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• Le culte du chef. L'État totalitaire met en scène son chef infaillible. Staline est le Vojd, Hitler le Führer, Mussolini
le Duce - trois mots qui dérivent du verbe «guider».
- Staline prétend conduire le peuple soviétique vers une société sans classe, où chaque travailleur accédera au bonheur.
- Hitler veut régénérer la «race allemande» et la guider vers la grandeur.
- Mussolini montre l'exemple aux Italiens: il est présenté comme un surhomme, penseur brillant et grand sportif.
• La mise en scène de l'unanimité. Réunie autour de son chef, la communauté doit affirmer son unité. C'est pourquoi
le rassemblement de masse, lors de grandes cérémonies, est privilégié (congrès annuel du parti nazi à Nuremberg). Les
moyens techniques les plus modernes (radio, cinéma) sont utilisés pour donner à voir et à entendre une seule chose:
l'idéologie dominante. Le monologue totalitaire s'oppose au dialogue démocratique.
• L'art (sculpture, peinture, cinéma, littérature, etc...) et les moyens de communication de masse (radio) sont
également mis au service de la propagande.
- Joseph Goebbels est chargé du ministère de l'information populaire et de la propagande dans l'Allemagne nazie. Il
crée la Chambre culturelle du Reich pour contrôler étroitement toute la vie culturelle et artistique. Le sculpteur Arno
Breker est le prototype de "l'artiste officiel" qui met son art au service du régime et de l'idéologie nazis. On citera
également la cinéaste leni Riefenstahl qui filme le congrès du parti nazi à Nuremberg (Le triomphe de la volonté,
1935) et les Jeux olympiques de Berlin en 1936 (Les Dieux du stade 1938).
- L'art pendant le règne de Staline a été marqué par la volonté du gouvernement d' imposer le style du réalisme
soviétique et de sévèrement réprimer toutes les autres tendances. De nombreux écrivains ont été emprisonnés et/ou
tués. Des livres ont été retirés des bibliothèques et détruits.
• La haine de la raison? Dans ce cadre, tout ce qui relève du jugement critique est suspect. La propagande totalitaire
vise à fasciner, étourdir, voire hypnotiser les foules: elle s'adresse aux sens, aux sentiments, plus qu'à la raison. Les
intellectuels qui ne se mettent pas au service de l'État sont censurés ou persécutés. Dans la nuit du 10 mai 1933, devant
l'université de Berlin, les nazis brûlent 20 000 livres désormais interdits.
III. LES SOCIETES FACE AU TOTALITARISME:
Les régimes totalitaires parviennent-ils à contrôler totalement la société?
A. Des économies restructurées
Arrivés au pouvoir dans des conditions économiques catastrophiques, les régimes totalitaires
reconstruisent les structures productives. L'industrie est jugée prioritaire.
- En URSS, sous Staline, à partir du Grand tournant de 1928/1929, la collectivisation de l'agriculture et
l'industrialisation se font à marche forcée en ayant recours à la planification de l'économie. La priorité accordée aux
industries de base (charbon, acier, pétrole, métallurgie), considérées comme des facteurs-clés de la puissance, s'est
faite au détriment de l'agriculture et des industries de consommation.
- Les régimes fasciste et nazi mènent des politiques économiques dirigistes sans pour autant remettre en cause la
propriété privée ou le système capitaliste. Ils relancent l'emploi autour de grands travaux (bataille du blé et
bonification des terres - assèchement des marais pontins - en Italie, construction d'autoroutes en Allemagne, etc...). De
4,8 millions en 1933, le nombre de chômeurs allemands est ramené à 119.000 en 1939. Allemagne et Italie entrent
également dans la voie de l'autarcie. Cette politique économique vise à réduire la dépendance extérieure en
développant les productions nationales et éventuellement des produits de substitution (ersatz en Allemagne). Enfin,
elles initient des politiques de réarmement (Plan de quatre ans lancé par Göring en 1936) et s'orientent vers une
économie de préparation à la guerre. En 1939, l'Allemagne nazie est devenue la 2e puissance industrielle du monde.
= Dirigisme économique: forte intervention de l'Etat dans l'économie.
= Politique autarcique: système économique par lequel un pays cherche à se suffire à lui-même. L'autarcie peut
s'envisager comme une préparation à la guerre.
B. Des dynamiques sociales contrastées
• Une société soviétique transformée. Lénine et surtout Staline ont initié un changement en profondeur de la société
russe. Elle devient de plus en plus urbaine et industrielle. De nouveaux cadres (médecins, ingénieurs, professeurs)
issus du peuple sont formés dans les années 1920 et 1930. Ils se retrouveront à la tête du Parti et de l'État après la mort
de Staline en 1953, comme Khrouchtchev et Brejnev (successeurs de Staline). Cependant, la réalité soviétique est loin
de l'égalité sociale. Une nouvelle classe de privilégiés apparaît et profite des largesses du régime: cadres du parti,
officiers de l'armée rouge, cadres des entreprises d'Etat... À l'opposé, les exclus du système soviétique sont nombreux:
koulaks, ouvriers absentéistes, kolkhoziens négligents ou religieux interdits.
= Koulak: paysan « aisé », et donc ennemi de classe. En réalité, tout paysan hostile à la collectivisation.
• Le statu quo social allemand et italien. Les partis fasciste et nazi tenaient à l'origine un discours populiste, voire
socialiste. Une fois arrivés au pouvoir, ils abandonnent l'ambition de bouleverser la société et ménagent les élites
traditionnelles. Hitler entretient de bons rapports avec le patronat. qui finance le NSDAP depuis 1931, et avec l'armée.
Il se débarrasse de l'aile gauche du Parti nazi le 30 juin 1934 lors de la Nuit des longs couteaux.