Histoire des arts : L es Tyrannoctones, la sculpture au service du

Histoire des arts : L
es Tyrannoctones,
la sculpture au service du politique
De l’Antiquité au IXe s.
Domaines artistiques
Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel
Thématiques artistiques
Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts, États & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité
Référence artistique
CARTEL
Titre
Les
Tyrannoctones
Artiste/Auteur
Copie en marbre
d'un original en
bronze réalisé par
Anténor vers -506
et refait par les
bronziers Critios
et Nésiotès en
-477-476
Date de création + IIème siècle
Lieu de
conservation
Musée
archéologique de
Naples
Dimension H : 1,83 et 1,85 m
Nature
de la production sculpture
Problématique : comment la sculpture
peut-elle être mise au service d'un
message politique ?
Le contexte de l’œuvre
I. Étymologie
appellation venant du verbe kteivnw (=tuer) et du nom tuvranno"
II. Contexte historique
La tyrannie mise en place à Athènes par Pisistrate en - 546 avait jusqu’ici fait prospérer Athènes mais elle devient
instable avec le partage du pouvoir entre les fils de Pisistrate, Hippias et Hipparque. Souhaitant la renverser,
Aristogiton et Harmodios organisent une tentative de meurtre sur les Pisistratides.
Harmodios, le plus jeune des deux, tue Hipparque lors des Panathénées : il est exécuté sur le champ, alors
qu’Aristogiton, le plus âgé, échoue dans sa tâche de tuer Hippias, il est condamné, poursuivi et finalement tué. Le
régime d’Hippias, de plus en plus autoritaire, est renversé en -510. C'est la naissance de la démocratie athénienne.
Harmodios et Aristogiton sont alors célébrés comme des héros de la démocratie sous le nom de Tyrannoctones.
III. L'histoire de la sculpture
ANTÉNOR (fin -VIe s.) est le sculpteur athénien qui a réalisé ce groupe en bronze pour être placé sur l'agora athénienne
qui devient ainsi symbole de démocratie après les années de tyrannie. La sculpture fut emportée comme butin par
Xerxès, le grand roi perse, lorsqu'il occupa Athènes en -480.
Alexandre, au moment de sa conquête de la Perse, vers - 330, renvoya le groupe d'Anténor à Athènes. Il s'agit d'un
geste symbolique, qui lui permet de se présenter comme libérateur des Grecs.
Le groupe est alors largement diffusé : on en trouve d’autres représentations sur un vase, des amphores, des
moulages, une autre amphore, des pièces de monnaie etc. Des copies en marbre circulent ensuite, dont celle retrouvée
à Rome au XVIème s qui fut restaurée et complétée et qui est actuellement conservée au Musée archéologique de
Naples.
ANALYSE DE L’ŒUVRE
I. Une statue importante dans l'histoire de la sculpture grecque
C'est l'un des premiers exemples d'évolution vers la sculpture grecque classique.
avant : sculpture archaïque = formes simples et massives, immobilité, goût pour les
formes géométriques, pas d'expressivité des visages (ex : Kouros de Kroisos vers -530,
Musée archéologique d'Athènes)
Avec cette sculpture : formes en mouvement (ex : gestes des personnages), rendu pré-
cis de la musculature (torse, jambes).
Apparaît le contrapposto = différenciation du le des jambes (l’une porte le poids du
corps, l’autre est libre, fléchie, le bassin basculant alors légèrement).
On observe aussi un développement de la profondeur avec l'amplitude du mouvement
et des gestes.
Mais certains traits restent archaïques, en particulier les visages inexpressifs et la façon
de représenter la chevelure avec des coquilles.
Il s'agit ainsi d'une œuvre de transition entre deux périodes de la sculpture grecque.
II. Au service d'un message politique : monument à la gloire de la démocratie
athénienne
Deux personnages sont représentés : celui de gauche est Aristogiton, un homme barbu
d’âge mur, celui de droite, Harmodios, imberbe et plus jeune. Leur différence d’âge est aussi perceptible par
leur musculature. Ils tiennent des armes, ce qui signifie qu’il s'agit du moment où ils commettent le crime.
