Sermed
Servicios en el Área de Libre Comercio Euromediterránea. Libro de Actas Euro-Mediterranean Services Congress
601
Euro-Mediterranean Services Congress. 9-11 abril de 2014
Fac. CC. Económicas, Empresariales y Turismo. Universidad de Alcalá. Madrid. España.
ISBN: 978-84-695-9987-7
Les services dans l’économie verte au Maroc:
Opportunités de création d’emplois et défis d’innovation
Fatima ARIB
Groupe de recherche « Innovation, Responsabilités et Développement Durable INREDD»,
Faculté de Droit, Université Cadi Ayyad- Marrakech
Résumé :
Le Maroc est confronté à des défis complexes. L’économie verte pourrait lui offrir un nouveau
cadre pour repenser son développement économique de manière stratégique et durable. Cette
économie incite à utiliser la contrainte environnementale comme levier pour le développement
durable, à travers notamment la relance de l'activité économique et de l'emploi, l'amélioration
du bien-être des individus et la réduction des inégalités sociales.
Cet article s’appuie sur le cas du Maroc, pour analyser les opportunités des éco-activités en
général, et des éco services en particulier en termes de création d’emploi. Nous discutons
également les différentes opportunités d’innovation qu’offrent ces services, pour promouvoir
les interactions sociales, écologiques et économiques, dont l’objectif est le développement
d’une économie verte. Nous nous attardons sur les conditions de mobilisation de ces
opportunités pour en tirer profit dans la création de richesses et d’emplois au Maroc.
Mots clés :
Maroc, économie verte, services, environnement, emploi, innovation.
Services in the green economy in Morocco: Opportunities for job creation and innovation
challenges
Abstract
Morocco is facing complex challenges. The green economy could provide a new framework to
rethink its economic development strategic and sustainable manner. This economy encouraged
to use environmental stress as a lever for sustainable development, particularly through the
revival of economic activity and employment, improving the well - being of individuals and the
reduction of social inequalities.
This article is based on the case of Morocco, to analyze the opportunities of eco- activities in
general, and ecosystem services in particular in terms of job creation. We also discuss the
various opportunities offered by these innovative services to promote the social, ecological and
economic interactions, whose objective is the development of a green economy. We focus on
the conditions for mobilizing these opportunities for profit in the creation of wealth and
employment in Morocco.
Key words
Morocco, green economy, services, environment, employment, innovation.
Introduction
Le développement durable et la protection de l’environnement sont devenus ces dernières
années, des thèmes incontournables de tous les débats, politique, économique et social. La
définition de référence a été donnée par le rapport « Notre avenir à tous », publié par la
Commission des Nations Unies pour l’Environnement en 1987. Il s’agit d’un «développement
qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de
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répondre aux leurs». Trois composantes, intimement liées, ont été ainsi relevées: la préservation
de l’environnement, la croissance économique et l’équité sociale. Le développement durable a
été donc présenté comme un nouveau principe directeur destiné à guider la croissance (Flam,
2011). C’est ainsi que la croissance économique n'est plus une valeur en soi, que si elle respecte
l'environnement, et que si elle est socialement équitable.
Malgré les nombreux travaux, rencontres et recommandations d’envergure mondiale, la mise
en pratique du développement durable, ainsi que son opérationnalisation se sont toutefois
révélées une tâche très complexe. Cette complexité est due essentiellement, selon le (PNUE,
2011), au caractère inapproprié du modèle de veloppement économique régnant, en regard
des objectifs du développement durable. L'économie verte sest présentée alors comme l’une
des voies pour réaliser et promouvoir le développement durable, avec ses trois dimensions
économique, environnementale et sociale, une voie axée sur les priorités et spécificités
nationales et locales.
