ThérapeuTique
Neurologies • Mai 2015 • vol. 18 • numéro 178 145
1 Place des nouvelles technologies : quel intérêt pour la pratique
quotidienne, actuellement et dans le futur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 146
2 Les nouvelles technologies utiles au quotidien :
une sélection d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 150
Tableau récapitulatif des applications classées par catégorie,
plateforme, langue et prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 155
Conflits d’intérêt : Mikael Cohen est le développeur des applications “Score NIH & mémo rt-PA” et
“Score EDSS facile” citées dans ce dossier.
Correspondance :
Dr Mikael Cohen – Service de Neurologie, CHRU de Nice, Hôpital Pasteur
BP 69 – 30, Voie Romaine – 06002 Nice Cedex – E-mail : [email protected]
dossier
© Erik Khalitov - iStock
NOUVELLES TECHNOLOGIES
ET NEUROLOGIE
Dossier rédigé par Mikael Cohen (Nice)
Ce thème a été présenté aux 16es Rencontres de Neurologie.
Retrouvez l’enregistrement des interventions de l’atelier “Applications en neurologie”
coordonné par Mikael Cohen sur : www.neurologies.fr (rubrique “Vidéos et podcasts”).
Retrouvez l’atelier
“Applications en neurologie”
le mercredi
16 décembre 2015
de 9h30 à 12h
dossier
146 Neurologies • Mai 2015 • vol. 18 • numéro 178
LES MÉDECINS (ET LES
PATIENTS) UTILISENT-ILS
LEUR SMARTPHONE ?
L’Observatoire Vidal [1], en colla-
boration avec le Conseil national
de l’Ordre des Médecins, a réalisé
en 2013 un sondage sur l’usage des
technologies numériques en santé
(Tab. 1)
.
Le panel était composé de 55 %
de médecins généralistes et 45 %
de spécialistes. Il y avait environ
2/3 de médecins libéraux et 1/3 de
médecins qui avaient une activité
hospitalière partielle ou exclusive.
Parmi les résultats les plus inté-
ressants, on retiendra que 94 %
des médecins sondés déclarent
utiliser leur smartphone ou leur
tablette dans un but professionnel.
D’une façon générale, une majo-
rité des sondés tirent profit de
leur appareil par le biais des fonc-
tionnalités bureautiques et multi-
média intégrées de façon native :
système de messagerie instanta-
née, rédaction et consultation de
la boîte mail, prise et échange de
photos ou de vidéos, gestion de
leur agenda…
De façon plus spécifique, 54 %
utilisent régulièrement des appli-
cations médicales, et près de 20 %
déclarent utiliser les réseaux so-
ciaux dans un but professionnel.
Parmi les applications préférées
des médecins, les bases de don-
nées médicamenteuses arrivent
en tête. Suivent les applications
dédiées aux actualités médicales,
aux bases de données biologiques
et aux applications d’anatomie.
Le sondage s’est également inté-
ressé aux applications destinées
aux patients. Huit pour cent des
médecins déclarent conseiller des
applications à leurs patients. Ce
chire peut être mis en balance
1 Place des nouvelles
technologies
Quel intérêt pour la pratique quotidienne,
actuellement et dans le futur ?
n
Pour la première fois, l’édition 2014 des Rencontres de Neurologies a consacré une session
à la thématique des nouvelles technologies. En effet, les tablettes et smartphones se démo-
cratisent dans la population générale et parmi les professionnels de santé. Les magasins des
différents constructeurs (Apple, Google, Microsoft) regorgent d’outils et d’applications dites
“médicales”. Ces technologies sont effectivement très prometteuses, aussi bien dans le do-
maine de la pratique quotidienne libérale ou hospitalière qu’en ce qui concerne le domaine de
la recherche. Mais qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Ces applications constituent-elles un
simple gadget ou ont-elles un véritable intérêt dans la pratique médicale ? Cet article a pour
principal objectif de faire un tour d’horizon de la situation actuelle sur les besoins, les difficultés
et l’offre disponible dans le domaine des applications.
Mikael Cohen*
*Service de Neurologie, CHU de Nice
Tableau 1 - Les chiffres clés des sondages réalisés auprès des
patients et des médecins à propos de l’utilisation des smartphones
et tablettes [1, 2].
Pourcentage des médecins utilisant un smartphone ou une
tablette dans un but professionnel 94 %
Médecins utilisant des applications médicales 54 %
Médecins conseillant des applications à leurs patients 8 %
Patients atteints de maladie chronique souhaitant un conseil de
leur médecin sur l’utilisation d’applications dédiées 53 %
Nouvelles techNologies et Neurologie
Neurologies • Mai 2015 • vol. 18 • numéro 178 147
avec les résultats d’un autre son-
dage réalisé la même année par
TNS Sofres auprès de patients
sourant de maladies chroniques,
qui montrait que 7 millions de
patients avaient déjà téléchargé
au moins une application mobile,
et 53 % aimeraient être conseillés
par leur médecin à ce sujet [2].
