JFR 2013 Palais des congrès porte Maillot A, Zrig, K. Harrathi, O. Karmani, W. Mnari, A. Ben Nsir, M. Boughamoura, M. Golli Monastir, TUNISIE INTRODUCTION L’otite externe nécrosante progressive (OENP) est une infection grave dont le point de départ est le conduit auditif externe (CAE) Elle diffuse par la suite vers la base du crâne réalisant une véritable ostéomyélite et met ainsi en jeu le pronostic vital Il s’agit d’une infection qui survient essentiellement sur un terrain débilité tel que les sujets immunodéprimés, ou le plus souvent les sujets âgés diabétiques Le Pseudomonas aeruginosa est responsable de l’infection dans 96 à 98% des cas OBJECTIFS L’objectif de ce travail est: 1. D’illustrer les aspects en imagerie des otites externes nécrosantes 2. De préciser la place de l’imagerie dans le diagnostic positif, l’évaluation des extensions lésionnelles et la détection des complications MATÉRIEL ET MÉTHODES Etude rétrospective de 40 patients colligés aux services d’ORL et de radiologie de l'hôpital de Monastir entre de 1999 à 2011 Tous nos patients ont bénéficié d’un examen ORL complet, d'un bilan biologique à la recherche d’un syndrome inflammatoire avec prélèvement bactériologique Une tomodensitométrie cérébrale et des rochers à été réalisée chez tous les patients. La scintigraphie a été faite dans 7cas et l’IRM dans 3cas RÉSULTATS Facteurs de risque Le diabète:95% avec complications dégénératives. L’athérosclérose (47,5% ) & HTA (40%) L’immunodépression :Trois patients et trois facteurs: IRC terminale HCV chronique leuco neutropénie RÉSULTATS Facteurs déclenchants 20% des patients Appareillage auditif bilatéral Baignade en eau de mer ou en eau de Hamman Lavage auriculaire Aspiration de BDC Corps étranger grattage auriculaire traumatisme auriculaire RÉSULTATS Signes fonctionnels L’ otalgie :présente chez tous nos patients . Les autres symptômes: Otorrhée(67,5%), hypoacousie vertige (15%),céphalées(10%) (40%), BO(17,5%), AEG, fièvre, trouble de la motricité faciale marqueurs cliniques d’évolutivité Atteinte unilatérale chez 39 malades, droite chez 24 patients. Examen ORL Examen otoscopique Sténose inflammatoire complète : 40% Présence de bourgeon : 32,5% Présence de polype :27,5% Présence de séquestre osseux ou cartilagineux : 7,5% Le tympan non vu : 65% des patients Le reste de l’examen ORL Inflammation péri-auriculaire 25% Périchondrite 15% RÉSULTATS Examen neurologique Examen des paires crâniennes Paralysie faciale inaugurale: un seul patient Pas de signes méningées ou de localisation Complété par un examen général RÉSULTATS Biologie Glycémie élevée chez tous les diabétiques Valeur moyenne de 14,16 mmol/l VS accélérée :50 mn à H1 Intérêt dans le suivi RÉSULTATS Bactériologie Systématiquement : un prélèvement pour chaque malade . Positif chez 57,5% des patients Refait 2 à 4 fois chez 42,5%. Germes isolés à la culture : Pseudomonas aeruginosa 75% Staphylocoque coagulase négative, et aureus acinétobacter RÉSULTATS Examen mycologique Non systématique Fait chez sept patients et positif chez six. Le diagnostic d’atteinte mycosique fait par: Un prélèvement local. Une sérologie spécifique. Un prélèvement per opératoire Les mycoses isolés :Aspergillus fumigatus et flavus, candida albicans, parasynosis, et tropicalis RÉSULTATS La TDM en coupe fine avec reconstruction MPR a montré un comblement du CAE et des cellules mastoïdiennes avec irrégularité les parois osseuses du CAE dans 15 cas Une lyse osseuse de l'os tympanal et ou de l'apex pétreux a été notée dans 4 cas La scintigraphie a mis en évidence une hyperfixation des rochers L'IRM a permis confirmer les extensions à la base du crane et intracrâniennes suspectées sur les données de la TDM Une thrombose vasculaire a été retrouvée dans deux cas ILLUSTRATIONS a b TDM du rocher gauche en coupes axiales (a) et (b) et coronales (c): otite externe nécrosante avec ostéite de la base du crâne chez une patiente diabétique c a b c TDM du rocher droit en coupes axiales et coronales en fenêtre osseuse (a) et (b) et parties molles (c) et (d): otite externe nécrosante avec atteinte de l’oreille moyenne et ostéite de la base du crâne, extension aux espaces profonds de la face et thrombose de la veine jugulaire interne homolatérale ( ) d a b c TDM du rocher droit en coupes axiales en fenêtre osseuse (a) et (b) et parties molles (c) : otite externe nécrosante avec lyse du tympanal, atteinte de l’oreille moyenne et extension à l’ATM homolatérale Scintigraphie au technétium 99m : hyperfixation temporale chez un patient diabétique avec otite externe nécrosante IRM cérébrale en coupes axiales T2 et T1 fat sat avec injection de Gadolinium: otite externe nécrosante avec ostéite de la base du crane et réaction méningée et atteinte des cervico-faciaux profonds l’Otite externe nécrosante (OEN) appelée également otite «maligne» externe est une otite externe qui se distingue par: Son caractère réfractaire aux traitements locaux habituels