuillus : respectivement 11,5 et 5,7 m³/ha/an ; l’accroissement
de la forêt est estimé à un peu plus de
85 Mm³/an.
• La forêt française est publique (domaniale
ou communale essentiellement) à 26 % et
privée à 74 % ; la forêt privée est morcelée :
les propriétés de moins de 10 ha représentent 35 % de sa superficie ; le nombre
de propriétaires est évalué à plus de trois
millions. Les forêts publiques sont gérées
par l’Office national des forêts (ONF) ; les
propriétaires privés sont représentés et
encadrés par le Centre national de la propriété forestière (CNPF).
• Les emplois de la filière forêt-bois sont
évalués à 450 000 dans la gestion, la sylviculture, l’exploitation, la première transformation (sciage, pâte, panneaux, énergie) et
seconde transformation (bâtiment, ameublement). L’économie de la filière demeure
déficitaire, autour de 6 milliard d’ €/an,
du fait essentiellement des produits
transformés.
7
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
L’effet du changement
climatique sur la végétation,
deux publications
d’AgroParisTech dans
Science et dans Nature
L’équipe « Ecologie Forestière » de l’Unité mixte de
recherche INRA-AgroParisTech LERFOB (Laboratoire
d’Étude des Ressources Forêt-Bois) localisée à Nancy a
publié en 2008 dans Science et en 2011 dans Nature deux
articles sur l’évolution des écosystèmes impactés par le
changement climatique
Jean-Claude Gégout
A
l’heure où l’urgence de la crise
économique et financière fait
passer au second plan ce problème majeur, mais dont les effets redoutables sont étalés dans le temps, il est
utile de faire connaître aux lecteurs de
Symbiose ce travail et son apport dans le
débat scientifique.
Au moment de la parution du premier
article en 2008, l’effet du réchauffement
climatique était montré de façon assez
fragmentaire, essentiellement sur un petit
nombre d’espèces, sur les milieux boréaux
et alpins et sur la marge froide de l’aire
de distribution des espèces. De plus, les
causes réelles des changements imputés
au réchauffement étaient parfois difficiles
à discerner. Par exemple, la remontée de la
limite forestière (entre forêt et alpage) en
montagne était-elle due au réchauffement
8
climatique permettant la réalisation du cycle de vie des essences à haute altitude ou à
la déprise agricole conduisant à une dynamique naturelle vers la forêt après abandon
par l’agriculture ? Grâce à nos très grosses bases de données, nous avons étudié l’effet
du réchauffement climatique sur un très grand nombre d’espèces (171), à l’échelle de
l’ensemble de leur aire et sur l’ensemble des massifs montagneux français. Ce travail
a été effectué dans le cadre de la thèse de Jonathan Lenoir que je dirigeais et en collaboration avec Pablo Marquet de l’université catholique du Chili et avec Henri Brisse et
Patrice de Ruffray du CNRS. Nous avons comparé la distribution altitudinale des espèces
avant et après 1985, date charnière à partir de laquelle les températures ont rapidement
augmenté en France pour globalement se stabiliser des années 2000 à aujourd’hui (les
périodes étudiées sont respectivement 1905-1985 et 1986-2005).
Nous nous sommes aperçu que le cœur de la distribution altitudinale des espèces était
monté en altitude de 65 mètres environ entre les deux périodes. La remontée était plus
forte pour les herbacées à cycle de vie court que pour les essences à long cycle de vie.
Ce travail a marqué une étape dans la mise en évidence de l’impact du réchauffement
climatique sur les êtres vivants car il a contribué à asseoir la réalité du phénomène sur
un grand nombre d’espèces et d’écosystèmes. Il a eut un fort impact médiatique tant
à la télévision que dans les journaux français et étrangers et constitue maintenant une
référence scientifique reconnue concernant les impacts du réchauffement climatique.
Dans l’article de 2011, réalisé dans le cadre de la thèse de Romain Bertrand qui en est
le premier auteur, nous montrons que des changements floristiques imputables au
climat ne sont pas détectés en plaine contrairement à ce que nous avions observé en
montagne (voir dans ce même numéro l’interview de Romain Bertrand). En comparant
les changements de composition en espèces observés dans les communautés végétales
de plaine à ceux des communautés de montagne, nous montrons qu’un remplacement
progressif d’espèces adaptées au climat froid par des espèces adaptées à un climat plus
chaud a permis aux communautés de montagne de « compenser » 0,54°C sur les 1,07°C
Le coeur de la distribution altitudinale des espèces forestières est remonté de 65 m en altitude dans les montagnes françaises lors des dernières
décennies ; Col du Lautaret, Alpes de Haute-Provence. Photo Jean-Claude Gégout.
d’augmentation moyenne de la température observée sur la période étudiée.
En revanche, pour les communautés de
plaine, cette compensation n’a été que de
0,02°C pour un réchauffement similaire
(1,11°C), ce qui révèle un déséquilibre
grandissant entre la flore forestière de
plaine et le climat. Une fragmentation des
espaces forestiers plus grande en plaine
qu’en montagne et une distance à parcourir plus importante pour retrouver les
conditions thermiques de survie normales
Résumé
Deux études réalisées au centre de Nancy d’AgroParisTech et publiées
dans les revues scientifiques Science (2008) et Nature (2011), ont
montré que la plupart des espèces forestières montagnardes d’Europe
de l’ouest avaient migré en altitude en réponse au réchauffement
climatique récent pour retrouver les conditions climatiques
favorables à leur développement. Ces migrations, qui ont permis aux
communautés végétales montagnardes de s’adapter partiellement au
réchauffement climatique, ne se sont pas produites en plaine du fait de
plus grandes difficultés de migration des espèces.
des espèces sont les principales raisons
mises en avant pour expliquer les différences entre plaine et montagne.
L’ensemble de ces résultats montre à la fois
le fort impact du changement climatique
en cours et la complexité de la réponse
des écosystèmes qui peuvent conduire à
des risques d’extinction d’espèces ou à la
création de déséquilibres liés aux dynamiques de réponse très différentes entre
espèces ou entre écosystèmes.
❙ Jean-Claude Gégout,
Professeur en écologie forestière, HDR.,
AgroParisTech ENGREF
14, rue Girardet – CS 14216 –
54042 Nancy Cedex
[email protected]
Abstract
Two studies, conducted in AgroParisTech – Nancy and published in the
scientific journals Science (2008) and Nature (2011) showed that recent
climate warming has caused plant species to shift at higher altitude
in order to seek cooler conditions. These shifts allowed mountain
plant communities to partly adapt to climate warming. Communities
changes linked to climate warming not occurred in lowland forests due
to the difficulty of species migration.
Les lecteurs qui voudraient en savoir
davantage sur le sujet pourront se
reporter, outre aux articles parus dans
Science et Nature, au n° 3-4 2010 de la
Revue Forestière Française, accessible sur
http://irevues.inist.fr/revueforestierefrancaise
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
9
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Regards croisés sur l’avenir
des forêts françaises face au
changement climatique
Une nouvelle étape dans l’approche de l’impact prévisible
du changement climatique sur la distribution et la
croissance des espèces forestières françaises et le
fonctionnement des forêts est concrétisée par une étude
menée par des chercheurs de l’INRA, de l’Université ParisSud, du CNRS, du CEA, d’AgroParisTech et de l’Université
Joseph Fourier de Grenoble.
incertitudes associées. L’objectif de l’analyse était de comparer les sorties de différents
types de modèles écologiques et de les confronter afin d’avoir une gamme de scénarios
d’évolution. L’étude a porté sur une des cinq essences forestières dominantes en France.
En général, les auteurs montrent que les arbres des plaines de l’ouest, du sud-ouest
et du centre de la France seront les plus fortement touchés d’ici 2050. Le changement
climatique compromettra l’avenir de certaines essences d’arbre en plaine, comme le
pin sylvestre. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue « Ecology Letters »
(Cheaib et al., 2012).
« Imiter la nature, hâter son oeuvre », Bernard Lorentz
(1775-1865) résumait ainsi la sylviculture enseignée à
l'École royale forestière dont il fut le premier directeur,
en 1824. Cet équilibre entre foresterie proche de la
nature et forêt cultivée n'est-il pas toujours à rechercher
pour adapter la forêt au changement climatique ?
© AgroParisTech- centre de Nancy
L’
impact prévisible du changement
climatique sur la distribution et la
croissance des espèces forestières
françaises et le fonctionnement des forêts
a fait l’objet de premiers travaux au cours
de la dernière décennie (Thuillier, 2004 ;
Badeau et al., 2010 ; Loustau, 2010 ; voir
aussi Chabriat et al., 2011). Une nouvelle
étape dans cette approche est concrétisée
par une étude menée par des chercheurs
de l’INRA, de l’Université Paris-Sud, du
CNRS, du CEA, d’AgroParisTech et de
l’Université Joseph Fourier de Grenoble.
Cette étude a permis d’évaluer, à partir
de huit modèles de dernière génération,
l’impact possible du changement climatique sur les forêts et de souligner les
10
Le changement climatique, associé à l’augmentation de la concentration atmosphérique
en CO2, a aussi des effets positifs sur les arbres. La croissance de certaines essences,
comme le hêtre, pourrait être stimulée dans le nord, l’est et en montagne. Plus généralement, les modèles prévoient que toutes les espèces d’arbre étudiées progresseront en
altitude, et que le chêne vert trouvera des climats favorables bien au nord de la région
Méditerranéenne d’ici 2050.
L’utilisation d’une grande gamme de modèles, allant de modèles statistiques à des
modèles complexes de croissance des arbres, a permis d’identifier des incertitudes
dans les évolutions possibles. Ainsi, il est difficile de prédire l’impact du changement
climatique sans une meilleure connaissance des effets directs de l’augmentation de la
teneur en CO2 atmosphérique sur la végétation. Par exemple, les fortes teneurs en CO2
peuvent atténuer les sécheresses chez certains arbres.
En dépit de ces incertitudes, la plupart des modèles prévoient un recul des espèces de
climat tempéré en plaine. Cela concerne plus précisément les essences telles que le hêtre
ou les chênes sessile et pédonculé dans les plaines de l’ouest, du sud-ouest et du centre.
Ces résultats sont en accord avec d’autres projets de recherche comme « Dryade » qui
ont montré que la vulnérabilité des arbres aux insectes et à certaines maladies est augmentée après les sécheresses extrêmes, tandis que le réchauffement augmente certaines
populations de bioagresseurs. Les sécheresses extrêmes ou à répétition des années 2003
à 2006, comme celles prévues à l’avenir, ont ainsi déjà engendré des dépérissements et
des mortalités anormales des arbres.
Le Pin sylvestre sera-t-il, en plaine, la première victime du changement climatique ?
Photo Nathalie Bréda, forêt de Vouzeron (Cher).
Les résultats de ces travaux accomplis
au sein du projet QDIV (Quantification
des effets des changements globaux
sur la Diversité Végétale), soutenus par
l’Agence Nationale de la Recherche
(ANR) et le GIS (Groupement d’Intérêt
Scientifique) « Climat, Environnement,
Société » ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche sur les effets du
changement climatique sur la végétation.
En effet, ils montrent le besoin de combiner plusieurs modèles écologiques de
distribution d’espèces, comme le font les
climatologues sur les modèles de climat,
afin de comprendre leurs incertitudes,
mais aussi leurs qualités.
Que faire face à de tels scenarii ? Avec
cette nouvelle étude, les scientifiques
apportent des informations aux gestionnaires des forêts leur permettant d’identifier les régions et essences vulnérables
où les évolutions à venir doivent être
anticipées. Ces derniers se préparent déjà
au changement climatique, en mettant
en place différentes stratégies. Certaines
consistent à favoriser les espèces plus
résistantes à la chaleur et à la sécheresse
aux dépens d’espèces plus vulnérables
comme le pin sylvestre. Dans d’autres
cas, la meilleure stratégie consiste à
améliorer la résilience des forêts — par
exemple en renforçant la diversité spécifique et génétique, ou en atténuant
la sécheresse par une sylviculture plus
économe en eau — pour faire face à un
avenir incertain.
❙ Vincent Badeau et Nathalie Bréda,
UMR1137 EEF Écologies et Écophysiologie
Forestières, Département « Écologie des
Forêts, Prairies et milieux Aquatiques » –
Centre Inra de Nancy
[email protected]
[email protected]
Références :
Cheaib Alissar, Badeau Vincent, Boe Julien, Chuine Isabelle,
Delire Christine, Dufrêne Eric, François Christophe, S. Gritti
Emmanuel, Legay Myriam, Pagé Christian, Thuiller Wilfried,
Viovy Nicolas and Leadley Paul. 2012. Climate change
impacts on tree ranges : model intercomparison facilitates
understanding and quantification of uncertainty, Ecology
Letters,
Badeau, V., Dupouey, J.-L., Cluzeau, C., Drapier, J. & Le Bas,
C. (2010). Climate change and the biogeography of French
tree species : first results and perspectives. In : Forests,
Carbon Cycle and Climate Change (ed. Quae-INRA,
Versailles). Inra Versailles, France, pp. 231-252.
Chabriat Géraud, Mollier Pascale, Guehl JeanMarc. 2011. La forêt française face au changement
climatique. INRA Magazine 17, 13-25. http ://www.inra.
fr/l_institut/l_inra_en_bref/l_essentiel_en_documents/
inra_magazine
Loustau Denis (éditeur). 2010. Forests, Carbon Cycle
and Climate Change. (ed. Quae-INRA, Versailles). Inra
Versailles, France
Thuiller, W. 2004. Patterns and uncertainties of species’
range shifts under climate change. Global Change Biology
10, 2020-2027.
❙ Paul Leadley,
Laboratoire Écologie, Systématique et
Évolution, CNRS/Université Paris-Sud/
AgroParisTech
[email protected]
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
11
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Politique forestière et
changement climatique,
un cas particulier de
projection dans le long
terme
Si le secteur de la recherche a été le premier à produire
des références sur les impacts du changement climatique
sur les forêts, les grands organismes gestionnaires de
forêts ou venant en conseil se sont assez fortement
investis au milieu des années 2000 sur le sujet.
de Bernard Roman Amat en décembre 2007 sur le sujet et à la suite de sa présentation
devant le Conseil supérieur de la forêt.
Jacques Andrieu
S
i c’est assez naturellement le secteur de la recherche qui, le premier, a produit des références sur
les impacts du changement climatique
sur les forêts, que ce soit à partir d’entrées
écologiques, physiologiques ou génétiques
(avec une importante étape franchie dans
le cadre du projet CARBOFOR qui a développé une approche autécologique de la
question), les grands organismes gestionnaires de forêts ou venant en conseil se
sont assez fortement investis au milieu des
années 2000, assez récemment donc, sur le
sujet ; que ce soit l’IDF (Institut de développement forestier), la Société forestière
de la Caisse des Dépôts ou l’ONF (Office
National des Forêts). Le débat a surtout
été porté au niveau de la politique forestière à partir de la publication du rapport
12
L’appropriation du sujet fut rapide puisqu’il est aujourd’hui au cœur même des stratégies de politique forestière, que ce soit à travers l’adaptation au changement climatique
de la forêt française ou la participation de la forêt à l’atténuation (mitigation) de ce
phénomène, à travers notamment les questions de stockage de carbone par la forêt et
les produits bois.
L’objet n’est pas ici de revenir sur les effets attendus des modifications du climat ou des
voies de réponse envisageables (les travaux en ce sens sont nombreux et structurés),
mais plutôt d’en examiner l’appropriation en terme de politique publique, à l’heure
même où la politique forestière est interrogée sur un certain nombre d’orientations.
La question du temps long, forte spécificité
de la politique forestière, et son lien avec les
phénomènes naturels de moyen terme
De tout temps, depuis qu’elle peut être identifiée comme telle, la politique forestière
s’est par nature attachée à travailler dans le moyen et long terme, en lien avec un secteur
dont le rythme de production est, très atypique : généralement de 50 à 150 ans.
C’est donc assez naturellement que cette politique aborde la question du changement
climatique comme un élément supplémentaire à intégrer, générateur de nouveaux
risques marqués d’incertitudes. En terme d’échéances, quel que soit le scénario climatique retenu, ce sont en tout état de cause des pas de temps de 50 ans, 100 ans, 150 ans
qui verront des changements sensibles de climat, à la fois en terme de températures,
de volume ou rythme des précipitations, voire d’occurrence de phénomènes extrêmes
de type sécheresse.
Le pas de temps de ces changements correspond à l’horizon d’anticipation habituel
des gestionnaires forestiers.
accrue des incertitudes climatiques qui
induit des préconisations sans doute
moins fermées que précédemment.
Ces modifications amènent à devoir
prendre en compte des changements
dans un des seuls éléments qui paraissait
stable dans le temps, celui des conditions
stationnelles.
forêts et en charge de l’écologie. Prise
de conscience, étape, portage de l’enjeu
au niveau politique, il a beaucoup insisté
sur la nécessité de renforcer les connaissances sur le sujet et de favoriser leur
transfert vers les gestionnaires. Si toutes
les recommandations n’ont pas été suivies
à la lettre, elles ont cependant largement
irrigué les stratégies ultérieures.
Des options différentes
en terme d’orientation,
partiellement guidées par la
manière de prendre en compte
le changement climatique
En ce sens, par force, le secteur forestier
peut être envisagé comme un précurseur
de l’intégration des préoccupations climatiques dans la gestion, publique ou
privée. L’adaptation à ce changement
se conçoit selon la nature des différents
impacts attendus : changement de productivité, modification de la distribution
des essences forestières, variation des
facteurs de risques.
En premier lieu se situe notamment la
création, en 2008, du réseau mixte technologique « RMT Aforce, adaptation des
forêts au changement climatique », animé
par l’IDF et regroupant organismes de
recherche, de formation, de développement forestier et gestionnaires. Son
objectif est clairement positionné vers la
fourniture d’outils d’aide à la décision à
destination des gestionnaires.
Quant à l’attitude du forestier face aux
enjeux du changement climatique, différentes voies existent et une tendance à
l’opposition d’orientations contrastées se
dessine. Ce serait une caricature que de
distinguer trop nettement deux voies de
réponse. Néanmoins, par commodité ou
nécessité d’expression des oppositions,
les acteurs se prêtent facilement à cette
simplification manichéenne :
La forêt et la politique forestière peuvent
légitimement revendiquer avoir intégré et
développé la notion de développement
durable avant que le terme ne soit vulgarisé et diffusé. Elles peuvent et pourront
sans doute revendiquer avoir intégré avant
les autres, dans leurs orientations même,
les conséquences du changement climatique comme axe structurant.
Enfin, le plan national d’adaptation au
changement climatique (PNACC) élaboré sous l’égide du ministère chargé du
développement durable, publié en juillet 2011 a marqué une étape essentielle
dans l’élaboration d’une stratégie globale
tournée vers l’adaptation. Celui ci insiste
évidement fortement sur la nécessité
d’investir dans la connaissance, la prévision et la modélisation. Ce plan regroupe
19 thèmes dont la forêt fait partie et a
été reconnu par ailleurs comme un des
quatre enjeux majeurs en terme d’adaptation. Sont notamment développés les
besoins de collecte et diffusion de données
écologiques, celles relatives aux capacités
d’adaptation des peuplements forestiers,
de préservation de biodiversité ou plus
largement de services environnementaux
et enfin d’anticipation et gestion des phénomènes climatiques extrêmes.
– d’un côté, la prise en compte du changement climatique conforte, pour certains,
la nécessité de renforcer la protection
des forêts, de sanctuariser des espaces
croissants et des continuités ou trames,
de favoriser le vieillissement de la forêt
française permettant un stockage de carbone dans le bois sur pied, de conforter
la diversité génétique de la forêt en place,
gage de résilience.
Un investissement primordial
dans la connaissance et
une dialogue initié entre
chercheurs et gestionnaires
Il reviendrait sans doute aux instituts de
recherche de tracer la genèse de l’entrée
progressive du thème changement climatique dans les préoccupations de
recherche française et européenne. Celui
ci s’est progressivement imposé à travers
les différentes disciplines académiques.
Différents réseaux d’observation ont été
mis à contribution et exploités par ce
prisme. On retiendra l’étape qu’a constitué
le projet CARBOFOR (2002-2005), centré
sur carbone et changement climatique,
comme moment focal de cristallisation
et diffusion d’un certain nombre de projets. Ce fut également pour les gestionnaires un moment important de prise de
conscience des enjeux liés au changement
climatique.
Le rapport sus mentionné de Bernard
Roman-Amat répondait à une demande
conjointe des Ministres en charge des
Au final, la prise de conscience d’un
besoin important de connaissance est
largement réalisée, ainsi qu’un travail de
fond associant les communautés scientifiques et les gestionnaires forestiers
investis sur sur les questions d’adaptation des forêts françaises aux condition
futures. Si les résultats ne sont sans doute
pas aussi finalisés que le souhaiteraient
les organismes de développement, les
gestionnaires eux mêmes ainsi que les
décideurs, la relative jeunesse en terme
de programmes de recherche en est une
des causes majeures. Mais c’est également,
condition nouvelle, une prise en compte
– à l’opposé le changement climatique
valide pour d’autres une voie d’intensification de la production, d’accroissement de
la récolte pour des stockages de carbone
sous forme de produit bois et d’énergie
renouvelable, de raccourcissement des
cycles, gage d’orientations plus rapides
pour tenir compte des incertitudes futures,
de rajeunissement de la foret française
pour optimiser le puits de carbone actuel
et futur.
Ces deux voies ne se rejoignent que sur
la nécessité d’accroître les connaissances,
notamment en matière de génétique, mais
avec des fins différentes. Amélioration
génétique en vue de plantations mieux
adaptées, caractérisation plus fine en vue
de favoriser une résilience accrue pour
les un, amélioration génétique en vue
de plantations mieux adaptées pour les
autres.
Ces voies croisent celles qui ont pu opposer dans le milieu forestier les tenants de
plantation face à ceux de la régénération
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
naturelle, ceux tenant d’une orientation
résolue vers des plantations résineuses
face aux protecteurs de forêts feuillues
plus diverses, ceux pratiquant une sylviculture par massif équienne face aux
avocats d’une sylviculture irrégulière et
continue. La science fournira des argumentaires et permettra de pondérer
les différentes options, mais ne saura
répondre à des approches en terme de
valeurs qui alimentent le débat forestier
depuis ses origines. Une attention accrue à
la question des risques et à leur évolution
est certainement souhaitable et pourrait
orienter certaines réponses.
A l’opposé, la question est posée en
regard, parfois avec simplisme également,
sur les fondements de politique de protection de la nature du fait de leurs entrées
parfois excessivement fixistes, alors que
le changement climatique impose une
approche dynamique, capable de s’adapter
en fonction de l’évolution du climat et de
l’apport de nouvelles connaissances. Cette
approche inclut une vision sans doute plus
dynamique des biotopes, avec des variations et migrations que les outils actuels
de protection ne sont pas toujours en
mesure d’intégrer.
Conclusion
L’État, dans ses modalités d’intervention
forestière qui se sont longtemps centrées
sur la gestion des forêts publiques, n’hésitait pas dans le passé à préconiser des
orientations techniques sylvicoles. C’est
un champ qu’il a relativement délaissé,
d’une part en confiant cette responsabilité
aux organismes dédiés à la forêt publique
et à la forêt privée, d’autre part en renvoyant les orientations forestières à un
processus partagé au niveau régional :
ORF (orientations régionales forestières),
DRA (directives régionales d’aménagements, SRA (schéma régional d’aménagement), SRGS (schéma régional de
gestion sylvicole). De nouvelles questions
sont aujourd’hui posées, en lien avec le
changement climatique, concernant sa
légitimité à réinvestir ces orientations.
La politique forestière a toujours eu la
prétention de préparer à un instant t la
forêt à t + 100 ou t + 150 ans. La question
du changement climatique s’inscrit donc
naturellement comme une entrée majeure
14
dans cette voie. C’est une gageure que de
formaliser des choix de nature politique
avec de telles échéances, il n’est pas évident que ce soit d’ailleurs plus difficile
aujourd’hui qu’hier. La prise en compte
résolue du changement climatique dans
des orientations gouvernementales (par
exemple le PNACC) est sans doute de
nature à permettre une meilleure inscription d’orientations de moyen et long
terme telles que celles qui s’appliquent au
secteur forestier.
Travailler dans le long terme est aussi
travailler la question de l’investissement,
dans ce secteur où les retours sur investissement sont particulièrement longs. Mais
ce terme d’investissement doit être pris
dans son acception la plus large d’investissement certes matériel dans la forêt,
les plantations, les travaux sylvicoles de
régénération ou renouvellement mais également d’investissement des propriétaires,
publics ou privés, des sylviculteurs eux
mêmes dans leur forêt, d’investissement
dans la recherche, d’investissement dans
la formation. Une gageure centrale d’évolution de la forêt est probablement là.
❙ Jacques Andrieu (R 83, Enssa 87),
Sous directeur de la forêt et du
bois, Ministère de l’agriculture, de
l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et
de l’aménagement du territoire
[email protected]
Résumé
La politique forestière, comme peu d’autres, s’inscrit dans un
long terme correspondant au rythme de production des forêts,
généralement supérieur au siècle. L’activité sylvicole, elle même
appuyée sur un cycle biologique qui sera nécessairement impacté
par les conséquences du changement climatique, est interpellée que
ce soit en terme d’adaptation des forêts aux nouvelles conditions,
ou par la contribution des forêts à l’atténuation de ce phénomène,
notamment en stockant du carbone.
Il est généralement admis qu’il relève de la responsabilité de l’État
d’investir dans la recherche, le développement et les modalités de
suivis particuliers permettant de mesurer le phénomène. Toutefois,
de nouvelles questions sont aujourd’hui ouvertes quant à la
construction d’orientations prenant spécifiquement en compte les
modifications du climat. Elles portent sur l’implication à prévoir pour
préparer une forêt française adaptées aux conditions des XXIe et
XXIIe siècles tout en optimisant son rôle de puits de carbone.
Abstract
Forest policy, as few others, is part of a long-term process, linked to
the rythms of forest production, usually longer than a century. The
forestry activity based on a biologic cycle which will necessarily be
impacted by the consequences of climate change, has to deal with
the adaptation of forests to the climate change, or the contribution
of forests to mitigate this phenomenon, including carbon storage.
It is generally admitted that responsibility is down to the state to
invest in research, development and implementation of measuring
the carblon flow phenomenon. Nevertheless, new questions are
now opened as for the construction of guidelines specifically taking
into account the changes in climate. They focus on the involvement
required to prepare the French forest adapted to the conditions of
21rst and 22nd century, while optimizing its role as a carbon sink.
La forêt face au
changement climatique :
menaces et stratégies
d’adaptation
La forêt présente la particularité d’avoir un cycle de production de l’ordre du
siècle. C’est à la fois un avantage qui lui permet de stocker du carbone mais
aussi un inconvénient, rendant délicat tout essai d’adaptation au changement
climatique.
Philippe Riou-Nivert
L
a filière forestière est aujourd’hui
en difficulté. Si des options fortes
ne sont pas prises pour la soutenir,
le risque est grand de voir se dégrader un
pan de l’économie mais aussi un élément
caractéristique du territoire national.
Le présent article est une reprise partielle
et actualisée d’un article paru dans « La
Jaune et la Rouge », numéro d’août-septembre 2010.
Le changement climatique :
une préoccupation majeure
pour les forestiers
Le grand public a souvent du mal à se
représenter les effets d’une évolution
du climat qui se traduirait par une augmentation progressive des températures
moyennes de 2 à 4°C au cours des 100
prochaines années. L’échéance du siècle
paraît lointaine lorsque la préoccupation
du moment est la météo des prochaines
vacances.
Pour le forestier au contraire, 2100, c’est demain.
Par rapport aux productions agricoles, la forêt a en effet une originalité forte : le long
terme. Cette particularité permet une certaine souplesse comme par exemple le maintien
des bois sur pied si les cours sont trop mauvais mais demande une adaptation continue
aux évolutions de la société. Ainsi les chênes plantés par Colbert pour la marine il y
a 300 ans ont été convertis en meubles après la disparition des bateaux en bois. Les
forestiers ont donc souvent une certaine distance vis-à-vis des grands problèmes qui
agitent au jour le jour la sphère médiatique.
Pourtant la forêt, qu’elle soit considérée comme espace naturel ou espace de production
de bois, est un système biologique en prise directe avec les caractéristiques du milieu.
Une question touchant au climat ne pouvait donc laisser les forestiers insensibles. Les
arbres plantés aujourd’hui seront encore présents dans la majorité des cas dans 50 ou
100 ans, voire plus. Cela suppose qu’ils soient capables de supporter le climat actuel
mais aussi le climat futur. Le sylviculteur ne peut pas en effet, comme l’agriculteur,
adapter annuellement sa production aux évolutions de la conjoncture.
Lors du renouvellement de ses peuplements, le forestier se posait jusqu’ici beaucoup
de questions philosophiques liées directement au long terme : utilisera-t-on encore
du bois dans un siècle, quelles essences, quels types de produits, à quel prix seront-ils
payés ? Mais il avait une certitude : les conditions de croissance resteraient stables. Le
sol et le climat moyens, immuables dans une région donnée, permettaient au moins
un choix d’essences adaptées. Cette certitude, la seule sur laquelle il pouvait s’appuyer,
vient de voler en éclats !
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Des inquiétudes pour l’avenir
Après la tempête de 1999, les attaques d’insectes qui ont suivi et la sécheresse de 2003,
nombre de peuplements forestiers ont beaucoup souffert : ici épicéas dans les Vosges.
© L.-M. Nageleisen, Département de la santé des forêts du Ministère de l’agriculture
Des effets déjà perceptibles
Les forestiers ont commencé à se préoccuper sérieusement du changement
climatique au début des années 2000.
La première impression ne fut cependant pas négative : l’augmentation de la
température, accélérateur des réactions
métaboliques, et celle du CO 2, carburant de la photosynthèse productrice
du bois (et d’ailleurs à l’origine de toute
matière vivante) ne sont pas les ennemis
du sylviculteur. Les slogans d’EDF prônant un monde sans carbone leur ont
toujours paru aberrants. Le CO 2 n’est
pas un polluant, c’est la vie. Des études
dendrochronologiques menées dans
les années 1980 ont d’ailleurs montré
que les arbres n’avaient jamais autant
poussé depuis un siècle qu’aujourd’hui,
attribuant ce surplus de croissance en
partie aux évolutions favorables du climat. Malheureusement, ils prirent très
vite conscience que ces effets positifs
initiaux allaient rapidement être contrebalancés par des effets négatifs biens plus
importants.
En décembre 1999, deux tempêtes improbables balayèrent toute la France, renversant 170 millions de m 3 (plus de 4
années de récoltes), 15 fois plus que les
tempêtes précédemment répertoriées de
16
mémoire d’homme. Dix ans plus tard, la
tempête Klaus s’acharna à nouveau sur
les futaies de pin maritime d’Aquitaine,
les amputant de 43 millions de m3 supplémentaires. Le massif landais, jusqu’ici la
plus grande forêt artificielle d’Europe (un
million d’hectares) fut ainsi réduit de moitié en une décennie. En 2003, la plus forte
canicule jamais enregistrée par Météo
France, doublée d’une intense sécheresse,
provoqua des dégâts massifs et continue à
avoir des répercutions aujourd’hui. Si les
climatologues ont toujours hésité à lier
de façon sûre l’évolution des tempêtes
au changement climatique, ils annoncent
en revanche que l’été 2003 sera un été
moyen vers 2070…
La dernière décennie a donc été une
période choc pour les forestiers, pourtant habitués aux caprices du climat. Ils
L’accroissement des accidents violents
est particulièrement redouté. Hormis les
tempêtes (premier facteur de dégâts aux
forêts), la première inquiétude des forestiers est l’augmentation de la fréquence
et de l’intensité des sécheresses estivales,
corollaire de celle des températures. Les
sécheresses constituent le principal facteur
déclenchant des dépérissements forestiers
en perturbant et en affaiblissant durablement les arbres. Ainsi, après 2003, de
nombreuses essences se sont retrouvées
en porte à faux : pin sylvestre en zone
méditerranéenne, sapin dans les Alpes du
Sud, épicéa et douglas dans les bordures
du Massif central, chêne pédonculé un peu
partout. Des essences qu’on croyait assez
résistantes au déficit hydrique comme les
chênes vert et pubescent, le châtaignier
ou le pin d’Alep ont aussi été affectées.
Les incendies de forêt sont directement
liés aux sécheresses. Ils risquent donc de
s’amplifier et de concerner des zones où
ils étaient jusqu’alors peu redoutés et où
les infrastructures de protection ne sont
guère développées (Centre et Ouest de
la France…). Ainsi en 2003 les surfaces
brûlées ont-elles atteint le record de
73 000 ha. Une récente mission interministérielle (juillet 2010) prévoit une augmentation d’un tiers des surfaces sensibles
aux incendies, qui pourraient concerner
la moitié du territoire national en 2050.
Les attaques parasitaires (insectes ravageurs et champignons pathogènes)
inquiètent également les sylviculteurs. Si
le changement climatique peut en favoriser certains et en défavoriser d’autres,
le bilan semble bien être à l’avantage
des premiers. Les parasites de faiblesse
(scolytes, armillaire) ont de belles perspectives devant eux avec la multiplica-
La première inquiétude des forestiers
est l’augmentation de la fréquence
et de l’intensité des sécheresses estivales,
corollaire de celle des températures.
comprirent que ce n’était pas directement
la variation des taux de gaz dans l’atmosphère ou de la température qu’ils devaient
craindre, mais les phénomènes induits.
tion des peuplements en difficulté après
sécheresse, tempête ou incendie. Mais de
nombreux autres parasites sont favorisés
par l’augmentation des températures. Les
insectes (comme la chenille processionnaire du pin) ou les pathogènes (comme
les phytophthoras) qui étaient limités par
les froids hivernaux ne sont plus régulés. D’autres comme les pucerons ou les
scolytes du tronc voient le nombre de
leurs générations multiplié en été. Par
ailleurs, des parasites exotiques envahissants pourraient trouver, dans une France
plus chaude, des conditions favorables à
un développement rapide, en l’absence
de leurs ennemis naturels. Certains sont
déjà identifiés et font l’objet de surveillance aux frontières et de mesures de
quarantaine.
Les aires potentielles de végétation
devraient logiquement suivre les évolutions du climat, dans la mesure où
chaque essence ne peut croître que dans
des conditions de température et de
pluviosité bien définies (1). En 2004, les
résultats de la première étude importante
sur ce sujet, dans le cadre du programme
Carbofor, fit beaucoup de bruit chez les
forestiers et, ce qui est rare, eut des échos
dans les grands médias. Il y était montré que les aires bioclimatiques actuelles
devaient progresser vers le nord de l’ordre
de 500 km en un siècle, soit à une vitesse
10 fois plus rapide que la capacité propre
de migration de la plupart des essences
forestières. Si ces simulations sont correctes, certaines espèces auront peu de
chances de se maintenir dans des zones
devenues inhospitalières (sauf dans certains refuges microclimatiques) mais elles
n’auront pas non plus le temps d’occuper d’elles-mêmes les nouvelles aires
favorables. De nombreuses incertitudes
subsistent encore quant aux possibilités
d’adaptation génétique des essences au
nouveau contexte climatique, à l’évolution
des cortèges de parasites et symbiotes et à
la compétition avec de nouvelles espèces
végétales.
La sécheresse de 2003 a représenté une
première alerte sérieuse en provoquant des
dépérissements d’espèces en limite sud
de leur aire. La région méditerranéenne
est ainsi devenue pour les forestiers la
« vigie du changement climatique ». De
grandes essences forestières françaises
comme le chêne pédonculé, le hêtre, le
sapin et l’épicéa (5 millions d’ha à elles
quatre, soit un tiers de la forêt française)
sont désormais sur la sellette.
Évolution simulée des aires bioclimatiques
potentielles des principaux groupes
biogéographiques en France
(Badeau et al., Carbofor, 2010)
Cette étude, utilisant un scénario d’évolution du climat pourtant très modéré du GIEC (2) (scénario B2,
aboutissant à une augmentation de 2,5 °C de la température moyenne en un siècle), prévoit une évolution
considérable des aires potentielles de végétation. Ainsi l’aire favorable aux espèces méditerranéennes
passerait de 9 % du territoire actuellement à 28 % en 2100 et celle des espèces du Sud-Ouest de 17 % à
46 %. Parallèlement, les zones correspondant aux essences continentales du Nord-Est seraient réduites
et celles favorables aux espèces de montagne seraient ramenées de 16 % à 6 % du territoire.
Quelles stratégies
d’adaptation ?
résineuses mais dont les caractéristiques
sont encore largement inconnues ;
Le sylviculteur est forcément démuni face
à une évolution aussi rapide à l’échelle
des rythmes forestiers. Le besoin de
connaissances est crucial dans de nombreux domaines :
– au niveau technique, on a quelques idées
à confirmer pour réorienter la sylviculture,
axées sur la réduction du stress hydrique
aussi bien au moment de la plantation et
des entretiens que de la conduite des peuplements. Il semble judicieux de privilégier
par exemple les peuplements à densité
faible (futaie claire) ou de favoriser les
mélanges d’essences ou de provenances
(à la plantation ou en enrichissement de
peuplements existants) bien qu’ils soient
plus difficiles à conduire, pour ne pas
mettre tous ses œufs dans le même panier.
Pratiquer une sylviculture dynamique,
avec réduction des révolutions, lorsque
c’est possible, autour de 50 ans, pour
maintenir des peuplements sains, stables,
plus résistants à la sécheresse mais aussi
aux tempêtes et aux attaques de parasites
est une tendance qui semble se dégager
mais n’emporte pas l’adhésion de tous ;
– le diagnostic « prospectif » des stations (3), est devenu indispensable pour
décider de l’installation de nouvelles
essences ou du maintien d’essences en
place. Comment les facteurs limitants de
la croissance vont-ils évoluer en un siècle
sous la pression du climat ?
– l’autécologie des essences est un second
point à préciser, notamment pour réorienter les programmes d’amélioration génétique. Quelles sont les essences les plus
résistantes au stress hydrique ? La tentation est grande d’appeler à la rescousse
des essences exotiques, notamment
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Le RMT AFORCE : fer de lance des forestiers
contre le changement climatique
Le RMT Aforce est un réseau mixte technologique consacré à l’adaptation des forêts au changement
climatique. Il regroupe plus d’une douzaine d’organismes forestiers appartenant aux domaines de la
recherche, du développement, de l’enseignement, de la formation et de la gestion.
Il a été créé fin 2008 sous l’impulsion des forestiers eux-mêmes, conscients de la nécessité de constituer
un lieu d’échange et de transfert de l’information autour de cette thématique. Le réseau est piloté par
L’Institut pour le développement forestier et fonctionne grâce à une forte implication de ses partenaires.
Il est soutenu par le ministère en charge de l’Agriculture et, depuis peu, par France Bois Forêt. Initié à
l’origine pour trois ans, il a obtenu une prolongation jusqu’à fin 2013 du label RMT.
La première finalité du réseau est la mise au point d’outils d’aide à la décision permettant au gestionnaire
de réduire la vulnérabilité des peuplements aux évolutions climatiques attendues.
Le RMT Aforce propose chaque année des appels à projets permettant le soutien d’initiatives de recherche
et développement sélectionnés en tenant compte des préoccupations et interrogations des gestionnaires.
Il a jusqu’à ce jour permis la réalisation de 15 projets dont certains sont encore en cours. Ces projets
portent chacun sur l’une des cinq thématiques de travail du réseau : (1) Évolution des stations forestières,
(2) Vulnérabilité des peuplements, (3) Gestion, valorisation et conservation des ressources génétiques,
(4) Croissance et sylviculture des peuplements, (5) Évaluation économique des décisions de gestion.
