Dimanche 15 novembre 2015 ACTUALITÉ
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TOUT EN CONDAMNANT LES ATTENTATS DE PARIS
Ghoul met en garde contre
les amalgames
En se présentant, hier,
samedi, devant le pupitre,
pour s’exprimer à la
presse nationale, le
président de TAJ (Tajamou
Amal El Jazaïr), Amar
Ghoul, a entamé son
allocution, en revenant sur
les attentats de Paris,
perpétrés dans la soirée
de la journée d’avant-hier.
Au plan national, le chef
de TAJ a réagit devant
l’ascension prise par le
phénomène des enlèvements
d’enfants. Tout en dénonçant
ces actes terroristes revendi-
qués par l’organisation de
l’État Islamique (Daech), le
responsable politique appelle
à l’adoption d’une vision glo-
bale dans la lutte contre ce
phénomène transnational.
«Nous dénonçons le terroris-
me et la violence sous toutes
leurs multiples facettes, et
quelque soient le lieu et le
pays où les phénomènes sévis-
sent», dira-t-il, d’emblée.
Craignant que ces attentats ne
soient encore une fois l’occa-
sion pour certains, de verser
dans les amalgames, Ghoul a
appelé à faire distinction entre
la religion musulmane et les
actes barbares commis au
cœur de la Capitale française.
«Nous prônons le vivre-
ensemble et le rapprochement
des civilisations de tous les
peuples du monde», a-t-il
affirmé. Fraîchement rentré
de Tunis, où il était en mission
sous sa casquette de ministre
de Tourisme, Ghoul a fait
savoir qu’il s’est exprimé déjà
depuis la Tunisie sur ce qui
s’est passé à Paris. «Il ne peut
y avoir de développement sans
la paix et la sécurité, qui sont
garantes de la stabilité dans le
monde», a-t-il prévenu depuis
le pays de Habib Bourguiba.
Pour lui, la culture de la tolé-
rance et l’adoption d’une
vision dépassant le sentiment
d’exclusion et de discrimina-
tion ethnique et religieuse,
doivent prévaloir, afin de pré-
server la sécurité dans le
monde. Or, ce n’est pas le cas
pour Ghoul, ayant relevé un
traitement différent du phéno-
mène. Il a expliqué que
l’Occident joue à la politique
de «deux poids deux mesures».
En effet, il a précisé que la ges-
tion des attentats de Paris ne
peut «malheureusement pas»
être la même, que celle de l’in-
stabilité et l’insécurité qui
règne dans les pays du Sud
(Syrie, Lybie, Irak…), qui sont
en proie à des conflits armés et
sous la prédominance terroris-
te. Pour le premier respon-
sable de ce parti, il faudra
qu’il y ait une approche globa-
le dans la gestion du dossier
de l’insécurité. Selon ses
termes, les puissances étran-
gères doivent mettre en avant
une vision, loin de tout «calcul
ségrégationniste». Cependant,
pour le même homme poli-
tique, lorsqu’un attentat est
commis dans ces pays, il y a
traitement conjoncturel de la
question. Pour étayer son
argumentaire, il a rappelé les
attaques du 11 septembre
2001 commis aux États-Unis.
«Est-ce que la gestion des
attentats de New York a réglé
le problème de l’insécurité
dans les pays du Golf et du
Moyen-Orient ?», s’est-il inter-
rogé. «Non», a estimé Ghoul,
qui a prôné un examen pro-
fond du phénomène de l’insé-
curité, et qui ne peut selon lui
se suffire d’une lutte armée. À
ce titre, le président de TAJ a
rappelé l’expérience algérien-
ne en matière de lutte contre
le terrorisme, et sa position
dans le règlement des conflits
militaires. Ainsi, l’amélioration
de la vie politique, écono-
mique et sociale dans les pays
du monde, constitue le moyen
le plus indiqué à même de
venir à bout de la violence et
de la subversion terroriste. En
qualifiant la politique
Occidentale d’«un plan
machiavélique qui vise la
déstabilisation de la région»,
Ghoul a affirmé que «ceux qui
disent que l’islam est la source
du terrorisme, sont ceux-là
mêmes qui ont créé et financé
les organisations terroristes,
comme Al-Qaïda et Daech».
Dans le même sillage, il a
appelé les puissances occiden-
tales accusées derrière les évé-
nements du «Printemps
arabe», à assumer les consé-
quences de leurs «plan diabo-
lique». D’ailleurs, pour Ghoul,
la crise migratoire syrienne,
n’est qu’une retombée de
cette politique.
Le même orateur a mis en
garde les pays de l’Occident
quant aux dangers de cette
stratégie et conséquences sur
leur pays respectifs, en allu-
sion aux attaques terroristes
potentielles. Tout comme il a
appelé dans le cadre de cette
«vision globale» de la gestion
de sécurité, au règlement des
questions palestinienne et sah-
raouie.