APPLICATIONS
MÉDICALES : QUALITÉ,
PRIX, SÉCURITÉ…
Comme illustré sur la
figure 1
,
lorsque l’on se rend dans la ru-
brique des applications médicales
d’un magasin d’applications, on
constate une grande hétérogénéi-
té dans l’ore proposée, qui pose
d’emblée le défi d’identifier les ap-
plications les plus utiles et fiables.
En eet, à l’heure actuelle, les appli-
cations ne sont pas classées par type
ou spécialité. Le cahier des charges
n’impose pas que l’application soit
développée par ou en collaboration
avec un professionnel de santé, et
les références bibliographiques ne
sont pas toujours citées. Enfin, le
prix peut être fixé librement à la dis-
crétion du développeur.
En terme de sécurité, le problème
de l’encryptage ou de l’anonymisa-
tion des données (pour les applica-
tions qui proposent de stocker ou
de transmettre des données nomi-
natives) n’est pas réglé à ce jour.
LES PRÉMICES
D’UNE RÉGULATION
Bien que le domaine de la santé
mobile ou connectée ne soit pas
susamment structuré à ce jour,
certains indices témoignent de
l’intérêt porté par les autorités et
sociétés savantes.
Ainsi, aux Etats-Unis, la FDA a éta-
bli en 2013 un premier rapport [3]
relatif aux applications et disposi-
tifs qui justifieront d’une régula-
tion. Ainsi, toutes les applications
ou dispositifs qui constituent des
outils de mesure ou de diagnostic
sont soumis à évaluation.
En Europe, la Commission euro-
péenne a également fait de la santé
connectée un plan d’action pour
les années à venir [4]. En France,
la CNIL a également publié un
rapport sur le sujet [5].
Enfin, dans la littérature médicale,
le nombre de publications sur le
sujet de la santé mobile ou connec-
tée a augmenté de manière expo-
nentielle durant les dernières an-
nées. Sur Pubmed, on dénombrait
environ 90 publications en 2010,
contre plus de 600 publications
l’année dernière, preuve de la vo-
lonté de la part de la communauté
médicale d’évaluer la fiabilité des
applications et objets connectés
pour pouvoir en valider l’utilisation
dans la pratique quotidienne. Le
nombre de communications orales
ou achées dans les diérents
congrès médicaux est également en
constante augmentation.
Figure 1 - Rubrique des applications médicales de l’AppStore. Actuellement, il existe
une grande hétérogénéité de prix et de qualité. Les applications ne sont pas classées
par catégorie, spécialité…
Figure 2 - Un petit aperçu des divers bracelets ou montres connectées permettant de
monitorer notamment le degré d’activité physique.
dossier
148 Neurologies • Mai 2015 • vol. 18 • numéro 178
UN BEL AVENIR POUR LA
SANTÉ CONNECTÉE ?
Il est probable que nous ne soyons
quau début de la révolution en-
gendrée par la médecine connec-
tée. En eet, les prochaines années
verront probablement l’éclosion
des objets connectés, dotés de cap-
teurs divers et variés et de capa-
cités de communication qui leur
permettront de se comporter de
manière intelligente.
Dans le domaine de la santé, les
montres ou bracelets connectés
(Fig. 2)
, en particulier, permettent
de monitorer à la manière d’un
Holter l’activité physique, la
qualité et quantité de la marche,
le rythme cardiaque, etc. Ces
données, dites de quantified self,
permettront d’évaluer en condi-
tions réelles l’évolution des capa-
cités fonctionnelles d’un patient
pour surveiller l’évolution d’une
pathologie chronique ou l’e-
cacité d’une thérapeutique, par
exemple.
D’autres objets plus étonnants
sont d’ores et déjà disponibles, à
des prix tout à fait abordables, tels
que cet objet validé par la FDA
permettant d’obtenir une dériva-
tion d’ECG standard par simple
contact
(Fig. 3)
.
Enn, la santé connectée per-
mettra probablement de faciliter
la recherche clinique.
Les objets connectés ouvrent la
porte à des analyses quantifiées et
fiables de certains symptômes ha-
bituellement évalués de manière
subjective, tels que le tremble-
ment ou l’ataxie.
Des “médicaments connectés”
sont également développés, pour
faciliter la mesure de l’observance
thérapeutique. Ces dispositifs, qui
seraient probablement ressentis
comme oppressants dans la pra-
tique quotidienne, peuvent en re-
vanche apporter une aide précieuse
à la recherche, où la compliance
constitue une donnée primordiale,
par exemple dans le cadre d’une
étude évaluant l’ecacité d’un mé-
dicament versus placebo.