Le réseau soutient par ailleurs, toute action susceptible de faire progresser le transfert des connaissances
et d’aider à la mobilisation de l’information. Il a organisé, au cours des trois dernières années, cinq ateliers.
Leur but était d’informer sur les outils disponibles ou innovations transférables au développeur, de faire
progresser la réflexion sur les axes de travail du réseau et d’encourager l’incubation de nouveaux projets.
Le réseau a soutenu l’organisation du colloque : « Que nous apprend la recherche sur la vulnérabilité
des forêts au changement climatique ? ». Il a permis de sélectionner les résultats récents de la recherche
exploitables pour la gestion.
Le réseau doit à présent s’emparer de ces résultats pour formaliser des outils simples utilisables en
gestion : diffusion de cartes de vulnérabilité validées, méthodes de prise en compte du risque dans les
guides de sylviculture et dans les directives, formation au diagnostic de vulnérabilité…
En 2012 et 2013, Aforce concentrera ses moyens sur la mise en place de trois groupes de travail multi-organismes : (GT1) – Diagnostic stationnel et choix des essences, (GT2) – Gestion de l’eau dans la sylviculture
des peuplements existants, (GT3) – Création et renouvellement des peuplements. Ces groupes auront
pour vocation de produire des recommandations et des éléments d’aide à la décision et à l’action pour
les agents du développement, gestionnaires et décideurs et surtout de donner les clés pour éviter les
principales erreurs.
L’enjeu est de taille : créer de nouveaux comportements de gestion préventive pour limiter le risque.
– les réseaux de surveillance seront aussi
à renforcer, tant au niveau phytosanitaire
que vis-à-vis des incendies (infrastructures
à prévoir).
Tous ces axes sont débattus dans le cadre
d’un « réseau mixte technologique » (4) qui
réunit depuis 2008 une douzaine d’organismes forestiers.
La forêt, moyen de lutter contre
le changement climatique ?
La forêt est reconnue comme le second
puits de carbone après l’océan et est en ce
sens susceptible de contribuer à la réduction du taux de CO2 atmosphérique. Ce
dernier est capté et stocké dans le bois
sur pied. En fin de course, après la chute
des feuilles, des branches ou la mort de
l’arbre, il se retrouve stocké dans le sol. En
cas d’exploitation et après transformation,
il est séquestré dans les produits mis en
18
œuvre (charpentes, meubles, isolation…)
en lieu et place du plastique, aluminium,
béton, acier, de fabrication très énergivore
et consommatrice de carbone fossile. Le
bois utilisé directement comme énergie
permet aussi d’éviter de déstocker du carbone fossile. Cette substitution est permanente dans le temps et cumulative, le
carbone « biologique » étant du carbone
multiples dans d’autres domaines, écologiques (réservoir de biodiversité ou de
ressources génétiques, protection des sols,
purification de l’eau…) ou sociaux (accueil
du public, paysage…).
Il faut néanmoins prendre garde à éviter
certaines erreurs comme le stockage de
volumes trop importants de bois sur pied
(peuplements denses) qui les rendrait plus
fragiles aux effets mêmes du changement
climatique qu’on veut atténuer (sécheresses) et aux tempêtes.
Il y a donc là un créneau à saisir, mais de
façon judicieuse.
Forêt, changement climatique
et aménagement du territoire
La forêt occupe plus du quart de la surface
nationale mais reste le parent pauvre au
sein du ministère de l’agriculture dont elle
dépend. Le long terme qui la caractérise
ne favorise pas les spéculations économiques et bien peu de propriétaires forestiers privés (qui détiennent trois quarts des
surfaces) vivent de leur forêt. Les risques
importants, notamment de tempêtes, ne
sont généralement pas couverts par les
assurances et les catastrophes successives,
tout comme la réduction régulière des
aides au boisement, constituent des éléments importants de démotivation.
Dans ce contexte, les incertitudes supplémentaires liées au changement climatique
posent problème. S’il s’avérait que des
dépérissements importants se généralisent dans les 50 ans à venir, il est peu
probable que les sylviculteurs puissent
faire face sans un appui fort au renouvellement des peuplements. On assisterait
alors à un désintérêt pour la forêt que
L’augmentation des surfaces boisées a un
intérêt fort, d’autant qu’elle présente des
atouts multiples dans d’autres domaines.
atmosphérique recyclé indéfiniment grâce
à la photosynthèse.
seuls les aspects affectifs et patrimoniaux
permettent aujourd’hui de contrer.
Tous ces avantages donnent à la forêt une
importance nouvelle. L’augmentation des
surfaces boisées aurait donc un intérêt
fort, d’autant qu’elle peut se faire sans
regret puisque présentant des atouts
Il en résulterait un abandon des surfaces
dépérissantes à elles-mêmes, une disparition partielle de l’état boisé et un enfrichement généralisé qui suivrait la remontée des
influences méditerranéennes vers le nord.
Cette évolution, déjà perceptible suite
aux récentes tempêtes, notamment dans
les Landes, serait dramatique car source
à son tour d’accroissement des risques
(incendies), de déstockage de carbone,
de désorganisation de la filière bois et de
disparition de nombre d’avantages écologiques et sociaux. Seul un programme
forestier ambitieux, amorcé par les discours prononcés à Urmatt (Bas-Rhin), en
2009 puis à Egletons (Corrèze) en 2011
par le Président de la République, pourra
contrecarrer ces tendances.
Conclusion
La forêt française est aujourd’hui dans
une situation charnière, à la fois cible du
réchauffement et moyen de l’atténuer.
Plusieurs de nos essences ancestrales sont
menacées, des certitudes techniques sont à
reconsidérer, des recherches sont à réorienter. Après un grand dynamisme de reboisement jusqu’à la fin des années 80 soutenu
par le Fonds forestier national, le soufflet
est retombé sous l’effet de la réduction
des investissements et de catastrophes
à répétition. Les évolutions climatiques,
brutales à l’échelle des cycles forestiers, lui
porteront-elles le coup de grâce ou serontelles l’occasion de redynamiser la filière ?
❙ Philippe Riou-Nivert,
Ingénieur à l’Institut pour le développement
forestière, Service d’utilité forestière du
Centre national de la propriété forestière,
47 rue de Chaillot 75116 PARIS
Notes :
(1) Ces besoins propres à chaque essence caractérisent son
« autécologie »
(2) Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution
du climat
(3) Une station est une étendue de terrain bénéficiant
de conditions homogènes de climat, sol, topographie et
végétation
(4) RMT AFORCE : www.foretpriveefrancaise.com/aforce
Références bibliographiques :
Badeau V. et al., 2010. Climate change and the biogeography
of French tree species : first results and perspectives. In
“Forest, Carbon Cycle and Climate Change”, Denis Loustau
(Ed.), QUAE, ISBN 978-2-7592-0384-0, 231-252.
Chatry. C., Le Gallou J.-Y. Le Quentrec M., Lafitte J.-J.,
Laurend D., Creuchet B. (juillet 2010) Rapport de la mission
interministérielle : « Changement climatique et extension
des zones sensibles aux feux de forêts », 53 p. + annexes.
Perrier C., 2011, Dossier : « Comment anticiper le
changement climatique ? ». Forêt-entreprise, N° 196,
p. 12-36
Riou-Nivert, P. et al., 2008. Dossier : « Changement
climatique : questions des sylviculteurs et réponses des
chercheurs ». Forêt Entreprise, N° 180, p. 11-45.
Riou-Nivert, P. et al., 2008. Dossier : « Changement
climatique : préparer l’avenir ». Forêt Entreprise N° 182.
p. 18_48.
Abstract
The forest faced to climate
change : threats and coping
strategies
With a production cycle of the
order of a century, the forest
reduces the effects of climate
change by storing carbon. But
it’s fragile. Destabilized by the
recent storms, the drought
and the pest attacks, it needs
a strong support to adapt and
continue to play its role in the
French countryside.
Le douglas produit un bois recherché pour le bâtiment. C'est donc une essence à favoriser en sélectionnant des graines provenant de forêts
dont le climat actuel correspond à celui escompté durant la seconde moitié du XXI° siècle là où on introduira ces graines.
© AgroParisTech- centre de Nancy
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
19
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Les atous des produits
à base de bois pour lutter
contre le changement
climatique
Cet article s’appuie sur les travaux réalisés à FCBA et
notamment ceux de l’équipe du Pôle Environnement
– Santé, spécialement les contributions de Gérard
Deroubaix, Estelle Vial et Claire Cornillier (PG 91) et sur
les articles parus dans la revue PCM spécial « foret, bois,
cellulose » de 2012 (1)
charpentiers, menuisiers, ébénistes, papetiers…) ont valorisé de tous temps ces caractéristiques ! (voir pour plus de détails le numéro précité de PCM).
Georges-Henri Florentin
Le bois et les produits à base
de bois : quelques rappels
(même pour des agronomes)
Le bois, matériau bio-sourcé, est le produit
de la photosynthèse et de quelques éléments (sels minéraux) prélevés en quantité
limitée dans le sol. Chimiquement il se
compose de : carbone (50 %), d’oxygène
(42 %), d’hydrogène (6 %) et d’azote
(2 %), atomes recomposés principalement en molécules de cellulose, de lignine
et d’eau auxquelles s’ajoutent quelques
autres constituants.
Matériau naturel ou « dieudonné » il a
ses spécificités qui sont atouts souvent,
faiblesses parfois par rapport aux matériaux « industriels ». Les produits qui en
sont issus, désormais industrialisés amplifient ses atouts et limitent ses faiblesses.
Les professionnels du bois (scieurs,
20
Tout au long de sa vie, l’arbre grandit en hauteur et grossit en largeur, sur la base de
« tuyaux » qui l’alimentent et assurent ses propriétés de structure remarquables (c’est
un matériau « nid d’abeille »). Le bois figure parmi les matériaux présentant l’une des
meilleures résistances en flexion (c’est-à-dire par application d’une charge verticale
sur un plan horizontal) rapportée au volume. Il est en ce point proche de l’acier et se
place au-dessus du béton (qui, lui, travaille remarquablement en compression). A titre
d’exemple, le bois peut ainsi assurer des portées horizontales de 120 m en lamellé-collé.
Il constitue la structure de bâtiments multi-séculaires (depuis les églises scandinaves,
les temples japonais, le bâti en pan de bois R+5 du vieux Rouen ou du vieux Colmar
jusqu’à l’Hausmannien).
La juxtaposition de vaisseaux de fonction et de nature différentes fait cependant que
le matériau est hétérogène, d’une part, et anisotrope, c’est à dire ne possédant pas les
mêmes propriétés dans toutes les dimensions, d’autre part. Ceci a des répercussions sur
ses propriétés, figure 1 notamment en termes de résistance et de déformation.
L’eau pour sa part se trouve à la fois à l’état « libre » (dans les vaisseaux qui permettent
la circulation de la sève) et « liée » (dans les parois de ces vaisseaux). Lorsque l’arbre
est abattu, l’eau des vaisseaux s’évacue naturellement par ressuyage. Celle située dans
les parois demeure ; elle peut aussi être enlevée par un séchage plus poussé.
Le bois a la faculté d’absorber et de rejeter l’eau pour se mettre en humidité d’équilibre
avec l’humidité ambiante de l’endroit où il se trouve. Un bois placé en milieu humide
va gonfler, un bois en milieu sec va se rétracter, ce qui provoque parfois l’apparition de
fentes (exemple des meubles dans les appartements surchauffés l’hiver).
déstabilisant l’édifice. Lorsqu’un incendie
se déclare dans une construction, les pompiers s’enquièrent des matériaux la composant : ils savent que le bois se consume en
périphérie en gardant pendant un temps
ses propriétés (la présence de poutres en
bois réduit les risques d’écroulement) et
qu’ils ont un certain délai pour évacuer les
habitants (résistance au feu).
Ses performances environnementales
telles que son caractère renouvelable,
son faible coût énergétique et le fait qu’il
stocke le carbone sont désormais avérées,
et confortées par des argumentaires scientifiques solides : ACV (analyse de cycle de
vie) et FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaires) qui s’étayent
constamment.
« Légèreté et solidité.. », belvédère en châtaignier sur la vallée de l’Eyrieux en Ardèche.
Architecte Guy Rénier, BET Bois. Photo Anglade.
Comme tous les matériaux (rouille pour
l’acier, alcali-réaction pour le béton…),
le bois peut subir des dégradations. Ces
dégradations évitent que depuis le carbonifère, la terre soit encombrée de monceaux de bois morts. Il peut d’abord subir
de légères dégradations, dues à l’eau et
aux ultraviolets. Celles-ci modifient sa
couleur, on dit communément que le bois
grise ou grisaille, comme nous « bronzons » ; cette évolution n’altère en rien
ses propriétés. Dans de mauvaises conditions d’utilisations en extérieur, contre lesquelles on peut lutter par la conception, le
bois peut toutefois subir des dégradations
plus fortes par attaque de champignons
et d’insectes.
Totalement immergé dans l’eau, le bois
a une incroyable durée de vie, de plusieurs siècles (les drakkars vikings immergés dans les marais, les pieux des cités
lacustres de plus de 4 000 ans et des cathédrales immergés dans les nappes phréatiques sont là pour en attester). Mais pour
peu que des conditions nouvelles fassent
baisser la nappe et laissent pénétrer l’oxygène, les champignons se développent sur
ce bois. Le choix du site de construction,
la connaissance des sols et l’isolation des
zones d’humidité non permanente sont
donc primordiaux dans la construction
avec du bois. Pour une bonne utilisation
du bois, l’essentiel est d’éviter les pièges à
eau, cuvettes laissant stagner l’eau en présence d’oxygène. Ainsi, les constructions
bois reposent bien souvent sur une base
en pierre, béton ou métal de telle sorte que
le bois ne soit pas en contact direct avec le
sol humide. A contrario, dès lors que l’eau
s’écoule mais ne stagne pas (pan incliné
par exemple), le matériau est protégé.
Le bois est bien connu pour ses propriétés acoustiques : résonance apportée par
certaines essences (épicéas d’altitude pour
violons, pianos). En matière de thermique,
il présente une faible conductivité. Il ne
transmet pas (ou peu) la chaleur ou le
froid (on le dit « chaleureux » au toucher
comme au regard), limitant les « ponts
thermiques » au contraire des métaux
par exemple. Cette qualité est évidemment particulièrement appréciée pour la
construction. Elle explique sa présence
traditionnelle dans les régions froides ou
en altitude et, en partie, le regain d’intérêt actuel dans le cadre du Grenelle de
l’environnement. La présence du carbone, recomposé dans les molécules de
lignine et cellulose, la porosité du matériau
expliquent ces propriétés.
Contrairement à des idées reçues, le bois
constitue un bon pare-feu. Pourquoi ? Parce
qu’il brûle mais ne fond ni ne se déforme.
Ceci le rend plus résistant que l’acier qui
fond à très forte température et se tord,
Le regain d’intérêt du grand public, de la
maîtrise d’ouvrage comme de la maîtrise
d’œuvre après des années de léthargie
se confirme chaque jour. Après l’avoir
« oublié », les architectes le redécouvrent
et par un (juste ?) retour des choses, le
plus ancien des matériaux de construction
redevient « tendance ».
Le bois, encore « challenger » dans le
domaine du bâtiment, par exemple, se
tourne résolument vers le futur. Son développement est sensible, tant en rénovation phénomène assez classique, qu’en
construction.
Quelques références
concernant
le « carbone vert »
– La forêt française absorbe et séquestre annuellement
dans le bois plus de 100 millions de tonnes de CO2,
soit 4 tonnes de biomasse produites par seconde ou
l’équivalent de 1 tonne équivalent pétrole par seconde
(tep/sec)…
– Un hectare de forêt « efficace » absorbe et stocke de
10 à 15 tonnes de CO2/an (soit l’équivalent de 3 tep/
an, ou la quantité d’émissions de CO2 d’un véhicule
parcourant 60 000 km),
– A fonctionnalité égale, la fabrication d’une structure
bois consomme environ 9 fois moins d’énergie qu’une
structure béton et 17 fois moins d’énergie que celle
de son équivalent en acier,
– Une structure bois stocke du carbone (à raison de 1 t
CO2/m3) et constitue en fin de vie un biocombustible
renouvelable en puissance (à raison de 0,25 tep/m3).
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
21
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
La forêt est incluse dans ces comptes. La
forêt Française est un puits de carbone
important avec un flux physique net de
captation évalué à - 78,2 m t eq. CO2 en
2008 et en constante progression depuis
1990 (+80 % de 1990 à 2007). Mais ce
bénéfice est conventionnellement plafonné dans les comptes à – 3,2 M t eq
CO2 au titre du protocole de Kyoto.
Figure 1
Carbone et filière forêtbois : les enjeux techniques
de comptabilisation
Dans le contexte de la lutte contre le changement climatique et de la diminution
des ressources fossiles, la filière forêtbois dispose donc d’importants atouts.
La photosynthèse permet à la forêt d’être
un puits de carbone, et les produits issus
de la forêt peuvent prolonger cette fonction tout au long de leur durée de vie en
stockant le CO2 de l’atmosphère. Mais la
valorisation de ces atouts dépend bien
évidemment de leur reconnaissance par
les outils de comptabilisation des émissions et captations des gaz à effet de serre.
Les modalités de comptabilisation sont
différentes selon que l’on fera ces bilans à
l’échelle nationale, à l’échelle d’une activité ou d’un produit. La reconnaissance de
ces atouts n’est complètement acquise à
aucun de ces niveaux, mais elle est plus
ou moins avancée.
Avant d’entrer dans le détail de ces
méthodes, il convient de définir un vocabulaire permettant de décrire les phénomènes par lesquels la forêt et le bois
peuvent interagir avec le carbone. En premier lieu, lorsque le bilan net absorptionémission de carbone de la forêt est positif
(cas des forêts en développement), alors
celle-ci est un puits de carbone et pourra
dire qu’il y a « captation » du carbone
22
provenant du CO2 atmosphérique. Ce carbone ainsi capté est stocké en forêt (dans
le bois et le sol) ainsi que dans les produits bois issus de la forêt, pendant toute
leur durée de vie. On conviendra alors de
parler de « stockage » de carbone. La sylviculture, l’exploitation forestière, le transport du bois, la fabrication des produits,
leur utilisation en fin de vie, génèrent des
émissions de gaz à effet de serre (GES),
liées à l’utilisation de combustibles fossiles ou à la dégradation de la biomasse.
Il s’agit donc bien là d’ « émissions ». Il
est important de noter que les produits
bois et même le bois énergie génèrent
moins d’émissions de CO2 fossile que les
matériaux et combustibles traditionnels
qu’ils peuvent remplacer ; la substitution
de ces produits concurrents conduit donc
à des économies d’émissions de GES. On
parlera alors d’un effet « substitution ».
Les bilans d’émissions-captations de
GES se font à l’échelle nationale, dans
le cadre de la Convention Climat des
Nations Unies (UNFCCC) et du Protocole
de Kyoto. Chaque pays adhérent établit
annuellement l’inventaire des émissions
et puits, afin de mesurer le respect des
engagements de réduction des émissions
(voir l’article de Jean-Christophe Hervé
dans le même numéro). La loi du 13 août
2005 fixe un objectif de réduction de 3 %
par an soit une division par 4 d’ici 2050
de nos émissions.
Selon les lignes directrices du GIEC (2),
les produits ligneux sont considérés
comme un réservoir de carbone. A ce
jour, les variations de stocks de carbone des produits de la forêt ne sont
pas éligibles au titre des engagements
nationaux de réduction des émissions de
GES. Cependant, la Convention Climat
permet un reporting volontaire de ces
variations de stocks, et il est possible que
dans les engagements post-Kyoto, les
produits de la forêt puissent être pris en
compte. La France a réalisé ce reporting
pour l’année 2005 (3) : le bilan est une
captation de - 4,6 M t eq. CO2. A noter
que les produits bois en France constituent un stock de 344 M t eq. CO2. Parce
qu’ils prolongent le stockage de carbone
forestier, parce que l’augmentation de la
quantité de produits bois sur le marché
ou l’augmentation de leur durée de vie
conduit à un accroissement du stock de
CO2 biomasse, les produits bois constituent également un puits de carbone.
Il est possible d’assurer une reconnaissance économique de la fonction de
puits de carbone forestier. Des marchés
réglementés et des marchés volontaires
ont été mis en place afin de donner de
la flexibilité aux acteurs dans les politiques de réduction des émissions de
GES ou d’accompagner les initiatives
privées d’actions de réduction des émissions. Des « projets carbone forestiers »
peuvent ainsi émerger, visant à compenser les émissions d’autres activités, et
être rémunérés. Dans le cadre de l’unité
de gestion forestière, un bilan annuel
émissions-captations est également
établi, qui doit démontrer l’effet puits
obtenu.
Ces bilans réalisés à l’échelle nationale
ou au niveau de l’unité de gestion forestière sont donc basés sur une comptabilité des flux, par année, sur un territoire.
Un autre niveau d’analyse des émissionscaptations de GES est celui des produits.
L’empreinte carbone des produits est
une information dont la diffusion vers le
consommateur va croissante. Le Grenelle
de l’environnement, en prévoyant un
« affichage environnemental » des produits, accélère fortement la généralisation
de ce type d’information.
L’empreinte carbone est établie en appliquant la méthodologie de l’ACV. Il s’agit
d’une approche par flux, sur le cycle de
vie du produit. Une différence importante
avec l’approche précédente des bilans
nationaux ou territoriaux est qu’il n’y a
pas, pour l’empreinte carbone, de notion
de période d’analyse comme précédemment et que la date d’émission ou de captation des GES n’est donc pas considérée.
La figure 1 montre les émissions de GES
liées au carbone fossile. Celles-ci peuvent
survenir, comme on le voit ici dans le cas
d’un produit de construction, à toutes
les phases du cycle de vie de ce produit.
Le carbone biomasse a un devenir différent lors du cycle de vie d’un produit
bois ; comme illustré sur la figure 2, il est
capté par photosynthèse en forêt, puis
stocké pendant toute la durée de vie du
produit, durée qui peut, pour un produit de construction atteindre plusieurs
décennies, voire dépasser le siècle. En fin
de vie, ce carbone peut être réémis, sous
forme de CO2 si le produit est brûlé. S’il
est enfoui, il peut se dégrader partiellement CO2 en et en CH4, gaz à plus fort
coefficient de réchauffement climatique.
Cependant, dans des conditions d’enfouissement dans le sol, cette dégradation est lente et la littérature scientifique
indique qu’après 100 ans, seuls 15 % environ de la masse de bois sont dégradés.
En analyse de cycle de vie traditionnelle,
le calcul se fait sur l’ensemble du cycle
de vie, en comptabilisant les flux de GES
d’origine fossile et d’origine biomasse :
captation et émissions de CO2, émissions
de CH4 le cas échéant. Ce calcul ne prend
pas en compte le stockage temporaire de
carbone biomasse. Ce dernier point peut
être considéré comme une insuffisance
méthodologique, car il signifie que si l’on
considère deux scénarios, l’un ou le produit bois est brûlé immédiatement après
sa production et l’autre où il est brûlé
Figure 2 : le cycle de vie d’un produit bois et le C biomasse
100 ans plus tard, l’ACV traditionnelle
donnera le même résultat d’empreinte
carbone.
On peut à ce stade rappeler quelques principes communément admis concernant la
lutte contre le changement climatique :
le CO2 qui n’est pas dans l’atmosphère
ne participe pas à l’effet de serre et toute
prolongation du stockage du carbone est
bénéfique, dans le contexte de mutation
actuelle. Dans ce cadre, si la forêt est stable
ou en croissance, les produits participent
au puits de carbone en évitant l’émission
immédiate de CO2 par la dégradation
naturelle ou la combustion du bois.
Afin de prendre en compte le « bénéfice climat » du stockage temporaire du
carbone dans les produits, il peut être
proposé de le comptabiliser par une
déduction des émissions de CO2, au prorata de la quantité de carbone biomasse
contenue dans le produit et de sa durée
de vie. Considérant un horizon de temps
de 100 ans pour l’étude des impacts des
produits, le bénéfice du stockage est ainsi
établi à 1/100e du carbone contenu par
année de stockage. Ce principe est retenu
en France dans le référentiel de bonnes
pratiques de l’affichage environnemental
des produits de grande consommation
(BPX 30-323) ainsi que dans son équivalent britannique (PAS 2050). D’autres référentiels ne le prennent pas en compte à ce
jour ou mentionnent le stockage du carbone séparément de l’empreinte carbone.
Le dernier atout des produits de la forêt
en matière de lutte contre le changement
climatique est la substitution d’énergies et
de produits plus émetteurs de CO2 fossile.
Concernant la substitution d’énergie, il
convient de rappeler que l’énergie biomasse en général et le bois énergie en
particulier ne sont pas totalement « carbone neutres ». En effet, dans le principe,
sur la base d’une origine de forêt gérée
durablement, le CO2 biomasse émis lors
de la combustion est également capté par
la forêt. Au-delà de ce principe, il faut de
l’énergie fossile pour cultiver, exploiter,
broyer, transporter, voire sécher le combustible. Mais l’énergie biomasse se substitue à des énergies fossiles (gaz naturel,
fioul, charbon), fortement émettrices en
CO2. Il y a donc bien économie d’émissions de CO2 fossile lorsque l’on substitue une énergie fossile par l’utilisation
du bois. De plus cet atout de substitution
d’énergie fossile peut intervenir comme
un bénéfice en fin de vie d’un produit bois,
si ce produit peut être valorisé facilement
en énergie.
Pour ce qui est de la substitution matériau, la question est plus complexe. Il faut
en effet comparer des produits à fonction égale, donc des produits fabriqués
à partir de matériaux différents. Le coût
énergétique de transformation du bois
est modéré et les entreprises disposent
fréquemment de sources d’énergie biomasse : les émissions de CO2 fossile de
production des produits bois sont donc
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
23
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
devenus si banaux dans nos pays développés. Mais il va falloir aussi nous adapter
simultanément à ce changement climatique inquiétant, tout en agissant vite
et massivement pour le prévenir. Il est
aujourd’hui nécessaire de prêter attention à l’articulation entre les différentes
approches de comptabilisation des émissions-captations de GES. La reconnaissance des bénéfices climat du système
forêt-bois n’est pas complètement acquise,
mais elle progresse sensiblement. Des
propositions, des avancées ont été faites,
concernant le stockage temporaire de carbone, notamment dans le domaine des
produits de grande consommation pour
prendre en compte ce bénéfice.
La filière forêt-bois doit profiter de cette
évolution en « surfant sur cette vague »
tant elle sait à l’instar de Sénèque « qu’il
n’y a pas de vent favorable à celui qui ne
sait où il va ».
❙ Georges-Henri Florentin (PG 74, Gref 78),
Ingénieur général des ponts des eaux et
des forêts, Directeur général de l’Institut
technologique FCBA (forêt cellulose bois
construction ameublement)
Il va falloir nous adapter à une nouvelle
rareté de biens fondamentaux tels que
l’eau, l’alimentation et l’énergie.
modérées. Ces émissions liées à la mise
à disposition (matières premières, fabrication, transport) des produits à base de
bois sont, dans un certain nombre de cas,
inférieures à celles des produits à base de
matériaux concurrents. Il convient cependant d’être prudent sur ces comparaisons
car la différence n’est pas toujours significative et des comparaisons défavorables
aux produits à base de bois peuvent être
rencontrées. De plus les filières des matériaux concurrents font depuis quelques
années beaucoup d’efforts pour réduire
leur empreinte carbone. L’industrie du
bois doit donc se préoccuper d’améliorer
également l’empreinte de ses produits,
en travaillant sur les distances et modes
d’approvisionnement, les sources d’énergie des procédés, l’empreinte carbone des
adjuvants et matériaux associés, la durée
de vie des produits et leur devenir en fin
de vie.
24
En conclusion, il va donc falloir nous
adapter à une nouvelle rareté de biens
fondamentaux tels que l’eau, l’alimentation et l’énergie, qui sont pourtant
Notes :
(1) Numéro 16-17 de novembre 2011, articles de Claude Roy
(PG 71, Gref 75) et de l’auteur.
(2) Groupe IInternational d’Experts sur le Climat
(3) Comptabilisation du carbone dans les produits bois en
France, … ; Etude FCBA pour le ministère de l’agriculture et
de la pêche, 2008
Résumé
Tout d’abord affirmons que nous ne nous plaçons pas dans le clan
des climato-sceptiques, et qu’à tout le moins, nous faisons le pari
« Pascalien » que lutter contre les gaz à effet de serre ne peut faire
que du bien à la planète. Deuxièmement, précisons que les points
développés dans cet article ne prétendent pas être LA solution
du problème, mais y participer, même de façon minoritaire. La
filière forêt bois dispose d’importants atouts pour la lutte contre
le changement climatique. Ces atouts sont passés en revue et
les modalités de quantification de leur effet sont détaillées. Ces
modalités sont essentielles pour la valorisation de ces atouts. Sont
notamment analysés, les bilans nationaux du système forêt-bois,
l’empreinte carbone des produits bois et les effets de substitution.
Il apparaît que l’effet du stockage de carbone dans les produits bois
pourrait être mieux reconnu en faisant évoluer la méthodologie de
l’empreinte carbone.
Produire chaleur
et électricité à partir
de biomasse
Dans la foulée du Grenelle de l’environnement, l’usage de
la biomasse à des fins énergétiques collectives, au-delà
des usages individuels du bois de feu, se développe enfin.
Pour un acteur comme Dalkia, cela signifie aujourd’hui
développer avant tout le bois énergie.
Pierre de Montlivault
Une entreprise comme Dalkia se devait de prendre part à ce développement, car il
concerne de près ses trois métiers : l’exploitation de réseaux de chaleur urbaine, qui
alimentent en chauffage et eau chaude des ensembles de bâtiments, la production
d’utilités, et notamment de vapeur, pour les industriels, et enfin la fourniture de services
énergétiques (chauffage, ventilation, climatisation…) aux bâtiments (habitat collectif,
tertiaire public et privé).
A
titre liminaire, il est bon de se
remettre en mémoire le rôle clé
de la biomasse pour tenir les
objectifs du Grenelle de l’environnement :
la moitié de l’énergie renouvelable supplémentaire à produire d’ici la fin de la
décennie dans notre pays, sous formes
thermique et électrique devra provenir
de la biomasse.
C’est un développement sans précédent,
qui repose avant tout sur les usages collectifs de la biomasse : habitat collectif, bâtiments industriels et tertiaires. Le Grenelle
a également précisé que cette valorisation de la biomasse se ferait sous forme
d’énergie thermique (chaleur, vapeur) et
électrique (2,300 MW de puissance électrique attendue, à peu près la puissance
de deux tranches nucléaires).
Quatre ans après le Grenelle de l’environnement, un premier bilan peut être dressé.
Indéniablement, un mouvement a été lancé. Pour Dalkia, cela se traduit par l’exploitation de 200 chaufferies bois, pour un volume de 1,2 million de tonnes de bois valorisées
chaque année, contre 270 000 tonnes en 2008. Ce 1,2 million de tonnes est transformé
en 82 % d’énergie thermique et 18 % d’électricité. Cette électricité est produite dans
des installations dite de cogénération, où la vapeur issue d’une chaudière est turbinée
pour produire de l’électricité avant d’être utilisée à des fins thermiques. Cette production combinée de chaleur et d’électricité s’est beaucoup développée en France à la fin
des années 90, à l’époque à partir de gaz, dans un objectif d’économies d’énergies.
La moitié de l’énergie renouvelable supplémentaire
à produire d’ici la fin de la décennie dans
notre pays devra provenir de la biomasse.
Dalkia en exploite aujourd’hui deux fonctionnant à partir de biomasse, la première
pour alimenter en vapeur la papeterie de Smurfit à Facture (Gironde), la seconde pour
alimenter le réseau de chaleur de la ville de Limoges. Les 198 autres installations ne
produisent que de la chaleur.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
25
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Récolte de bois énergie à l'occasion d'un nettoyage de parcelle
Ce développement est assez représentatif
du paysage global du bois énergie, qui
s’est développé avant tout pour les usages
thermiques. La perception des acteurs
de la filière bois peut avoir été momentanément différente, la communication
autour des grands appels d’offres pour
des installations de cogénération ayant été
très soutenue, mais la réalité du développement est avant tout celui d’un maillage
de chaufferies alimentant des réseaux de
chaleur ou des industriels, et consommant
quelques milliers de tonnes par an. Quant
à des installations purement électrogènes,
si on peut en trouver dans d’autres pays
d’Europe comme les Pays-Bas, ce n’est
pas le cas de la France.
de gros investissements industriels, une
sensibilité évidente à la conjoncture économique très chahutée depuis 2008. La
forte baisse du prix du CO2, la poursuite
d’une bulle de prix bas de gaz en gros,
rendent aujourd’hui l’équation économique du bois énergie plus compliquée.
Dès lors, le développement du bois
énergie, s’il reste soutenu, n’est pas aussi
rapide qu’imaginé. Au-delà, les difficultés budgétaires que rencontre le Fonds
chaleur d’une part, et l’insuffisance du
tarif d’obligation d’achat instauré pour les
cogénérations de taille moyenne (de 5 à
12 MW électriques), laissent craindre un
décrochement par rapport aux ambitions
initiales du Grenelle de l’environnement.
En outre, entre les résultats des appels
d’offres tant pour des cogénérations (appels d’offres dit CRE, comme
Commission de régulation de l’énergie)
ou des chaudières biomasse sur des sites
industriels (appels d’offres BCIAT de
l’Ademe), le taux de réalisation effective
des opérations n’est pas de 100 %. Pour
les appels d’offres CRE, il est même assez
bas, du moins pour les premiers appels
d’offres (CRE 1 et 2). A cela plusieurs raisons : des dispositifs administratifs insuffisamment rodés, la procédure étant alors
très nouvelle, mais également, s’agissant
A partir de quelles ressources s’accomplit ce développement ? La filière bois
énergie s’est d’abord construite à partir
des produits connexes de scierie et de
bois de recyclage. L’une des premières
chaufferies biomasse exploitée par Dalkia,
celle d’Autun, a été conçue pour valoriser
les écorces des scieries voisines.
26
Dorénavant, l’approvisionnement des
nouvelles unités énergétiques repose
avant tout sur la plaquette forestière.
Celle-ci est disponible en quantités suffisantes, comme l’ont montré les études
de ressources diligentées par l’Ademe et
réalisées par le FCBA, l’IFN et Solagro.
Dans une forêt gérée, cette plaquette
forestière peut être produite à l’occasion
des opérations de sylviculture, et lors des
coupes, pour les parties de houppiers sans
débouché. Elle est aussi un débouché nouveau pour des propriétaires de parcelles
de taillis pauvres ou dépérissants, ou pour
des parcelles ayant connu des difficultés
de gestion. Cette activité de production
de plaquettes forestières est en train de
se structurer, tirée par l’entrée en service
des dernières chaufferies. Les schémas
d’exploitation forestière s’adaptent progressivement à cette nouvelle donne, avec
encore un potentiel d’amélioration des
itinéraires techniques, compte tenu de la
nouveauté du sujet. Le développement
de têtes d’abattage adaptées aux feuillus,
l’amélioration de la chaîne logistique
depuis la parcelle jusqu’à la chaudière,
en minimisant les ruptures de charge, sont
ainsi des axes d’amélioration importants,
sur lesquels Dalkia s’implique avec l’appui
de ses équipes techniques et de recherche
et développement.
Une autre ressource valorisable est constituée par les sous-produits des industries
agro-alimentaires : malteries, distilleries
par exemple. Dalkia développe pour ses
clients industriels des audits et des tests de
leurs sous-produits, en s’appuyant sur les
laboratoires des équipes de recherche de
Veolia environnement, afin de caractériser
leurs possibilités de valorisation.
Dalkia constate aujourd’hui, et accompagne, une montée en puissance dans
la production de plaquettes forestières
de l’ensemble des acteurs, de la forêt
privée comme de la forêt publique. Ces
volumes vont continuer à croître dans les
prochaines années, mais il conviendra de
garder toujours à l’esprit un point essentiel : la plaquette forestière restera une
production annexe de la forêt, produite à
l’occasion d’opérations de gestion forestière dont la visée reste la production de
bois d’œuvre et d’industrie. En ce sens,
le devenir du bois énergie restera intimement lié au devenir de l’ensemble de
la filière bois.
❙ Pierre de Montlivault (PG 90, Gref 94),
Directeur général de Bois Énergie France,
structure d’approvisionnement de Dalkia
La recherche en Guyane
française face au
changement climatique
et aux flux de carbone
La forêt recouvre plus de 90 % du territoire de la Guyane
française, soit un peu plus de 8 millions d’hectares. La
population guyanaise (250 000 habitants) se concentre
sur la côte : la forêt est difficile d’accès, si ce n’est
par quelques fleuves, elle est donc quasiment vide
d’occupation humaine permanente.
Éric Marcon
L
a forêt guyannaise n’est pas interrompue par les frontières politiques :
le massif forestier du plateau des
Guyanes couvre 200 millions d’hectares,
un quart de la forêt amazonienne.
Outre sa surface qui défie l’imagination,
la forêt guyanaise est un système particulièrement complexe et divers. Un hectare
contient généralement plus de 100 espèces
d’arbres (de plus de 10 cm de diamètre à
hauteur de poitrine), localement plus de
200, parmi les 1 600 se trouvant en Guyane,
dont 300 ne sont pas encore décrites. La
diversité des insectes est au-delà des capacités d’inventaire.
Le climat est tropical : la température est
stable toute l’année, de l’ordre de 30°C
le jour, la pluviométrie annuelle varie de
2 500 à 4 000 mm avec une saison sèche
marquée de septembre à novembre et un
« petit été de mars » qui interrompt la saison des pluies.
En Guyane française, l’exploitation forestière est très limitée, de l’ordre de 60 000 m3 de
bois produits par an. La forêt est exclusivement domaniale, gérée par l’ONF, qui vend
le bois sur pied. Seul le bois d’œuvre de quelques espèces est prélevé (2 à 5 arbres à
l’hectare) et transformé par 3 grosses scieries et quelques petites, qui ne produisent
pratiquement que des planches et du bois de charpente. Une seule scierie produit
des palettes avec le bois de deuxième choix et les déchets des scieries principales sont
utilisés pour la production d’électricité dans une centrale à Kourou.
Les questions du changement global se posent de façon cruciale. Les modèles climatiques prévoient tous une augmentation des températures de quelques degrés, mais
sont en désaccord sur l’évolution de la pluviométrie. Si elle devait diminuer, la forêt
sempervirente devrait être remplacée par une forêt tropicale décidue comme on en
trouve au Vénézuela. La rapidité du changement ne permettant pas aux espèces de
migrer, les conséquences pourraient être catastrophiques. En parallèle, la population
croît de 4 % par an : des déboisements importants seront nécessaires pour l’agriculture
et l’augmentation de la surface habitée.
L’Unité Mixte de Recherches Écologie des Forêts de Guyane (EcoFoG) rassemble les
moyens d’AgroParisTech, du CNRS, du Cirad (Centre de coopération internationale
en recherche agronomique pour le développement), de l’Inra et de l’Université des
Antilles et de la Guyane (UAG) pour mener des recherches sur la forêt. Les effectifs
sont de l’ordre de 35 chercheurs et enseignants-chercheurs, autant de personnels
administratifs et techniques, et une trentaine de doctorants, soit 100 personnes environ. AgroParisTech et l’UAG organisent ensemble une deuxième année de master en
Écologie Forestière Tropicale, qui accueille une quinzaine d’étudiants. EcoFoG est le
résultat de la structuration progressive de la recherche sur la forêt et le bois, commencée
par le CTFT (Centre technique forestier tropical) dans les années 1970, organisée par le
groupement d’intérêt scientifique Silvolab en 1992 qui a abouti à la création de l’UMR
en 2002 et finalement la création d’un laboratoire d’excellence (labex) en 2011, le Centre
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
27
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
essayer de prédire les impacts du changement climatique sur la biodiversité et
le fonctionnement de la forêt.
