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Analyse de deux documents en histoire
Sujet : Gorbatchev et la fin de l’URSS.
Consigne :
Après avoir présenté ces deux documents, vous montrerez dans quelle mesure
ils permettent d’expliquer la fin de l’U.R.S.S. ?
«"Perestroïka", cela signifie surmonter le processus de stagnation, rompre le
mécanisme de freinage, créer des systèmes fiables et efficaces pour
accélérer le progrès social et économique et lui donner un plus grand
dynamisme. "Perestroïka", cela signifie aussi initiative de masse. C'est le
développement complet de la démocratie, l'autonomie socialiste,
l'encouragement de l'initiative et des attitudes créatives, c'est aussi
davantage d'ordre et de discipline, davantage de transparence, la critique et
l'autocritique dans tous les domaines de notre société. C'est le respect le plus
absolu pour l'individu et la prise en considération de la dignité de la personne,
c'est l'intensification systématique de l'économie soviétique, le renouveau et
l'épanouissement des principes du centralisme démocratique dans la gestion de
l'économie nationale, l'introduction en tous lieux de méthodes économiques, le
renoncement à une gestion fondée sur l'injonction et les méthodes
administratives. [...] "Perestroïka", cela signifie le développement prioritaire
du domaine social, avec pour objectif de satisfaire les aspirations du peuple
soviétique à de meilleures conditions d'existence et de travail, à de meilleurs
loisirs, à une meilleure éducation et de meilleurs soins médicaux. »
Mikhaïl Gorbatchev,
Perestroïka
, Flammarion, 1987
Injonction : ordre, commandement
.
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Caricature de Plantu publiée dans Le Monde, 9 décembre 1991.
En tête du cortège, on reconnaît Mikhaïl Gorbatchev, suivi par Boris Eltsine, président
de la Russie.
CORRECTION
INTRODUCTION (Présentation des deux documents et de leur contexte)
Cet ensemble documentaire porte sur les dernières années de l’URSS au cours
desquelles, sous la direction de Mikhaïl Gorbatchev secrétaire général du PCUS et
chef de l’Etat soviétique depuis 1985, une série de réformes furent mises en œuvre
dans l’objectif de sauver l’Union Soviétique qui avait pris un retard économique et
technologique notable par rapport aux principales économies occidentales. Face à cet
essoufflement, Gorbatchev qui a été désigné pour son jeune âge (54 ans en 1985) et
son appartenance au courant réformateur du Parti Communiste, entreprend des
réformes qui libéralisent la vie économique et politique.
Le texte est un extrait du livre de M. Gorbatchev,
Perestroïka
(terme qui
signifie restructuration) publié en 1987. Il est donc contemporain du processus de
réforme entrepris immédiatement après son arrivée au pouvoir en 1985. Il y expose
sa politique de réformes (la
Perestroïka
) ainsi que les objectifs poursuivis.
Le dessin de Plantu, caricaturiste du quotidien français
Le Monde
, qui publie
chaque jour en première page de ce journal, a été publié le 9 décembre 1991, c’est-à-
dire quelques jours avant la démission de Mikhaïl Gorbatchev et la création de la CEI
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(Communauté des Etats Indépendant), événement qui marqua la fin de l’URSS. Cette
caricature met en évidence un des aspects de l’échec de la politique de réformes de
Gorbatchev.
ANALYSE DES DEUX DOCUMENTS AUTOUR DE DEUX AXES :
Les réformes voulues pour sauver l’URSS.
Dans ce texte, Gorbatchev commence par annoncer les objectifs de la
Perestroïka
. Le
principal consiste à « surmonter le processus de stagnation» (ligne 1) et « accélérer le
progrès social et économique » (lignes 2 er 3), c’est-à-dire améliorer les conditions de
vie de la population. En effet, au moment Gorbatchev parvient au pouvoir, le pays
est épuisé par la course aux armements et bloqué par un système économique
inefficace (pénuries fréquentes et produits inadaptés incapables de répondre aux
attentes de la population), comme en a rendu compte quelques années auparavant un
rapport confidentiel commandé par la KGB. L’accident de la centrale nucléaire de
Tchernobyl qui eut lieu en Ukraine en 1986 mit également en évidence l’obsolescence
du système de production du pays.
L’autre objectif énoncé est plutôt de nature politique, puisqu’il vise à introduire
« davantage de transparence, la critique et l'autocritique dans tous les domaines de
notre société » (lignes 7 et 8), c’est-à-dire à démocratiser la société soviétique et à
respecter les droits de l’Homme. Ce volet de la politique de réforme est appelé
« Glasnost » qui signifie transparence. Il est évoqué à la ligne 4 du document :
« développement complet de la démocratie » après des années de dictature du PCUS
et de contrôle de la population par la police politique.
Le texte annonce donc des objectifs très ambitieux, cependant les moyens annoncés
pour y parvenir demeurent vagues. Ainsi, il parle de « l'encouragement de l'initiative
et des attitudes créatives » (ligne 6), de « l'intensification systématique de
l'économie soviétique » (ligne 10) et de « renoncement à une gestion fondée sur
l'injonction et les thodes administratives » (lignes 13 et 14), sans vraiment
annoncer comment il va procéder. En outre, il annonce que cette série de réformes, en
aucun cas, ne doit remettre en question les principes socialistes. C’est le sens de
l’expression «renouveau et épanouissement des principes du centralisme démocratique
dans la gestion de l'économie nationale » (lignes 10 à 12). On perçoit donc dans ce
refus d’abandonner l’économie socialiste, que la portée des réformes annoncées
risque d’être limitée. En effet, les difficultés se sont vite multipliées : économie
désorganisée, inflation, apparition du chômage et aggravation des pénuries. Elles
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entrainèrent ensuite des problèmes politiques et la montée de l’opposition qui sont
mises en évidence par la caricature de Plantu.
Leur échec et ses conséquences.
La caricature de Plantu insiste sur un des aspects de l’échec de la politique de
Gorbatchev, à savoir, l’éclatement du pays (chacun a son drapeau et le drapeau
soviétique a disparu). Les républiques de l’Union défilent séparément. En effet, après
des années d’étouffement des droits des diverses nationalités au nom du socialisme,
on assiste à une montée des nationalismes et des revendications d’indépendance de la
part de ces républiques.
Gorbatchev apparaît ici sans drapeau devant Boris Eltsine qui a dissout l’URSS la
veille, le 8 décembre 1991, et est devenu président de la Russie à l’issue d’un
processus électoral qui l’a favorisé face à Gorbatchev affaibli par l’échec de la
Perestroïka
.
Finalement, peu de temps après, le 25 décembre 1991, Gorbatchev annonce sa
démission de la présidence d’un Etat qui a disparu.
LES LIMITES DES DEUX DOCUMENTS POUR COMPRENDRE LE PROCESSUS DE
DISPARITION DE L’URSS
Aucun des documents ne rend compte de la longue durée dans laquelle s’inscrit la
disparition de l’URSS. Or, celle-ci est le résultat d’une longue évolution interne qui a
commencé au temps de Khrouchtchev, successeur de Staline et artisan de la
déstalinisation du pays. Ce processus s’est ensuite accéléré sous Gorbatchev.
Enfin, on peut signaler que ces documents ne rendent pas compte des autres causes
de l’échec des réformes de Gorbatchev, comme le manque d’encadrement légal de la
libéralisation de l’économie.
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