Dans cette lignée, Apple s’est ré-
cemment positionné en annonçant
ResearchKit, un ensemble d’outils à
destination des développeurs, per-
mettant de faciliter l’utilisation de
l’iPhone en tant quobjet de mesure
dans le cadre de la recherche médi-
cale. Plusieurs applications déri-
vées de ce système sont déjà dis-
ponibles aux Etats-Unis, dont une
dédiée à l’évaluation des patients
parkinsoniens.
La santé connectée aura donc pro-
bablement un bel avenir lorsque
les problèmes de régulation et de
confidentialité des données seront
définitivement résolus. n
Mots-clés : Médecine connectée,
Technologies de l’information,
Applications, Perspectives
Figure 3 - Dispositif AliveCor (www.alivecor.com), validé par la FDA, permettant une
auto-acquisition de l’ECG par le patient. (Prix sur le site du constructeur : 75 $).
1. Usages numériques en santé. Observatoire Vidal et CNOM, 2013.
2. A la recherche du ePatient. Les Français et l’internet santé. Maladie chro-
nique et numérique attitude. TNS Sofres pour LauMa Communication.
3. Mobile medical applications. Guidance for industry and Food and Drug
Administration staff. FDA, sept 2013.
4. Plan d’action pour la santé en ligne 2012-2020. Des soins de santé inno-
vants pour le XXIe siècle. Commission européenne, 2012.
5. Le corps, nouvel objet connecté, du quantified self à la m-santé. CNIL,
mai 2014.
BiBliographie
dossier
150 Neurologies • Mai 2015 • vol. 18 • numéro 178
SMARTPHONES,
TABLETTES ET
BUREAUTIQUE
La plupart des fonctions de bu-
reautique sont le plus souvent in-
tégrées de façon native à la plupart
des appareils et ne nécessitent pas
d’installer des applications com-
plémentaires.
Ainsi, l’appareil va pouvoir être
utilisé pour consulter ou rédi-
ger ses mails, gérer son agenda,
prendre des photos ou capturer
des séquences vidéo durant l’exa-
men du patient, etc.
Le plus souvent, l’utilisateur se
verra proposer de stocker des
données sur un système de nuage
(Cloud), c’est-à-dire un stockage
des données en ligne, qui pourra
être consulté depuis n’importe
quel appareil appartenant à
l’utilisateur et disposant d’une
connexion Internet.
En dehors des systèmes de Cloud
proposés par les diérents four-
nisseurs de smartphones (iCloud
pour Apple, etc.), il existe éga-
lement des fournisseurs d’accès
spécialisés, tels que DropBox ou
Box.net, qui proposent un espace
de stockage gratuit pouvant être
étendu moyennant un abonne-
ment.
Le principal avantage du Cloud
réside donc dans la possibilité de
saisir des données depuis un appa-
reil (par exemple, un smartphone)
et de pouvoir les consulter de
façon automatique depuis n’im-
porte quel autre (par exemple, un
ordinateur de bureau) sans avoir à
eectuer de transfert.
De nombreuses applications
tierces utilisent ces fonctionna-
lités. Par exemple, l’application
Notability (iOS, 2,99 €) permet de
prendre des notes sur un smart-
phone ou une tablette, et de les
retrouver ensuite sur son ordina-
teur. Les notes peuvent être saisies
au doigt, avec un stylet
(Fig. 1)
, ou
bien à l’aide du clavier. Des photos
peuvent être intégrées au fil des
notes. L’ensemble peut ensuite
xxxxx
xxxxx
xxxxxx
xxxxx
2 Les nouvelles technologies
utiles au quotidien
Une sélection d’applications
n
Suite au tour d’horizon relatif à la santé mobile et connectée (voir article 1), nous proposons
dans cet article une sélection d’applications pouvant être utiles en pratique quotidienne.
Mikael Cohen*
*Service de Neurologie, CHU de Nice
Les points importants concernant le Cloud
L’accès au Cloud et la synchronisation des données nécessite une
connexion Internet. Les chiers peuvent ensuite être stockés sur le
smartphone ou la tablette pour une utilisation hors ligne.
L’utilisation de ces services dans la pratique médicale pose comme
principal problème celui de la confidentialité et de la sécurité des
données stockées. A ce jour, des données nominatives concernant les
patients ne doivent pas y être stockées. Cependant, des solutions de
cryptage respectant les normes de condentialité sont déjà disponibles
dans certains pays anglo-saxons.
Figure 1 - Exemple d’une note manus-
crite avec une photo prise lors de
l’atelier sur les nouvelles technologies
aux Rencontres de Neurologies.
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