La forêt tropicale humide est un écosystème extrêmement divers mais très exposé au changement
global. C’est l’objet des recherches menées en Guyane par l’UMR EcoFoG et le labex Ceba.
d’Étude de la Biodiversité Amazonienne
qui met en valeur le réseau de collaboration entre les structures locales et des
unités de recherche métropolitaine dont
le terrain d’étude est la Guyane.
Mener des recherches en Guyane est
plus compliqué qu’en France métropolitaine à cause de l’éloignement des grands
centres de recherche et des surcoûts
d’approvisionnement. En contrepartie,
l’accès à la forêt tropicale est immédiat.
Le choix d’AgroParisTech et de ses partenaires est de maintenir une structure
de recherche permanente sur place : un
campus à Kourou, des locaux à Cayenne,
notamment sur le pôle universitaire, un
dispositif forestier expérimental (Paracou)
et des laboratoires bien équipés.
Les recherches menées par EcoFoG
concernent tout d’abord le fonctionnement de la forêt tropicale, notamment
les processus responsables de la biodiversité. Les recherches sur la phylogéographie permettent de comprendre
l’histoire de la colonisation de l’espace
par les différentes espèces forestières,
et dans une certaine mesure de prévoir
les réponses possibles aux changements
environnementaux à venir. L’étude des
28
traits fonctionnels des arbres permet de
caractériser leurs niches écologiques,
c’est-à-dire les conditions environnementales dans lesquels ils sont capables
de se développer et de se reproduire. Le
changement climatique modifiera l’importance relative des niches disponibles,
donc les cortèges floristiques. Les écophysiologistes s’intéressent à la plasticité
des espèces (pour leur capacité à s’acclimater) et la génétique écologique aux
processus plus longs comme la sélection
des populations ou individus capables
de tirer parti des nouvelles conditions.
Toutes ces disciplines interagissent pour
La question du cycle du carbone est traitée par l’étude des flux entre la forêt et
l’atmosphère, notamment grâce à une
tour à flux qui les mesure en permanence
et permet d’en comprendre les déterminants et les variations. Les dispositifs
permanents, dans lesquels les arbres
sont mesurés sur le long terme tous les
ans ou tous les deux ans, permettent de
recouper ces résultats en observant les
stocks. Les résultats récents ont montré
que le moteur principal de la variation
des stocks de carbone est la mortalité
des arbres, très irrégulière à court terme
et encore mal comprise. La production
de règles de gestion durables pour la
forêt exploitée et l’évaluation du bilan
carbone sont parmi les préoccupations
des chercheurs. La meilleure valorisation
du bois est indispensable pour augmenter
les prélèvements et limiter les surfaces
exploitées : c’est le rôle du laboratoire
de sciences du bois.
La déforestation partielle de la Guyane
sera inévitable : des outils d’aide à la
décision pour l’aménagement du territoire en fonction des conséquences sur
la biodiversité et le bilan carbone sont en
cours de mise au point. Les recherches
sur la biologie des microorganismes
des sols ont permis le développement
de bioindicateurs permettant de caractériser le bon fonctionnement des sols
après déforestation, pour valider ou non
la durabilité des pratiques agricoles par
exemple. Enfin, le reboisement pour la
fixation du carbone est forcément très
Résumé
La Guyane est presque totalement occupée par la forêt tropicale
humide. Les recherches menées sur place concernent tous les aspects
de la biodiversité et du changement global : de la compréhension du
fonctionnement de la forêt naturelle aux outils de décision pour en
limiter les impacts.
Abstract
French Guiana is almost completely covered by evergreen forest.
Research conducted there address all aspects of the global change:
from understanding the functioning of rainforest to developing
decision-making tools to limit its impacts.
limité en Guyane, où la forêt est déjà
omniprésente. La restauration des terrains abandonnés par l’exploitation
aurifère est cependant un vrai enjeu, sur
lequel les résultats de la recherche ont
permis des progrès significatifs.
En conclusion, un large éventail de
recherches couvrant une grande partie
des questions liées au changement climatique est mené en Guyane, en partenariat
étroit avec des équipes métropolitaines et
internationales, notamment brésiliennes.
Les résultats concernent l’ensemble de
l’Amazonie, où les menaces sur la forêt
sont de toute autre ampleur.
❙ Éric Marcon (ENITEF 87, Gref 99),
Directeur délégué d’AgroParisTech pour le
centre de Kourou
L’enjeu de la recherche sur la forêt guyanaise par
Jacques Andrieu, Sous-Directeur de la forêt et du
bois, ministère chargé des forêts
La Guyane est particulièrement touchée par le réchauffement climatique, l’augmentation moyenne des
températures depuis 50 ans est évaluée à 2 °C. Les travaux du GIEC (2007) indiquent une probabilité élevée
d’allongement des saisons sèches, associée à une augmentation du risque incendie, une diminution de
la ressource en eau et un déstockage du carbone.
Une équipe du CNRS a mis en évidence en 2009 les conséquences du réchauffement climatique sur la
biodiversité de la Guyane. Un recensement effectué en 1995 et en 2005 à la frange de la forêt pluviale
guyanaise, sur les pentes de l’inselberg des Nouragues, a montré la disparition de plus de 20 % des espèces
végétales sur cette zone. De plus, la moitié des espèces rares ont disparues en dix ans. Les stades juvéniles
des arbres et arbustes seraient les plus touchés.
L’amélioration de la connaissance des forêts guyanaises est essentielle, notamment sur leur fonctionnement écologique, leur rôle sur le niveau et la régulation des ressources en eau et sur les flux et stocks
de carbone. L’essentiel des forêts de Guyane étant primaires ou gérées avec un faible impact sur le fonctionnement écologique et en régénération naturelle, les mesures actives d’adaptation au changement
climatique ne pourront qu’être très limitées. Par contre, le rôle de stockage du carbone est important dans
une démarche d’atténuation, la Guyane représentant près du tiers de la superficie de la forêt française.
Exemple brésilien marquant : les sécheresses de 2005 et 2010 au Brésil ont entraînées d’importants feux
de forêt et un déstockage de carbone équivalent à 10 années de stockage (3,8 Gt de Carbone).
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
L’investissement forestier, à la croisée des chemins ?
Le financement des activités de lutte et d’adaptation au réchauffement
climatique est au coeur des négociations sur le climat. On estime en effet
qu’entre 11 et 22 milliards d’euros par an seraient nécessaires pour réduire la
déforestation de moitié d’ici 2031.
Clément Chénost
C
et article présente l’un des leviers
pour mobiliser ce financement,
l’investissement dans le secteur
forestier.
L’investissement dans le secteur forestier
présente des avantages particulièrement
appréciables en temps de crise financière
et d’instabilité des marchés : faible corrélation avec les actifs classiques, protection contre l’inflation, retours attractifs
sur le long terme avec une prise de risque
raisonnable.
Ces atouts s’expliquent en grande partie par le sous-jacent de ces investissements : la croissance biologique des
arbres. Celle-ci nécessite des conditions
favorables en matière de luminosité, d’eau
ou de nutriment mais reste globalement
indépendante des fluctuations financières.
Si les prix du bois sont faibles, le propriétaire forestier peut reporter une coupe
prévue, les arbres poursuivront alors leur
croissance et gagneront en diamètre, et
donc en valeur. Au contraire, la hausse
des prix semble être limitée par la mobilisation possible de forêts non exploitées
jusque là, comme les forêts de montagne
en zone tempérée ou des forêts primaires
en zone tropicale. Ces deux phénomènes
peuvent expliquer la stabilité des cours
du bois, tranchant avec la volatilité des
produits agricoles.
30
Si l’investissement public reste prépondérant dans le secteur, l’investissement privé s’est
développé depuis une vingtaine d’année, notamment en Amérique du Nord et dans une
moindre mesure au Brésil, en Australie et en Nouvelle Zélande. Entre 50 à 60 milliards
de dollars auraient été mobilisés en 2010, notamment par le biais de sociétés dédiées à la
gestion d’actifs forestiers aux Etats-Unis, les TIMOs. Des tendances de fonds renforcent
aujourd’hui l’attrait de ce secteur pour les investisseurs.
Le bois (re)devient une ressource stratégique. Matériau renouvelable lorsqu’il provient
d’une forêt gérée durablement, disponible en quantité, il peut se substituer à d’autres
matériaux « énergivores » comme le plastic, le béton ou encore l’aluminium. C’est
aussi une source d’énergie durable pouvant se substituer aux énergies fossiles pour la
production de chaleur, d’électricité, de gaz et de carburant. Les différentes politiques
environnementales mises en place en Europe et aux Etats-Unis en font ainsi sa promotion. De plus, une forte demande en bois émerge en Chine, Inde ou encore Brésil.
Celle-ci vient s’ajouter à la demande plus traditionnelle du secteur de la construction
en Europe et aux Etats-Unis, renversant aujourd’hui les équilibres du marché.
La forêt abrite les deux tiers de la
biodiversité terrestre, la subsistance de
900 millions d’habitants en dépend.
La forêt fournit par ailleurs de nombreux services environnementaux et sociaux : elle
abrite les deux tiers de la biodiversité terrestre, la subsistance de 900 millions d’habitants en dépend, tandis que sa destruction par la déforestation provoque environ 15 %
des émissions globales de gaz à effet de serre. Les grandes forêts tropicales sont
aujourd’hui menacées par le développement de l’agriculture à grande échelle (soja,
huile de palme, canne à sucre, élevage, etc.) au Brésil ou en Indonésie par exemple. Des
impératifs de conservation se concrétisent par le développement de labels garantissant
la durabilité des bois exploités comme le FSC ou le PEFC, ainsi que par des politiques
L’ONF International
L’ONF International (ONFI) est une filiale de l’Office National des Forêts dédiée à la gestion durable des écosystèmes, notamment forestiers. Elle regroupe 70 personnes
réparties entre Paris et 5 bureaux locaux : ONF Brasil
(Cuiaba), ONF Andina (Bogota), ONF Conosur (Santiago),
Sylvafrica (Libreville) et ONF Cameroun (Yaoundé). Ses
champs d’action recouvrent les plantations, la gestion durable de forêts naturelles, l’aménagement du
territoire, les parcs, la conservation, la production de
biomasse énergie et la lutte contre le réchauffement
climatique. L’ONFI intervient par exemple sur le renforcement des capacités de pays tropicaux (définition de
politiques forestières, négociations internationales, etc.)
et l’appui au développement de projets pour le compte
d’industriels, collectivités locales ou ONGs.
Zébus dans une plantation de Melina et exemple de synergie sylvo-pastorale : le sousbois constitue une réserve de fourrage nourrissant pour ces animaux qui contribuent à
l’entretien des parcelles (moindre risque de feu), diminuant ainsi les coûts pour le forestier.
de gestion durable des forêts et de lutte
contre la déforestation comme le mécanisme REDD+. Négocié dans le cadre de
la Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement Climatique, ce dernier vise à réduire les émissions de GES
liées à la déforestation et la dégradation
des forêts, et à promouvoir la gestion
durable des forêts et les plantations. Il
propose notamment de mettre en place
un système de rémunération du bénéfice « climatique » apporté par les forêts
via les marchés et crédits carbone. Ces
impératifs écologiques vont ainsi limiter
l’exploitation des forêts mais offrent aussi
de nouvelles perspectives de rémunération
pour les services écosystémiques fournis
(carbone, eau, biodiversité, sols, etc.).
Augmentation durable de la demande et
limitation de l’offre créent une tension sur
le marché du bois, mais interroge aussi
les acteurs sur les modes de production
durable à mettre en place.
La plus grande mobilisation et exploitation
des forêts et des plantations semi-naturelles de la zone tempérée (qui constituent
aujourd’hui l’essentiel de la production
de bois) répond à cet objectif, mais sera
aussi limitée par des objectifs de conservation. L’exploitation des forêts tropicales
est aussi limitée : une part importante des
essences commerciales a d’ores et déjà
été exploitée et la pression de la société
civile pour conserver les grandes forêts
primaires se fait chaque jour grandissante.
Le développement de nouvelles plantations est ainsi un levier majeur pour
répondre à la demande croissante en
produits bois. Pour cela, la zone tropicale
présente des atouts importants : forte disponibilité de terres dégradées, croissance
des arbres 3 à 4 fois supérieure par rapport
à la zone tempérée, faibles coûts de main
d’œuvre et de gestion. Mais ces plantations devront aussi répondre à d’autres
objectifs de développement comme les
besoins croissants en denrées alimentaires
(nourrir 9 milliards d’habitant en 2050),
la préservation des ressources naturelles
(eau, sols, biodiversité, etc.) et l’amélioration des conditions de vie des populations
locales. En ce sens, des modèles de production durables comme l’agroforesterie
sont particulièrement prometteurs.
Ces nouvelles perspectives dynamisent
le secteur de l’investissement dans le
domaine forestier. En France, plusieurs
acteurs développent aujourd’hui des
fonds d’investissement dédiés à cet
actif. Nous pouvons citer par exemple
les fonds carbone Livelihoods, Althelia
ou le fonds d’agroforesterie Moringa,
soutenus par des acteurs industriels et
financiers comme Danone, BNP Paribas
et la Compagnie Benjamin de Rothschild.
Le déploiement de ces initiatives pourra
permettre de mobiliser de nouvelles ressources pour le développement de projets
forestiers durables.
❙ Clément Chenost (ENSL 02, Gref 07),
directeur du développement de l’ONF
International ([email protected])
Un exemple de projet d’agro-foresterie,
modèle d’avenir ?
En combinant cultures forestières et agricoles, l’agroforesterie est une technique permettant de créer
des synergies biologiques et économiques entre les espèces, d’apporter des bénéfices sociaux, environnementaux (moindre usage d’intrants, lutte contre la déforestation, biodiversité, etc.), et d’augmenter
le rendement global de l’unité de surface de manière durable.
L’ONF International a ainsi initié en 2001 le Proyecto de Reforestacion Comercial avec Cormagdalena,
agence publique en charge de la gestion du fleuve Magdalena en Colombie. L’objectif initial du projet
était de reboiser le bassin versant du fleuve soumis à la déforestation et à l’érosion, et ainsi de restaurer
sa navigabilité. Des plantations de Gmelina Arborea, Tectona Grandis et Ceiba Roja ont été réalisées en
partenariat avec des éleveurs locaux, selon un système de sylvopastoralisme combinant l’élevage et les
activités forestières. De plus, le projet est enregistré au titre du Mécanisme de Développement Propre
des Nations Unies et valorise ainsi le carbone séquestré par des crédits.
Combinant production de bois et alimentaire, restaurant les sols et améliorant les conditions de vie des
éleveurs, le modèle a aussi prouvé qu’il était rentable : plus de 4 000 ha ont été plantés et un industriel
allemand, Faber Castell, investit aujourd’hui dans la réplication du modèle.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
31
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
La ressource forestière
française : en pleine
expansion, mieux l’exploiter
pour mieux la préserver
La ressource forestière française métropolitaine
représente un potentiel important et original à l’échelon
européen, au 3e rang derrière l’Allemagne et la Suède
Jean-Christophe Hervé
A
vec un stock vif sur pied dans les
forêts disponibles pour la production de 2,45 milliards de m3
(volume des tiges), la France fait partie des
cinq pays européens (avec l’Allemagne, la
Suède, la Pologne et la Finlande) qui se
détachent des autres par l’importance de
leur ressource forestière, chacune supérieure à 2 milliards de m3. La France s’y
place au troisième rang derrière l’Allemagne et la Suède, et très proche de cette
dernière. La ressource française pourrait
même être en deuxième position avec une
comptabilité en biomasse et incluant les
branches, du fait de sa composition aux
deux tiers feuillue.
Cette composition très majoritairement
feuillue est une première originalité de la
forêt française. Seule dans ce cas parmi
32
les cinq grandes ressources forestières d’Europe, elle y représente ainsi le premier
stock feuillu, ce qui est loin d’être neutre pour le stockage de carbone et les utilisations
du bois. Les feuillus stockent plus de carbone et d’énergie que les conifères, à volume
égal, car le bois des feuillus, et particulièrement celui des diverses espèces de chênes
qui dominent la forêt française, est généralement nettement plus dense que le bois des
conifères. Ceci est un atout dans la perspective d’un développement du bois énergie
et du stockage de carbone dans le bois (en forêt ou comme matériau) ; mais le bois
des feuillus est aussi beaucoup moins homogène que le bois des résineux, ce qui en
complique sensiblement la transformation et l’utilisation pour les autres usages, et en
limite aujourd’hui l’exploitation.
Cette originalité de composition au niveau de l’Europe est liée à la position géographique
du pays, la plus à l’ouest et la plus au sud des cinq ressources forestières majeures en
Europe. Ce qui fait sans doute aussi de la ressource française l’une des plus exposées
aux risques du changement climatique (réchauffement, tempête).
Une autre spécificité majeure de la forêt française liées aux conditions biogéographiques,
très importante à prendre en compte d’un point de vue écologique comme d’un point
de vue économique, est sa grande diversité : des forêts semi-continentales du NordEst à la forêt méditerranéenne (le sud-est de la France présente un taux de boisement
record par rapport à tout le pourtour méditerranéen, et le boisement exceptionnel de la
Corse est unique pour une île de la Méditerranée), en passant par les forêts du domaine
atlantique et les forêts de montagne. Cette diversité de loin la plus grande en Europe
est telle qu’elle limite fortement l’intérêt de tout diagnostic ou indicateur qualifiant
globalement la forêt française sans nuance régionalisée.
bien que l’absence de recul équivalent
dans la plupart des pays ne permette pas
beaucoup de comparaison.
Volume de bois vif sur pied par pays en Europe (pays de stock supérieur à 300 millions de
m3), en millions de m3.
Source : FOREST EUROPE, UNECE et FAO : State of Europe’s forests 2011.
Figure 2 : Evolution du volume sur pied dans les forêts françaises
Source : Inventaire forestier national, 2011.
La ressource et son évolution sont
connues et suivies continûment sur le
territoire métropolitain grâce au programme permanent d’inventaire forestier
national décidé en 1958 par ordonnance
du général de Gaulle. Si aujourd’hui la
plupart des pays d’Europe, et tous ceux
de l’Union Européenne, disposent d’un
tel programme, c’est relativement récent :
en Europe, seuls les pays scandinaves
(Norvège, Suède et Finlande) ont un
inventaire permanent plus ancien (1920).
Or, en matière de dynamique forestière,
étant donné la durée de développement
des arbres, plusieurs décennies d’observations sont nécessaires pour apprécier
véritablement les tendances de fond.
La France fait donc partie des pays privilégiés ou cela est possible. Et le premier
constat, c’est une augmentation très forte
du capital sur pied, qui est passé de 1,5 milliards de m3 en 1973 à près de 2,5 milliards aujourd’hui (un milliard de m3 de
plus, presque l’équivalent de la ressource
actuelle d’un pays aussi forestier que l’Autriche). Ceci malgré les grands dégâts occasionnés par les tempêtes Lothar et Martin
en 1999 et Klaus en 2009, responsables du
ralentissement apparent de l’augmentation
sur la fin de la période, qui serait autrement
constante, de l’ordre de 30 millions de m3
supplémentaires par an.
A l’inverse de ce qui se passe partout ailleurs dans le monde, l’expansion de la
forêt en superficie et en volume de bois
est générale en Europe depuis la révolution industrielle. Le phénomène paraît
cependant particulièrement fort en France,
Tout ceci est d’abord le fait de la déprise
agricole, qui a eu deux effets : la progression de la surface de la forêt, qui a doublé
en 150 ans, passant de 8 millions d’hectares en 1850 à 16 millions aujourd’hui,
et qui ne ralentit pas ; et la diminution,
dans les forêts en place, des coupes de
taillis pour le chauffage par une population rurale moins nombreuse. Ce processus n’affecte les volumes qu’au rythme
de la croissance des arbres, c’est-à-dire
plusieurs décennies après les boisements
ou l’arrêt des coupes de taillis. C’est pourquoi, sauf phénomène majeur nouveau,
il devrait se poursuivre encore plusieurs
décennies.
L’expansion en cours transforme en
profondeur la forêt française, car elle ne
s’applique pas partout homothétiquement. Elle est variable selon les essences,
la part des feuillus ayant encore augmenté,
et la zone géographique : la dynamique
d’expansion se combine ici avec les conséquences des tempêtes de 1999 et 2009
pour déplacer la localisation des ressources en bois des régions forestières
traditionnelles du Nord-Est et du SudOuest vers d’autres régions : Bourgogne,
Centre, Massif Central notamment. Enfin,
le doublement de la surface de la forêt
s’est fait surtout sur des terrains privés,
souvent découpés en petites parcelles
auparavant agricoles.
Ceci explique deux autres spécificités de la
forêt française. D’une part, elle est jeune,
puisque la moitié de sa superficie actuelle
n’était pas forestière il y a 150 ans, et dans
ces nouvelles forêts, les arbres les plus
vieux sont souvent encore ceux qui ont été
installés ou se sont installés les premiers
au moment du boisement. D’autre part,
elle est maintenant aux 3/4 privée, alors
qu’elle était majoritairement publique au
XIXe siècle, et cette forêt privée est pour
une large part morcelée en très petites
propriétés.
Toutes ces caractéristiques, jeunesse,
composition, diversité, et morcellement de la propriété, expliquent largement que le volume des coupes de
bois est nettement inférieur à ce que
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
33
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
Mais ceci nécessitera des efforts d’investissement et d’innovation très importants,
tant au niveau des modes d’exploitation,
des technologies de transformation du
bois, qu’en matière socio-économique
pour trouver les nouveaux marchés qui
permettront de rentabiliser cette nouvelle ressource d’une valeur économique
souvent faible. Car au XXIe siècle, il n’y
aura pas de gestion forestière efficace et
durable sans hautes technologies, comme
on l’observe déjà en Suède, en Finlande,
en Allemagne, au Canada et aux ÉtatsUnis, et encore pas assez en France.
❙ Jean-Christophe Hervé (X 82, Gref 87),
Conseiller scientifique pour les méthodes
d’inventaire, Institut national de
l’information géographique et forestière
(IGN)
Taux d’accroissement annuel du volume sur pied par département sur le dernier quart de
siècle (les valeurs négatives sont dues aux tempêtes de 1999 et 2009).
Source : Inventaire forestier national, L’IF numéro 27, 2011
semblerait autoriser la production biologique. L’inventaire forestier national
vient ainsi de produire pour la première
fois en 2011 une estimation directe des
prélèvements dans les forêts de métropole, qu’il établit à 44 (+/- 4) millions
de m3/an en moyenne pour la période
2005-2010. Rapporté à une production
biologique de l’ordre de 90 millions de
m3/an, diminuée de la mortalité naturelle
(8 millions de m 3/an), cela représente
un taux de prélèvement moyen assez
faible de 54 % (bien que voisin du 56 %
observé en Allemagne). Ce taux moyen
masque de fortes disparités entre régions,
qui renvoient à la diversité signalée plus
haut, et à la jeunesse de la ressource dans
certaines régions. Le taux de prélèvement est en effet proche de 100 % dans
le Nord-Est et le Sud-Ouest, et faible à
très faible dans les régions du centre et
du sud du pays, où se concentre la plus
grande part de l’augmentation récente
du capital sur pied.
Ainsi, la forêt française n’est-elle pas globalement menacée de surexploitation.
Ce serait même plutôt le contraire. Car
si les coupes ne peuvent guère être augmentées durablement dans les régions
forestières traditionnelles qui sont aussi
34
les plus exploitées, la préservation de
la capacité d’accroissement, et donc de
stockage de carbone, de la ressource
nouvellement apparue et qui commence
à arriver à maturité, de même que son
adaptation au changement climatique
et son renouvellement par des essences
mieux adaptées au climat à venir, passent
par une augmentation sensible de son
exploitation, actuellement très limitée.
Pour en savoir plus :
le site de l’inventaire forestier national
www.ifn.fr ou portail IGN : www.ign.fr
et en particulier,
L’IF 27 : volumes de bois sur pied dans
les forêts françaises
L’IF 28 : prélèvements de bois en forêt et
production biologique
Résumé
Loin de l’image d’immobilité à laquelle elle renvoit souvent, la forêt
française connaît une profonde transformation, sous l’effet de la
forte expansion en cours depuis plus d’un siècle. Sa surface a doublé
en 150 ans et son volume a augmenté de 60 % dans les 40 dernières
années. Il s’agit maintenant de profiter au mieux de cette ressource
nouvelle en augmentant son exploitation, de manière à préserver
sa capacité de stockage de carbone et à la préparer au changement
climatique.
Abstract
The French forest knows a deep transformation, under the influence
of a strong expansion that began more than a century ago. Its
surface doubled in 150 years and its volume increased by 60 % in the
last 40 years. The issue is now to take advantage of this new resource
by increasing its exploitation, to preserve its carbon storage capacity
and to prepare it for the climate change.
Comment prendre en
compte le changement
climatique dans
l’enseignement forestier
supérieur ?
Lorsqu’ils s’expriment à propos du changement
climatique annoncé et de ses conséquences possibles
sur les forêts françaises, les scientifiques ne parlent pas
d’une seule voix. S’ils s’accordent sur la tendance générale
d’un réchauffement, les climatologues présentent des
scénarios assez différents les uns des autres en ce qui
concerne notamment la pluviométrie et sa répartition
saisonnière
Bernard Roman-Amat
du changement climatique suscite des réactions très diverses allant de la passivité
découragée à l’activisme le plus aventureux.
Un contexte encore confus
Les modèles présentés ne sont souvent
pertinents qu’à une maille large, ce qui
les rendait jusqu’à une date récente inutilisables tels quels par les gestionnaires (1).
Pour certains les sécheresses constituent la
principale menace, pour d’autres ce sont
les tempêtes. Les physiologistes s’interrogent sur les mécanismes du dépérissement et de la mort des arbres : violence
du stress ? épuisement des réserves ?
Les généticiens se divisent entre tenants
de la plasticité phénotypique (un même
génotype peut prospérer dans une large
gamme de conditions climatiques) et
promoteurs de l’adaptation, naturelle ou
accompagnée par l’homme. Certains écologues prônent l’augmentation du nombre
de sites protégés, d’autres militent pour
la mise en place de corridors visant à
faciliter la migration des espèces. Chez
les gestionnaires de terrain, l’annonce
Pourtant, la perspective de ce changement climatique doit être prise au sérieux, tout
particulièrement par ceux qui ont pour mission de former les forestiers de demain.
Comment faire ?
Sous climat changeant, la forêt reste une forêt…
Dans notre pays, qu’elle soit sèche ou humide, une forêt reste un écosystème riche
et complexe, dominé par un peuplement d’arbres, que l’homme utilise ou gère pour
répondre à ses besoins. L’ingénieur forestier de demain devra donc comme aujourd’hui
être bien formé en sciences de base (écologie, pédologie, bioclimatologie, physiologie…)
et en sciences forestières (dendrométrie et inventaire, sylviculture, aménagement). Il devra
savoir optimiser la production conjointe de biens et services dans le cadre d’une gestion
souvent multifonctionnelle. Il inscrira son action dans un cadre large d’aménagement du
territoire impliquant de multiples relations et partenariats : il devra pour cela mobiliser
un large éventail de compétences en sciences économiques et en sciences sociales.
… avec quelques contraintes de gestion supplémentaires…
Pour faire face au changement climatique annoncé, les ingénieurs forestiers devront par
ailleurs posséder à un haut degré certaines compétences spécifiques :
– l’aptitude à poser un diagnostic sur la vulnérabilité des peuplements ; la démarche
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
35
REGARDS SUR…
La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
3. Mettre en œuvre une pédagogie active,
visant à développer les compétences qui
permettent la résolution en groupe de
problèmes pratiques, de manière créative,
en recourant notamment à la modélisation
et à la simulation.
L’enseignement délivré dans le centre de
Nancy d’AgroParisTech s’engage résolument dans ces diverses voies.
… et dans son esprit
Fréquenter le terrain, y apprendre à observer, analyser, comprendre : des composantes
essentielles de la formation de futurs ingénieurs forestiers.
Photo : B Roman-Amat
implique l’analyse de nombreuses caractéristiques du peuplement forestier (milieu,
espèces constitutives, niveau de diversité
génétique, sylviculture passée…) puis une
synthèse à finalité opérationnelle. Nous
sommes ici, pour l’essentiel, dans le champ
d’enseignements dispensés depuis longtemps et bien rôdés, qu’il faudra conforter
en intégrant progressivement des informations nouvelles (génétique et physiologie
par exemple) et en insistant sur la dimension de synthèse finalisée ;
– la capacité à quantifier des risques et
des opportunités : il s’agit de prendre en
compte la probabilité de survenue d’aléas
(canicules, sècheresses, incendies, tempêtes,
allongement de la saison de végétation,
augmentation de la pluviométrie hivernale…) issus de scénarios climatiques pour
calculer les conséquences de ces aléas sur
la valeur des enjeux forestiers (capital sur
pied, accroissement, biens et services attendus), afin d’éclairer les décisions de gestion.
Dans ce domaine, les méthodes sont encore
perfectibles, et des outils utilisables dans la
pratique restent à mettre au point ;
– la capacité à imaginer et mettre en œuvre
des itinéraires adaptables, à faire preuve
de flexibilité face à l’imprévu (qu’il soit
d’origine climatique, sociale ou autre !).
Ici, les compétences relèvent de l’aptitude à
modéliser, à bâtir et à manier des scénarios,
36
à chiffrer l’incertitude et à décider en univers incertain.
… qui doivent conduire à une
évolution de l’enseignement,
dans ses contenus…
Les enseignants soucieux de développer
chez leurs étudiants les compétences indiquées ci-dessus peuvent notamment utiliser
les trois efficaces leviers suivants :
1. S’appuyer sur la recherche, actuellement
très active, en France comme à l’étranger,
dans le champ de l’étude de l’impact du
changement climatique sur les forêts ; à titre
d’exemple, les récents travaux de l’Unité
mixte de recherche AgroParistech-INRA
« LERfoB » (2) permettent de représenter la
migration des espèces végétales déjà intervenue au XXe siècle ;
2. Analyser et commenter ce qui se passe à
l’étranger, par la bibliographie, la valorisation des stages d’étudiants, l’invitation de
conférenciers… ; les pays étrangers sont
en effet de véritables laboratoires à ciel
ouvert : le sud de l’Europe soumis depuis
des décennies à un réchauffement marqué,
les Etats-Unis confrontés aux espèces invasives, les pins du Canada décimés par les
scolytes, la Russie parcourue par les incendies de forêt, la Scandinavie dont les forêts
poussent plus vite… ;
Deux remarques pour conclure. Le changement climatique devant affecter tous
les aspects de la gestion forestière doit
être abordé de manière globale par la
communauté pédagogique : au-delà de
sa propre discipline, chaque enseignant
doit donc avoir le souci de participer avec
ses collègues des autres sciences à une
formation à caractère intégré. Ensuite,
face à un phénomène dynamique, dont
notre compréhension ne cesse de se modifier, l’enseignant en formation initiale
est appelé à la modestie ; conscient des
limites de son enseignement, il ne peut
que recommander à ses étudiants de se
préparer à compléter leurs compétences
par la formation continue. Encore limitée
dans le champ du changement climatique,
cette dernière est appelée à connaître un
fort développement.
Plus que jamais, l’enseignement forestier
supérieur doit s’attacher à produire des
« têtes bien faites ».
❙ Bernard Roman-Amat (P 71, Gref 75),
Directeur du centre de Nancy
d’AgroParisTech (3)
Notes :
(1) Le simulateur de climat de l’ONERC sur internet (http ://
ONERC.developpement-durable.gouv.fr) donne maintenant
des simulations par département, ce qui est encore une
maille large.
(2) Romain BERTRAND, Jonathan LENOIR, Christian
PIEDALLU, Gabriela RIOFRI’O-DILLON, Patrice de
RUFFRAY, Claude VIDAL, Jean-Claude PIERRAT & JeanClaude GEGOUT (2011) : Changes in plant community
composition lag behind climate warming in lowland forests.
Nature N° 479 (24 novembre 2011), pp 517-520 ; voir aussi,
dans ce numéro de Symbiose l’article de Jean-Claude
Gégout et l’interview de Romain Bertrand.
(3) Bernard Roman-Amat est par ailleurs l’auteur du
rapport de synthèse commandé par les ministres chargés
de l’écologie et de l’agriculture « Préparer les forêts
françaises au changement climatique » décembre 2007, La
Documentation française.
La veille concurrentielle : un outil
d’aide à la décision stratégique de Bayer
Pour maintenir son leadership, le
groupe Bayer doit anticiper les
évolutions et s’adapter plus vite que
ses concurrents. Cela est d’autant plus
difficile dans un contexte économique
instable, un paysage concurrentiel
mondialisé,
influencé
par
les
contraintes réglementaires et les
avancées technologiques. Dans
le même temps, étant confrontée
plus que d’autres aux exigences de
développement durable, l’industrie
de la chimie et des biotechnologies
doit innover pour inventer les produits
du futur.
Afin de conserver sa longueur
d’avance, l’entreprise a décidé de
renforcer et d’accélérer son proces-
sus de décision par une meilleure surveillance des marchés professionnels
et consommateurs. C’est pourquoi
Anne-Marie Paillole, responsable
Intelligence de Bayer Environmental
Sciences a souhaité mettre en place
une plateforme de veille et s’entourer
d’une équipe de spécialistes de la
veille concurrentielle.
Ainsi, Humind Consulting apporte
une solution globale en fournissant à
la fois des informations sélectionnées
par des analystes, ainsi qu’une
plateforme de veille sur-mesure
basée sur les meilleures technologies
«open source». Le dispositif permet
notamment d’alerter les équipes,
de consolider et d’analyser les
informations sur le marché et la
concurrence.
Au-delà de l’information exploitable,
le système de veille apporte un
changement culturel, par une
meilleure prise en compte de
l’environnement à tous les échelons
de l’entreprise. C’est pourquoi notre
collaboration a permis de construire
un dispositif devenu indispensable
aux processus de décisions. Déjà
partenaire de leaders mondiaux
dans d’autres secteurs, Alexandre
Sonnet, Directeur de Humind
Consulting, est fier d’apporter sa
pierre au développement du groupe
Bayer.
Humind Consulting, l’information pour l’action
En savoir plus : http://www.humind.fr
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
37
PORTRAITS & PARCOURS
Yves Bourdillon (PG 79)
Portraits
et Parcours
Yves Bourdillon (PG 79)
Journaliste et auteur,
l’Agro mène à tout !
Yves Bourdillon (PG 79) est journaliste aux Echos, adepte
de plusieurs sports de compétition dont la vie familiale et
la création d’entreprise. Déjà auteur d’un premier ouvrage
sur le terrorisme (1), inspiré d’une enquête qu’il a réalisée, il
travaille depuis 1996 au service international du quotidien
Les Echos, où il couvre les zones ex-URSS, Amérique latine
et Proche-Orient et vient de publier son premier roman
Du trapèze au-dessus des Piranhas (2). Il a accepté d’évoquer
pour Symbiose cette nouvelle expérience d’écriture, dans un
nouveau cadre.
Yves Bourdillon © Thierry Rateau
Après un premier livre sur
le terrorisme, vous publiez,
cinq ans plus tard, un
premier roman évoquant les
incohérences de la société
moderne, est-ce un hasard ?
Qu’est-ce qui vous a poussé ?
Ces deux sujets n’ont rien à voir l’un avec
l’autre. Mon premier livre, publié en 2007,
est tiré d’une enquête journalistique aux
Echos que j’ai réalisée sur le terrorisme ;
sa structure qui s’est imposée rapidement
n’a posé aucun problème. Elle ne contient
aucune intrigue et l’éditeur l’a accepté sans
discuter. Cette fois, j’ai oeuvré sur un autre
registre, celui de la fiction. J’y ai travaillé
plus de deux ans, m’imposant beaucoup
38
de discipline en raison du peu de temps dont je disposais. Cette histoire est à peu près
pour un quart autobiographique (j’ai moi aussi monté une boite, jadis, et me suis pas
mal occupé des études de ma fille, comme le principal protagoniste) mais j’ai surtout
cherché un contrepoids aux contraintes professionnelles en me laissant aller à la liberté,
au plaisir d’inventer. Après avoir écrit la première scène durant laquelle mon héros se
Ce que je dois à l’Agro : un intérêt intellectuel
pour la biologie, la science du vivant…
trouve dans une église, assistant à une messe d’enterrement, je ne savais qu’une chose :
que Fred Beaumont avait compris que la vie était courte et qu’il était temps d’aller au
bout de ses rêves, sans autre préoccupation métaphysique ou religieuse. La suite du récit
s’est improvisée progressivement. Mon métier de journaliste m’a habitué à écrire vite et
de manière le plus clair possible des récits très synthétiques ; l’exercice était cette fois plus
compliqué, il fallait tenir un lecteur en haleine pendant 300 pages.
Avez-vous dû réinventer
un nouveau style ?
Non, je ne me suis pas changé, j’écrivais
quand j’avais le temps, le matin avant de
partir au travail et vingt minutes tous les
soirs ou en griffonnant quelques lignes sur
un papier, conservant mon style alerte de
journaliste… Je me suis relu généralement
tout seul, même si j’ai écouté les critiques
de ma femme et d’une collègue agro ou
d’un partenaire de rugby qui m’ont encouragé tout au long de ce travail. J’ai utilisé le
cahier dans lequel je prenais des notes dix
ans plus tôt, au moment où je créais ma
boite. Je prenais alors le temps d’enregistrer
toutes les anecdotes bureaucratiques que
je me suis fait un plaisir de remettre dans
le récit. A la fin, j’ai envoyé le manuscrit à
huit éditeurs, anonymement et sans recommandation. Anne Carrière m’a appelé sur
mon portable il y a deux ans pour me donner son accord. Elle m’a demandé de faire
des coupes, de retravailler une partie de
mon texte. Ce travail qui a duré un an m’a
demandé du temps, de l’énergie et a été
une épreuve pour l’ego ; retirer 40 pages,
après négociations avec l’éditrice, est réellement une épreuve psychologique. J’ai
enlevé des « tunnels » d’anecdotes, tirées
du fameux cahier. L’été dernier, on a choisi
le titre que je n’avais pas prévu au départ…
Ces jours-ci, le roman est livré au public et
prend sa liberté.
Pourquoi un roman alors
que vous êtes agro et que
vous écrivez déjà dans un
quotidien national ?
Mon parcours est complètement atypique ;
j’ai choisi le journalisme alors que j’étais
déjà à l’Agro. Ce premier virage m’a mené
à Sciences-Po pour faire ma dernière année.
J’ai découvert les matières littéraires, l’histoire… C’est là que j’ai pris goût à l’écriture.
Je faisais au même moment mon service
militaire à Paris, comme chauffeur de capitaine… Pendant les dix années suivantes,
j’ai appris mon métier en travaillant pour
l’agence Agra-Europe. En 1995, j’ai décidé
de me mettre à mon compte en créant
l’agence Millighan, ajoutant ainsi à mon
expérience agricole et agroalimentaire une
bonne pratique de la bureaucratie. Mais
je me suis retrouvé tout seul, comme le
héros de mon roman. J’ai alors pris mon
deuxième virage, celui qui m’a poussé à
apprendre le russe au moment où le poste
de journaliste « pays de l’Est » des Echos
s’est libéré. En 1996, j’ai accepté la proposition qui m’était faite et la baisse de
30 % de mon salaire qui allait avec, puisque
l’agence Millighan marchait très bien ; dix
ans plus tard, mon secteur s’est enrichi du
Moyen-Orient et de l’Amérique latine. Je
suis devenu le spécialiste de pays en mutation, qui ont moins d’impact sur nos lecteurs que les pays riches. Pour mon roman
j’ai travaillé une demi-heure par ci par là
entre deux reportages à l’étranger.