Le développement de cette économie a été spécialement suscité par les crises mondiales,
financières, économiques et sociales durant ces dernières années et surtout entre 2007 et 2010,
mais aussi par la crise environnementale permanente, avec plusieurs préoccupations presque
communes à tous les pays: croissance, création d’emploi, réduction de la pauvreté, sécurité
alimentaire et énergétique. Le Groupe des 2O le reconnait clairement dans sa déclaration lors
du sommet de Londres, « l’économie de demain sera inclusive, verte et soutenable (...) La crise
est une opportunité pour accélérer la nécessaire transition vers cette économie.», (G20, 2009).
L’économie verte, telle qu’elle est abordée par plusieurs instances internationales, entend donc
répondre à de nombreux défis contemporains, qui se déclinent à plusieurs niveaux global,
régional et local. Elle conduit à ce que la majorité des agents économiques considèrent le respect
de l’environnement comme une donne incontournable. Cette économie se présente également
comme un secteur où le potentiel de croissance et de création d’emploi, est le plus prometteur.
D’importants investissements sont en effet engagés à l’échelle internationale dans les secteurs
clés de l’économie verte.
Ce nouveau modèle de croissance recèle d’un grand potentiel en matière d’emplois et de
contribution au produit intérieur brut PIB. Dans son rapport publié en 2010, le PNUE estime
que plus de 25 millions d’emplois à l’horizon 2050, seront créés dans l’économie verte, pour
un investissement de 2% du PIB mondial, (PNUE, 2010). D’autres rapports le confirment, et
estiment qu’au moins la moitié de la main d’œuvre mondiale, sera touchée par la transition vers
une économie plus respectueuse de l’environnement (OIT, PNUE (2012)).
Les pays méditerranéens sont de plus en plus confrontés à de nombreux défis économiques,
environnementaux et sociaux qui sont globalement, étroitement liés. Leur performance
économique est critique, et la plus part de ces pays ne sont plus compétitifs face à la rapide
expansion des nouvelles puissances industrielles surtout asiatiques.
Au Maroc, ces défis sont pluriels et diversifiés. Le chômage, les difficultés de création
d’emplois et la gestion des ressources naturelles sont des exemples des fis les plus complexes,
auxquels est confronté le pays. Les décideurs publics doivent faire face à un taux de chômage
très élevé surtout chez les jeunes, souvent très pessimistes, au regard du manque de perspectives
qui leur sont offertes. Lenvironnement et les ressources naturelles surtout, sont également en
dégradation constante: pollution de l’air et des eaux, érosion éolienne et hydrique des sols,
désertification, déforestation, biodiversité menacée, etc. Le coût de cette dégradation, a été
évalué par le Secrétariat d’Etat à l’Environnement, en 2010, à 8,2 % du P.I.B. du Maroc.
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Ces défis doivent donc être considérés comme l’occasion de s’engager résolument sur la voie
d’une économie plus verte, pouvant offrir ainsi un nouveau cadre pour repenser le
développement économique du pays de manière stratégique et durable, permettant d’utiliser la
contrainte environnementale comme levier pour le développement durable, à travers
notamment une croissance soutenue; une croissance qui permet de relancer l'activité
économique et la création d'emploi, l'amélioration du bien-être des individus et la réduction des
inégalités sociales.
Cet article s’appuie sur le cas du Maroc, pour analyser les opportunités des éco-activités en
général, et des éco services en particulier en termes de création d’emploi. Nous développons
ensuite les principales opportunités d’innovation qu’offrent ces services, pour promouvoir les
interactions sociales, écologiques et économiques, pour le développement d’une économie
verte. Nous nous attardons sur les conditions de mobilisation de ces opportunités pour en tirer
profit dans la création de richesses et d’emplois au Maroc.
C’est ainsi que nous commençons par une exploration de la notion de l’économie verte et de
ses différents enjeux en général, et dans le cas du Maroc en particulier (1). Nous essayerons
d’analyser les opportunités qu’offrent les éco activités et surtout les éco services en matière de
création d’emplois (2), pour enfin poser la question du rôle de l’innovation et de l’éco
innovation, dans ce processus de transition écologique (3).
