Bolivie), ceux dits laïcs avec préférence religieuse (États-Unis, Turquie, Portugal),
les pays athées (Cuba), les pays séculiers (pays reconnaissant aux églises un statut
spécial : Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, Italie, Irlande,
Luxembourg, Pays-Bas, Russie, Suisse), les pays avec religion d'État : États
bouddhistes (Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Sri Lanka et Tibet), États chrétiens
avec les différentes églises : anglicane (Angleterre), catholique romaine (Malte,
Monaco, Liechtenstein et Saint-Marin), luthérienne (Danemark, Finlande, Islande,
Norvège et Suède), orthodoxe (Grèce), presbytérienne (Écosse), État juif (Israël)
ou États musulmans (Qatar, Bahreïn, Oman, Émirats arabes unis, Yémen,
Jordanie, Irak, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Mauritanie, Somalie, Soudan,
Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, Malaisie), et les pays théocratiques (dont le
pouvoir provient de Dieu (Vatican, Arabie saoudite, République islamique d'Iran,
République des Maldives). Seul le Liban apparaît, avec sa diversité culturelle
caractéristique, étant un assemblage de minorités, comme une exception avec son
système unitaire confessionnel.
Bahjat RIZK
(À suivre)
OPINIONS
Laïcité et diversité culturelle (II)
vendredi, février 5, 2010
Par Bahjat RIZK
1- Hérodote, père de l'anthropologie antique
Hérodote, le père de l'histoire, avait défini comme suit, il y a 2 500 ans, les
paramètres de structuration identitaire collective : « Le monde grec est uni par la
langue, le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs et nos mœurs
qui sont les mêmes » (Livre VIII, page 144) (voir L'Orient-Le Jour du 2 février 2010).
La référence à Hérodote est incontournable car elle est considérée comme fondatrice
et neutre. Il n'a fait qu'observer et transmettre ce à quoi il avait assisté lors des
guerres médiques qui ont constitué le premier choc des civilisations entre les Grecs et
les Perses. Il n'intervient dans son discours aucun parti pris, ni aucun jugement de
valeur, politique ou moral. Les Grecs avaient développé, y compris dans l'adversité,
un discours rationnel et impartial, quasi scientifique. Les mêmes paramètres
réapparaissent dans l'article premier de la Charte de l'Unesco de 1945 qui prône le
respect « des droits de l'homme et des libertés fondamentales sans distinction de
race, de sexe, de langue et de religion ». Ainsi, il semble que ces paramètres servent
comme des éléments structurants pour établir et cimenter l'identité du groupe
(identité nationale ou communautaire) et qu'il faille s'en abstraire et s'en émanciper
pour asseoir l'identité humaine basée sur l'individu. Cette double injonction paradoxale
sinon contradictoire pose la problématique du choix entre la priorité du groupe ou de
l'individu, notamment dans les entités constituées de groupes divers. Il me semble
que l'élément de la laïcité touche en même temps celui de la croyance religieuse à
proprement parler et la gestion qui en est proposée au niveau des mœurs. Il y a un
aspect de la religion qui touche la métaphysique, et l'autre qui touche la gestion
politique dans son aspect dynamique de structuration identitaire. Ces éléments
interagissent entre eux, dans le cadre sans cesse recommencé du processus
d'identification. Parfois, c'est la langue qui prend le dessus, parfois la race, parfois la
religion et parfois les mœurs, engendrant des conflits culturels qui vont emprunter l'un
ou l'autre paramètre qui, selon le cas, deviendra un élément significatif sinon
déterminant entraînant la nécessité de le tempérer ou de l'apaiser par d'autres
éléments d'appartenance. Les paramètres opèrent dans le cadre d'une grille
compensatoire. Pour cela, il faudrait toujours les envisager dans leur ensemble Il me
semble important de souligner que nous n'avons pas de cas de laïcité démocratique
avérée dans le cadre d'une diversité culturelle religieuse significative et que la laïcité
elle-même rentre dans un processus plus large de structuration identitaire qui, outre
l'aspect religieux à proprement parler, touche un autre paramètre, celui des mœurs. Il
est impensable d'envisager une laïcité démocratique dans un système patriarcal ou
semi-patriarcal (comme au Liban). Il me semble donc impératif tout d'abord de faire la
différence entre une laïcité individuelle démocratique consentie et une laïcité
patriarcale dictatoriale imposée, et puis de faire la distinction entre la laïcité en tant
qu'évolution des mœurs au sein d'un espace monoculturel et le concept de diversité