Que vous a apporté votre
formation agro et que
souhaitez-vous faire passer
comme message dans ce livre ?
Je sais ce que je dois surtout à l’Agro :
un intérêt intellectuel pour la biologie,
la science du vivant. Je sais que face à la
complexité d’un problème, il y a plusieurs
solutions… et que chaque solution retenue aujourd’hui impacte sur la solution
de demain. Je suis aussi toujours friand de
nouvelles de camarades que je n’ai pas vus
depuis 30 ans.
Mais, comme dans un roman policier,
l’intrigue de mon livre laisse apparaître
un message : notre société demande toujours plus de bureaucratie et dans le même
temps elle trouve qu’il y en a trop.Voyez ma
quatrième de couverture (ndlr : voir encadré sur la même page), elle vous montre
que je m’adresse à ceux qui veulent monter
leur boîte, à ceux qui ont des enfants, à
ceux qui ne veulent plus d’une sociétécocon… Je suis un des derniers admirateurs de Margareth Thatcher, un libéral
convaincu (même si c’est difficile à dire en
France), admirateur de Raymond Aron, de
Tocqueville (dont je cite un texte à la fin de
mon roman, vous l’avez peut-être remarqué). Il y a une doctrine politique derrière
cette comédie : j’ai appris l’anglais en lisant
The Economist. Tout ce bagage m’a marqué
et cela transpire dans mon texte.
❙ Propos recueillis
par Solange van Robais et Pierre Sabatier
(1) Yves Bourdillon, Terrorisme de l’Apocalypse, Paris,
Ed. Ellipses, 2007, 224 p.
Le roman en quelques lignes…
Comment monter une entreprise malgré les cris d’épouvante de ses proches ? Rompre sur un tapis
roulant ? Et préserver sa santé mentale lors d’un conseil de classe ? Voilà quelques-uns des nombreux
problèmes que doit affronter Fred Beaumont, journaliste dans un quotidien régional, après avoir décidé,
sur un coup de tête, de réaliser enfin tous ses rêves d’ado en même temps : se mettre à son compte
(fantasme d’un Français sur trois), retrouver un amour de jeunesse et gravir un sommet de l’Himalaya.
Mais il n’avait pas prévu qu’il devrait s’occuper, seul à Paris, de sa cancre de fille et serait confronté à
des clients particulièrement capricieux. Sans oublier les raffinements bureaucratiques d’une société
qui, dans les discours, appelle à « se réaliser » et à « prendre des risques », tout en incitant chacun,
en réalité, à n’en rien faire… Sous cette comédie aux dialogues crépitants, perce une radiographie des
contradictions de notre société, dans un registre oscillant entre humour et burlesque.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
39
PORTRAITS & PARCOURS
Fabienne Hermitte (PG 91)
Lauréate du 2e prix
des femmes innovantes
en Europe
Fabienne Hermitte (PG 91) est cofondatrice de la société
Ipsogen : « La formation d’ingénieur AgroParisTech est
très structurante, et apporte rigueur et pragmatisme »
Fabienne Hermitte
Quel est le fil rouge depuis
ta sortie d’école ?
Dès ma 2e année à l’Agro, je me suis intéressée à la recherche académique, plus
précisément en sciences médicales. J’ai
donc fait le choix d’effectuer un stage de
fin d’étude puis un doctorat dans une
unité mixte CNRS – Rhône Poulenc ; peu
encadrée sur un sujet très fondamental, j’ai
décidé pour la suite de m’orienter vers des
activités plus appliquées. Les hasards de la
vie m’ont conduite à chercher du travail
dans un bassin d’emploi peu dynamique,
la région de Marseille. L’ANVAR (devenue
Oseo depuis) m’a mise en contact avec
Vincent Fert, qui avait alors un projet de
IPSOGEN,
« Cancer profiler »
« Profiler » des cancers, IPSOGEN développe et commercialise des tests de diagnostic moléculaire qui
permettent de cartographier les maladies pour guider
la décision des cliniciens et de leurs patients tout au
long de leur parcours thérapeutique.
Avec déjà plus de 80 références produits utilisées en
routine dans le monde pour le diagnostic, le pronostic
et le suivi de milliers de patients atteints de leucémie,
IPSOGEN est également engagée dans le domaine
du cancer du sein avec pour objectif de fournir des
informations diagnostiques encore inaccessibles.
En savoir plus : http ://www.ipsogen.com
40
création d’entreprise. Nos profils se sont avérés complémentaires, et avec un troisième
associé, Stéphane Debono, nous avons créé la société Ipsogen, pour développer des tests
moléculaires permettant le suivi d’efficacité des traitements anticancéreux, en particulier
contre les leucémies. Notre société s’est bien développée, petit à petit, et elle compte plus
de 70 personnes aujourd’hui. Je suis directrice R&D et affaires réglementaires de la société,
et j’encadre 25 personnes. Ce travail me plait car sa dimension très appliquée permet une
bonne vision de son utilité : il sert aux patients, ainsi qu’aux biologistes. Cela compte, de
sentir qu’on a une vraie prise sur les performances du produit qu’on développe : mon
ambition, c’est de fournir des tests qui répondent aux besoins médicaux et de qualité
irréprochable. Pour la suite, je veux continuer à apprendre, à rencontrer des personnes
intéressantes, à travailler sur des problèmes nouveaux et intellectuellement stimulants !
En quoi consiste ta mission ?
Le dynamisme de l’entreprise est basé sur des développements de tests et leur commercialisation, en lien avec les hôpitaux, plutôt que sur de la recherche interne. Ma mission
consiste donc à créer et entretenir les conditions pour les transferts technologiques,
en lien avec les hôpitaux, qui nous permettent de valider les tests sur des échantillons
de patients. Mon métier me place ainsi en interface avec de nombreux collaborateurs
externes, et je travaille en lien étroit avec les affaires médicales et le marketing de
l’entreprise.
Comment vit-on la parité hommes-femmes dans ton métier ?
Le fait d’avoir reçu le 2e prix des femmes innovantes par l’Union européenne en 2011
m’a conduit à y réfléchir, alors que cette question ne m’avait pas vraiment préoccupée
jusqu’alors… J’ai pu ainsi rencontrer des femmes ayant subi de graves discriminations
dans des pays où les contrats sont temporaires, alors que je n’ai pas ressenti de différence
ou de discrimination dans mon parcours. Mon emploi implique une charge de travail
importante, avec beaucoup de déplacements… Cela n’est pas toujours évident pour
mes deux garçons de 6 et 10 ans : cela demande une bonne organisation du couple !
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes diplômés ?
Avant tout, je leur souhaite d’avoir autant de chance que moi ! Il faut savoir se valoriser : la formation d’ingénieur AgroParisTech est très structurante, et apporte rigueur et
pragmatisme. Sur la base de mon expérience, je voudrais vraiment leur dire qu’il ne faut
pas avoir peur en début de carrière : faites ce qu’il vous plait, investissez vous à fond !
❙ Propos recueillis par Juliette Auricoste (PG 04, Gref 09)
CAHIER
ENTREPRISES
AGROALIMENTAIRE
« Notre métier est de formuler
des solutions » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42
Entretien avec Edouard De Vaux
ENERGIE ET ENVIRONNEMENT
Inova, énergie et environnement. . . . . . . . . . . . p. 44
Entretien avec Denis Ostré
p. 42
AGRICULTURE DURABLE
& DÉVELOPPEMENT
Limagrain :
l’innovation permanente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 46
Entretien avec François Viallet
AGRICULTURE DURABLE
ASP-public : la modernisation
pour un meilleur service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48
p. 44
Entretien avec Bernard Bezeau
AGRICULTURE DURABLE
Tallage : de rares prévisionnistes
en agro-économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 50
Entretien avec Andrée Defois
BIODIVERSITÉ
Produire autrement mieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52
Entretien avec Christian Rousseau
p. 52
BOIS ET ENVIRONNEMENT
Norske Skog Golbey, une entreprise responsable,
leader européen du papier journal . . . . . . . . . p. 54
Entretien avec Jean-François Serre
CARRIÈRE
Savoir réfléchir et se remettre
en question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 56
Entretien avec Dominique Dumazet
p. 54
41
CAHIER ENTREPRISES
Agroalimentaire
« Notre métier est
de formuler
des solutions »
Edouard De Vaux, Responsable Marketing de AIT Ingredients
nous présente les tendances du marché agroalimentaire et les
nouvelles solutions proposées par son entreprise. Rencontre.
Quel est le positionnement d’AIT
Ingredients ?
Nous sommes une filiale du Groupe
Soufflet, un groupe agro-industriel qui
emploie près de 3 700 personnes pour
un chiffre d’affaires de 3 Mrd €. AIT
Ingredients, pour sa part, emploie près de
110 collaborateurs. L’essentiel de notre
activité consiste à concevoir, produire et
commercialiser des solutions ingrédients
pour la filière agroalimentaire et en particulier, pour les industries de panification, aussi bien en France que dans une
trentaine de pays à travers le monde.
Nous avons l’avantage de pouvoir bénéficier du savoir-faire du Groupe Soufflet
et de son rôle de leader, notamment,
dans les filières blé et orge, à l’échelle
internationale. Ceci nous permet d’optimiser notre capacité à disposer d’ingrédients céréaliers originaux et de proposer
une palette de produits variés, dont des
farines de céréales maltées et toastées
qui offrent divers goûts et couleurs, ou
encore des ingrédients nutritionnels
micronisés (fibres, germes de blé…).
Chez AIT Ingredients, nous nous intéressons aussi bien à la technique qu’au
goût et à la saveur.
Quelles sont les tendances
du marché ?
Nous devons répondre aux attentes de
nos clients directs mais aussi à celles de
leurs propres clients. Ces derniers expriment de plus en plus un besoin de naturalité à travers la mise en avant du Clean
Label, des ingrédients moins transformés, etc. L’origine des produits revêt également beaucoup d’importance puisque
le consommateur privilégie de plus en
plus la production locale, notamment
par soucis de développement durable.
Edouard De Vaux
Par ailleurs, nous retrouvons aussi bien une
attente de retour aux sources à travers des
recettes plus traditionnelles inspirées du
terroir, qu’une attente d’originalité et de
découverte de nouvelles saveurs venues
d’autres horizons.
Ceci dit, nous devons également répondre
aux attentes techniques de nos clients
industriels, notamment pour des raisons
économiques, en proposant des substituts
aux matières premières classiques dont les
cours peuvent beaucoup fluctuer. L’objectif
pour nous est alors d’obtenir un résultat
optimal, à moindre coût.
Pouvez-vous nous donner un aperçu
des solutions ingrédients innovantes
développées par AIT Ingredients ?
Dans l’aspect technique de notre métier,
nous devons au quotidien concevoir pour
chaque problématique du client, une solution technique adaptée. Cela se traduit par
la conception d’améliorants de panification
sur-mesure. La gamme Vital’IT avec, entre
autres produits, VitalMalt, est une gamme
d’ingrédients naturels issus de graines que
l’on a maltées, ce qui permet de développer des activités enzymatiques spécifiques
qui ont un effet intéressant, notamment
sur la conservation du moelleux dans des
produits tels que les brioches, le pain, etc.,
en substitution des émulsifiants.
Concernant la création de saveurs, nous
proposons des produits prêts à l’emploi,
des mixes, des concentrés à incorporer
dans le processus de fabrication des produits,… mais aussi du sur-mesure pour le
compte de nos clients. Ainsi, nous avons
développé, par exemple, la gamme de
produits « Grand Chef ». Concentrée à
25 %, celle-ci permet de réaliser des pains
d’inspiration régionale, sans arômes artificiels ou additifs…
42
Spécialiste de la filière Blé-Farine-Pain, AIT Ingredients propose
une gamme complète de solutions standard ou sur-mesure,
pour offrir à vos consommateurs
des produits beaux, bons et sains.
Améliorants de panification, mixes et concentrés saveurs,
ingrédients nutritionnels...
Une société du Groupe Soufflet
AIT Ingrédients
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91100 Corbeil-Essonnes - France
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Expertise technique, compréhension des marchés
et des tendances, imagination et créativité
sont nos meilleurs atouts pour vous aider
à améliorer votre réussite.
Crédit : création : Agence Anastase, photos : AIT ingredients - Cap Bleu Communication - Jean-Pierre Lorphelin - 02/2010 - Getty Images - Fotolia
bien plus que
des ingrédients…
CAHIER ENTREPRISES
Energie et environnement
Inova, énergie et
environnement
Inova, société du Groupe Altawest, est un acteur majeur
de l’ingénierie-construction de centrales clés en main de
cogénération et de valorisation énergétique de déchets et de
la biomasse. A ce titre, l’entreprise a remporté l’appel d’offres
passé par l’Etat pour construire et exploiter une installation
de production d’électricité utilisant de la biomasse à Brignoles,
dans le massif varois. Entretien avec Denis Ostré, Conseiller du
Président.
Pouvez-vous nous faire un point sur
la biomasse en France ?
Le terme « biomasse » désigne l’ensemble
de la matière vivante. Depuis le premier
choc pétrolier, ce concept s’applique aux
produits organiques végétaux et animaux
utilisés à des fins énergétiques ou agronomiques. Elle permet, entre autres, la
production d’énergie par combustion de
sous-produits et/ou de résidus de l’agriculture, de l’industrie du bois et de taillis
issus des forêts ou de cultures… La France
dispose du plus important gisement de
biomasse agricole et forestière en Europe,
cependant il y a quelques années elle se
situait encore au 14e rang pour sa part de
production électrique « biomasse » dans
la consommation électrique totale. La loi
de programme de juillet 2005 a fixé les
orientations de la politique énergétique
française et définit un certain nombre
de programmes mobilisateurs pour les
économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables. En
2007, le Grenelle de l’environnement a
notamment prévu une augmentation de
la production d’énergie renouvelable de
20 Mtep à l’horizon 2020 pour atteindre
au moins 23 % d’ENR dans la consommation finale d’énergie, et vise une augmentation de la production d’électricité
et de chaleur à partir de biomasse de
7,5 Mtep à l’horizon 2020.
Dans quel contexte s’inscrit le projet
de Brignoles ?
Inova a répondu à l’appel d’offres lancé
par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) portant sur des installations
de production d’électricité à partir de biomasse. Son projet de centrale électrique,
d’une puissance de 20 MW, au cœur du
massif varois a été retenu. Il répond à la
sécurisation de l’alimentation électrique
de la région PACA. Avec une production
couvrant moins de la moitié des besoins
et une mauvaise répartition de son réseau,
l’acheminement de l’électricité est à la
merci du moindre incident, notamment
en raison des incendies. Par ailleurs, le Var,
deuxième massif forestier français, possède une richesse forestière actuellement
44
Denis Ostré
sous-exploitée. Le développement de la
filière bois-énergie représente un atout en
termes de développement économique.
Quels sont les points forts d’Inova sur
ce type de projet ?
Inova est spécialisé dans la conception, la
réalisation et l’exploitation de centrales de
production d’énergie thermique utilisant
les meilleures technologies disponibles, ce
qui lui permet de proposer des solutions
qui respectent les normes environnementales les plus strictes avec les meilleurs
rendements énergétiques. Pour le projet
de Brignoles, seul du bois naturel non
pollué est utilisé comme combustible. La
température à l’intérieur de la chaudière
est supérieure à 1 000 °C ce qui permet la
combustion complète et contrôlée des gaz
qui sont en partie recyclés et mélangés
à l’air de combustion pour augmenter
l’efficacité énergétique de la chaudière.
Les fumées sont dépoussiérées par filtration, neutralisées à l’aide d’un réactif
minéral naturel. Elles sont contrôlées
grâce à des dispositifs capteurs-analyseurs, permettant grâce à l’enregistrement
des mesures la surveillance du respect
des normes françaises et européennes
en matière de rejets atmosphériques.
La centrale fonctionne en circuit fermé
vapeur/condensation (débit vapeur sortie chaudière 81 t/h à 520 °C et 96 bar).
La consommation d’eau est estimée à
moins de 20 000 m³/an. Une turbine à
réaction à très haut rendement permet la
transformation de l’énergie thermique en
électricité, distribuée sur le réseau RTE.
La quantité d’énergie fournie par an est
de 168,000 MWh électrique : l’équivalent
de la consommation de 30 000 foyers. La
production d’électricité est stable et continue sur toute l’année. Enfin, les cendres
issues de la combustion pourront être,
après caractérisation, utilisées en épandage agricole.
É NERGIE & ENVIRONNEMENT
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CAHIER ENTREPRISES
Agriculture durable & développement
Limagrain :
l’innovation
permanente
Spécialiste des semences de grandes cultures, des semences
potagères et des produits céréaliers, Limagrain pèse lourd
dans le paysage agricole et économique permettant au groupe
auvergnat de défendre une certaine philosophie : produire plus
et mieux durablement.
Entretien avec François Viallet (ENSAIA 85), directeur général
adjoint de Limagrain Céréales Ingrédients
Comment Limagrain se distingue sur
le marché des semences ?
valorisation des productions agricoles de
ses adhérents.
Limagrain est un groupe coopératif
international fondé en 1942. Son particularisme se situe dans son mode de
gouvernance qui trouve ses racines en
Auvergne, dans la plaine de Limagne.
Le groupe se compose d’une centaine de
filiales qui a pour objectif de pérenniser
l’activité agricole de la Limagne. A ce titre,
tous les projets à long terme convergent
vers cette logique de pérennité d’activité.
Le groupe a bâtit son savoir-faire autour
de trois activités :
Justement, où se positionne
Limagrain Céréales Ingrédients dans
ce pôle d’activités et quel est son
savoir-faire ?
– Semences des grandes cultures
(céréales, oléagineux…) représentant
environ 1/3 de l’activité du groupe. Sur
ce secteur, Limagrain est leader avec une
concentration sur l’Europe et les ÉtatsUnis. Le récent rachat de Bisco en Inde
permet à Limagrain de s’ouvrir à de nouveaux territoires.
– Semences potagères représentant environ 40 % du CA. L’activité Semences
Potagères s’adresse principalement aux
marchés professionnels. Elle propose
des semences potagères à forte valeur
ajoutée et se place au 2e rang mondial
sur ce marché.
– Produits céréaliers avec deux business
units : la boulangerie-pâtisserie et
les ingrédients céréaliers. Ce segment
constitue un atout fondamental pour la
46
Limagrain Céréales Ingrédients est une
des deux Business Units de la branche
produits céréaliers, leader européen en
farines fonctionnelles. Elle est née de la
conviction qu’en partant de la semence
nous pouvions apporter des solutions aux
industriels et confirme l’importance de
maitriser la génétique et les procédés de
transformation industrielle pour valoriser
les qualités des céréales. Nous élaborons
et proposons des solutions naturelles et
fonctionnelles en répondant aux besoins
les plus spécifiques de nos cinq marchés
d’applications : « bakery », « snacks »,
« céréales petit-déjeuner », « convenience
food » et bioplastique. Plus concrètement,
nous traitons chaque année 80 000 tonnes
de grain de maïs destinées à l’industrie
alimentaire et nous transformons thermiquement des farines de blé pour en
modifier leurs propriétés et offrir ainsi
des fonctionnalités aux industriels.
François Viallet
Quels sont vos axes d’innovation et
pour quels types d’application ?
Limagrain et LCI consacrent respectivement 14 % et 5 % de leur CA à la R&D.
Cet effort de recherche s’est d’ailleurs
traduit par la création de notre centre de
recherches ULICE qui travaille sur des
axes d’innovation produits centrés sur
la nutrition/santé et l’environnement.
Nous anticipons le comportement de nos
céréales et travaillons sur l’évolution de
nos variétés afin de mieux répondre au
besoins des clients notamment en satisfaisant un certain nombre de critères
santé : apports en fibres, réduction des
matières grasses… En matière d’environnement, nous avons développé un
film bioplastique biolice, à base de maïs
entièrement compostable et biodégradable. Ce procédé a notamment séduit
les cimentiers qui l’utilisent en composant de leur sacherie mais aussi Handicap
International dont le « sac à sapin » est
à 100 % réalisé avec biolice. Enfin, Ulice
travaille sur le traitement thermique de
farines pour améliorer par exemple le
moelleux des viennoiseries et met au
point de nouvelles formes de produits à
la demande des industriels de type solutions sans gluten par exemple.
Limagrain en bref
Le groupe réalise un chiffre d’affaires de plus de 1,5 milliards d’euros en 2011
et rassemble 7 200 collaborateurs. Limagrain Céréales Ingrédients emploie
200 personnes et réalise un CA de 80 millions d’euros.
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spécialiste des semences de grandes cultures, des semences
potagères et des produits céréaliers
Près de 7200 collaborateurs
Plus de 100 filiales réparties dans 38 pays
Plus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires
14 % du chiffre d’affaires consacrés à la recherche
4e semencier mondial grâce à sa holding Vilmorin & Cie
Leader européen en farines fonctionnelles
via Limagrain Céréales Ingrédients
3e industriel français de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie
avec Jacquet-Brossard
RCS 352 321 285 - 12040275 - Crédit photos : Limagrain et ses filiales
Groupe coopératif agricole international,
CAHIER ENTREPRISES
Agriculture durable
ASP-public : la
modernisation pour
un meilleur service
L’Agence de services et de paiement (ASP) a été créée pour
mieux répondre aux grands enjeux du secteur public et
accompagner sa modernisation. Plus gros organisme payeur
européen, à la fois spécialisé et multisectoriel, l’ASP dispose
d’un large champ d’intervention et s’affirme comme un acteur
incontournable, conscient des mutations nécessaires pour
un meilleur service public. Entretien avec Bernard Bezeaud,
directeur général délégué de l’agence.
L’ASP œuvre souvent dans l’ombre,
présentez-nous l’agence ?
L’ASP est un établissement public placé
sous une double tutelle : le ministère de
l’agriculture et celui de l’emploi. Il a été
créé, en 2009, de la fusion du CNASEA et
de l’Agence Unique de Paiement (AUP).
Aujourd’hui, nous sommes donc l’organisme payeur de l’ensemble des aides versées aux exploitations agricoles au titre de
la PAC mais notre double tutelle ministérielle nous permet d’intervenir dans
différents domaines tels que l’emploi,
la politique sociale, l’environnement…
Ainsi l’ASP est l’opérateur de l’État pour
le versement du bonus écologique, des
aides liées à l’emploi, de la garantie de
ressources des travailleurs handicapés…
nombreux partenaires publics dans l’instruction de demandes d’aides. Cette fonction nécessite une expertise liée à chaque
dispositif d’aide (juridique, analytique…)
– Le contrôle avec près de 200 agents
spécialisés qui sillonnent notamment les
exploitations agricoles et assurent un fort
relationnel avec les bénéficiaires des aides
– Le paiement : nous l’avons vu, l’ASP est
le plus gros organisme payeur européen
et à ce titre nous participons souvent à
des échanges intracommunautaires sur
la mise en œuvre de la PAC.
– L’ingénierie administratrice : l’ASP
apporte aux instances locales, nationales
et européennes un appui dans la mise en
œuvre de politiques publiques (rédaction
de guides de procédures, animation, formation, valorisation de données…)
Notre budget d’intervention est de l’ordre
de 18 milliards d’euros. Nous employons
environ 2 200 agents dont 1 000 dans la
sphère agricole et assurons une présence dans toutes les régions, y compris
en outre-mer, grâce à notre réseau de
26 délégations régionales.
De plus, l’ASP inscrit ses compétences
dans le champ concurrentiel pour d’autres
financeurs comme les collectivités territoriales, les Agences de l’Eau, l’Agence
du Service Civique… Ces opportunités
de mise en concurrence sont l’occasion
de se remettre en cause.
Quels sont vos différents modes
d’intervention ?
Vous êtes actuellement dans
une démarche de modernisation
des procédures. Quels sont les
changements à attendre pour les
bénéficiaires ?
La particularité de l’agence est son savoirfaire en matière de traitement de masse
des dossiers associé à une forte compétence métiers. Notre mission s’articule
autour de quatre éléments :
– L’instruction : L’ASP appuie de
48
Effectivement, l’agence est engagée dans
un certain nombre de procédures d’innovation avec pour objectif de conforter
Bernard Bezeaud
notre position d’organisme payeur
européen, être un référent à la pointe de
l’innovation technologique et organisationnelle. Cela se traduit par un développement des télédéclarations, des extranets
et une dématérialisation des procédures.
À ce titre par exemple, nous mettrons en
place très prochainement un portail à destination des employeurs pour toutes les
démarches concernant le Contrat Unique
d’Insertion (CUI). Ce dispositif innovant
s’appuie sur une transmission de pièces
justificatives sécurisée par certificat de
signature électronique. L’ASP est un des
tout premiers établissements publics à
être habilité pour délivrer de tels certificats
(niveau une étoile du référentiel général
de sécurité).
Concernant l’organisation en elle-même,
nous avons aussi un objectif de performance. Nous modernisons notre mode
de fonctionnement interne en créant des
pôles de gestion spécialisés en fonction
des sites. Parallèlement nous nous engageons dans une démarche de polyvalence des agents afin de nous permettre
de répondre au mieux aux pics d’activité.
Enfin, nous cherchons à rationaliser en
permanence les processus de travail pour
gagner en productivité et en efficacité.
Concernant la thématique Forêts,
quel rôle jouez- vous ?
L’ASP est l’organisme payeur des aides
(hors ONF) du ministère de l’agriculture,
notamment : boisement des terres agricoles, amélioration des forêts, modernisation des entreprises de travaux forestiers,
reconstitution des forêts détruites, par les
tempêtes de 1999 et de 2009… Depuis
2001, sur l’ensemble de ces mesures, nous
avons versé environ 1,2 milliard d’euros
pour 67 000 dossiers traités, la principale
mesure étant le nettoyage des parcelles
de chablis après les tempêtes.
Agence de services
et de paiement
un opérateur de référence au service
des politiques publiques
L’Agence de services et de paiement (ASP) intervient pour
le compte de plusieurs ministères, de l’Union européenne,
des collectivités territoriales et d’autres organismes publics.
L’ASP, un opérateur public unique par sa polyvalence
L’ASP couvre un champ d’activités variées :
agriculture (1er et 2e piliers), aquaculture, forêt, pêche, développement local et rural, environnement,
emploi, formation professionnelle, insertion, action sanitaire et sociale, ...
Les métiers de l’ASP
• gestion administrative et financière d’aides publiques (paiement, contrôles, ...)
• ingénierie administrative et assistance technique
• évaluation et suivi de politiques publiques
Chiffres clés
Budget d’intervention : 17,6 milliards d’euros
2 250 collaborateurs
Un siège social à Limoges,
un site national à Montreuil,
et 26 délégations régionales
(dont 5 outre-mer)
Contacts
ASP
2, rue du Maupas ; 87040 Limoges Cedex 1
Tél. 05 55 12 00 00
Fax : 05 55 12 05 24
Site internet : www.asp-public.fr
www.asp-public.fr
ASP - DirCom / PAO-création - avril 2012 - © MEDAD, JM.Pericat, Phovoir, Soisson, B.Vedel
CAHIER ENTREPRISES
Agriculture durable
Tallage : de rares
prévisionnistes en
agro-économie
Depuis près de 20 ans, le cabinet d’études agro-économique
français Tallage s’est spécialisé dans les marchés européens
des grains et s’impose comme une référence dans ce secteur.
Rencontre avec Andrée Defois, présidente du cabinet.
Quel est le rôle d’un prévisionniste
en agro-économie ?
La politique de soutien à l’agriculture
européenne a fortement évolué ces vingt
dernières années et cette modification
a induit une grande variabilité des prix,
d’où des besoins d’analyses et de prévisions plus poussés. Notre métier est
d’analyser l’offre et la demande prévisionnelle d’une matière première pour
aboutir à un point de vue sur l’évolution de son prix. Notre travail repose
sur 3 piliers : une banque de données
statistiques très développée portant
sur l’ensemble des secteurs influençant l’offre, la demande et les échanges
de matières premières agricoles ; des
contacts de terrain dans tous les segments du marché, du champ à la salle
de négoce ; enfin, des modèles de prévision internes. Le métier d’analyste des
matières premières agricoles est encore
peu répandu en Europe alors qu’il l’est
beaucoup plus aux USA ou sur d’autres
marchés (finances notamment).
Depuis 1993, nous proposons à nos
clients notre rapport Stratégie grains,
qui traite de l’offre et de la demande,
des prix des céréales, dans toute l’Union
européenne. Ce document d’analyse est
mis à jour tous les mois. Il est utilisé par
des intervenants du marché céréalier,
quelque soit leur positionnement sur le
marché (producteurs, stockeurs, industriels, négociants, traders, institutionnels,
financiers).
Nous avons ensuite développé depuis
dix ans un accès à nos bases de données sur notre site internet, et élargi la
gamme des rapports publiés, sur le blé
dur, les oléagineux etc. De plus, ce travail de collecte statistique et d’investigation de terrain nous permet de pouvoir
répondre rapidement à toute demande
d’analyse d’une entreprise particulière.
Nous travaillons donc aussi comme un
cabinet de conseil.
Quelles sont les principales
thématiques abordées dans votre
travail ?
Les problématiques agricoles sont au
premier plan, principalement agronomiques (prévisions des rendements et
des surfaces) et zootechniques (consommations animales). Cependant les facteurs économiques et géopolitiques sont
également très importants dans notre
travail de prévisionniste.
Il s’agit de compiler l’ensemble des données disponibles (enquêtes, publications
50
officielles et privées, statistiques, …), de
collecter auprès de nos réseaux de terrain
des informations quantitatives et qualitatives et d’alimenter nos modèles de prévision, puis de synthétiser ces données
et d’y intégrer notre vision d’experts. Il
s’agit de fournir à nos clients des clefs
d’aide à l’analyse et à la décision.
Ce travail d’analyse fondamentale n’a
pas pour objet de prévoir l’extrême
court terme (variations intra-journalières ou même intra-hebdomadaires
par exemple). Il permet, en revanche,
de produire une prévision pour une
période comprise entre six et dix-huit
mois environ ; il permet aussi de déceler
des tendances et de se positionner sur
le long terme (une quinzaine d’années).
Quels sont les principaux enjeux
sous-jacents à votre activité ?
Notre travail découle de l’activité agricole (production végétale et animale)
et de son interaction avec les besoins
humains et industriels. Le grand enjeu
dans ce secteur est celui de la réponse
alimentaire à une population planétaire
en augmentation. C’est aussi celui de
la réponse au défi énergétique des prochaines années ; enfin, c’est celui du
réchauffement climatique qui va modifier
les potentiels de production, exiger des
réductions d’émissions de gaz à effet
de serre…
Quel est le potentiel d’augmentation
des rendements, par quelle voie (intensification, biotechnologie, connaissance
des sols et de leur fonctionnement…),
de nouvelles surfaces peuvent elles être
mises en culture ? Comment assurer une
production de viande croissante ? Le
modèle d’évolution de la consommation alimentaire (accroissement de la
consommation de viande avec le niveau
de vie) va-t-il rester dominant ? Quel
sera l’avenir des biocarburants, de la
chimie verte, du besoin en matières
premières de ces secteurs ? Combien
de temps la Chine restera-t-elle le
pays moteur de l’augmentation de la
demande mondiale ?
Depuis notre création il y a vingt ans,
notre métier a profondément évolué :
de grands changements sont intervenus dans l’offre et la demande mondiale
(la question à la fin des années quatrevingt était le volume d’importation de
l’Union soviétique, c’est aujourd’hui le
développement de l’économie chinoise) ;
par ailleurs, nous avons assisté à une
modification complète des canaux de
distribution de nos prévisions (l’accès
Web est depuis plusieurs années le premier poste de notre chiffre d’affaires,
alors qu’aucun de nos clients n’avait de
connexion internet quand nous avons
créé la société).
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
51
CAHIER ENTREPRISES
Biodiversité
Produire
autrement mieux
Nourrir demain 9 milliards de personnes et leur garantir une
alimentation de qualité, tel est le défi de l’agriculture française
qui doit également s’adapter à la fluctuation et à la volatilité
des marchés. Pour les aider dans cette démarche, Vivescia
souhaite créer et produire des solutions agri-industrielles
durables permettant d’augmenter le revenu des agriculteurs
tout en répondant aux attentes des clients et de la société
comme nous l’explique Christian Rousseau, Président délégué à
l’agriculture et à l’innovation.
Pouvez-vous dans un premier temps
nous présenter le groupe et ses
activités ?
de contribuer à l’augmentation de son
revenu et soutenir ainsi la préservation
et le développement de la ruralité.
Né du rapprochement de Champagne
Céréales et de Nouricia, Vivescia est un
groupe agri-industriel puissant et performant, maîtrisant les filières de l’assiette au
champ, du consommateur au producteur,
et répondant aux attentes des clients et de
la société. Notre rôle est d’accompagner
les agriculteurs dans la mise en place de
pratiques « durables », seules capables
L’agriculture est souvent montrée
du doigt concernant son impact sur
l’environnement…
En effet, les pratiques agricoles ont mauvaise presse. Victimes de leur manque de
transparence, elles ont été injustement
accusées de nuire à l’environnement et
même à la santé. Pourtant, de grandes
Christian Rousseau
avancées techniques ont été réalisées, non
seulement pour nourrir davantage de personnes mais aussi pour les nourrir mieux
et ce, à un prix toujours plus compétitif.
Quels sont les services que vous
apportez à vos adhérents pour les
accompagner dans une démarche
d’agriculture durable ?
Nous les accompagnons dans la mise
en place de nouvelles solutions agronomiques : à introduire de plus de biodiversité dans leurs champs, à alterner leurs
cultures, à diminuer le travail du sol, etc.
Pour un suivi optimal, nous définissons
un cahier des charges qui répondent aux
exigences de la société et de leurs clients
afin de de mesurer par la suite leurs avancées économiques, environnementales
et sociétales.
Les agriculteurs ont beaucoup
souffert de la crise. Pourquoi
devraient-ils s’engager dans
l’agriculture durable ?
Ces nouvelles pratiquent durables permettent aux agriculteurs des économies
de charge. Ils se protègent ainsi des fluctuations des marchés. Quand on sait que
les prix de l’engrais peuvent tripler en
quelques semaines, le calcul est vite fait !
S’engager dans l’agriculture durable, c’est
réapprendre à travailler en harmonie avec
la nature, à gérer des écosystèmes tout en
produisant plus et mieux. C’est le futur de
l’agriculture française. De plus, en 2013,
l’Europe mettra en place une « enveloppe
verte », destinée à aider financièrement
les agriculteurs ayant mis en place ces
dispositifs.
52
Reporters sans frontières
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CAHIER ENTREPRISES
Jean-François
Serre
Bois et environnement
Norske Skog Golbey,
une entreprise
responsable, leader
européen du papier
journal
Démarrée en janvier 1992, Norske Skog Golbey est l’une des
usines de production de papier journal les plus modernes
et les plus performantes au monde. Grâce au savoir-faire de
ses 420 collaborateurs et à des équipements à la pointe de
la technologie, l’usine produit chaque année en moyenne
600 000 tonnes de papier journal dont la qualité est reconnue
par les principaux éditeurs et imprimeurs européens.
Pour les besoins de notre production, nous utilisons chaque année
500 000 tonnes de papiers récupérés
principalement issus de la collecte sélective auprès des ménages français. Nous
contribuons ainsi à la valorisation d’un
important volume de déchets et apportons aux collectivités locales une solution
à la fois économique et écologique à la
gestion de leurs déchets.
proposer à nos clients des papiers certifiés PEFC ou FSC. La moitié de nos
approvisionnements sont des rondins
d’éclaircie (activité permettant aux forêts
de bien se développer), et l’autre sont
les plaquettes de scieries. En valorisant
ces sous-produits, nous contribuons à la
bonne santé de nos forêts et nous offrons
aux professionnels de la filière des débouchés pérennes.
L’autre matière première est constituée de
bois provenant exclusivement de forêts
gérées durablement. Nous pouvons ainsi
La prise en compte, dans le cadre
d’une politique d’amélioration continue, de l’impact de notre activité sur
Directeur Achats et Logistique
NORSKE SKOG GOLBEY
Jean-François Serre vient
d’être promu Directeur des
Approvisionnements et de la
Logistique chez Norske Skog Golbey,
après avoir été Directeur des
Approvisionnements pendant 5
ans. Il a rejoint le groupe papetier
norvégien Norske Skogindustrier
ASA en 1993, d’abord comme
Ingénieur R&D au sein des
joint-ventures Sofar et AVP, puis
chez Norske Skog Golbey, avant
d’y devenir responsable de
l’approvisionnement en matières
premières. De 2002 à 2004 il a
occupé le poste de Directeur Général
de la division Fibres Recyclées au sein
de la branche Paper Mills du groupe
norvégien, un poste basé à Sydney.
En 2005 et 2006, il a rejoint Anvers,
en Belgique, pour y diriger l’activité
Mill Recovered Paper Europe. JeanFrançois Serre dispose de plusieurs
diplômes complémentaires :
Bachelor in Biology (University Lyon
I, 1984) ; Forestry Engineer (Ecole
Nationale du Génie Rural des Eaux
et Forêts, Nancy, 1988) ; et Executive
MBA (ICN Group, Nancy, EM
Strasbourg, 2011).
l’environnement, nous permettent d’afficher des résultats exemplaires en matière
notamment de gestion des déchets
(99,9 % de nos déchets de production
sont valorisés en interne ou dans des
filières spécialisées), de gestion de l’eau
(quantité = - 50 % en 20 ans, et qualité),
d’énergie (réduction de la consommation,
choix d’énergies plus propres), de rejets
atmosphériques ou encore de modes de
transport (54 % de nos produits finis sont
acheminés par wagons chez nos clients
à travers toute l’Europe).
Notre usine est certifiée ISO 9001 pour
son système de management de la qualité et ISO 14001 pour son système de
management de l’environnement.
Engagement responsable
Pour être en cohérence avec notre Vision,
notre stratégie d’entreprise prend systématiquement en compte les 4 axes d’un
engagement responsable :
- Social : l’entreprise a placé l’Homme au
cœur de son développement en offrant à
54
ses salariés des conditions sociales favorables, un environnement de travail sain
et sûr et la possibilité de développer leurs
compétences.
- Sociétal, avec le renforcement de notre
influence dans la vie économique et
sociale locale et la promotion de notre
démarche auprès de l’ensemble de nos
parties prenantes, et plus particulièrement
de nos clients et fournisseurs.
- Environnemental, en concentrant nos
efforts sur la réduction de notre empreinte
carbone et le soutien d’une gestion
durable des matières premières.
- Economique : avec le souci d’améliorer la performance globale de notre site
notamment au travers de la maîtrise de
nos coûts, afin d’être une entreprise rentable et pérenne.
La filière bois : regain d’intérêt pour
la fibre de bois.
Si la fibre de bois sous forme papier
connait un marché mature, elle offre
par ailleurs des nouveaux débouchés et
Norske Skog Golbey (NSG) s’y intéresse
de près, tout en restant d’abord, un producteur de papier journal.
L’objectif premier est de développer des
activités autour de son coeur de métier.
C’est ainsi, de manière assez fortuite, que
NSG a rencontré une entreprise, puis s’est
associée avec elle, pour extraire des principes actifs contenus dans le bois, et à
destination de la cosmétique et/ou de la
pharmacologie.
Une autre initiative est la création d’une
grappe d’entreprise appelée « Green
Valley » avec la Société d’Economie Mixte
Epinal-Golbey et d’autres partenaires
financiers.
L’eco- parc ainsi créé accueille des entreprises fabricant des eco-matériaux.
Le suisse Pavatex construit en ce moment,
sur le site, une usine de fabrication de
panneaux isolants à base de bois (60 m€
d’investissements).
Il peut s’agir de plaquettes forestières, de
bois de fin de vie (classe B) ou du bois de
second choix.