1- Economie verte : Définitions et enjeux pour le Maroc
Le modèle de l’économie verte a été dicté par les crises à la fois économique et
environnementale au niveau mondial. Le concept a été évoqué dès 1989 dans "Blue print for a
Green Economy" de David Pearce et all. Plusieurs institutions internationales ont ensuite
intégré le thème de l’économie verte dans leurs agendas, ce qui a déjà donné lieu à plusieurs
rapports.
Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) est le principale organisme
qui a popularisé l’économie verte, grâce notamment à ses deux publications "The Green
Economy Report" de 2010 et " Towards a Green Economy " de 2011, qui ont analysé les enjeux
de l’économie verte et surtout les grandes opportunités qu’elle offre à l’économie mondiale, en
démontrant qu'investir dans les secteurs clés, permettrait de faire progresser la croissance
économique, objectif principal, mais tout en limitant les risques environnementaux, et tout en
réduisant la pauvreté, première priorité de plusieurs pays, dont le Maroc.
1.1- Définition de l’économie verte
L’économie verte a été développée d’abord dans le contexte global du développement durable.
Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) a publié en 2011 une
définition, largement reprise au niveau mondial: "… une économie qui engendre une
amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les
risques environnementaux et les pénuries écologiques.», PNUE (2011).
Plusieurs autres définitions ont été développées, présentant l’économie verte comme un
ensemble d’activités marquées par les faibles émissions de carbone, des rejets réduits de déchets
et l'utilisation rationnelle des ressources naturelles. Il s’agit d’activités basées sur une approche
du développement, visant à stimuler l’économie mondiale grâce à des politiques qui accordent
la priorité à des énergies propres et à des modes de consommation et de production durables et
responsables. A travers la création d’emplois dans les nouveaux secteurs « verts », cette
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économie vise une répartition plus équitable des retombées positives de la croissance, pour une
amélioration des conditions de vie des populations pauvres. De manière générale, l’économie
verte tend à assurer la viabilité économique, lutter contre la pauvreté par la création d’emplois
dans de nouveaux secteurs et préserver le capital naturel qui soutient les activités humaines
(PNUE, 2010).
L’économie verte est donc conçue pour être inscrite dans une stratégie globale de
développement durable, conciliant les aspects sociaux, écologiques et économiques tout en
veillant à la répartition des richesses créées et à l'équité intra et intergénérationnelle. L'impact
global sur le développement durable dépendra de la capacité de cette économie à transformer
les comportements des agents économiques, et à imposer l’adoption de nouveaux modes de
vie, d'organisation, de production et de consommation, des modes responsables qui tendent à
préserver les ressources naturelles et faire converger les trois piliers du développement durable.
Sur le plan de financement, le PNUE (2011) explique qu’il est possible de « considérer que,
dans une économie verte, la croissance des recettes et la création d'emplois proviennent des
investissements publics et privés qui conduisent à une amélioration des ressources, à une
réduction des émissions de carbone, des déchets et de la pollution, et à la prévention de la perte
de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes ». Ce rapport ajoute que ces différents
investissements sont à leur tour soutenus par la hausse de la demande en faveur de produits et
services préservant l'environnement, par l'innovation technologique et, « très souvent, par les
mesures fiscales et sectorielles correctives adoptées à plusieurs niveaux, pour garantir que les
prix reflètent correctement les coûts environnementaux et sociaux. »
1.2- Enjeux de l’économie verte au Maroc
Chaque pays dispose, en fonction de ses circonstances et ses priorités d'une diversité
d'approches, de visions, de modèles et d'outils pour parvenir au développement durable dans
les trois dimensions (Déclaration de Rio, 1992, article 56). Il s’avère que plusieurs pays
envisagent de faire la transition vers une économie verte, dans l’espoir de sortir de la crise
financière puis économique, en investissant massivement dans les secteurs de l’économie verte.
Le Maroc, comme la plupart des pays méditerranéens, est maintenant engagé dans cette
transition, afin de réduire la dégradation environnementale, affectant notamment les
populations pauvres, et d’augmenter la productivité des actifs naturels pour atteindre les
objectifs nationaux en termes de développement économique.
