CESAR, Bellum Civile, Livre I.
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Chapitre II.
(1) Haec Scipionis oratio,
Ce discours de Scipion,
quod senatus in urbe habebatur Pompeiusque aderat,
parce qu’il était tenu dans Rome par le Sénat tandis que Pompée était tout près,
ex ipsius ore Pompei mitti videbatur.
semblait sorti de la bouche même de Pompée.
(2) Dixerat aliquis leniorem sententiam,
Quelques-uns avaient proposé des avis plus modérés.
ut primo M. Marcellus, ingressus in eam orationem,
Ainsi, d'abord, M. Marcellus, ayant pris part au débat,
non oportere ante de ea re ad senatum referri,
dit qu’il ne fallait faire au sénat aucun rapport sur cette affaire avant
quam dilectus tota Italia habiti et exercitus conscripti essent,
que des troupes aient été levées par toute l’Italie et que les armées aient été enrôlées
quo praesidio tuto et libere senatus, quae vellet, decernere auderet ;
sous la protection desquelles le Sénat oserait prendre librement et sans crainte les décisions qu’il voudrait ;
(3) ut M. Calidius, qui censebat, ut Pompeius in suas provincias proficisceretur,
ainsi M. Calidius voulait que Pompée se rendît dans les provinces de son gouvernement
ne qua esset armorum causa :
pour qu’il n’y ait aucune raison de faire la guerre :
timere Caesarem ereptis ab eo duabus legionibus,
César, à qui l'on avait retiré deux légions, craignait
ne ad eius periculum reservare et retinere eas ad urbem Pompeius videretur ;
que l’on vît Pompée les conserver et les retenir près de Rome afin de le mettre en danger ;
(4) ut M. Rufus, qui sententiam Calidii paucis fere mutatis rebus sequebatur.
ainsi, M. Rufus suivait, en changeant à peine quelques mots, l’opinion de Calidius.
Hi omnes convicio L. Lentuli consulis correpti exagitabantur.
Mais tous ceux-ci, accablés par les invectives du consul Lucius Lentulus, subissaient son harcèlement.
(5) Lentulus sententiam Calidii pronuntiaturum se omnino negavit.
Lentulus refusa catégoriquement que l'avis de Calidius soit mis aux voix.
Marcellus perterritus conviciis a sua sententia discessit.
Marcellus, effrayé par ces reproches, renonça à son avis.
(6) Sic vocibus consulis, terrore praesentis exercitus, minis amicorum Pompei
Ainsi, à cause des cris du consul, de la terreur provoquée par la présence d'une armée, des menaces des amis de Pompée,
plerique compulsi inviti et coacti Scipionis sententiam sequuntur :
la plupart des sénateurs, contraints et forcés, sont réduits à suivre l'avis de Scipion,
uti ante certam diem Caesar exercitum dimittat ;
à savoir que, avant le jour fixé, César devra licencier son armée ;
si non faciat, eum adversus rem publicam facturum videri.
s’il ne le fait pas, on considérera qu’il est devenu un ennemi de la république.
(7) Intercedit M. Antonius, Q. Cassius, tribuni plebis.
Marcus Antonius et Quintus Cassius, tribuns de la plèbe, opposent leur veto.
Refertur confestim de intercessione tribunorum.
Un rapport est fait aussitôt sur l'opposition des tribuns.
(8) Dicuntur sententiae graves ;
On prononce des avis pleins de violence ;
ut quisque acerbissime crudelissimeque dixit,
plus on parle de façon acerbe et cruelle,
ita quam maxime ab inimicis Caesaris collaudatur.
plus on est applaudi par les ennemis de César.