Ces demandes supplémentaires de bois
sont bénéfiques pour l’éconmie locale,
mais depuis de nombreuse années, NSG
fait le constat d’un manque de disponibilité supplémentaire en résineux sur
son bassin d’approvisionnement (Nord
Est France). La tempête Lothar en 1999,
l’arrêt du FFN, le morcellement de la
propriété privée forestière et les conflits
d’usage avec le bois énergie concourrent
à la diminution de la disponibilité en
résineux.
NSG s’est associé à l’initiative de l’interprofession Alsace et Lorraine de création
d’un « fond plantations », alimenté par
une contribution de chacun des acteurs
de la filière.
L’initiative privée donne l’exemple !
Ces entreprises trouvent des synergies. NSG mutualise ses couts. C’est
gagnant-gagnant !
A quand l’aide des pouvoirs publiques
pour augmenter l’effet de levier ?
Parmi les services proposés par NSG, il y
a l’approvisionnement en bois pour ces
entreprises de la grappe.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
55
CAHIER ENTREPRISES
Carrière
Savoir réfléchir et se
remettre en question
Entretien avec Dominique Dumazet (Agro 77), Directeur de
l’Audit Interne de la Banque Privée 1818, au sujet des qualités
propres d’un ingénieur Agro dans le secteur bancaire.
Pouvez-vous nous en dire plus sur
votre parcours, et ce qui vous a mené
vers le secteur de la banque privée ?
Je suis issu de la promotion Agro 77.
Une fois diplômé, j’ai passé deux ans au
Niger, dans un centre agricole financé
par le CEA, dans le cadre du Service
National Volontaire à l’Etranger. À mon
retour, je me suis orienté vers le conseil
en organisation, au sein du cabinet Arthur
Andersen. Rapidement, mon goût pour
l’économie m’a mené vers l’institut
IPECODE, en tant qu’économiste. En
1989, j’ai voulu compléter ma formation par un diplôme en CESS FinancesActuariat à l’ENSAE. C’est à ce moment
que je me suis tourné vers la banque.
D’abord à la BRED, comme responsable
de la Gestion de Bilan, puis au sein du
Directoire de la Caisse d’Epargne , en
Loire-Drôme-Ardèche puis en Alsace.
En 2007, j’ai rejoint ce qui était alors la
Compagnie 1818 – Banquiers Privés,
banque privée spécialisée dans la gestion de fortune, à disposition du réseau
des Caisses d’Epargne, devenue depuis
BP1818 (cf. encadré). J’y ai d’abord dirigé
les relations avec les réseaux, et depuis
2010 je suis en charge de l’audit interne.
Quel est le métier d’une banque
privée ?
La mission principale de la banque privée
est de proposer des solutions patrimoniales « sur mesure » à des clients très
exigeants en termes de qualité et de
performances, qui souhaitent optimiser
leur patrimoine et être conseillés sur la
gestion de leurs actifs financiers.biens.
Nous leur proposons également de l’optimisation fiscale, et ce dans le cadre des
56
lois françaises, car la grande majorité de
nos clients sont des résidents français.
Nous nous appuyons sur les réseaux de
BPCE (Natixis, des Caisses d’Epargne et
Banques Populaires en particulier) ainsi
que sur Natixis.à travers tout le territoire. Nous accompagnons ces banques
auprès de leurs propres clients, en leur
fournissant des expertises, des produitsde
l’expertise, des prestations et des conseils
afin qu’ils puissent optimiser le traitement
de leur clientèle.
Nous disposons également d’une clientèle fortunée en propre, plus traditionnelle, qui se développe par prospection
directe.
Un troisième aspect de notre métier
consiste à fournir des services et des
produits dédiés aux professionnels
indépendants de la gestion du patrimoine, par exemple avec des solutions
en matièreoutils de gestion d’actifs ou
de défiscalisation.
Dominique Dumazet
rapport aux autres, car c’est une formation
qui prédispose à une grande ouverture
intellectuelle.mentale. À mon sens, les
sciences de la vie orientent vers la remise
en question et l’innovation. Nous sommes
à la fois généralistes et très adaptables,
en mesure de nous intéresser à des sujets
divers et variés. La polyvalence de cette
formation nous permet de nous adapter
à de nombreux postes, et mon parcours
en est la preuve.
Dans le secteur de la Banque Privéeprivée,
les relations personnelles sont très importantes, car ce sont les hommes, et non les
outils, qui font la différence. D’où l’intérêt
d’avoir un profil ouvert et flexible. Chaque
client est un cas particulier, et il faut savoir
constamment se remettre en question.
On ne peut pas se laisser enfermer dans
des routines. Il faut savoir réfléchir et
s’adapter, et en cela les ingénieurs, en
particulier Agro, sont d’excellents collaborateurs. A ce titre, jeJe pense qu’il y
a une place à redonner aux ingénieurs
dans l’entreprise, en général, et dans la
banque en particulier.
Quels sont les atouts d’un ingénieur
Agro dans le secteur de la banque ??
Il convient d’abord de dire qu’il y a
toujours eu des Agros dans la banque.
Notre EcoleLa nôtre est une Ecole généraliste, et il existe un besoin de ce type
de profils, notamment dans les métiers à
composante financière. La capacité à de
maîtriser des chiffres est plus importante
que jamais aujourd’hui, les banques surveillant de très près leur rentabilité et en
particulier leurs coûts.comptes.
Au-delà de cet aspect technique, un ingénieur Agro a une identité particulière par
La Banque
Privée 1818
La Banque Privée 1818 est née en
2009 de la fusion de la Compagnie
1818 – Banquiers Privés (groupe
Caisse d’Epargne) et de la Banque
Privée Saint-Dominique (groupe
Banque Populaire). Il s’agit
d’une filiale de Natixis, banque
d’investissement et de marché du
groupe BPCE.
Notre cœur de métier, la gestion de fortune
La Banque Privée 1818 vous ouvre de nouveaux horizons sur la gestion de fortune en mettant la qualité
et la diversité de son expertise au service de votre patrimoine. Forte de son savoir-faire, sa vocation
est d’offrir aux grands clients privés, les meilleures solutions pour structurer et gérer leurs actifs.
Entourés
de
spécialistes
de
haut
niveau,
votre
banquier
privé
dispose
des
compétences
indispensables pour vous accompagner dans vos prises de décisions et dans l’élaboration de
vos stratégies aussi complexes soient-elles. Disponibles et réactifs, nos experts gèrent votre
patrimoine en toute transparence en accordant une importance primordiale à la confidentialité.
Cette approche constitue la base de la relation de confiance que nous entretenons avec vous.
La gestion de fortune ne s’improvise pas. C’est notre cœur de métier.
Experte en solutions patrimoniales et financières
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Publi rédactionnel
Avec 270 coopératives sociétaires, InVivo est le premier groupe coopératif
français et l’un des plus importants à l’échelon européen. Présent
sur l’ensemble du territoire français et dans plus de 60 pays, InVivo
rassemble 6 300 collaborateurs en France et dans le monde. InVivo a pour
mission de fournir à ses coopératives partenaires les produits, services,
moyens techniques et humains concourant à leur performance et à leur
différenciation auprès des agriculteurs.
Entretien avec Monsieur Thibaut Constant, Responsable Biodiversité et
Qualité de l’Eau.
conçu par le DIAE.
– Le département R et D dédié à la
mise au point de produits de protection et alimentation alternative
des plantes.
– Le département Agriculture
Durable et Développement est
subdivisé en une équipe Territoire
(Qualité de l’Eau et Biodiversité)
et une équipe Filière. Il emploie
12 ingénieurs.
Présentez-nous la démarche
générale de InVivo
AgroSolutions
Au sein du groupe InVivo, InVivo
AgroSolutions est une entreprise dédiée à la production et à
la recherche de méthodes et de
moyens innovants destinés à renforcer la performance agronomique,
environnementale et économique
des exploitations agricoles. Créée
le 1er juillet 2011 au sein du groupe,
la société anonyme par actions
simplifiées InVivo AgroSolutions est
filiale à 100 % de l’Union InVivo. Elle
emploie 64 salariés dont 60 cadres.
Ses équipes sont groupées au sein
de 4 sous unités :
– Le DIAE (Département Informatique
Agro-Elevage) chargé de la conception, de la réalisation des tests de
produits pilote et de l’assistance
informatique aux utilisateurs.
– Le Département Agronomique
chargé de l’acquisition des références relatives aux pratiques agricoles dans chacun des contextes
culturaux. Ses travaux permettent
de paramétrer les modèles biologiques d’aide à la décision inclus
dans le système d’aide au conseil
Les axes de recherche de InVivo
AgroSolutions portent sur 3 axes
complémentaires :
1) Pour un nouveau système
d’information en milieu rural et un
ensemble d’aides techniques à la
décision :
– Phyto/semences (résistance,
désherbage, fongicide)
– Fertilisation
– Développement de logiciels
2) L’innovation en matière de
protection et nutrition alternative
des plantes
3) L’innovation en gestion de
l’environnement
En complément des objectifs de
performance agronomique, l’une
des missions assignées à InVivo
AgroSolutions consiste à proposer
aux acteurs du monde agricole les
moyens et méthodes permettant
non seulement de réduire l’impact
environnemental négatif, mais de
développer les services ecosystémiques liés aux opérations agricoles.
Ces travaux ont pour objet de déterminer et de montrer la compatibilité
entre une agriculture productive et
respectueuse de l’environnement
performante sur les plans économique, agronomique et environnemental. La stratégie de InVivo
AgroSolutions en ce qui concerne
les thématiques environnementales
peut être résumé en un slogan :
Mesurer pour Gérer et Valoriser la
performance environnementale des
exploitations agricoles
Ces tâches sont confiées au département Agriculture Durable et
Développement.
MESURER l’impact environnemental : un impact peut être évalué par
des indicateurs calculés à partir
de la traçabilité des conseils et
pratiques évoqués et/ou quelques
observations notamment en matière
de biodiversité. Cette démarche
permet, tout d’abord, de décrire
l’efficience environnementale de
l’évolution de pratiques envisagée.
Ensuite, elle permet d’exprimer les
éventuels progrès réalisés en termes
d’incidence sur l’état du milieu plutôt qu’en description de l’évolution
de pratiques disparates toujours
difficile à consolider, et valider les
conséquences des plans d’actions
environnementaux auprès des parties
prenantes.
GERER l’impact environnemental : les
travaux portent sur la qualification de
chacune des opérations culturales
et de leur interaction avec le milieu
naturel en relation avec leur pertinence agronomique et économique.
Ils portent aussi sur l’efficience de
ces méthodes en tant que moyen de
gestion proposé aux agriculteurs et à
leurs conseillers culture. Ils portent
sur la diffusion des compétences
indispensables pour que les agriculteurs et leurs conseillers puissent
prendre en charge la performance
environnementale de leurs systèmes
culturaux.
VALORISER la performance environnementale des systèmes culturaux : L’objectif est de proposer de
nouvelles relations contractuelles
entre les agriculteurs et les parties
prenantes permettant de rémunérer les agriculteurs en fonction des
performances objectives des services écosystémiques qui résultent
de leur activité et de leur mode de
gestion. Les travaux portent sur la
conception de nouveaux services
jusqu’à la mise en place d’opérations pilotes. Ces services sont par
la suite sourcés et mis au marché
par InVivo AgroSolutions. En outre,
le savoir-faire ainsi acquis est mis à
disposition des entreprises de conseil
via les logiciels d’aide au conseil cidessus évoqués.
En quoi consiste l’offre
de compensation ?
Le principe de la compensation
existe en France depuis la loi du
10 juillet 1976 relative à la protection de la nature et est présent dans
le droit communautaire (directives
Natura 2000, directives Projets et
Plans et programmes). La loi Grenelle
II complète le corpus règlementaire
de la compensation en terme de
champ, de suivi et de contrôle.
Dans un cadre propre à chacune
des règlementations concernées
qui en précise les modalités, la
compensation intervient pour
contrebalancer les effets négatifs
de projets de travaux, d’ouvrages ou
d’aménagements, lorsque toutes les
mesures envisageables ont été mises
en œuvre pour éviter puis réduire les
impacts négatifs de ce projet sur la
biodiversité. Elle porte ainsi sur l’impact « résiduel » éventuel d’un projet
qui consiste, en dernier recours, à
mener des actions qui permettent
de maintenir la biodiversité dans un
état équivalent ou meilleur à celui
observé avant la réalisation du projet.
L’expérimentation de l’offre de
compensation consiste, pour un
opérateur, à anticiper la demande
potentielle de compensation dans
des territoires où la pression
attendue sur les milieux est forte.
L’opérateur sécurise des terrains,
via des contrats durables, et les restaure par des actions de long terme
(30 ans au moins) générant une
additionnalité écologique réelle et
mesurable. Ces actions sont menées
par l’opérateur dans la perspective
de les valoriser ultérieurement au
titre de la compensation, via la
vente d’unités auprès de plusieurs
maîtres d’ouvrage ayant l’obligation
de mettre en œuvre des mesures
compensatoires. La vente d’unités
se matérialise par des contrats entre
l’opérateur et un maître d’ouvrage.
La logique d’anticipation de l’offre
de compensation s’inscrit dans la
démarche de prise en compte de
la biodiversité le plus en amont des
procédures. Parmi les avantages
potentiels de ce mécanisme figurent
la mise en place des projets d’envergure liés à la mutualisation des
mesures compensatoires (cohérence
écologique), la réalisation effective
de la mesure compensatoire avant
la survenue de l’impact et le renforcement de sa pérennité.
InVivo AgroSolutions s’est associée à
CDC Biodiversité pour répondre à un
appel à projet d’offre de compensation favorable au Grand Hamster en
Alsace. Le Grand Hamster (Cricetus
cricetus) est une espèce menacée en
Europe, qui du fait de ses exigences
écologiques (sols loessiques, climat
continental, plaine agricole), a une
distribution morcelée. Un noyau de
population isolé existe en Alsace, en
marge ouest de son aire de répartition eurasiatique. Cette espèce est
considérée d’intérêt européen, au
titre de la Directive Habitats (1992).
La France a donc une responsabilité
particulière pour le maintien de ce
noyau de population.
InVivo AgroSolutions et son partenaire local seront chargés de
la contractualisation et du suivi
des agriculteurs partenaires de
l’opération.
Cette opération a pour but de
créer et de gérer pendant 30 ans
des « unités de compensation »
combinant :
– La mise en place de couverts agricoles favorables au Hamster selon un
cahier des charges précis, avec une
rémunération des agriculteurs revue
annuellement. En fonctions des cours
des marchés agricoles.
– Des opérations de renforcement
de population.
– Un budget d’études, de recherche
et d’expérimentations sur le terrain
destiné à tester, par exemple, des
améliorations ou alternatives aux
couverts agricoles contractualisés.
– Les suivis et le reporting pendant
toute la durée de gestion de l’unité
de compensation.
Pouvez-vous nous parler d’un
projet déjà mis en œuvre
de gestion territoriale de la
biodiversité ?
Oui, le projet que nous menons sur
l’amélioration de l’offre alimentaire pour les pollinisteurs. C’est
une étude récente qui porte sur la
quantification de l’offre en pollen et
nectar d’un territoire à forte composante agricole. Les scientifiques
s’accordent aujourd’hui sur l’origine
multifactorielle du dépérissement des
abeilles. Le manque de biodiversité
est souvent cité dans les régions
céréalières. Cette étude menée à
Thiré (85) détermine l’offre alimentaire permise par la diversité des
peuplements végétaux du territoire.
La Direction Agriculture Durable
et Développement d’InVivo
AgroSolutions a mis au point un
logiciel qui évalue, dans le temps
et dans l’espace, le potentiel de
production en pollen et nectar d’un
milieu suite à une caractérisation
fine de la diversité de la flore d’un
territoire. Dans un premier temps,
le Service Agronomie de la coopérative agricole CAVAC a relevé de
manière détaillée la flore composant
le territoire : différentes cultures en
place, principales essences composant les haies et bosquets, longueur
et composition des « banquettes »,
bandes enherbées,… avec un calcul
précis des surfaces concernées (cartographie SIG). Une fois ces données
collectées, InVivo AgroSolutions a
quantifié, grâce à son logiciel, l’offre
alimentaire mensuelle pour les pollinisateurs sur l’ensemble de la zone
d’étude.
L’offre mensuelle en nectar pour les
abeilles dépend de l’importance des
espaces non cultivés et herbacés.
Pour la production de pollen, les
observations sont similaires au
nectar avec à nouveau la démonstration du rôle capital des haies,
forêts et peupleraies en début de
saison. Signalons aussi la part non
négligeable des jardins urbains dans
l’offre de pollen. Le tournesol et le
colza fournissent 60 % du pollen
récolté par les abeilles mais à des
périodes bien délimitées. Un déficit
alimentaire est observé en début et
fin de période d’activité du rucher
sur la commune. C’est un des enseignements que révèle l’étude, mais
certaines modifications des pratiques agricoles peuvent améliorer
ce bilan pour favoriser un fonctionnement optimal du rucher installé au
centre de ce territoire : introduction
de légumineuses dans les bandes
enherbées, de crucifères et phacélie
dans les couverts végétaux, entretien des « banquettes » végétales en
adéquation avec le besoin des pollinisateurs. Cette étude est particulièrement riche d’enseignements et
à renouveler dans différents milieux.
■
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Institutions
En direct
de l’École
Institutions
AgroParisTech signe une
chaire d’enseignement et
de recherche avec Danone
Research
Une chaire d’enseignement et de recherche « Aliment
Nutrition Comportement Alimentaire » a été signée
entre l’école et Danone Research en 2011. Nicolas Darcel,
Maître de Conférences dans l’UFR Biologie et Nutrition
Humaine d’AgroParisTech et coordinateur de la chaire et
Damien Paineau, Responsable de l’équipe Epidémiologie
Nutritionnelle chez Danone Research reviennent sur
les intérêts, l’ambition et les objectifs de cette nouvelle
collaboration.
Qu’est-ce que la chaire Aliment
Nutrition Comportement
Alimentaire (ANCA) ?
La chaire ANCA est une chaire d’enseignement et de recherche qui a pour
thème principal les relations entre les
aliments et la santé de l’homme. Elle a
été créée il y a un an par trois départements d’AgroParisTech (Science de la Vie
et Santé [SVS] – Science des Procédés
Alimentaires et Biologiques [SPAB] – et
Sciences Economiques Sociales et de
Gestion [SESG]) conjointement avec
Danone Research dans le cadre d’une
convention de mécénat. C’est un partenariat de 5 ans.
60
La mission première de la chaire est de sensibiliser et de former les décideurs, actuels
(dirigeants, responsables de santé publique) et futurs (étudiants), du domaine de l’agroalimentaire aux enjeux de la santé par l’alimentation.
Au delà de cette mission première la chaire a pour objectif de faire émerger, dans le
monde académique et dans le secteur concurrentiel, une vision interdisciplinaire des
questions de l’alimentation pour la santé croisant sciences des aliments, sciences du
consommateur et biologie humaine.
Quel est l’intérêt de cette initiative pour
AgroParisTech et Danone Research ?
Nicolas Darcel : Les questions que nous nous posons sont souvent proches et nous
rencontrons les mêmes difficultés méthodologiques, techniques et Scientifiques. C’est
légitime que nous avancions ensemble. Cela permet de renforcer nos liens avec un
opérateur incontournable du domaine agroalimentaire avec lequel nous travaillons
La chaire a été créée il y a un
an, quelles sont les premières
réalisations concrètes ?
Après un an, nous pouvons faire un
premier bilan très satisfaisant avec
notamment une production scientifique
importante sur des sujets très nouveaux
(deux manuscrits sont en cours et un vient
d’être accepté). Aujourd’hui nous faisons
partie des seuls groupes au monde qui
avancent sur les questions de comportement alimentaire avec des techniques
d’imagerie cérébrale.
déjà beaucoup et vers lequel se destinent
certains de nos diplômés. Cette chaire c’est
aussi et surtout une opportunité formidable de porter une vision ambitieuse et
nouvelle sur les questions de nutrition :
partant du principe que ce domaine est
par nature interdisciplinaire, la pertinence
d’une approche développée conjointement
par le public et le privé est bienvenue.
Damien Paineau : Pour nous, il s’agit tout
d’abord de préparer notre environnement
aux enjeux liés à la nutrition sur trois axes :
la compréhension des enjeux, la formation
des décideurs, le partage et le débat. La
chaire va nous permettre de générer des
connaissances scientifiques sur le thème
« nutrition et plaisir » pour mieux appréhender ce sujet, en s’appuyant sur une
approche multidisciplinaire et innovante.
Sur le volet formation, des modules pour
les cadres marketing et les responsables
de santé publique afin qu’ils intègrent
dans leur réflexion une vision globale
de l’alimentation sont déjà initiés. Il est
aussi important de maintenir le débat et
la chaire donne un cadre pour organiser
des rencontres régulières sur les sujets de
recherche qu’elle porte (nutrition et plaisir), en invitant les meilleurs scientifiques
sur le sujet.
La chaire nous permet aussi de créer de
la proximité avec des partenaires académiques clés et d’accéder à leur réseau.
En se rapprochant d’AgroParisTech, nous
pouvons accéder aux différents départements de l’Ecole (biologie, science
de l’aliment, sciences économiques) et
bénéficier de connections avec les laboratoires de nutrition à Wageningen (NL),
San Francisco Davis (US) etc.
Une partie des travaux de la chaire a aussi
consisté à la conception et la mise en
œuvre prochaine de séminaires de sensibilisation aux enjeux de la nutrition à
destination d’opérateurs du secteur agroalimentaire qui n’ont jamais été réellement
sensibilisés à ces questions d’alimentation
et de santé mais dont l’objet de travail
quotidien est l’aliment. Par exemple, un
premier module de formation à destination du marketing de l’agroalimentaire a
été mis en place en février 2012.
Enfin, nous travaillons à la construction de
modules d’enseignements qui prennent
mieux en compte les visions partagées
des approches « nutrition/consommation/
santé », le travail à proximité de Danone
enrichissant notre point de vue d’enseignants ; c’est dans cet esprit qu’un nouveau module sera proposé aux étudiants
ingénieurs de 2e année.
Comment imaginez-vous
la chaire dans 5 ans ?
Nicolas Darcel : Tout d’abord, je voudrais
insister sur le fait que c’est un pari ambitieux, ambitieux parce qu’il vise à faire
collaborer des acteurs qui n’ont pas nécessairement l’habitude de se côtoyer, qui
n’ont pas toujours les mêmes méthodes de
travail et qui ont aussi parfois des objectifs très différents, ceci est souvent vrai
pour les opérateurs privés par rapport aux
personnels académiques mais c’est aussi
vrai à l’intérieur de chaque secteur entre
différentes fonctions ou entre différents
disciplines.
chacun des acteurs et permet de faire
évoluer les points de vue ; la construction d’une vision partagée des enjeux et
défis de recherche, permet de travailler
dans un climat serein tout en revisitant les
approches des uns ou des autres.
Mon ambition à terme c’est de démontrer
que ce type d’initiative est utile et très efficace et que le monde académique autant
que le secteur industriel gagnent beaucoup à s’impliquer, comme dans la chaire
ANCA. Ensemble, nous travaillons pour
que cette aventure se pérennise et attire de
nouveaux partenaires (d’autres opérateurs
industriels, mais aussi d’autres institutions
de recherche par exemple).
Damien Paineau : Si on se projette dans
cinq ans : en lien avec les objectifs initiaux
la chaire aura créé :
– Un environnement sensibilisé à la nutrition en touchant les dirigeants de Danone
(comités de direction, comités exécutifs,
etc.) et responsables de santé publique formés aux enjeux autour de la nutrition pour
qu’ils puissent intégrer dans leur réflexion
stratégique les éléments clés portés par la
chaire (liens aliment – nutrition – comportement, approche multidisciplinaire
et multisectorielle, association nutritionplaisir, etc.)
– Un réseau scientifique actif ayant généré
des résultats marquants : avancées sur les
relations entre nutrition et santé (publications, évènements scientifiques internationaux), conception d’aliments innovants
associant ces deux concepts, services nutrition de nouvelle génération etc.
❙ Propos recueillis par Manon Salle (PG 06)
❙ Nicolas Darcel
Maître de Conférences AgroParisTech
UFR Biologie & Nutrition Humaine (SVS)
❙ Damien Paineau (PG 98)
Danone Research
Responsable Equipe Epidémiologie
Nutritionnelle
Ceci dit, les premiers résultats obtenus
en 2011 et début 2012 sont très encourageants : le dialogue est enrichissant pour
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
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EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Institutions
AgroParisTech investit dans
l’information spatialisée au
service de l’environnement
et des territoires avec
GEOSUD
Mettre en œuvre des stratégies de développement
durable implique de surveiller les évolutions de
l’environnement et des territoires, de comprendre
leurs dynamiques et de partager l’information entre les
différents acteurs pour définir des modes de gestion
concertée. La maîtrise de l’information spatiale, depuis
son acquisition, son traitement et son analyse, jusqu’à
sa gestion et son partage, est donc un enjeu majeur du
Développement Durable. AgroParisTech investit dans ce
domaine via le projet GEOSUD.
D
ès les années 1990, les équipes
d’Agropolis spécialisées dans le
traitement de l’information spatialisée s’étaient regroupées au sein de la
Maison de la Télédétection en LanguedocRoussillon afin de mettre leurs forces en
commun dans un espace de collaboration
efficace et lisible. Ces équipes rattachées
à quatre établissements d’enseignement
supérieur et de recherche, AgroParisTech,
CIRAD, IRD et IRSTEA (ex-Cemagref),
ont ainsi pu développer un savoir-faire
reconnu dans la maîtrise de l‘information
spatialisée. Cette reconnaissance porte sur
la production scientifique, sur le transfert
62
de technologie (6 entreprises sont actuellement en incubation sur le site) ainsi que
sur un important volet de formation, porté principalement par AgroParisTech ; à côté
de formations académiques classiques (masters, doctorat), nous proposons sur le site
une offre très large en matière d’Executive education avec des programmes qualifiants
(catalogue annuel d’une trentaine de sessions courtes pour les ingénieurs et les chercheurs), certifiants (Certificat d’Etudes Avancées en Géomatique) et diplômants (Mastère
Spécialisé SILAT, formation unique en France de chefs de projet géomatique).
Cette réussite justifiant d’être consolidée et amplifiée, les quatre tutelles ont donc voulu
logiquement élargir la voilure et conforter à l’horizon 2020, un pôle d’excellence européen.
GEOSUD : un constat et quatre objectifs
Au-delà de l’expérience acquise par ces équipes, il s’avère que la communauté scientifique du domaine « Gestion des Ressources et des milieux » est encore faible utilisatrice
de ces informations et de ces données,
ce qui constitue un frein au développement de méthodes adaptées mobilisant
la télédétection et à leur valorisation par
les acteurs opérationnels dans la conduite
et l’évaluation des politiques publiques.
Trois facteurs « limitants » semblent expliquer cette faible utilisation :
– la difficulté d’accès aux données
(images) satellitaires et leur coût.
– le manque de formation à l’utilisation
de ces techniques
– une capitalisation insuffisante des développements méthodologiques réalisés.
L’initiative GEOSUD (GEOInformation
for SUstainable Development) s’articule
donc autour de 4 objectifs :
1. Développer des programmes de
recherches sur les méthodes et outils de
maîtrise de l’information spatiale pour
la gestion de l’environnement et des
territoires.
2. Transférer les méthodes et les savoirfaire vers les partenaires économiques
publics et privés, collectivités territoriales
et entreprises.
3. Développer des offres de formations
dans le domaine de l’information spatiale.
4. Faciliter l’accès à l’information spatiale
pour la communauté scientifique et les
gestionnaires publics.
Les projets GEOSUD :
L’initiative GEOSUD, portée par quatre
« membres fondateurs » (AgroParisTech,
CIRAD, IRD et IRSTEA), est ouverte aux
partenaires intéressés par les projets et les
chantiers qui sont mis en œuvre dans le
cadre de ce pôle, et notamment :
1. Le projet CPER : mise en place
de l’infrastructure immobilière et
technologique
Dans le cadre du Contrat de Projets EtatRégion 2007-2013, sont mis en place :
– une extension immobilière permettant
à la fois d’envisager le développement
des équipes, de permettre l’accueil élargi
d’entreprises et de doubler les capacités
de formation.
de l’imagerie satellitaire, des observations et prévisions météorologiques et
de l’expertise agronomique et est articulée
autour de 3 actions :
– une station de réception d’images
satellitaires et une plate-forme de calcul
scientifique.
1. le renforcement des compétences
nationales.
2. L’Equipex GEOSUD : mise en place
d’une plateforme de mutualisation
de données satellitaires pour les
utilisateurs publics
Le projet Equipex-GEOSUD, retenu en
2011 au titre des investissements d’avenir, fédère autour des quatre membres
fondateurs un cercle élargi de 14 institutions (IGN, Université de Montpellier II,
AFIGEO, réseau des CETE du Ministère
de l’Ecologie, entreprises, etc.).
– Il met en place un dispositif de mutualisation de données d’observation de la
terre.
– Il diffuse des couvertures satellitaires
annuelles du territoire français (outremer compris) libres de droit pour tous les
utilisateurs publics ; la couverture 2010 est
en diffusion, la couverture 2011 en cours
de finalisation.
– Il organise par l’animation et la formation, le transfert de méthodes d’analyse
et de valorisation de ces données pour la
gestion des territoires (consommation de
terres agricoles, tâche urbaine, cartographie des zones humides, etc.).
3. Le projet GEO-GLAM : dispositif
international de suivi des surfaces
mises en culture et des estimations de
récolte.
L’ i n i t i a t i v e G E O - G L A M ( G l o b a l
Agricultural Monitoring) a été approuvée
le 23 juin 2011 par les Ministres de l’Agriculture des pays du G20 réunis à Paris.
Elle est officialisée dans le Plan d’Action
du G20 visant à lutter contre la volatilité
des prix agricoles.
Elle a pour objectif général de renforcer
les capacités de suivi et de prévision des
productions agricoles et de promouvoir le
partage et la diffusion de ces informations.
Elle s’appuie sur une utilisation intensive
2. le soutien aux systèmes de suivi régional
et global existants et la mise en place de
programmes de recherche internationaux
pour améliorer la qualité des prévisions.
3. la mise en place d’un dispositif satellitaire international pérenne dédié.
Il s’agit ainsi de mettre en place un dispositif international en réseau pour le suivi
de l’agriculture, comparable à ce qui existe
dans le domaine de la météorologie.
Initiée par la France, l’initiative GEOGLAM est aujourd’hui coordonnée par
GEOSUD et GEO (Group on Earth
Observation) et regroupe une douzaine
de pays. A terme elle sera portée par GEO
(Group on Earth Observation) et sera
menée en lien étroit avec la FAO et WMO.
Conclusion
L’initiative GEOSUD se fixe donc pour
objectif le développement d’un Centre
international de recherche et de transfert
en télédétection et information spatiale
pour le développement durable.
En contribuant à créer un continuum de
compétences des acteurs de la recherche
aux acteurs économiques (publics et privés, collectivités territoriales et entreprises)
dans ces domaines, GEOSUD constituera
un pôle d’excellence qui contribuera au
développement des usages de l’information spatialisé, tant au niveau européen, dans le cadre de GMES (Global
Monitoring for Environment and Security)
et qu’au niveau mondial, dans le cadre
de GEO (Group on Earth Observations).
Pour sa part, AgroParisTech y tiendra toute
sa place, en particulier en élargissant et
en diversifiant son offre de formation
pour répondre aux enjeux de l’initiative
GEOSUD et contribuer à son succès.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
❙ Pierre Bazile, Directeur-adjoint,
UMR TETIS AgroParisTech
63
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives
12 000 km à vélo sur les
routes de l’innovation
Voilà une entrée sportive dans la vie active ! Depuis le 14 janvier 2012, Jeoffrey Moncorger
et Sylvain Morvan, deux diplômés d’AgroParisTech, promotion 2007, parcourent l’Europe
à bicyclette, pour un « Tour des Champs » de 12 000 km.
L’
Europe en quelques coups de
pédales. A l’heure où leurs camarades s’installent dans leur premier emploi, ces deux jeunes ingénieurs
se sont lancés dans un défi sortant des
sentiers battus. Un parcours de 12 000 km
sur les routes du Vieux Continent…
Il ne s’agit pas d’un simple « voyage
d’agrément », puisque ces passionnés ont
décidé d’explorer l’espace rural européen
afin de réaliser une étude sur les innovations dans l’agriculture : « Quelles innovations pour une agriculture européenne
durable ? ».
64
Une étude itinérante sur l’agriculture durable en Europe
Avant de grimper sur leurs vélos, Joeffrey et Sylvain ont identifié une vingtaine d’innovations, qui portent sur les domaines des grandes cultures et de l’élevage, et visent à
améliorer la production en quantité et en qualité, ou à limiter les impacts environnementaux des activités de production. Les exploitations européennes concernées par
ses innovations seront visitées au cours du circuit. C’est au gré de leurs découvertes et
de leurs rencontres que nos deux cyclistes analysent les innovations qui valorisent les
exploitations agricoles au sein des territoires.
Au cours de leur expédition, ils publient régulièrement des articles décrivant leur voyage
dans ses dimensions humaines et agricoles (sur leur site Internet www.untourdeschamps.fr
dans la rubrique « Carnet de voyage »).
A leur retour, l’étude sera diffusée à leurs partenaires et sponsors et ils partageront leurs
De ces diverses expériences a germé
l’idée de faire le tour de l’Europe à vélo.
En mars 2011, de retour à Paris ils créent
l’association « Un Tour des Champs »,
avec le projet de partir dès l’obtention,
en décembre, de leur diplôme d’ingénieur AgroParisTech. Ils comptent profiter
d’une période transitoire entre la fin des
études et l’entrée dans le monde du travail pour parcourir le Vieux Continent à
vélo…Ce périple marquera la fin de leur
vie étudiante et ils espèrent en recueillir
une expérience précieuse pour leur avenir.
Partis le 14 janvier 2012 du parvis de
Notre-Dame, les deux amis ont prévu
de pédaler dans 23 pays et de parcourir
12 000 km en sept mois.
Après avoir évolué le long de la
Méditerranée jusqu’à la Grèce, fait un
détour par la Turquie, nos vélocipédistes
remonteront bientôt en direction de la
Finlande et de la Suède en traversant la
Bulgarie, la Roumanie et les pays baltes.
Ils sillonneront ensuite les routes du
Danemark avant de redescendre vers la
France, en passant par l’Allemagne et
le Benelux. Après 70 km parcourus par
jour en moyenne, c’est aux alentours du
15 août que les deux compères seront
accueillis à Paris par les amis, la famille,
les partenaires et les sponsors, dont
AgroParisTech qui parraine ce « Tour des
Champs ».
Jeoffrey Moncorger et Sylvain Morvan (APT 07)
observations à travers des conférences, des
expositions ou des rapports.
Partager cette expérience de
l’agriculture européenne
Les jeunes diplômés se sont fixés un deuxième objectif qui est de partager cette
expérience, de faire découvrir l’agriculture
et ses enjeux au grand public, de montrer
aux plus jeunes la richesse des exploitations agricoles et leur dynamisme.
Ils ont mis en place un projet pédagogique
à destination d’enfants et d’adolescents.
Au fil de leur tour d’Europe, ils échangent
chaque semaine (par Internet) avec les
élèves de CM2 des écoles primaires
qu’ils ont fréquentées (Neuvy (03) et
Coudray Montceau (91)), et ils partagent
également leur voyage avec des enfants
hospitalisés (par le biais de l’association
l’Enfant@l’hôpital).
Ces différentes étapes enrichiront incontestablement leur savoir et cette expérience formidable sera un atout majeur
pour la construction de leur projet professionnel d’« ingénieur agronome »…
2 amis, 1 passion
commune, 12 000 km
Ce projet est le fruit d’une amitié entre
deux étudiants aventuriers. Jeoffrey et
Sylvain se sont rencontrés sur les bancs
d’AgroParisTech et c’est sur les sentiers du
GR20 en Corse, en 2010, que leur amitié
est née. La passion commune du voyage
et de l’aventure les a ensuite conduits à
effectuer, dans le cadre de leurs études, un
stage long de sept mois en Amérique du
Sud pour une association équatorienne.
Les deux baroudeurs ont alors réalisé
plusieurs voyages et ascensions sous le
ciel andin.
Pour suivre leurs leur périple et leurs
découvertes et accéder à leur carnet de
voyage : www.untourdeschamps.fr
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
65
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives des étudiants
Les Randonneuses
de l’Agro participent
à l’Oxfam Trailwalker
Qu’est-ce que l’Oxfam
Trailwalker ?
Il s’agit d’un territoire de moyenne montagne où la forêt et l’eau sont omniprésents avec des paysages magnifiques.
Le Trailwalker Oxfam, c’est l’aventure
de personnes ordinaires qui décident
de relever un défi sportif extraordinaire : marcher 100 km en 30 heures
maximum par équipe de 4 personnes
sans relais. Le Trailwalker Oxfam s’est
développé depuis 25 ans, pour devenir
un événement international majeur
auquel des milliers de personnes ont
déjà participé dans une dizaine de
pays (Australie, Nouvelle-Zélande,
Angleterre, Belgique, Japon…).
Quand ?
Le 12 et 13 mai 2012.
Départ de la course samedi 12 mai à 7 h 00, arrivée dimanche 13 mai à 13 h 00.
Où ?
Dans le Parc naturel régional du
Morvan :
Situé à 200 km au sud de Paris et à
70 km à l’ouest de Dijon, il traverse
les 4 départements de la Bourgogne et
173 000 ha de zones protégées.
66
Pourquoi ?
La participation à ce trail représente un soutien moral et financier à l’association de solidarité internationale, OXFAM France – Agir ici, qui lutte contre
la pauvreté et l’injustice dans le monde. En effet, chaque équipe s’engage à
collecter au moins 1 500 € au profit de cette association.
Qui sont les Randonneuses de l’Agro ?
4 filles, 4 sportives, 4 étudiantes en 3 e année à AgroParisTech, mais surtout, 4
amies qui ont envie de relever un défi un peu fou.
Lauriane Buffé
Age : 22 ans
Sports pratiqués : Fitness, Athlétisme, Footing…
Responsable motivation : aime redonner le sourire dans les moments difficiles
et ne se décourage jamais.
Magali Renard
Age : 22 ans
Sports pratiqués : Hip-Hop, Rugby,
Footing…
Responsable entrainement sportif :
débordante d’énergie, quelles que
soient les conditions extérieures,
Magali est toujours prête pour aller
faire un peu de sport ! Même au cœur
de l’effort, elle ne perd jamais son
sourire.
Cécile Guyot
Age : 22 ans
Sports pratiqués : R u g by, B a s k e t ,
Footing…
Responsable communication : aime
s’arracher les cheveux sur la création
de sites web, d’affiches, de brochures
et d’articles.
Claire Saingre
Age : 21 ans
Sports pratiqués : Tennis, Handball,
Footing…
Responsable logistique : aime l’organisation, faire des « to do » listes et
avoir un planning bien structuré !
Q u a t re p e r s o n n a l i t é s d i f f é re n t e s
et complémentaires qui réunissent
toutes les qualités nécessaires pour
venir à bout de ce défi de taille.
Outre les « randonneuses de l’Agro »,
quatre autres équipes sont également engagées à Nancy ou encore
à Grignon sous le nom de « L’agro
se balade ». Des équipes de quatre
également très motivées qui ont déjà
organisé trois week-ends de randos
dans le Morvan, en Suisse Normande
et dans le Nord pour s’entraîner. Ils
font également leur maximum pour
récupérer des fonds : vente de gâteaux
à la sortie de l’amphi, à la sortie d’une
messe, présentation du trail Oxfam
lors du conseil d’administration du
Syndicat apicole artésien, recherche
de sponsors auprès de Leclerc,
Chicorée Leroux, mairies…
Un événement qui montre encore
l’engagement des étudiants
d’AgroParisTech…
En bref !