Le sculpteur souligne cette différence d'âge par l'opposition de leur geste. D'un côté, Aristogiton, le bras ten-
du (il cache son épée, geste plus défensif et mesuré), incarne les valeurs de la maturité, l’endurance, la maî -
trise des actes accomplis. De l'autre, Harmodios qui brandit son arme (force dynamique du geste, côté impul-
sif) représente la jeunesse, la beauté, la spontanéité, nouvel Apollon de la démocratie athénienne.
L’intention du sculpteur est de représenter deux personnages indépendants, différents au niveau des valeurs.
Leur nudité sert à souligner la fonction du corps comme instrument au service de la cité. Ce ne sont pas des
portraits, on ne cherche pas à les représenter selon leur physionomie. Pour les Athéniens, la notion de démo -
cratie n’est pas liée à celle des libertés individuelles, c'est la ciqui prime. Les Tyrannoctones incarnent ainsi
la puissance de la démocratie athénienne, union de forces individuelles au service de l'ensemble de la cité.
Ainsi, cette sculpture présente un double intérêt :
un intérêt pour l'histoire ce qui permet de comprendre l'évolution de la statuaire grecque
un intérêt symbolique : l'utilisation de la sculpture pour donner un message politique et symbolique
de défense de la liberté ?
Elle pose aussi de nombreuses questions : comment était l'original (cette copie ayant été restaurée) ? , quelle
est la véritable histoire des Tyrannoctones (l'épisode est uniquement raconté par des auteurs athéniens) ?,
comment qualifier leur acte par rapport au monde contemporain : acte libérateur ? Une forme de terro-
risme ?
Œuvres liées, ouverture, etc.
Comparaison avec le monument en l'honneur de Léonidas, roi de Sparte (illustration 1)
Un monument placé aux Thermopyles en l'honneur de Léonidas fut inauguré en 1955 par le roi de Grèce. Orné de bas-
reliefs évoquant la bataille des Thermopyles (en -480, pendant les Guerres Médiques opposant les cités grecques à
l'empire perse de Xerxès, 7000 Spartiates ont résisté à l'invasion de 70000 à 300000 perses), ce monument de marbre
blanc a à son sommet une statue en bronze du roi de Sparte, casqué et armé avec l'inscription « Viens les prendre ! »
(Molwvn labev).Ce monument rappelle à travers l'exemple de Léonidas le «Non» de Metaxas à Mussolini, en 1940.
Comparaison avec la Statue de la liberté à New-York (illustration 2)
Réalisée en 1886 par Auguste Bartholdi (armature en fer de Gustave Eiffel), elle se situe sur l'île de Liberty Island, au
sud de Manhattan. De la main droite, elle brandit une torche (symbole de la lumière éclairant les hommes) et elle a
dans la main gauche une plaque portant la date de la déclaration d’Indépendance (4 juillet 1776).
Elle fut offerte par la France pour célébrer le centenaire de la Déclaration d'indépendance des USA.
Elle est le symbole de la démocratie américaine et de la liberté, protectrice des opprimés ; la statue étant la première
chose que les immigrants apercevaient du bateau en arrivant dans la baie de New York.
Comparaison avec le Monument de la Renaissance africaine à Dakar au Sénégal (illustration 3)
Inaugurée en 2010, statue de 53 mètres de haut (la plus haute du monde) ; plus de 200 tonnes, projet du président
sénégalais (23 millions d'euros). Le monument, bâti sur une colline surplombant Dakar, est formé d’une statue
représentant un homme portant sur son bras gauche un enfant et enveloppant de son bras droit une femme. Il est,
selon le président sénégalais, le symbole de « l’Afrique qui se libère de toutes sortes de dominations pour entrer dans
un nouveau monde ». Cette œuvre a suscité des oppositions pour son coût, projet pharaonique au détriment de la
population locale.
Piste en histoire : mettre en relation avec l'utilisation de la sculpture par les régimes totalitaires au XXème
siècle
Illustration 3
Illustration 2
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