avec otalgie sévère et otorrhée purulente, La présence d ’un tissu de granulation des parois du CAE à la jonction des portions osseuse et cartilagineuse, L’isolement plus fréquemment de Pseudomonas aeruginausa au prélèvements, La survenue élective immunodéprimé chez le sujet âgé diabétique ou Une otalgie discrète au début, peut parfois expliquer le délai diagnostique H ’ ypoacousie inconstante et modérée Les vertiges et les acouphènes rarement retrouvés La paralysie faciale: présente dans 20 à 50 % des cas Possible extension à la base du crane: ostéite de la base du crane rares extensions au sinus caverneux et l ’apex orbitaire Examen ORL Examen otoscopique Sténose inflammatoire complète Présence de bourgeon Présence de polype Présence de séquestre osseux ou cartilagineux Le tympan est parfois non vu Le reste de l’examen ORL Inflammation péri-auriculaire Périchondrite Au début, l’’infection nait à la jonction ostéo-cartilagineuse du CAE. Elle peut s’étendre ensuite: en arrière à la mastoïde ; en avant à l ’articulation temporo-mandibulaire; en dedans à l ’apex pétreux ; vers le bas aux tissus mous avec atteinte des espaces cervico-faciaux Le diagnostic repose à la fois sur les explorations radiologiques conventionnelles: TDM et IRM et les explorations isotopiques TDM et IRM permettent d’évaluer l’extension locorégionale et la détection des complications Le scanner confirme le diagnostic en montrant généralement une ostéolyse de la corticale osseuse de la mastoïde et du tympanal et une tuméfaction des parties molles du CAE Dans les formes évoluées, le scanner permet de voir l ’extension à l’apex pétreux, temporaux, péri-tubaires, aux espaces sous para-pharyngés l ’articulation temporo-mandibulaire Le scanner permet le suivi thérapeutique +++ et à Grâce à son excellente résolution, l’’IRM est l ’examen de choix pour préciser l’’étendue des lésions notamment dans les parties molles et la médullaire osseuse Elle est particulièrement utile dans les formes évoluées pour mettre en évidence l’’atteinte des espaces latéropharyngés, des foramens nerveux (paralysie des IX, X, XIèmes nerfs crâniens), de la médullaire des os de la base du crâne et de la dure mère (pachyméningite) La place de la scintigraphie osseuse est importante dans le suivi évolutif des OEN La scintigraphie au technétium 99 permet d’établir à un stade précoce le diagnostic Sa normalisation serait un excellent critère de guérison permettant l’arrêt de l’antibiothérapie Cependant son faible pouvoir de résolution et sa faible spécificité en constituent les inconvénients majeurs Éléments à préciser sur le compte rendu TDM et IRM: Comblement du CAE Extension à l’oreille moyenne Etendue de la lyse osseuse Analyse du canal facial Extension aux espaces profonds de la face et du cou Extension à la base du crane: ostéomyélite (lyse du clivus) Extension aux espaces sous arachnoïdiens et aux sinus veineux dure-mériens CONCLUSION L'otite externe nécrosante est une maladie grave plus fréquente chez le diabétique L'imagerie joue un rôle majeur dans la précision des extensions lésionnelles, la recherche des complications et le suivi thérapeutique QCM 1 L’otite externe nécrosante est caractérisée par: A. Sa fréquence dans la population pédiatrique B. La fréquence de l’atteinte par le Pseudomonas aeruginosa C. L’agressivité loco-régionale avec des complications parfois gravissimes D. La rareté de l’atteinte chez le diabétique QCM 2 Dans l’otite externe nécrosante: A. L'IRM doit être réalisée de façon systématique B. Le scanner est souvent suffisant pour faire un bilan lésionnel local et prendre une décision thérapeutique C. L’IRM est l'examen de choix pour préciser l'étendue des lésions vers les parties molles et les foramens de la base du crâne D. La scintigraphie présente une place importante dans le suivi évolutif des OEM QCM 3 Parmi les facteurs de risque de l’OEN on retient: A. Le diabète B. Le tabagisme C. L’immunodépression D. La bas âge Réponses QCM 1: B et C QCM 2: B, C et D QCM 3: A et C BIBLIOGRAPHIE Elyès Gassab, Nesrine Krifa, Najoua Sayah, Noura Khaireddine, Jamel Koubaa, Aicha Gassab, L’otite nécrosante externe progressive à propos de 36 cas. Tunisie Médicale - 2011 ; Vol 89 ( n°02 ) : 151 – 156 Ismail H, Hellier Wp, Batty V et al. Use of magnetic resonance imaging as the primary imaging modality in the diagnosis and follow-up of malignant external otitis. The journal of laryngology & otology, 2004;118:576-9 Kwon BJ, Han MH, Oh SH et al. MRI findings and spreading patterns of necrotizing external otitis: Is a poor outcome predictable? Clin Radiol. 2006;61:495-504 Karantanas AH, Karantzas G, Katsiva V et al. CT and MRI in malignant external otitis: a report of four cases. Computerized Medical Imaging and Graphics 2003;27:27-34 Grandis J, Branstetter B, Yu V. The changing face of malignant (necrotising) external otitis: clinical, radiological, and anatomic correlations. Lancet Infect Dis 2004;4:34-39