Gala AgroParisTech 2012
Le Gala AgroParisTech 2012 a eu lieu le 27 janvier
à la Chesnaie du Roy, dans le cadre prestigieux
du Parc Floral de Vincennes. Cette 21e édition de
l’événement a rassemblé plus de 1 300 étudiants
principalement d’AgroParisTech et du réseau
ParisTech pour un « Vol Paris-New York » riche
en émotions.
Les étudiants étaient nombreux à patienter
avant même l’ouverture des portes, rivalisant
d’élégance et de bonne humeur. C’est donc avec grand plaisir que l’équipage organisateur,
composé de quatorze élèves ingénieur de deuxième année, tous sites confondus, a pu dévoiler
l’ensemble du lieu richement imprégné de l’atmosphère des deux villes.
La soirée a débuté par le traditionnel cocktail où la présidente de l’association a pu remercier
chaleureusement les entreprises, l’école, AgroParisTech Alumni et les invités, qui ont tous
contribué à la réussite de ce projet. S’en est suivi un défilé des élèves de première année
sur le thème de l’élégance française, puis la soirée s’est ouverte au reste de l’assemblée :
concerts étudiants et professionnels, French Cancan, annonce des gagnants de la tombola
et danse se sont succédés dans la grande salle, tandis que l’étage supérieur jouissait d’une
ambiance plus feutrée dans la tradition New-Yorkaise, entre bar à cocktails surprenants et
bar à oxygène.
La soirée s’est achevée par le désormais célèbre « Open Petit Déj’ » New Yorkais dans une
grande satisfaction des invités et de l’équipe organisatrice, fière de pouvoir annoncer la
réussite de cette soirée.
❙ Marie Montliaud, Présidente de l’association loi 1901 « Le Gala AgroParisTech »
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
67
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives des étudiants
Les Débats de l’Agro
s’interrogent : que peut-on
attendre des entreprises
alimentaires et des pouvoirs
publics en nutrition ?
Quelle est la part de responsabilité des entreprises
au sein du triptyque pouvoirs publics – entreprises –
consommateurs quant aux questions de nutrition ?
Qu’est-il légitime d’exiger d’une entreprise ? Quelle
part de responsabilité reste aux consommateurs ?
A
utant de questions bien d’actualité
auxquelles Les Débats de l’Agro
se sont confrontés lors de la dernière conférence, le 4 avril 2012.
Après une brève introduction des principaux enjeux du débat par François
Mariotti, maître de conférence en nutrition humaine à AgroParisTech, Cécile
Rauzy, diététicienne et chef de projet
Qualité-Nutrition à l’ANIA (Association
Nationale des Industries Alimentaires)
et le Dr Michel Chauliac, responsable du
Programme National Nutrition Santé,
ont présenté la vision et l’engagement
de leur organisation dans la prise en
compte des enjeux de santé publique liés
à l’alimentation.
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L’ANIA, l’interprofession engagée pour plus de
responsabilité des IAA françaises en nutrition et santé
Cécile Rauzy est revenue sur les 4 axes d’action de l’ANIA :
– L’optimisation progressive de la qualité de l’offre alimentaire. A titre d’exemple, le sel
a été diminué de 23 % dans les soupes entre 2002 et 2006 en France.
– L’éducation et l’information des consommateurs, notamment au travers d’un étiquetage
nutritionnel qui va être rendu obligatoire et uniformisé sur l’ensemble des produits.
– La communication responsable, par exemple par le retrait des publicités télévisées
pendant les plages horaires destinées aux programmes pour les enfants.
– Le soutien de la recherche.
L’engagement des
industriels dans le Plan
National Nutrition Santé
Le Dr Michel Chauliac, responsable
PNNS au Ministère de la Santé, a rappelé l’enjeu de santé public induit par
les problématiques nutritionnelles : les
maladies cardio-vasculaires et les tumeurs,
dont la nutrition est l’un des facteurs, sont
chacune la cause de plus de 25 % des
décès. Et ce avec de très fortes disparités sociales. Il a insisté sur l’importance
des chartes d’engagement PNNS avec
les entreprises. Leur but : améliorer la
qualité nutritionnelle et les conditions de
la commercialisation des produits alimentaires. Une trentaine d’entreprises se sont
déjà volontairement engagées et 6 sont
arrivées au bout de la procédure. Elles
peuvent aujourd’hui utiliser la mention
« Entreprise engagée dans une démarche
nutritionnelle encouragée par l’Etat
(PNNS) » dans leurs communications.
sur « Epidémie d’obésité : comment y
faire face ? ».
C’est une démarche volontaire qui est
prônée. D’autant plus volontaire qu’avec
la nouvelle réglementation (2007) sur les
allégations nutritionnelles et de santé, il
faut un effort encore plus grand du point
de vue de l’amélioration nutritionnelle
(diminution d’au moins 30 %, par exemple
de sel, de sucres, de matières grasses par
rapport au produit de référence) pour être
autorisé à l’utiliser comme argument de
vente.
❙ Valérie Duhtoit et Claire Froehlicher
(AP 10), Présidente et Vice-trésorière
des Débats de l’AGRO
[email protected]
Le Comité de Rédaction de Symbiose
vous invite à retrouver dans le « Regards
Sur… » du numéro 2 un dossier complet
Abstract
Les Débats de l’AGRO is a students’
organization, which mission is to
organize debates on trendy societal
issues and subjects. On April 4th, the
theme was the social responsibility
of food companies and authorities in
matter of nutrition.
Poursuivez le débat…
Après une synthèse par Patricia Gurviez, maître de conférence en marketing et comportement des
consommateurs à AgroParisTech, un échange entre les intervenants et le public a permis de poursuivre le débat : nous vous invitons à consulter notre page Internet où la vidéo du débat sera bientôt
disponible pour en savoir plus sur ce sujet !Vous avez dit Les Débats de l’AGRO ?
Fondée en 2004, l’association a pour objectif de susciter réflexions et débats. Elle est animée par un
bureau d’étudiants d’AgroParisTech. Les ressources dont elle dispose (compte-rendu, vidéos) sont à
disposition sur son site internet que vous êtes chaleureusement invités à visiter.
www.agroparistech.fr/etudiants/debats/sommaire.php3
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
69
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives des étudiants
Les étudiants rencontrent
des dirigeants de grandes
entreprises
Jean-Pierre Duprieu (PG 72) et Jean-Yves Hocher (PG 75,
Gref 79)
Le 10 janvier 2012, Jean-Pierre Duprieu, Directeur Général
Adjoint d’Air Liquide (PG 72) et Jean-Yves Hocher, Directeur
Général Délégué du Crédit Agricole (PG 7 5-Gref 79) sont
revenus dans les locaux de Claude Bernard, le temps
d’une conférence, afin de faire partager aux élèves leur
expérience de dirigeant de grandes entreprises.
Cette conférence introduite par Gilles Trystram, Directeur
Général d’AgroParisTech et Stéphane Boussely (PG 04),
représentant d’AgroParisTech Alumni, a été l’occasion
pour les étudiants d’échanger avec les deux invités sur : le
métier de dirigeant, le management ou encore les atouts
de la formation agro.
Quel a été votre parcours après la sortie de l’Agro ?
Pouvez-vous nous présenter
brièvement vos entreprises ?
JY.H : Le Crédit Agricole est une banque
dite de détails (commerces, artisans, particuliers) qui rassemble tous les métiers,
mais c’est également une banque pour les
très grandes entreprises.
JP.D : Air Liquide est une entreprise qui
vend du gaz industriel pour une grande
variété d’industries et de secteurs regroupant le domaine médical mais aussi la
sidérurgie, l’aciérie, le pétrole ou encore
l’agro-alimentaire. Pour donner quelques
chiffres, Air Liquide est une entreprise
cotée au CAC 40 qui fait environ 15 milliards d’euros de CA et qui emploie
quelques 46 000 hommes dans plus de
80 pays.
70
JP.D : A la sortie de l’Agro, j’ai fait mon service militaire et suis entré chez Air Liquide
un peu par hasard, dans un service de marketing international pour la promotion de
ventes d’azote liquide dans le domaine alimentaire. Ensuite j’ai fait beaucoup de terrain
en France, en tant que vendeur. Il est très important de faire du concret, d’apprendre
un métier sur le tas. Repéré comme haut potentiel dans l’entreprise, j’ai été chef de
projet auprès du directeur général, puis directeur général des opérations françaises. J’ai
ensuite supervisé les opérations en Asie et passé 5 ans au Japon. De retour en France
depuis 2010, je suis désormais Directeur Général adjoint du groupe.
L’ingénieur agro a le sens de la matière
humaine et de la gestion des hommes. – JP.D
JY.H : Après l’Agro, j’ai intégré l’ENGREF, puis fait mon service militaire. J’ai longtemps
travaillé dans l’administration au Ministère de l’Agriculture puis au Ministère des Finances
avant d’être embauché par le Crédit Agricole. Après avoir dirigé diverses entreprises
au sein du Groupe, j’ai été nommé Directeur Général délégué à la Direction Générale
à Paris. Depuis, je supervise les actions des banques privées et de CA-CIB, banque de
grandes entreprises et de marchés.
Pensez-vous que votre
formation Agro vous a aidé
dans votre parcours ?
JP.D : Le sens du vivant vous servira dans
votre carrière. La biologie telle qu’on l’apprend sert dans le management d’entreprise et dans les relations humaines.
L’ingénieur agro a le sens de la matière
humaine et de la gestion des hommes. La
capacité de douter est très importante et
permet de prendre de solides décisions.
Notre formation Agro nous prédispose à
la différenciation et à l’incertain. C’est un
cadrage très propice dans le cheminement
d’une carrière chez Air Liquide.
JY.H : Je n’ai pas suivi le domaine du
vivant. Je suis entré directement dans les
services. Mon passage en prépa et mes
connaissances en mathématiques sont
très utiles pour la bonne compréhension
des techniques financières. Le caractère
généraliste de l’ingénieur Agro est un plus.
Nous ne ressentons pas d’appréhension
pour aborder des domaines inconnus.
La formation de biologie ne délivre pas
de certitude donc pas de pré-formatage
et d’a priori.
Monsieur Durieu, comment
envisagez-vous la suite ?
JP.D : Je prends beaucoup de temps pour
préparer le futur et identifier les hauts
potentiels de l’entreprise : assurer sa
Il faut laisser une grande place au
changement dans l’entreprise. – JY.H
succession est une question que se pose
tout dirigeant. Par exemple, nous passons
deux journées par an pour en discuter en
équipe au sein du Comex.
Monsieur Hocher, pouvezvous nous dire ce que
votre formation à l’ENGREF
vous a apporté ?
JY.H : Une fois diplômé de cette école,
l’administration vous propose d’emblée un
poste à responsabilité élevée. L’ENGREF
permet un début de carrière intéressant.
De plus, si l’on ne veut pas rester dans
l’administration on peut raisonnablement
espérer intégrer une entreprise privée.
Les étudiants et jeunes
diplômés rêvent souvent
d’expérience à l’international
mais est-ce que partir
travailler tôt à l’étranger
représente un frein pour
un retour en France ?
JP.D : Je suis un défenseur du travail à
l’étranger, j’ai réclamé l’expatriation tout
au long de ma carrière et suis finalement
parti à 52 ans. Je vous conseille de partir
dès la première occasion, même si c’est
parfois difficile en début de carrière car
on manque de compétence. Une des solutions peut être le VIE.
JY.H : Il est indispensable d’avoir passé
du temps à l’étranger, si possible tôt.
L’internationalisation des grandes entreprises françaises est récente mais ceux
qui y entrent aujourd’hui doivent rapidement aller à l’étranger. Il semble important
de travailler 2-3 ans avant de partir. Les
jeunes qui ont du talent et qui sont partis
ont l’opportunité de carrières variées.
JP.D : Tout ce qu’on apprend à l’étranger,
c’est à dire une expertise, un savoir-faire,
une nouvelle culture ne peuvent malheureusement pas venir de l’école.
Pouvez-vous nous raconter
une de vos journéestypes, la journée d’un
dirigeant d’entreprise ?
JY.H : Une journée type c’est un agenda,
des réunions de direction, de comité… La
direction générale symbolise le pouvoir
dans l’entreprise. Il existe un danger lié à
l’agenda rempli sans se laisser le temps de
penser. Aussi il faut réussir à se dégager
du temps pour penser et prendre du recul.
Il faut garder un contact avec la réalité et
les gens qui vous entourent.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
71
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives des étudiants
à l’échelle de l’entreprise. Il est primordial
de passer du temps à expliquer mais le
dirigeant est aussi le garant que la décision soit exécutée. Il évite ainsi que l’on
s’écarte des stratégies posées. D’autre part,
je veille à ce que l’intelligence humaine ait
toute sa place dans les décisions, à ce que
l’entreprise ne soit pas trop centralisée.
Quelle est votre marge
de manœuvre dans vos
prises de décision ?
JP.D : Une marge de manœuvre très
importante, mais un cadre défini, en
particulier influencé par le fait d’être une
société cotée soumise aux attentes du
marché.
JY.H : Large, mais une grande entreprise
ne change pas si facilement. Le risque est
qu’elle intègre de manière trop lente par
rapport à la réalité extérieure.
Etre dirigeant, est-ce
être politicien ?
JY.H : Au Crédit Agricole, oui probablement, mais de manière générale dans les
très grandes entreprises, il y a forcément
une dimension politique compte tenu de
l’importance du facteur humain.
La formation de biologie ne délivre pas
de certitude donc pas de pré-formatage
et d’a priori. – JY.H
JP.D : Il est nécessaire de voyager pour
rester au contact du terrain, au contact
des parties prenantes. Une journée est
principalement faite de réunions avec
les collaborateurs. Le plus important est
d’inclure et de gérer les instants privés
de l’agenda.
En quoi consiste concrètement
le métier de dirigeant ?
JY.H : Faire travailler les autres, constituer
une équipe à même de diriger, accepter
le fait qu’on ne comprend pas tout donc
accepter de déléguer. Avec cette équipe, on
envisage le futur de l’entreprise. Ainsi on
élabore une stratégie à 3-4 ans et on vérifie
que l’organisation de l’entreprise ne fera
pas obstacle à sa stratégie. Il est important
de laisser une place au changement dans
72
l’entreprise.
JP.D : Des objectifs chiffrés. On s’appuie
toujours sur les personnes que l’on connaît
bien (bien connaître les employés est une
des spécificités d’Air Liquide). Il faut avoir
l’adhésion des équipes et savoir créer le
consensus pour exécuter la stratégie. Les
décisions de fond, stratégiques, sont rarement prises par un seul homme. Un bon
dirigeant sort de son bureau, voyage, et
va au contact des organisations avec lesquelles il travaille.
Être grand dirigeant, estce rechercher l’adhésion
ou le consensus ?
JY.H : Plutôt le consensus : une fois le
consensus établi, on recherche l’adhésion
JP.D : Non, pas vraiment, même s’il faut
avoir un sens politique pour embarquer
toute une équipe et voir les projets à un
horizon 20 ans.
Naît-on ou devienton manager ?
JY.H : Un peu des deux, ça s’apprend,
c’est un métier. Il existe deux types de
managers : le généraliste et le manager
de compétences. La vraie question est de
savoir qui l’on est.
❙ Soirée organisée et propos recueillis
par les étudiants de troisième
année Baptiste Farrando (APT 09),
Lucie Chaplain (APT 08)
et Félix Lamolinerie (APT 09)
« Question de Genre »
s’interroge sur la
représentation du Féminin
et du Masculin dans
le monde du travail
O
rganisé par Kevin Morel et
Margot Pouppeville (étudiante en 3e année, spécialisation Gestion innovation et Performance
des entreprises), le grand débat sur
« Représentation du Féminin et du
Masculin dans le monde du travail », le
25 janvier dernier, dans l’amphithéâtre
Tisserand, a permis un débat riche et passionnant avec pour intervenants :
Tatiana Giraud,
Directrice de Recherche au CNRS
Directrice adjointe de l’UMR Ecologie,
Systématique et Evolution, d’Orsay et
Professeur à l’Ecole Polytechnique.
Biologiquement qu’appelle-t-on un homme ? une femme ?
Plus loin fut avancé que la division sexuelle du travail, ou la répartition du travail dans
le monde de l’entreprise, a deux caractéristiques. Elle confère à certains métiers une
dimension plus masculine et à d’autre une dimension plus féminine. Il n’y aurait donc
pas de métier neutre.
Elle hiérarchise : les travaux des hommes valent plus que les travaux des femmes, ce que
Françoise Héritier appelle la « valance différentielle des sexes ». Dès lors qu’un métier
est pris en charge par des femmes, on s’aperçoit qu’il perd en valeur et en qualification
et qu’il est moins reconnu.
« Il n’est pas question de nier le sexe et ses conséquences biologiques, mais de contester les usages qui en sont faits, et qui vont au-delà des questions de reproduction »
(Sabine Fortino).
Sabine Fortino,
Maitre de conférence à l’Université de
Nanterre, et Spécialiste en sociologie du
travail et du genre.
« Les sociétés ont tendance à surdéterminer la différentiation biologique en assignant
aux deux sexes des fonctions différentes, séparés, hiérarchisées, divisées que l’on ne
retrouve pas seulement dans la reproduction mais dans l’ensemble du corps social ».
Gonzague Jobbé Duval,
Consultant et formateur en égalité professionnelle femmes/hommes.
« Beaucoup de femmes sont très désireuses de poursuivre leur carrière et ne le peuvent pas car
les entreprises mettent des conditions insurmontables à leur promotion. Au bout du compte,
les entreprises sont perdantes car elles se privent de talents » (Gonzague Jobbé-Duval)
Armelle Bernard Sylvestre,
Responsable de la stratégie et des relations
institutionnelles à Eaux de Paris.
Et cette prise en considération du genre dans l’entreprise choque toujours, car à l’annonce
de son métier, Gonzague Jobbé Duval continue d’entendre « Ah ! Vous vous occupez
des femmes ! », alors qu’il s’occupe du rapport entre hommes et femmes.
La question fondamentale soulevée lors
de cette conférence fut « comment penser
autrement l’organisation du travail dans
le monde de l’entreprise ».
Dès qu’il est question de l’« égalité » professionnelle (beaucoup préfèrent parler de
« mixité » (moins contraignant), l’impératif est souvent de ne pas heurter les hommes,
de ne pas faire apparaître les femmes comme des rivales, de mettre en avant l’intérêt
des hommes.
Le débat commença avec des notions biologiques très intéressantes, présentées par
Tatiana Giraud.
Armelle Bernard posait cette question : « Plutôt que cette logique d’opposer hommes et
femmes et de percevoir les femmes toujours comme des mères « fortement absentes »,
il faudrait aborder la question sous l’angle de l’organisation du travail et de la prise en
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
73
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
Initiatives des étudiants
AgroParisTech accueille une initiative étudiante :
la cellule « Question de Genre »
Les objectifs de la cellule créée cette année sont :
– Proposer un soutien humain aux étudiants en questionnement
par rapport à leur orientation sexuelle
– Initier une réflexion sur les questions de genre au sein de la
communauté AgroParisTech.
– Inscrire AgroParisTech dans la réflexion sur les problématiques
sociétales et la lutte contre les discriminations lié aux genres ou
à l’orientation sexuelle.
« Le but était d’apporter à l’école une autre dimension » affirme Kévin Morel, étudiant en 3e année. «
Cela permet d’intégrer une réflexion plus humaine et sociale au sein de l’école ». A l’heure où d’autres
grandes écoles et universités françaises possèdent depuis des années des associations de ce type, il est
temps pour une école des sciences du vivant d’oser la réflexion sur ces sujets encore sensibles. Dans
un mode en mouvement comme le nôtre, ces discussions sont essentielles. « QDG, c’est pour moi
l’occasion de donner un cadre éclairé aux questionnements de certains étudiants ainsi qu’à des débats
qui ont déjà lieu dans l’école sans pour autant avoir de structure propice. Les réflexions sur le genre
sont courantes dans la société : revendications féministes, prise en considération des homosexuels
ou encore différences de conception de ce qu’est une femme, un homme, une famille. Il est important
d’apporter des points de vue d’experts ».
d’AgroParistech, a été suivit de longs
échanges avec les étudiants présents, et
par un pot convivial avec les intervenants.
« En dehors de la satisfaction personnelle
que j’ai tirée de cette conférence, j’étais
heureuse de voir des étudiants se bouger
au sein d’une grande école, chose que
je n’ai pas faite au sein de la mienne, et
que je regrette particulièrement. Il s’agit
d’une association LGBT qui a eu l’intelligence d’inscrire ses actions au-delà de
la question de l’orientation sexuelle, cette
conférence en était la preuve, et moi je
dis, chouette ».
❙ Typhaine Charrat, auteure d’un article
sur la conférence sur son blog :
« Les filles en joie »
L’administration de l’école a soutenu les initiatives, le Bureau des Elèves a alloué un budget à la jeune
cellule pour lui permettre de monter des actions qui s’inscriraient dans les objectifs définis.
compte de l’équilibre vie professionnelle,
vie privée, approche bénéficiaire tout
autant pour les femmes et les hommes »
A Eau de Paris, cela se traduit par des
actions telles qu’une réelle prise en
compte du temps familial dans l’évolution du plan de carrière (pas d’impact du
congé maternité sur un plan de carrière,
trop de femmes retardant une grossesse
de peur de voir leur carrière freinée de
façon irréversible). Il s’agit également
de mettre en place des congés paternité,
afin d’inciter les hommes à participer à
l’accompagnement de la naissance.
Une initiative intéressante est de travailler
sur le « plafond de verre » : permettre à
la tête de l’entreprise de ressembler à
l’image que celle-ci souhaite refléter. Cela
se traduit à Eau de Paris par la mixité du
Comex et la parité du comité d’administration. La parité c’est aussi un pilotage
des projets mixte et le respect des horaires
de travail : « chez nous il n’y a pas de
réunion qui commence après 17 heures.
Les réunions d’équipe se font le matin et
ne démarrent par principe pas avant 9 h 30
le matin ». (Armelle Bernard Sylvestre).
Pour finir, il s’agit de nommer les rattrapages : quels sont ceux lié aux écarts de
rémunération ou encore aux inégalités de
positionnement. Donner des mots à ce
qui existe véritablement pour le changer.
74
Certain étudiants en Master de Sociologie
étaient venus spécialement assister
au débat dans les locaux de l’école.
La conférence, pod casté sur le site
En bref…
AgroParisTech lance un certificat en
« Management de la chaîne du froid »
Dans le cadre de sa gamme de formations « Executive » (cf Symbiose n°3),
AgroParisTech crée un certificat d’études avancées en « Management de la chaîne
du froid » (CEA MaCDF), en partenariat avec le Cemafroid, le centre d’expertise
de la chaine du froid.
Ce programme diplômant, de 4 semaines réparties sur 6 mois, vise à donner aux
participants les connaissances et les clefs techniques et règlementaires pour assurer
le respect de la qualité et de la sécurité des aliments et optimiser les performances
environnementales. Il s’inscrit pleinement dans les problématiques d’avenir sur la
sécurité alimentaire ou sur l’environnement issues du « Grenelle ». Les titulaires du
CEA MaCDF seront en mesure d’être au quotidien les acteurs d’une gestion plus
efficace d’une chaîne du froid qui est devenue l’un des leviers de la compétitivité
des industries du secteur de l’alimentation et de la distribution.
La formation, dispensée par des enseignants-chercheurs d’AgroParisTech, des
experts du Cemafroid et des intervenants extérieurs spécialistes des domaines
abordés, s’adresse aux responsables qualité, production, logistique, hygiène et
sécurité, de toute la filière alimentaire, des coopératives agricoles à la distribution
et la restauration collective.
❙ Isabelle CAILLARD, Directrice adjointe de l’ENGREF/AgroParisTech
Plus d’information : www.agroparistech-executive.fr
École doctorale
L’insertion professionnelle
des docteurs : le point
de vue d’un expert en
recrutement
En entreprise, à part les grands responsables de la R&D,
très peu d’interlocuteurs ont cette visibilité qui permettra
de recruter le bon profil et le bon candidat : c’est la mission
de ManageriA d’aider au recrutement des profils experts.
céréaliers, etc. En parallèle, j’ai constitué un important réseau professionnel que j’ai mis
à profit lorsque j’ai souhaité prendre plus d’indépendances dans ma vie professionnelle.
C’est à ce moment que le fondateur de ManageriA, Pierre Boulaire qui faisait partie de
mon réseau, m’a proposé de rejoindre le cabinet et de devenir mon propre patron en
faisant fructifier mon réseau.
Stéphane Hervé
Aujourd’hui, je considère que ces expériences en industrie représentent un atout majeur
dans ma profession d’expert en recrutement. Ma connaissance du terrain et des cœurs de
métiers me permettent de sélectionner efficacement les profils recherchés par mes clients
qui sont souvent des opérationnels et avec qui je partage le même langage technique.
En tant que recruteur, quelle est votre vision
du recrutement des docteurs ?
Quel est votre parcours
professionnel ?
Je suis un ingénieur de l’ENSIA
(AgroParisTech Massy) promotion 87,
spécialisé en gestion industrielle. J’ai travaillé 22 ans en entreprise. J’ai commencé
à travailler en assurance qualité avec le
groupe Accor pour la restauration collective. Ensuite, je suis parti chez Nestlé
où j’ai été formé au marketing appliqué
aux produits pour la restauration Par la
suite j’ai été recruté par Mars, Harry’s et
Doux-Père Dodu pour développer des
marchés B2B
Mes expériences en entreprise m’ont permis d’acquérir une bonne connaissances
des marchés des produits sucrés, carnés,
Les docteurs, après avoir mené un projet scientifique de haut niveau sur plusieurs
années, sont des profils techniquement très pointus avec une forte capacité de travail
et de réflexion. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les docteurs ont une
excellente aptitude à la communication car ils sont souvent appelés à échanger avec
d’autres laboratoires pour développer des projets, à présenter leur travaux en colloques,
en congrès ou autres, à encadrer du personnel technique et éventuellement à enseigner.
Les docteurs sont des profils techniquement
très pointus avec une forte capacité
de travail et de réflexion.
Pour recruter ce type de profil il est indispensable d’avoir une vision du développement à
long terme de la recherche. Or, en entreprise, à part les grands responsables de la R&D,
très peu d’interlocuteurs ont cette visibilité qui permettra de recruter le bon profil et le
bon candidat. Vulgariser les projets de développement de la R&D aux responsables RH
fait justement partie des attributions de ManageriA.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
75
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
École doctorale
Par exemple, un docteur ayant travaillé en
chimie des aliments appliquée à la boulangerie aura des difficultés à travailler
dans d’autres secteurs industriels comme
les produits carnés ou laitiers.
La vision RH dans les autres pays est
quelque peu différente. La phase de recrutement peut sembler moins exigeante en
termes de compétences techniques et
plus attentives aux compétences transverses. Un recruteur dans une entreprise
de dimension internationale s’intéressera
principalement à la méthodologie acquise
et au potentiel des individus. Par exemple,
lorsque je travaillais pour le service marketing de Mars, l’un de mes collègue avait
une thèse en archéologie. Cette situation
est plus que rarissime en France on l’on
semble être constamment à la recherche
d’un candidat correspondant à 100 % à
une fiche de poste.
Il existe actuellement une attirance des recruteurs
pour les profils ayant un haut niveau de
compétences techniques couplé à une excellente
connaissance du domaine d’application
De plus, les responsables RH ne
connaissent pas toujours bien les formations doctorales et certaines idées reçues
peuvent desservir leur mission de recrutement. Ainsi, les docteurs sont encore trop
souvent considérés comme :
– des chercheurs isolés du monde travaillant sur des sujets incompréhensibles
et souvent inutiles à notre société,
– des éternels étudiants trop spécialisés et donc inadaptables au monde de
l’entreprise,
– une main d’œuvre peu chère compte
tenu des rémunérations qu’ils peuvent
espérer en intégrant des institutions
publiques (CNRS, INRA, etc). Il faut savoir
les salaires d’entrée sont relativement bas
comparée aux années de formations et
d’expérience.
Néanmoins, je constate que cette vision
peu valorisante des docteurs s’améliore
avec la dimension multiculturelle des
entreprises.
L’image du doctorat souffre également
76
d’une concurrence avec les diplômes
d’ingénieur qui reste la référence la plus
reconnue dans le monde de l’industrie
en France. Les titulaires d’un diplôme
d’ingénieur et d’un doctorat bénéficient
de la notoriété de formation antérieure
qui leur permet de s’insérer professionnellement plus facilement que les docteurs
de cursus purement universitaire mais
moins que les ingénieurs. Mieux encore,
la thèse CIFRE, dont les applications sont
destinées à l’industrie, représente un atout
pour l’insertion professionnelle car elle
est plus facilement valorisable auprès des
interlocuteurs non scientifique comme les
chargés de recrutement.
Un autre phénomène que j’identifie
comme la recherche de profils hyperspécialisés, me semble également limiter
l’insertion professionnelle et en particulier
celle des docteurs. En cette période de
crise économique, il existe une attirance
des recruteurs pour les candidats ayant un
haut niveau de compétences techniques
couplé à une excellente connaissance du
domaine d’application du poste proposé.
On limite ainsi le transfert de compétences d’un secteur d’activté vers un autre.
Comment améliorer
l’image des docteurs et
de leur formation auprès
des recruteurs ?
Elle passe par la communication et la
valorisation des partenariats entre entreprise, universités (ou écoles) et les laboratoires. Il existe de très beaux exemples
de réussites industrielles dans le monde
des startups, notamment en Hollande.
De jeunes docteurs sont accompagnés
d’experts en gestion et mettent ainsi à
profi t leurs connaissances techniques
pour le développement d’entreprises à
forte valeur ajoutée.
L’image et la valorisation du doctorat auprès des recruteurs dépendent
également du secteur industriel dans
lequel le jeune docteur a effectué sa
recherche. L’agroalimentaire, qui est
le secteur industriel que je côtoie, n’a
pas la réputation d’être High-tech.
Heureusement, des personnalités très
médiatisées comme Hervé This participent à la modernisation de l’image de
la R&D en agroalimentaire et montrent
que ce secteur a besoin de connaissances
techniques pointues pour innover.
Les écoles doctorales doivent également communiquer pour affirmer leur
existence auprès du public et des industriels. Je constate que les universités
européennes avec lesquelles je travaille,
valorisent prioritairement les docteurs
avant les titulaires de Master. Mon souhait pour AgroParisTech, c’est que notre
école communique d’avantage sur ses
formations doctorales pour accroître
son rayonnement dans les secteurs
publiques et privés, en France et à l’international. La mise en place des classements internationaux des établissements
de formation fait que notre école sera de
plus en plus jugée sur les compétences
de ses laboratoires, sur ses capacités
d’encadrement de doctorants français et
étrangers et sur la diffusion de l’information scientifique à ses partenaires.
Enfin, pour valoriser sa recherche et ses
docteurs, la France a besoin de structures
souples avec une autonomie suffisante
permettant de développer des activités
de recherche innovantes et valorisables
par des applications industrielles. Le
succès du pôle de compétitivité Valorial
devrait être copié et reproduit. Les
quelques 213 projets ont été labellisés
depuis sa création en 2006 et les plus
de 1 000 acteurs impliqués (dont une
majorité de PME) ont montré que le partenariat recherches privée et publique
peuvent réaliser de grandes choses.
La bonne démarche pour
qu’un docteur trouve un
emploi, c’est un post doc ?
D’après vous, comment se
présente le devenir du marché
de l’emploi des docteurs ?
On dit souvent que le post doc est un
passage obligatoire avant de trouver un
emploi stable. Je ne partage pas cet avis car
le doctorat est déjà une expérience professionnelle d’au minimum trois ans qui n’est
malheureusement pas encore reconnue
par tous. Selon moi, la constitution d’un
bon réseau professionnel représente la
meilleure opportunité pour trouver un
emploi. Ce réseau peut se renforcer de
différentes manières :
Je vois une évolution positive. Avec le
besoin de développer et le besoin de
technologies de plus en plus complexes,
quelques soient les domaines d’applications, les entreprises ont besoin de profils
scientifiquement pointus et capables de
collaborer avec des partenaires issus des
secteurs du publique et du privé. De plus,
dans un contexte de crise économique,
si l’on veut continuer à prospérer, il est
indispensable d’innover et donc de développer la recherche en faisant appel aux
compétences des docteurs.
– les colloques, congrès et autres conférences scientifiques, car dans une spécialité précise la recherche est un petit
univers où tout le monde se connaît,
❙ Stéphane Hervé (E 87)
– les rencontres avec les entreprises à
l’occasion de salons ou de forums comme
VITAE qui accueille des entreprises
embauchant des ingénieurs mais aussi des
docteurs. Mais il est nécessaire de communiquer auprès des professionnels sur
la présence de doctorants et de docteurs,
– la création d’associations de docteurs
qui peuvent aider les jeunes diplômés à
trouver de nouveaux contacts.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
77
EN DIRECT DE L’ÉCOLE
École doctorale
Romain Bertrand, doctorant
à l’ENGREF au sein du
laboratoire d’étude des
ressources forêt-bois
Romain a publié un article dans le prestigieux journal
Nature. Il rédige actuellement son manuscrit de thèse
tout en occupant un poste d’ingénieur en modélisation
des processus naturels au LERFoB où il a pour mission
de modéliser des variables climatiques et la répartition
des habitats forestiers français pour l’évaluation de
Natura 2000.
Romain Bertrand
j’ai souhaité proposer, avec l’aide et le soutien du professeur Jean-Claude Gégout, un
projet de thèse sur la réponse spatio-temporelle de la végétation forestière vis-à-vis
des facteurs du climat et du sol sensibles aux changements globaux. Ce projet a reçu
le soutien de l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et
du Conseil Régional de Lorraine.
Quel est le parcours suivi
avant ta thèse et quelle la
thématique de recherche
de ton doctorat ?
Après mon BAC, j’ai obtenu un DUT génie
Biologie option agronomie (Université
de Haute Alsace, Colmar), puis une
licence en Biologie des Organismes et
des Populations et un Master en Ecologie,
Evolution et Biométrie (université Lyon I).
Par la suite, j’ai intégré l’ENGREF (Ecole
Nationale du Génie Rural des Eaux et
Forêts, Nancy) où j’ai obtenu un Mastère
spécialisé Forêt, Nature et Société. Au
cours de cette formation, j’ai pu rencontrer
les chercheurs du LERFoB (Laboratoire
d’Etude des Ressources Forêt-Bois) et
je me suis particulièrement intéressé à
leurs projets de recherche. Suite à cela,
78
Au cours de ma thèse, trois thématiques ont été abordées :
– les changements d’utilisation de ressources nutritionnelles au cours de la vie des
principales essences forestières françaises,
– l’impact du réchauffement climatique actuel sur la composition des communautés
végétales,
– l’effet de la prise en compte des ressources nutritionnelles et de la dispersion des
espèces sur les prédictions futures de la distribution des essences forestières.
J’ai aussi dispensé des cours en écologie et statistiques à des professionnels et à des
élèves d’écoles d’ingénieurs et de Master universitaires.
Natura 2000 est un réseau de sites naturels visant à préserver les espèces et les habitats
menacés et/ou remarquables sur le territoire européen, et ce dans un cadre global de
développement durable. Natura 2000 cherche donc à concilier activités humaines et
protection des milieux naturels afin de répondre aux enjeux environnementaux planétaires et locaux.
Tu as eu la possibilité de
publier dans Nature qui est
une revue mondialement
connue et reconnue au
sein de la communauté
scientifique. D’où vient la
renommée de ce journal et
l’intérêt pour un chercheur
d’y publier un papier ?
La renommée de Nature provient principalement du fait qu’il s’agit d’un journal
pluridisciplinaire. On y trouve aussi bien
des articles de cancérologie, que d’écologie, de physique, etc. L’objectif de cette
revue est de publier des articles de pointe
dans leur domaine. Les articles doivent
susciter un vif intérêt pour un grand
nombre de lecteurs et sont obligatoirement compréhensibles pour des non-initiés. Pour donner un exemple du niveau
de sélection des articles, 813 papiers ont
été publiés pour 10 047 soumissions en
2011 (soit un taux d’acceptation d’environ 8,1 %).
D’un point de vue personnel,
quel effet cela fait-il de
publier dans Nature pour
une jeune chercheur ?
C’est une fierté, mais ce n’est pas une
fin en soi. Ce qui fait surtout plaisir, c’est
que l’article a fait l’unanimité auprès des
reviewers (scientifiques qui évaluent l’article avant publication) et des éditeurs
de Nature.
Un article Nature a-t-il un
impact dans la carrière
d’un scientifique ?
A vrai dire, je ne sais pas. On me dit que
oui, mais jusque-là rien n’a vraiment
changé au sein de mon laboratoire ou
de la communauté scientifique que je
côtoie. J’ai pu échanger avec des scientifiques mais je ne croule pas sous les
offres de post-doc ou de collaboration.
Dans un premier temps, je pense que
cela profite plus au laboratoire et à l’institution dont je fais partie, surtout dans
le cas d’une évaluation par un organisme
comme l’AERES (Agence d’Evaluation
de la Recherche et de l’Enseignement
Supérieur) et pour la recherche de
financement.
Comment se fait le choix de
la revue dans laquelle on
souhaite publier ses résultats ?
Dans un premier temps, il faut évaluer
la qualité du travail et son intérêt pour
la communauté scientifique. Ensuite, on
dresse une liste de revues susceptibles
d’être intéressées par le travail que l’on
peut classer par rapport à l’Impact Factor
(IF) de la revue. L’IF est une mesure de
l’importance de la revue basée sur le
nombre de citation des articles qu’elle
publie au cours des 3 dernières années,
rapporté au nombre d’articles publiés par
la revue. Si le travail porte sur un sujet
d’actualité pouvant avoir un impact fort
sur notre société et susceptible d’intéresser un grand nombre de chercheurs,
alors on peut espérer publier dans une
revue pluridisciplinaire présentant des IF
élevés (36,1 pour Nature en 2010). Dans le
cas contraire, on s’oriente vers des revues
spécialisées.
qu’il faut répondre avec précision à chaque
remarque des reviewers et modifier l’article dans un délai de 2 semaines si besoin
est. Après l’évaluation de ma réponse,
l’article a été définitivement accepté en
3 semaines. L’article est ensuite mis en
page par la société d’édition de Nature et
publié en ligne 1 mois et demi après. La
version papier est sortie 1 mois plus tard.
Ce processus est assez rapide comparé à
d’autres articles dont la durée de publication peut être supérieure à 1 an.
Quelles sont tes perspectives
après la thèse ?
Je souhaite continuer dans la recherche
en écologie en tant que maître de conférences ou chargé de recherche. Je suis
donc à la recherche d’un post-doc qui est
un CDD pour jeune chercheur permettant d’enrichir le bagage scientifique et le
nombre de publications en intégrant une
nouvelle équipe de recherche en France
ou à l’étranger.
Peux-tu donner une
chronologie des étapes de la
rédaction à la publication d’un
papier avec une estimation
du temps nécessaire
pour chaque étape.