Farid Guellil
LUTTE CONTRE LA VIOLENCE SCOLAIRE ET LES COURS PAYANTS
Le département de Benghebrit se mobilise
Les deux commissions chargées de
proposer des mesures réalistes sur la
prise en charge du phénomène de la
violence en milieu scolaire et de celui des
cours particuliers ont présenté hier leurs
conclusions. Des propositions seront par la
suite proposées pour mettre fin à ces deux
phénomènes.
La ministre de l’Éducation nationale,
Nouria Benghebrit, qui présidait hier l’ou-
verture de la journée d’étude sur la violen-
ce scolaire et les cours particuliers à Alger
a souligné que « l’urgence » caractérise ces
deux dossiers. Le choix qui s’est porté sur
ces deux phénomènes s’est imposé
comme une évidence au regard de l’am-
pleur qu’ils ont pris, explique-t-elle.
Benghebrit a estimé que la violence en
milieu scolaire est le résultat de différends,
de conflits et d’oppositions. Cependant,
poursuit-elle, le problème réside dans le
mode de résolution de ces conflits » et « la
violence semble être le mode dominant».
La ministre a dans le même contexte sou-
ligné l’urgence d’œuvrer au niveau de
l’école à travers des alternatives à la violen-
ce telles que la formation à la prise de
parole, la formation à la négociation, à la
médiation et à l’écoute, tout en veillant à
l’application de la réglementation. Le
nombre d’articles de presse, de lettres de
parents d’élèves et d’enseignants dénote le
malaise dans lequel se trouve notre école, a
soutenu encore Benghebrit qui recom-
mande de mieux connaître le phénomène
de la violence pour mieux le prévenir.
S’agissant des cours payants, la première
responsable du secteur de l’éducation a
considéré que le phénomène devient alar-
mant, car il s’est totalement étendu jusqu’à
concerner les élèves du primaire. « Il nous
paraissait normal que les élèves des classes
d’examens notamment le baccalauréat
puissent recourir à des cours privés
payants mais pas ceux du primaire et du
CEM », regrette la ministre. Elle a ajouté
à ce propos que l’avancée de ce phénomè-
ne risque de ruiner les efforts d’investisse-
ments de l’État. «C’est un vrai marché qui
s’est constitué sur ce registre, répondant à
une demande sociale de plus en plus
importante», estime-elle à ce propos.
Benghebrit poursuit que si la tolérance est
envisageable pour ce qui est des classes
d’examens, il convient cependant de
prendre des mesures afin de mettre fin à ce
phénomène au milieu des enfants du pri-
maire pour qui il est nécessaire de réserver
du temps pour jouer et s’amuser. Pour pal-
lier à cet état de fait, Benghebrit voit néces-
saire d’œuvrer à l’amélioration des pra-
tiques pédagogiques, des modes d’appren-
tissage et d’instaurer un système rénové de
remédiation pédagogique afin d’ériger une
école de qualité qui donne satisfaction. «
C’est à notre sens le meilleur moyen de
limiter l’ampleur du phénomène », sou-
tient-elle. Le rôle fondamental de la famil-
le de l’éducation est de protéger l’enfant,
estime en outre Benghebrit, qui appelle au
respect de l’enfance. Des mesures com-
mencent à être prises, selon la responsable,
pour ramener les choses à leur juste pro-
portion.
LA SURCHARGE DES CLASSES
À L’ORIGINE DE TOUS LES MAUX
SELON LE CLA
Pour le porte-parole du Conseil des
lycées d’Alger, Idir Achour, les deux phé-
nomènes de la violence et des cours parti-
culiers sont la résultante de la surcharge
des classes.
Convaincu par ce qu’il dit Idir
Achour considère que la détérioration
des infrastructures scolaires et le
manque d’encadrement a engendré une
pression au milieu des élèves. Cette
pression est exprimée sous forme de
violence et la solution et de finir le plus
vite possible les projets déjà en chantier
mais aussi de construire d’avantage
d’écoles et d’établissements pour
répondre à la croissance de la popula-
tion. S’agissant, par ailleurs, de la jour-
née de contestation annoncée pour le 18
novembre, le représentant du CLA
affirme son maintien. Évoquant la char-
te de l’éthique et de stabilité à laquelle
le syndicat avait refusé d’adhérer, Idir
Achour considère que la stabilité peut
être assurée en améliorant les condi-
tions de travail dans les écoles. «La char-
te de l’éthique est une bataille pour
gagner l’opinion publique », soutient-il.
De son côté, le président du SNAPEST,
Meziane Meriane, affirme que c’est
l’impunité qui a engendré la violence.
Selon lui, des pressions sont exercées
sur l’enfant le poussant à développer un
comportement violent. Parmi ces pres-
sions, Meriane cite la surcharge des
classes, la mauvaise orientation, et le
mauvais encadrement. Pour pallier à ce
problème, le Snapest recommande une
bonne prise en charge et un suivi per-
manent de l’enfant depuis le primaire
jusqu’au lycée.
