Le Courrier des addictions (11) – n ° 4 – octobre-novembre-décembre 2009
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diagnostiquée, même dans les pays industria-
lisés. Comme pour le virus de l’hépatite B, les
conséquences de cette infection chronique
sont la cirrhose et l’hépato-carcinome. Le trai-
tement par interféron alpha et ribavirine pro-
posé actuellement est efficace dans un nombre
non négligeable de cas, selon le génotype
considéré, mais au prix d’effets secondaires im-
portants. Cependant, les risques d’échec et les
possibilités de recontamination font préférer
la solution d’une vaccination. Plusieurs candi-
dats ont fait l’objet d’essais cliniques de phase
I sur le versant thérapeutique de l’hépatite C,
avec des résultats encourageants en termes de
diminution de la charge virale et de tolérance.
Selon les cas, les stratégies se fondent sur la
production d’anticorps neutralisants ou d’une
réponse à la médiation cellulaire. Des essais
de phaseII devraient commencer prochaine-
ment. Le chemin reste toutefois long et incer-
tain avant l’obtention d’un vrai vaccin.
TOUJOURS EN PERSPECIVE
AUSSI, CELUI CONTRE LE VIH
Comme pour l’hépatite C, les UD sont tou-
chés par cette infection depuis le début de
la pandémie. La nécessité d’obtenir un vac-
cin contre le VIH a été comprise dès les an-
nées 1980. Beaucoup de moyens humains
et financiers ont été mobilisés depuis sans
succès pour l’instant. L’annonce récente des
résultats d’un essai de phase II montrant un
certain degré de protection contre l’infection
doit être tempérée par le fait qu’il s’agissait
d’un petit effectif. Des essais cliniques sur
un grand nombre de personnes sont néces-
saires. En outre, il est indispensable de mieux
caractériser la réponse vaccinale contre le
VIH pour permettre la progression dans la
recherche d’un vaccin.
CONTRE CEUX DE LA GRIPPE
La grippe saisonnière est une cause impor-
tante de morbidité et de mortalité chaque
année. Les UD peuvent être à risque à cause
de leur situation sociale précaire, d’un terrain
pulmonaire fréquemment fragilisé par une in-
toxication tabagique et d’un état de dénutri-
tion favorisant les surinfections. La situation
est encore plus préoccupante actuellement
avec la pandémie grippale due au virus A/
H1N1.
Le vaccin de la grippe saisonnière est connu
depuis longtemps et les taux de séroconver-
sion et de séroprotection sont des critères
préalables à l’obtention de la mise sur le mar-
ché : 70 % de la population doit être protégée
(60 % pour les plus de 60 ans). Les études
d’immunogénicité du vaccin antigrippal chez
les UD sont peu nombreuses, mais elles ne
montrent pas de diminution de l’efficacité
immunologique ni de modification de la to-
lérance du vaccin par rapport à la population
générale (8, 9). Concernant la grippe pandé-
mique A/H1N1 2009, il n’y a, pour l’instant,
aucune donnée publiée chez les consomma-
teurs de drogues. La vaccination antigrippale
est recommandée dans ce groupe à cause des
risques de décompensation respiratoire ou de
surinfection bactérienne.
LE TÉTANOS,
TOUJOURS PRÉSENT
Le tétanos est une maladie infectieuse ubi-
quitaire liée à Clostridium tetani. De petites
épidémies sont régulièrement signalées chez
des UD par voie intraveineuse, la transmis-
sion se faisant par des aiguilles souillées.
Le vaccin contre le tétanos existe sous forme
trivalente (associé aux vaccins contre la
diphtérie et la poliomyélite) ou quadrivalente
(mêmes valences associées au vaccin coque-
lucheux acellulaire). Les recommandations
françaises stipulent que la vaccination contre
le tétanos doit se faire avec un rappel tous les
10 ans chez l’adulte. Le tétanos est une mala-
die à déclaration obligatoire en France et doit
faire l’objet d’une notification à la DDASS. Il
convient d’être particulièrement vigilant chez
les UD par voie injectable en vérifiant leur
statut vaccinal et, au besoin, en réalisant une
sérologie pour mettre à jour leur vaccination
si le taux d’anticorps est insuffisant.
La couverture vaccinale antitétanique est
mauvaise chez les consommateurs de dro-
gues, du fait d’un suivi médical irrégulier
(10). Les injections de rappel décennales ne
sont souvent pas réalisées et les taux d’anti-
corps diminuent avec l’âge, rendant certaines
personnes vulnérables à cette infection aux
graves conséquences. Aucune donnée n’in-
dique que le vaccin antitétanique serait
moins immunogène chez les UD.
CONCLUSION
Malgré leur situation à haut risque pour un
certain nombre de maladies à prévention vac-
cinale, les consommateurs de drogues ont des
couvertures vaccinales très insuffisantes. Les
modalités de prise en charge de ces patients
doivent inclure la vaccination, après vérifica-
tion du statut vaccinal, voire après réalisation
de sérologies. Des essais cliniques d’immuno-
génicité des vaccins, mais surtout d’efficacité
clinique, sont nécessaires dans cette popula-
tion particulière, car les quelques données pu-
bliées sont parfois contradictoires. Les autres
mesures prophylactiques chez les UD restent
très importantes, mais la vaccination est un
élément indispensable d’une politique de pré-
vention.
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