Pour cet article, la rédaction m’a pris
2 mois et demi. C’était assez frustrant
car Nature demande des articles très
courts (1 500 mots maximum). J’ai reçu
les remarques des reviewers 1 mois et
demi plus tard. L’article était accepté avec
des demandes de révisions, ce qui signifie
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
❙ Romain Bertrand (PhD student
– engineer in ecological modeling),
AgroParisTech-ENGREF UMR1092
LERFoB équipe Ecologie Forestière
14 rue Girardet – F-54000 Nancy
Tél. : (+33) (0)3 83 39 68 12
[email protected]
www.researchgate.net/profile/
Romain_Bertrand/
79
Echos de
ParisTech
Les Agros se retrouvent
en Chine dans le réseau
ParisTech Alumni
Un réseau appelé à
croitre très fortement
Le nombre des alumni du réseau PTA en
Chine est estimé à plus de 2 500 alumni
répartis sur plusieurs grandes villes dont
Shanghai (800) et Beijing (600). Compte
tenu des actions très volontaristes des écoles
membres à recruter les candidats chinois, à
developper les programmes diplomant sur
place, le réseau est appelé à connaitre une
forte croissance dans les années à venir.
La Commission
Internationale de
ParisTech Alumni
La Commission Internationale de ParisTech Alumni a été
créée en 2009 par décision du Conseil d’Administration.
Sa mission est de créer un réseau PTA à l’international
dans les pays étrangers où les diplômés des Ecoles de
ParisTech (1) sont présents.
ParisTech est un nom et une marque remarquable pour
la visibilité à l’international des Grandes Ecoles qui la
composent et pour la reconnaissance de l’excellence de
leurs formations ; l’ensemble des diplômés des écoles de
ParisTech en résidence à l’étranger se sentent valorisés
par l’appartenance à ce réseau, d’où la nécessité d’un
support à l’international.
Ce réseau s’appui au départ sur les groupes de diplômés
à l’étranger : ils sont présents dans plus de 60 pays
pour l’ensemble des 170 000 diplômés de ParisTech.
En comparaison, Berkeley ne possède de groupes que
dans 35 pays, pour 442 000 Alumni.
Un nouveau coordinateur expérimenté
La Commission Internationale de ParisTech Alumni, selon sa procédure interne habituelle
lors de sa séance du 27 septembre 2011, a agréé à une très large majorité la candidature de Hao GUAN, en qualité de Coordinateur ParisTech Alumni pour la Chine. Hao
Guan, ENPC 85, HEC MBA 87, Franco-Chinois, travaille en Chine depuis plus de 20
ans, il anime le réseau HEC Shanghai depuis 5 ans, ses expériences professionnelles
et associatives sont un bon gage à son engagement significatif au service du réseau
international des Diplômés des 12 écoles de ParisTech.
Mission de fédération et de coordination en étroite
relation avec l’antenne de ParisTech en Chine
Les groupes régionaux Chine des associations membres de Diplômés restant indépendants, la mission du coordinateur Chine est essentiellement une mission de fédération
et de coordination. Il s’agit notamment de :
– constituer une équipe cohérente et ouverte, représentative des Alumni PTA actifs
en Chine
– concentrer les actions dans un premier temps sur les grandes villes chinoises où
résident les Alumni
– conforter les relations avec les associations étudiantes chinoises liées à ParisTech, ainsi
qu’avec les associations de Diplômés d’autres Grandes Ecoles françaises actives en Chine.
– assister PTA dans la mise en place en Chine de son Réseau social & professionnel
« ParisTech Forum »
Un bureau autour de Hao Guan a été progressivement constitué avec à ce jour 7 membres
représentant 3 écoles majeures : HEC, X, Arts et Métiers.
Forte action de networking
Le réseau PTA Chine a depuis organisé 2 évènements en octobre 2011 et janvier 2012
réunissant plus de 100 alumni, un nouvel évènement est plannifié pour le 17 mai 2012.
Le réseau est animé dans chaque pays par un Coordinateur, nommé par la Commission internationale.
❙ Hao Guan (ENPC 85, HEC 87)
(1) AgroParisTech, Arts et Métiers ParisTech, Chimie ParisTech, Ponts ParisTech, Polytechnique, ENSAE ParisTech, ENSTA ParisTech, ESPCI ParisTech,
HEC, Institut d’Optique, Mines ParisTech et Télécom ParisTech
Pour tout contact : [email protected]
80
La vie de
l’association
Evènements
Et vous, que faites-vous
mardi prochain ?
Marc de la Ferriere et Jean-Louis Rastoin (24 janvier), Catherine Geslain-Lanneelle
(27 février), Hervé This et Xavier Terlet (6 mars), Jean-Marc Bruère, Didier Coulomb et
Marc Spielrein (3 avril)…
Ce cycle se terminera les 11 et 12 mai prochains avec le colloque « La fin de la faim en
2050 ? … sans tabous ni verrous » organisé en partenariat avec la Cité des sciences et
de l’industrie. Pendant ces deux journées, des étudiants d’AgroParisTech, de Sciences Po,
de Paris I et du Campus Condorcet confronteront leur regard à celui de grands experts
internationaux et tenteront de mettre en lumière des leviers en abordant le sujet par ses
angles morts et ses tabous. Pour plus d’information : www.cite-sciences.fr.
H
éritage des Mardis de l’AIGREF
et des Rencontres du Quai
Voltaire, les Mardis du Quai
Voltaire sont devenus depuis juin 2011
un rendez-vous mensuel marquant dans
la vie de notre association.
Le but avoué ? Le transfert de connaissances et d’expériences ainsi que le renforcement de notre réseau et le rayonnement
de nos diplômés ! Ces conférences-débats,
au format efficace d’une heure organisées
en soirée entre 19h et 20h et suivies d’un
verre dans nos locaux parisiens du Quai
Voltaire, permettent à l’auditoire de rencontrer et d’échanger avec des personnalités de haut vol, acteurs majeurs du monde
économique, scientifique, politique, associatif ou encore médiatique.
Les Mardis du Quai Voltaire ont engagé au
premier semestre 2012 un cycle de conférences sur l’Alimentation. Entre autres
grands noms, nous avons eu le plaisir
de recevoir Marcel Mazoyer (10 janvier),
82
Nos deux prochains rendez-vous seront consacrés aux thèmes suivants : « Le commerce
équitable, un commerce alternatif engagé » (15 mai), « Le bien-être au travail » (19 juin)
Retrouvez le programme actualisé, les compte-rendus et/ou diaporamas des conférences passées sur www.aptalumni.org rubrique Vie de l’association/Actualités/
Mardis du Quai Voltaire.
Une idée de thème et/ou d’intervenant ? Contactez-nous : [email protected]
Les administrateurs au travail
Décidé à faire le bilan des actions menées au cours de l’année 2011, l’ensemble des administrateurs se sont réunis le 11 février à l’occasion d’un séminaire au Quai Voltaire. Au terme de
cette journée de travail, il est ressorti que l’Association avait réussi à mener à son terme de
nombreuses missions que vous lui aviez confiées lors de l’Assemblée Générale constitutive
du 16 décembre 2010, que ce soit en termes de communication, de représentativité ou de
rapprochement avec l’Ecole. Pour autant, l’année 2012 devra être celle de la maturité et
de la redéfinition d’un nouveau cap dans un environnement de redistribution des cartes
dans le monde universitaire (fusion, déménagement, régionalisation, etc).
Pour cela, il a été décidé de constituer un groupe de travail intitulé « CAP 2015 », présidé
par Pierre Sabatier, dont la mission sera de définir une vision stratégique à horizon 2015
afin qu’AgroParisTech Alumni soit en mesure d’anticiper les changements à venir plutôt
que de les subir. Ses objectifs iront de l’expression d’une ambition de long terme à la
définition des modèles économiques et d’animation associés, avec une volonté d’aboutir
à des conclusions d’ici l’été 2012.
De l’intérêt d’un réseau
inter-écoles à l’étranger :
l’exemple des Etats-Unis
Il est vrai, les agros sont assez casaniers - 85 % des
diplômés restent en France. Aujourd’hui nous sommes
toutefois plus de 1 % à nous expatrier aux États-Unis, un
chiffre en nette augmentation ces dernières années.
Camille Delebecque
M
ais qui sont les anciens qui
partent aux États-Unis ?
Au-delà du plan quantitatif,
le phénomène d’émigration des agro aux
USA se mesure aussi beaucoup sur le plan
qualitatif avec un biais net vers certaines
fonctions ou domaines comme celui de
la recherche.
Parmi les principales explications figurent
la reconnaissance sociale et salariale de
notre diplôme, des parcours atypiques
et souvent de meilleures conditions de
travail (notamment dans le monde de la
recherche).
Les parcours personnels et témoignages
des anciens sont tout aussi intéressants
que divers. Je suis pour ma part arrivé à
Boston en 2009, voulant compléter mon
diplôme agro d’un doctorat. Les opportunités sont souvent bien plus alléchantes
dans le domaine de la recherche aux ÉtatsUnis. A l’heure où la thèse est encore parfois regardée avec dédains en France, ici
c’est un diplôme prestigieux et reconnu.
J’ai monté une thèse en cotutelle entre Harvard Medical School et l’Université Paris
Descartes sur une toute nouvelle discipline de l’ingénierie : la biologie synthétique.
A quelques mois de la fin de cette aventure, j’ai profité pleinement des moyens et de
l’émulation qui m’entourent : j’ai publié mon article de thèse dans le magazine Science
faisant du consulting en parallèle, en étant très actif dans le monde de l’entrepreneuriat
et en gardant un engagement associatif fort.
Cet engagement associatif a pour mission de resserrer et renforcer les liens au sein de
la communauté d’expatriés, qu’ils soient Agro, Paristech ou Français plus globalement.
Et oui, être loin ça amène son lot de questions nouvelles et ça rapproche ! J’ai donc créé
French MIT-Harvard (www.frenchmitharvard.com) qui a pour objectif de fédérer à la
fois la communauté française de ces deux grandes universités et de servir de point de
rencontre pour la communauté ParisTech Bostonienne.
A l’échelle des USA, le réseau ParisTech Alumni USA/Canada offre une autre plateforme de rencontre et d’échange, à travers la mise en place de mailing listes actives,
d’évènements networking et des sorties à travers l’Amérique du Nord. Nous organisons
d’ailleurs un « mois AgroParisTech Alumni » à l’automne prochain qui sera l’occasion
d’événements concertés et entre agros à l’échelle des Etats-Unis.
Les Etats-Unis offrent donc une palette d’option attirante et tout a fait complémentaire
de notre diplôme d’agro. A vous de prendre l’initiative et de nous rejoindre de l’autre
côté de l’Atlantique !
❙ Camille Delebecque, Promo PG 06
Doctorant en Biologie Synthetique & Entrepreneur Harvard/Paris Descartes
[email protected] – www.camilledelebecque.com
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
83
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Evènements
Voyages des Promos
La promotion INA 52 en Charentes – Octobre 2011
A la tête d’un troupeau de 600 chèvres,
Monsieur RIVASSEAU gère seul avec son
associé, l’élevage, la transformation du lait
dans un atelier spécialisé et la commercialisation des fromages en grandes surfaces.
Tout cela, bien sûr, dans des installations
et avec des techniques de pointe et dans
des conditions de salubrité exemplaires.
On s’est séparé après le dîner de clôture,
tous persuadés que cette rencontre avait
resserré encore un peu plus les liens
d’amitié que ces manifestations annuelles
ont entretenus au fil des ans.
U
ne fois de plus, et respectueux
d’une coutume annuelle maintenant bien établie, les plus fidèles
d’entre nous se retrouvaient pour 2 journées (ensoleillées !) de tourisme et de
rencontre dans les Charentes.
Après les traditionnelles manifestations
d’amitié le soir de l’arrivée, départ le premier matin de l’hôtel à Chatelaillon (au
bord de l’océan, face aux îles de Ré, d’Aix
et d’Oléron) pour Rochefort.
Bâtie de toutes pièces par Louis XIV, pour
en faire le plus grand arsenal de l’époque,
Rochefort garde une harmonie « Grand
Siècle » et nous gratifiait, au passage, de
deux réalisations originales : le chantier de
reconstruction à l’identique de la Frégate
« Hermione » avec laquelle La Fayette
rejoignit l’Amérique en 1780 et la Corderie
Royale où, comme son nom l’indique,
étaient fabriqués les cordages des vaisseaux de Sa Majesté.
Après le déjeuner sur place, aux
« Longitudes », reprise de la route
vers Saintes, autre joyau historique,
gallo-romain celui-là, avec la visite de
quelques-uns des monuments les plus
représentatifs : l’Amphithéatre, l’Arc de
Germanicus et, plus récente, l’Abbaye aux
Dames.
84
On ne pouvait raisonnablement venir
en Charentes sans rendre hommage au
cognac qui renaît, après des années de
relative indifférence, grâce aux marchés
asiatiques. C’est un petit producteur indépendant, Monsieur et Madame BOSSUET,
entre Saintes et Cognac, qui nous reçut
pour nous raconter sa lente élaboration,
et, bien sûr, nous le faire déguster.
Retour à Chatelaillon et départ le lendemain pour d’autres émotions : deux
heures de promenade en barque dans le
Marais Poitevin, pour pénétrer jusqu’au
plus profond de son enchevêtrement de
canaux, avec les commentaires avisés des
guides sur son origine, ses particularités,
sa faune et sa flore, ses risques écologiques… Silence, calme et détente !
Après le déjeuner, au bord de l’eau, au
cours duquel Pierre GILOUX nous fit
revivre, guitare en mains et avec beaucoup de talent, les réjouissances du temps
passé, nous ne pouvions quitter cette
région sans saluer une autre spécialité
locale, pour laquelle elle se positionne en
leader… mondial : le fromage de chèvres.
C’est, encore une fois, un producteur fermier : Jérôme RIVASSEAU, au Fief du
Guigne Chèvres à FONTPATOUR, qui
nous le remit en mémoire.
Comme précédemment, la tradition exigeait, pour qu’elle perdure, qu’un nouvel
organisateur soit investi pour l’année
suivante : ce sera René FIALON, qui a
aimablement accepté de nous recevoir, en
automne 2012, dans ses Landes natales.
Ce sera le soixantième anniversaire de
notre entrée rue Claude Bernard. Gageons
que ce sera une réussite !
Etaient présents : BAILLY Bernard,
BLANCHARD Pierre et Marie-Thérèse,
BOCKELEE-MORVAN Marie-Laure,
DAVIGO Jacques et Madame, FAURE
Pierre et Marie Josèphe, FIALON René,
GILOUX Pierre et Juliette, GLORIOT
Guy, de GOURNAY Xavier et Claire,
HAUREZ Jacques et Catherine,
HURIET Bernard et Colette, JOURNET
Michel, de la BOURDONNAYE Pol,
LARMARAUD Louis et Catherine,
LEMAIRE Roger, LESTIENNE André
et Elisabeth, LIENARD Gilbert et
Bernadette, LUBRANO Jacques et
Colette, PFITZENMEYER Claude,
QUELIN Georges et Dominique,
SUNYACH Jacques et Gilberte,
TARDIVEL Jean et Françoise, TIROT
Pascal, TRUFFINET Jean et Janine,
VASSEUR Jacques et Marguerite,
VELUIRE Maurice. XOUAL Georgette.
❙ Pierre Blanchard (P 52)
Agapes pour la P 54
L
a P 54 se retrouve de nouveau
au « Petit Marguery » le mercredi
29 février pour un repas d’excellente
qualité, comme d’habitude. La participation
reste très soutenue, en dépit de quelques
annulations, notamment celle d’Audidier
après qu’Anne-Lise se soit pris les pieds
dans la laisse de son chien, ce qui lui vaut
une fêlure du bassin. Sont venus surtout
les Franciliens, mais aussi quelques provinciaux, Laparra, Mauboussin, Mesnil, Peter,
et Dupin venant de Bâle. Nous regrettons
surtout l’absence de Moumouch’, qui nous
fait défaut pour la première fois.
donc rendez-vous pris pour l’an prochain.
Mais avant cela, nous nous retrouverons
encore plus nombreux du 4 au 8 juin pour
le voyage annuel dans l’Yonne.
❙ Guy Chamberland (P 54)
L’ambiance est toujours aussi conviviale et
(Bouat (2), Buisson,
Chamberland, Chaussin,
Chemillier, Coulon (2),
Daburon, Demoulin, Dunglas,
Dupin (2), Gonand, Hoarau (2),
Laparra, Lunel, Mauboussin,
Mesnil, Mignot (2), Perre (2),
Peter, Petit (2), Renault (2),
Rimkine).
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
85
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Carnet
Carnet
NAISSANCE
MARIAGE
Gilles FABIN (PG 95)
Emilie CORRADI (PG 04) et Vincent
MARTINET (PG 99)
a la joie d’annoncer la naissance de
Jules le 8 novembre 2011.
Alain JERMANNAUD (G 65)
nous annonce la naissance, le 4 mars
2012, de son petit-fils, Clément
Jermannaud-Mazens, fils de Paul
Jermannaud et Fanny Mazens.
Clément est aussi le petit-fils de Jean
MAZENS (lui aussi G 65).
Florence GUIVARCH (PG 97) et
Adrien CHATEIGNIER (R 96)
ont le plaisir de vous annoncer la
naissance de leur fille Lucie, le 9 janvier
2012 à Paris.
Manou SALES-BEAUDIER
(née SALES)
nous fait part de la naissance de sa
petite filles Lison, née le 9 février
2012. Madame Sales a travaillé pour
l’association Les Ingénieurs de l’Agro
pendant de nombreuses années
pendant lesquelles elle a accueilli nos
membres avec la chaleur que nous lui
connaissons.
Clémence POUPART
(née DESPORTES) (PG 03)
et Antoine POUPART (PG 03)
partagent avec Eloi la joie de vous
annoncer la naissance de Gabriel le 1e
février 2012.
Ghislaine CHALLAMEL
(née AMSLER) (E 03)
rédactrice en chef de la revue
Symbiose, et son conjoint ont le plaisir
de nous faire part de la naissance
de leur fils Hadrien le 3 février 2012.
Félicitations aux heureux parents.
86
sont heureux d’annoncer leur mariage,
célébré civiquement à Marseille le
26 mai 2012.
MOBILITÉ
Christian ROUSSEAU (P 70)
est promu Président délégué à
l’agriculture et à l’innovation de
Vivescia (fusion des coopératives
Champagne céréales et Nouricia), à ce
poste depuis le 3 avril 2012.
Georges-André MORIN (P 68,
ENGREF 72, IGPEF) et Rosine
TRAVERS (X 99, ENGREF 04, IPEF)
sont nommés membres du conseil
d’administration de Météo France
en tant que représentants titulaire
et suppléant du ministre chargé de
l’agriculture à compter du 12 avril 2012.
Frédéric ROCHOUX (PG 91)
est nommé, depuis le 1er avril
2012, Directeur du Centre d’Affaires
Entreprises de BNP Paribas pour la
région Champagne-Ardenne et l’Aisne.
François TADDEI (X 86, ENGREF 91,
ICPEF)
Directeur de recherche à l’INSERM, il
est nommé membre du Haut Conseil
de l’éducation à compter du 3 avril
2012.
Jean-Marie MARX (Nancy ENSAIA
80, ENSSAA 81, IGPEF)
est nommé Directeur général de
l’Association pour l’emploi des cadres
(APEC) à compter du 1er juillet 2012.
Il était Directeur général de l’OPCA
des industries alimentaires et de la
coopération agricole depuis 2009.
Isabelle VENDEUVRE (PG 85)
a été promue Responsable
normalisation du Groupe Suez
environnement à compter du 15/01/12.
Elle était Déléguée au développement
technologique.
Martin GUTTON (PG 83, ENGREF 87,
ICPEF)
a été nommé Directeur régional de
l’alimentation, de l’agriculture et de
la forêt de la Bretagne à compter du
19 mars 2012.Il était DRAAF Poitou
Charentes.
Thibault MARAIS (PG 07)
est Chargé de clientèle agricole au
Crédit agricole Champagne-Bourgogne
à compter du 3 avril 2012.
Rémi SOURNIA (PG 03)
est Project officer chez PEFC
International (Programme de
reconnaissance des certifications
forestières).
Xavier VANT (R 95, ENESAD 99,
ICPEF)
est nommé Directeur de la DAAF de la
Guyane à compter du 1er mai 2012.Il
était Directeur départemental adjoint
de la DDT de la Charente.
Pierre BESSIN (PG 89, ENGREF 93,
ICPEF)
est nommé Directeur départemental
des territoires du Maine-et-Loire
à compter du 14 mai 2012.Il était
Secrétaire général pour les affaires
régionales de la région Centre.
Guy FRADIN (P 70, ENGREF 74,
IGPEF)
Christian SCHWARTZ (ENITRTS 81,
ENGREF 91, ICPEF)
Laure LE BOURGEOIS (PG 94,
ENGREF 98, ICPEF)
Conseiller du Directeur général de
la DGALN, Guy FRADIN est nommé
Président du Conseil d’administration
de l’agence de l’eau Rhin-Meuse à
compter du 23 mars 2012.
est nommé à compter du 10 avril
2012 Directeur départemental des
territoires du Doubs.Il était Directeur
départemental des territoires et de la
mer des Côtes d’Armor.
Arnaud GAREL-GALAIS (PG 04)
André-Jean GUERIN (X 69,
ENGREF 74, IGPEF)
a rejoint FranceAgriMer depuis 2012 en
qualité de Chef de l’unité entreprises
et filières.Elle était chargée de
mission à la direction générale de la
modernisation de l’Etat, Ministère du
budget, des comptes publics et de la
réforme de l’Etat.
est Investment Manager chez Dahlia
Partners depuis le 15 janvier 2012.Il
était chargé d’investissement chez GCE
Capital-Masserand.
Gérard TENDRON (P 63, ENGREF 67,
IGGREF Honoraire)
est Membre de la 2e section (
Economie et Transport) du Conseil
général de l’environnement et du
développement durable, MEEDTL,
depuis le 1er février 2012 ,Il était
Directeur de l’ACFCI.
est élu Secrétaire perpétuel de
l’Académie d’agriculture de France à
compter du 15 mars 2012.
Patrick VAUTERIN (X 92, ENGREF 97,
ICPEF)
Vincent BRIOT (PG 06)
est Chef de projet Observatoire de
l’énergie et des GES, GIP Bretagne
environnement depuis le 1er février
2012.
Sophie ESVAN (PG 07)
est Manager relations monde agricole
depuis Janvier 2012, CARREFOUR.
Elle était Chef de projet, Institut de
l’élevage.
Nicolas LECERF (PG 03)
est Chef de produits herbicides chez
MAKHTESHIM AGAN France depuis
le 12 mars 2012.Il était Responsable
développement ventes Picardie ches
Dow Agrosciences.
Jean-Philippe D’ISSERNIO (X 95,
ENGREF 00, ICPEF)
est nommé sous-préfet hors classe,
Secrétaire général de la préfecture
du Gard à compter du 13 mars 2012.
Il était Directeur adjoint au Cabinet
du Ministère du budget, des comptes
publics et de la réforme de l’Etat.
Louis BIANNIC (PG 75, ENSSAA 80,
IGPEF)
est nommé Directeur de
l’alimentation, de l’agriculture et de
la forêt de la Réunion à compter du 2
avril 2012.Il était Directeur régional de
la DRAAF Bretagne.
est nommé Directeur régional
adjoint de l’environnement, de
l’aménagement et du logement de la
région Rhône-Alpes (DREAL) à compter
du 1er mars 2012.Il était Conseiller au
Cabinet du MEDDTL.
Isabelle MUQUET-VAYLET
(née VAYLET) (PG 96)
a rejoint la DDT du Bas-Rhin le 1er
février 2012 en qualité d’adjointe
au chef de service agriculture,
responsable du pôle aides directes
végétales et animales.Elle était
responsable Contrôle par télédétection
à l’ASP.
Olivier LETODE (ENSH 88, ENESAD
96, ICPEF)
est nommé Expert de haut niveau
auprès du directeur de la DPMA,
MAAPRAT.Il était chef du bureau de la
gestion de la ressource, SDRH, DPMA.
Michel SINOIR (PG 79, ENGREF 83,
IGPEF)
est nommé Directeur régional de la
DRAAF Lorraine à compter du 15 février
2012.Il était Directeur de la DAAF de la
Réunion.
Christophe PIETTE (PG 89)
est depuis novembre 2011 Directeur
général des services IDF chez
GL-EVENTS.
Marion BARRAL (PG 02)
est Responsable export Château la
Gardine depuis janvier 2012.Elle était
Sales executive London chez Thorman
Hunt & Co Ltd.
Alain KANEKO (E 80)
a pris la responsabilité de l’Agence
Méditerranée chez Michael Paetzold
sarl.
Jean Pierre LESTOILLE (PG 82,
ENGREF 86, ICPEF)
est nommé Directeur départemental
des territoires de la Savoie à compter
du 19 mars 2012.Il était Directeur
adjoint de la DDT Isère.
Marion GUILLOU (X 73, ENGREF 78,
IGPEF)
est nommée membre du Conseil de
surveillance d’Areva SA en qualité de
représentante de l’Etat au titre du
Ministère chargé de l’économie.
Caroline REMUS (PG 77, ENGREF 91,
IGREF)
a rejoint EPF Partners en tant
qu’Associé-Gérant à compter de janvier
2012.Elle était Directeur général de
l’IDI.
Sylvie GUICHOUX-CLEMENT (PG 85,
ENGREF 89, ICPEF)
a été nommée Directrice de la mer,
du développement maritime et du
littoral au Conseil régional de Bretagne
depuis juin 2011.Elle était Déléguée
interrégionale ouest de l’ONEMA.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
87
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Carnet
Sandrine ZEINSTRA (PG 03)
est responsable animation système
qualité chez Danone nutrition
infantile, Blédina.
Benjamin GREBOT (PG 99,
ENGREF 03 , IPEF)
a pris ses fonctions de Directeur
des dynamiques urbaines à Brest
Metropole Océane le 1er février 2012.Il
était coordonnateur de la veille et de la
prospective à la direction scientifique
de l’Ifremer.
Caroline LE POULTIER née
HELLEISEN (E 96, ENGREF 01, ICPEF)
Patrick SOULE (PG 81, ENGREF 85,
ICPEF)
est nommé Secrétaire général de
l’Office national des forêts à compter
du 1er janvier 2012. Il était Directeur
financier de l’ONF.
Vincent MOULIN-WRIGHT (PG 82,
ENGREF 86, ICPEF)
est nommé à compter du 17 janvier
2012, Directeur général du Groupe
des Fédérations industrielles
(GFI), structure de coopération
renforcée fédérant les 15 plus
importantes branches de l’industrie
française.
DÉCORATION
Florence CASTEL (PG 86, ENSSAA
90, ICPEF)
est nommée Chevalier de la Légion
d’Honneur au titre du MEDDTL.
Yves BARATTE (G 1958)
Yves Baratte (G 1958), ancien directeur
d’un institut scientifique et technique,
48 ans de services, a été promu au
grade de Chevalier de l’ordre national
du Mérite, par décret du Président de
la République en date du 14 novembre
2011.
a pris ses fonctions de Directrice de
la Direction départementale des
territoires du Val d’Oise à compter du
12 mars 2012.Elle était précédemment
Conseillère technique au Cabinet du
Premier Ministre.
Sylvain VEDEL (PG 88, ENGREF 92,
ICPEF)
prendra ses fonctions de Directeur
départemental des territoires des
Hautes-Alpes à compter du 19 mars
2012.Il est actuellement Directeur
régional adjoint de la DRAAF
Languedoc Roussillon.
Philippe CASTANET (X 84,
ENGREF 89, ICPEF)
est nommé sous-préfet hors classe,
Secrétaire général de la préfecture
des Yvelines à compter du 27
janvier 2012.Il était sous-directeur
de l’administration territoriale au
ministère de l’intérieur, de l’outre-mer
et des collectivités territoriales.
Bernard VIU (ENITRTS 80,
ENGREF 94, ICPEF)
est nommé Directeur départemental
des territoires et de la mer du Finistère
à compter du 1er février 2012.Il était
Directeur de la DDT de la Savoie.
88
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LA VIE DE L’ASSOCIATION
Hommages
Hommages
Jacques BELLEVILLE (X 63, Gref 68)
(1944-2012)
Nous étions très nombreux jeudi 16 février en l’église Saint-Jacques-du-haut-pas
à Paris pour accompagner dans son dernier voyage notre ami Jacques Belleville, entouré
de l’affection de tous les siens ; cérémonie fort émouvante s’il en fut. Au cimetière du
Père Lachaise, notre camarade Bernard Glass a tenu à marquer la profonde tristesse de
tous ses amis en évoquant quelques moments heureux.
« Jacques, mon ami de plus de quarante
ans, tu es parti alors qu’en octobre dernier, lorsque nous nous sommes retrouvés
en Suisse, au chalet des « Haudères »,
nous pensions bien refaire de la montagne et « réchauffer » quelques souvenirs communs. Il est vrai que tu étais
déjà atteint par un mal redoutable mais
nous espérions bien, avec toi, que tu t’en
sortirais. Hélas, il n’en fut rien et je me
retrouve seul, avec tes proches et tes amis
à évoquer certains épisodes partagés de
notre passé.
Le premier épisode, à l’origine de
notre amitié, a démarré par ton affectation d’IGREF sortant de l’ENGREF
à la DDA de Tarbes, fin 1968, comme
chef du service de l’équipement et de
l’aménagement rural. J’étais alors ton
aîné de huit ans à la tête du service
forestier, de l’aménagement pastoral
et touristique de la montagne de cette
DDA depuis 1966 et je m’interrogeais
sur ton aptitude d’ingénieur débutant à
être opérationnel, notamment en zone de
montagne où la politique de rénovation
rurale se mettait en place avec d’ambitieux projets des communes, soucieuses
d’auto-développement avec la création
d’unités touristiques axées sur la neige
et leur patrimoine naturel. Tes origines
savoyardes, ton enthousiasme créatif et
ta vivacité intellectuelle t’ont emmené
d’emblée à embrayer efficacement sur
les opérations en cours et surtout à en
engager de nouvelles. Nous formions un
binôme d’ingénieurs complémentaires,
90
apprécié de notre directeur et surtout de nos interlocuteurs montagnards. Bien que les
compétences pour la pratique du ski ne relevaient pas de la DDA, tu t’es impliqué sans
complexe dans les projets de stations de sports d’hiver, dont l’implantation de remontées
mécaniques. Cela nous a amenés à reconnaître à ski les domaines susceptibles d’être
équipés et surtout à développer notre amitié en même temps que l’économie locale.
D’une certaine façon, nous étions complices en engageant ainsi l’administration de
l’agriculture dans le champ relevant de celle de l’équipement. L’histoire nous a donné
raison avec la création récente du corps des IPEF regroupant ceux des IGREF et des
IPC. Donc, merci à toi, Jacques le pionnier !
En 1971, ma mutation en Alsace a mis fin à notre binôme professionnel, mais notre
amitié a perduré à travers nos échanges à distance portant sur nos métiers et nos familles.
Et toi, Jacques, après les Pyrénées, tu es devenu Parisien jusqu’à la fin de ton cursus
professionnel et au-delà. Nous nous sommes revus fréquemment lors des réunions des
instances représentatives du corps des IGREF, syndicale ou amicale, où tu manifestais
toujours tes fortes convictions sur le rôle des ingénieurs dans une société moderne.
Mais pour revenir à nos retrouvailles illustrant ta grande originalité, j’en évoque les
plus récentes qui m’ont particulièrement marqué. Lorsque tu m’as convié, il y a une
dizaine d’années, à passer quelques jours à Lamor-Baden dans le Morbihan, j’ai réalisé
que Jacques le montagnard était devenu Jacques le marin. Tu m’as fait découvrir ton
voilier et ton savoir naviguer par vent de force 6. Ta nouvelle passion, assortie d’une
technicité sans faille, m’a, une fois de plus, impressionné.
Pour autant, tu n’as pas abandonné l’univers montagnard. Quand toi et ta compagne
Hélène m’avez invité au chalet des « Haudères » à Evolène, non pas pour des virées
d’alpiniste, mais pour cueillir des champignons et des fruits sauvages, j’ai été « soufflé » par le mycologue et le botaniste que tu étais devenu. Tu reconnaissais, cueillais,
conditionnais et cuisinais à la perfection les produits naturels de votre écosystème.
Par la suite, tu m’as fait découvrir dans ta bibliothèque la riche collection d’ouvrages
qui t’a permis d’acquérir ton savoir de naturaliste.
C’est d’ailleurs aux « Haudères » que nous nous sommes revus, en octobre dernier,
mais ton état de santé t’a empêché de réaliser tes cueillettes automnales. Quatre mois
après cette rencontre, tu nous a quittés en nous laissant le souvenir de ton exceptionnelle personnalité qui s’est investie dans de nombreuses activités tant scientifiques
que sportives, sans délaisser les tiens et tout en demeurant modeste et pédagogue à
l’endroit des autres.
« Adieu Jacques. Tu demeures vivant à
jamais parmi nous. »
Tout autant que ses passions et centres
d’intérêt, la carrière professionnelle de
Jacques fut très éclectique. « Ses » carrières devrait-on dire ! En effet, celles-ci
peuvent se décliner en plusieurs périodes
ô combien diverses et variées…
De sa période étudiante au lycée du
Parc en classe préparatoire puis à l’Ecole
polytechnique où il a intégré comme
3/2, le plus remarquable est de noter
son engagement sportif permanent à
côté d’études très prenantes ; ceci lui
a valu de figurer quelque temps sur les
tablettes des records en nage libre à l’X.
Sous-lieutenant du Génie à Angers, puis
à Neuf-Brisach en Alsace du sud, c’est
aussi l’époque des multiples voyages en
France, en Croatie, en Allemagne et en
Suisse et probablement dans d’autres
pays. A l’ENGREF, c’est la grande époque
de Maurice Rossin comme directeur, avec
des enseignants de haute qualité qu’il a
beaucoup appréciés comme l’ensemble
d’une promotion dénommée « PoitouCharentes » ; ceci lui vaudra de parcourir
cette région à de multiples reprises. En fin
de scolarité après un choix difficile entre
la coopération en Afrique et le terrain
en France (finalement ce sera Tarbes en
Hautes-Pyrénées), c’est Jacques « qui s’y
met » pour organiser un voyage de promotion en Turquie tout à fait intéressant
avec au-delà d’Istanbul quelques visites
remarquables, le musée hittite à Ankara,
le site néolithique de Catal Hüyük et des
périmètres irrigués à Konya.
De cette période pyrénéenne si bien
décrite par Bernard Glass, on peut ajouter sa contribution à deux aménagements
à buts multiples, l’un à Payolle, l’autre à
Loudenvielle avec deux barrages et des
plans d’eau, aménagements toujours parfaitement opérationnels actuellement car
conçus durablement.
Retour à l’ENGREF où il reprend le poste
occupé précédemment par nos brillants
collègues Pierre Malaval et Philippe
Huet ; il est un chef de département puis
un directeur des études à la fois engagé
et réformateur ; passionné de didactique, il refonde la formation par projet
qui figure parmi ses réussites. C’est aussi
l’époque du passage de la technique à
l’économie. Rapporteur au FDES pour
des projets d’investissements agricoles
et enseignant en économie à l’ENGEES
à Strasbourg, il prépare implicitement
son entrée au Crédit national sur proposition du président du FDES de l’époque.
L’ENGREF est un carrefour, un point de
passage : ce sera donc une période de
forte implication collective dans la vie du
corps des IGREF : participation active aux
travaux du SNIGREF et création du club
de réflexion Pierre La Fontaine ; dans ces
instances, ses maîtres mots seront engagement et contribution au débat d’idées.
De sa première période de chargé d’affaires au Crédit national, c’est sa volonté
de travailler intelligemment, d’être pertinent qui se dégageait ; ultérieurement,
la Direction générale, ayant reconnu son
esprit d’innovation, lui confiera la direction générale d’une filiale du groupe en
charge de l’innovation et de la veille au
bénéfice du groupe.
Enfin, Jacques qui était déjà trésorier de
l’AIGREF a fait partie, dès le départ, de
la petite équipe qui fut à l’origine de la
création en juin 2000 de l’association
« Echanges méditerranéens ».
Sa double casquette de trésorier de
l’AIGREF, disposant alors d’une réserve
financière, et d’Échanges méditerranéens,
qui démarrait sans le sou, a permis à l’association de vivre ses premiers mois sur
des avances de trésorerie que Jacques
tenait à rembourser dès que c’était possible. La trésorerie de l’association a souvent été très tendue et Jacques a réussi à
assurer notre fonctionnement courant
malgré les tensions. Jusqu’en 2005, il a
régulièrement participé à toutes les réunions mensuelles du bureau restreint,
nous faisant profiter de son expérience
associative.
Cependant, l’essentiel de ce qui doit rester
dans notre souvenir est le témoignage
de sa vie : Jacques n’a pas cessé d’être
en recherche de la Vérité, interrogeant à
la fois la science, la raison et la religion
comme en témoignent la cinquantaine
de pages qu’il nous a laissées en guise
de testament.
Son « credo » affirme « nous sommes disciples du Christ si nous nous aimons les
uns les autres, et plus particulièrement les
faibles et les opprimés ». Ce qu’il croyait,
il s’est efforcé de le mettre en pratique.
Savons-nous, par exemple, qu’il fut trésorier (encore !) du Comité catholique
contre la faim et pour le développement
(CCFD), qu’il appartenait à un groupe de
partage, comme rappelé lors de ses funérailles ? Et tout cela dans la discrétion et la
modestie, mais avec un dévouement sans
limite, ne sachant pas refuser le service
qu’on sollicitait.
C’est, sans nul doute, cet accord profond
entre sa conviction et ses actes qui en
faisait un camarade recherché, autant par
la profondeur de sa pensée que par la
chaleur de sa rencontre.
Soyons heureux de l’avoir connu et que
son exemple nous aide !
❙ Paul Baron, Alain Bernard,
Bernard Glass et Daniel Loudière
Jean-Pierre Ménager (P 44)
De nombreux camarades sont venus rendre un dernier hommage à Jean-Pierre Ménager
(P 44) lors de ses obsèques qui ont eu lieu le 16 janvier 2012 à Paris. Ancien Président de la
Maison des Ingénieurs Agronomes, il avait beaucoup œuvré pour l’Association des anciens
élèves de son école. Son épouse Marie-Louise Ménager (P 44), très touchée par l’éloge qui lui
a été rendu et par les marques de sympathie qui lui ont été témoignées par votre présence
ou par écrit, vous exprime ses plus vifs et chaleureux remerciements.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
91
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Hommages
Gérard Joyaux (P 53)
l’Agriculture avait conduit à la création d’un nouveau corps d’ingénieurs en 1965,
celui des Ingénieurs d’Agronomie, pour répondre principalement aux besoins de
l’enseignement agricole en pleine expansion. Il s’engage avec détermination dans
cette nouvelle fonction qui exige beaucoup d’engagement, de compétences et de
qualités humaines alors qu’il fallait mettre en place en urgence toutes les chaires
d’enseignement techniques, économiques et pédagogiques et assurer la conception
et la programmation des activités d’enseignement et l’organisation des stages professionnels pour des promotions d’ingénieurs-élèves nombreuses et exigeantes.
G
érard est décédé le 6 mars 2012
chez lui, à Fondettes près de
Tours, après deux décennies
de lutte quotidienne contre la maladie
de Parkinson. Gérard est né le 16 juillet 1931 au Mans. Après une enfance
heureuse passée au Mans et à Caen et
des séjours familiaux à Rochefort, il prépare le concours de l’AGRO au lycée St
Louis. Après le premier cycle de l’INA, il
choisit de devenir ingénieur des Services
Agricoles. Une fois son long service militaire effectué en Algérie à Tiaret, il commence sa carrière d’ingénieur en Algérie
dans les Services Agricoles. Il rentre en
France alors que le grand programme
de construction des lycées agricoles
lancé par l’Etat pour moderniser l’agriculture dans le cadre du Marché commun réclame de nombreux ingénieurs
pour assurer leur fonctionnement. C’est
ainsi qu’il se retrouve affecté au lycée
de Thére près de St Lô dans la Manche
au début des années 60. C’est là qu’il
fait la connaissance à la rentrée 1964 de
Françoise, professeur certifiée de biologie de l’enseignement agricole tout
juste sortie de formation et originaire
de Bordeaux. Leur mariage est célébré
en août 1965. De cette union vont naître
quelques années plus tard 3 garçons :
Philippe, Emmanuel et François. Après
St Lô, le jeune couple rejoint le lycée
agricole d’Angers espérant s’y installer
durablement.