Ania Nait Chalal
INITIATIVE DU FLN
Les critiques
du mouvement
El Islah
Pas le temps de tourner sept fois la
langue. Le secrétaire général du
mouvement El Islah, Filali Gouini ne
mâche pas ses mots en ce qui concer-
ne la situation d’ébullition politique
dans laquelle s’est plongée l’Algérie
depuis quelques jours. Du projet de
loi de finance 2016, aux initiatives
politiques lancées par certaines par-
ties, en passant par la nécessité d’une
révision consensuelle de la
Constitution, tout en appelant à don-
ner à non marginaliser l’opposition,
c’est en sommes les sujets abordés par
M. Gouini, lors d’une conférence de
presse, animée, hier, au siège du parti
à Alger. D’emblée, le secrétaire géné-
ral du mouvement El Islah, a regretté
que l’État ait ignoré les principales
doléances de l’opposition. «Le pouvoir
en place ne veut pas reconnaître cette
opposition. Toutes nos doléances ont
été marginalisées »a regretté le confé-
rencier. «L’État ne prend pas au
sérieux nos recommandations et nos
préoccupations, il ne fait que négliger
l’opposition», a-t-il rajouté, avant de
poursuivre que le pouvoir en place ne
fait que détourner la classe politique
des débats essentiels en inventant des
polémiques futiles. Le porte-parole du
parti, a considéré qu’un dialogue
sérieux, conduit par une partie « neutre
», est « à même de rassembler pouvoir
et opposition ». Il a également estimé
que les mécanismes de l’action poli-
tique sont « absents » à cause du « rejet
par le pouvoir » de la requête du mou-
vement en faveur d’un dialogue global
avec tous les partenaires politiques
autour des grandes questions natio-
nales. Un tel dialogue constituerait,
selon le SG du mouvement El Islah, «
une solution algérienne qui débouche-
ra sur une entente algérienne, loin de
toute injonction étrangère comme
celle observée dans certaines régions
du monde arabe où des parties étran-
gères imposent leurs choix ».
Également, s’agissant du message du
Président, à l’occasion du 1er
novembre, notamment dans son volet
relatif à la révision constitutionnelle,
Filali Gouini a dénoncé ce message
qui ne fait que « réaffirmer la volonté
du pouvoir d’ignorer les propositions
de l’opposition et son entêtement à
concrétiser et à imposer son projet de
révision constitutionnelle qui ne fait
pas consensus ». Il a, en outre, précisé
que le pouvoir fait face à une réelle
crise politique. Cette crise est due au
manque de dialogue entre les partis du
pouvoir et l’opposition. À propos du
projet de Loi de finances 2016, Filali
Gouini a regretté que c’est toujours le
citoyen qui paye les pots cassés. « C’est
une loi abusive. Ce n’est pas au citoyen
de réparer les dégâts causés par la
mauvaise gestion », a-t-il soutenu.
D’autre part, pour ce qui est de l’ini-
tiative du Front de libération nationale
(FLN), le porte-parole du mouvement
El Islah a affirmé que c’est une initia-
tive qui vise à préserver le pouvoir en
place. Filali Gouini a considéré que
l'Algérien a besoin d'initiatives
«sérieuses et effectives», comme celles
proposées par l'opposition -, et non des
«solutions superficielles» dont le but est
de «camoufler l'incapacité du pouvoir à
résorber la crise économique aiguë que
traverse l'Algérie». C’est donc, en
termes plus clairs, une initiative de la
crise, mais qui porte une couleur diffé-
rente des autres initiatives lancées
auparavant. Le seul but en commun
est d’attirer le plus de citoyens pour les
convaincre d’adhérer à celle-ci. «
L’État doit renoncer à l’idée de l’hom-
me de consensus. Il est impératif de
dialoguer pour avancer et assurer le
vrai consensus dans le peuple, et non
un consensus autour d’une seule per-
sonne », a-t-il indiqué.
Lamia Boufassa
«La peine de mort» pour les
coupables d’enlèvement
Au moment où la famille de l’Éducation, et à sa tête la
ministre Nouria Benghebrit, se réunie, hier, afin de se pen-
cher sur les phénomènes de la violence scolaire et de l’enlève-
ment d’enfants, le patron de TAJ, de son côté, s’est exprimé sur
la question. Au-delà du fait que Ghoul prône un examen pro-
fond de ce phénomène «dangereux» lié aux actes de rapt et de
la séquestration d’enfants, il a appelé à la réhabilitation de la
peine de mort. «Il faut traiter la question dans son fond, et non
pas de façon superflue», a-t-il proposé, avant de prendre un
virage à 180 degrés, pour demander l’application de la peine de
mort, pour les coupables avérés dans les actes d’enlèvement.
Même si cette loi demeure en vigueur, son exécution pose sou-
vent problème dans le pays. Et pour cause, nombre d’acteurs
des Droits de l’Homme appellent souvent à son abolition.
Contrairement donc à ces derniers, Ghoul propose une sorte de
châtiment exemplaire, afin, dit-il, de décourager les tentatives
de rapt qui ciblent les enfants. F. G.