
Journal de l’alpha n°173 > 5
Questions de grammaire, d’ortho-
graphe, de nouvelle orthographe…
Pourquoi passer à la nouvelle orthographe ?
Pour suivre les recommandations des autorités ?
Pour se mettre à la page et être en phase avec
l’orthographe qu’apprennent aujourd’hui nos
enfants ? Pour s’émanciper des codes et normes
antérieures ? Pour nous faciliter la vie et l’ap-
prentissage ?
Dans un deuxième article, Dominique Dupriez
aborde la question des enjeux sociaux des ques-
tions de grammaire et d’orthographe. Un bref
historique nous rappelle que ce n’est qu’au 19e
siècle que l’orthographe devint un critère de
sélection sociale et que s’ancra profondément
dans les mentalités une conception de l’ortho-
graphe associée à la notion d’effort, de bonne
éducation, de patriotisme, d’élégance… et
qu’aux yeux de certains, faire une faute revint à
manquer de toutes ces vertus, la notion de ‘faute’
remplaçant dans la pensée laïque et l’enseigne-
ment celle de ‘péché’ héritée de la tradition
catholique et de l’ancien régime. L’orthographe
devint alors, et reste toujours aujour d’hui, un
symbole de savoir et de pouvoir, ainsi qu’un cri-
tère de sélection sociale. Face à la crise actuelle
de l’orthographe (baisse de niveau), trois causes
sont avancées : le laisser-aller général des usa-
gers associé à la disparition des vertus tradition-
nelles évoquées, le laisser-aller des enseignants,
ou, comme le pensent les tenants de la réforme
de l’orthographe, les nombreuses incohérences
et exceptions que renferme l’orthographe et le
fait qu’on l’ait à une époque corsetée, empê-
chant son évolution. Dans cette opti que, la
nouvelle orthographe ne fait rien d’autre que
de venir rappeler à chacun que l’ortho graphe
DEPUIS LE MOIS DE NOVEMBRE 2009, le
Journal de l’alpha est publié en nouvelle
orthographe. Nous n’avons reçu aucune réac-
tion ; cela ne semble donc pas être une des pré-
occupations premières du secteur. Pourtant, les
questions de grammaire et d’orthographe fran-
çaises ont été et sont toujours en lien étroit
avec les questions de pouvoir, d’oppression et
d’émancipation. Et la manière de travailler ces
questions en alphabétisation est source égale-
ment de beaucoup de réflexions. Questions que
nous aborderons dans deux numéros : celui-ci
et celui qui paraitra en novembre 2010.
Qu’est-ce que la nouvelle orthographe ?
Dans un premier article, Dominique Dupriez
nous présente la réforme actuelle qui tend
principalement à supprimer des anomalies de
l’orthographe française, des exceptions ou des
irrégularités, et à simplifier un certain nombre
de choses (francisation des mots d’origine
étrangère, pluriel des noms composés, usage
du trait d’union et de la soudure, de l’accent
circonflexe,…). Mais il s’agit aussi, pour cet
auteur, de changer d’attitude et de définition,
de passer de l’orthographe vue comme ‘maniè-
re unique d’écrire un mot’ à ‘l’acceptation de
différentes façons d’écrire un mot’. En effet,
contrairement à ce qui est parfois véhiculé par
les dictionnaires et les livres d’écoles, il exis-
tait déjà quelques milliers de mots ayant des
variantes. De plus, l’orthographe a connu une
longue évolution depuis le Moyen Age. Pour-
quoi ne pas lui permettre de poursuivre cette
évolution ?
Editorial
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