Mais, en avril 1967, Gérard remarqué
pour ses qualités humaines et professionnelles est appelé à rejoindre en urgence
l’Ecole nationale supérieure des sciences
agronomiques appliquées (ENSSAA)
transférée de l’INA-Paris à Dijon pour
exercer les fonctions de Directeur des
Etudes de cette Ecole d’application.
En effet, la transformation des directions départementales du Ministère de
92
En 1973 après avoir rempli pleinement sa mission, il fait le choix avec son épouse
d’un nouveau projet de vie, celui de retourner enseigner en lycée agricole tout en se
rapprochant de ses parents et de ceux de son épouse. C’est ainsi qu’il exerce pendant
de longues années comme enseignant au lycée agricole de Tours-Fondettes jusqu’à
sa retraite en 1991.Dévoué, disponible, c’est un professeur apprécié dans son milieu
professionnel et par ses étudiants notamment du brevet de technicien supérieur
(productions animales et arboriculture fruitière). Oui, l’enseignement agricole a été
l’activité professionnelle qu’il aimait et qui lui a donné de multiples satisfactions que
ce soit à St Lô, Angers, Dijon ou Tours.
Fier des origines sarthoises, normandes et charentaises de sa famille, il aime profondément la vie de la France provinciale et rurale. S’il avait vécu au XVIIIe siècle il aurait
pu être un gentilhomme campagnard s’intéressant à l’agriculture et fréquentant les
Encyclopédistes. L’histoire locale le passionne mais aussi les vieux livres, les salles
des ventes, les antiquités. Il collectionne. Erudit, il est curieux de tout ce qui concerne
l’agriculture, les questions économiques et politiques. Il a hérité de son père, ingénieur à la SNCF un intérêt particulier pour tout ce qui concerne les voyages en train.
Il partage avec son épouse biologiste le besoin de planter de nombreuses espèces
d’arbres et d’arbustes. Il aime raconter des anecdotes du terroir ou des souvenirs de
sa vie d’étudiant ou de professeur qu’il distille avec humour et tendresse.
La mort tragique en 1991 de son fils Emmanuel, dans un accident de voiture, bouleverse la vie familiale. Dès cette époque, alors qu’il vient de prendre sa retraite, il doit
vivre avec la maladie de Parkinson qui progressivement réduit son activité et accroît
ses souffrances. Il conserve tout au long de ces années une activité intellectuelle où
la lecture occupe une grande place. Grâce au dévouement de son épouse Françoise et
à l’appui de ses deux fils, il vit toutes ces années avec courage sans se laisser détruire
par la maladie et les épreuves. Il apprécie les joies simples de la vie dans sa maison
de Fondettes, les visites d’amis ou de la famille, les moments passés au jardin, l’évocation de l’histoire des personnages de sa famille. Il repose maintenant en paix au
cimetière de Fondettes avec son fils Emmanuel à quelques centaines de mètres de sa
maison et de son jardin.
Gérard Joyaux n’est plus mais son souvenir sera souvent évoqué par tous ceux qui
l’ont connu comme collègue, comme étudiant à l’Agro, comme professeur, non pas
avec tristesse mais avec le sentiment d’avoir connu quelqu’un de bien. Avec tous
ceux qui l’ont côtoyé au sein de l’enseignement agricole et qui savent combien il fut
un ingénieur passionné par son métier au service de l’agriculture et des jeunes, il est
juste de lui rendre hommage.
Sa promotion de l’AGRO était représentée à ses obsèques en la personne de Gérard
Fromentin avec lequel il est resté en relation depuis de nombreuses années.
❙ Casimir Cuzenic (P 60, ENSSAA 65)
René Champsoloix (P 35) (1915-2010)
e long itinéraire de René
Champsoloix s’est achevé à
Antibes le 5 décembre 2010
auprès de ses deux filles.
L
l’exploitation pour l’armée des forêts de Yao et les chantiers de gemmage de pins ; à
Darlac il assure l’exploitation et le reboisement en teck et Dalbergia de régions entières.
Son dernier séjour commence peu avant la chute de Den Bien Phu et cet évènement
clôture évidemment en juillet 1956 la période indochinoise.
L’Auvergne rude et profonde avait vu
naître en 1915 ce futur Forestier d’Outre
Mer. Après des études à Godefroid de
Bouillon à Clermont-Ferrand et au Lycée
du Parc à Lyon, puis à Paris à l’Institut
National Agronomique où il est reçu en
1935, c’est à l’Ecole Forestière de Nancy
qu’il termine son cycle d’études supérieures. Ingénieur des Eaux et Forêts, il se
préparait à partir pour l’Indochine pour y
entamer sa carrière. Mais un autre Devoir
l’attendait : la mobilisation de 1939.en
fait un Officier du Génie. L’infortune de
nos armes, hélas, le fixe, après sa démobilisation, pour un an encore en Métropole.
Finalement, embarqué pour l’ExtrêmeOrient, son bateau est détourné au large
de Durban dans un épisode conflictuel
et le dépose à Casablanca.
Entre temps, il s’est marié en France avec une jeune fille que l’Outre-Mer n’effraie pas,
bien au contraire. Suzanne est issue d’une famille de colons de Tunisie où son père, un
Agro, Antonin Coupin (INA 1900) dirige l’Ecole française d’Agriculture de Tunis après
y avoir enseigné. Elle partage le goût de son mari pour une existence mouvementée
pleine de responsabilités et part sans mollesse pour un Extrême-Orient déjà chargé
de menaces. Elle est, elle aussi, férue de botanique avec des aïeux pépiniéristes et
rosiéristes de génération en génération et s’intéresse fort aux travaux de son époux.
Va pour le Maroc ! Premier poste
Khénifra, puis Marrakech où il engage
l’exploitation de la cédraie et de chantiers de carbonisation, mais le débarquement américain de novembre 1942
lui fait reprendre l’uniforme militaire, et
cette fois c’est pour participer à l’avancée glorieuse de la 1ère D.B. du Général
de Lattre, de Cavalaire à l‘Alsace et à la
Bavière.
Sa démobilisation n’est effective qu’au
15 janvier 1946 ; le départ pour l’Indochine est alors possible. Embarquement
en mai pour parvenir enfin en juin, après
sept ans d’attente, sur le lieu des exploits
rêvés. Il ne sera pas déçu par la réalité. Sa
détermination et sa compétence trouveront à se distinguer dans toute la variété
des services dont il aura la responsabilité. au cours de trois séjours de trois
ans chacun. Dès son deuxième séjour,
Chef du Service des pays montagnards
du Sud, on lui confie auprès de la délégation impériale les soins du domaine
de la Couronne du Viet Nam. A Dalat,
il fait passer de 1 à 10 le rendement
des forêts de pin, à Djiring ; il supervise
Pendant cette période naitront leurs deux filles, mais c’est à Madagascar maintenant
que René et Suzanne Champsoloix vont devoir les élever, Madagascar, tout juste
après l’Indépendance, où la forêt compte beaucoup pour l’économie et la vie sociale,
Madagascar qui va pouvoir offrir à notre ami regretté – désormais Ingénieur en Chef
du GREF – l’occasion de faire valoir sa valeur professionnelle et sa valeur morale, et
d’opposer jusqu’au bout aux malignités.de la subversion la dignité de l’effort français.
C’est là, dans « la Grande Île » notamment à Tuléar à partir de 1960 qu’il va réaliser de
grandes plantations qui lui vaudront la Légion d’honneur malgache, c’est là qu’après
avoir œuvré pour la création sur place et l’essor du Centre technique forestier tropical
(CTFT) son goût de la Recherche va pouvoir s’exprimer. Mise en valeur de la forêt
tropicale malgache aussi bien que pisciculture (en particulier avec les préconisations
d’élevage du Tilapia) vont bénéficier de ses études, de ses connaissances et de son
énergie.
Mais c’est aussi de Madagascar que dateront les derniers souvenirs familiaux
d’Outre-Mer.
De plus hautes fonctions l’attendent maintenant en Métropole où ses enfants trouveront les conditions requises pour de bonnes études. En 1965, le CTFT (CIRAD
maintenant) dans son siège principal de Nogent-sur Marne l’accueille et lui confie
d’abord la direction administrative et financière du Bureau des études techniques
(BET), fonctions de direction et d’animation que son expérience va lui permettre de
remplir magistralement.et qui lui seront reconnues par la rosette d’Officier du Mérite.
C‘est ainsi qu’il oeuvrera au bénéfice du Ministère français de la Coopération pour
les forêts tropicales et subtropicales d’Afrique et d’Amérique et qu’il effectuera luimême des missions de valorisation forestière au Gabon, au Congo et en République
Centrafricaine.
Le CTFT, qui a reconnu sa compétence et son dévouement sans partage, en a fait son
Secrétaire Général : il en assumera les responsabilités jusqu’en juillet 1981 au-delà
de sa retraite réglementaire (1980). Ce Conservateur des Eaux et Forêts – titre désuet
désormais mais combien évocateur d’une longue tradition – aura pu donner là à
ses jeunes collaborateurs le goût et les moyens de poursuivre des travaux qui furent
personnels et originaux.
Toujours disponible et indispensable, on fait encore appel à lui. Universellement
reconnu spécialiste des forêts tropicales indochinoises il se voit confier par la FAO à
Rome et le BIT à Genève des missions pour tenter de reconstituer ces forêts après les
ravages de la guerre du Vietnam.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
93
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Hommages
Sa retraite est enfin prise dans sa charmante maison d’Antibes où son épouse
et lui ne se lassent ni de la Méditerranée,
ni des pépinières de roses, ou de ses
collections d’orchidées exotiques, ni de
recevoir avec affabilité et délicatesse de
fidèles et nombreux amis. Beaucoup de
ceux-ci sont gens de valeur, de toutes
professions, rencontrés au cours de cet
impressionnant itinéraire et séduits par
un esprit brillant, ouvert et modeste.
Notre camarade est resté parmi les derniers français à avoir pu, grâce à sa profession et à ses qualités personnelles,
donner le meilleur de lui-même au service de la France civilisatrice et au bénéfice de ses plus lointains protégés.
Depuis 2003, à la disparition de son
épouse si bienveillante, ce sont ses filles
Aline et Christine qui vont lui apporter
sans relâche les soins constants et l’affection dont il a toujours été entouré. C’est
à son souvenir qu’elles vont désormais
veiller et, comme ses amis et camarades
que l’âge malheureusement disperse,
conserver de cet homme de bien la plus
sympathique des images.
Nous ont quitté récemment…
Pierre DELAVIGNE (G 30), René DELPECH (P 39),
Loic DURAND-GASSELIN (G 41),
François DE CHABERT-OSTLAND (P 41, ENGR 46, Ing civil GR),
Jacques COURTIN (P 43, ENGR, IGGREF honoraire),
Guy DEGOS (P 44, ENEF 48), Jean-Pierre MENAGER (P 44),
Eugène JOLIVET (P 45), Bernard MARAVAL (P 47), Max RIVES (P 47),
Albert VOREUX (P 48), Guy BOURAT (P 49), Philippe GILLES (P 50),
Paul LUCAS (P 51), Gérard JOYAUX (P 53, ENSSAA 57, ICA en retraite),
Claude CHAMPION (G 54), Pierre MOUCHET (P 54),
Jacques MENOU (DE) (P 55), Philippe COLLET (P 55, ENGREF 59,
ICGREF e.r), Guy LAPORTE (P 55), Raymond COLOMBEL (A 52, ENSSAA 58,
IGGREF honoraire), Daniel BERTHERY (P 65, ENGREF 70, IGGREF Honoraire),
Gilles QUEINNEC (E 65), Gilles THEVENET (P 68),
Jacques BELLEVILLE (X 63, ENGREF 68, IGREF),
Jean BARATIER (ENITRTS, IGREF 68, IGREF en retraite),
Jean Roger MARTIN (PG 77, ENSSAA 81, ICPEF), Sylvie SENS (PG 79)
❙ Claude Monnier (INA 38)
Parmi ses écrits on peut citer :
– La forêt des pays montagnards du Sud
Vietnam et ses produits, 1955, Revue
Bois et Forêts des Tropiques, n° 40,
Nogent-sur-Marne
– Le Pin à 3 feuilles de Langbian, 1958,
Revue Bois et Forêts des Tropiques, n° 57,
Nogent-sur-Marne
– A propos de la forêt claire du Sud-Est
asiatique, 1959, Revue Bois et Forêts des
Tropiques, n° 64, Nogent-sur-Marne
– Le ray dans quelques villages des
Hauts-plateaux du VietNam, 1958,
Colloque de la Société Botanique de
France
Carrière de Raymond Colombel
(IGGREF honoraire)
Raymond Colombel est né en 1930 à Strasbourg et décédé le 17 janvier 2012 à Meudon.
La carrière de son père l’a conduit à faire ses études secondaires à Tunis et à Bizerte.
Il intègre l’ENSA d’Alger en 1952 et choisit la voie des Services agricoles : à ce titre, il
suit le cursus de l’ENSSAA dont il sort en 1958. Il est nommé ingénieur des Services
agricoles.
Il a effectué l’essentiel de sa carrière à l’international dans les postes d’expansion
économique des ambassades. C’est ainsi qu’il a été attaché agricole à Rome de 1959
à 1964, puis au Consulat général de France à Sarrebruck de 1964 à 1970
Il est intégré dans le corps des IGREF en 1965.
Raymond Colombel est revenu à la DREE (direction des affaires économiques extérieures du Ministère de l’économie et des finances) de 1970 à 1976 puis il est nommé
attaché agricole à Bonn de 1976 à 1981.
Il a été ensuite conseiller commercial à Tokyo à l’époque où de nombreuses entreprises
françaises cherchaient comment s’implanter au Japon.
Revenu à la DREE, il est nommé directeur régional du commerce extérieur en Champagne Ardenne puis rejoint le conseil général du GREF où il met ses compétences au
service de la Commission des Communautés européennes dans un bureau qui a en
charge les dossiers d’aide aux entreprises pour la recherche.
Raymond Colombel a toujours conservé des liens étroits avec ses collègues du GREF
malgré son éloignement géographique. Il est l’un de ceux qui ont accompli une carrière réussie au Ministère de l’économie et des finances avec une double compétence
d’économiste agro-alimentaire et de diplomate.
Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.
94
BESOIN
D’UNE SALLE
À PARIS ?
AgroParisTech Alumni peut mettre
des salles de réunion à disposition
d’autres associations, d’organismes,
d’institutionnels, de sociétés,
de consultants, de diplômés cotisants ou
non et de leurs familles ou partenaires.
Ces salles, équipées en wifi pour un accès
internet à haut débit, sont situées au
premier étage du 5 Quai Voltaire, avec vue
sur le palais du Louvre et la Seine.
LA GRANDE SALLE VOLTAIRE (50 M²)
– Peut accueillir jusqu’à 25 personnes dans une
configuration avec table centrale ou en U
– Jusqu’à 60 personnes en configuration cinéma
LA PETITE SALLE ORSAY (15 M²)
– Peut accueillir jusqu’à 10 personnes autour
d’une table
Ces salles peuvent être équipées d’un écran et d’un vidéo-projecteur, la grande salle disposant en outre d’une
sonorisation avec deux micros HF et d’une climatisation.
Pour tous renseignements sur la disponibilité et les conditions de location :
Mme Sylvie Servais 01 42 60 25 00 ou
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Tribunes Libres :
votre terrain d’expression
Pierre Sabatier
Chine : entre fascination
et aveuglement
A l’occasion de la sortie de son livre : « La Chine : une
bombe à retardement » publié chez Eyrolles et coécrit
avec Jean-Luc Buchalet (PG 79), Pierre Sabatier (PG 01),
économiste et président de PrimeView, pointe du doigt les
limites du modèle de développement du géant asiatique.
Pierre Sabatier
L
a croissance chinoise, qui a atteint
un niveau et une stabilité inédits
au cours des trente dernières
années, a fini par ôter toute crédibilité aux
détracteurs de son modèle de développement, malgré les déséquilibres inquiétants
qu’ils dénoncent. Le temps passant, le
crédit des « sceptiques » s’est amenuisé,
jusqu’à rendre leur discours totalement
inaudible. Or l’Histoire nous enseigne
que c’est justement dans ces moments
où partout la garde est baissée que les
crises sont les plus violentes, car les moins
attendues.
96
Un gigantisme intimidant
La fascination que la Chine exerce sur les Occidentaux réside d’abord dans son gigantisme, qui autorise tous les fantasmes. Il est vrai qu’avec 1,3 milliard d’habitants, l’empire
du Milieu reste aujourd’hui le pays le plus peuplé du monde sur un territoire grand
comme 14 fois la France. Surtout, après avoir été le premier contributeur à la croissance
mondiale depuis le début du millénaire, le pays dispose désormais des plus grands
barrages hydrauliques, des réseaux ferroviaire et autoroutier les plus vastes au monde,
forme le plus grand nombre de pianistes ou d’ingénieurs sur la planète et produit plus
de matières premières, de biens alimentaires, d’engrais, de produits électroniques ou de
voitures que tous ses concurrents. Une telle réussite fait rêver les hommes politiques et
les industriels du monde entier. Il faut dire que sur le papier, le potentiel laisse entrevoir
des perspectives faramineuses à long terme : l’empire du Milieu, qui comptait sur son
sol près de 20 % de la population mondiale en 2011, ne représente qu’à peine 4 % de
les grandes réussites économiques et
financières ont presque toujours été
accompagnées par un mouvement de
croyance collective en une « nouvelle
ère », modifiant les fondamentaux de la
sphère économique locale ou internationale. C’est la thèse retenue par les experts
pour expliquer l’émergence structurelle de
la Chine et de son « capitalisme socialiste
de marché » depuis le début du millénaire,
comme ils l’avaient déjà fait pour le Japon
et son « capitalisme de connivence » dans
les années 1980 ou pour les États-Unis
et leur « bulle Internet » dans les années
1990, avec les conséquences que l’on
connaît… L’histoire se répète rarement
mais rime souvent.
180 pages, 16 €, Eyrolles. Mai 2012.
Un modèle obsolète
la consommation des ménages dans le
PIB mondial, alors que les États-Unis,
dont la population ne représente que
4,5 % de la population mondiale, totalisent 16 % de la consommation du globe.
Tous les espoirs sont donc permis pour
les Occidentaux, qui voient d’un bon œil
ce « nouveau monde » caractérisé par un
taux de croissance élevé, quand leurs pays
s’enfoncent dans une morosité de plus en
plus pesante.
La prise de conscience des limites du
modèle chinois n’en est pour autant
qu’à ses balbutiements. À la différence
de l’émergence des grandes puissances
économiques lors des siècles passés
(chemins de fer et Empire britannique
au XIXe siècle, Internet et États-Unis au
XXe siècle, etc.), l’expansion chinoise des
30 dernières années ne s’explique par
aucune avancée technologique majeure.
C’est la raison pour laquelle le pays ne sera
pas en mesure d’atteindre les 33 % de PIB
mondial en 2050 que certains économistes
lui prédisent, quand l’Europe et les ÉtatsUnis réunis ne pèseraient plus que 21 %
du PIB mondial selon les mêmes anticipations (contre 55 % en 2011). La planète
ne résisterait en effet ni aux niveaux de
consommation en ressources et en énergie
engagés, ni à la production de déchets
associée. Un tel scénario est d’ailleurs
Une inertie positive
Le succès prolongé de l’empire du Milieu
a fait perdre leur discernement à de nombreux économistes, commentateurs ou
investisseurs, d’autant plus sujets à ce
phénomène qu’ils évoluent dans un
monde clos. C’est la raison pour laquelle
la plupart des avertissements sur les
dérives de l’économie chinoise ont souvent reçu comme accueil un scepticisme
à tendance condescendante… jusqu’au
second semestre 2011.
d’autant moins crédible qu’il impliquerait
une envolée des prix du pétrole à plus de
300 $ le baril, entraînant un effondrement
du pouvoir d’achat des ménages occidentaux et des profits des entreprises, avant
de provoquer un plongeon de l’économie
mondiale.
Des fondations fragiles…
Ce modèle de croissance, héritage de la
seconde révolution industrielle qu’ont
connue les pays riches tout au long du
XXe siècle, est désormais à bout de souffle,
tant par son caractère « énergivore » que
par le refus des nouvelles générations
d’évoluer dans des sociétés aussi hiérarchisées et verticales que par le passé. La
pensée confucéenne et les normes sociales
rigides sont désormais étrangères à une
jeunesse chinoise qui a grandi dans les
réseaux sociaux, privilégiant la transparence, le comportement coopératif et les
relations pair-à-pair. Ces jeunes sont fatigués d’être gouvernés par des dirigeants
brutaux et arbitraires et de vivre dans une
société gangrénée par la corruption, où la
règle du jeu est le clientélisme et non le
mérite, où les détenteurs du pouvoir s’enrichissent personnellement aux dépens
des masses. Cette nouvelle génération
va exiger le changement. Quelle forme
prendra-t-il ?
❙ Pierre Sabatier (PG 01)
@Pierre_Sabatier
Pour en savoir plus : www.primeview.fr
Car les choses commencent à évoluer à la
marge : au cours des derniers mois, on a
pu remarquer l’apparition dans les médias
d’articles s’inquiétant des conséquences
économiques, sociétales et environnementales de cette croissance chinoise débridée.
Après 30 ans d’accroissement de sa prospérité, il devient urgent de se préparer à
cette idée : la Chine n’est pas immunisée
contre les crises, comme d’ailleurs aucun
pays du monde. Ce nouvel élan de lucidité peut s’expliquer : historiquement,
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
97
TRIBUNES LIBRES : votre terrain d’expression
Bruno Le Bansais
Parler de solidarité
internationale à tout
le monde, en toute
indépendance
Qui informe le grand public sur la solidarité internationale ?
A quelques exceptions près, les ONG elles-mêmes. En
proposant le magazine mensuel « Là-Bas » vendu en
kiosque, Bruno Le Bansais (X-Gref 06) tente de prouver
qu’il y a une place pour l’indépendance et l’entrepreneuriat
dans l’humanitaire. Et un public pour suivre.
Bruno Le Bansais
Photo d’Arnaud Legrand (PG 04 Gref 06)
Q
uelques minutes au journal de
vingt heures, plusieurs pages de
reportage photo dans un magazine à grand tirage. La solidarité internationale, qui fait appel à nos sentiments
d’altruisme et de compassion, trouve
presque automatiquement sa place dans
les grilles des programmes de la grande
industrie de l’information. Tant mieux !
Mais ces enquêtes, ces reportages, d’où
viennent-ils ? Lorsqu’ils ne sont pas issus
de ces crises où les avions se remplissent
de journalistes, ils sont presque systématiquement réalisés avec la complicité
active des ONG de terrain : les rédactions
trouvent là le moyen de rapporter des
images venant de zones difficiles d’accès,
et les associations de faire parler de leurs
actions. Un mariage qui n’a rien d’incestueux, mais qui ne favorise pas l’approfondissement des sujets.
98
D’autant plus que l’autre canal par lequel tout un chacun entend parler de la solidarité
internationale est bien sûr la multiplication des campagnes d’appel aux dons ou de
sensibilisation. Formatées, étudiées, elles rivalisent d’efforts de créativité pour attirer
l’oeil du quidam sur des malheurs plus ou moins lointains. Leur réussite dépend de la
capacité des ONG à représenter des valeurs morales positives. L’image des ONG leur
est donc précieuse, elles n’ont donc aucun intérêt à lâcher la prise qu’elles possèdent
sur leur traitement médiatique.
Amener le journalisme indépendant dans
la solidarité internationale
Pour toutes ces raisons, j’ai mené le projet de créer un magazine papier indépendant,
financé par les ventes en kiosque, les abonnements, et avec un peu de chance quelques
pages de publicité. Un modèle économique volontairement classique, déjà mis en œuvre
pour parler de tatouage, de cyclisme, de 2CV ou de locomotives en modèle réduit : des
titres « de niche » qui s’adressent à un public très spécifique en lui proposant un rendez-vous régulier. Mais que personne n’avait pensé à utiliser pour parler de solidarité
internationale.
J’ai la prétention de croire qu’un média indépendant profitera aux ONG elles-mêmes.
Pensons à l’affaire de l’arche de Zoé, où tout commentaire venant d’une ONG était délicat
voire risqué. Voyons également la polémique née autour de la demande d’arrêt des dons
pour la réponse humanitaire au tsunami de 2004, qui aura eu besoin de toute la stature
d’un Rony Brauman pour que le grand public puisse l’accepter. Dans mes échanges avec
les ONG, elles m’auront souvent confié qu’il « manquait quelque chose » pour parler
au grand public : une analyse qualifiée et indépendante, qui s’exprime en dehors des
Photo d’Arnaud Legrand (PG 04-Gref 06)
crises. L’idée qu’une communication trop
maitrisée finit par enfermer les discours
semblait être inconsciemment présente
dans les esprits. Car il y a beaucoup de
choses que les ONG ne peuvent pas verser dans leur discours au grand public :
le gâchis des dons matériels, la difficile
gestion du moral des expatriés, les négociations sur le terrain, et tout simplement
l’inévitable : les erreurs. Les humanitaires
ne sont pas hermétiques à la critique, ni
même à l’autocritique, bien au contraire !
Ils manquent simplement de terrains pour
l’exprimer*.
Une structure privée
pour parler des ONG
Si elle répond donc bien à un besoin de
communication, la création du magazine
« Là-Bas » reste une aventure commerciale : il s’agit de vendre un produit et de
trouver son public. Pour exister, le magazine va avoir besoin de vendre 10 000
exemplaires chaque mois en kiosque, et
de développer rapidement sa base d’abonnés. Donc la couverture est formatée pour
attirer l’oeil, le titre est court, la ligne
éditoriale réserve une certaine place aux
bonnes nouvelles, et le niveau de lecture
est fait pour s’adresser à un public large
et non spécialiste.
La nouveauté de ce concept représente
un risque : celui que qu’une frange du
public puisse considérer tout ce qui relève
du secteur privé comme illégitime pour
parler d’humanitaire. Il est certain que
cette voix s’exprimera. Mais l’essor de
l’économie sociale et solidaire affirme la
tendance à décloisonner les catégories :
une entreprise peut exister sans avoir le
profit comme but, une ONG peut travailler en ayant à l’esprit des objectifs de
rentabilité. C’est l’une des nombreuses
évolutions en cours du monde de la solidarité internationale. En témoignent le
micro-crédit, les projets d’appui aux petits
entrepreneurs privés, et même la création directe de structures de service ou de
commerce dans un but d’aide au développement. Tout cela représente à la fois la
justification de l’existence de « Là-Bas »,
et la source d’inspiration des nombreux
sujets qui feront le magazine.
❙ Bruno Le Bansais (X, Gref 06)
Directeur de Là-Bas magazine
* On saluera d’ailleurs les démarches entreprises par MSF
à travers CRASH et le CICR avec leur blog « L’humanitaire
dans tous ses États ». En termes de magazine, l’exemple le
plus abouti est sans doute Altermondes, magazine édité par
le CRID, Oxfam France, peuples solidaires et Ritimo. Objet
collectif donc, mais pas indépendant. Et sur internet sont
proposés Grotius.fr et Youphil.com.
La recette d’un magazine grand public
« Là-Bas », c’est une équipe de 4 personnes : Bruno Le Bansais (X-ENGREF, Directeur de la
Publication), Carol Galand (journaliste, Rédactrice en chef), Arnaud Legrand (Agro-ENGREF-CDI,
Directeur de la Photographie), Anne-Lise Leibiuski (journaliste, Attachée de Presse). Les articles
sont rédigés des collaborateurs réguliers, pour la plupart journalistes ayant déjà connu le monde
de la solidarité et s’exprimant habituellement dans la presse d’information générale. Financé
principalement par ses ventes en kiosque et ses abonnements, « Là-Bas » propose également des
espaces aux annonceurs qui souhaitent soutenir la presse indépendante et solidaire, mais aussi aux
organismes souhaitant annoncer leurs évènements publics auprès d’un lectorat qualifié.
Chaque mois, « Là-Bas » est imprimé sur papier certifié FSC à 20 000 exemplaires et distribué dans
4 000 points de vente en France, Suisse et Belgique.
Renseignements, points de vente et abonnements sur www.labas-mag.fr
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
99
TRIBUNES LIBRES : votre terrain d’expression
Henri Cadillac
Traitements de la vigne,
une méthode originale
Dans un vignoble du Médoc les traitements ont été menés
en suivant les conseils d’un ancien directeur de recherches
de l’INRA Jean-Louis Soyez. Il proposait l’emploi du
PK2 avec certains fongicides, à des doses réduites. Les
résultats obtenus après 15 ans de progrès présentent
l’intérêt d’obtenir des vins contenant très peu de résidus
des pesticides utilisés pour les traitements.
Henri Cadillac
Diminution des traitements
années avant : le Fosétyl-Aluminium. Mais il avait aussi l’originalité de résorber la
carence en potasse et à ce titre c’était aussi un engrais foliaire, qui était efficace à des
doses beaucoup plus faible que par des apports au sol de sels potassiques.
Le dernier Grenelle de l’environnement
fait obligation de diviser par deux les
quantités de pesticides utilisées en viticulture en 2018. Le problème est que les
travaux de recherche menés depuis des
décennies par l’INRA ne portaient pas
sur les maladies de la vigne et les moyens
de rendre les cépages plus résistants aux
attaques des champignons : mildiou,
oïdium, botrytis ou des insectes comme
certains papillons (tordeuses) dont les
larves se nourrissent des grains de la
grappe.
En résumé ce produit permet de mieux résister au mildiou et de résorber une carence
avant qu’elle ne se manifeste. C’était un résultat encourageant et une invitation à
prévenir les carences au lieu d’attendre quelles se manifestent, en faisant faire des
analyses foliaires par des laboratoires spécialisés. Ils vous proposent 6 analyses en
cours de campagne espacées d’une semaine, et situent la teneur en éléments, et en
oligo-éléments de la sève. Cela rappelle les analyses de sang qui sont devenues pour
les humains d’un usage courant.
Le PK2 devait s’utiliser contre le mildiou
avec des fongicides de contact tels le
folpel ou le mancozèbe en divisant les
doses d’emploi par 2 ou 3. A ce titre il
apparaissait comme un Stimulateur des
Défenses Naturelles (SDN) semblablement à un autre produit lancé quelques
Les faibles quantités de pesticide accompagnant l’usage du PK2 et le maintien d’une
bonne santé de la vigne par prévention des carences devaient avoir pour conséquence la
réduction des teneurs en pesticides du vin, d’autant plus que les fongicides anti-mildiou
précités se métabolisent et disparaissent en 2 semaines après application.
100
Cette méthode a permis d’obtenir de bons résultats en un peu plus d’une décennie.
Pour lutter contre l’oïdium autre maladie redoutable après le mildiou, l’usage du soufre
est de rigueur.
Résultats
Le laboratoire Inter-Rhône situé à Orange fait depuis peu des analyses de résidus
de pesticides dans le vin avec une précision du millième de milligramme par Kg. Les
Pesticides
Norme
LMR
μg/Kg
Analyse
Résultats
μg/Kg (1)
Résultats
%
LMR (1)
Analyse
Résultats
μg/Kg (2)
Résultats
%
LMR (2)
Analyse
Résultats
μg/Kg (3)
Résultats
%
LMR (3)
0,08
Fongicides
Mildiou
Cuivre
50 000
60
0,12
80
0,16
40
3 000
18,6
0,62
17,8
0,59
inf à 5
0
Fenamidone
500
ND
0
ND
0
ND
0
Iprovalicarbe
Dimetomorphe
2000
1,9
0,10
1,9
0,10
ND
0
Benalaxyl
200
ND
0
ND
0
ND
0
Benalaxyl-M (Kiralaxyl)
200
ND
0
ND
0
ND
0
10
ND
0
ND
0
ND
0
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Metalaxyl M (Mefenoxam)
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Pyraclostrobine
2000
ND
0
ND
0
ND
0
Azoxystrobine
2000
ND
0
ND
0
ND
0
Oxadixyl
Metalaxyl
Oïdium
Spiroxamine
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Cyproconazole
200
ND
0
ND
0
ND
0
Fenbuconazole
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
200
ND
0
ND
0
ND
0
Metrafenone
500
ND
0
ND
0
ND
0
Penconazole
200
ND
0
ND
0
ND
0
Quinoxyfene
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Myclobutanil
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Kresoxym Methyl
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
Tetraconazole
500
ND
0
ND
0
ND
0
Tebuconazole
2000
ND
0
ND
0
ND
0
Flusilazole
Botrytis
Iprodione
10 000
ND
0
ND
0
ND
0
Pyrimethanil
5 000
ND
0
ND
0
ND
0
Mepanipyrim
3 000
ND
0
ND
0
ND
0
Fenhexamid
5 000
Inf à 1
0
1,3
0,03
ND
0
Fludioxonil
4 000
ND
0
ND
0
ND
0
Cyprodinil
5 000
inf à 5
0
inf à 5
0
inf à 5
0
Boscalid
5 000
ND
0
ND
0
ND
0
Diethofencarbe
1 000
ND
0
ND
0
ND
0
500
ND
0
ND
0
ND
0
Tebufenozide
3 000
ND
0
ND
0
ND
0
Tebufenpyrad
500
ND
0
ND
0
ND
0
Chlorpyriphos-Ethyl
500
ND
0
ND
0
ND
0
Spinozad
500
ND
0
ND
0
ND
0
Carbendazime+Benomyl
Insecticides
Tordeuses
LMR : Limite Maximum Résidus — ND : Non Détecté — μg/Kg : Micro-grammes/Kg
(1) Ch. T., 2008 — (2) Ch. T. de B., 2008 — (3) Ch. T. de B. 2009
eaux de sources doivent répondre à de
telles normes. En ce qui concerne le vin
les normes de l’UE sont établies en milligrammes par Kg, et elles sont pondérales car lorsqu’elles n’existent pas pour
le vin on se réfère aux normes des raisins
de table. Ces normes sont les Limites
Maximum de Résidus (LMR).
Les analyses de cuivre sont les teneurs
naturelles dans la plante, et ne résultent
pas d’apports par les traitements.
Ci-joint les résultats d’analyse de vin des
millésimes 2008 et 2009. Les résidus se
situent à moins de 1 % de la LMR.
Conclusion
L’usage du PK2 et les analyses foliaires
donnent des résultats très encourageants.
Il ne faut plus traiter la vigne sans se
soucier de sa santé, les analyses foliaires
devraient être pratiquées constamment.
Et les attaques de botrytis ne sont plus
un problème.
Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012
❙ Henri Cadillac (P 60), pédologue de
l’Agro de Paris-P 60
12, route de Hontane – 33 340 Ordonnac
[email protected]
Ancien PDG de SA Vignobles
Cadillac-Château Taffard de Blaignan
101
LU, VU, ENTENDU
Lu, Vu, Entendu
ENVOYEZ-NOUS
VOS ARTICLES
Symbiose est avant tout votre revue.
Chaque ancien d’AgroParisTech a
une expertise, un parcours, un savoir
à partager avec ce nouveau réseau,
né avec AgroParisTech Alumni. Nous
vous invitons à nous écrire si vous
souhaitez que nous traitions un sujet
dans ces pages, ou encore mieux, si
vous souhaitez écrire vous-même !
Voici quelques règles pour
la soumission des articles :
LU
Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ?
Alors que l’Afrique, avec les événements actuels au Mali, fait
encore tristement la Une de l’actualité, le livre d’Hervé Bichat
(P 57, IGREF) est un appel à une réflexion pragmatique pour
l’essor de ce continent plein de richesses. Hervé Bichat a souhaité
témoigner, d’abord parce que la crise qui touche le continent noir
a suscité bien des critiques sur la capacité des Africains à accéder
à une société industrielle évoluée. Ensuite, parce que la pensée
économique dominante d’aujourd’hui est incapable de prendre
en compte les ressorts profonds de l’agriculture africaine. Or
l’histoire démontre que, sans une agriculture dynamique, il n’y a
pas de développement.
Les articles (texte, tableaux et figures
compris) doivent être adressés par
courrier électronique à la rédaction
de Symbiose à l’adresse suivante :
[email protected]
Merci de joindre en pièces attachées :
• un fichier pour le manuscrit complet (sans les figures) ;
• un fichier par figure
Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ?
Sauf accord de la rédaction, les
manuscrits ne doivent pas dépasser
6 000 caractères (espaces compris).
Hervé Bichat — 2012, Éditions Quæ — 160 pages — Collection Essais
Ils comportent :
Disponible au format numérique sur www.quae.com
• Une page de titre donnant le titre
de l’article, aussi court et précis que
possible et sa traduction en anglais,
les prénoms (en toutes lettres)
et noms des auteurs, l’adresse de
l’organisme si pertinent, le mail de
l’auteur.
VU
Le site internet de l’OCHA, Observatoire CNIEL sur les
Habitudes Alimentaires
L’Observatoire mis en place par le Centre National Interprofessionnel de l’Economie
Laitère est une mine d’informations scientifiques sur les habitudes alimentaires.
Une fois n’est pas coutume, les sciences sociales sont particulièrement valorisées par
l’OCHA, avec des colloques réguliers sur des thématiques telles que le plaisir dans
l’alimentation, les discours et représentation de la gastronomie, le patrimoine fromager
français, les alimentations particulières… Dont les actes, et bien d’autres documents
d’intérêt, sont téléchargeables sur le site internet. A visiter !
www.lemangeur-ocha.com
ENTENDU
Émission « Planète des Hommes », France 5
Planète des Hommes réunit quatre-vingts histoires fascinantes,
pour beaucoup jamais diffusées à la télévision. Chaque épisode
explore un environnement particulièrement hostile et nous
révèle comment ses habitants ont trouvé des solutions pour y
survivre. En fin de parcours, nous visitons la jungle urbaine, où
nous vivons presque tous maintenant, et découvrons pourquoi
ici, aussi, le lien entre l’Homme et la nature prime sur tout le reste.
Les émissions sont diffusées sur la chaîne et également disponibles sur le site internet :
www.france5.fr/planete-des-hommes/
102
• Une introduction, permettant au
lecteur, même non spécialiste, de
connaître l’orientation et l’étendue
de l’article.
• Un résumé en anglais de 200 caractères au maximum (espaces compris), qui doit être une véritable
synthèse de l’article.
Tout article adressé à la revue est
soumis à relecture par le Comité de
rédaction qui peut décider de publier
ou non l’article. Il peut également être
demandé des précisions aux auteurs.
Nous espérons recevoir prochainement de nombreuses propositions
de contribution. Si vous souhaitez en
discuter avec nous, surtout n’hésitez
pas à nous joindre via l’adresse email
de la revue.
A venir : dans nos prochains numéros,
vous trouverez également les carnets,
rencontres et mutations professionnelles
de nos camarades.
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- CREPA - IPECA PRÉVOYANCE - UNIPRÉVOYANCE, et les partenaires UNPMF - UNMI - IDENTITÉS MUTUELLES - PREVAAL. (Liste au 31 janvier 2012)
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Face aux risques de la vie, le rôle de l’OCIRP est d’unir des organismes
de prévoyance afin d’offrir des garanties complémentaires aux salariés
dans le cadre d’un contrat collectif.
L’OCIRP, organisme paritaire géré par les représentants des salariés et des
employeurs, assure près de 5,4 millions de salariés et 1,2 million d’entreprises.
- Crédit photo : © Olivier.Roller
Et si nous parlions d’avenir ?
Des garanties qui assurent l’avenir ?
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