La mise en place au Maroc d'une économie verte a été dictée par le contexte international et
régional, mais aussi national au regard de l'importance des initiatives et stratégies lancées ces
dernières années, ayant pour principal objectif, la réponse aux besoins socio-économiques et
environnementaux pressants, et principalement la réduction des importations des énergies
fossiles, la rationalisation de la consommation d'énergie et l'atténuation de la dégradation des
écosystèmes naturels du pays. Pour illustrer ces propos, l’économie marocaine dépend à plus
de 97% des importations des énergies fossiles. La facture énergétique du Maroc, a dépassé la
barre de 100 milliards de dirhams en 2012, alors que les sources des énergies renouvelables:
solaire, éolienne et de biomasse, sont très abondantes au Maroc, et des gisements importants
d’économie en énergie existent, grâce à l’efficacité énergétique dans de nombreux secteurs:
industrie, bâtiment, transport et agriculture.
En plus des nombreux engagements et accords signés par le Maroc, l’Union Européenne lui a
accordé en 2008, le Statut Avancé, l’obligeant ainsi à une convergence réglementaire à terme,
et une meilleure intégration des paramètres environnementaux dans la gestion des entreprises,
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et à la structuration d’un appareil de contrôle et d’accompagnement aux meilleurs pratiques.
Tout cela met le Maroc devant la nécessité d’une action réfléchie face à cette problématique,
aussi importante, pour s’engager dans une nouvelle politique environnementale, entendant faire
de la protection de l'environnement un facteur clé du développement économique et social du
pays.
Une dynamique environnementale a été ainsi enclenchée ces dernières années, dans les
différents secteurs économiques, par des programmes d’opérationnalisation de la Charte
Nationale de l’Environnement et du Développement Durable. Plusieurs stratégies et plans ont
été élaborés: la stratégie d’économie d’eau et la rationalisation de l’utilisation de l’eau dans
l’agriculture, la protection des forêts et de la biodiversité, les plans de développement des
énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, les programmes de renforcement de
l’assainissement et l’épuration des rejets liquides, la gestion durable des déchets solides, le
tourisme, la pêche
Le contexte est relativement favorable à une transition de l’économie marocaine vers une
économie verte. Le Maroc est un des pays dont le positionnement géographique est stratégique,
ce qui pourrait aider le pays à devenir un hub économique entre l’Afrique et l’Europe. Le grand
potentiel en énergies renouvelables, son statut de faible émetteur en émission de CO2 (2,5T/hab
/an seulement en 2004), lui permettent de se positionner sur le marché des crédits carbone. Les
dernières approches sectorielles qui donnent une certaine visibilité à moyen et long terme, les
initiatives importantes lancées dans les différents secteurs économiques et environnementaux,
confirment cette dynamique.
Malgré que cette transition à une économie verte constitue une bonne occasion pour positionner
le Maroc dans des secteurs industriels nouveaux, renforcer ainsi sa compétitivité et contribuer
à la réduction des externalités environnementales et sociales, notamment dans certaines régions
défavorisées, il s’avère que le Maroc a développé plusieurs programmes sectoriels verts, mais
sans la mise en place d'une stratégie globale structurante de l'économie verte. En plus, ces
programmes ne sont pas suffisamment intégrés au niveau régional et local et souffrent d’une
très faible mobilisation de financements privés.
En plus de ces programmes, l’économie verte suppose également l’intégration de la dimension
environnementale dans les programmes d’éducation et d’enseignement à tous les niveaux pour
influencer les comportements et les futurs modes de consommation, et la mise en place d’une
stratégie de communication et de sensibilisation environnementale ciblée pour une meilleure
mobilisation et responsabilisation des différents acteurs.
2- Les services dans l’économie verte: Opportunités de création d’emploi
Plusieurs études comparatives ont montré que le concept de l'économie verte recèle un potentiel
de croissance durable et de création d'emplois beaucoup plus important que le modèle
conventionnel (CES, 2012). Avant de développer ces opportunités, il convient de définir
d’abord les activités de l’économie verte.
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